Skip to main content

Full text of "Rapports du Jury international"

See other formats


Digitized  by  the  Internet  Archive 
in  2018  with  funding  from 
Getty  Research  Institute 


https://archive.org/details/rapportsdujuryin64expo 


MINISTÈRE  DU  COMMERCE,  DE  L’INDUSTRIE 
ET  DES  COLONIES 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 

À  PARIS 

— - - - ~ 

RAPPORTS  DU  JURY  INTERNATIONAL 

PUBLIÉS  SOUS  LA  DIRECTION 

DE 


PARIS 

IMPRIMERIE  NATIONALE 


M.  ALFRED  PICARD 

INSPECTEUR  GÉNÉRAL  DES  PONTS  ET  CHAUSSÉES,  PRÉSIDENT  DE  SECTION  AU  CONSEIL  D’ÉTAT 

RAPPORTEUR  GÉNÉRAL 


Groupe  VI.  —  Outillage  et  procédés 

(4e  partie) 

CLASSES  53  À  59 


M  DCCC  XCI 


RAPPORTS  DU  JURY 


SUR 

L’EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


MINISTERE  DU  COMMERCE,  DE  L’INDUSTRIE 
ET  DES  COLONIES 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 

À  PARIS 


RAPPORTS  DU  JURY  INTERNATIONAL 


PUBLIES  SOUS  LA  DIRECTION 

DE 

M.  ALFRED  PICARD 

INSPECTEUR  GÉNÉRAL  DES  PONTS  ET  CHAUSSÉES,  PRÉSIDENT  DE  SECTION  AU  CONSEIL  D’ÉTAT 

RAPPORTEUR  GÉNÉRAL 


Groupe  VI.  —  Outillage  et  procédés  des  industries  mécaniques 

(4e  partie) 

CLASSES  53  À  59 


M  DCCC  XCI 


CLASSE  53 


Machines-outils 


RAPPORT  DU  JURY  INTERNATIONAL 

PAR 


M.  LE  COMMANDANT  PLY 

CHEF  D’ESCADRON  D’ARTILLERIE 


Groupe  VI.  —  îv. 


nu»  r.  ni 


COMPOSITION  DU  JURY. 


MM.  Léon,  Président,  ingénieur  principal  du  matériel  à  la  Compagnie  des  che¬ 
mins  de  fer  de  Paris,  Lyon  à  la  Méditerranée,  membre  du  jury  des  ré¬ 
compenses  à  l’Exposition  de  Paris  en  1878 .  France. 

Flamme  (J.  B.),  Vi ce- Président ,  ingénieur  en  chef  au  chemin  de  fer  de 

l’État .  Belgique. 

Ply  (le  capitaine),  Rapporteur,  adjoint  à  l’inspection  des  manufactures 

d’armes .  France. 

Labouret  (le  capitaine),  Secrétaire,  attaché  au  Laboratoire  central  de  la 

marine .  France. 

Goodwin  (Ch.  B.) .  Etats-Unis. 

Perry  (John),  membre  de  la  Société  royale  de  Londres,  professeur  à  l’In¬ 
stitut  technique  de  Londres .  Grande-Bretagne. 

llouART  (Henri),  constructeur-mécanicien,  médaille  d’or  à  l’Exposition  de 

Paris  en  1878 .  France. 

Vaslin  (  Henri  ) ,  suppléant .  Grande-Bretagne. 


1 . 


'  • 


MACHINES-OUTILS. 


INTRODUCTION. 

Le  nombre  des  exposants  réels  dans  la  classe  53  a  été  de  i5a.  Il  a  été  accordé 
1  28  récompenses  ainsi  réparties  : 


Grands  prix .  5 

Médailles  d’or .  2  4 

Médailles  d’argent .  36 

Médailles  de  bronze .  37 

Mentions  honorables .  26 


De  plus,  4  exposants  ont  été  hors  concours,  comme  membres  du  jury  dans  diverses 
classes. 

Nous  donnons  à  la  fin  du  rapport  la  liste  des  exposants  hors  concours  et  des  expo¬ 
sants  récompensés,  ces  derniers  classés  dans  chaque  genre  de  récompenses  par  ordre 
alphabétique,  et  nous  y  joignons  l’indication  sommaire  des  objets  exposés.  Cette  liste 
servira  de  complément  utile  au  rapport;  il  aurait  été  intéressant  d’examiner  séparément 
l’exposition  de  chacun  afin  d’en  faire  ressortir  les  mérites,  mais,  outre  qu’un  semblable 
travail  eût  été  long,  difficile  et  même  délicat,  il  n’aurait  pas  été  conforme  au  but  que 
nous  avons  à  remplir,  qui  est  de  chercher  à  tirer  de  ce  que  nous  avons  vu  des  ensei¬ 
gnements  d’intérêt  général,  abstraction  faite,  autant  que  possible,  de  toute  considé^ 
ration  capable  de  profiter  ou  de  nuire  a  des  intérêts  particuliers. 

Notre  rôle  serait  de  signaler  les  progrès  accomplis  dans  les  dernières  années  et 
particulièrement  depuis  l’Exposition  de  1878.  Nous  nous  efforcerons  de  le  faire,  autant 
qu’il  nous  sera  possible  de  distinguer  clairement  l’existence  d’un  progrès  incontestable. 
Mais  nous  reconnaissons  qu’il  y  a  là  une  très  grande  difficulté,  eu  égard  à  la  nature 
du  matériel  dont  se  compose  la  classe  53.  Celle-ci  comprend,  en  effet,  principalement 
les  machines  de  construction  qui,  par  leur  mode  d’emploi,  sont  intermédiaires  entre 
les  machines  motrices  et  les  machines  de  fabrication  courante;  tandis  que  ces  dernières 
s’appliquent  à  des  travaux  de  nature  parfaitement  déterminée  et  peuvent,  par  cela 
même , utiliser  tous  les  genres  de  mécanismes,  même  les  plus  complexes,  pourvu  qu’ils 
s’adaptent  au  but  particulier  auquel  ils  sont  destinés,  les  machines  de  construction 
doivent  pouvoir  répondre  à  des  exigences  très  diverses,  se  prêter  à  l’exécution  des  tra¬ 
vaux  les  plus  variés  et  surtout  au  passage  facile  de  l’un  à  l’autre;  ce  caractère  d’univer¬ 
salité,  qui  est  leur  principe  même,  entraîne  la  simplicité  de  leurs  dispositions  d’en- 


6 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


semble  et  une  certaine  communauté  de  dispositions  de  détail  pour  les  divers  modèles; 
on  pourra  réunir  sur  une  même  machine  un  plus  ou  moins  grand  nombre  de  méca¬ 
nismes,  mais  on  n’en  fera  jamais  qu’une  machine  composée  d’éléments  de  machines 
simples. 

En  outre,  les  machines  de  construction  sont  très  probablement,  ou  du  moins  à  peu 
d’exceptions  près,  les  plus  anciennes  en  date , puisqu’elles  ont  servi  à  la  confection  des 
autres;  on  peut  même  dire  qu’elles  existaient  seules  à  l’époque  où  l’industrie  n’était 
qu’à  l’état  d’enfance  :  elles  suffisaient  alors  à  la  fabrication  d’objets  dont  l’usage  peu 
développé  ne  rendait  pas  utile  la  création  de  machines  spéciales;  c’est,  d’ailleurs,  en¬ 
core  à  elles  que  l’on  a  recours  aujourd’hui  pour  l’exécution  de  travaux  accidentels. 
Elles  ont,  par  suite,  été  étudiées  de  tout  temps;  elles  ont  reçu,  les  premières,  l’appli¬ 
cation  des  mécanismes  trouvés  aux  divers  âges;  elles  se  sont  seulement  modifiées  pro¬ 
gressivement  dans  leurs  formes  et  leurs  dimensions,  pour  s’adapter  aux  exigences 
croissantes  des  autres  industries;  la  fraise  même,  l’outil  à  la  mode  de  nos  jours,  n’est 
nullement  d’invention  récente,  et  la  machine  à  fraiser  n’est  autre  chose  qu’un  tour  un 
peu  modifié. 

Nous  ne  pouvons  donc  guère  espérer  rencontrer  dans  les  machines  de  construction 
des  découvertes  saillantes,  comme  il  s’en  produit  tous  les  jours  dans  les  branches  plus 
jeunes  de  l’industrie  s’adressant  à  des  agents  encore  incomplètement  connus  et  pleins 
de  promesses  en  révélations  étonnantes,  telles  que  l’électricité,  le  magnétisme,  la  lu¬ 
mière  et  la  vapeur  elle-même,  ou  qui,  exploitant  les  besoins  de  bien-être  et  de  luxe  de 
l’homme,  sont  assurées  du  succès  en  lui  offrant  abondamment  et  à  bon  marché  les 
objets  de  ses  désirs  :  tissus,  étoffes,  meubles,  bijoux,  matières  d’alimentation,  etc. 

Les  machines  de  la  classe  53  n’offrent  pas  moins  pourtant  la  marque  de  progrès 
très  sérieux,  mais  il  faut  les  chercher  dans  un  esprit  général  de  perfectionnement  plutôt 
que  d’invention;  en  modifiant  leurs  modèles  et  en  augmentant  leur  nombre,  les  con¬ 
structeurs  se  sont  efforcés  non  seulement  de  les  approprier  à  une  variété  plus  grande 
de  travaux,  mais  encore  d’accroître  leur  capacité  de  production,  leur  commodité  d’em¬ 
ploi  et  d’entretien,  ainsi  que  leur  durée;  beaucoup  ont  manifestement  accordé  une 
large  part  à  la  précision  de  l’exécution;  les  outils  ont  été  l’objet  d’une  très  grande  solli¬ 
citude  et  ont  reçu  de  nombreuses  améliorations  tant  au  point  de  vue  de  leurs  formes  et 
de  leur  construction  qu’à  celui  de  leur  entretien. 

Toutefois  il  ne  serait  pas  aisé  de  faire  la  part  de  progrès  qui  revient  aux  dernières 
années  et  de  ne  parler  que  d’elle  en  négligeant  les  dispositions  déjà  anciennes  et  connues. 
Il  ne  serait  pas  non  plus  équitable  d’omettre  des  modèles  qui,  précisément  parce  qu’ils 
sont  excellents,  ont  été  représentés  sans  avoir  subi  de  modifications  importantes  depuis 
1878.  D’un  autre  côté,  nous  savons  pertinemment  que  l’Exposition  est  loin  de  ren¬ 
fermer  toutes  les  dispositions  récentes  et  de  réel  intérêt  de  machines  et  d’outils  :  bon 
nombre  de  constructeurs  très  renommés  n’y  ont  pas  pris  part,  et  ceux  qui  sont  venus 
n’ont  exposé  qu’une  partie  de  leur  portefeuille  de  machines.  Il  serait  donc  imprudent 


MACHINES-OUTILS. 


7 


de  présenter  les  modèles  que  nous  avons  eus  sous  les  yeux  comme  donnant  la  note 
exacte  de  la  situation  des  machines-outils. 

Nous  avons  pris  le  parti  de  traiter  la  question  d’une  façon  générale  et  de  noter  tous 
les  objets  qui  nous  ont  paru  avoir  quelque  intérêt,  quelle  que  fût,  d’ailleurs,  l’époque 
de  leur  introduction  dans  le  domaine  industriel.  Nous  classons  le  matériel  par  catégories; 
nous  cherchons  à  définir,  quand  cela  est  possible,  le  type  d’ensemble  de  chaque  caté¬ 
gorie  et  à  en  spécifier  les  points  essentiels,  sans  nous  arrêter  aux  dispositions  de  détails; 
nous  signalons  à  part  les  modèles  qui  offrent  des  écarts  marqués  par  rapport  à  ce  type  ; 
quant  aux  machines  qui  se  trouvaient  être  seules  de  leur  espèce,  nous  en  faisons  une 
description  succincte.  Par  ce  moyen ,  et  avec  l’aide  de  la  liste  des  objets  exposés  par 
chacun,  nous  avons  pensé  pouvoir  représenter  l’aspect  de  la  classe  et  donner  une  idée 
suffisamment  approchée  de  son  contenu  et  de  ses  particularités  les  plus  intéressantes. 

DIVISION  DU  MATÉRIEL  DE  LA  CLASSE. 

Le  matériel  examiné  par  le  jury  de  la  classe  53  comprend  les  catégories  suivantes  : 

i°  Machines  et  outils  servant  au  travail  des  métaux  : 

Machines  employant  des  outils  coupants  :  tours,  machines  à  raboter,  à  mortaiser,  à 
percer  et  à  aléser,  à  tarauder,  a  fraiser,  à  scier; 

Meules  et  machines  a  meuler; 

Machines  à  outils  de  pression  :  clécoupoirs,  poinçonneuses,  cisailles,  machines  a 
emboutir  ; 

Machines  à  outils  de  choc  :  marteaux-pilons; 

Machines  affectées  spécialement  au  travail  des  tôles  et  des  fers  en  bandes; 

Matériel  d’ajustage,  de  traçage,  de  mesure  et  de  vérification,  d’essai  des  matières. 

2°  Machines  servant  à  l’exploitation  de  la  pierre  et  des  matériaux  pierreux  : 

Machines  à  scier,  à  broyer,  à  malaxer,  à  polir. 

Nous  suivrons  cette  division  pour  l’étude  du  matériel.  Mais,  auparavant,  nous  pré¬ 
senterons  quelques  observations  dans  lesquelles  nous  rappellerons  les  conditions  à 
remplir  par  les  parties  principales  des  machines  et  des  outils.  Nous  traiterons,  en 
même  temps,  certaines  questions  générales  s’appliquant  à  l’ensemble  des  machines. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


8 


CHAPITRE  PREMIER. 

OBSERVATIONS  GÉNÉRALES. 


Distinction  entre  le  matériel  de  construction  et  le  matériel  de  fabrication.  —  Importance  de  la  précision  dans 
l’exécution  du  matériel.  —  Etude  des  machines  :  arbres  principaux;  surfaces  de  frottement;  de  la  masse  dans 
les  machines.  —  Outils;  machine  à  extraire  l’huile  des  copeaux.  —  Transmission  de  la  force  motrice  aux 
machines-outils  portatives. 

Distinction  entre  le  matériel  de  construction  et  le  matériel  de  fabrication.  —  Les  diverses 
catégories  du  matériel  de  la  classe  peuvent  rentrer  dans  deux  groupes  principaux  :  ma¬ 
tériel  de  construction ,  matériel  de  fabrication  ;  le  premier  devant  se  prêter  à  des  tra¬ 
vaux  variés,  le  second  disposé  essentiellement  en  vue  d’effectuer  des  opérations  parfai¬ 
tement  déterminées.  A  la  limite  de  séparation  des  deux  groupes  se  placent  certaines 
machines  qui,  par  leurs  caractères  généraux,  sont  des  machines  de  construction,  mais 
qui  peuvent  devenir  facilement  des  machines  de  fabrication,  grâce  à  l’addition  de 
quelques  dispositifs  appropriés  au  genre  de  travail  à  exécuter,  dispositifs  auxquels 
convient  très  bien  la  dénomination  d’appareils,  augmentant  le  nombre  des  mouve¬ 
ments  disponibles,  ou  donnant  le  moyen  de  mettre  en  place  rapidement  et  sûrement 
les  pièces  à  usiner. 

Nous  ferions  volontiers  un  troisième  groupe  de  ces  machines  mixtes.  Malheureuse¬ 
ment,  l’Exposition  ne  nous  en  a  montré  que  peu  d’exemplaires,  et  elle  nous  les  a 
montrés  généralement  incomplets,  c’est-à-dire  sans  leur  appareillage.  A  la  vérité,  il 
ne  pouvait  guère  en  être  autrement;  car  il  eût  fallu  transporter  au  Champ  de  Mars  des 
ateliers  complets,  avec  les  jeux  de  machines  que  comportent  les  séries  d’opérations  à 
exécuter  sur  une  même  pièce.  Nous  croyons  toutefois  devoir  signaler  ce  côté  défectueux 
de  l’exposition  des  machines-outils,  commun  d’ailleurs  aux  machines  de  construction 
et  aux  machines  mixtes;  sauf  de  rares  exceptions,  elles  apparaissent  comme  des  pro¬ 
duits  de  fabrication,  et  non  dans  leur  véritable  rôle,  qui  est  celui  de  producteurs;  ne 
les  voyant  pas  à  l’œuvre,  non  seulement  le  public  ne  s’intéresse  pas  à  elles,  mais  les 
gens  du  métier  eux-mêmes,  pour  qui  leur  étude  offre  un  sérieux  intérêt,  peuvent 
difficilement  se  rendre  compte  de  toutes  leurs  dispositions  et  les  apprécier  à  leur  va¬ 
leur. 

Les  machines  de  construction  et  les  machines  de  fabrication  demandent  à  être  exa¬ 
minées  à  des  points  de  vue  sensiblement  différents.  Les  premières,  afin  de  satisfaire  à 
leur  principe  de  généralité,  doivent  posséder  un  certain  nombre  de  mouvements  pour 
le  déplacement  soit  de  la  pièce,  soit  de  l’outil;  ces  mouvements  doivent  être  indépen- 


MACHINES-OUTILS. 


9 


dants  les  uns  des  autres;  toutefois  il  faut  prévoir  cpie  plusieurs  pourront  avoir  à  agir 
simultanément  et  préparer  les  moyens  de  réaliser  leur  combinaison  suivant  des  lois  va¬ 
riables;  les  uns  pourront  servir  uniquement  au  réglage  préliminaire,  les  autres  servi¬ 
ront  pour  le  réglage  comme  pour  le  travail.  Il  résulte  de  là  que  ces  divers  mouvements 
ne  peuvent  être  que  des  mouvements  simples,  rectilignes  ou  circulaires,  et  ceux  d’entre 
eux  auxquels  on  donne  la  propriété  d’être  automatiques  ne  peuvent  être  qu’uniformes 
ou  alternatifs,  suivant  une  règle  invariable.  Les  constructeurs  n’ont  donc  de  latitude 
que  pour  le  choix  du  nombre  des  mouvements,  la  disposition  relative  des  uns  par 
rapport  aux  autres,  leur  amplitude,  les  rapports  de  vitesse  à  établir  entre  eux,  la  na¬ 
ture  des  organes  de  commande,  enfin  les  dimensions  des  diverses  parties.  De  ce  choix, 
qui  constitue  la  conception  de  la  machine,  résulte,  selon  qu’il  a  été  plus  ou  moins 
heureux,  la  valeur  de  la  machine  au  point  de  vue  de  son  emploi  dans  la  pratique. 
Certes,  le  nombre  des  moyens  utilisables  est  assez  grand  pour  que  dans  une  même 
catégorie  de  machines  il  se  produise  beaucoup  de  variétés  de  types  ;  les  constructeurs 
peuvent  même  s’exercer  à  réunir  sur  un  seul  bâti  plusieurs  catégories  de  machines, 
faire  des  machines  qui  servent  à  la  fois  à  raboter  et  à  fraiser,  comme  celle  de  M.  Steinlen  ; 
ou  à  percer,  aléser  et  fraiser  verticalement  ou  horizontalement,  comme  celle  de  la  So¬ 
ciété  d’Albert;  ou  encore  à  fraiser,  percer  et  mortaiser,  comme  celle  de  M.  Prétot. 
Tous  ces  dispositifs  peuvent  présenter  des  avantages  sérieux  et,  en  particulier,  être, 
dans  certains  cas,  d’une  très  grande  commodité  par  suite  de  la  simplification  apportée 
à  la  manipulation  des  pièces  lourdes  ;  nous  y  voyons  même  volontiers  une  tendance  à 
accroître  le  degré  de  précision  du  travail.  Il  n’est  pas  moins  vrai  qu’on  y  trouvera  dilfi- 
cilement  les  éléments  d’une  invention  réelle,  capable  de  révolutionner  les  méthodes  ou 
l’économie  du  travail. 

Les  machines  de  fabrication  ayant,  au  contraire,  à  exécuter  des  programmes  en  gé¬ 
néral  nettement  définis  offrent  une  grande  latitude  dans  le  choix  des  outils  à  employer, 
des  mécanismes  à  mettre  en  œuvre  pour  les  actionner,  et  des  dispositions  de  l’ensemble 
des  mécanismes.  On  peut  dire  qu’il  suffit  d’avoir  posé  le  problème,  on  est  alors  près 
de  sa  solution  ou  du  moins  d’une  de  ses  solutions;  car  celles-ci  sont  pour  ainsi  dire 
en  nombre  infini.  Il  y  a  là  deux  points  de  vue  à  considérer  :  d’abord  la  découverte  de 
l’idée  elle-même,  qui  est  la  véritable  invention,  et  ensuite  la  première  réalisation  de 
l’idée  et  les  perfectionnements  ultérieurs  des  procédés;  l’un  et  l’autre  offrent  un  vaste 
champ  à  l’activité  des  chercheurs.  Le  progrès  peut  être,  de  ce  côté,  très  apparent  :  nous 
voyons  en  effet  chaque  jour  apparaître  soit  un  objet  nouveau,  soit  une  machine  pré¬ 
sentant  sur  ses  devancières  des  avantages  de  rapidité,  d’économie  ou  de  qualité  de  pro¬ 
duction;  sans  sortir  de  notre  classe,  nous  pouvons  citer  la  fabrication  des  vis  qui  a 
passé  successivement  par  le  tour  simple  et  la  filière  à  main,  les  machines  à  décolleter 
et  enfin  les  machines  complètement  automatiques;  ces  dernières  offrent  elles-mêmes 
des  procédés  très  distincts,  puisque  les  uns  emploient  les  outils  coupants  et  la  filière, 
d’autres  l’étampe  et  le  laminoir.  En  un  mot,  les  machines  de  fabrication  représentent 


10 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


le  côté  brillant  des  machines-outils,  celui  qui  séduit  le  plus  le  public,  comme  aussi 
les  inventeurs;  et,  à  la  vérité,  c’est  évidemment  là  qu’il  y  a  le  plus  à  faire. 

Quelque  intéressantes  que  soient  les  machines  de  fabrication,  comme  elles  sont  en 
trop  petite  quantité  dans  la  classe  5  3  pour  montrer  des  séries  bien  nettes  et  bien  sui¬ 
vies  de  procédés,  nous  ne  séparerons  pas  leur  étude  de  celle  des  machines  de  construc¬ 
tion;  celles-ci  resteront  notre  objectif  principal,  et  nous  mettrons  à  la  suite  de  chacune 
des  catégories  entre  lesquelles  nous  les  avons  réparties,  les  machines  spéciales  qui  s’y 
rattachent  d’une  façon  plus  ou  moins  directe. 

Il  ne  faudrait  pas  conclure  des  réflexions  précédentes  que  le  matériel  de  construc¬ 
tion  proprement  dit  que  nous  avons  eu  à  examiner  n’offre  pas  de  particularités  nou¬ 
velles;  nous  avons,  au  contraire,  constaté  que  bon  nombre  de  machines  et  d’outils  réa¬ 
lisent  un  progrès  considérable  sur  le  passé;  nous  voulons  seulement  dire  que  ce  progrès 
n’est  pas  dans  des  inventions  récentes;  nous  nous  efforcerons  de  le  montrer  sous  son 
véritable  jour;  à  notre  avis,  il  réside  dans  les  deux  points  suivants  : 

i°  Extrême  précision  apportée  dans  l’exécution  des  parties  essentielles  des  ma¬ 
chines  et  des  outils,  tendant  à  assurer  l’invariabilité  de  leur  position  et  leur  conser¬ 
vation  ; 

2°  Etude  des  divers  éléments  dirigée  en  vue  de  procurer  aux  machines  le  maximum 
de  puissance,  de  stabilité  et  de  résistance  aux  efforts  de  flexion  et  de  torsion  provenant 
de  l’action  des  outils  et  des  organes  de  mouvement,  de  réduire  le  nombre  des  mon¬ 
tages  de  pièces,  de  faciliter  les  réglages,  les  manœuvres  dans  le  cours  du  travail  et  la 
surveillance  de  l’ouvrier. 

Nous  nous  étendrons  quelque  peu  sur  la  considération  de  ces  deux  points,  pour 
tâcher  de  les  dégager  de  l’ensemble  de  ce  qui  n’est  que  variétés  de  dispositifs,  et  de  les 
faire  ressortir  avec  la  valeur  qui  doit  leur  être  attribuée. 

Importance  de  la  précision  dans  l’exécution  du  matériel.  —  Certains  constructeurs  s’é¬ 
tonneront  peut-être  que  nous  leur  parlions  de  précision  :  la  plupart  ne  doutent  pas 
qu’ils  ne  soient  capables  d’en  atteindre  le  plus  haut  degré,  à  condition  qu’on  le  leur 
demande;  si,  d’habitude,  ils  ne  font  pas  de  précision,  c’est  parce  que,  disent-ils,  la  na¬ 
ture  de  leur  industrie  ne  le  comporte  pas ,  ou  la  nécessité  de  la  concurrence  les  force 
de  produire  à  bon  marché.  Beaucoup  d’ouvriers,  pris  parmi  les  meilleurs,  sont  imhus 
d’idées  analogues  :  ceux-ci  vous  répondront  qu’il  n’est  pas  nécessaire  d’avoir  des  outils 
de  qualité  supérieure  pour  faire  de  bon  travail,  et  ils  se  chargent  de  faire  l’ouvrage  le 
plus  précis  avec  un  tour  de  rencontre,  avec  la  lime  et  le  burin.  Sans  mettre  en  doute 
l’habileté  de  ces  praticiens,  il  suffira  de  leur  faire  remarquer  que,  pour  vérifier  leur 
travail,  ils  n’ont  le  plus  souvent  que  des  pieds  à  coulisse  ou  des  palmers  achetés  chez 
le  quincailler,  des  règles  et  des  équerres  qui  ont  traîné  à  l’atelier  pendant  nombre 
d’années;  le  tourneur  se  fie  à  son  œil  ou  à  la  trace  laissée  par  un  morceau  de  craie 
pour  s’assurer  qu’une  pièce  tourne  rond,  et,  quand  il  a  monté  une  pièce  en  lunette,  il 


MACHINES-OUTILS. 


11 


est  certain  de  faire  une  surface  concentrique  à  celle  qui  est  prise  dans  la  lunette.  Ce 
n’est  pas  ici  le  lieu  de  démontrer  que  de  pareils  moyens  de  mesure  sont  insuffisants 
et  que  les  procédés  de  travail  les  plus  rationnels  ont  besoin  de  vérification  ;  mais  nous 
prierons  ceux  qui  veulent  bien  admettre  qu’ils  ont  encore  quelque  chose  à  apprendre 
sur  les  méthodes  de  construction ,  de  se  reporter  aux  expositions  des  constructeurs  les 
plus  renommés  ajuste  titre,  tels  que  MM.  Bariquand,  Brown  et  Sharpe,  Steilen;  ils  y 
verront,  à  côté  d’objets  parfaitement  exécutés,  les  instruments  qui  ont  servi  a  les  vérifier 
dans  le  cours  et  à  la  fin  du  travail;  ils  remarqueront  que  ces  instruments  donnant 
le  centième  et  même  le  millième  de  millimètre,  réglés  d’après  l’étalon  de  mesure  du 
pays ,  sont  mis  couramment  entre  les  mains  des  ouvriers ,  et  que  ceux-ci  veulent  bien 
en  faire  usage.  Le  tourneur,  par  exemple,  a,  outre  le  palmer,  un  comparateur  à  aiguille 
amplificatrice  qui  lui  dévoile  les  moindres  traces  de  faux  rond;  le  même  instrument 
permet,  après  le  montage  des  arbres  sur  les  machines,  de  s’assurer  qu’ils  tournent  par¬ 
faitement  dans  leurs  coussinets  et  que  les  logements  intérieurs  sont  exactements  con¬ 
centriques  aux  tourillons.  Chez  les  mêmes  constructeurs,  on  vérifie  par  des  moyens 
analogues  le  parallélisme  et  la  perpendicularité  des  arbres  et  des  chariots;  les  surfaces 
frottantes  n’admettent  en  aucune  de  leurs  parties  le  passage  d’une  feuille  de  1  cen¬ 
tième  de  millimètre  d’épaisseur. 

Un  tel  degré  de  précision  peut  sembler  exagéré  à  ceux  qui,  fournisseurs  ou  ache¬ 
teurs,  se  croient  obligés,  pour  des  raisons  quelconques  de  nécessité,  de  rechercher  la 
construction  à  des  prix  peu  élevés.  Nous  ne  les  convaincrions  sans  doute  pas  en  nous 
contentant  de  leur  opposer  le  vieux  proverbe  :  «  Il  ne  coûte  pas  plus  de  bien  que  de 
mal  faire  ».  Nous  ne  prendrons  pas  non  plus  ce  proverbe  au  pied  de  la  lettre,  mais  nous 
le  modifierons  sans  hésiter  ainsi  qu’il  suit  :  «  Si  l’on  peut  gagner  en  fabriquant  du  ma¬ 
tériel  médiocre,  on  perd  au  moins  le  double  en  s’en  servant». 

On  peut  évidemment  faire  des  bénéfices  en  fabriquant  mal  ;  mais  les  seuls  moyens  que 
nous  connaissions  pour  arriver  à  ce  résultat  sont  d’employer  des  matières  de  qualité 
inférieure  et  de  payer  la  main-d’œuvre  à  vil  prix.  Nous  estimons  que  l’intérêt  du  pro¬ 
ducteur  est  moins  à  considérer  que  celui  du  consommateur,  autant  du  moins  qu’il  ne 
s’agit  pas  d’articles  de  luxe. 

Dans  le  cas  présent,  le  consommateur  est  celui  qui  achète  des  machines  et  des  outils 
avec  lesquels  il  fabriquera  des  produits  industriels  ;  c’est  le  constructeur  de  machines 
lui-même  qui  se  sert  de  ses  propres  produits  pour  sa  fabrication.  Or,  il  est  pour  nous 
absolument  démontré  qu’une  fabrication  ne  peut  être  économique  qu’à  la  condition 
d’employer  un  bon  outillage  :  une  machine  dont  l’étude  ou  l’exécution  est  défectueuse 
est  sujette  à  des  mouvements  excentriques  et  irréguliers  des  arbres,  à  des  déplacements 
variables  de  la  position  des  chariots ,  à  des  flexions  et  des  torsions  des  divers  organes 
dont  l’intensité  change  avec  la  résistance  offerte  à  l’outil,  à  des  modifications  de  vitesse 
des  pièces  tournantes,  au  développement  de  forces  centrifuges  susceptibles  parfois  de 
devenir  dangereuses,  à  des  frottements  considérables  sur  les  surfaces  de  glissement, 


Vï 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


enfin  à  des  vibrations  et  des  trépidations  incessantes  de  la  pièce  et  de  l’outil.  Toutes 
ces  causes  entraînent  un  excès  de  dépense  de  force  motrice,  l’usure  très  rapide  des 
machines  et  des  outils ,  une  exécution  très  imparfaite  et  manquant  de  toute  certitude  d’un 
degré  quelconque  d’approximation.  Ainsi,  d’une  part,  les  frais  d’entretien  du  matériel 
deviennent  énormes,  et  leur  valeur  dépasse  vite  l’excédent  de  prix  qu’on  aurait  dû 
mettre  à  l’acquisition  d’un  meilleur  matériel;  d’autre  part,  les  produits,  de  quelque 
faible  importance  qu’en  soit  la  qualité,  doivent  être  repassés  à  d’autres  machines  ou, 
ce  qui  est  pis  encore,  au  burin  et  à  la  lime. 

On  nous  objectera  peut-être  que  certaines  machines  travaillant,  par  exemple,  clans 
la  poussière,  l’émeri,  le  sable,  le  mortier,  ont  besoin  de  jeu  dans  toutes  leurs  parties 
afin  d’éviter  les  grippements,  ou  bien  qu’il  est  certains  ouvriers  trop  peu  soigneux  pour 
qu’on  puisse  leur  confier  des  machines  délicates.  A  cela,  nous  répondrons  que  nous 
ne  croyons  pas  du  tout  à  la  nécessité  des  jeux,  et  nous  citerons  la  machine  de  préci¬ 
sion  par  excellence,  employée  pour  la  rectification  des  surfaces  cylindriques  ou  planes, 
et  dont  MM.  Brown  et  Sharpe  ont  été  les  auteurs;  cette  machine  emploie  comme  outil 
une  meule  d’émeri;  les  arbres,  les  chariots  sont  parfaitement  ajustés,  et  cet  ajustage 
même  les  préserve  de  l’introduction  de  l’émeri  entre  eux  et  leurs  appuis;  d’ailleurs,  les 
constructeurs  ont  eu  soin  de  couvrir  et  de  protéger  latéralement  les  surfaces  de  frotte¬ 
ment.  Quant  a  la  question  d’entretien,  on  peut  assurer  que  les  machines  bien  con¬ 
struites  sont  celles  pour  lesquelles  elle  est  le  plus  simple  :  il  faut  seulement  renouveler 
l’huile  de  temps  à  autre.  Et,  d’ailleurs,  est-ce  une  exigence  déraisonnable  que  de  de¬ 
mander  un  peu  de  surveillance  de  la  part  des  directeurs  d’ateliers  ? 

Si,  d’ailleurs,  nos  arguments,  trop  brièvement  exposés,  ne  paraissent  pas  concluants, 
nous  adressons  les  incrédules  aux  établissements  industriels  de  fabrication  courante  les 
plus  prospères,  tels  que  les  fabriques  de  machines  a  coudre,  de  montres,  de  tissus,  etc. 
Ils  verront  que  ces  établissements  n’ont  pu  se  développer,  tout  en  produisant  des 
articles  d’un  bon  marché  étonnant,  qu’en  employant  un  matériel  excellent  réduisant 
au  minimum  les  frais  de  fabrication  et  les  retouches  manuelles.  Nous  pourrions  mettre 
les  manufactures  d’armes  de  l’Etat  en  regard  des  manufactures  privées  d’armes  de  luxe 
si  faiblement  outillées  malheureusement  dans  notre  pays;  la  comparaison  des  prix  de 
revient  devrait  réjouir  le  contribuable  qui,  ayant  à  payer  les  frais  d’un  armement 
énorme,  s’en  trouve,  tous  comptes  faits,  quitte  a  très  bon  marché. 

Nous  croyons  donc  avoir  raison  d’attribuer  la  plus  grande  importance  à  la  précision 
dans  l’exécution  du  matériel  de  construction.  Des  observations  du  même  genre  s’ap¬ 
pliquent  à  son  étude  comprenant  le  nombre,  la  nature,  la  forme  et  l’arrangement  des 
organes,  leur  matière,  leur  masse,  etc. 

Elude  des  machines.  —  Les  machines  de  construction,  ayant  a  exécuter  des  travaux 
très  variés,  doivent  posséder  des  mouvements  multiples.  Toutefois  il  faut  se  garder 
d’exagérer  le  nombre  des  parties  mobiles,  qui  sont  toujours  des  causes  d’irrégularité 


MACHINES-OUTILS. 


13 


dans  le  travail.  On  cherchera  tout  d’abord  à  assurer  les  positions  respectives  de  la  pièce 
et  de  l’outil  contre  leur  poussée  mutuelle;  on  évitera,  par  exemple,  dans  une  machine 
a  mortaiser,  qu’a  l’attaque  de  l’outil,  la  pièce  commence  par  reculer  et  quelle  recule 
plus  ou  moins  suivant  que  l’épaisseur  du  copeau  est  plus  ou  moins  forte.  Des  effets  de 
ce  genre  sont  évidemment  favorisés  par  la  présence  d’un  échaffaudage  de  chariots, 
surtout  dans  les  machines  de  petite  et  de  moyenne  grandeur;  aussi,  pour  ces  dernières, 
a-t-on  avantage  à  réduire  au  strict  minimum  le  nombre  des  chariots  et  à  compléter  au 
moment  du  besoin  les  mouvements  nécessaires  au  moyen  de  montages  légers,  dont  la 
mise  en  place  est  facile  et  rapide.  Grâce  à  ces  montages,  qui  sont  généralement  pour¬ 
vus  de  mouvements  circulaires,  les  machines  deviennent  aussi  universelles  que  pos¬ 
sible  ;  nous  en  verrons  chez  M.  Bariquand  toute  une  collection  destinée  aux  machines 
â  fraiser;  nous  en  trouverons  également  chez  MM.  Brown  et  Sharpe,  Steinlen,  Schultz, 
Demoor. 

L’effet  de  recul  entre  la  pièce  et  l’outil  est  encore  favorisé  notamment  par  le  porte-à- 
faux  et  la  flexion  des  supports  de  l’une  ou  de  l’autre ,  le  déplacement  des  engrenages 
qui  commandent  immédiatement  les  chariots.  Le  porte-à-faux  des  supports  a  été  géné¬ 
ralement  évité  ou  atténué  d’une  façon  très  satisfaisante,  comme  nous  l’indiquerons  dans 
l’étude  de  chaque  catégorie  de  machines.  Quant  au  déplacement  des  engrenages  de 
commande  des  chariots,  nous  croyons  utile  de  donner  à  son  sujet  quelques  explica¬ 
tions. 

Autrefois,  les  chariots  à  long  parcours,  pourvus  ordinairement  d’un  mouvement 
automatique,  étaient  souvent  actionnés  par  une  crémaillère  et  un  pignon  à  dents 
droites.  Le  contact  entre  ces  deux  éléments  d’engrenage  a  lieu  à  chaque  instant  suivant 
une  génératrice  de  dent;  la  normale  commune  aux  deux  surfaces  le  long  de  cette  géné¬ 
ratrice  est  oblique  par  rapport  à  la  direction  du  chariot,  et  de  cette  obliquité  résulte 
une  composante  de  la  pression  tendant  à  éloigner  de  la  crémaillère  l’axe  du  pignon, 
effet  qui  peut  se  produire  grâce  au  jeu  de  l’axe  du  pignon  dans  ses  encastrements  et 
à  l’élasticité  meme  de  la  matière;  au  moment  d’un  changement  brusque  de  la  résis¬ 
tance  offerte  à  l’outil  et  par  suite  de  la  pression  sur  les  dents,  l’écartement  de  l’axe 
du  pignon  et  de  la  crémaillère  change,  le  point  de  contact  des  dents  se  déplace,  ce  qui 
équivaut  à  un  retour  en  arrière  du  pignon;  or,  comme  l’avance  de  la  crémaillère  est 
égale  dans  un  temps  donné  à  l’arc  de  parcours  de  la  circonférence  primitive  du  pignon, 
tout  recul  du  pignon  se  traduit  par  un  recul  d’une  quantité  égale  du  chariot. 

Aujourd’hui,  dans  la  bonne  construction,  on  tend  à  abandonner  la  crémaillère  et  le 
pignon  comme  organes  de  travail,  les  réservant  seulement  pour  les  manœuvres  de 
réglage  approché  de  certains  supports,  de  retrait  et  de  mise  en  place  rapides  des  pièces 
dans  l’intervalle  de  deux  opérations.  On  les  remplace  par  une  vis  et  un  écrou  ou  une 
portion  d’écrou  à  filet  carré  ou  très  peu  incliné;  outre  que  l’appui  se  fait  sur  toute  la 
longueur  de  l’écrou  ou  au  moins  sur  une  grande  partie,  il  a  lieu  suivant  la  direction 
commune  de  Taxe  de  la  vis  et  du  chariot;  il  ne  peut  se  produire  d’action  de  recul  de  la 


l/l 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


vis  que  suivant  son  axe;  mais,  pour  que  ce  recul  s’effectue,  il  faut  que  la  vis  tourne,  ce 
à  quoi  s’oppose  le  frottement  sur  les  filets,  et,  quand  même  la  vis  tournerait  d’une 
petite  quantité,  le  recul  longitudinal  qui  en  résulterait  serait  très  faible,  puisqu’il 
serait  à  cette  rotation  dans  le  rapport  du  pas  des  filets  à  leur  circonférence  moyenne. 
Dans  quelques  machines  à  raboter,  on  trouve  un  système  intermédiaire  :  la  crémaillère 
est  conservée;  elle  est  à  dents  de  flancs  très  peu  inclinés;  elle  engrène  avec  une  vis 
dont  l’axe  est  oblique  par  rapport  à  la  direction  du  chariot,  de  manière  que  le  filet  de 
la  vis  soit  tangent  à  la  dent  de  la  crémaillère  avec  laquelle  il  est  en  prise  ;  le  recul  du 
chariot  ne  pourrait  guère  se  produire  que  par  suite  de  la  flexion  de  la  vis,  qu’on  doit 
alors  faire  très  forte;  cependant  le  peu  d’étendue  du  contact  de  la  crémaillère  avec  la 
vis,  qui  n’a  lieu  que  sur  quelques  filets,  est  encore  un  désavantage. 

Les  autres  engrenages  intercalés  dans  la  commande  des  chariots,  possédant  ordi¬ 
nairement  une  vitesse  relative  très  grande  par  rapport  à  celle  des  chariots,  ont  par  eux- 
mêmes  peu  d’influence  pour  faire  varier  cette  dernière;  par  contre,  leur  forme  défec¬ 
tueuse,  de  même  que  celle  des  engrenages  de  commande  de  l’outil,  occasionne  des 
vibrations.  Nous  dirons  qu’aujour d’hui  tout  constructeur  qui  se  respecte  n’emploie 
plus  que  des  engrenages  taillés  mécaniquement,  aussi  bien  pour  les  mouvements  lents 
que  pour  les  mouvements  rapides;  nous  verrons  des  machines  qui  exécutent  la  taille 
des  roues  d’angle,  en  particulier,  d’une  façon  tout  a  fait  théorique.  Les  roues  cylin¬ 
driques  à  dents  hélicoïdales  prennent  la  place  des  roues  a  dents  droites  partout  où 
cela  peut  se  faire  sans  gêner  les  manœuvres.  Il  résulte  de  là  beaucoup  de  douceur  et 
de  régularité  dans  les  mouvements,  une  économie  notable  de  force  motrice  et  une 
amélioration  sensible  de  la  qualité  du  travail. 

Pour  les  machines  de  force,  telles  que  les  découpoirs,  on  emploie  fréquemment  les 
roues  à  chevrons,  qui  participent  des  avantages  des  roues  à  dents  hélicoïdales  et  sont 
censées  les  renforcer  en  procurant  deux  points  de  contact  au  lieu  d’un.  Cependant, 
comme  ces  roues  sont  en  général  brutes  de  fonte,  il  est  rare  que  le  contact  simultané 
des  deux  parties  se  réalise.  Nous  croyons  donc  qu’il  ne  peut  y  avoir  d’avantage  sérieux 
à  l’emploi  de  ces  roues  qu’autant  qu’on  les  taille,  en  les  faisant  au  besoin  de  deux 
pièces. 

Nous  signalerons  la  préoccupation  des  constructeurs  de  faciliter  à  l’ouvrier  la  con¬ 
duite  et  la  surveillance  de  sa  machine,  notamment  dans  les  tours,  les  machines  à  per¬ 
cer  radiales,  les  machines  à  raboter,  en  mettant  les  mécanismes  de  manœuvre  à  la  portée 
de  sa  main  et  les  rendant  aussi  commodes  que  possible,  en  réduisant  l’usage  des  clefs 
de  service  pour  les  parties  à  serrer  et  desserrer  fréquemment;  c’est  ainsi  que  les  bou¬ 
lons  servant  à  fixer  les  contrepointes  de  tour  sont  souvent  remplacés  par  des  excen¬ 
triques  munis  de  poignées.  Des  mesures  de  précaution  sont  prises  soit  pour  la  sécurité 
de  l’ouvrier,  soit  pour  la  préservation  des  organes  mêmes  des  machines;  MM.  Brown 
et  Sharpe,  Janssens,  Steinlen,  les  ateliers  d’Oerlikon  mettent  soigneusement  à  l’abri 
tous  les  engrenages  dangereux;  dans  ses  tours  possédant  des  mouvements  automa- 


MACHINES-OUTILS. 


15 


tiques  dans  le  sens  longitudinal  et  le  sens  transversal,  M.  Bariquand  organise  ses 
déclenchements  de  façon  que  les  deux  mouvements  ne  puissent  être  embrayés  à  la  fois. 

Arbres  principaux.  —  Dans  les  machines,  telles  que  tours,  fraiseuses,  l’arbre  prin¬ 
cipal,  qui  porte  la  pièce  ou  l’outil,  est  une  des  parties  essentielles  de  la  machine;  il 
est  a  désirer  non  seulement  qu’il  tourne  parfaitement  rond,  qu’il  ne  fléchisse  ni  ne  se 
torde,  qu’il  n’ait  aucun  jeu  dans  le  sens  longitudinal  comme  dans  le  sens  transversal, 
mais  encore  que  sa  direction,  une  fois  réglée  par  rapport  aux  surfaces  du  bâti  et  des 
chariots,  ne  puisse  varier  par  l’effet  des  pressions,  de  la  dilatation  et  de  l’usure.  La 
résistance  aux  efforts  développés  par  le  travail  s’obtient  en  répartissant  convenablement 
les  points  d’application  de  ces  efforts  et  les  rapprochant  le  plus  possible  des  points 
d’appui,  en  donnant  aux  arbres  des  diamètres  suffisants  et  aux  portées  une  grande  lon¬ 
gueur,  et  enfin  en  faisant  l’ajustage  de  ces  dernières  d’une  façon  très  précise.  On  a 
pu  craindre  autrefois  d’exagérer  l’étendue  des  surfaces  d’appui,  à  cause  de  réchauffe¬ 
ment  et  des  grippements  susceptibles  de  résulter  de  la  vitesse  circonférentielle;  mais  on 
sait  aujourd’hui  qu’on  peut  atteindre  sans  inconvénient  des  vitesses  considérables,  à 
condition  que  les  surfaces  soient  bien  ajustées  et  constamment  lubrifiées.  Les  dilatations 
n’ont  d’influence  sensible  que  si  leur  effet  se  produit  sur  de  grandes  longueurs;  on  évi¬ 
tera  cette  influence  en  rapprochant  autant  que  possible  les  deux  appuis  longitudinaux 
de  l’arbre ,  en  les  disposant ,  par  exemple ,  près  d’un  même  tourillon ,  l’autre  tourillon 
étant  cylindrique  et  libre  de  s’allonger. 

Les  causes  principales  d’usure  d’un  arbre  et  de  ses  appuis  sont  :  i°  l’insuffisance 
d’étendue  des  portées  et  le  mauvais  ajustage  de  l’arbre;  2°  le  manque  ou  l’insuffisance 
de  graissage. 

Si  les  portées  sont  trop  faibles ,  la  pression  déprime  leurs  surfaces ,  fait  engrener  les 
moindres  aspérités  des  deux  parties,  y  incrusle  des  poussières  parfois  très  dures  et  pro¬ 
duit  ainsi  un  rodage  incessant;  de  plus,  elle  en  chasse  le  lubrifiant,  dont  nous  exami¬ 
nerons  plus  loin  le  mode  d’action.  Un  mauvais  ajustage  produit  identiquement  le  même 
effet;  par  exemple,  si  l’axe  des  tourillons  ne  coïncide  pas  avec  celui  des  coussinets  et 
si,  par  suite,  l’arbre  se  place  obliquement  dans  ces  derniers,  si  les  tranches  d’appui  de 
l’arbre  ou  des  coussinets  ne  sont  pas  normales  à  l’axe  de  rotation,  à  chaque  instant  la 
portée  n’a  lieu  que  sur  de  petites  surfaces,  et  la  pression  se  porte  tout  entière  sur 
celles-ci.  Le  jeu  de  l’arbre  dans  les  coussinets  favorise  aussi  l’usure;  car  il  permet  l’in¬ 
troduction  et  le  séjour  de  matières  étrangères,  tout  en  donnant  à  l’huile  toute  facilité 
de  s’écouler  rapidement. 

Le  lubrifiant  agit  entre  les  organes  de  machines  en  mouvement  surtout  à  la  façon 
d’un  diaphragme  qui,  si  mince  qu’il  soit,  empêche  les  surfaces  de  se  toucher,  d’exer¬ 
cer  l’une  sur  l’autre  une  action  mécanique  et  de  s’échauffer;  on  s’explique  bien  ainsi 
que  les  huiles  grasses  conviennent  en  général  pour  les  machines  et  les  transmissions,  et 
qu’elles  n’ont  pas  besoin  d’y  être  renouvelées  fréquemment,  tandis  que  les  outils 


16 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


exigent  des  huiles  très  fluides,  même  des  essences  volatiles,  versées  avec  abondance; 
dans  ce  dernier  cas,  le  lubrifiant  ne  peut  s’opposer  au  contact  de  Toutil  et  de  la 
matière ,  il  a  pour  fonction  d’absorber  la  chaleur  qui  se  dégage  et  de  refroidir  l’outil. 

Pour  ce  qui  concerne  le  graissage  des  arbres  des  machines,  nous  insisterons  sur  ce 
point,  qui  est  un  fait  d’expérience  parfaitement  acquis,  que  le  lubrifiant  ne  doit  pas 
être  considéré  comme  un  réfrigérant;  tout  au  plus  peut-il  servir  de  conducteur  de  cha¬ 
leur  entre  l’arbre  et  ses  supports,  et  pour  cela  il  n’est  pas  nécessaire  qu’il  soit  abondant. 
Son  véritable  rôle  est  de  former  entre  le  tourillon  et  le  coussinet  un  matelas  souple 
remplissant  complètement  l’intervalle,  étendant  la  surface  d’appui  jusqu’à  se  produire 
sur  tout  le  pourtour  de  la  portée,  et  par  cela  même  empêchant  le  contact  direct  des 
deux  parties  en  aucun  de  leurs  points.  L’effet  du  graissage  sera  d’autant  meilleur  que 
ces  conditions  seront  plus  près  d’être  réalisées,  et  par  conséquent  que  le  jeu  sera 
moindre  à  sec  entre  le  tourillon  et  le  coussinet,  bien  qu’il  en  faille  cependant  un  peu 
pour  loger  le  lubrifiant;  1/100  de  millimètre  peut  être  regardé  comme  la  valeur  con¬ 
venable  pour  la  différence  des  diamètres.  Mais ,  d’autre  part,  il  est  essentiel  d’entre¬ 
tenir  constamment  la  lubrification,  et  pour  cela  il  est  absolument  nécessaire  quelle  se 
fasse  automatiquement;  le  procédé  consistant  à  verser  de  temps  à  autre  de  l’huile  dans 
un  trou  de  graissage  doit  être  rejeté  comme  coûteux  et  insuffisant  à  la  fois;  car  si  Ton 
met  à  un  moment  donné  la  portée  en  libre  communication  avec  un  réservoir  d’huile, 
celle-ci  s’écoulera  au  dehors  comme  dans  un  tuyau  ouvert  à  ses  deux  bouts ,  le  réser¬ 
voir  se  videra  rapidement  et  il  ne  restera  que  ce  que  la  portée  est  capable  de  retenir 
par  effet  de  capillarité;  ce  restant  s’éliminera  lui-même  plus  ou  moins  vite,  et  la  portée 
deviendra  bientôt  sèche.  Les  paliers  à  réservoir  avec  rondelle  de  barbotage,  outre  qu’ils 
ne  peuvent  se  placer  que  dans  un  nombre  de  points  très  limités,  offrent  l’inconvénient 
de  faire  servir  toujours  la  même  huile  qui,  au  bout  de  peu  de  temps,  s’acidifie,  se  salit 
et  ramène  constamment  sur  l’arbre  des  matières  corrodantes;  leur  emploi  n’est  donc 
pas  à  recommander.  Puisque  l’arbre  n’a  besoin  que  d’une  très  faible  quantité  de  lubri¬ 
fiant,  il  n’y  a  qu’à  la  lui  donner  pour  ainsi  dire  goutte  à  goutte;  on  peut  même  lui  en 
fournir  un  excès,  on  réalisera  encore  une  économie  très  notable;  le  lubrifiant  ainsi 
versé  sera  toujours  neuf,  en  parfait  état  de  conservation  et  de  pureté.  Les  procédés  de 
graissage  par  ce  dernier  moyen  sont  aujourd’hui  assez  nombreux  et  donnent  la  facilité 
de  choisir  entre  eux  pour  la  commodité  de  leur  application  aux  diverses  parties  à  grais¬ 
ser;  nous  citerons  les  graisseurs  à  réservoir  inférieur  ou  supérieur  avec  entraînement 
de  Tbuile  par  des  mèches,  des  rotins  ou  des  lames  métalliques  capillaires  (système 
Denis  Poulot);  les  graisseurs  Verny  à  réservoir  d’huile  supérieur  avec  filtre  de  gre¬ 
naille  ou  de  plombagine;  les  graisseurs  Staufer  à  pâte  de  graisse  mêlée  d’huile  avec 
couvercle  compresseur;  ces  derniers  offrent  une  très  grande  commodité,  en  ce  qu’ils 
peuvent  se  placer  latéralement  et  horizontalement;  toutefois  ils  exigent  une  manœuvre  et 
sont  soumis  par  suite  aux  inconvénients  qui  peuvent  résulter  d’un  oubli  de  la  part  de  l’ou¬ 
vrier.  Il  convient  en  outre  de  constituer  dans  les  portées  mêmes  de  l’arbre  et  sur  les  tranches 


MACHINES-OUTILS. 


17 


d’appui  de  petits  réservoirs  secondaires  chargés  de  distribuer  le  lubrifiant  à  tous  les 
points  de  la  surface  frottante;  c’est  l’objet  des  pattes  d’araignée,  des  rainures  circu¬ 
laires  échelonnées  sur  les  longs  tourillons,  des  godets  réservés  sur  les  butées  et  sur  les 
crapaudines. 

Nous  pouvons  citer,  comme  données  d’expériences  répétées,  qu’un  trou  graisseur 
exigeant  80  grammes  d’huile  dans  une  journée  par  l’alimentation  à  la  burette  n’en 
dépense  que  lx  grammes  avec  l’emploi  d’un  graisseur  automatique;  on  peut  juger  ainsi 
de  l’économie  considérable  que  ce  dernier  procure.  Nous  devons  constater  que  bon 
nombre  de  constructeurs  sont  entrés  franchement  dans  la  voie  du  graissage  automa¬ 
tique,  en  installant  des  appareils  dans  toutes  les  parties  des  machines  où  la  lubrifica¬ 
tion  est  nécessaire;  nous  signalerons  sous  ce  rapport  les  dispositions  de  MM.  Demoor, 
Fétu-Defize,  Denis  Poulot,  Stiles  et  Parker,  des  ateliers  d’Oerlikon,  de  la  Société 
alsacienne. 

Les  arbres  principaux  sont  tous  aujourd’hui  en  acier,  mais  les  constructeurs  diffèrent 
beaucoup  d’avis  sur  la  forme  a  donner  aux  tourillons,  ainsi  que  sur  le  degré  relatif  de 
dureté  des  tourillons  et  des  coussinets.  Les  uns,  comme  M.  Steinlen,  font  les  tourillons 
cylindriques  et  les  encastrent  dans  des  coussinets  en  deux  parties  serrées  par  des  cha¬ 
peaux.  D’autres,  comme  M.  Bariquand  et  MM.  Brown  et  Sharpe,  font  le  tourillon  voisin 
de  l’outil  en  cône  allongé  et  l’enveloppent  par  une  coquille  d’une  seule  pièce;  l’autre 
tourillon  est  cylindrique  et  engagé  dans  une  coquille  fendue  en  trois  parties  sur  une 
certaine  longueur  et  conique  extérieurement  pour  permettre  de  donner  du  serrage. 
M.  Schultz  rapporte  sur  l’arbre  un  deuxième  tourillon  conique  en  sens  inverse  du  pre¬ 
mier,  assemblé  seulement  par  clavette,  avec  liberté  dans  le  sens  de  la  longueur  pour  lui 
donner  du  serrage  dans  la  coquille. 

La  préférence  a  donner  à  l’une  ou  à  l’autre  de  ces  différentes  formes  de  tourillons 
doit  être  basée  principalement  sur  la  considération  des  inconvénients  susceptibles  de 
résulter  de  l’usure.  Nous  devons  avouer  qu’un  choix  convenable  de  la  matière  de  l’arbre 
et  des  coussinets,  et  surtout  une  bonne  construction  et  une  lubrification  bien  faite 
atténuent  considérablement  la  production  de  l’usure;  nous  pensons  cependant  que 
celle-ci  est  a  prévoir  et,  dans  ce  cas,  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  d’opter  en  faveur 
de  la  forme  conique  des  tourillons,  au  moins  pour  celui  voisin  de  l’outil,  et  voici  nos 
raisons  :  avec  les  tourillons  cylindriques,  il  est  difficile  de  compenser  l’usure  latérale; 
mais  si  nous  ne  considérons  que  le  sens  dans  lequel  se  fait  le  serrage  du  chapeau,  on 
voit  facilement  que  l’usure  du  tourillon  cylindrique  ou  de  son  coussinet  force  à  déplacer 

l’axe  de  l’arbre  d’une  quantité  égale  à  la  diffé¬ 
rence  des  diamètres  avant  et  après  usure,  tandis 
que  celle  du  tourillon  conique  n’occasionne  pas 
de  déplacemént  de  l’axe  et  que  celle  de  son  cous¬ 
sinet  n’entraîne  a  déplacer  l’axe  que  de  la  moitié 
de  la  valeur  précédente;  si  l’on  suppose  en  effet  l’usure  portant  seulement  sur  le  cous- 
Groupe  VI. - IV.  2 


A' 


B' 


D' 


Ai 


IMPRIMERIE  NATIONALE. 


18 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


sinet  à  sa  partie  inférieure  et  égale  dans  les  deux  cas  à  B  B'  =  BjB/,  le  tourillon  cylin¬ 
drique  ABCD  devra  venir  en  A'C'B'D';  au  contraire,  le  tourillon  conique  A1YBl G  restant 
toujours  appliqué  contre  la  partie  supérieure  de  sa  coquille  viendra  en  A'j  FB^G^,  et 
n’aura  descendu  que  d’une  quantité  égale  à  1/2  BjB'V 

Les  appuis  dans  le  sens  longitudinal  sont  formés  par  des  épaulements  plans,  coniques 
ou  à  profil  courbe,  ou  par  des  butées  en  bout  de  l’arbre.  Nous  reprochons  aux  appuis 
coniques  ou  courbes  d’avoir  une  tendance  à  donner  la  direction  à  l’arbre  et  à  reporter 
sur  eux  une  partie,  sinon  la  totalité  de  sa  portée,  le  tourillon  ne  touchant  alors  son 
coussinet  qu’en  un  seul  point  ou  pas  du  tout.  Nous  préférons  donc  les  appuis  plans, 
qu’ils  soient  fixes  ou  réglables  au  moyen  cl  écrous  ;  dans  le  premier  cas ,  ils  exigent  un 
ajustage  très  soigné;  dans  le  deuxième  cas,  il  convient  de  ne  pas  former  l’appui  direc¬ 
tement  par  la  tranche  de  l’écrou,  qui  a  toujours  une  tendance  à  prendre  une  position 
oblique,  et  d’interposer  entre  lui  et  le  bâti  une  bague  parfaitement  ajustée  sur  l’arbre 
et  suffisamment  longue.  Les  appuis  de  l’arbre  dans  chaque  sens  doivent  être  aussi  rap¬ 
prochés  que  possible  l’un  de  l’autre,  afin  de  11e  pas  donner  lieu  à  des  effets  de  coince¬ 
ment  et  de  grippement  par  suite  de  la  dilatation  de  l’arbre  sous  l’influence  des  variations 
de  température  dans  le  cours  du  travail;  suivant  que  les  variations  de  la  longueur 
totale  de  l’arbre,  entraînant  celles  de  la  pièce  ou  de  l’outil,  ont  ou  n’ont  pas  un  incon¬ 
vénient  sensible,  on  devra  les  rapprocher  du  tourillon  voisin  de  l’outil  ou  on  pourra  les 
mettre  près  du  tourillon  opposé;  le  premier  cas  est  celui  des  machines  à  fraiser,  le 
deuxième,  celui  des  tours. 

Les  constructeurs  sont  loin  d’être  d’accord  sur  la  question  de  dureté  relative  des  arbres 
et  des  coussinets  :  les  uns  font  l’arbre  en  acier  dur,  trempé  même,  et  les  coussinets  en  métal 
plus  tendre,  quoique  d’une  certaine  dureté,  bronze  dur  ou  pbosphoré,  fonte;  certains 
font  de  préférence  les  coussinets  en  matière  très  tendre ,  telle  que  le  régule  d’antimoine  ; 
d’autres  au  contraire  (Brown  et  Sharpe)  font  simplement  l’arbre  en  acier  dur  et  trempent 
les  coussinets;  M.  Bariquand  trempe  à  la  fois  l’arbre  et  les  coussinets  en  leur  donnant 
un  même  degré  de  dureté.  L’emploi  d’une  matière  tendre  pour  les  coussinets  peut  être 
une  excellente  condition,  quand  il  11’y  a  pas  a  craindre  d’inconvénient  sérieux  d’un  dé¬ 
placement  de  l’arbre;  car  le  coussinet  s’use  ou  tout  au  moins  se  tasse  et  se  déprime  par 
l’effet  de  la  pression,  mais  on  constate  que  l’arbre  se  conserve  généralement  en  parfait 
état;  il  peut  même  se  faire  que  dans  les  machines  où  la  pression  sur  les  portées  est 
faible,  par  exemple  dans  les  machines  à  grande  vitesse,  l’usure  des  coussinets  ne  se 
produise  que  très  lentement.  Quand  la  pression  atteint  une  valeur  notable  sur  les  por¬ 
tées,  et  quand  il  importe  essentiellement  d’éviter  le  déréglage  des  machines  par  suite 
d’usure,  comme  dans  les  tours  et  les  machines  à  fraiser,  on  est  forcément  amené  à 
prendre  pour  les  coussinets  une  matière  d’une  certaine  dureté;  il  semble  alors  que  plus 
l’arbre  et  le  coussinet  seront  durs  l’un  et  l’autre,  mieux  ils  résisteront  à  l’usure.  Il  est, 
d’autre  part,  incontestable  que  le  coefficient  de  frottement  varie  avec  la  nature  des  sur¬ 
faces  en  contact,  à  degré  égal  de  dureté  et  de  poli.  Il  y  a  donc  lieu,  croyons-nous,  de 


MACHINES-OUTILS 


19 


rechercher  le  plus  grand  degré  de  dureté  possible  pour  les  deux  surfaces,  tout  en  les 
choisissant  de  façon  à  réduire  au  minimum  la  valeur  du  coefficient  de  frottement  de 
l’une  sur  l’autre;  on  peut  être  ainsi  conduit  à  leur  donner  des  duretés  inégales.  Il  est 
possible  que  la  meilleure  solution  ne  soit  pas  dans  l’emploi  de  l’acier  trempé  à  la  fois 
pour  l’arbre  et  le  coussinet ,  mais  nous  ne  pensons  pas  que  celui  de  l’acier  trempé  avec 
l’acier  non  trempé  soit  préférable.  Certains  bronzes  paraissent  donner  de  bons  résultats; 
malheureusement,  cette  matière  est  trop  sujette  à  des  variations  considérables  de  qualité, 
par  suite  de  mélange  de  matières  étrangères  ou  de  fabrication  défectueuse,  pour  que  son 
usage  offre  une  certitude  suffisante  de  résistance  et  de  durée  :  il  est  en  effet  à  remarquer 
que  ce  ne  sont  pas  toujours  les  bronzes  les  plus  durs  qui  se  conservent  le  mieux.  Nous 
pensons  pouvoir  recommander  l’emploi  de  la  fonte  dure  pour  les  coussinets,  avec 
l’acier  trempé  pour  les  arbres,  comme  rentrant  le  mieux  dans  les  conditions  du  pro¬ 
blème. 

Si  l’on  tient  à  prendre  des  matières  de  duretés  différentes  pour  l’arbre  et  les  coussi¬ 
nets,  il  est  à  peu  près  indifférent,  d’après  ce  que  nousVvons  vu  plus  haut,  que  l’excès 
de  dureté  soit  attribué  à  l’un  ou  à  l’autre,  dans  le  cas  des  portées  cylindriques; 
mais,  dans  le  cas  des  portées  coniques,  il  conviendrait  de  donner,  comme  le  font 
MM.  Broun  et  Sliarpe,  le  plus  de  dureté  au  coussinet,  pour  que  l’usure  se  produisît 
de  préférence  sur  l’arbre,  qui  reste  centré,  tandis  que  le  coussinet,  en  s’usant,  entraîne 
le  déplacement  de  l’axe  de  l’arbre. 

La  trempe  des  arbres  est  une  opération  délicate,  en  ce  qu’elle  les  fausse  générale¬ 
ment  et  oblige  de  leur  faire  subir  un  dressage  et  une  rectification  de  la  surface.  L’opé¬ 
ration  du  dressage  présente  de  grandes  difficultés  avec  l’emploi  de  l’acier  dur;  il  paraît 
préférable  de  prendre  de  l’acier  doux  et  de  le  cémenter  à  une  profondeur  d’environ 
o  m.  001.  Il  est  très  important  de  ne  pas  tremper  l’arbre  aussitôt  après  la  sortie  du 
four  à  cémenter;  car  il  a  dû  être  porté  dans  le  four  à  une  température  élevée,  qui  a 
mis  l’acier  à  gros  grains,  d’autant  plus  que,  sa  couche  extérieure  étant  passée  de  l’état 
d’acier  doux  à  celui  d’acier  extra-dur,  la  température  qui  lui  convenait  tout  d’abord 
pour  le  travail  à  chaud,  se  trouve,  après  cémentation,  trop  élevée  de  plusieurs  cen¬ 
taines  de  degrés;  la  trempe,  a  la  sortie  du  four,  aurait  pour  effet  de  maintenir  l’état  du 
grain  et  de  donner  a  l’acier  une  fragilité  très  grande.  Le  mieux  a  faire  est  de  laisser 
refroidir  l’arbre,  de  lui  faire  subir  un  recuit  ou  une  trempe  à  l’huile  à  une  température 
assez  élevée  pour  rétablir  le  grain  de  l’intérieur,  et  de  le  tremper  finalement  à  la  tem¬ 
pérature  qui  convient  a  la  partie  cémentée.  On  est  assuré,  par  ce  procédé,  d’obtenir 
du  grain  fin  dans  la  partie  cémentée  et  une  très  grande  résistance,  en  même  temps 
qu’un  degré  considérable  de  dureté  et  une  répartition  homogène  de  cette  dernière; 
on  pourra  faire  le  dressage  de  l’arbre  sans  risquer  de  le  rompre.  Cette  observation  n’est 
d’ailleurs  pas  spéciale  aux  arbres,  elle  s’applique  à  toutes  les  pièces  soumises  à  l’action 
de  la  cémentation. 

La  rectification  des  arbres  trempés  ne  peut  guère  se  faire  qu’à  la  meule  d’émeri. 


20 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


A  la  vérité,  on  peut  employer  le  tour  en  mettant  l’arbre  entre  les  pointes  et  disposant  la 
meule  sur  le  chariot,  comme  on  le  fait  pour  les  appareils  de  fraisage;  nous  trouvons 
chez  plusieurs  exposants  des  montages  de  meule  construits  dans  ce  but.  Nous  ferons 
remarquer  que  les  tours  ne  sont  pas  organisés  pour  travailler  à  l’émeri;  l’usage  de  ce 
dernier  occasionnera  vite  l’usure  de  toutes  leurs  parties  et  leur  ôtera  les  qualités  indis¬ 
pensables  pour  une  opération  de  la  plus  grande  précision;  non  seulement  la  machine 
sera  détériorée,  mais  ses  produits  seront  très  imparfaits,  manqueront  de  rectitude  et 
auront  du  faux  rond.  Il  est  donc  indispensable  de  se  servir,  pour  la  rectification,  de 
machines  outillées  spécialement  pour  ce  genre  de  travail  et  offrant  toutes  les  commo¬ 
dités  pour  leur  appropriation  aux  divers  cas  de  la  pratique. 

Il  convient  non  seulement  que  les  arbres  soient  rectifiés  de  façon  que  toutes  leurs 
parties,  telles  que  tourillons,  portées  de  poulies  et  d’engrenages,  soient  exactement 
concentriques  entre  elles,  mais  il  faut  encore  que  les  tourillons  soient  parfaitement 
polis,  exempts  de  traits  de  meule  ou  de  tout  autre  défaut  capable  de  constituer  une 
cause  de  grippement.  Cette  dernière  opération  se  fait  avantageusement  en  rodant  les 
tourillons  dans  leur  coussinets  mêmes,  au  moins  quand  ceux-ci  sont  en  acier,  à  l’aide  de 
potée  d’émeri;  ce  procédé  permet  d’ajuster  exactement  les  deux  parties  l’une  sur  l’autre. 

La  stabilité  et  la  capacité  de  résistance  d’une  pièce  ou  cl’un  outil  monté  sur  un  arbre 
dépendent  de  la  rigidité  de  ce  dernier,  et  par  suite  de  ses  dimensions,  de  celles  de  ses 
portées  et  de  la  position  des  points  d’application  des  efforts.  Nous  avons  déjà  dit  qu’on 
ne  devait  pas  craindre  d’exagérer  la  longueur  et  même  le  diamètre  des  portées,  à  la 
condition  de  les  faire  exactement  concentriques  l’une  à  l’autre  et  d’en  assurer  la  lubri¬ 
fication.  Par  contre,  il  faut  réduire  autant  que  possible  les  longueurs  en  dehors  des 
portées  et  rapprocher  des  points  d’appui  les  points  d’application  des  efforts,  pour  éviter 
de  donner  aux  forces  de  flexion  et  de  torsion  des  bras  de  levier  trop  considérables. 

Nous  rappellerons  que  les  pièces  montées  sur  les  arbres  doivent  être  très  bien  ajus¬ 
tées  et  équilibrées,  de  manière  à  ne  pas  provoquer  l’excentrage,  des  masses  et  le  déve¬ 
loppement  de  forces  centrifuges;  en  particulier,  les  clavettes  d’assemblage  ne  doivent 
serrer  que  sur  les  côtés  des  rainures  et  non  sur  le  fond  ;  il  est  même  prudent  de  ne  pas 
les  employer  dans  les  machines  de  grande  précision  et  de  les  remplacer,  par  exemple, 
par  des  cônes  d’ajustage  très  aigus,  susceptibles  d’adhérer  par  coincement  seul.  On 
fera  bien  de  ne  pas  placer  les  poulies  folles  directement  sur  les  arbres,  mais  de  les 
monter  de  préférence  sur  une  douille  fixe  adaptée  au  bâti;  cette  disposition  facilite  en 
outre  leur  graissage. 

Il  est  de  toute  nécessité  que  la  commande  des  chariots  dépende  de  l’arbre  principal, 
c’est-à-dire  quelle  soit  prise  sur  lui  ou  sur  un  arbre  qui  le  précède  dans  le  sens  de  la 
transmission  du  mouvement  et  qui  lui  soit  relié  par  engrenages;  il  convient  en  effet 
que  l’avance  soit  toujours  dans  un  rapport  constant  avec  la  vitesse  de  rotation  de  l’arbre 
principal,  quelles  que  soient  les  variations  de  cette  dernière  par  suite  de  glissement 
des  courroies  ou  de  tout  autre  motif,  et  il  faut  quelle  s’arrête  en  même  temps  que 


MACHINES-OUTILS. 


21 


l’arbre,  surtout  si  la  cause  de  l’arrêt  est  accidentelle.  Il  y  aurait  lieu  pourtant  de  mettre 
le  moins  possible  d’organes  de  force  sur  l’arbre  principal;  aussi,  toutes  les  fois  qu’il 
sera  actionné  par  des  engrenages,  devra-t-on  prendre  la  commande  des  chariots  sur 
l’axe  d’une  des  roues  précédant  la  sienne. 

Surfaces  de  frottement.  —  Les  parties  frottantes,  avec  surface  de  contact  de  peu  d’éten¬ 
due,  celles  notamment  qui  sont  soumises  a  des  efforts  de  pression  ou  à  des  chocs, 
doivent  être  trempées,  rectifiées  et  polies;  telles  sont  les  butées  et  les  agrafes  de  dé¬ 
clenchement,  les  manchons  dentés  d’embrayage  et  de  changement  de  marche,  les  vis 
sans  fin  et  leurs  roues;  il  en  est  de  même  pour  les  engrenages  interposés  dans  les 
mouvements  qui  demandent  une  grande  sensibilité  de  transmission,  comme  sont  ceux 
des  mécanismes  de  reproduction.  Il  est  bon  en  outre  de  lubrifier  abondamment  les  vis 
sans  fin,  en  les  faisant  plonger  en  partie  dans  un  réservoir  d’huile. 

Nous  insistons  sur  ces  détails  de  construction,  parce  que  ce  sont  eux  qui  font  la 
qualité  d’une  machine,  bien  plus  en  général  que  les  variétés  de  dispositifs,  qui  se  rat¬ 
tachent  plutôt  à  des  questions  de  commodité  de  manœuvre. 

De  la  masse  dans  les  machines.  —  Nous  dirons  encore  quelques  mots  sur  les  relations 
de  masse  entre  le$  différentes  parties  d’une  machine.  Il  y  a  lieu  à  cet  égard  de  consi¬ 
dérer  séparément  les  parties  en  mouvement  et  les  parties  fixes. 

Il  semble  qu’au  point  de  vue  de  la  qualité  du  travail  et  delà  conservation  des  outils, 
il  y  ait  intérêt  à  donner  une  grande  valeur  à  la  masse  des  organes  en  mouvement,  car 
l’augmentation  de  leur  masse  accroît  leur  force  vive  et  leur  puissance;  en  outre,  l’effet 
des  variations  de  résistance  et  des  diverses  causes  susceptibles  de  troubler  la  régularité 
du  travail,  effet  qui  revient  à  communiquer  aux  masses  sur  lesquelles  il  se  produit  une 
force  vive  d’une  certaine  valeur,  sera  d’autant  moindre  par  rapport  à  la  force  vive  im¬ 
primée  régulièrement  au  système,  que  les  masses  seront  plus  considérables;  or,  c’est 
cet  effet  qui  engendre  les  accélérations  et  les  ralentissements  de  vitesse,  et  surtout  les 
vibrations  et  les  trépidations  si  nuisibles  à  la  qualité  du  travail  et  à  la  conservation  des 
outils.  A  la  vérité,  les  masses  des  organes  mobiles  sont  le  plus  souvent  limitées  par  l’en¬ 
semble  des  dimensions  qu’on  s’est  imposées  à  l’avance  pour  la  machine;  on  doit  toute¬ 
fois  chercher  a  se  rapprocher  des  valeurs  maxima  que  permettent  ces  dimensions.  Nous 
pensons  que  l’addition  d’un  volant  sur  un  arbre  sera  en  général  avantageuse.  Cepen¬ 
dant,  quand  les  organes  mobiles  sont  soumis  à  des  vitesses  variables,  changeant  même 
de  sens,  ou  quand,  étant  animés  d’une  vitesse  assez  grande,  ils  doivent  pouvoir  être 
arrêtés  brusquement;  il  faut,  au  contraire,  réduire  leur  masse  au  minimum;  mais  alors 
on  peut  souvent  reporter  la  masse  sur  la  partie  de  la  transmission  dont  la  vitesse  reste 
uniforme;  c’est  ce  qu’on  fait  ordinairement  dans  les  machines  à  mortaiser,  les  décou- 
poirs,  etc. 

Quant  aux  parties  fixes,  on  a  toujours  avantage  à  leur  donner  beaucoup  de  masse; 


<22 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


non  seulement  les  supports  clés  organes  de  mouvement  doivent  être  robustes,  courts, 
opposés  aussi  directement  que  possible  à  la  direction  des  efforts,  mais  le  bâti  lui-même 
doit  être  lourd  ;  il  faut ,  pour  ces  parties ,  multiplier  le  coefficient  de  sécurité  par  un 
autre  que  nous  pourrions  appeler  coefficient  d’inertie.  Leur  rôle  est,  en  effet,  dans  le 
plus  grand  nombre  des  cas,  moins  de  résister  aux  efforts  qui  agissent  sur  elles,  que  de 
s’opposer  au  moindre  déplacement  pouvant  résulter  de  ces  efforts,  d’atténuer  dans  la 
plus  large  mesure  et  même  d’arrêter  complètement  les  vibrations  de  nature  normale 
ou  accidentelle.  On  s’étonne  parfois  de  voir  des  machines  bien  exécutées,  mais  légères, 
fournir  peu  de  travail  avec  une  qualité  médiocre  des  produits,  tandis  que  des  machines 
dans  lesquelles  l’exécution  est  loin  de  briller  par  la  précision ,  mais  qui  sont  lourdes  et 
inébranlables,  donnent  un  rendement  supérieur  à  celui  des  précédentes  et  au  moins 
égal  pour  la  qualité  :  l’influence  de  la  masse  est  incontestablement  l’unique  cause  de 
cette  différence. 

OUTILS. 

L’attention  des  constructeurs  s’est  portée  d’une  façon  toute  particulière  sur  les  ou¬ 
tils.  Ils  n’ont  pas,  à  la  vérité,  découvert  de  formes  nouvelles,  mais  ils  se  sont  attachés 
à  leur  assurer  la  correction  des  formes  théoriques,  à  prolonger  la  durée  de  leur  con¬ 
servation,  à  augmenter  leur  capacité  de  rendement. 

La  correction  des  formes  est  nécessaire  pour  la  production  économique  du  travail  ; 
mais  leur  constance  est  un  élément  indispensable  de  la  précision;  si,  en  effet,  dans  le 
cours  du  travail,  on  est  appelé  à  remplacer  l’outil  ou  à  l’affûter,  le  nouvel  outil  ne 
pourra  travailler  dans  les  mêmes  conditions  que  le  précédent,  que  s’il  lui  est  iden¬ 
tique.  Les  procédés  mécaniques  sont  seuls  capables  de  répondre  à  ces  exigences  de 
construction  et  d’entretien  des  outils;  aussi  doit-on  considérer  comme  un  progrès  con¬ 
sidérable  la  vulgarisation,  si  rapide  en  ces  derniers  temps,  des  machines  à  rectifier  de 
MM.  Brown  et  Sharpe ,  des  machines  à  affûter  les  fraises  de  toutes  formes  de  M.  Kreutz- 
berger,  des  machines  à  affûter  les  forets,  enfin  la  création  récente  de  la  machine  de 
M.  Sellers  pour  l’affûtage  des  outils  de  tours,  de  raboteuses,  de  mortaiseuses. 

Les  difficultés  de  construction  et  d’entretien  d’un  outil,  l’élévation  de  son  prix  de 
revient  sont  évidemment  de  puissants  obstacles  à  son  adoption  par  la  masse  des  in¬ 
dustriels.  Les  outils  de  tours,  de  raboteuses,  de  mortaiseuses  d’une  seule  pièce  sont 
coûteux  et  difficiles  à  conserver;  M.  Sellers  n’hésite  pas  cependant  a  les  maintenir  et 
rend  par  sa  machine  à  affûter  leur  entretien  aussi  simple  que  possible;  mais  d’autres 
constructeurs  divisent  l’outil,  adaptent  à  la  machine  un  porte-outil  de  position  inva¬ 
riable  et  réduisent  l’outil  proprement  dit  à  un  morceau  de  barre  de  section  constante, 
dont  l’affûtage  se  fait  toujours  suivant  des  sections  planes.  La  fraise  fut  longtemps  un 
objet  de  luxe  pour  la  plus  grande  partie  des  ateliers;  les  machines  à  fraiser  univer¬ 
selles  et  les  machines  spéciales  à  tailler  les  fraises,  aujourd’hui  si  répandues,  les  ma¬ 
chines  a  rectifier  de  MM.  Brown  et  Sharpe,  à  affûter  de  M.  Kreutzberger,  nous 


MACHINES-OUTILS. 


23 


montrent  que  sa  fabrication  est  parfaitement  abordable  pour  tous  et  que  son  entretien 
est  des  plus  faciles;  MM.  Brown  et  Sharpe,  Smith  et  Coventry  nous  fournissent  même 
des  procédés  de  taille  et  d’affûtage  qui,  s’ils  ne  sont  pas  théoriquement  les  meilleurs, 
sont  du  moins  très  suffisants  et  d’application  commode. 

La  durée  des  outils  dépend  beaucoup  sans  doute  de  la  qualité  de  la  matière  dont  ils 
sont  faits;  la  métallurgie  a,  sous  ce  rapport,  considérablement  augmenté  nos  ressources 
par  la  création  des  aciers  au  chrome,  au  tungstène,  etc.;  elle  nous  a  appris  aussi  à  tra¬ 
vailler,  a  tremper  les  aciers.  Toutefois  on  doit  reconnaître  que  la  qualité  du  métal  ne 
peut  faire  que  l’arête  si  vive  et  si  mince  d’un  outil  ne  s’émousse  et  même  ne  s’égrène 
rapidement  sous  l’action  d’une  infinité  de  petits  chocs,  conséquences  des  vibrations 
occasionnées  par  la  mauvaise  construction  des  machines  et  l’insuffisance  de  fixation 
des  outils  ;  aussi  est-il  incontestable  que  la  conservation  des  outils  est  attribuable ,  pour 
la  plus  forte  part  peut-être,  a  l’organisation  des  machines  et  au  soin  avec  lequel  elles 
sont  exécutées:  grande  masse  des  organes  qui  subissent  l’effort  du  travail,  invariable 
position  de  l’axe  de  l’arbre  principal,  rigidité  et  inflexibilité  absolues  des  supports  de 
la  pièce  et  de  l’outil. 

Pour  des  considérations  diverses,  dont  l’une  notamment  est  le  prix  élevé  de  la 
main-d’œuvre,  il  y  a  lieu  de  chercher  à  faire  produire  aux  outils  le  plus  de  travail  pos¬ 
sible  ,  sans  s’inquiéter  outre  mesure  de  la  force  motrice  dépensée.  Il  est  d’ailleurs  prouvé 
que,  sauf  dans  le  cas  de  machines  très  puissantes,  les  outils  ne  prennent  qu’une  infime 
partie  de  la  puissance  développée  par  les  moteurs;  celle-ci,  dans  un  atelier  de  ma¬ 
chines-outils  de  dimensions  ordinaires,  est  absorbée  souvent  pour  les  neuf  dixièmes  par 
les  transmissions  générales  de  l’atelier  et  par  celles  des  machines  elles-mêmes. 

Or,  étant  donnée  une  machine,  par  quel  moyen  peut-on  augmenter  son  rendement 
absolu,  c’est-à-dire  le  poids  de  copeaux  débité  dans  l’unité  de  temps?  Le  travail  utile, 
dans  l’unité  de  temps,  est  le  produit  de  la  vitesse  v  supposée  appliquée  à  la  pointe  de 
l’outil  par  une  force  F  de  même  direction  que  cette  vitesse,  et  capable  de  dégager  le 
copeau;  pour  une  épaisseur  déterminée  de  copeau,  la  force  F  est  à  peu  près  indépen¬ 
dante  de  v  dans  les  limites  de  vitesse  que  l’on  peut  ordinairement  employer;  si  donc 
on  laisse  l’épaisseur  de  copeau,  et  par  suite  F  constantes,  et  si  l’on  fait  varier  v,  le  ren¬ 
dement  croîtra  proportionnellement  à  v.  Il  n’en  serait  pas  de  même  si,  laissant  v  con¬ 
stant,  on  faisait  croître  l’épaisseur  des  copeaux,  au  moins  à  partir  d’une  certaine  épais¬ 
seur.  D’ailleurs  F  a  une  limite  imposée  par  la  puissance  de  traction  des  organes  de  la 
machine,  et  plus  encore  parleur  capacité  de  résistance  compatible  avec  une  bonne  qua¬ 
lité  de  travail.  Il  sera  toujours  préférable  de  se  tenir  en  dessous  de  cette  limite  de  F  ; 
on  ne  pourra  plus  alors  disposer  que  de  v.  Voyons  donc  s’il  a  été  possible  de  dépasser 
pour  la  vitesse  les  valeurs  habituellement  admises. 

Remarquons  d’abord  que,  la  faculté  de  résistance  des  organes  de  la  machine  n’étant 
affectée  en  principe  que  par  la  valeur  de  la  force  F,  on  peut  augmenter  la  vitesse  sans 
inconvénient,  à  la  condition  qu’il  n’en  résulte  pas  de  vibrations  nuisibles  aussi  bien  à 


24 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


l’outil  qu’à  la  machine  ;  c’est  par  la  bonne  construction  de  cette  dernière  qu’on  évitera 
les  vibrations. 

On  admet  ordinairement  pour  les  outils  travaillant  le  fer  et  la  fonte  une  vitesse  de 
8 o  à  îoo  millimètres  par  seconde;  on  l’augmente  pour  le  bronze,  on  la  diminue  pour 
l’acier.  Or,  la  seule  considération  valable  qui  impose  cette  limite  de  vitesse  est  celle 
de  l’échaulfement  de  la  pointe  de  l’outil,  qui  augmente  avec  le  produit  Fr,  par  suite 
avec  v  si  on  laisse  F  constante;  un  écbauffement  exagéré  de  la  pointe  la  détrempe,  la 
ramollit  et  l’amène  rapidement  à  s’émousser.  Mais  il  suffit  d’empêcher  réchauffement 
d’atteindre  ce  degré  nuisible;  on  conçoit  que  des  aciers  d’une  dureté  naturelle  très 
grande  et  non  trempés  puissent  résister  à  une  température  plus  élevée  que  les  aciers 
h  outils  ordinaires  trempés,  et  l’on  comprend  ainsi  que  ces  aciers  aient  obtenu  quelque 
faveur  pour  certains  genres  de  travaux;  nous  ne  pensons  pas  toutefois  que  la  véritable 
solution  du  rendement  maximum  soit  dans  leur  usage,  car  ils  n’acquerront  jamais  sans 
doute  le  degré  de  dureté  qu’on  peut  obtenir  par  la  trempe,  et  nous  croyons  que  c’est 
surtout  la  dureté  qu’il  convient  de  rechercher,  en  la  joignant,  bien  entendu,  au  maxi¬ 
mum  de  cohésion  de  la  matière  de  l’outil  correspondant  à  une  extrême  finesse  de  grain 
ou  même  a  l’état  amorphe.  Pour  conserver  la  dureté  donnée  par  la  trempe,  il  faut 
absorber  la  chaleur  dégagée;  c’est  à  quoi  l’on  arrive  en  injectant  abondamment  sur 
la  pointe  de  l’outil  un  liquide  ou  même  un  gaz  qui  l’approche  d’aussi  près  que  pos¬ 
sible,  et  qui  ait  essentiellement  la  propriété  de  mouiller  le  métal;  l’emploi  du  liquide 
ou  du  gaz  en  pression  favorise  l’action  du  refroidissement.  Comme  il  faut  dégager  la 
pointe  le  plus  possible  pour  mieux  y  faire  arriver  le  lubrifiant,  il  y  a  intérêt  à  briser 
le  copeau  ou  tout  au  moins  à  le  diviser,  malgré  le  surcroît  de  travail  qui  peut  en  ré¬ 
sulter;  on  produit  la  division  des  copeaux  par  une  forme  convenable  de  l’outil,  par 
exemple  en  faisant  le  tranchant  en  échelons,  ou  en  multipliant  les  outils.  C’est  par  de 
tels  procédés  qu’on  arrive  dans  les  machines  de  fabrication  courante  à  décupler  la 
vitesse  des  fraises,  forets,  outils  de  tours  des  machines  à  décolleter;  rien  n’empêche 
d’en  faire  autant  pour  les  outils  des  machines  d’usage  général;  aussi  voyons-nous  avec 
plaisir  M.  Bariquand  adjoindre  à  son  plus  fort  tour  à  charioter  et  à  fdeter  une  pompe 
à  huile  et  un  système  de  lubrification. 

Beaucoup  de  machines  spéciales  de  différents  constructeurs ,  telles  que  des  machines 
a  fraiser,  à  décolleter,  et  surtout  des  machines  automatiques,  sont  munies  de  pompes  à 
huile.  Il  serait  à  désirer  que  ce  système  se  généralisât;  car  il  est  toujours  à  craindre, 
pour  bien  des  motifs,  que  le  graissage  laissé  à  la  disposition  de  l’ouvrier  soit  insuffi¬ 
sant.  Il  faut,  bien  entendu,  organiser  les  machines  de  manière  à  recueillir  le  liquide. 
Quant  au  liquide  qui  reste  mêlé  aux  copeaux,  il  est  facile  de  l’en  extraire,  grâce  aux 
essoreuses  de  copeaux;  de  plus,  les  fdtres  permettent  de  rendre  à  l’huile  sa  limpidité 
et  ses  propriétés  de  lubrification  primitives. 

La  lubrification  des  outils  ne  souffre  aucune  difficulté  dans  le  travail  du  fer  et  de 
l’acier;  nous  croyons  qu’il  doit  en  être  de  même  pour  celui  de  la  fonte  et  du  bronze. 


MACHINES-OUTILS. 


25 


On  reproche  à  ces  derniers  métaux  cle  faire  avec  le  liquide  une  pâte  qui  encrasse  et 
gêne  l’outil;  cela  peut  être  vrai,  si  on  verse  le  liquide  goutte  à  goutte;  si  on  l’emploie 
au  contraire  abondamment,  la  limaille  s’écoulera  sans  produire  d’inconvénient. 

Nous  avons  dit  qu’il  convenait  de  diviser  et  même  de  briser  le  copeau  pour  per¬ 
mettre  au  lubrifiant  d’atteindre  plus  facilement  la  pointe  de  l’outil.  On  pourrait  ob¬ 
jecter  qu’il  y  aurait  difficulté  à  produire  cet  effet  pour  les  gros  copeaux  des  fortes 
machines;  nous  répondrons  que  souvent  on  peut  décomposer  l’arête  coupante;  nous 
voyons  M.  Steinlen  mettre  sur  ses  tours  deux  outils  travaillant  à  l’opposé  l’un  de 
l’autre  par  rapport  à  l’axe  de  rotation;  on  met  aussi  souvent  sur  les  chariots  de  tour 
deux  outils  jointifs,  mais  coupant  à  des  distances  différentes  de  l’axe;  on  taille  quel¬ 
quefois  en  gradins  (queue  d’aigle)  les  outils  à  mortaiser;  les  fraises  ne  sont,  pas  autre 
chose  qu’un  outil  à  nombreux  gradins.  Mais  nous  poserons  encore  la  question  suivante  : 
n’est-il  pas  préférable  d’employer  une  grande  vitesse  de  l’outil  et  une  épaisseur  de  co¬ 
peau  relativement  faible,  plutôt  qu’une  faible  vitesse  de  l’outil  et  une  forte  épaisseur 
de  copeau?  Nous  croyons  que  l’on  peut  répondre  affirmativement,  a  la  condition  que 
l’on  veuille  bien  s’attacher  à  perfectionner  la  lubrification. 

Une  autre  objection  se  présente  pour  les  machines  à  mouvement  alternatif  :  la  force 
vive  des  masses  en  mouvement  n’est-elle  pas  un  obstacle  à  un  accroissement  de  vitesse? 
Le  succès  de  la  machine  à  raboter  de  M.  Sellers,  dont  le  retour  est  huit  fois  plus 
rapide  que  l’aller,  nous  apprend  que,  par  des  arrangements  convenables,  on  évite 
les  effets  nuisibles  résultant  du  changement  de  sens  du  mouvement  des  plus  fortes 
masses. 

Afin  de  bien  préciser  le  mode  de  travail  d’un  outil,  nous  rappellerons  que  la  sec¬ 
tion  de  la  partie  coupante,  dans  le  plan  dans  lequel  il  a  un  mouvement  de  déplace¬ 
ment  réel  ou  relatif  par  rapport  à  la  matière,  doit  être  un  coin  dont  un  des  côtés  fasse 
avec  la  direction  du  déplacement  un  angle,  dit  de  coupe ,  égal  à  3  ou  A  degrés  pour 
les  métaux,  et  dont  l’autre  côté  fasse  avec  le  précédent  un  angle,  dit  de  tranchant ,  qui 
varie  avec  la  dureté  du  métal  depuis  5o  jusqu’à  85  degrés;  les  valeurs  de  ces  angles 
dépendent  des  conditions  de  pénétration  de  chaque  élément  d’outil  et  ne  sont  évidem¬ 
ment  relatives  qu’à  la  direction  dans  laquelle  a  lieu  la  pénétration.  L’arête  coupante 
étant  donc  déterminée  soit  arbitrairement,  soit  à  un  profil  dépendant  des  conditions 
du  travail,  la  forme  de  l’outil  sera  obtenue  en  traçant  les  angles  de  coupe  et  de  tran¬ 
chant,  en  chaque  point  de  l’arête,  dans  un  plan  qui  contient  la  direction  du  déplacement. 
Cette  dernière  peut  résulter  d’un  seul  mouvement,  comme  dans  les  machines  à  raboter, 
ou  bien,  comme  dans  les  tours,  de  deux  ou  plusieurs  mouvements,  dont  l’un  est  géné¬ 
ralement  rapide  et  dont  les  autres  correspondant  à  l’avance  sont  ordinairement  lents; 
ceux-ci  n’ont  pour  effet  que  d’obliquer  légèrement  la  direction  résultante  sur  celle  du 
mouvement  rapide.  La  considération  de  la  direction  du  déplacement  résultant  est  im¬ 
portante  pour  la  confection  et  l’entretien  des  outils,  ainsi  que  pour  la  connaissance  de 
la  façon  dont  ils  travaillent;  elle  fait  voir,  en  particulier,  cpi’il  ne  faut  pas  prendre 


26 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


l’angle  de  coupe  dans  le  plan  normal  à  l’arête  de  chacun  de  ses  points,  et  l’y  tracer, 
par  exemple,  en  formant  des  angles  de  3  à  A  degrés  avec  l’intersection  de  ce  plan  par 
le  plan  tangent  à  la  surface  que  décrit  l’arête  coupante  supposée  au  contact  de  la  ma¬ 
tière;  on  obtiendrait  ainsi  pour  l’angle  de  coupe  une  valeur  tantôt  trop  forte,  tantôt 
trop  faible.  On  s’explique  ainsi  qu’un  outil  très  aigu  suivant  ses  sections  normales  à 
l’arête  coupante,  et  placé  de  façon  que  sa  surface  de  dégagement  fasse  dans  ces  sec¬ 
tions  un  angle  voisin  de  90  degrés  avec  la  surface  décrite  dans  la  matière,  puisse  ce¬ 
pendant  avoir  l’angle  de  coupe  théorique  par  rapport  à  une  direction  de  déplacement 
très  inclinée  sur  le  plan  normal  à  l’arête;  ce  cas  est  celui  de  la  machine  à  rayer  les 
canons  de  fusils  exposée  dans  la  section  mexicaine.  On  voit  aussi  qu’un  outil  ordinaire 
de  tour  doit  avoir  très  peu  de  dégagement  dans  les  sections  normales  latérales,  qu’un 
outil  à  saigner  n’a  pas  besoin  de  dégagement  latéral,  qu’une  fraise  à  dents  courbes  doit 
avoir  d’autant  moins  de  dégagement  suivant  les  sections  normales  à  l’arête  de  la  dent 
que  ces  sections  sont  plus  obliques  par  rapport  à  celle  qui  comprend  la  direction  du 
déplacement  et  qui  est  ordinairement  normale  à  l’axe. 

On  s’écarte  sensiblement  de  la  valeur  théorique ,  que  nous  avons  indiquée  plus  haut 
pour  l’angle  de  coupe,  dans  certains  outils,  tels  que  limes,  scies  à  ruban,  qui  ont  un 
assez  grand  nombre  de  dents  engagées  a  la  fois  dans  la  matière;  l’appui  multiple  des 
dents  ayant  pour  effet  de  s’opposer  à  la  pénétration  de  l’ensemble  de  l’outil,  on  cherche 
à  compenser  cet  inconvénient  en  augmentant  l’angle  de  coupe  de  chaque  élément,  ce 
qui  lui  donne  une  tendance  à  piquer  dans  la  matière  et  à  attirer  celle-ci  vers  lui  :  on 
dit  alors  que  l’outil  est  friand. 

Machine  à  extraire  l’huile  des  copeaux.  —  Nous  terminerons  ces  considérations 
sur  les  outils  en  disant  quelques  mots  des  machines  à  extraire  l’huile  des  copeaux  ex¬ 
posées  par  I’American  Screw  C°  et  par  M.  Bariquand,  qui  ne  trouveraient  pas  facile¬ 
ment  leur  place  dans  notre  classement  général,  mais  dont  l’étude  fait  naturellement 
suite  à  nos  remarques  sur  la  lubrification  des  outils.  Les  copeaux  entraînent  une  très 
notable  partie  de  l’huile;  une  machine,  permettant  d’extraire  cette  dernière,  constitue 
donc  un  moyen  très  sérieux  d’économie. 

Le  principe  de  la  machine  exposée  n’est  autre  que  celui  des  essoreuses  employées 
pour  le  séchage  des  étoffes,  c’est-à-dire  la  séparation  du  liquide  sous  l’action  de  la 
force  centrifuge.  Les  copeaux  se  mettent  dans  un  bassin  tronconique  monté,  la  grande 
hase  en  haut,  à  l’extrémité  d’un  arbre  vertical  tournant  à  environ  800  tours  par  mi¬ 
nute;  un  couvercle  vissé  sur  l’arbre  empêche  de  s’échapper  les  copeaux,  qui  refluent 
vers  les  bords;  mais  l’huile  filtre  sous  le  couvercle  et  retombe  au  dehors  dans  l’enve¬ 
loppe  fixe  du  bassin.  Le  montage  de  l’arbre  offre  une  particularité  intéressante  :  la  ré¬ 
partition  inégale  des  copeaux,  pouvant  excentrer  la  masse  de  l’arbre  par  rapport  à  son 
axe  de  rotation,  si  on  fixait  celui-ci,  occasionnerait  des  pressions  nuisibles  et  une  usure 
rapide;  pour  éviter  cet  effet,  on  ne  soutient  pas  l’arbre  à  sa  partie  supérieure,  et  on  le 


MACHINES-OUTILS. 


27 


maintient  seulement  dans  le  bas  à  hauteur  de  la  poulie  de  commande  en  encastrant 
un  épaulement  formé  sur  son  pourtour  entre  deux  rondelles  de  caoutchouc,  la  ron¬ 
delle  supérieure  étant  serrée  par  un  bouchon  vissé.  Grâce  à  l’élasticité  du  caoutchouc, 
l’arbre,  qui  est  d’ailleurs  libre  entre  les  parois  du  logement,  peut  s’incliner  légèrement 
sur  la  verticale  et  ramener  de  lui-même  le  centre  de  gravité  de  la  masse  à  se  trouver 
sur  l’axe  vertical  de  rotation. 

TRANSMISSION  DE  LA  FORGE  MOTRICE  AUX  MACHINES-OUTILS  PORTATIVES. 

Il  est  encore  des  cas  fréquents  où  l’homme  est  obligé  d’appliquer  aux  machines  sa 
propre  puissance.  Mais  tout  industriel  ayant  en  vue  l’économie  de  la  production  doit 
tâcher  de  réduire  au  minimum  le  nombre  de  ces  cas  et,  toutes  les  fois  qu’il  dispose 
d’un  moteur,  chercher  à  lui  emprunter  sa  force.  On  se  sert,  à  cet  effet,  autant  que 
possible,  de  transmissions  fixes  sur  lesquelles  on  prend  la  commande  au  moyen  de 
courroies,  câbles,  etc.;  les  machines  sont  elles-mêmes  disposées  à  poste  fixe,  les  pièces 
à  usiner  leur  sont  amenées  par  des  moyens  divers,  selon  leur  importance;  l’étude  de 
ces  moyens,  dont  nous  n’avons  pas  à  nous  occuper,  mérite  une  attention  très  grande 
de  la  part  des  constructeurs;  elle  rentre  dans  le  plan  même  de  l’organisation  des  ate¬ 
liers  et  contribue  dans  une  forte  proportion  à  l’économie  générale  de  la  fabrication. 

L’étude  de  la  construction  d’un  objet  doit  aussi  prévoir  a  l’avance  tous  les  genres  de 
travaux  d’usinage  qui  devront  être  exécutés  sur  ses  diverses  parties  ou  sur  les  pièces 
qui  le  constituent,  déterminer  la  succession  des  opérations  de  façon  quelles  puissent 
s’effectuer  correctement  et  sans  perte  de  temps;  en  particulier,  on  doit  terminer  toutes 
les  pièces  isolément,  de  manière  a  réduire  le  montage  à  n’être  qu’une  simple  ma¬ 
nœuvre  d’assemblage  n’exigeant  pas  l’emploi  des  outils. 

Cependant  il  est  des  cas  où  l’importance  du  travail  â  faire  sur  une  pièce  est  hors  de 
proportion  avec  les  frais  qu’entraînerait  son  déplacement,  quand,  par  exemple,  tout  le 
travail  se  réduit  au  perçage  de  quelques  trous,  au  dressage  d’une  petite  surface;  tel  est 
encore  le  cas  de  réparations  à  exécuter  sur  quelque  partie  d’une  grosse  machine,  d’un 
bâtiment,  d’un  navire,  etc.  Alors  se  présente  la  solution  consistant  à  déplacer  la  ma¬ 
chine-outil  elle-même  :  il  ne  peut  s’agir,  bien  entendu,  que  de  machines  simples,  d’un 
nombre  de  mouvements  limité  au  strict  nécessaire,  occupant  peu  de  volume  pour  pou¬ 
voir  sc  disposer  dans  des  emplacements  très  divers  et  parfois  très  restreints,  sur  des 
supports  installés  à  côté  de  la  pièce  et  souvent  sur  la  pièce  elle-même;  ce  seront  de 
petites  machines  à  percer,  à  fraiser,  à  polir,  etc. 

Il  s’agit  de  transmettre  le  mouvement  à  la  machine  :  l’Exposition  nous  offre  plusieurs 
moyens. 

MM.  Dandoy-Maillard  et  Lucq  transportent  directement  le  mouvement  d’un  renvoi 
spécial  â  la  machine,  en  se  servant  d’une  corde  dont  la  longueur  excède  notablement 
celle  qui  serait  strictement  nécessaire.  La  chaise  du  renvoi  supporte  une  chape  suscep- 


28 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


tible  de  pivoter  autour  d’un  axe  vertical  et  munie  d’un  axe  horizontal  qui  reçoit  deux 
poulies  à  gorge;  sur  chacune  des  poulies  passe  un  brin  de  la  corde,  soit  en  venant 
d’une  poulie  du  renvoi,  soit  avant  d’y  retourner;  l’objet  de  la  chape  pivotante  est  ainsi 
de  permettre  à  la  corde  de  s’orienter  suivant  la  direction  dans  laquelle  elle  doit  aller 
à  la  machine.  Le  brin  tirant,  avant  d’arriver  à  la  machine,  passe  au  besoin  sur  un  ten¬ 
deur  enchapé  suspendu  à  un  point  fixe  (ateliers  des  chemins  de  fer  du  Nord).  Le 
brin  de  retour  est  chargé,  entre  la  poulie  de  la  chape  pivotante  et  celle  du  renvoi, 
par  une  poulie  à  chape  disposée  comme  la  poulie  mobile  d’un  palan;  l’excès  de  lon¬ 
gueur  de  la  corde  se  loge  dans  cette  dernière  portion;  la  poulie  à  chape  mobile  n’a 
pas  besoin  d’ailleurs  d’être  très  lourde,  à  cause  du  peu  de  tension  nécessaire  au  brin 
de  retour. 

En  outre ,  le  porte-outil  des  machines  portatives  est  généralement  articulé  à  charnière 
sur  son  support,  de  manière  à  prendre  la  direction  convenable  par  rapport  à  la  surface 
sur  laquelle  il  doit  travailler.  Le  machine  à  percer  exposée  par  MM.  Dandoy-Maillard 
et  Lucq  comprend  tout  un  système  de  réglage  qui  donne  à  la  machine  elle-même  une 
grande  mobilité  d’orientation.  La  semelle,  qui  se  fixe  à  l’objet  à  travailler,  présente 
deux  douilles  à  oreilles  fendues ,  l’une  parallèle  à  sa  hase ,  l’autre  normale ,  dans  l’une 
ou  l’autre  desquelles  peut  se  mettre  un  pivot  surmonté  d’un  plateau  circulaire  avec  roue 
et  vis  sans  fin;  sur  le  plateau  est  un  chariot  à  vis  portant  à  une  extrémité  une  douille 
sphérique  à  chapeau  de  serrage;  c’est  dans  cette  douille  que  s’engage  par  une  rotule 
sphérique  le  support  proprement  dit  de  la  machine,  dont  l’arbre  reçoit  l’avance  a  la 
main  ou  automatiquement,  suivant  les  modèles.  L’ensemble  de  ces  dispositions  permet 
de  déplacer  le  foret  de  o  m.  Ao  en  hauteur  dans  un  espace  circulaire  de  1  m.  08  de 
diamètre,  et  de  plus  de  l’incliner  en  tous  sens. 

M.  Fonreau  établit  entre  l’arbre  de  l’atelier  et  la  machine  une  sorte  de  renvoi  inter¬ 
médiaire,  qu’il  fixe  au  sol  ou  à  un  support  quelconque,  et  qu’il  commande  par  un 
système  de  corde  analogue  au  précédent.  Le  mouvement  est  transmis  du  renvoi  à  la 
machine  par  un  flexible.  On  sait  que  le  flexible  est  formé  par  des  couches  superposées 
de  fil  d’acier  enroulé  en  hélice,  le  sens  de  l’enroulement  étant  différent  pour  deux 
couches  successives,  le  diamètre  du  fil  et  le  nombre  des  brins  de  la  spire  allant  en 
augmentant  de  l’intérieur  vers  l’extérieur;  le  câble  ainsi  formé  joint  à  une  flexibilité 
suffisante  une  grande  résistance  a  la  torsion.  Un  emmanchement  à  baïonnette,  qui 
laisse  au  câble  un  certain  jeu  dans  le  sens  longitudinal,  relie  ses  deux  bouts  l’un  à  l’axe 
du  renvoi  et  l’autre  à  l’axe  d’un  pignon  d’angle  qui  commande  l’arbre  de  la  machine.  On 
voit  que  l’emploi  simultané  de  la  corde  à  moufle  et  du  flexible  étend  notablement 
la  distance  à  laquelle  on  peut  s’écarter  de  la  transmission  de  l’atelier. 

M.  Fonreau  rend  cette  distance  illimitée  en  substituant  à  la  corde  et  au  renvoi  un 
conducteur  électrique  et  une  petite  dynamo-réceptrice  qui  actionne  le  flexible. 

L’Hydraulic  Enginneering  C°  se  sert,  comme  transmetteur  de  mouvement,  d’eau 
en  pression  venant  d’un  accumulateur  par  des  tuyaux  en  cuivre;  le  récepteur  est 


une 


MACHINES-OUTILS. 


29 


petite  machine  portative  Brotherhood  à  trois  cylindres.  La  machine-outil  peut  s’adap¬ 
ter  directement  au  récepteur  au  moyen  d’une  bride  concentrique  à  l’arbre ,  sur  lequel 
le  mouvement  est  pris  par  des  roues  d’angle.  On  peut  aussi  employer  un  flexible 
comme  intermédiaire  entre  le  récepteur  et  la  machine-outil;  la  prise  du  mouvement  du 
flexible  se  fait  comme  pour  une  machine  actionnée  directement. 

Enfin  la  transmission  par  l’air  comprimé  peut,  avec  un  petit  récepteur,  se  substituer 
aux  moyens  précédents.  Nous  en  signalerons  l’application  faite  par  M.  Mac  Coy  pour 
produire  un  mouvement  alternatif  de  o  m.  001  d’étendue  à  peine,  à  raison  d’une  vi¬ 
tesse  qui  peut  atteindre  i  5,ooo  coups  par  minute.  Cet  ingénieux  appareil,  qui  constitue 
un  véritable  burin  automatique,  a  été  examiné  par  une  autre  classe. 


30 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


CHAPITRE  IL 

TOURS. 


Dispositions  générales  :  banc,  poupée,  contre-poupée.  —  Chariotage  et  filetage:  tours  à  charioter  à  la  main; 
tours  à  charioter  et  à  fileler  automatiquement;  tours  à  fileter  divers.  —  Tours  divers  :  tours  en  l’air,  à  banc 
séparé;  tours  à  poulies;  louis  à  roues;  tours  à  reproduire.  —  Accessoires  de  tours;  appareils  de  fraisage.  — 
Grand  tour  universel  de  M.  Steinlen.  —  Outils  de  tours.  —  Machines  à  décolleter;  machines  à  faire  les 
vis  à  métaux. 

DISPOSITIONS  GÉNÉRALES. 

Banc.  —  Les  bancs  des  tours  ont  le  plus  souvent  une  table  plane,  avec  bords  en 
queue  d’aronde  pour  l’agrafement  du  chariot  inférieur;  les  deux  poupées  s’ajustent  au 
moyen  de  nervures  engagées  dans  la  fente  médiane. 

Les  bancs  des  tours  de  MM.  Brow  n  et  Sharpe,  Hurtu  et  Hautin  sont  surmontés  de 
quatre  À ,  dont  les  deux  latéraux  reçoivent  la  poupée  et  les  deux  autres  la  contre-pou¬ 
pée.  Ces  À  supportent  en  outre  le  chariot  et  les  lunettes;  mais  le  chariot  peut  aussi 
être  agrafé  sur  les  bords  du  banc  (Brown  et  Sharpe).  Dans  son  tour  a  deux  vis, 
M.  Bariquand  monte  les  poupées  et  le  chariot  sur  deux  Â  seulement. 

Dans  un  petit  tour  de  MM.  Greenwood  et  Batley,  le  chariot  est  placé  complètement 
sur  le  côté  du  banc,  où  il  est  monté  sur  des  glissières  en  queue  d’aronde.  Cette  dispo¬ 
sition  dégage  le  banc  et  permet  de  tourner  de  plus  grands  diamètres  qu’avec  les 
chariots  ordinaires;  mais  l’appui  de  l’outil  paraît  moins  bien  assuré. 

Quelques  constructeurs  emploient  pour  de  petits  tours  des  bancs  a  section  triangu¬ 
laire.  MM.  Sulfort-Maliiar  et  Meurice  remplacent,  dans  des  tours  d’amateur,  le  banc 
par  un  cylindre  sur  lequel  les  organes  sont  orientés  au  moyen  de  rainures  et  de  cla¬ 
vettes;  ce  système  laisse  a  désirer  au  point  de  vue  de  la  stabilité  dans  le  sens  trans¬ 
versal. 

Dans  plusieurs  tours  à  banc  rompu,  l’échancrure  peut  être  comblée  au  moyen  d’une 
pièce  rapportée,  fixée  par  des  vis  et  des  goujons,  de  manière  à  constituer  un  banc 
ordinaire  et  à  permettre  d’approcher  le  chariot  du  plateau.  D’autres  fois,  le  banc  est 
rapporté  sur  une  semelle  à  laquelle  il  se  fixe  par  des  rainures  à  boulons;  on  peut  alors 
l’approcher  plus  ou  moins  de  la  poupée  suivant  les  dimensions  de  la  pièce  a  loger  dans 
l’échancrure;  la  manœuvre  de  déplacement  se  fait  à  l’aide  d’un  levier  à  rochet  agissant 
par  un  pignon  sur  une  crémaillère  adaptée  à  la  semelle. 

Le  banc  du  grand  tour  de  MM.  Greenw  ood  et  Batley  est  muni  de  deux  lignes  de 
glissières,  chacune  portant  deux  supports  de  chariots  à  deux  outils. 


MACHINES-OUTILS. 


31 


Poupées.  —  La  commande  de  l’arbre  principal  est  communément  à  vitesse  variable 
et  donnée  au  moyen  de  cônes  à  étages.  Dans  un  tour  de  M.  Bocuze,  elle  est  produite 
a  l’aide  d’un  plateau  et  d’un  disque  de  friction,  ce  dernier  pouvant  être  disposé  à  une 
distance  variable  de  l’axe  du  plateau. 

Dans  les  forts  et  les  moyens  tours,  la  poupée  possède  un  harnais  de  commande  à 
double  engrenage,  à  dents  droites  ou  hélicoïdales.  L’arbre  auxiliaire  est  ordinairement 
du  côté  opposé  a  l’ouvrier;  MM.  Brown  et  Sbarpe  et  les  ateliers  d’Oerlikon  le  placent 
sous  l’arbre  principal  et  l’encastrent  dans  le  bâti  de  la  poupée,  ce  qui  est  une  excel¬ 
lente  condition  de  sécurité;  de  plus,  cette  disposition  n’offre  pas  l’inconvénient  de  la 
précédente,  que  la  poussée  de  l’engrenage  voisin  du  nez  de  l’arbre  tend  à  soulever 
celui-ci  et,  par  suite,  a  produire  des  vibrations.  La  séparation  des  deux  arbres  pour 
la  marche  à  la  volée  se  fait  par  excentrage  ou  par  déplacement  longitudinal  (Oerlikon) 
de  l’arbre  auxiliaire,  et  par  réunion  de  la  roue  de  l’arbre  principal  au  cône  au  moyen 
d’un  boulon  à  T.  Dans  un  tour  à  revolver,  M.  Bariquand  fait  la  réunion  du  cône 
et  de  la  roue  à  l’aide  d’un  léger  déplacement  longitudinal  du  premier  et  d’un  em¬ 
brayage  par  six  nervures  qui  pénètrent  dans  des  entailles,  comme  dans  l’embrayage 
par  manchons  dentés;  on  produit  ainsi  la  marche  à  la  volée  ou  la  marche  aux  engre¬ 
nages,  sans  arrêter  l’arbre  du  tour.  Un  tour  de  M.  Janssens  possède  comme  premier 
engrenage  des  harnais  un  double  jeu  de  roues  donnant  deux  vitesses  différentes;  on 
embraye  l’un  ou  l’autre  par  le  déplacement  des  roues  de  l’arbre  auxiliaire. 

Les  tours  puissants  ont  un  harnais  de  trois  et  quatre  engrenages  ;  la  dernière  roue 
est  adaptée  au  plateau  du  tour,  ou  même  vient  de  fonte  avec  lui.  L’embrayage  du 
deuxième  et  du  troisième  arbre  auxiliaire  se  fait,  soit  par  simple  glissement  des  roues 
le  long  de  ces  arbres,  soit  mieux  par  le  déplacement  longitudinal  des  arbres  eux- 
mêmes  au  moyen  d’un  levier  à  cliquet.  MM.  Bouliey  placent  le  harnais  du  côté  de 
l’ouvrier,  afin  que  le  dernier  pignon  du  harnais,  au  lieu  de  concourir  avec  l’outil  â 
soulever  l’arbre  principal,  tende,  au  contraire,  à  l’appuyer  sur  ses  coussinets. 

Certains  constructeurs  font  cylindriques  les  tourillons  de  l’arbre  principal  et  les 
encastrent  dans  des  demi-coussinets  en  bronze;  l’un  des  deux  tourillons  est  épaulé 
d’un  côté  ou  de  part  et  d’autre  du  coussinet,  et,  dans  le  premier  cas,  le  bout  de 
l’arbre  est  appuyé  contre  une  butée.  D’autres  font  conique  le  tourillon  voisin  du  nez 
et  l’emboîtent  dans  une  coquille  d’une  seule  pièce  en  acier  trempé,  avec  épaulement 
vers  le  nez,  bague  et  écrous  de  serrage  de  l’autre  côté;  le  deuxième  tourillon  est  cylin¬ 
drique  et  engagé  dans  une  coquille  en  bronze  fendue  et  conique  extérieurement; 
l’arbre  peut  également  être  buté  en  bout,  mais  uniquement  pour  soulager  les  appuis. 
La  deuxième  disposition  nous  paraît  préférable ,  parce  qu’elle  assure  mieux  que  la  pre¬ 
mière  la  conservation  de  la  position  de  l’axe  de  l’arbre. 

M.  Schultz  fait  les  deux  tourillons  coniques  en  sens  inverses  :  le  tourillon  du  côté 
opposé  au  nez  est  rapporté  sur  une  partie  cylindrique  de  l’arbre  et  lui  est  relié  par  une 
clavette  qui  le  laisse  libre  de  se  déplacer  dans  le  sens  de  la  longueur;  un  écrou  per- 


32 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


met  d’en  régler  le  serrage  dans  la  coquille,  qui  est  fixe.  L’arbre  est  ainsi  buté  entre 
ses  deux  tourillons;  mais,  les  appuis  étant  trop  éloignés  fun  de  l’autre,  il  est  à  craindre 
que  l’effet  des  dilatations  pendant  le  travail  modifie  le  réglage  et  enlève  au  procédé  le 
degré  de  précision  qu’il  semble  comporter. 

Les  arbres  nous  ont  paru  avoir,  en  général,  de  bonnes  dimensions;  on  ne  saurait 
trop  répéter  toutefois  qu’on  ne  doit  pas  craindre  de  leur  donner  un  fort  diamètre,  sur¬ 
tout  au  tourillon  voisin  du  nez,  ainsi  qu’une  grande  longueur  de  portées,  à  condition 
d’en  assurer  le  graissage. 

Dans  un  certain  nombre  de  tours,  les  arbres  sont  creux,  pour  permettre  l’introduc¬ 
tion  de  barres  d’alésage;  parfois,  la  butée  du  bout  est  elle-même  percée  (Bariquand). 

Contre-poupée.  —  La  contre-poupée  se  monte  généralement  sur  le  banc  avec  l’in¬ 
termédiaire  d’une  semelle  sur  laquelle  elle  peut  coulisser  transversalement  ,  donnant 
ainsi  le  moyen  de  mettre  exactement  la  contre-pointe  dans  le  prolongement  de  l’arbre 
du  tour;  le  réglage  fait,  les  deux  parties  doivent  être  bloquées  ensemble  par  des  bou¬ 
lons.  La  semelle  se  fixe  le  plus  souvent  sur  le  banc  au  moyen  d’un  ou  de  deux  bou¬ 
lons;  d’autres  fois,  le  serrage  se  fait  au  moyen  d’une  tige  rappelée  par  une  came,  ce 
qui  procure  une  grande  rapidité  de  manœuvre  et  évite  l’emploi  toujours  incommode 
des  clefs  à  écrous. 

Dans  les  gros  tours  (Bouhey,  Greenwood  et  Batley,  Steinlen),  le  déplacement  de 
la  contre-poupée  se  fait  à  l’aide  d’un  levier  à  cliquet  ou  d’une  manivelle  et  d’engre¬ 
nages  prenant  appui  sur  une  crémaillère  fixée  au  banc. 

L’arbre  de  contre-pointe  est  taraudé  et  vissé  sur  une  tige  terminée  par  une  mani¬ 
velle  de  manœuvre,  ou  fileté  et  vissé  dans  une  douille  engagée  dans  la  contre-poupée;  il 
se  bloque  par  le  serrage  d’oreilles  fendues,  ménagées  à  la  partie  antérieure  de  son 
logement.  Dans  les  tours  disposés  pour  monter  sur  la  contre-pointe  une  barre  d’alé¬ 
sage,  l’avance  peut  en  être  produite  automatiquement  au  moyen  d’un  rochet  et  d’un 
cliquet  actionné  par  le  renvoi,  ou  mieux  par  des  engrenages  prenant  leur  commande 
sur  l’arbre  de  la  vis  de  filetage  (Steinlen). 

Dans  les  grands  tours  à  canons  de  MM.  Bouhey,  Greenwood  et  Batley,  l’arbre  de 
contre-pointe  est  disposé  pour  recevoir  un  plateau  de  centrage  monté  fou  sur  lui. 


CHARIOTAGE  ET  FILETAGE. 


Tours  à  charwter  à  la  main.  —  Nous  ne  nous  arrêterons  sur  les  tours  à  charioter  à 
la  main  que  pour  signaler  un  petit  tour  de  MM.  Brown  et  Sharpe  qui  présente  de 
grandes  commodités,  en  même  temps  que  des  dispositions  intéressantes.  L’organisation 


de  la  poupée  est  un  modèle  de  montage  d’arbre,  de  précaution  contre  l’introduction 
des  poussières  et  de  lubrification.  L’arbre  est  creux  et  alésé  en  cône  à  hauteur  du 
nez;  outre  la  pointe  ordinaire,  il  peut  recevoir  un  mandrin  de  serrage  rapide  fendu  en 


MACHINES-OUTILS. 


33 


Tour  à  cliarioler  à  main  de  MM.  Biown  et  Sharpe. 


Support  de  cliariolage. 


trois  parties  sur  presque  toute  sa  longueur;  un  ressort  à  boudin  tend  à  appliquer  le 
mandrin  dans  son  logement  conique;  pour  le  desserrer  instantanément,  il  suffit  d’agir 


Groupe  VJ.  —  iv. 


LULIUE  .NATIONALE. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


3/i 


à  l’aide  d’un  levier  sur  un  manchon  extérieur  qui  lui  est  relié  par  une  vis  ;  ce  mandrin 
donne  ainsi  le  moyen  de  centrer  rapidement  des  bouts  de  barre  cylindriques.  La 
contre-poupée  possède  un  serrage  à  excentrique  ;  l’arbre  de  contrepointe  peut  se  man¬ 
œuvrer  à  l’aide  d’un  levier.  Le  support  principal  de  l’outil  pour  le  chariotage  comprend 
une  semelle  à  queue  d’aronde  s’agrafant  au  banc  et  une  équerre  orientable  sur  la 
semelle;  le  bord  vertical  de  l’équerre  forme  appui  pour  une  barre  de  section  carrée  a 
laquelle  se  fixe  l’outil;  l’équerre  étant  disposée  à  la  distance  et  à  l’inclinaison  conve¬ 
nables  par  rapport  à  Taxe  du  tour,  il  suffit,  pour  charioter,  de  déplacer  la  barre  sur 
elle  en  la  maintenant  contre  le  bord  vertical.  La  barre  peut  d’ailleurs  recevoir  un 
support  de  chariot  à  main  ordinaire  et  une  lunette. 

Tours  à  charioter  et  à  fileter  automatiquement.  —  Un  tour  complet  comprend  un  cha¬ 
riot  longitudinal  et  un  chariot  transversal  automatiques,  un  plateau  pivotant  gradué  et 
un  ou  deux  chariots  supérieurs  pour  l’approche  de  l’outil  ou  pour  le  tournage  à  la 


main.  Le  plateau  pivotant  n’est  qu’exceptionnellement  commandé  mécaniquement;  on 
le  bloque  apres  le  réglage  de  son  orientation.  On  bloque  aussi  avec  avantage  le  chariot 
longitudinal,  quand  l’avance  est  donnée  au  chariot  transversal. 


MACHINES-OUTILS. 


35 


Le  chariot  longitudinal  est  mû  soit  par  vis,  soit  par  crémaillère.  Les  tours  com¬ 
muns  n’ont  souvent  qu’une  vis  pour  charioter  et  pour  fileter;  le  mouvement  automa¬ 
tique  est  donné  au  chariot  par  un  ou  deux  secteurs  d’écrou  que  l’on  embrave  sur  la  vis, 
le  mouvement  à  la  main  par  une  roue  de  vis  sans  fin  qui  prend  appui  sur  la  vis,  comme 
sur  une  crémaillère.  Mais  le  travail  continuel  et  avec  des  courses  variables  amenant  vite 
l’usure  irrégulière  de  la  vis,  celle-ci  ne  tarde  pas  a  devenir  impropre  à  produire  un  bon 
filetage;  de  pareils  tours  doivent  être  considérés  comme  ne  convenant  qu’au  chariotage. 
Dans  les  tours  soignés,  on  emploie  des  organes  distincts  pour  le  chariotage  ^t  pour  le 
filetage,  généralement  une  crémaillère  pour  le  premier  et  une  vis  pour  le  second,  la 
crémaillère  servant  en  même  temps  pour  la  manœuvre  rapide  à  la  main;  M.  Bariquand 
présente  un  tour  muni  de  deux  vis ,  la  vis  de  filetage  étant  construite  particulièrement 
avec  une  grande  précision  et  ayant  un  pas  d’un  nombre  exact  de  millimètres.  A  la 


qu’il  ne  se  produit  pas  suivant  la  direction  de  l’outil  et  ne  tend  qu’a  faire  varier  la  lar¬ 
geur  des  passes;  nous  croyons  cependant  que,  pour  des  travaux  de  précision,  cet  effet 
n’est  pas  négligeable ,  et  nous  donnons  volontiers  la  préférence  à  la  disposition  de 
M.  Bariquand. 

Les  crémaillères  sont  taillées  normalement  à  leur  longueur;  le  profil  des  dents  est 
celui  des  roues  d’engrenages  ordinaires.  Les  vis  sont  à  filet  carré  ou  a  profil  épicycloïdal , 
légèrement  incliné  quand  elles  doivent  recevoir  des  écrous  débrayables,  pour  facili¬ 
ter  l’entrée  et  la  sortie  de  l’écrou;  les  arêtes  des  dents  sont  souvent  arrondies;  certains 
constructeurs  font  en  arc  de  cercle  le  sommet  de  la  dent  et  le  fond  de  l’intervalle 
(Dândoy-Maillard  et  Lucq). 

La  vis  de  filetage  reçoit  la  commande  de  l’arbre  principal  du  tour  au  moyen  d’un 
équipage  de  roues  montées  sur  une  tête  de  cheval;  elle  est  placée  tantôt  à  l’extérieur 
du  banc,  tantôt  à  l’intérieur,  sous  la  partie  médiane  du  chariot  longitudinal;  il  semble 
que,  dans  ce  dernier  cas,  elle  exerce  son  action  dans  des  conditions  plus  favorables. 
Pour  rapprocher  la  vis  le  plus  possible  du  chariot,  les  tours  à  banc  rompu  sont  ordi¬ 
nairement  munis  d’un  arbre  intermédiaire  qui  passe  sous  le  banc  et  actionne  la  vis 
à  l’extrémité  voisine  de  la  contre-poupée.  Quand  la  vis  a  quelque  longueur,  on  la  sup¬ 
porte  de  distance  en  distance;  elle  est  toujours  soutenue  par  un  support  adapté  au 
chariot  dans  le  voisinage  de  l’écrou,  quand  celui-ci  est  débrayable. 

Le  retour  du  chariot,  après  une  passe  de  filetage,  ne  peut  se  faire  d’une  façon  cor¬ 
recte  qu’en  changeant  le  sens  de  marche  de  la  commande  générale  par  le  renvoi;  sou¬ 
vent  une  barre  agissant  sur  le  débrayage  règne  tout  le  long  du  tour  et  permet  a  l’ou¬ 
vrier  de  manœuvrer  le  renvoi  d’un  point  quelconque  du  banc  où  se  trouve  lé  chariot* 
Dans  ces  conditions,  le  temps  exigé  pour  le  retour  est  quelquefois  très  long;  outre 
qu’elle  ne  produit  rien  comme  travail,  l’attente  est  fatigante  pour  l’ouvrier;  celui-ci 
prend  alors  l’habitude  de  débrayer  l’écrou,  de  ramener  le  chariot  à  la  main  jusqu’à  un 
point  déterminé  et  de  réembrayer  l’écrou  au  moment  ou  une  des  dents  d’uné  des  preT 


3. 


36 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


mières  roues  de  lequipage  passe  en  face  d’un  trait  de  repère  fixe.  On  rend  ce  genre  de 
manœuvre  plus  commode  et,  dans  tous  les  cas,  plus  exact,  en  ajoutant  a  la  poupée  un 
mécanisme  d’arrêt  et  de  changement  de  marche,  qui  se  trouve  être  à  l’origine  de  l’équi¬ 
page  et  qui  est  combiné  de  diverses  façons,  mais  toujours  avec  des  engrenages  et  de 
manière  à  être  actionné  rapidement  ;  le  mécanisme  étant  mis  a  l’arrêt,  on  peut  ramener 
le  chariot  a  la  main  et  embrayer  l’écrou;  il  ne  s’agit  plus  alors  que  d’embrayer  le  mé¬ 
canisme  en  faisant  correspondre  deux  dents  repérées.  Ce  mécanisme  permet  encore  de 
fileter  à  gauche  ou  à  droite  avec  le  même  équipage  de  roues ,  sans  nécessiter  l’emploi 
d’une  roue  intermédiaire. 

L’écrou  mobile  est  formé  tantôt  d’un  seul  secteur,  tantôt  de  deux  qui  se  manœuvrent 
simultanément.  Certains  constructeurs,  comme  M.  Bariquand,  réduisent  l’étendue  du  sec¬ 
teur  au  quart  ou  au  tiers  au  plus  de  la  circonférence  et  font  le  filet  carré;  d’autres  en¬ 
veloppent  une  demi-circonférence  et  sont  obligés  de  faire  le  filet  trapézoïdal  ou  en  arc 
d’épicycloïde  très  allongé  pour  pouvoir  engager  le  secteur  sur  la  vis.  Il  ne  semble  pas 
que  la  première  disposition  soit  désavantageuse;  car  si  le  secteur  a  moins  d’étendue, 
par  contre  l’appui  des  filets  se  fait  plus  sûrement  et  l’écrou  n’a  pas  de  tendance  à 
s’écarter  de  la  vis.  Quant  à  l’emploi  de  deux  secteurs,  il  n’est  pas  non  plus  certain  qu’il 
assure  mieux  le  guidage  de  l’écrou,  la  question  étant  du  même  ordre  que  celle  qui  con¬ 
siste  à  faire  toucher  constamment  trois  points  d’une  règle  se  déplaçant  sur  une  surface 
plane;  tout  au  plus  peut-on  dire  que  l’action  réciproque  des  deux  secteurs  tend  à  main¬ 
tenir  constante  la  profondeur  d’engrénement. 

La  commande  du  chariotage  se  fait  le  plus  souvent  au  moyen  d’un  arbre  disposé  le 
long  du  banc  et  muni  d’une  vis  sans  fin  qui  suit  le  chariot;  elle  est  prise  sur  l’arbre 
tantôt  par  une  ou  par  deux  séries  de  cônes  avec  arbre  intermédiaire  et  courroies,  tantôt 
par  un  deuxième  équipage  de.roues,  et  enfin,  dans  les  tours  de  M.  Bariquand,  elle  em¬ 
ploie  l’équipage  même  des  roues  de  filetage;  dans  les  deux  premiers  cas,  un  méca¬ 
nisme  d’arrêt  et  de  changement  de  marche ,  avec  embrayage  ordinairement  par  manchons 
dentés,  produit  la  marche  dans  l’un  ou  l’autre  sens  et  l’arrêt  du  chariotage;  M.  Bariquand 
se  sert  d’un  embrayage  analogue,  placé  sur  l’axe  de  la  première  roue  de  l’équipage,  pour 
commander  soit  la  vis  de  filetage,  soit  l’arbre  et  la  vis  sans  fin  de  chariotage  ;  ce  dispo¬ 
sitif  a  l’avantage  de  ne  pas  permettre  l’embrayage  simultané  du  filetage  et  du  chario¬ 
tage.  Les  cônes  et  courroies  ne  procurent  qu’un  nombre  limité  de  vitesses  pour  l’avance 
du  chariot,  mais  le  passage  d’une  vitesse  à  l’autre  est  facile  et  rapide;  les  engrenages 
fournissent  des  variations  plus  étendues,  seulement  ils  exigent  le  changement  des  roues. 

MM.  Brown  et  Sharpe  se  servent  de  la  vis  même  de  filetage  comme  arbre  de  com¬ 
mande  du  chariotage;  à  cet  effet,  la  vis  est  creusée  d’une  rainure  longitudinale  dans 
laquelle  coulisse  une  nervure  fixée  à  l’intérieur  d’une  vis  sans  fin  entraînée  par  le 
chariot.  On  peut  objecter  a  cette  disposition  que  la  rainure  de  la  vis  donne  prise  à  la 
mutilation  des  filets  par  le  passage  de  la  nervure  ou  par  toute  autre  cause  et  à  la  pro¬ 
duction  de  bavures  susceptibles  de  nuire  a  la  régularité  du  filetage. 


MACHINES-OUTILS. 


37 


Le  mouvement  de  la  vis  sans  fin  est  transmis  par  des  roues  a  la  crémaillère  du 
chariot  longitudinal.  Quand  le  chariot  transversal  est  automatique,  sa  commande  est 
également  prise  sur  l’arbre  de  la  vis  sans  fin  par  une  deuxième  série  de  roues;  mais 
comme  ce  chariot  est  mû  par  vis,  le  passage  par  la  vis  sans  fin  pouvant  produire  un 
ralentissement  exagéré  d’avance,  sa  commande  est  souvent  prise  directement  sur  l’arbre 
latéral  par  roues  d’angle.  Des  embrayages  indépendants,  par  déplacement  de  roues 
sur  leurs  axes,  ou  par  manchons  dentés,  ou  mieux  par  friction,  permettent  d’actionner 
à  volonté  l’un  ou  l’autre  chariot.  Les  engrenages  prenant  une  certaine  place  sur  le 
côté  des  chariots ,  habituellement  on  les  dispose  avec  l’arbre  à  vis  sans  fin  du  côté  opposé 
à  l’ouvrier;  MM.  Brown  et  Sharpe  et  M.  Janssens  ont  pu  les  mettre  du  côté  de  l’ouvrier 
et  les  recouvrir,  sans  qu’il  en  résulte  d’encombrement,  avec  l’avantage  de  rendre  les 
manœuvres  très  simples  et  très  faciles.  La  conduite  du  chariot  longitudinal  à  la  main 
se  fait  en  débrayant  ce  chariot  de  la  vis  sans  fin  et  en  agissant  directement  à  la  mani¬ 
velle  sur  le  pignon  de  la  crémaillère. 

Un  tour  de  MM.  Bouhey  n’a  pas  de  chariot  transversal  inférieur;  mais  sur  le  plateau 
pivotant  sont  disposés  deux  chariots,  dont  l’inférieur  peut  recevoir  un  mouvement  auto¬ 
matique  sous  tout  degré  d’inclinaison,  ce  qui  donne  le  moyen  de  faire  automatiquement 
des  cônes  d’une  certaine  longueur;  la  commande  est  communiquée  à  volonté  à  ce  cha¬ 
riot  ou  au  chariot  longitudinal  inférieur  par  un  embrayage  de  roues  à  bascule. 

Le  tour  à  canons  de  MM.  Bouhey  et  un  tour  de  4oo  millimètres  de  hauteur  de 
pointes  de  M.  Bariquand  sont  munis  de  dispositifs  qui  ne  permettent  pas  de  pouvoir 
embrayer  à  la  fois  deux  quelconques  des  trois  mouvements  de  filetage,  chariotage  lon¬ 
gitudinal  et  chariotage  transversal;  cette  mesure  de  [précaution  se  recommande  d’elle- 
même  à  l’attention  des  industriels. 

Dans  le  tour  à  deux  vis  de  M.  Bariquand,  une  seule  commande  sert  pour  les  deux 
vis,  qui  tournent  toutes  deux  en  même  temps;  on  embraye  le  chariot  sur  l’une  ou  sur 
l’autre  par  le  déplacement  d’un  coulisseau  portant  deux  secteurs  d’écrou,  de  sorte  que 
les  deux  vis  ne  peuvent  jamais  être  commandées  à  la  fois.  La  manœuvre  a  la  main  du 
chariot  longitudinal  se  fait  a  l’aide  d’une  roue  qui  engrène  avec  la  vis  de  chariotage  et 
prend  appui  sur  elle. 

Ce  tour  n’a  pas  de  mouvement  transversal  automatique. 

Un  tour  de  M.  Aemmer  chariote  longitudinalement  par  la  vis  de  filetage  et  transver¬ 
salement  par  la  vis  sans  fin;  il  ne  peut,  par  suite,  être  employé  pour  des  travaux  de  file¬ 
tage  précis. 

Le  grand  tour  de  MM.  Greenwood  et  Batley  chariote  longitudinalement  par  vis  ;  il  peut 
toutefois  charioter  aussi  dans  le  même  sens  par  crémaillère  par  l’intermédiaire  d’un 
arbre  latéral  à  vis  sans  fin,  dont  la  commande  s’embraye  sur  l’arbre  de  la  vis  princi¬ 
pale;  c’est  d’ailleurs  sur  l’arbre  latéral  qu’est  prise  la  commande  du  chariotage  trans¬ 
versal.  L’embrayage  de  l’un  ou  l’autre  chariot  sur  cet  arbre  se  fait  à  l’aide  de  vis  sans 
fin,  qui  donnent  à  l’ouvrier  une  puissance  suffisante  d’action,  sans  exiger  beaucoup  de 


38 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


temps.  Pour  la  manœuvre  rapide  des  chariots,  qui  ne  pourrait  se  faire  à  la  main, 
MM.  Greenwood  et  Batlev  se  servent  d’un  renvoi  indépendant  de  celui  du  tour  et  com¬ 
mandant  un  arbre  qui  s’embraye  avec  l’arbre  latéral. 

Les  tours  d’une  certaine  puissance  emploient  avec  avantage  deux  supports  d’outils 
ou  même  un  plus  grand  nombre  travaillant  simultanément.  M.  Steilen  dispose  sur  le 
chariot  longitudinal  deux  chariots  transversaux  opposés  l’un  à  l’autre  et  actionnés  par 
des  vis  indépendantes.  MM.  Boubey  montent  sur  le  même  banc  deux  chariots  longitu¬ 
dinaux  agissant  séparément.  Les  deux  lignes  de  glissières  du  tour  de  MM.  Greenwood 
et  Batley  ont  chacune  une  vis  et  un  arbre  latéral  à  commande  propre ,  et  sur  chaque 
ligne  sont  deux  chariots  longitudinaux  indépendants. 

Tours  à  fileter  divers.  —  MM.  Pesant  frères,  de  Maubeuge,  exposent  un  tour  à  fileter 
par  vis-mère ,  n’exigeant  que  l’emploi  d’un  nombre  très  limité  de  roues  de  rechange  sur 
l’équipage  qui  conduit  la  vis.  Celle-ci  peut  s’incliner  en  pivotant  à  une  extrémité  autour 
de  Taxe  d’une  roue  d’angle  dont  elle  reçoit  la  commande  ;  elle  se  fixe  à  l’autre  extré¬ 
mité  sur  un  secteur  circulaire  à  coulisse ,  muni  de  graduations  correspondant  à  chacune 
des  roues  de  rechange  de  l’équipage.  L’écrou  est  monté  sur  un  pivot  horizontal  adapté 
à  une  glissière  qui  peut  monter  et  descendre  dans  une  longue  coulisse  verticale  fixée 
sur  le  côté  du  chariot  longitudinal.  La  vis  étant  disposée  sous  un  certain  angle,  l’écrou 
ne  communique  au  chariot  par  l’intermédiaire  de  la  glissière  que  la  valeur  de  la  com¬ 
posante  horizontale  de  son  déplacement.  Avec  cinq  roues  de  rechange,  on  peut  faire 
tous  les  pas  de  1  a  5  millimètres.  Ce  dispositif  a  surtout  l’avantage  de  permettre  l’exé¬ 
cution  de  pas  non  métriques;  il  offre  des  causes  d’irrégularité,  tenant  à  l’obligation 
pour  l’écrou  et  sa  glissière  de  se  déplacer  verticalement;  il  peut  en  résulter  des  à-coups 
provenant  de  frottements  variables  aux  différents  points  de  la  coulisse;  il  s’ensuit,  dans 
tous  les  cas,  des  variations  dans  le  porte-à-faux  du  point  par  lequel  la  vis  agit  sur  le 
chariot.  Nous  pensons  toutefois  qu’on  peut  obtenir  des  résultats  satisfaisants,  si  l’exécu¬ 
tion  des  surfaces  de  frottement  est  très  bonne,  de  manière  que  les  mouvements  se 
fassent  à  la  fois  très  librement  et  sans  jeu,  et  si  l’on  se  contente  de  travailler  dans  les 
positions  où  l’écrou  est  voisin  de  la  masse  principale  du  chariot. 

MM.  Sculfort-Malliar  et  Meurice  ont  également  des  petits  tours  qui  donnent  des 
résultats  analogues,  en  laissant  la  vis  horizontale;  ils  utilisent  cette  propriété  qu’une 
droite  mobile  assujettie  à  passer  constamment  par  un  point  fixe  décrit  sur  deux  autres 
droites  parallèles  des  chemins  proportionnels.  La  direction  des  deux  parallèles  est  la 
direction  commune  de  la  vis  et  du  déplacement  du  chariot,  Tune  des  parallèles  étant 
la  vis  elle-même,  l’autre  la  droite  parcourue  par  une  goupille  adaptée  au  chariot;  la 
droite  mobile  est  constituée  par  une  règle  qui  oscille  autour  d’un  pivot  horizontal  fixé  à 
l’écrou  et  qui  possède  vers  ses  extrémités  deux  coulisses  par  lesquelles  elle  s’appuie 
d’une  part  sur  la  goupille  fixée  au  chariot  et  d’autre  part  sur  une  deuxième  goupille 
(point  fixe)  engagée  dans  une  traverse  inférieure  fixe.  On  voit  ainsi  que  la  goupille  du 


MACHINES-OUTÏLS. 


39 


chariot  décrit  des  chemins  proportionnels  à  ceux  du  pivot  de  l’écrou.  La  raison  de  la 
proportion  dépend  de  l’écartement  des  deux  parallèles,  la  distance  de  l’axe  de  la  vis 
au  point  fixe  de  la  traverse  étant  constante;  pour  faire  varier  commodément  l’écarte¬ 
ment  des  parallèles,  on  a  adapté  au  chariot  une  longue  règle  verticale  graduée  avec  cou¬ 
lisse,  dans  laquelle  on  fixe  la  goupille  au  point  de  la  graduation  correspondant  au  pas 
à  obtenir. 

Il  reste  à  signaler  les  dispositions  des  machines  à  décolleter,  spéciales  pour  le  file¬ 
tage,  ainsi  que  celles  des  machines  à  tarauder;  nous  nous  occuperons  plus  tard  de  ces 
machines. 

TOURS  DIVERS. 

Tours  en  îair,  à  banc  séparé.  • —  Les  quelques  tours  exposés  de  ce  genre  n’offrent  pas 
de  particularités  bien  saillantes,  en  dehors  des  dispositions  exigées  par  leur  emploi  spé¬ 
cial.  Leurs  poupées  sont  celles  des  tours  ordinaires,  avec  harnais  à  triple  ou  à  qua¬ 
druple  engrenage.  Les  supports  à  colonne  des  chariots  de  tours  en  l’air  (Bouhey)  re¬ 
çoivent  deux  chariots  rectangulaires  montés  sur  plateau  pivotant,  se  manœuvrant  à  la 
main.  Le  banc  séparé  (Société  alsacienne,  Steinlein)  est  mobile  sur  une  semelle  au 
moyen  d’un  levier  à  cliquet  prenant  appui  sur  une  crémaillère;  les  chariots  et  la  contre- 
pointe  peuvent  être  mus  automatiquement  par  des  encliquetages  recevant  un  mouve¬ 
ment  alternatif  de  cordes  passant  sur  le  renvoi  et  actionnées  par  un  plateau  à  excen¬ 
trique  monté  sur  la  dernière  roue  d’un  équipage  de  la  poupée;  un  support  de  tour  en 
l’air  placé  sur  le  côté  de  la  semelle  reçoit  les  chariots  pour  le  tournage  des  grands  dia¬ 
mètres  (Société  alsacienne);  l’arbre  est  creux  et  peut  servir  à  guider  la  barre  pour  l’alé¬ 
sage  des  moyeux  de  poulies,  roues,  etc. 

Tours  a  poulies.  —  Un  tour  à  poulies  de  la  Société  d’Albert  possède  une  poupée 
avec  harnais  à  triple  engrenage,  une  forte  poupée  de  contre-pointe  et  deux  supports 
opposés  de  chariots  dont  la  position  est  réglable  sur  une  semelle.  Les  supports  de  cha¬ 
riots  sont  rapprochables  simultanément  de  l’axe  du  tour  au  moyen  d’une  vis  à  filetages 
inverses;  chacun  porte  un  plateau  pivotant  et  deux  chariots,  dont  l’un  a  un  mouvement 
d’avance  automatique  parallèlement  à  l’axe  du  tour  donné  par  une  commande  par 
cônes  prise  sur  la  poupée,  et  dont  l’autre,  dépourvu  de  vis,  se  meut  en  même  temps 
normalement  à  l’axe,  pour  former  le  bombement  de  la  jante,  sous  l’action  d’une  tige  a 
galet  engagée  dans  une  rainure  circulaire  fixe;  les  deux  outils  s’avancent  l’un  vers 
l’autre,  en  allant  des  bords  vers  le  milieu  de  la  jante,  où  leurs  passes  se  raccordent.  La 
contre-poupée  porte  une  barre  d’alésage  animée  d’un  mouvement  d’avance  automatique 
pris  sur  la  poupée,  en  même  temps  qu’elle  reçoit  directement  du  renvoi  un  mouve¬ 
ment  de  rotation  de  sens  contraire  à  celui  de  la  poupée.  L’indépendance  des  commandes 
des  rotations  de  la  poulie  à  tourner  et  de  la  barre  permet  de  faire  simultanément  le 
tournage  et  l’alésage;  de  plus,  la  rotation  donnée  à  la  barre  augmente  sa  vitesse  rela- 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


40 


tiyc  piu*  rapport  à  celle  de  la  poulie,  qui,  suffisante  pour  le  tournage  de  la  jante,  serait 
trop  faible  pour  l’alésage  du  trou. 


Tours  à  roues.  —  Les  tours  à  roues  montées  sur  essieu  (Fétu-Defize,  Société  alsa¬ 
cienne)  possèdent  une  contre-poupée  avec  plateau  de  centrage  semblable  a  celui  de  la 
poupée,  le  dernier  arbre  auxiliaire  du  harnais  pouvant  commander  à  la  fois  les  roues 
des  deux  plateaux  (Société  alsacienne).  Deux  supports,  un  pour  chaque  roue,  sont 
montés  à  coulisse  normalement  à  l’axe  du  tour,  sur  des  tables  réglables  elles-mêmes 
a  coulisse  sur  la  semelle  ou  sur  un  banc  parallèlement  a  l’axe;  ils  reçoivent  un  plateau 
pivotant  et  deux  chariots,  dont  l’un  peut  être  commandé  par  encliquetage.  Le  tour  de 
la  Société  alsacienne  comporte  en  outre  deux  supports  d’outils  supplémentaires  placés 
à  l’opposé  des  précédents,  déplaçables  transversalement  par  crémaillère  pour  permettre 
le  montage  des  roues. 


Tours  à  reproduire.  —  M.  Steinlen  transforme  des  tours  ordinaires  en  tours  à  repro¬ 
duire  en  supprimant  la  vis  du  chariot  inférieur  transversal  et  faisant  appuyer,  au  moyen 
d’un  ressort,  une  touche  adaptée  à  ce  chariot  contre  une  règle  à  profil  convenable  placée 
sur  le  côté.  MM.  Bouhey  emploient  également  leur  tour  à  canons  pour  reproduire,  en 
disposant  sur  un  prolongement  du  chariot  transversal  un  coulisseau  qui  suit  une  plaque- 
guide  latérale.  Le  tour  a  poulies  de  la  Société  d’Albert,  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut,  n’est  pas  autre  chose  qu’un  tour  a  reproduire. 

M.  Duval-Pihet  nous  montre  un  tour  organisé  spécialement  pour  tourner  les  pro¬ 
jectiles;  le  travail  de  la  partie  cylindrique  se  fait  comme  d’habitude  avec  le  chariot 
inférieur  longitudinal;  la  particularité  du  tour  est  relative  au  tournage  de  l’ogive,  sur¬ 
face  de  révolution  dont  la  génératrice  est  un  arc  de  cercle  allongé.  Le  dessus  du  chariot 
inférieur  est  plan  et  supporte  un  plateau  muni  des  dispositions  ordinaires  pour  le 
réglage  de  l’outil;  le  chariot  inférieur  et  le  plateau  sont  reliés  d’un  côté  par  un  pivot 
vertical  situé  a  la  place  du  centre  de  l’arc  de  cercle  générateur  de  l’ogive,  considéré  dans 
le  plan  horizontal  de  l’axe  du  projectile,  de  l’autre  côté  par  une  vis  parallèle  au  banc 
du  tour  avec  écrou  susceptible  de  coulisser  dans  une  rainure  du  plateau  dirigée  vers  le 
pivot.  On  conçoit  que,  le  chariot  inférieur  restant  fixe  et  la  vis  du  plateau  étant  embrayée, 
celui-ci  se  mette  à  tourner  autour  du  pivot  et  fasse  décrire  a  la  pointe  de  l’outil  l’arc 
de  cercle  voulu;  le  déplacement  de  l’écrou  dans  sa  rainure  produit  seulement  une  légère 
variation  de  la  vitesse  de  rotation. 

La  Société  d’Albert  expose  un  tour  à  charioter  conique  automatiquement.  Le  chariot 
transversal  inférieur  se  meut  en  même  temps  que  le  chariot  longitudinal  avec  une 
avance  déterminée  par  un  choix  convenable  de  l’équipage  de  roues.  Une  lunette  à  suivre, 
à  trois  griffes  d’appui  complétant  avec  l’outil  les  sommets  d’un  carré,  est  montée  sur 
F  chariot  longitudinal;  elle  se  déplace  tout  entière  en  sens  inverse  de  l’outil  à  l’aide 
d  un  filetage  de  la  vis  du  chariot  transversal  égal  a  celui  qui  produit  l’avance  de  ce 


MACHINES-OUTILS, 


41 


chariot,  mais  inverse.  Les  griffes  supérieure  et  inférieure  se  meuvent  en  même  temps 
en  sens  convenables  par  l’aclion  d’une  vis  verticale  à  deux  fdetages  inverses  de  même 
pas  que  celui  de  la  vis  inférieure  et  commandée  par  elle  au  moyen  de  roues  d’angle 
égales. 

M.  Moreau  présente  un  plateau  se  montant  sur  le  nez  d’un  tour,  pour  faire  des  formes 
elliptiques;  le  système  est  de  ceux  qui  sont  bien  connus.  Sur  la  tranche  de  la  poupéo 
se  fixe,  avec  réglage  dans  le  sens  horizontal  par  vis  de  rappel,  une  plaque  portant  un 
disque  dont  l’axe  est  parallèle  à  celui  du  tour;  le  plateau  vissé  sur  le  nez  de  l’arbre 
possède  une  coulisse  à  queue  d’aronde  dirigée  suivant  un  diamètre;  un  coulisseau  mo¬ 
bile  dans  cette  dernière  est  muni  à  ses  extrémités  de  deux  règles  normales  a  sa  direction 
et  s’appuyant  sur  le  pourtour  du  disque,  auquel  elles  sont  astreintes  à  rester  constam¬ 
ment  tangentes.  Le  coulisseau  reçoit  en  son  milieu  et  à  égale  distance  des  deux  règles 
un  nez  sur  lequel  se  monte  la  pièce  à  tourner.  La  ligne  médiane  du  coulisseau  et  la 
normale  passant  par  son  nez  représentent  deux  droites  rectangulaires  mobiles  dont 
chacune  passe  constamment  par  un  point  fixe,  qui  est  pour  l’une  sur  l’axe  du  tour  et 
pour  l’autre  sur  l’axe  du  disque.  Tout  point  fixe,  par  exemple  la  pointe  de  l’outil,  consi¬ 
déré  comme  lié  invariablement  à  la  droite  passant  par  les  deux  points  fixes,  tracera 
une  ellipse  sur  le  plan  des  deux  droites  mobiles  ou  sur  tout  plan  parallèle  qui  lui  est 
invariablement  lié. 

Nous  trouvons  chez  M.  Christophe  un  petit  tour  avec  dispositif  assez  ingénieux  pour 
reproduire  des  formes  variées  ;  il  n’emploie  pas  de  chariots ,  mais  deux  cadres  articulés 
l’un  sur  l’autre  a  angle  droit  par  deux  côtés  qui  constituent  les  axes  d’un  joint  universel. 
Les  côtés  opposés  de  chaque  cadre  sont  eux-mêmes  des  axes  dont  l’un  relie  le  cadre 
inférieur  au  banc  et  dont  l’autre  supporte  un  barillet  porte-outils.  Les  axes  du  premier 
cadre  sont  parallèles  à  l’axe  du  tour;  ceux  du  second  lui  sont  perpendiculaires.  L’hori¬ 
zontalité  et  la  hauteur  du  barillet  sont  maintenues  au  moyen  d’une  règle  a  profil  fixée 
au  banc  et  sur  laquelle  il  prend  appui.  Le  mouvement  horizontal  du  barillet  est  déter¬ 
miné  par  un  gabarit  fixe,  le  long  duquel  on  fait  appuyer  un  galet  qui  lui  est  adapté.  Le 
profil  du  gabarit  n’est  autre  chose  qu’une  parallèle  a  une  génératrice  de  la  surface  de 
révolution  à  obtenir.  Avec  ce  système  et  un  peu  d’habitude,  on  exécute  très  correcte¬ 
ment  des  formes  assez  accidentées;  son  auteur  l’applique  à  la  fabrication  d’embouchures 
d’instruments  de  musique. 

ACCESSOIRES  DE  TOURS. 

Plateaux  et  mandrins.  —  Les  plateaux  et  les  mandrins  servant  au  montage  des  pièces 
sur  l’arbre  du  tour  sont  représentés  par  des  types  assez  nombreux,  assez  bien  connus 
d’ailleurs  et  indépendants  des  modèles  de  tours  :  plateaux  a  tocs;  plateaux  à  trous  ou 
à  rainures  avec  griffes  de  serrage  constituées  par  des  poupées  dites  à  talon  ou  à  pompe 
se  fixant  en  des  points  variables  du  même  rayon  du  plateau,  ou  des  mords  se  déplaçant 
tout  le  long  du  rayon  à  l’aide  de  vis  encastrées  dans  l’épaisseur  du  plateau,  ces  mords 


42 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


étant  à  un  ou  à  plusieurs  étages  et  pouvant  prendre  les  pièces  par  l’extérieur  ou  par 
l’intérieur;  plateaux  centrant  automatiquement  par  le  serrage  simultané  des  griffes  à 
l’aide  d’engrenages  ou  de  rampes  en  spirale;  mandrins  à  vis  pour  les  petites  pièces; 
mandrins  à  coussinets  rentrants  ou  expansibles  de  formes  diverses,  à  serrage  successif 
ou  simultané  des  coussinets.  Les  plateaux  et  mandrins  à  centrage  automatique  sont  d’un 
emploi  très  commode  et  très  rapide;  mais,  de  l’avis  à  peu  près  général  de  ceux  qui 
s’en  servent,  ils  ne  sont  pas  susceptibles  de  donner  un  très  grand  degré  de  précision; 
ils  suffisent  toutefois  et  sont  très  avantageux  pour  des  travaux  de  dégrossissage  de  pièces 
de  forge  ou  de  barres  laminées,  et  surtout  quand  la  partie  de  la  pièce  sur  laquelle  se 
fait  le  centrage  ne  doit  servir  que  de  guide  provisoire  et  est  destinée  à  disparaître  dans 
la  suite  des  opérations. 

Nous  signalerons  un  système  de  toc  de  MM.  Hurtü  et  Hautin,  évitant  l’inconvénient 
de  l’appui  en  porte-à-faux  des  tocs  ordinaires,  duquel  résulte  un  déplacement  du  point 
de  contact  de  la  pièce  avec  la  pointe  aux  divers  moments  d’un  même  tour  de  la  pièce. 
Le  toc  a  deux  branches  égales  qui  s’appuyent  sur  deux  talons  ou  épaulements  parallèles 
en  saillie  sur  un  coulisseau  mobile  dans  le  plateau.  Grâce  à  la  présence  du  coulisseau, 
l’effort  d’entraînement  se  répartit  également  entre  les  deux  branches  du  toc  et  les  deux 
actions  inverses  s’équilibrent. 

Lunettes.  —  Les  lunettes  à  suivre  sont  représentées  par  des  équerres  réglables  en 
hauteur  et  transversalement,  des  V  réglables  seulement  transversalement,  des  cadres 
complets  enserrant  la  pièce  entre  quatre  points  d’appui ,  trois  griffes  à  1 2  0  degrés  ou 
disposées  seulement  du  côté  opposé  à  Toutil  et  se  réglant  suivant  des  rayons  de  la  pièce. 
Tous  ces  systèmes  ne  peuvent  empêcher  que,  si  une  pièce  à  fileter  a  du  faux  rond  ou 
des  irrégularités  quelconques,  quand  ces  défauts  passeront  devant  un  point  d’appui, 
ils  occasionneront  un  déplacement  de  la  pièce  et  un  défaut  correspondant  sur  le  filet,  et 
que,  si,  au  début  du  tournage,  il  s’est  formé  quelque  irrégularité,  elle  se  reproduise 
d’autant  plus  souvent  qu’il  y  a  plus  de  points  d’appui  et  qu’il  devienne  parfois  impos¬ 
sible  de  continuer  le  travail.  Pour  des  opérations  de  précision,  il  conviendra  toujours 
de  se  servir,  comme  le  fait  M.  Steinlen,  de  lunettes  cylindriques  fermées  en  bois  ou  en 
bronze  au  diamètre  de  la  pièce  à  fileter  ou  à  tourner. 

Les  lunettes  fixes  sont  formées  par  des  coussinets  en  bois  contenus  dans  un  cadre 
rectangulaire  avec  chapeau  de  serrage ,  ou  par  trois  griffes  à  1 2  0  degrés  montées  sur 
un  cercle;  nous  ferons  pour  ces  dernières  les  mêmes  observations  qne  pour  les  lunettes 
mobiles. 

Dispositions  spéciales  des  chariots.  —  Les  tours  soignés  portent  des  disques  gradués 
sur  les  vis  des  chariots  supérieurs  et  du  chariot  transversal  inférieur.  On  se  sert  notam¬ 
ment  des  graduations  dans  le  filetage  pour  remettre  l’outil  en  position  et  donner  le  fer 
au  commencement  de  chaque  passe.  On  facilite  l’opération  et  l’on  soulage  considéra^- 


MACHINES-OUTILS. 


43 


blement  l’attention  de  l’ouvrier,  en  établissant  une  butée  sur  le  chariot  inférieur;  l’outil 
est  ramené  en  arrière,  pour  le  retour,  par  la  manœuvre  du  chariot  inférieur;  on  le  remet 
à  la  position  qu’il  occupait  précédemment  en  portant  ce  chariot  en  avant  jusqu’à  la 
rencontre  de  la  butée;  on  donne  ensuite  le  fer  en  avançant  le  chariot  supérieur  d’une 
quantité  constante  pour  des  passes  égales. 

Dans  un  petit  tour  de  précision,  M.  Bariquand  rend  mobile  la  bride  de  la  vis  du 
chariot  inférieur  et  dispose  sur  la  semelle  du  chariot  un  mécanisme  d’excentrique  dont 
l’amplitude  de  rotation  est  limitée  par  deux  butées,  qui  agit  sur  la  bride,  et  au  moyen 
duquel  on  produit  le  recul  et  la  remise  en  place  rapides  de  la  vis  et  du  chariot  inférieur 
sans  faire  tourner  la  vis  et  sans  risquer,  par  suite,  de  modifier  les  indications  de  sa  gra¬ 
duation. 

L’ouvrier  n’a  ainsi  à  s’occuper  que  de  la  quantité  de  fer  a  donner  à  chaque  passe 
et  ne  peut  que  bien  difficilement  commettre  des  erreurs. 

Supports  d’outils.  —  On  fixe  habituellement  les  outils  sur  le  chariot  supérieur,  soit, 
pour  les  petits  tours,  en  les  encastrant  dans  une  sorte  de  châssis  ou  de  logement  de 
section  convenable  et  les  serrant  par  une  vis,  soit,  pour  les  tours  plus  forts,  en  les 
appuyant  au  moyen  de  brides  et  de  boulons;  on  met  la  pointe  à  hauteur  convenable 
en  plaçant  des  cales  sous  l’outil. 

Pour  éviter  l’emploi  des  cales ,  au  moins  dans  le  chariotage  cylindrique ,  MM.  Brown 
et  Sharpe  enlèvent  l’ensemble  du  plateau  pivotant  et  du  chariot  supérieur,  et  le  rem¬ 
placent  par  un  support  avec  axe  constitué  par  un  boulon  libre  seulement  de  tourner  à 
son  intérieur;  ce  boulon  se  visse  dans  l’écrou  qui  servait  à  fixer  le  plateau  pivotant;  en 
agissant  sur  lui,  on  monte  ou  abaisse  le  support,  qu’un  ergot  empêche  d’ailleurs  de 
tourner  et  qui  reste  guidé  dans  le  logement  cylindrique  du  collet  du  plateau  pivotant 
Le  réglage  de  la  hauteur  achevé,  un  appareil  de  bloquage  fixe  solidement  le  support 
sur  le  chariot  transversal;  on  ne  dispose  plus  alors  que  des  mouvements  des  deux 
chariots  inférieurs. 

M.  Hure  emploie  pour  le  même  objet  un  support  formé  d’une  douille  fendue  à  oreilles 
montée  sur  un  pivot  vertical  de  fort  diamètre  faisant  partie  du  chariot  supérieur.  La 
douille  est  terminée  par  un  plateau  sous  lequel  les  outils  se  fixent  par  brides  et  boulons. 
Une  tige  verticale  vissée  sur  le  bord  du  plateau  appuie  par  son  extrémité  sur  une  sorte 
de  voie  circulaire  réservée  à  la  base  du  pivot.  Il  suffit  de  desserrer  légèrement  les  oreilles 
de  la  douille  pour  rendre  celle-ci  libre  ;  on  peut  alors  la  faire  monter  ou  descendre  en 
agissant  sur  la  tige  filetée;  on  resserre  ensuite  la  douille. 

Les  tours  ordinaires  se  transforment  facilement  en  tours  à  décolleter,  en  rappor¬ 
tant  un  barillet  à  plusieurs  outils  sur  le  chariot  supérieur,  comme  le  fait  la  Société 
d’Albert;  le  changement  d’outils  se  fait  en  dégageant  un  verrou  à  ressort  d’un  des 
crans  diviseurs  du  barillet  et  faisant  pivoter  le  barillet  à  la  main,  indépendamment  du 
recul  et  de  la  remise  en  place  d’un  ou  de  plusieurs  chariots. 


h  h 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Disposition  pour  tourner  sphérique .  —  Dans  certains  tours,  le  plateau  pivotant  est 
muni  d’une  roue  sur  laquelle  on  peut  agir  à  l’aide  d’une  vis  sans  fin.  Quand  les  tours 
sont  dépourvus  de  roue  et  de  vis  sans  fin ,  on  peut  rapporter  sur  le  chariot  transversal 
inférieur  un  appareil  simple  comprenant  essentiellement  les  éléments  nécessaires  pour 
fixer  l’outil  et  pour  donner  le  mouvement  de  rotation. 

La  manœuvre  de  ces  appareils,  comme  celle  du  plateau  pivotant,  ne  se  fait  en  gé¬ 
néral  qu’à  la  main. 

Appareils  de  fraisage.  —  On  cherche  à  donner  aux  tours  un  caractère  d’universalité , 
en  leur  adjoignant  des  appareils  qui  les  transforment  en  machines  à  fraiser.  Ordinai¬ 
rement,  la  pièce  est  montée  entre  les  pointes  ou  sur  le  plateau  du  tour  et  les  appareils 
se  placent  sur  le  chariot  transversal  inférieur;  ces  derniers  sont  de  véritables  machines 
à  fraiser  avec  arbre  disposé  horizontalement,  verticalement  ou  à  inclinaison  variable; 
le  plus  souvent,  la  fraise  reçoit  sa  commande  du  renvoi  et  ses  mouvements  de  déplace¬ 
ment  se  font  à  la  main;  dans  son  grand  tour,  M.  Steinlen  prend  la  commande  de  la 
fraise  sur  la  poupée  du  tour  et  lui  communique  des  déplacements  automatiques.  Ce 
genre  d’utilisation  du  tour  convient  pour  certaines  catégories  de  travaux  pour  lesquels 
on  ne  dispose  pas  de  machines  appropriées,  tels  que  taille  de  crémaillères,  d’alésoirs 
allongés,  etc.,  et  quand,  une  pièce  importante  ayant  été  tournée,  il  est  essentiel  de  ne 
pas  déranger  le  centrage  pour  en  terminer  l’usinage;  mais  il  nous  paraît  absolument 
défectueux  pour  les  cas  ordinaires  de  travaux  qui  peuvent  se  faire  sur  des  machines 
plus  simples,  mieux  appropriées  et  par  suite  plus  puissantes,  tels  que  taille  des  fraises, 
des  roues  d’engrenages,  des  forets,  etc. 

Le  tour,  ainsi  employé,  exige  souvent  l’usage  d’un  diviseur;  on  peut  monter  sur 
l’arbre  du  tour,  ou  sur  un  axe  qui  lui  est  relié,  un  plateau  denté  ou  à  trous,  ou  se 
servir  des  roues  de  fdetage,  dont  on  repère  les  dents  utiles.  Le  système  diviseur  com¬ 
prend  dans  tous  les  cas  deux  parties  principales,  l’une  dépendant  de  la  pièce  et  ser¬ 
vant  à  l’entraîner  pendant  le  mouvement  de  division  de  la  quantité  voulue,  l’autre  fixe 
ou  dépendant  de  la  vis  de  filetage  dans  le  cas  du  fraisage  en  hélice  ;  la  liaison  des  deux 
parties  assure  la  stabilité  de  la  pièce  ou  la  commande  réciproque  de  sa  rotation  et  de 
la  translation  de  la  fraise.  M.  Steinlen  et  M.  Schultz  ont  des  diviseurs  spéciaux  à  en¬ 
grenages,  comprenant  une  vis  sans  fin  et  un  jeu  de  roues  que  l’on  choisit  de  façon 
qu’une  division  de  la  pièce  corresponde  à  un  tour  ou  à  un  demi-tour  exact  de  la  pre¬ 
mière  roue  du  système;  pour  les  fraisages  rectilignes,  ils  appliquent  la  roue  de  vis 
sans  fin  du  diviseur  sur  l’arbre  du  tour  ou  sur  la  vis  de  fdetage.  Pour  le  fraisage  en 
hélice,  M.  Schultz  fixe  sur  le  nez  même  de  l’arbre  le  support  de  la  vis  sans  fin,  la 
roue  de  vis  sans  fin  étant  concentrique  à  l’arbre,  mais  folle  sur  lui  et  fixée,  par  contre, 
au  plateau  porte-pièce;  le  système  diviseur  est  entraîné  avec  l’arbre  dans  son  mouve¬ 
ment  de  rotation  pendant  le  travail,  mais  le  mouvement  de  division  n’a  d’effet  d’en¬ 
traînement  que  sur  le  plateau. 


MACHINES-OUTILS. 


45 


M.  Jamelin  présente  un  tour  conçu  dans  un  ordre  d’idées  inverse  :  il  monte  la  fraise 
sur  l’arbre  du  tour  en  l’air  ou  entre  pointes  et  il  dispose  sur  le  chariot  transversal  in¬ 
férieur  un  échafaudage  de  supports  à  mouvements  rectilignes  et  circulaires,  dont  le 
dernier  porte  la  pièce  a  fraiser  prise  dans  un  étau,  entre  pointes  ou  d’une  façon  ap¬ 
propriée  quelconque.  Son  appareil  comprend  un  plateau  pivotant  à  axe  vertical,  un 
deuxième  plateau  pivotant  à  axe  horizontal,  puis  deux  chariots  rectangulaires;  il  obtient 
un  troisième  mouvement  de  rotation  en  montant  la  pièce  sur  un  axe;  en  reliant  cet 
axe  par  engrenages  avec  la  vis  de  manœuvre  dun  des  derniers  chariots,  il  produit  un 
mouvement  hélicoïdal.  M.  Jamelin  peut  ainsi  orienter  la  pièce  de  façons  très  diverses  et 
lui  donner  des  déplacements  variés  successifs  ou  même  simultanés.  On  doit  reconnaître 
toutefois  qu’un  semblable  appareil  manque  de  stabilité;  s’il  peut,  à  la  vérité,  rendre 
des  services,  son  emploi  doit  être  limité  aux  cas  assez  rares  où,  notamment  dans  de 
petits  ateliers,  on  ne  dispose  pas  d’autres  moyens  mécaniques. 

Grand  tour  universel  de  M.  Steinlen.  —  Pour  donner  un  exemple  de  tour  complet  et 
en  résumer  les  dispositions,  nous  décrirons  sommairement  le  grand  tour  exposé  par 
M.  Steinlen. 

Le  banc  et  la  poupée  sont  rapportés  sur  une  semelle  et  fixés  au  moyen  de  rainures  a 
boulons;  une  crémaillère  adaptée  à  la  semelle  permet  au  besoin  de  déplacer  le  banc; 
celui-ci,  affleurant  l’extrémité  de  la  semelle,  laisse  .une  échancrure  de  1  m.  3o  entre  lui 
et  le  plateau  de  l’arbre.  La  hauteur  de  pointes  est  de  o  m.  575  au-dessus  du  banc  et 
de  1  m.  175  au-dessus  du  fond  de  l’échancrure;  la  distance  maximum  entre  pointes 
est  de  5  m.  900. 

La  surface  du  banc  est  plane ,  les  bords  sont  à  queue  d’aronde  pour  l’agrafage  du 
chariot;  la  fente  médiane  sert  de  guide  a  la  semelle  de  la  contre-poupée,  qui  y  est  en¬ 
gagée  par  un  tenon.  Sous  un  des  bords  de  la  fente  est  adaptée  la  crémaillère  de  cha¬ 
riotage;  cette  crémaillère  sert  également  au  déplacement  longitudinal  de  la  semelle  de 
la  contre-poupée,  qui  est  munie  à  cet  effet  d’un  système  d’engrenages  avec  volant  de 
manœuvre. 

La  poupée  porte  un  arbre  a  tourillons  cylindriques,  le  tourillon  voisin  du  nez  ayant 
0  m.  9  25  de  diamètre  et  0  m.  38 0  de  longueur;  les  coussinets  sont  en  bronze,  en 
deux  parties  serrées  par  des  chapeaux;  l’arbre  est  appuyé  dans  le  sens  longitudinal  par 
une  butée  en  bout  et  par  un  épaulement  voisin.  La  commande  comporte  un  cône  à 
cinq  étages  et  un  harnais  à  triple  engrenage,  le  premier  arbre  auxiliaire  étant  a  tou¬ 
rillons  excentriques,  le  deuxième  se  déplaçant  suivant  sa  longueur;  la  dernière  roue 
du  harnais  est  adaptée  au  plateau  et  est  a  denture  intérieure.  Le  plateau  possède 
quatre  rainures  a  T,  dans  lesquelles  se  déplacent  au  moyen  de  vis  des  poupées  de  ser¬ 
rage  avec  piston,  et  mord  a  deux  étages  intérieurs  et  un  seul  extérieur;  la  roue  du  pla¬ 
teau  est  dentée  obliquement  sur  son  pourtour  extérieur  et  engrène  avec  une  vis  sans 
fin  qui  peut  servir  soit  pour  la  division,  soit  pour  le  mouvement  de  rotation  lent  et 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


A6 


automatique  du  plateau,  celui-ci  étant  rendu  indépendant  de  la  commande  directe  à 
la  volée  ou  par  le  harnais.  L’arbre  est  percé  pour  le  passage  d’une  barre  d’alésage. 

La  contre-poupée  est  reliée  à  sa  semelle  par  queue  d’aronde  transversale  avec  vis 
de  réglage;  le  réglage  fait,  elle  est  bloquée  par  des  boulons.  L’arbre  de  contre-pointe 
est  vissé  dans  une  douille  munie  d’un  volant  de  manœuvre;  il  peut  être  actionné  auto¬ 
matiquement,  pour  le  perçage  et  l’alésage,  à  l’aide  d’une  roue  adaptée  à  la  douille  et 
engrenée  avec  une  vis  sans  fin  qui  prend  sa  commande  sur  un  équipage  de  roues 
monte  à  l’arriéré  du  banc;  il  se  bloque  par  le  serrage  des  oreilles  ménagées  sur  le 
manchon  fendu  du  devant  de  la  contre-poupée. 

Le  chariot  longitudinal  inférieur  est  commandé  soit  par  la  crémaillère,  soit  par  la 
vis  de  filetage  disposée  à  l’intérieur  du  banc,  du  côté  opposé  à  celui  de  la  crémaillère. 
L’embrayage  se  fait  sur  la  vis  par  un  écrou  en  deux  parties;  l’embrayage  du  mouve¬ 
ment  de  la  crémaillère  a  lieu  par  Tengrènement  d’une  roue  avec  une  vis  sans  fin  cia- 
vetée  dans  la  rainure  d’un  arbre  latéral  situé  du  côté  opposé  à  l’ouvrier.  Sur  le  chariot 
longitudinal,  sont  montés  deux  chariots  transversaux,  un  de  chaque  côté  du  banc,  et 
sur  chacun  de  èes  derniers,  un  plateau  pivotant  gradué  et  deux  chariots  rectangu¬ 
laires,  destinés  spécialement  au  réglage  des  outils  de  tour,  mais  dont  l’inférieur  peut 
être  actionné  mécaniquement  pour  des  travaux  de  tour  cylindriques  et  coniques  de  peu 
de  longueur.  La  commande  des  chariots  transversaux  et  des  chariots  supérieurs  est 
prise  sur  l’arbre  latéral  par  roues  d’angle  et  transmise  aux  vis  des  chariots  en  passant 
par  des  roues  mobiles  d’embrayage,  remontant  pour  les  chariots  supérieurs  par  l’axe 
dé  chaque  plateau  pivotant.  Pour  tourner  de  longs  cônes,  on  emploie  simultanément 
le  chariotage  par  la  vis  de  filetage  et  l’avance  des  chariots  transversaux;  celle-ci  est 
alors  prise  sur  un  deuxième  arbre  latéral  situé  du  côté  de  l’ouvrier  et  relié  à  l’arbre  de 
la  vis  par  un  équipage  de  roues  monté  sur  tête  de  cheval  à  l’extrémité  du  banc. 

A  la  place  des  deux  chariots  supérieurs,  peut  se  monter,  sur  le  chariot  transvérsal 
voisin  de  l’ouvrier,  un  appareil  de  fraisage  muni  d’un  chariot  horizontal,  d’un  chariot 
vertical,  d’un  plateau  pivotant  a  axe  horizontal  et  d’un  troisième  chariot  susceptible 
d’être  orienté  dans  toute  direction  autour  de  l’axe  du  plateau;  sur  le  troisième  chariot 
et  parallèlement  à  sa  direction,  se  trouve  l’arbre  de  la  fraise.  La  commande  de  ce  der¬ 
nier  est  prise  sur  un  troisième  arbre  latéral ,  situé  du  côté  de  l’ouvrier  et  venant  de  la 
poupée  ;  elle  aboutit  à  l’axe  du  plateau  pivotant  horizontal  et  passe  par  l’axe  de  l’autre 
plateau.  Les  trois  chariots  de  l’appareil  peuvent  être  actionnés  mécaniquement  par 
commande  prise  sur  celle  de  la  fraise. 

Il  s’agit,  à  présent,  de  voir  comment  a  lieu  la  commande  de  la  vis  de  filetage  et  des 
trois  arbres  latéraux.  L’origine  des  mouvements  vient  de  l’une  ou  l’autre  de  deux 
roues,  l’une  montée  au  bout  de  l’arbre  principal  de  la  poupée,  l’autre  montée  sur  un 
axe  auxiliaire  et  engrenant  avec  le  premier  pignon  du  harnais;  la  première  et  une  troi¬ 
sième  roue  calée  sur  Taxe  de  la  deuxième  peuvent  être  engrenées  à  volonté  par  dépla¬ 
cement  sur  leurs  axes  avec  une  quatrième  roue  qui,  au  moyen  de  systèmes  de  man- 


MACHINES-OUTILS. 


47 


chons  dentés  d’embrayage,  actionne  soit  un  arbre  inférieur  passant  au  milieu  de  la 
semelle,  soit  un  arbre  extérieur  à  la  poupée;  l’arbre  inférieur  allant  à  l’autre  extrémité 
du  tour  est  mis  par  des  têtes  de  cheval  en  relation  avec  là  vis  de  filetage  ou  avec  le 
premier  arbre  latéral,  ou  simultanément  avec  la  vis  et  le  deuxième  arbre  latéral  pour  le 
tournage  conique;  l’arbre  extérieur,  qui  n’est  autre  que  le  troisième  arbre  latéral  et 
qui  est  essentiellement  destiné  au  fraisage,  va  d’abord  commander  la  fraise,  comme 
nous  l’avons  vu,  et  au  besoin  les  chariots  de  l’appareil  de  fraisage;  il  peut  en  outre, 
par  des  systèmes  d’embrayage,  être  relié  soit  par  l’intermédiaire  cl’une  vis  sans  fin  de 
ralentissement  à  l’arbre  inférieur  et  par  lui  aux  chariots  inférieur  et  transversaux ,  soit 
par  l’intermédiaire  d’un  équipage  de  roues  et  d’une  vis  sans  fin  à  la  roue  du  plateau 
de  l’arbre  du  tour.  Des  mécanismes  de  changement  de  marche  sont  interposés  sur  la 
commande  de  l’arbre  inférieur  et  sur  celle  du  plateau. 

Un  appareil  diviseur  à  engrenages  peut  se  placer  sur  la  vis  sans  fin  du  plateau  et 
un  autre  sur  l’arbre  de  la  vis  de  filetage  à  l’extrémité  du  banc. 

Une  tringle  pour  la  manœuvre  du  débrayage  du  renvoi  court  latéralement  et  paral¬ 
lèlement  au  banc  ;  elle  peut  être  manœuvrée  par  des  leviers  disposés  de  chaque  côté  du 
banc  sur  le  chariot  inférieur. 

On  voit  qu’avec  ce  tour,  par  la  combinaison  convenable  des  différents  mouvements, 
il  est  possible  d’exécuter  sur  une  même  pièce,  sans  la  démonter*  toutes  sortes  de  tra¬ 
vaux  de  tournage  cylindrique,  conique  ou  sphérique,  de  fdetage,  de  perçage  ou  d’alé¬ 
sage,  de  fraisage  rectiligne,  circulaire  ou  hélicoïdal. 


OUTILS  DE  TOUR. 

On  s’est  beaucoup  attaché  à  simplifier  la  confection  des  outils  de  tour,  dont  la  forme 
théorique  est  évidemment  d’une  réalisation  assez  coûteuse.  On  emploie  souvent  dé 
simples  barres  profilées,  dont  on  sectionne  le  devant  suivant  un  plan  faisant  avec  la 
longueur  l’angle  de  tranchant  théorique;  la  fabrication  est  ainsi  très  simple,  et  l’affû¬ 
tage  se  fait  en  rafraîchissant  la  tranche.  Mais  il  est  à  remarquer  que,  pour  obtenir  un 
travail  de  bonne  qualité  et  économique  comme  force  dépensée,  il  faut  toujours  dis*- 
poser  l’outil  de  manière  qu’une  des  deux  faces  du  tranchant  fasse  avec  la  direction  du 
mouvement  au  point  attaqué  de  la  pièce  l’angle  de  coupe  de  3  à  4  degrés.  On  est 
alors  conduit  à  écarter  notablement  la  pointe  de  l’outil  du  plan  horizontal  de  l’axe  du 
tour,  si  l’on  dispose  l’outil  horizontalement,  ou  bien  à  l’incliner  par  rapport  à  ce  plan; 
la  première  solution  n’est  pratiquement  applicable  que  lorsqu’on  a  toujours  affaire  à  des 
pièces  de  même  diamètre,  ce  qui  est  le  cas  des  fabrications  spéciales;  la  deuxième  a 
entraîné  l’usage  de  porte-outils,  qui  se  fixent  sur  le  chariot  et  dans  lesquels  ôn  serre 
l’outil  proprement  dit  au  moyen  de  vis. 

MM.  Smith  et  Coventry  ont  cru  pouvoir  aller  plus  loin  :  ils  réduisent  l’outil  à  un 
bout  de  barre  ronde  coupé  de  façon  que  la  tranche'  fasse  avec  les  génératrices  l’angle 


48 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


théorique;  sa  forme  cylindrique  permet  de  l’orienter  à  volonté  dans  le  porte-outil. 
Il  y  a  lieu,  avec  un  semblable  outil,  d’observer  très  rigoureusement  la  direction 
du  mouvement  résultant  de  l’ensemble  des  mouvements  dont  sont  animés  l’outil  et 
la  pièce,  et  de  placer  le  premier  convenablement  par  rapport  à  cette  direction,  le 
moindre  écart  de  position  ayant  pour  effet  de  modifier  notablement  les  valeurs  des 
angles  de  coupe  et  de  tranchant  en  chaque  point  de  l’arête  coupante,  et  surtout  de  les 
rendre  variables  d’un  point  à  l’autre. 

Nous  croyons  que  M.  Sellers  est  bien  plus  dans  la  véritable  voie  en  conservant 
l’ancien  outil  et  en  effectuant  mécaniquement  son  affûtage,  de  manière  a  reproduire 
toujours  des  formes  identiques;  l’outil  se  conserve  plus  longtemps,  produit  un  meil¬ 
leur  travail,  et  il  est  fort  probable  que  l’économie  finale  est  en  sa  faveur. 

M.  Demoor  simplifie  la  forge  des  outils  en  se  servant  de  barres  profilées  a  section 
de  quadrilatère,  dont  les  différents  côtés  ont  des  directions  correspondantes  à  la  forme 
de  la  partie  antérieure  de  l’outil  ;  on  façonne  facilement  la  pointe  dans  une  étampe  et 


Outils  en  acier  profilé  de  M.  Demoor.  de  M.  Demoor. 

à  la  meule,  en  la  relevant  pour  obtenir  l’angle  de  tranchant  par  rapport  à  la  direction 
de  la  longueur. 

M.  Demoor  et  MM.  Smith  et  Coventry  font  des  porte-outils  destinés  non  seulement 
a  procurer  une  économie  de  confection  des  outils  proprement  dits  et  a  faciliter  leur 


Porte-outil  de  M.  Demoor  pour  saigner, 
dresser  et  fileter  intérieurement. 

r— = - êfl 

Porte-outil  de  M.  Demoor 
pour  fileter  intérieurement  et  aléser. 


entretien,  mais  encore  à  donner  des  moyens  de  réglage  pour  la  hauteur  ou  l’orienta¬ 
tion  de  la  pointe.  Les  porte-outils  dits  à  tourillon  se  fixent  sur  le  chariot  par  une  forte 
tige  de  section  rectangulaire;  ils  sont  munis  a  leur  extrémité  d’un  pivot  vertical  percé 
d’une  mortaise  dans  laquelle  le  bout  d’outil  est  serré  au  moyen  d’une  vis;  un  écrou  se 


MACHINES-OUTILS. 


49 


vissant  sur  le  bout  fileté  du  pivot  permet  de  le  fixer  après  que  l’orientation  a  été  don¬ 
née  à  l’outil;  l’orientation  peut  même  être  changée  dans  le  cours  du  travail,  et  le 
même  outil  être  employé,  avec  une  forme  convenable  de  l’arête  coupante,  successive¬ 
ment  pour  ébaucher  et  pour  finir.  Les  bouts  d’outil  ronds  de  MM.  Smith  et  Coventry 
se  placent  dans  une  douille  fendue  formée  à  l’extrémité  de  la  tige;  on  rapproche  à 
l’aide  de  vis  les  deux  parties  de  la  douille,  après  réglage  de  la  hauteur  et  de  l’orienta¬ 
tion  de  la  pointe.  Pour  saigner,  fileter,  aléser,  M.  Demoor  emploie  une  tige  cylindrique 
et  rapporte  simplement  l’outil  dans  une  mortaise;  en  tournant  la  tige  sur  elle-même,  on 
modifie  la  position  de  l’outil  dans  le  sens  latéral  d’après  l’inclinaison  qu’il  y  a  lieu  de  lui 
donner,  suivant  qu’il  travaille  sur  une  tranche  ou  entre  des  filets  de  vis;  ces  porte-outils 
se  montent  sur  des  chariots  ordinaires  par  l’intermédiaire  de  cales  en  V. 

MACHINES  À  DÉCOLLETER. 

Les  machines  à  décolleter  les  plus  simples  et  les  plus  anciennement  employées  com¬ 
prennent  un  banc  rectangulaire,  parfois  terminé  supérieurement  en  À  ( Gotendorf ),  sur 
lequel  sont  montés  :  une  poupée  à  arbre  creux;  un  support  fixe  avec  chariot  transver¬ 
sal  a  deux  outils  opposés  travaillant  successivement  pour  saigner,  dresser  des  tranches 
ou  faire  un  profil;  un  support  mobile  avec  levier  de  manœuvre  pour  le  sens  longitudi¬ 
nal  et  levier  transversal  portant  l’outil  a  décolleter  proprement  dit.  Des  butées,  au  be¬ 
soin  mobiles;  disposées  sur  le  dernier  support  et  sur  le  levier  transversal,  limitent  la 
course  de  l’outil  suivant  l’axe  du  tour  et  sa  saillie  normalement  a  cet  axe  selon  les  diffé¬ 
rents  diamètres  a  obtenir.  Un  tour  de  AI.  Lapointe  a  deux  leviers  transversaux,  l’un 
d’eux  articulé  sur  un  axe  oblique  par  rapport  à  l’axe  du  tour,  de  façon  que  son  outil 
puisse  venir  se  mettre  à  la  place  de  celui  du  levier  normal.  Ces  tours  sont  principale¬ 
ment  employés  pour  la  fabrication  des  vis;  toutefois  ils  ne  font  pas  le  filetage. 

Les  tours  a  revolver  sont  aujourd’hui  beaucoup  plus  répandus  que  les  précédents  et 
d’un  usage  plus  général.  On  peut  dire  qu’on  a  intérêt  a  les  employer,  dès  qu’on  a 
à  faire  des  séries  de  pièces  semblables  ou  analogues  offrant  plusieurs  opérations  de 
tournage.  Ils  constituent,  à  proprement  parler,  l’application  du  tour  a  la  fabrication 
courante.  Leur  avantage  consiste  en  ce  qu’ils  permettent  d’exécuter  un  certain  nombre 
d’opérations  sur  la  même  machine  sans  démonter  ni  recentrer  la  pièce,  et  sans  avoir  à 
mettre  en  place  et  à  régler  chaque  fois  les  outils.  Ils  sont  tout  aussi  capables  que  les 
tours  ordinaires  de  travailler  avec  précision,  à  la  condition  que  leur  construction  soit 
soignée  au  même  degré. 

Jusqu’à  présent,  les  tours  à  revolver  n’ont  guère  été  appliqués  qu’à  des  petites  pièces, 
atteignant  au  plus  un  poids  de  quelques  kilogrammes  :  c’est  que,  dans  la  pratique,  on  a 
rarement  à  confectionner  des  séries  de  pièces  plus  considérables,  et  que  d’ailleurs,  pour 
des  travaux  de  quelque  longueur,  l’avantage  de  leur  disposition  s’atténue  notablement, 
à  cause  de  la  nécessité  de  démonter  et  de  régler  à  nouveau  les  outils  usés.  Toutefois 

k 


Groupe  AI.  —  iv. 


IMPRIMERIE  NATIONALE* 


50  x 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


on  peut  prévoir  le  cas  où  leur  emploi  serait  encore  de  quelque  utilité  pour  l’usinage 
de  grosses  pièces;  il  suffit,  à  l’instar  de  la  Société  d’Albert,  de  disposer  des  tours  or¬ 
dinaires  de  manière  qu’ils  puissent  recevoir  un  barillet  à  la  place  du  support  d’outil 
habituel. 

Les  modèles  de  tours  à  revolver  sont  assez  variés.  Le  plus  ordinaire  a  une  poupée 
sans  engrenages,  venue  souvent  de  fonte  avec  le  banc  (ce  qui  est  loin  d’être  un  avan¬ 
tage  au  point  de  vue  de  la  facilité  de  la  construction),  avec  cône  à  étages,  arbre  creux 
et  mandrin  à  coussinets;  un  support  de  chariot  transversal  à  main  à  deux  outils  oppo¬ 
sés,  pour  saigner,  faire  des  gorges  ou  des  profds;  un  support  allongé  se  fixant  sur  le 
banc,  avec  chariot  longitudinal  mû  à  la  main  par  levier  ou  par  manivelle  et  crémail¬ 
lère  et  portant  un  barillet  à  axe  vertical  percé  sur  son  pourtour  de  trous  cylindriques  ou 
coniques  pour  le  placement  des  outils.  La  position  de  ces  derniers  est  assurée  par  des 
vis  de  serrage.  Le  changement  d’outil  se  fait  automatiquement  par  rotation  du  baril¬ 
let  pendant  le  recul  du  chariot,  sous  l’action  d’une  butée  fixe  qui  agit  sur  une  noix 
concentrique  à  l’axe  du  barillet;  en  même  temps,  un  verrou  conique  se  dégage  d’un 
trou  ou  d’une  encoche  du  barillet,  pour  le  libérer,  et  vient  ensuite  le  ressaisir  en  ren¬ 
trant  dans  un  nouveau  logement.  Il  est  important  que  le  verrou  soit  le  plus  éloigné 
possible  de  Taxe  du  barillet,  pour  réduire  au  minimum  l’influence  des  écarts  dans 
la  division  de  ses  divers  logements  sur  la  position  que  prennent  les  outils  par  rap¬ 
port  à  Taxe  du  tour;  son  emplacement  le  plus  favorable  est  à  la  circonférence  du  ba¬ 
rillet. 

On  accroît  notablement  la  commodité  de  ces  tours,  en  leur  adaptant  un  plateau  de 
centrage  automatique  par  serrage  simultané  des  coussinets,  ou  mieux  encore  un  man¬ 
drin  à  coussinets  coniques  dont  on  produit  le  serrage  et  le  desserrage,  sans  arrêter 
l’arbre,  à  Taide  d’une  tringle  creuse  manœuvrée  de  l’extrémité  de  l’arbre  opposée  au 
nez  (Brown  et  Sharpe,  Steinlen,  Warner  et  Swasey).  Pour  le  décolletage  sur  barre, 
on  ajoute  un  mécanisme  d’avance  automatique  de  la  barre,  qui  fonctionne  au  moment 
du  desserrage  des  coussinets;  le  mécanisme  le  plus  simple  consiste  en  un  poids  relié 
a  la  barre  par  une  corde  et  l’entraînant  jusqu’à  la  rencontre  d’une  butée,  qui  peut  être 
fixée  au  barillet. 

Les  outils  du  barillet  se  montent  ordinairement  sur  des  porte-outils,  sur  lesquels  ils 
ont  certains  moyens  de  réglage.  On  peut  n’avoir  qu’une  butée  pour  limiter  la  course 
du  chariot  porte-barillet  dans  chacune  des  opérations  de  décolletage;  mais  cela  oblige 
à  régler  avec  soin  la  saillie  des  outils;  il  est  préférable  d’adjoindre  à  chacun  de  ces 
derniers  une  butée  sur  le  barillet.  M.  Bariquand  emploie  des  butées  à  vis  graduées 
longitudinalement  et  circulairement,  comme  les  vis  de  palmers. 

On  peut  mettre  sur  le  barillet  des  filières  et  des  tarauds,  et  on  les  monte  avanta¬ 
geusement  sur  des  porte-outils  qui  se  déclanchent  automatiquement  et  deviennent  fous 
quand  ils  rencontrent  une  résistance,  butée  ou  épaulement  de  la  pièce  même.  Mais 
alors  on  est  obligé  d’adapter  au  tour,  pour  le  retrait  de  l’outil ,  un  système  de  change- 


MACHINES-OUTILS. 


51 


ment  de  marche,  qui  consiste  habituellement  dans  le  remplacement  du  cône  de  com¬ 
mande  par  trois  poulies,  dont  deux  fixes  et  une  folle,  avec  deux  courroies,  dont  une 
est  croisée. 

L’emploi  de  la  filière  d’une  seule  pièce  adaptée  au  barillet  exige  donc  une  disposi¬ 
tion  spéciale  de  commande;  de  plus,  elle  est  parfois  insuffisante,  notamment  pour  des 
filets  de  forte  dimension,  ou  pour  un  taraudage  conique,  ou  quand  la  profondeur  de 
l’intervalle  entre  les  filets  doit  être  uniforme  jusqu’à  leur  extrémité,  sans  que  celle-ci 
se  trouve  sur  une  partie  saillante.  MM.  Smith  et  Coventry  et  M.  Hulse  montent  sur  le 
chariot,  en  dehors  du  barillet  ,  un  porte-filière  à  peignes  mobiles  représentant  un  man¬ 
drin  universel  à  serrage  ou  desserrage  simultané  des  peignes;  pour  le  taraudage,  on 
amène  le  porte-filière  suivant  l’axe  du  tour;  le  desserrage  des  peignes  après  le  ta¬ 
raudage  permet  de  reculer  le  chariot  à  la  main;  on  peut,  avec  ce  genre  de  filière,  faire 
le  taraudage  en  plusieurs  passes,  en  rapprochant  les  peignes  de  plus  en  plus.  Mais  le 
procédé  le  plus  employé  consiste  à  munir  les  tours  de  barres  de  filetage  avec  outil 
simple  ou  en  forme  de  peigne,  prenant  appui  par  un  secteur  d’écrou  sur  une  vis-mère 
concentrique  à  l’arbre;  la  vis  est  en  acier,  souvent  trempé;  l’écrou  est  ordinairement 
en  bronze.  M.  Huré  fait  ce  dernier  en  régule  d’antimoine,  qu’il  coule  sur  la  vis  même; 
le  régule,  paraît- il,  s’use  sans  cesser  de  conserver  la  forme  exacte  de  l’empreinte 
des  filets.  On  donne  du  fer  à  l’outil  à  chaque  passe  de  filetage;  à  cet  effet,  on  le  dis¬ 
pose  sur  un  petit  chariot  que  l’on  avance  à  l’aide  d’une  vis  ou  d’un  excentrique  adapté 
au  levier  de  manœuvre  de  la  barre.  Quand  la  barre  est  assez  lourde,  on  lui  adjoint 
un  poids  ou  un  ressort  qui  la  ramène  de  lui-même  à  sa  position  initiale  après  chaque 
passe. 

L’usage  d’une  barre  de  filetage  permet  de  faire  des  filetages  coniques,  tout  en  uti¬ 
lisant  une  vis-mère  cylindrique.  On  fait  appuyer  le  levier  porte-outil  sur  une  règle 
inclinée  par  une  touche  comprise  avec  l’outil  dans  un  plan  normal  à  l’axe  du  tour;  on 
compte  ordinairement  sur  l’élasticité  des  diverses  parties  de  la  barre  pour  obtenir  la 
forme  conique  sans  autre  expédient;  M.  Bariquancl  réunit  le  levier  à  la  barre  par  un 
ressort  sufïisant  pour  assurer  l’appui  sur  la  vis-mère ,  mais  cédant  assez  pour  que  l’ap¬ 
pui  sur  la  règle-guide  ait  lieu  sans  un  effort  trop  grand  de  la  main. 

On  complète  les  tours  en  mettant  un  harnais  d’engrenages  sur  la  poupée,  en  don¬ 
nant  au  chariot  porte-barillet  un  mouvement  d’avance  automatique  commandé ,  comme 
dans  les  tours  ordinaires,  par  vis  sans  fin  et  crémaillère  et  muni  d’un  retour  rapide  à  la 
main,  en  superposant  au  chariot  inférieur  un  chariot  transversal  qui  donne  la  possibi¬ 
lité  de  déplacer  le  barillet  normalement  à  l’axe  du  tour;  ce  deuxième  chariot  permet  la 
suppression  du  support  spécial  pour  saigner  et  profiler,  et  l’utilisation  d’un  plus  grand 
nombre  d’outils  pour  la  confection  des  gorges,  épaulements,  profils;  mais  il  est  néces¬ 
saire  de  lui  adjoindre  une  butée  cpii  corresponde  à  la  position  des  porte-outils  de  dé¬ 
colletage  dans,  le  prolongement  de  l’axe  du  tour.  Au  lieu  de  placer  le  barillet  directe¬ 
ment  sur  ce  deuxième  chariot,  M.  Bariquand  et  MM.  Smith  et  Coventry  interposent  un 


52 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


plateau  pivotant  et  deux  chariots  rectangulaires ,  au  moyen  desquels  on  peut  donner  aux 
outils  tout  degré  d’inclinaison  dans  un  plan  horizontal  et  tourner  conique.  La  rotation 
du  harillet  pour  le  changement  d’outil  est  alors  produite  a  la  main,  ainsi  que  la  ma¬ 
nœuvre  du  verrou  d’arrêt,  lequel  est  adapté  à  un  petit  levier  et  rappelé  vers  le  barillet 
par  un  ressort. 

Gomme  exemple  de  tour  complet,  nous  décrirons  sommairement  un  tour  de  M.  Ba- 
riquand.  Ce  tour  possède  :  une  poupée  à  arbre  percé  au  diamètre  de  o m.  oôo  avec  com¬ 
mande  par  cône  et  harnais  à  double  engrenage  (l’embrayage  du  harnais  se  fait,  sans  arrê¬ 
ter  Tarbre ,  par  rotation  excentrique  de  l’arbre  auxiliaire  et  par  un  léger  déplacement  du 
cône,  dont  le  moyeu  engrène,  pour  la  marche  a  la  volée,  par  six  nervures  dans  des  en¬ 
tailles  de  la  roue  voisine);  un  équipage  de  roues  pour  la  commande  du  chariot,  avec 
mécanisme  de  changement  de  marche  et  d’arrêt;  un  chariot  longitudinal  a  conduite 
automatique  par  crémaillère  et  a  manœuvre  rapide  à  la  main  rendue  possible  par  le 
desserrage  de  la  friction  qui  relie  l’axe  du  pignon  de  la  crémaillère  à  la  roue  de  vis 
sans  lin  qui  le  commande  ;  sur  le  chariot  longitudinal ,  un  chariot  transversal ,  un  pla¬ 
teau  pivotant  gradué  et  deux  chariots  rectangulaires  supportant  le  barillet,  les  trois 
chariots  se  manœuvrant  à  la  main  par  vis  avec  écrou,  le  plateau  pivotant  par  vis  sans 
fin  et  roue  ;  un  barillet  à  axe  de  rotation  vertical  avec  six  porte-outils  engagés  dans  des 
douilles  trempées,  six  butées  micrométriques,  verrou  diviseur  à  levier;  une  barre  de 
filetage  avec  écrou  en  bronze  portant  sur  une  vis-mère  en  acier  trempé,  ressort  rap¬ 
pelant  la  barre  à  sa  position  initiale  après  chaque  passe  de  filetage ,  support  d’outil  à 
chariot ,  pour  donner  le  fer,  réuni  à  la  barre  avec  intermédiaire  d’un  ressort  qui  permet 
une  légère  rotation  du  support  sur  l’axe  de  la  barre  pour  le  filetage  conique;  une 
règle-guide  à  inclinaison  variable,  sur  laquelle  on  appuie  le  levier  de  manœuvre  de  la 
barre  pendant  le  filetage;  enfin,  sur  le  banc  et  près  de  la  poupée,  un  support  de  cha¬ 
riot  transversal  à  deux  outils  opposés  pour  le  saignage  des  barres  et  autres  travaux  que 
les  outils  du  barillet,  trop  éloignés,  ne  peuvent  faire  commodément.  Une  butée  et  une 
goupille  mobiles  repèrent  les  positions  des  chariots  transversaux  et  du  plateau  pivotant, 
pour  les  cas  où  l’on  doit  mettre  les  porte-outils  du  barillet  dans  le  prolongement  de 
l’axe  du  tour.  La  bride  de  la  vis  du  chariot  qui  repose  sur  le  plateau  pivotant  peut 
être  soulevée,  de  manière  a  rendre  le  chariot  libre;  d’autre  part,  le  même  chariot 
possède  un  mécanisme  de  manœuvre  par  crémaillère  et  manivelle;  ces  dispositions 
servent  dans  le  cas  où  l’ont  veut  tarauder  avec  un  taraud  ou  une  fdière  monté  sur  le 
barillet. 

MM.  Smith  et  Cov.entry  exposent  deux  modèles  de  tours  qui  offrent  quelques  parti¬ 
cularités  intéressantes.  Dans  l’un,  représenté  par  deux  tours  de  puissances  différentes, 
l’arbre  principal  est  prolongé  du  côté  du  nez  par  un  manchon  de  fort  diamètre  supporté 
en  lunette  a  son  extrémité,  dégagé  de  manière  à  permettre  le  montage  de  pièces  très 
diverses;  au  moyen  d’un  levier  à  excentrique,  on  peut  prendre  appui  sur  le  manchon 
pour  bloquer  l’arbre  pendant  le  montage.  L’un  des  tours  est  muni  d’un  mandrin  a  ser- 


MACHfNES-OUTILS. 


53 


rage  simultané  des  coussinets.  Le  barillet  est  monté  sur  un  système  de  deux  chariots; 
le  chariot  inférieur  peut  être  mené  automatiquement  par  une  vis  avec  secteur  d’écrou 
débrayable,  recevant  sa  commande  de  l’arbre  principal  par  cônes  et  courroie;  une  cré¬ 
maillère  et  une  manivelle  à  croisillon  servent  également  à  le  conduire  à  la  main.  Une 
filière  d’un  modèle  spécial  peut  venir  se  placer  suivant  l’axe  de  l’arbre  par  rabattement 
a  charnière  ou,  pour  le  plus  fort  modèle,  par  déplacement  sur  la  glissière  du  chariot 
transversal;  elle  est  constituée  par  trois  peignes  disposés  comme  les  coussinets  d’un  man¬ 
drin  a  serrage  simultané,  de  manière  que  les  dents  correspondantes  des  peignes  se 
trouvent  sur  le  même  filet;  le  rapprochement  des  peignes  se  fait  instantanément  par 
l’action  d’un  levier  ou  d’un  pignon  engrenant  avec  un  secteur  denté,  il  est  limité  par 
la  rencontre  d’une  butée  réglable;  le  mouvement  inverse  desserre  les  peignes,  le  tarau- 
dage  terminé,  et  permet  le  retrait  du  chariot  inférieur.  Le  tour  comporte  encore  une 
contre-pointe,  dont  on  peut  faire  usage  pour  soutenir  la  pièce  ou  la  barre,  pendant  que 
les  outils  du  barillet  travaillent  latéralement;  la  machine  représente  alors  un  véritable 
tour  ordinaire  à  outils  multiples. 

Le  deuxième  modèle  est  principalement  destiné  au  décolletage  du  cuivre.  Il  com¬ 
prend  une  poupée  avec  harnais  d’engrenages ,  un  système  de  chariots  et  une  barre  a 
fileter  avec  guide,  semblables  à  ceux  du  tour  de  M.  Bariquand  que  nous  avons  décrit; 
seulement  le  chariot  longitudinal  inférieur  n’a  pas  de  mouvement  automatique;  il  a,  au 
contraire,  en  plus  de  la  conduite  par  crémaillère,  un  mouvement  à  la  main  excessi¬ 
vement  rapide  produit  par  l’emploi  d’une  chaîne  Galle  fixée  au  chariot  et  manœuvrée 
à  l’aide  d’un  pignon  ;  le  petit  chariot  de  l’outil  à  fileter  est  également  susceptible  d’ün 
rapprochement  et  d’un  éloignement  très  rapides  obtenus  à  l’aide  d’un  excentrique.  La 
vis-mère  n’est  pas  sur  l’arbre  principal ,  mais  sur  un  axe  auxiliaire  relié  à  cet  arbre  par 
engrenages  et  pouvant  en  être  séparé  au  moyen  d’un  débrayage  à  excentrique.  Le  tour 
comporte,  de  plus,  une  contre-pointe,  qui  peut  se  mettre  sur  le  plateau  pivotant  à  la 
place  des  chariots  supérieurs  et  du  barillet,  et  un  support  de  chariot  à  deux  outils 
opposés  se  montant  directement  sur  le  banc,  la  contre-pointe  et  le  support  se  serrant 
rapidement  par  levier  à  excentrique;  avec  les  outils  du  support  et  un  outil  adapté  à  la 
contre-pointe,  on  peut,  grâce  â  la  faculté  de  cette  dernière  de  s’orienter  en  tous  sens 
sur  le  plateau  pivotant,  exécuter  des  travaux  très  variés  de  décolletage  sans  le  secours 
du  barillet. 

Nous  signalerons  chez  M.  Huré  deux  dispositifs  pour  la  manœuvre  du  barillet.  Le 
barillet  à  six  porte-outils  de  ses  tours  à  revolver  proprement  dits  est  traversé  par  un 
axe  central  terminé  inférieurement  par  une  embase  et  percé  dans  le  haut  d’une  mor¬ 
taise;  dans  celle-ci  s’engage  une  partie  excentrée  de  la  tige  d’une  poignée  horizontale 
adaptée  à  un  chapeau  qui  peut  tourner  sur  le  barillet;  en  tournant  légèrement  la  poi¬ 
gnée  sur  son  axe,  on  bride  le  barillet  entre  l’excentrique,  qui  presse  sur  lui  par  l’inter¬ 
médiaire  du  chapeau,  et  l’embase,  qui  prend  appui  contre  le  chariot  supérieur;  par  le  mou¬ 
vement  inverse,  on  desserre  le  barillet.  L’embase  présente  sur  son  pourtour  une  portion 


54 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


de  came  et  un  évidement  circulaire  ;  si  l’on  fait  tourner  l’axe  central  et  le  chapeau  dans 
le  sens  convenable  au  moyen  de  la  poignée  horizontale,  jusqu’à  faire  buter  l’extrémité 
de  l’évidement  circulaire  contre  un  goujon  fixé  au  chariot,  la  came  dégage  un  verrou 
à  ressort,  qui  maintenait  le  barillet  dans  une  de  ses  positions  de  travail;  pendant  cette 
rotation  le  barillet  ne  bouge  pas,  mais  une  tige  verticale,  qui  traverse  librement  le 
chapeau,  glisse  sur  l’une  des  six  rampes  hélicoïdales  d’une  sorte  de  rochet  qui  surmonte 
le  barillet,  et  retombe  à  la  fin  en  s’arc-boutant  contre  l’épaulement  qui  termine  la  rampe; 
faisant  alors  tourner  la  poignée  en  sens  inverse,  on  entraîne  le  barillet,  grâce  à  l’appui 
de  la  tige  contre  l’épaulement  de  la  rampe ,  le  verrou  à  ressort  redescend  la  came  et 
tombe  dans  un  trou  du  barillet  ;  on  bride  enfin  ce  dernier,  en  tournant  sur  elle-même  la 
poignée  du  chapeau.  Ces  divers  mouvements  s’exécutent  d’une  façon  très  commode  et 
très  rapide. 

Dans  l’autre  modèle  de  M.  Huré,  le  barillet  est  remplacé  par  deux  plateaux  carrés 
montés  sur  un  axe  central,  entre  lesquels  on  fixe,  le  long  des  côtés,  quatre  outils  au 
moyen  de  vis  de  serrage  ;  chaque  position  du  système  est  assurée  par  un  verrou  adapté 
à  un  levier  à  ressort,  qui  pénètre  dans  une  entaille  d’un  des  côtés  du  plateau  infé¬ 
rieur. 

L’axe  central  est  terminé  inférieurement  par  une  embase  qui  s’appuie  sous  le  chariot 
supérieur,  et  en  haut  par  un  filetage  qui  reçoit  une  poignée  ;  une  tige  verticale  traverse 
librement  l’écrou  de  la  poignée  et  repose  sur  une  des  rampes  d’un  rochet  à  quatre 
dents  analogue  à  celui  du  modèle  précédent.  Pour  changer  d’outil,  il  faut  desserrer 
la  poignée  d’une  main,  jusqu’à  ce  que  la  tige  verticale  vienne  buter  contre  l’épaulement 
d’une  dent  du  rochet,  dégager  le  verrou  de  l’autre  main,  faire  tourner  les  plateaux  par 
un  mouvement  convenable  de  la  poignée,  qui  les  entraîne  par  l’intermédiaire  de  la  tige 
verticale  et  du  rochet,  laisser  tomber  le  verrou  dans  une  entaille  et  resserrer  la 
poignée. 

Ce  dernier  dispositif  est  appliqué  à  un  tour  construit  spécialement  en  vue  du  décol¬ 
letage  des  boulons.  M.  Huré  limite  à  huit  le  nombre  des  pas  usuels  à  produire,  qu’il 
échelonne  par  demi-millimètres;  il  fait  alors  le  fdetage  par  une  vis  avec  écrou  fendu, 
comme  dans  les  tours  ordinaires,  et  il  obtient  ses  huit  combinaisons  au  moyen  de 
quatre  engrenages,  sur  l’un  desquels  il  prend  le  mouvement  de  la  vis  par  des  em¬ 
brayages  à  manchons  dentés ,  et  qu’il  commande  par  l’un  ou  l’autre  de  deux  équipages 
de  roues  s’embrayant  sur  l’arbre  principal.  Il  pourrait  d’ailleurs  changer  les  roues  des 
équipages  de  manière  à  obtenir  d’autres  combinaisons. 

Enfin  quelques  constructeurs  montent  le  barillet  sur  un  axe  horizontal  et  disposent 
les  outils  soit  sur  la  tranche  (Prétot),  soit  sur  le  pourtour  du  barillet;  cette  dernière 
disposition  permet  d’amener  le  barillet  très  près  de  la  poupée  et  est  particulièrement 
commode  pour  des  décolletages  avec  profils. 

Machine  à  tronçonner  les  barres,  exposée  par  M.  Janssens.  —  Dans  cette  machine,  le 


MACHINES-OUTILS. 


55 


sectionnement  de  la  barre  est  fait  automatiquement  par  deux  outils  disposes  vis-à-vis 
l’un  de  l’autre  sur  deux  chariots  conduits  par  une  même  vis  à  deux  fdetages  inverses  ;  un 
débrayage  automatique  arrête  les  outils  dans  le  voisinage  de  Taxe  de  la  barre;  l’ouvrier 
doit  alors  achever  de  séparer  le  tronçon  par  un  léger  coup  de  marteau  et  donner 
l’avance  à  la  barre  pour  une  nouvelle  opération.  La  machine  comprend  un  banc  de  tour, 
portant  à  une  de  ses  extrémités  la  poupée  de  commande  à  arbre  creux  muni  d’un  man¬ 
drin  à  serrage  simultané  des  coussinets,  et  le  système  des  chariots  porte-outils  dont  le 
mouvement,  pris  sur  l’arbre  principal,  est  donné  par  cônes  et  courroie  à  une  vis  sans  fin 
débrayable  par  déclanchement  et  transmis  par  une  liaison  à  friction  de  la  roue  de  vis 
sans  fin  à  la  vis  à  filetages  inverses;  un  deuxième  mandrin,  déplaçable  sur  l’autre  partie 
du  banc  le  long  d’une  crémaillère  latérale,  sert  à  soutenir  la  barre. 

Machines  automatiques  à  faire  les  vis  à  métaux.  —  Deux  modèles  de  machines  sont  ex¬ 
posés  pour  la  fabrication  automatique  des  vis  à  métaux  :  l’un ,  d’origine  étrangère ,  per¬ 
fectionné  et  présenté  par  M.  Bariquand;  l’autre,  d’origine  américaine,  présenté  par 
M.  Legoux.  Ils  reposent  tous  deux  sur  l’emploi  de  cames  pour  la  production  des  divers 
mouvements  :  desserrage,  avance  et  serrage  de  la  barre,  décolletage  de  la  tige  et  de 
la  tête,  filetage,  sectionnement  de  la  barre.  Une  pompe  rotative  est  adjointe  à  chaque 
machine  et  verse  un  abondant  jet  d’huile  sur  les  outils. 

Les  machines  exposées  par  M.  Bariquand  comprennent,  montés  sur  le  banc  : 

i°  Une  poupée  de  tour  avec  arbre  traversé  suivant  sa  longueur  par  la  barre  et  por¬ 
tant  :  une  poulie  fixe,  accompagnée  d’une  poulie  folle,  pour  le  travail  des  outils  de 
tour;  deux  cônes  à  étages  commandés  chacun  par  une  courroie,  fous  sur  l’arbre,  mais 
pouvant  lui  être  reliés,  pour  le  filetage  ou  le  recul  de  la  filière,  par  l’intermédiaire 
d’un  manchon  denté,  claveté  sur  lui;  un  manchon  d’avance,  claveté  sur  l’arbre,  mais 
mobile  longitudinalement,  renfermant  deux  coussinets  destinés  à  venir  pincer  la  barre 
pour  la  porter  en  avant,  et  portant  les  pivots  de  deux  petits  leviers  qui  doivent  appuyer 
sur  les  coussinets  par  le  bout  de  vis  réglables  ;  un  manchon  fou  sur  l’arbre ,  ayant  une 
partie  conique  destinée  à  s’engager  sous  les  branches  libres  des  leviers  précédents  pour 
produire  la  pression  sur  les  coussinets  ;  à  l’avant  de  l’arbre ,  un  emprunt  de  serrage  à 
quatre  coussinets  et  quatre  leviers  semblables  à  ceux  des  manchons  d’avance,  mais 
tournés  inversement;  enfin,  derrière  l’emprunt,  un  manchon  avec  rainure  circulaire, 
destiné  à  produire  le  serrage  ou  le  desserrage  des  coussinets  de  l’emprunt,  suivant  que 
des  galets  portés  par  les  bouts  des  leviers  reposent  sur  son  cordon  saillant  ou  dans  sa 
rainure  ; 

2°  Un  chariot  servant  de  support  aux  outils  de  tour  et  à  la  filière,  susceptible  de  se 
déplacer  parallèlement  à  Taxe  de  l’arbre;  les  outils  sont  montés  chacun  à  l’extrémité 
d’un  bras  de  levier  dont  l’autre  bras  porte  sur  une  came,  et  l’outil  lui-même  est  fixé  à 
un  piston  logé  dans  une  douille  avec  interposition  d’un  ressort  à  boudin,  qui  puisse 
céder,  si  une  résistance  trop  considérable  se  produit  accidentellement;  la  filière  est 


56 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


adaptée  à  un  mandrin  qui  traverse  une  douille  fixe  parallèle  à  l’axe  de  l’arbre,  et  est 
rappelée  en  arrière  par  un  ressort;  un  bras  de  levier  relié  a  une  came  se  présente  vis- 
à-vis  de  l’extrémité  du  mandrin.  Le  chariot  porte  une  lunette  dans  laquelle  pénètre  et 
se  guide  la  barre  tout  près  du  point  où  elle  reçoit  l’action  des  outils  de  tour  ; 

3°  Deux  arbres  latéraux  parallèles  à  l’arbre  principal  et  portant  toutes  les  cames, 
qui  agissent  par  l’intermédiaire  de  leviers  sur  les  organes  correspondants  de  la  poupée 
ou  du  chariot,  savoir  :  la  came  qui  maintient  la  courroie  principale  sur  la  poulie  fixe 
pendant  les  opérations  de  tour  et  le  fait  passer  sur  la  poulie  folle  pendant  le  filetage  ; 
la  came  qui,  au  moment  du  filetage  et  du  dégagement  de  la  filière,  embraye  le  man¬ 
chon  denté  avec  l’un  ou  l’autre  des  cônes  et  le  maintient  débrayé  le  reste  du  temps  ;  la 
came  qui  ramène  en  arrière  le  manchon  d’avance  pour  prendre  une  longueur  de  barre 
convenable,  et  le  porte  en  avant  avec  la  barre;  la  came  qui  pousse  le  manchon  voisin 
sous  les  petits  leviers  du  manchon  précédent  et  produit  la  pression  des  coussinets  sur 
la  barre;  la  came  qui  déplace  le  manchon  voisin  du  mandrin  de  serrage  pour  des¬ 
serrer  la  barre  pendant  l’avance  et  la  resserrer  ensuite;  des  cames  actionnant  chacun 
des  outils  de  tour,  qui  sont  au  nombre  de  deux  dans  une  machine  destinée  aux-  petites 
vis,  l’un  à  profil  tournant  toute  la  longueur,  l’autre  faisant  le  profil  de  la  tête  et  sai¬ 
gnant  la  barre,  et  au  nombre  de  quatre  dans  une  deuxième  machine,  deux  servant  pour 
charioter  la  tête  et  la  tige,  les  deux  autres  pour'profiler  la  tête  et  saigner;  la  came  qui 
produit  le  déplacement  longitudinal  du  chariot  pour  faire  passer  les  outils  devant  les 
différents  points  de  la  vis;  enfin  la  came  qui  pousse  le  mandrin  de  la  filière  pour 
mettre  cette  dernière  en  prise. 

D’après  cette  énumération  des  organes  de  la  machine ,  on  comprend  facilement  leur 
jeu,  qui  se  produit  pour  chacun  d’eux  successivement  par  l’action  de  la  came  corres¬ 
pondante.  Nous  ajouterons  qu’une  dernière  came  actionne  une  griffe  quadrillée,  placée 
entre  le  mandrin  de  l’arbre  de  la  poupée  et  la  lunette  du  chariot ,  et  servant  à  produire 
l’avance  de  la  barre,  concurremment  avec  le  manchon  à  coussinets;  cette  griffe  agit 
seule  quand  la  barre,  devenant  trop  courte,  n’est  plus  en  prise  sous  le  manchon.  Quand, 
enfin,  le  bout  de  la  barre  se  présente  dans  le  mandrin  de  serrage,  un  doigt  logé  dans 
ce  mandrin,  qui  appuyait  sur  la  barre  sous  Faction  d’un  ressort,  tombe  dans  le  vide,  et, 
par  ce  mouvement,  fait  agir  un  levier  qui  manœuvre  la  corde  du  débrayage  du  renvoi 
et  fait  passer  la  courroie  de  ce  dernier  sur  la  poulie  folle. 

La  machine  présentée  par  M.  Legoux  n’est  autre  qu’un  tour  à  revolver  dont  la  ma¬ 
nœuvre  a  été  rendue  automatique  par  l’adjonction  de  cames  montées  sur  un  arbre 
situé  au-dessous  de  l’arbre  principal.  Les  deux  arbres  sont  commandés  par  des  courroies 
distinctes  venant  du  renvoi  :  l’arbre  principal  porte  une  poulie  fixe  entre  deux  poulies 
folles  et  peut  être  mû  par  l’une  ou  l’autre  de  deux  courroies  tournant  en  sens  inverses 
et  ayant  des  vitesses  différentes ,  l’une  correspondant  au  taraudage ,  l’autre  au  tournage 
et  au  détaraudage;  l’arbre  des  cames  est  actionné  par  une  vis  sans  fin,  dont  l’axe  peut 
recevoir  d’une  seule  courroie  et  de  deux  poulies  égales  deux  vitesses  qui  sont  dans  le 


MACHINES-OUTILS. 


57 


rapport  de  1  à  2  3 ,  la  vitesse  lente  correspondant  aux  périodes  de  travail  des  outils ,  la 
vitesse  accélérée  à  celles  de  changement  d’outil;  nous  reviendrons  plus  loin  sur  le  mé¬ 
canisme  au  moyen  duquel  on  obtient  les  variations  des  vitesses;  nous  dirons  seulement 
pour  l’instant  que  le  passage  de  l’une  à  l’autre  se  fait  parle  déplacement  de  la  courroie 
au  moyen  d’une  fourche. 

Les  diverses  parties  de  la  manœuvre  automatique  comprennent  l’avance  et  le  serrage 
de  la  barre,  le  décolletage  de  la  tête  et  de  la  tige,  le  taraudage  et  le  détaraudage,  le 
façonnage  du  dessus  de  la  tête  et  le  sectionnement  de  la  barre,  et  en  outre,  dans  l’in¬ 
tervalle  de  ces  opérations,  le  changement  des  outils  du  barillet  par  recul,  rotation  et 
report  en  avant  de  ce  dernier,  le  passage  de  l’arbre  des  cames  de  la  vitesse  lente  à  la 
vitesse  accélérée  pendant  ces  changements  d’outil  pour  éviter  les  pertes  de  temps, 
enfin  le  changement  du  sens  et  de  la  vitesse  de  rotation  de  l’arbre  principal  pour  le 
taraudage. 

L’avance  et  le  serrage  de  la  barre  s’obtiennent  au  moyen  de  deux  tubes  intérieurs 
l’un  à  l’autre  et  à  l’arbre  principal,  qu’ils  traversent  dans  toute  sa  longueur,  pinçant  la 
barre  par  une  de  leurs  extrémités  fendue  et  actionnés,  à  l’autre  extrémité,  par  des  man¬ 
chons  reliés  à  des  cames  ;  la  pression  constante  des  branches  élastiques  du  tube  intérieur 
sur  la  barre  suffit  à  faire  l’entraînement  pour  Tavance  ;  les  branches  du  deuxième  tube 
se  terminent  par  une  partie  extérieure  conique,  qui  est  appliquée,  pour  le  serrage, 
contre  un  cône  intérieur  de  l’arbre. 

Le  décolletage  de  la  tête  et  de  la  tige  a  lieu  en  deux  opérations,  l’une  d’ébauche, 
l’autre  de  finissage  ;  chaque  opération  emploie  un  porte-outil  du  barillet ,  chaque  porte- 
outil  ayant  deux  outils  en  retrait  l’un  par  rapport  à  l’autre.  La  filière,  qui  est  d’une 
seule  pièce,  est  également  adaptée  à  un  porte-outil  du  barillet.  Le  barillet  est  d’ail¬ 
leurs  disposé  d’une  façon  analogue  à  celle  des  tours  à  revolver  ordinaires;  les  mouve¬ 
ments  à  effectuer  pour  le  changement  d’outils  sont  les  mêmes;  c’est  pendant  qu’ils  se 
font  que  se  produit  l’accélération  de  l’arbre  des  cames.  Le  façonnage  de  la  tête  et  le 
sectionnement  de  la  barre  emploient  deux  outils  latéraux  montés  sur  de  petits  chariots , 
qu’un  ressort  tend  à  écarter  et  que  des  cames  rapprochent. 

Le  mécanisme  de  changement  de  vitesse  de  l’arbre  des  cames  est  constitué  de  la 
façon  suivante  :  des  deux  poulies  montées  sur  l’arbre  de  la  vis  sans  fin,  l’une  est  calée 
à  l’extrémité  de  l’arbre  et  l’actionne  directement  à  vitesse  accélérée,  quand  la  courroie 
est  placée  sur  elle  ;  l’autre ,  folle  sur  l’arbre ,  porte  excentriquement  un  pignon  satellite 
de  18  dents,  fou  sur  son  axe;  l’arbre  possède  en  outre  deux  roues  engrenant  toutes 
deux  avec  le  pignon,  l’une  de  2 A  dents,  calée  sur  lui,  l’autre  de  2  3  dents,  folle  et 
faisant  corps  avec  un  rocbet  entre  les  . dents  duquel  s’engage  un  cliquet  s’opposant  à 
sa  rotation  dans  le  sens  du  mouvement  des  poulies.  La  courroie  étant  sur  la  deuxième 
poulie,  le  pignon  satellite  ne  peut  que  tourner  autour  de  la  roue  à  23  dents  qui  est 
maintenue  fixe  par  le  cliquet;  mais  il  entraîne  la  roue  de  2 A  dents,  afin  de  pouvoir 
rester  lui-même  engagé  dans  les  deux  roues;  après  avoir  fait  le  tour  de  la  roue  de 


58 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


2  3  dents,  c’est-à-dire  après  un  tour  de  la  poulie,  il  a  fait  avancer  l’autre  roue  d’une 
dent  et  tourner  la  vis  de  la  quantité  correspondante.  Quand  la  courroie  est  sur  la  pre¬ 
mière  poulie,  la  roue  de  2 A  dents  entraîne  autour  d’elle  le  pignon,  qui  ne  pourrait 
tourner  sur  son  axe  sans  faire  en  même  temps  tourner  la  roue  du  rochet  contre  le  cli¬ 
quet;  mais  elle  l’entraîne  avec  une  vitesse  angulaire  moindre  que  la  sienne;  le  pignon, 
engagé  également  dans  la  roue  du  rochet,  est  obligé  de  faire  reculer  celle-ci,  ce  à  quoi 
le  cliquet  ne  s’oppose  pas. 


MACHINES-OUTILS. 


59 


CHAPITRE  III. 

MACHINES  À  PERCER  ET  À  ALÉSER. 


Dispositions  générales.  —  Machines  à  percer;  machines  radiales;  oulils  de  perçage; 
machine  à  centrer.  —  Machine  à  aléser;  outils  d’alésage. 

DISPOSITIONS  GÉNÉRALES. 

On  a  été  amené  à  donner  généralement  aux  arbres  des  machines  dusage  général 
dites  à  percer,  la  disposition  verticale ,  et  à  ceux  des  machines  dites  à  aléser ,  la  disposi¬ 
tion  horizontale.  La  raison  de  cette  différence  est  apparemment  pour  les  premières  une 
question  de  simplicité  de  montage  de  la  pièce  et  d’économie  de  temps,  pour  les  se¬ 
condes  une  question  de  précision  d’exécution.  On  considère  souvent  en  effet  que  le 
perçage  a  seulement  pour  objet  d’ouvrir  un  trou,  lequel  n’est  qu’un  dégagement  dont 
les  dimensions  ont  peu  d’importance ,  ou  qui  n’est  que  le  préliminaire  d’un  travail  ulté¬ 
rieur  de  mortaisage,  de  taraudage,  d’alésage,  etc.;  il  semble  qu’alors  il  suffise  de 
pointer  l’origine  de  Taxe  du  trou  et  d’y  engager  le  foret,  après  avoir  fixé  la  pièce  très 
sommairement  sur  la  table  de  la  machine,  ou  même  en  la  maintenant  simplement  entre 
les  mains  pour  l’empêcher  de  tourner;  la  disposition  verticale  pour  l’outil,  horizontale 
pour  la  table,  munie  au  besoin  d’un  chariot  et  d’un  système  d’élévation  et  de  rotation, 
se  prête  très  bien  à  ce  genre  d’opération.  Au  contraire,  l’alésage  étant  un  travail  de 
rectification  de  la  direction  et  du  diamètre  du  trou,  il  convient  de  fixer  la  pièce  et  de 
régler  sa  position ,  de  guider  l’outil  à  son  entrée  et  à  sa  sortie  à  l’aide  de  supports  ré¬ 
glables,  de  manière  que  les  axes  des  supports,  de  l’outil  et  du  trou  rectifié  coïncident; 
de  là  toute  une  installation  qui  conduit  à  placer  horizontalement  l’axe  commun. 

Le  nombre  des  machines  à  percer  exposées  est  assez  grand,  celui  des  machines  à 
aléser  est  très  faible.  Nous  savons  bien  qu’une  machine  à  percer  peut  être  employée 
pour  l’alésage,  et  que  l’inverse  peut  aussi  se  faire.  Cependant  nous  craignons  de  voir, 
dans  la  prédominance  des  machines  apercer  proprement  dites,  une  tendance  à  négliger 
la  précision  dans  le  travail  même  de  perçage;  car,  pour  obtenir  sûrement  cette  dernière, 
il  est  nécessaire  de  guider  le  foret,  et  les  machines  à  percer  que  nous  avons  eu  à  exa¬ 
miner  se  prêtent  difficilement  à  l’installation  de  supports  de  guidage;  on  ne  pourrait 
guère  en  établir  qu’en  les  adaptant  à  la  pièce  même ,  procédé  qui  convient  bien  à  des 
travaux  de  fabrication  courante,  mais  non  à  des  travaux  variés  comme  ceux  de  la  con¬ 
struction.  Or,  la  précision  nous  paraît  indispensable  dans  le  perçage  :  un  trou  bien 
percé  peut  souvent  être  laissé  tel  quel;  quant  aux  trous  qui  ont  besoin  d’être  très  nets 


60 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


et  très  exacts  comme  direction  et  comme  diamètre,  on  sait  quelles  difficultés  on  éprouve 
dans  leur  rectification,  si  leur  direction  première  est  défectueuse.  Nous  croyons  donc 
que  la  machine  à  percer  d’usage  général  peut  et  doit  être  améliorée,  pour  recevoir  des 
guides  commodes  à  employer  dans  les  principaux  cas  de  la  pratique. 

D’autre  part,  dans  les  machines  à  percer  comme  dans  les  machines  à  aléser,  le 
mouvement  de  rotation  est  généralement  donné  à  l’outil,  la  pièce  restant  fixe.  Nous 
admettons  volontiers  qu’il  est  plus  commode  de  faire  tourner  l’outil  que  la  pièce.  Il  est 
cependant  certain  que,  pour  assurer  la  direction  d’un  trou,  il  est  préférable  de  faire 
tourner  la  pièce;  en  effet,  si  un  foret,  tournant  dans  une  pièce  fixe,  même  étant  guidé 
à  l’entrée  du  trou,  s’engage  pour  une  raison  quelconque  dans  une  fausse  direction,  il 
tend  à  dévier  de  plus  en  plus  sous  l’action  de  la  composante  de  la  pression  qui  se  dé¬ 
veloppe  normalement  a  l’axe  de  rotation;  si,  au  contraire,  la  pièce  est  en  mouvement, 
le  foret,  même  ayant  une  mauvaise  direction,  ne  peut,  par  l’effet  de  cette  dernière, 
qu’agrandir  le  diamètre  de  son  trou;  il  est  ramené,  en  vertu  de  sa  rigidité,  vers  l’axe  de 
rotation  de  la  pièce.  Aussi  les  constructeurs  ont-ils  recours  au  tour,  quand  ils  ont  à 
percer  un  trou  d’une  certaine  longueur,  à  faire  un  trou  cylindrique  ou  conique  concen¬ 
trique  à  une  surface  cylindrique  extérieure.  Le  tour  est,  en  principe,  une  excellente  ma¬ 
chine  a  percer;  malheureusement,  ses  dispositions,  étudiées  pour  un  autre  genre  de 
travail ,  rendent  son  emploi  peu  économique  pour  le  perçage  ;  la  vitesse  de  rotation  de 
son  arbre  est  généralement  insuffisante;  sa  contre-pointe,  qui  pourrait  porter  le  foret, 
n’a  que  rarement  un  mouvement  d’avance  automatique  et  continu,  condition  importante 
pour  le  perçage,  et  le  foret  ne  peut  que  péniblement  se  centrer  en  se  montant  sur  le 
chariot. 

Le  tour,  convenablement  adapté,  est  pourtant  fréquemment  employé  pour  le  per¬ 
çage  dans  les  travaux  de  fabrication  courante;  dans  les  mêmes  genres  de  travaux,  on  se 
sert  aussi  de  machines  à  percer  spéciales,  dans  lesquelles  la  rotation  est  donnée  a  la 
pièce.  Pourquoi  le  même  procédé  ne  s’étendrait-il  pas  aux  machines  d’usage  général, 
quitte  à  être  limité  aux  pièces  dont  les  dimensions  ne  seraient  pas  de  nature  à  exagérer 
le  volume  des  machines? 

Nous  n’avons  rencontré  à  proprement  parler  que  deux  machines  a  percer  et  à  aléser 
d’usage  général  établies  sur  le  principe  du  tour;  l’une  est  le  tour  à  poulies  de  la  Société 
d’Albert,  dont  nous  avons  déjà  parlé;  l’autre  se  trouve  dans  l’exposition  de  MAI.  Brown 
et  Sharpe.  Celle-ci  comporte  un  plateau  circulaire  à  axe  vertical,  reposant  sur  une 
partie  fixe  du  bâti,  pouvant  porter  des  pièces  de  o  m.  90  de  diamètre  et  de  o  m.  36 
de  hauteur,  recevant  le  mouvement  de  rotation;  un  chariot  vertical,  portant  un  barillet 
à  quatre  outils,  à  descente  automatique  commandée  par  un  plateau  et  un  disque  de 
friction  qui  permettent  de  varier  la  vitesse  à  volonté  et  par  une  vis  sans  fin  débrayable  par 
levier  de  déclanchement,  à  remonte  également  automatique  sous  l’action  d’un  contre¬ 
poids  qui  l’entraîne  après  le  débrayage  de  la  vis  sans  fin;  une  lunette  adaptée  au  bâti, 
réglable  en  hauteur  et  recevant  des  bagues  mobiles  au  diamètre  de  chaque  outil.  Cette 


MACHINES-OUTILS, 


61 


machine  est  en  somme  un  tour  à  revolver,  dont  Taxe  de  l’arbre  principal  est  vertical  ; 
mais  il  présente  sur  les  tours  un  grand  avantage  au  point  de  vue  de  la  facilité  du  mon¬ 
tage  des  pièces. 


Le  tour  à  poulies  de  la  Société  d’Albert  est  plutôt  disposé  pour  l’alésage;  la  barre 
a  un  mouvement  d’avance  automatique  et  est  animée  d’un  mouvement  de  rotation,  de 
sorte  que  la  pièce  et  l’outil  tournent  en  sens  inverses  l’un  de  l’autre,  ce  qui  ne  peut 
qu’être  une  condition  favorable  a  un  bon  travail.  La  barre  d’alésage  est  guidée  dans 
une  bague  rapportée  sur  le  plateau  même  de  la  poupée. 

Après  avoir  signalé  les  exceptions  précédentes  au  principe  des  types  habituels  des 
machines  a  percer  et  à  aléser,  nous  allons  passer  rapidement  ces  derniers  en  revue. 


MACHINES  A  PERCER. 

La  machine  a  percer  est  une  de  celles  dont  Tüsage  est  le  plus  répandu  :  on  la  trouve 
jusque  chez  les  plus  humbles  artisans,  chez  le  maréchal  ferrant  de  village;  nous  l’avons 
rencontrée  dans  l’exposition  des  colonies,  où  elle  figurait  à  titre  de  spécimen  de  Tin- 


62 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


dustrie  primitive;  là,  Toutil  était  un  silex  monté  au  bout  dune  tige  en  bois  à  laquelle 
on  imprimait  un  mouvement  de  rotation  par  le  déroulement  d’une  ficelle.  Des  instru¬ 
ments  très  sommaires  sont  encore  employés  de  nos  jours,  et  trop  souvent  nous  voyons, 
même  dans  de  grands  ateliers,  des  ouvriers  manœuvrer  péniblement  un  archet  ou  un 
vilebrequin. 

Nous  n’insistons  sur  les  procédés  élémentaires  de  perçage  que  pour  réclamer  leur 
disparition  de  tout  atelier  où  l’on  dispose  de  la  moindre  force  motrice.  Il  ne  se  présente 
de  difficulté,  pour  l’application  du  perçage  mécanique,  que  dans  les  cas  où  l’on  a  affaire 
à  de  grosses  pièces  qu’il  ne  serait  ni  commode,  ni  économique  de  transporter  sous 
une  machine  :  c’est  alors  le  lieu  de  se  servir  de  machines  portatives  avec  transmissions 
appropriées. 

Les  machines  d’usage  général  sont,  comme  nous  l’avons  déjà  dit,  disposées  vertica¬ 
lement.  Dans  les  machines  actionnées  mécaniquement,  la  poupée  de  commande  est 
munie  d’un  cône  à  changement  de  vitesse;  dans  les  fortes  machines,  elle  possède  un 
harnais  à  simple  ou  à  double  engrenage.  L’avance  est  le  plus  souvent  donnée  au  porte- 
foret;  habituellement,  celui-ci  coulisse  sur  une  clavette  dans  une  douille  cylindrique 
qui  reçoit  le  mouvement  de  rotation;  cependant  M.  Steinlein  donne  la  rotation  au  porte- 
foret  et  l’avance  à  la  douille;  la  pièce  à  percer  est  disposée  sur  une  table  réglée  à  hau¬ 
teur  convenable.  Quelques  machines,  parmi  lesquelles  deux  à  3  forets,  l’une  de  M.  Go- 
tendorf,  l’autre,  d’un  type  ancien  des  manufactures  d’armes,  exposée  par  M.  Prétot, 
sont  à  porte -foret  fixe,  montés  comme  les  arbres  des  machines  à  fraiser,  et  à  table 
mobile  se  manœuvrant  à  la  main  ou  au  pied,  avec  ou  sans  emploi  d’un  contrepoids  et 
d’une  crémaillère,  suivant  la  valeur  plus  ou  moins  grande  du  poids  de  la  table.  Nous 
estimons  que,  au  moins  pour  les  machines  dans  lesquelles  l’avance  est  produite  à  la 
main,  la  mobilité  du  foret  est  préférable  à  celle  de  la  table,  car  la  masse  à  mouvoir 
est  moins  considérable  dans  le  premier  cas,  et  la  sensibilité,  qui  est  recherchée  pour 
l’emploi  de  petits  forets,  est  plus  grande;  on  équilibre  bien,  à  la  vérité,  le  poids  de  la 
table,  de  même  qu’on  équilibre  celui  du  porte-foret  mobile;  mais  il  est  à  remarquer 
que  la  sensibilité  est  alors  en  raison  inverse  du  frottement  produit  sur  l’axe  d’oscillation 
par  la  somme  du  poids  de  la  masse  à  équilibrer  et  du  contrepoids. 

La  manœuvre  à  la  main  du  porte-foret,  de  même  que  celle  de  la  table,  se  fait  ordi¬ 
nairement  par  action  directe  au  moyen  d’un  levier;  quelquefois  ce  levier  est  relié  à  une 
pédale,  qui  permet  d’employer  l’action  du  pied,  dans  le  cas  où  l’ouvrier  a  besoin  des 
deux  mains  pour  maintenir  la  pièce.  Dans  une  petite  machine  de  M.  Steinlein,  le  porte- 
foret  est  adapté  à  un  chariot  vertical  équilibré ,  qui  sert  à  diriger  le  mouvement  de  des¬ 
cente  et  évite  l’inconvénient  d’augmentation  du  porte-à-faux  du  foret  à  mesure  qu’il 
avance;  c’est  sur  le  chariot  qu’agit  le  levier  de  manœuvre;  mais  la  masse  à  mouvoir  est 
assez  grande,  et  la  sensibilité  est  par  suite  faible. 

Dans  les  machines  mues  à  bras,  le  porte-foret  est  relié  à  pivotement  à  une  vis  qui 
le  surmonte  et  qui  traverse  un  écrou  fixe;  on  agit  sur  cette  vis  directement  à  l’aide 


MACH1NES-0LT1LS. 


63 


d’une  manivelle,  ou  par  un  système  d’encliquetage  actionné  par  un  excentrique  monté 
sur  la  douille  du  porte-foret;  dans  les  deux  cas,  l’avance  est  donnée  par  à-coups  au 
foret,  qui  serait  obligé  de  pénétrer  brusquement  dans  le  métal,  si  l’élasticité  des  organes 
de  la  machine  n’absorbait  momentanément  la  pression;  il  suffit  de  signaler  le  moyen 
pour  en  mettre  en  évidence  le  côté  défectueux.  Ajoutons  que,  pour  relever  le  foret,  on 
n’a  qu’à  soulever  le  cliquet  et  agir  à  l’aide  d’une  manivelle  sur  l’arbre  latéral  qui  porte 
le  rochet  et  qui  commande  l’écrou  de  la  vis.  M.  Dard  rend  l’avance  continue,  mais  non 
uniforme,  en  se  servant  de  deux  cliquets  adaptés  à  l’opposé  l’un  de  l’autre  par  rapport 
à  l’axe  sur  un  levier  qui  reçoit  d’un  excentrique  un  mouvement  alternatif  de  rotation; 
les  cliquets  se  déplacent  en  sens  inverses,  de  sorte  que  l’un  cl’eux  pousse  pendant  que 
l’autre  revient  en  arrière.  M.  Dard  varie  l’amplitude  de  l’oscillation  du  levier  et  par 
suite  l’avance,  en  éloignant  plus  ou  moins  de  l’axe  du  levier  le  point  d’articulation  d’un 
troisième  bras  avec  la  douille  qui  constitue  la  bielle  d’excentrique. 

Dans  les  machines  commandées  mécaniquement,  la  descente  automatique  est  égale¬ 
ment  donnée  à  une  vis  ou  à  une  crémaillère  reliée  par  pivotement  au  porte-foret,  ou 
bien  à  une  crémaillère  adaptée  à  la  douille  du  porte-foret  dans  les  machines  à  douille 
mobile  de  M.  Steinlen;  elle  est  quelquefois  transmise,  comme  précédemment,  par  ex¬ 
centrique  et  par  encliquetage,  mais  plus  généralement  d’une  façon  continue.  La  com¬ 
mande,  prise  sur  l’arbre  de  la  poupée  ou  sur  la  douille  du  porte-foret,  admet  ordinai¬ 
rement  plusieurs  vitesses,  par  suite  de  l’introduction  des  cônes  à  étages;  M.  Sellcrs 
remplace  ces  derniers  par  deux  plateaux  de  friction  disposés  dans  un  meme  plan, 
respectivement  sur  deux  axes  parallèles;  un  système  de  deux  autres  plateaux  portés  par 
un  axe  mobile  encastre  les  portions  les  plus  rapprochées  des  précédents  et  transmet  la 
vitesse  d’un  axe  à  l’autre  avec  une  valeur  qui  dépend  de  sa  distance  à  chacun  d’eux.  Le 
ralentissement  de  vitesse  est  obtenu  par  l’interposition  d’une  ou  de  deux  vis  sans  fin, 
selon  que  le  dernier  élément  de  la  commande  est  une  vis  ou  une  crémaillère.  L’em¬ 
brayage  de  la  descente  automatique  se  fait  soit  par  le  déplacement  d’une  vis  sans  fin , 
soit  par  la  liaison  d’une  roue  de  vis  sans  fin  à  l’arbre  latéral  qui  porte  une  partie  des 
engrenages;  ce  même  arbre,  muni  d’une  manivelle,  sert  à  la  remonte  rapide  à  la 
main,  quand  le  débrayage  est  opéré.  L’emploi  de  la  crémaillère  pour  la  descente, 
combiné  avec  le  débrayage  d’une  vis  sans  fin,  permet  la  manœuvre  rapide  du  porte- 
foret  à  la  main  à  l’aide  d’un  levier  (Huré,  Hurtu  et  Hautin,  Janssens,  Saÿn);  le  porte- 
foret  est  toujours  équilibré  dans  ce  cas,  et  l’on  peut  rendre  sa  remonte  automatique 
sous  l’action  du  contrepoids;  il  est  d’ailleurs  souvent  aussi  équilibré  dans  les  machines 
qui  ne  sont  pas  munies  de  levier,  et  même  dans  des  machines  radiales  (Steinlen). 

M.  Sellers  a  gradué  le  volant  de  manœuvre  de  l’arbre  latéral,  pour  faciliter  la  re¬ 
mise  au  point  du  foret  après  un  débourrage  ;  il  est  à  désirer  que  ce  procédé  se  géné¬ 
ralise,  en  s’améliorant  au  besoin. 

Les  porte-forets  manœuvrés  à  la  main  sont  fréquemment  pourvus  d’une  bague  de 
butée,  qui  limite  la  profondeur  de  perçage  pour  les  trous  borgnes;  les  machines  à  des- 


64 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


conte  automatique  de  MM.  Hurtu  et  Hautin  sont  disposées  de  manière  cjue  le  débrayage 
de  l’avance  se  produise  à  temps  voulu,  par  la  rencontre  d’une  butée  avec  le  levier  de 
déclanchement  d’une  vis  sans  fin;  ces  machines,  qui  peuvent  percer  jusqu’à  o  m.  i4  de 
diamètre,  sont  particulièrement  commodes  pour  des  travaux  de  fabrication  courante. 

La  réunion  du  porte-foret  avec  la  vis  ou  la  crémaillère  de  commande  de  la  descente 
demande  à  être  faite  avec  beaucoup  de  soin ,  pour  éviter  ou  pour  compenser  la  produc¬ 
tion  d’usure  et  de  jeu  entre  les  deux  pièces;  elle  a  lieu  quelquefois  bout  à  bout,  par 
interposition  d’un  pivot  avec  grain  trempé ,  goupille  ou  bague  en  deux  parties  et  bou¬ 
chon  fileté  ;  d’autres  fois,  le  porte-foret  traverse  toute  la  longueur  de  lavis  ou  de  la  cré¬ 
maillère  et  est  arrêté  à  sa  partie  supérieure  par  une  butée  et  des  écrous.  Le  graissage 
des  tranches  de  contact  doit  toujours  être  parfaitement  assuré. 

La  table  des  petites  machines  à  percer  est  tantôt  une  équerre  mobile  le  long  d’une 
crémaillère  et  parfois  équilibrée  (Steinlen,  Schultz),  tantôt  un  simple  plateau  circu¬ 
laire  dont  la  tige  se  fixe  à  hauteur  convenable  par  une  vis  de  pression  ;  la  surface  est 
lisse  et  ne  sert  que  d’appui  à  la  pièce,  qui  doit  être  maintenue  à  la  main.  Les  machines 
plus  fortes  ont  un  support  mobile  le  long  d’une  vis  ou  d’une  crémaillère,  organisé  de 
façons  très  diverses  en  vue  de  permettre  l’orientation  facile  de  la  pièce  qui  est  alors 
généralement  fixée.  Certains  supports  pivotent  autour  du  bâti,  qui  est  en  forme  de  co¬ 
lonne  cylindrique,  en  entraînant  la  vis  ou  la  crémaillère  dans  leur  rotation;  la  table 
est  constituée  de  deux  parties  symétriques,  l’une  garnie  de  rainures  à  boulons  ou  munie 
d’un  plateau  circulaire,  l’autre  portant  un  étau.  D’autres  fois,  le  support  ne  peut 
que  monter  le  long  d’une  glissière  à  queue  d’aronde,  mais  il  est  surmonté  de  deux 
chariots  rectangulaires  et  souvent  d’un  plateau  pivotant;  ou  bien  il  possède  deux  tables 
mobiles  à  charnière  autour  de  deux  axes  latéraux  ou  autour  d’un  seul  axe ,  qui  est  la  vis 
même  d’élévation  dans  la  machine  de  M.  Sellers.  Enfin  la  semelle  du  bâti  peut,  elle- 
même,  constituer  un  plateau  (Janssens),  pour  recevoir  des  pièces  de  grande  hauteur,  à  la 
condition  qu’on  rabatte  sur  les  côtés  les  tables  du  support. 

Dans  la  machine  de  M.  Janssens,  le  support  peut  être  monté  mécaniquement,  à  l’aide 
d’une  commande  de  la  vis  prise  par  embrayage  à  friction  sur  une  poulie  tendeur  de  la 
courroie  motrice. 

M.  Steinlen  expose  une  forte  machine  à  percer  à  descente  automatique  à  quatre  fo¬ 
rets  disposés  autour  d’une  colonne  ;  chaque  élément  représente  une  machine  simple  du 
modèle  ordinaire  du  constructeur,  c’est-à-dire  à  douille  porte-foret  mobile  par  cré¬ 
maillère,  à  débrayage  automatique  d’une  vis  sans  fin  par  levier  de  déclanchement  sur 
lavis  et  butée  sur  la  douille;  la  commande  des  forets  et  de  l’avance  est  prise  sur  un 
arbre  central  par  engrenages  indépendants.  Les  supports  de  pièces  sont  adaptés  au 
pourtour  cylindrique  d’une  table  fixe;  ils  peuvent  être  immobilisés  à  l’aide  de  verrous  à 
ressort,  mais  ils  peuvent  aussi  coulisser  sur  le  pourtour  de  la  table  et  se  remplacer 
mutuellement.  La  machine  étant  essentiellement  destinée  à  la  fabrication  courante,  les 
supports  reçoivent  des  montages  appropriés  aux  opérations  à  exécuter. 


MACHINES-OUTILS. 


(>5 


Machines  radiales .  —  Les  machines  radiales  permettent  d’éloigner  le  foret  du  bâti  et 
de  le  faire  tourner  autour  de  ce  dernier,  de  manière  à  l’amener  facilement  en  un  point 
quelconque  d’une  pièce  sans  avoir  à  déplacer  celle-ci.  Dans  les  petits  modèles,  la  dis¬ 
lance  du  bras  à  la  table  est  quelquefois  invariable;  le  bras  vient  de  fonte  avec  une 
douille  qui  embrasse  la  colonne  du  bâti;  la  douille  est  fendue  à  ses  deux  extrémités  et 
porte  des  oreilles,  dont  le  rapprochement  fixe  la  position  du  bras  et  du  foret  dans  une 
orientation  déterminée.  Dans  les  autres  modèles,  le  bras  peut  en  outre  se  déplacer 
verticalement  le  long  d’une  glissière  en  queue  d’aronde  formée  soit  sur  une  douille 
semblable  à  la  précédente,  soit  sur  la  colonne  du  bâti  même;  dans  ce  dernier  cas,  le  pi¬ 
votement,  au  lieu  de  se  faire  sur  l’axe  de  la  colonne,  a  lieu  par  des  tourillons  main¬ 
tenus  par  des  chapeaux  de  serrage  sur  le  support  mobile  ,  et  le  bras  ne  peut  décrire 
qu’un  arc  d’au  plus  180  degrés.  La  manœuvre  de  montée  et  de  descente  du  support  se 
fait  le  long  d’une  vis,  soit  à  la  main  avec  un  cliquet  à  levier,  soit  automatiquement,  à 
l’aide  d’un  embrayage  spécial. 

Le  foret  est  disposé  sur  un  chariot  mobile  le  long  du  bras  ordinairement  à  la  main 
et  par  vis,  â  l’aide  d’ùne  manivelle  placée  à  l’extrémité  du  bras  ou,  mieux,  reportée  sur 
le  chariot  par  des  engrenages  intermédiaires,  de  façon  â  être  â  la  facile  disposition  de 
l’ouvrier.  Le  chariot  représente  d’ailleurs  une  tête  complète  de  machine  à  percer  ordi¬ 
naire,  dont  on  aurait  seulement  détaché  la  poupée  de  commande  et  la  table;  la  poupée 
rester  sur  le  bâti,  et  le  mouvement  de  rotation  est  communiqué  à  la  douille  du  porte- 
foret  au  moyen  d’engrenages,  l’une  des  roues  se  transportant  avec  le  chariot  le  long 
d’un  arbre  horizontal. 

Dans  une  puissante  radiale  de  MM.  Bouhey,  le  bras  peut  recevoir  un  mouvement  de 
rotation  autour  d’un  axe  horizontal  dirigé  suivant  sa  longueur;  ce  mouvement  est  pro¬ 
duit  par  une  commande  automatique  à  vis  sans  fin.  Le  porte-foret  repose  lui-même  sur 
le  chariot  par  l’intermédiaire  d’un  plateau  pivotant  à  axe  normal  aux  glissières  du  cha¬ 
riot;  le  foret  peut  ainsi  être  orienté  dans  une  direction  quelconque. 

La  table  des  machines  radiales  est  souvent  formée  par  la  semelle  plus  ou  moins 
élevée  qui  supporte  le  bâti;  elle  est  simplement  munie  de  rainures  â  boulons  pour  la 
fixation  des  pièces.  Quelquefois  elle  est  indépendante  du  bâti. 

MM.  Ssiith  et  Govextry  exposent  une  machine  radiale  disposée  pour  pouvoir  égale¬ 
ment  tarauder.  La  poupée  de  commande  possède,  au  lieu  d’un  cône  à  étages,  un  jeu  de 
deux  poulies  fixes  et  d’une  poulie  folle  avec  deux  courroies,  dont  l’une  croisée,  pour  pro¬ 
duire  le  changement  du  sens  de  la  marche.  Un  porte-taraud  spécial,  adapté  â  la  place 
du  foret,  permet  de  limiter  exactement  la  profondeur  du  taraudage;  il  est  essentielle¬ 
ment  formé  de  deux  plateaux  montés  sur  le  même  axe,  engrenant  ensemble  par  leurs 
tranches  voisines  au  moyen  d’espèces  de  larges  dents,  dont  les  flancs  ont  une  inclinaison 
convenable;  le  plateau  inférieur  porte  le  taraud  et  est  fou  sur  l’axe;  le  plateau  supér- 
rieur  est  relié  â  l’axe  par  l’intermédiaire  d’un  ressort  en  hélice,  qui  a  ainsi  pour  fonc¬ 
tion  de  maintenir  l’engrènement  des  plateaux  jusqu’à  concurrence  d’une  résistance  dont 
Grocpk  vi.  —  îv.  r> 


IM  PMMEME 


66 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


la  valeur  dépend  de  sa  tension,  qui  est  réglable  par  des  écrous  de  serrage,  et  de  l’in¬ 
clinaison  des  lianes  des  dents.  Le  taraud  rencontrant  une  butée  ou  le  fond  d’un  trou  et 

ne  pouvant  plus  avancer,  le  plateau  supérieur  se 
soulève  par  glissement  sur  les  lianes  des  dents 
et  continue  de  tourner  seul,  ses  dents  retom¬ 
bant  alternativement  dans  les  entailles  du  plateau 
inférieur  et  s’en  séparant  ;  l’ouvrier,  prévenu  de 
la  lin  de  l’opération  par  le  battement  des  pla¬ 
teaux,  n’a  qu’à  renverser  le  sens  de  la  marche. 


Appareil  à  tarauder  de  MM.  Smith  et,  Covenlry. 


Outils  de  perçage.  —  Nous  n’avons  pas  re¬ 
marqué  de  formes  nouvelles  de  forets.  Le  foret 
dit  américain ,  à  deux  cannelures  en  hélice,  pa¬ 
raît  être  jusqu’à  présent  le  dernier  mot  des  ou¬ 
tils  de  perçage  :  on  peut  en  effet  donner  à  son 
tranchant  un  angle  très  voisin  de  la  valeur  théo¬ 
rique;  sa  forme  cylindrique  le  maintient  parfai¬ 
tement  dans  son  trou  et  assure  la  direction  du 
perçage;  les  copeaux  se  dégagent  facilement  dans 
les  cannelures  en  hélice,  et  Ton  peut  percer  un 
trou  très  long  sans  être  obligé  de  débourrer.  Ces 
propriétés,  que  les  autres  espèces  de  forets  ne 
possèdent  pas  au  même  degré  ,  assurent  au  foret  américain  une  supériorité  incontes¬ 
table  au  point  de  vue  de  la  production  et  de  la  dépense  de  force  motrice.  Il  serait  cepen¬ 
dant  téméraire  d’affirmer  que  cette  forme  d’outil  est  la  plus  capable  de  produire  le  plus 
de  travail,  c’est-à-dire  de  débiter  le  plus  de  copeaux,  ou  plutôt  d’avancer  le  plus  vite 
dans  le  perçage  :  ce  qui  peut  être  vrai ,  quand  on  travaille  à  sec ,  ne  Test  plus  forcé¬ 
ment  quand  on  emploie  un  lubrifiant;  la  forme  la  plus  convenable  devient  alors  celle 
qui  permet  d’amener  le  plus  facilement  le  lubrifiant  au  contact  du  tranchant,  et  sur¬ 
tout  de  l’y  amener  sous  pression.  Nous  savons  qu’on  a  pu  accroître  considérablement 
la  vitesse  habituelle  de  perçage  en  se  servant  d’un  foret  mi-rond,  appelé  quelquefois 
foret  à  canons,  le  long  duquel  est  disposé  un  tube  injectant  de  Teau  de  savon  à  une 
pression  de  12  à  i5  atmosphères;  le  tranchant  du  foret  est  divisé  par  une  petite  rai¬ 
nure  qui  brise  le  copeau,  et,  le  foret  étant  disposé  horizontalement,  le  copeau  est 
entraîné  facilement  hors  du  trou  par  la  vitesse  d’écoulement  de  Teau.  Le  foret  russe, 
laissant  une  âme  pleine  au  milieu  des  trous  de  diamètre  suffisant,  se  prête  aussi  à 
l’emploi  d’un  lubrifiant  sous  pression.  Sans  nier  que  le  foret  américain  puisse  être 
[ubrifié  de  la  même  façon,  nous  constatons  seulement  que  sa  forme  est  un  obstacle 
sérieux  à  l’introduction  d’un  liquide  jusqu’au  fond  du  trou. 

Nous  pensons  que  les  considérations  précédentes  sont  assez  sérieuses  pour  être  ca- 


MACHINES-OUTILS. 


f>7 


pables  d’entraîner  non  seulement  la  modification  de  la  forme  des  forets,  mais  encore 
celle  de  la  disposition  des  machines  à  percer,  qu’il  vaudrait  mieux  rendre  horizontales; 
les  machines  se  rapprocheraient  alors  des  tours  dans  le  cas  où  l’on  peut  faire  tourner 
la  pièce,  et  des  machines  à  aléser  proprement  dites  dans  le  cas  contraire. 

De  même  qu’on  s’est  préoccupé  d’accélérer  le  montage  des  pièces  sur  le  tour  par  l’em¬ 
ploi  de  plateaux  et  de  mandrins  à  centrage  rapide,  de  même  on  a  cherché  à  abréger 
la  construction  et  la  mise  en  place  des  forets  au  moyen  de  mandrins  analogues. 

La  Morse  Twist  drill  C°  expose  une  belle  collection  de  forets  américains  et  de  man¬ 
drins  universels.  Nous  ne  nous  attacherons  pas  à  décrire  les  diverses  formes  de  ces 
mandrins;  nous  dirons  seulement  qu’ils  reposent,  pour  l’économie  de  construction  des 
forets,  sur  la  forme  cylindrique  de  la  tige  de  ces  derniers,  et  que,  dans  les  meilleurs 
modèles,  le  serrage  se  fait  par  le  rapprochement  de  griffes  ou  de  coussinets  glissant  le 
long  de  surfaces  coniques;  les  mandrins  eux-mêmes  se  terminent  par  une  tige  conique, 
qui  s’engage  dans  l’arbre  de  la  machine. 

Certes,  nous  n’avons  pas  l’intention  de  blâmer  l’usage  des  mandrins  universels. 
Nous  ferons  remarquer  toutefois  qu’ils  ont  pour  effet  d’interposer  entre  l’arbre  de  la 
machine  et  le  foret  une  série  d’emmanchements  concentriques,  desquels  il  est  bien  dif¬ 
ficile  d’attendre  un  degré  de  précision  absolu.  Nous  estimons  que  la  préférence  doit 
être  accordée  à  ceux  qui  ont  le  moindre  nombre  d’emmanchements  et,  en  particulier,  a 
ceux ,  de  modèle  ancien ,  dont  les  coussinets  prennent  directement  appui  sur  l’évidement 
conique  même  de  l’arbre.  Enfin  nous  sommes  de  l’avis  des  constructeurs  qui  renoncent 
a  l’emploi  de  mandrins  universels  au  delà  d’un  certain  diamètre  de  foret,  par  exemple 
o  m.  o 6  à  o  m.  08,  et  qui  fixent  directement  ce  dernier  sur  l’arbre  au  moyen  d’une 
queue  conique  rectifiée  au  cône  de  l’évidement  intérieur. 

Machine  à  centrer.  —  Avant  de  quitter  les  machines  à  percer,  citons  une  petite  ma¬ 
chine  de  M.  Hure,  qui  permet  de  pointer,  d’une  façon  suffisamment  précise  dans  beau¬ 
coup  de  cas,  Taxe  d’un  barreau  cylindrique.  La  machine  comprend  deux  paires  de 
mords  en  Y,  les  V  de  chaque  paire  se  faisant  face  par  leur  partie  concave  et  se  rappro¬ 
chant  simultanément  par  l’action  d’une  vis  à  filetages  inverses.  Le  barreau  étant  serré 
entre  les  V,  on  pousse  à  l’aide  d’un  levier  un  pointeau  animé  d’un  mouvement  de  rota¬ 
tion,  qui  trace  sur  la  tranche  un  trou  de  centre  conicpie. 

MACHINES  À  ALÉSER. 

Nous  avons  déjà  dit  que  les  machines  à  percer  verticales  pouvaient  être  employées 
pour  l’alésage.  Gela  ne  fait  aucune  difficulté  pour  des  trous  de  peu  de  longueur,  n’exi¬ 
geant  que  des  alésoirs  courts;  car  il  n’est  pas  alors  nécessaire  de  guider  l’alésoir  du 
côté  de  sa  sortie  du  trou.  Certains  constructeurs  donnent  en  outre  la  facilité  de 
guider  Talésoir  à  la  sortie,  en  rapportant  une  bague  sur  le  plateau  de  la  tabffi,  soit 


5. 


68 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


que  Taxe  de  ce  plateau  soit  invariablement  fixé  sur  le  prolongement  de  celui  de  l’arbre 
porte-foret,  soit  qu’il  puisse  y  être  amené  par  un  réglage  préalable.  Enfin  la  machine 
à  percer  convient  encore  quand  on  monte  la  pièce  sur  un  appareil  qui  porte  lui-même 
les  guides  de  Talésoir. 

Pour  des  travaux  variés ,  la  disposition  horizontale  est  plus  commode,  en  ce  quelle 
permet  de  supporter  la  pièce  sur  un  banc  de  grande  longueur  et  de  monter  sur  ce 
banc  des  lunettes  destinées  a  guider  la  barre  d’alésage.  Les  tours  sont  fréquemment 
organisés  pour  aléser  les  pièces  après  ou  pendant  le  tournage;  la  barre  d’alésage  est 
montée  sur  la  contre-pointe ,  qui  reçoit  un  mouvement  d’avance  automatique  ;  elle  est 
guidée  dans  le  trou  central  du  plateau  et  passe  à  travers  l’arbre  percé  à  cet  effet;  elle 
peut  encore,  au  besoin,  être  supportée  par  des  lunettes  placées  sur  le  banc  ou  sur  le 
chariot.  Nous  rappellerons  ici  le  tour  a  tourner  et  aléser  les  poulies,  de  la  Société 
d’Albert.  Mais  pour  les  pièces  qui  ne  peuvent  être  montées  sur  le  tour  ou  qu’il  n’v  a 
pas  intérêt  à  y  monter,  on  doit  recourir  à  des  machines  spéciales. 

On  peut  distinguer  deux  types  de  machines  à  aléser,  selon  que  l’avance  est  donnée 
à  la  barre  d’alésage  ou  à  la  pièce. 

La  Société  alsacienne  nous  offre  deux  modèles  du  type  avec  barre  d’alésage  mobile. 
Le  plus  simple,  spécial  pour  coussinets  de  boîtes  à  graisse  de  wagons  et  de  locomo¬ 
tives,  paliers  de  transmission,  etc.,  se  compose  d’un  banc  de  tour  sur  lequel  la  pièce 
se  fixe  directement  entre  deux  lunettes  à  douilles-guides  échangeables,  d’une  poupée 
avec  cône  de  commande  sur  un  arbre  latéral,  harnais  à  simple  engrenage,  arbre 
porte-barre  et  série  de  roues  fixes  et  auxiliaires  qui,  prenant  le  mouvement  sur  ce  der¬ 
nier  arbre,  le  transmettent  à  une  vis  qui  prolonge  la  barre  et  produit  son  avance  auto¬ 
matique.  Le  rappel  de  la  barre  se  fait  à  la  main,  en  agissant  sur  un  des  axes  de  la  série 
de  roues. 

Le  deuxième  modèle,  d’usage  général,  présente  une  table  basse,  avec  deux  rainures 
à  boulons,  sur  laquelle  sont  disposés  le  support  de  la  pièce,  deux  lunettes  et  le  sup¬ 
port  fixe  de  la  barre.  Le  support  de  la  pièce  peut  être  déplacé  à  l’aide  d’un  cliquet  à 
levier  le  long  d’une  crémaillère  venue  de  fonte  avec  la  table  ;  il  porte  un  chariot  trans¬ 
versal,  manœuvrable  a  la  main,  au  moyen  duquel  on  règle  la  position  de  la  pièce.  Le 
montant  de  chaque  lunette  est  en  deux  parties  superposées,  la  supérieure  coulissant 
sur  l’inférieure  normalement  a  Taxe  de  la  barre;  la  boîte-guide  coulisse  également 
sur  la  partie  supérieure  dans  le  sens  vertical,  le  long  d’une  vis.  Le  support  de  la  barre 
est  réglable  en  hauteur,  le  long  d’un  montant  fixe,  au  haut  duquel  est  la  poupée  de 
commande  munie  d’un  harnais  à  double  engrenage  ;  la  rotation  est  transmise  à  Tarbre 
porte-barre  par  des  engrenages  et  un  arbre  vertical;  la  commande  de  l’avance,  prise 
sur  ce  dernier  par  un  cône  à  étages,  est  transportée  à  une  vis  qui  prolonge  la  barre; 
l’arrêt  de  l’avance  a  lieu  par  débrayage  d’une  roue  de  vis  sans  fin  interposée  dans  la 
commande,  et  le  retour  se  fait  à  la  main  en  agissant  sur  Taxe  de  cette  roue. 

Dans  ces  deux  machines,  le  porte-barre  est  formé  de  deux  éléments,  dont  l’un  fait 


MACHINES-OUTILS. 


69 


partie  de  la  machine  et  dont  l’autre,  mobile,  s’engage  par  son  extrémité  dans  le  précé¬ 
dent  et  constitue  le  porte-lame;  les  deux  éléments  sont  assemblés  à  mortaise  ét  clavette. 

M.  Steinlen  expose  une  machine  de  fabrication  courante,  rentrant  dans  ce  premier 
type;  elle  est  principalement  destinée  à  l’alésage  de  la  chambre  des  canons  de  fusils. 
La  machine  comprend  une  poupée  simple  avec  poulies  de  commande,  dans  laquelle  le 
canon  se  centre  par  un  mandrin  a  coussinets,  et  un  support  à  huit  broches  d’alésage 
parallèles,  disposées  autour  de  l’axe  cl’une  sorte  de  tambour  susceptible  de  tourner 
dans  deux  lunettes  fixes;  un  verrou  a  levier,  s’engageant  dans  une  des  huit  divisions  du 
tambour,  met  la  broche  correspondante  dans  l’axe  de  la  poupée;  la  broche  vient  en 
même  temps  se  relier,  par  l’épaulement  d’un  collet  formé  à  son  extrémité ,  avec  l’arbre 
d’une  contre-pointe;  on  peut  alors,  en  avançant  l’arbre  de  contre-pointe  à  l’aide  d’un 
croisillon  qui  l’actionne  par  pignon  et  crémaillère,  engager  l’alésoir  dans  le  canon.  La 
machine  permet  de  faire  une  série  d’opérations  dans  la  chambre  du  canon,  sans  le  dé¬ 
monter.  Pour  la  facilité  de  la  mise  en  place  du  canon  dans  la  poupée,  celle-ci  pivote 
autour  d’un  axe  horizontal  à  excentrique,  disposé  sous  l’une  de  ses  extrémités.  Cette 
machine  nous  fournit  un  exemple  d’une  machine  à  aléser  de  fabrication  courante,  dans 
laquelle  la  pièce  possède  le  mouvement  de  rotation,  l’alésoir  n’ayant  que  le  mouve¬ 
ment  d’avance. 

Un  bon  exemple  du  type  dans  lequel  l’avance  est  donnée  à  la  pièce  est  fourni  par 
la  machine  à  aléser  de  M.  Bariquand.  Celle-ci  comprend  un  banc  dont  chaque  bord 


présente  deux  bandes  dressées  d’équerre  avec  le  dessus,  formant  une  surface  d’appui  ver¬ 
ticale  de  grande  hauteur  pour  le  support  de  la  pièce;  une  haute  poupée  de  tour  fixée  à 
un  bout  du  banc,  avec  cône  de  commande,  harnais  d’engrenages,  équipage  de  roues 
comme  dans  les  tours  a  fileter,  avec  mécanisme  d’arrêt  et  de  changement  de  marché; 


70 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


une  contre-poupée  cle  tour  réglable  longitudinalement  sur  un  support  qui  peut  lui- 
même  se  déplacer  sur  le  banc;  un  support  de  pièce,  formé  de  trois  faces  d’un  cadre 
rectangulaire,  s’appuyant  sur  le  dessus  et  les  côtés  du  banc,  et  supportant  un  deuxième* 
cadre  qui  coulisse  verticalement  sur  lui  par  ses  deux  faces  latérales;  ce  deuxième  cadre, 
reposant  sur  deux  fortes  vis  manœuvrées  simultanément,  porte  sur  sa  face  supérieure 
un  chariot  transversal  surmonté  d’un  plateau  circulaire  gradué.  Le  porte -lame  est 
monté  entre  pointes;  l’avance  est  donnée  au  support  de  la  pièce  par  une  vis  conduite 
par  l’équipage  de  roues;  la  manœuvre  à  la  main  peut  d’ailleurs  se  faire,  le  mécanisme 
de  changement  de  marche  étant  à  l’arrêt,  par  des  volants  disposés  en  avant  et  en 
arrière  du  support  de  la  pièce  sur  un  arbre  latéral  relié  à  la  vis. 

La  maison  Fétu-Defize  présente  une  machine  dans  laquelle  l’avance  peut  être 
donnée  à  la  barre  ou  à  la  pièce.  Le  support  de  la  pièce  est  analogue  à  celui  de 
M.  Bariquand;  le  porte-barre  est  en  deux  parties  assemblées  à  mortaise  et  clavette;  il 
est  soutenu  par  une  lunette  du  côté  opposé  à  la  poupée.  Celle-ci  est  fixe;  elle  possède 
un  harnais  à  double  engrenage  et  actionne  par  cônes  à  étages  un  arbre  latéral  qui 
peut  transmettre  le  mouvement  soit  à  la  vis  du  support  de  la  pièce,  soit,  par  un 
deuxième  jeu  de  cônes,  à  une  vis  qui  prolonge  l’arbre  porte-barre;  l’une  ou  l’autre 
commande  s’embraye  et  se  débraye  par  le  déplacement  d’une  roue  d’engrenage  le  long 
de  son  axe. 

Nous  avons  maintenant  à  parler  de  machines  qui,  par  leurs  dispositions,  sont  sus¬ 
ceptibles  de  destinations  multiples. 

M.  Huré  expose  une  machine  à  aléser  du  deuxième  type,  qui  est  en  même  temps 
une  excellente  machine  à  fraiser.  La  semelle  forme  une  sorte  de  banc  de  tour,  à  bords 
en  queue  d’aronde  ;  sur  ce  banc  peut  se  mouvoir  un  système  de  deux  chariots  rectan¬ 
gulaires,  surmontés  d’un  plateau  circulaire,  les  deux  chariots  et  le  plateau  circulaire 
pouvant  être  actionnés  automatiquement.  Un  support  de  lunette ,  avec  réglage  en  hau¬ 
teur,  peut  se  déplacer  sur  le  banc.  A  Tune  des  extrémités ,  est  fixé  un  montant  sem¬ 
blable  à  celui  du  deuxième  modèle  de  la  Société  alsacienne,  portant  à  sa  partie  supé¬ 
rieure  la  poupée  de  commande  et,  sur  une  coulisse  verticale,  le  support  de  l’arbre 
porte-outil;  mais  cet  arbre  n’a  pas  de  déplacement  suivant  son  axe.  Une  transmission 
par  cônes  conduit  à  un  mécanisme  de  changement  de  marche,  d’où  part  la  commande 
automatique,  soit  du  support  vertical  de  l’arbre  porte-outil,  soit  du  support  de  la 
pièce;  la  dernière  se  dédouble  elle-même  deux  fois,  pour  actionner  l’un  ou  l’autre  des 
trois  mouvements  de  la  pièce;  l’embrayage  et  le  débrayage  de  chaque  mouvement  se 
font  par  le  déplacement  d’une  roue  d’engrenage  le  long  de  son  axe.  Cette  machine 
offre  de  grandes  ressources  :  elle  permet,  avec  un  seul  montage  delà  pièce,  de  faire  de 
nombreuses  opérations  de  perçage ,  d’alésage  et  de  fraisage ,  avec  certitude  d’observer 
l’équerre  et  le  parallélisme  des  axes  et  des  surfaces,  si  les  directions  d’axes  et  de 
chariots  sont  elles-mêmes  correctes.  Nous  ne  lui  adresserons  qu’un  reproche  de  prin¬ 
cipe  ,  qui  lui  est  commun  d’ailleurs  avec  bon  nombre  d’autres  modèles  :  la  commande  a 


MACHINES-OUTILS. 


71 


la  partie  supérieure  de  la  machine  ne  nous  paraît  pas  heureuse ,  malgré  les  avantages 
qu’elle  peut  avoir;  elle  exige,  en  effet,  que  la  courroie  venant  de  la  transmission  de 
l’atelier  soit  verticale  (disposition  qui  ne  sera  pas  toujours  possible),  sous  peine 
d’exercer  une  traction  oblique  sur  un  grand  bras  de  levier  et  d’occasionner,  sous  l’effet 
des  variations  de  résistance  et  par  suite  de  tension  de  la  courroie ,  des  trépidations  nui¬ 
sibles  à  la  qualité  du  travail. 

Une  machine  de  M.  Steinlen  offre  des  ressources  encore  plus  grandes  que  la  précé¬ 
dente,  par  suite  de  ses  dimensions  et  de  la  présence  de  deux  supports  d’outil;  c’est 
une  machine  double  avec  une  seule  table.  Elle  est  du  premier  type.  Les  deux  supports 
d’outil  sont  disposés,  se  faisant  face,  sur  une  plaque  de  5  mètres  de  largeur,  qui  porte 
en  outre  la  commande  principale;  celle-ci  est  elle-même  double,  chaque  partie  pou¬ 
vant,  au  moyen  de  mécanismes  de  changement  de  marche,  être  appliquée  à  l’un  ou  à 
l’autre  des  deux  supports  d’outil ,  ou  aux  deux  à  la  fois.  Les  supports  ont  sur  la  plaque 
un  mouvement  lent  et  un  mouvement  rapide  produits  à  volonté  au  moyen  d’un  méca¬ 
nisme  de  changement  de  vitesse,  indépendamment  d’un  mécanisme  de  changement  de 
marche  qui  l’accompagne.  Chaque  support  reçoit  un  chariot  à  déplacement  vertical,  et 
celui-ci  un  chariot  horizontal  sur  lequel  est  monté  l’arbre  horizontal  porte-outil ,  ces 
deux  chariots  possédant  des  mouvements  automatiques.  La  table,  indépendante  de  la 
plaque,  a  3  mètres  de  longueur  sur  2  mètres  de  largeur;  elle  est  munie,  sur  ses  côtés, 
d’équerres  mobiles  le  long  de  crémaillères,  permettant  d’augmenter  ses  dimensions; 
elle  reçoit  des  supports  de  lunette  à  hauteur  réglable;  les  lunettes  peuvent  prendre,  sur 
chaque  support,  trois  positions  à  des  distances  différentes  de  la  partie  qui  forme  mon 
tant.  Nous  ferons  remarquer  que  la  machine  présente  une  différence  importante  pai 
rapport  aux  machines  ordinaires  à  aléser  à  barre  mobile  :  ce  n’est  pas  la  barre  même 
qui  se  déplace  suivant  son  axe ,  elle  reçoit  l’avance  par  l’intermédiaire  d’un  long  cha¬ 
riot  horizontal  sur  lequel  elle  est  montée;  cette  disposition  a  une  grande  importance 
au  point  de  vue  du  fraisage ,  en  ce  qu’elle  évite  le  porte-à-faux  trop  considérable  que 
prendrait  la  fraise  à  une  certaine  distance  du  support. 

Nous  signalerons  encore  une  machine  à  disposition  radiale  de  la  Société  d’Albert, 
qui  peut  percer,  aléser  et  fraiser  verticalement  ou  horizontalement.  Le  bâti  offre  une 
colonne  verticale  sur  laquelle  pivote  une  douille  déplaçable  par  vis  sans  fin  et  roue, 
une  table  basse  avec  un  système  de  deux  chariots  et  d’un  plateau  circulaire  semblable 
à  celui  de  la  machine  de  M.  Huré ,  et ,  du  côté  opposé  à  la  table  par  rapport  à  l’axe  de 
la  colonne,  une  face  verticale  avec  rainures,  à  boulons  sur  laquelle  on  peut  fixer  cer¬ 
taines  catégories  de  pièces.  La  douille  de  la  colonne  présente,  à  iBo  degrés  l’une  de 
l’autre,  deux  coulisses  en  queue  d’aronde ,  portant  l’une  un  bras  radial  de  machine  à 
percer  se  manœuvrant  à  la  main,  l’autre  un  support  mobile  de  barre  d’alésage  pouvant 
se  manœuvrer  automatiquement;  l’appareil  à  percer,  monté  sur  le  bras  radial,  com¬ 
prend  en  outre  un  chariot  vertical  manœuvrable  à  la  main.  Enfin  un  support  ver¬ 
tical,  mobile  sur  la  coulisse  de  la  table,  permet  de  soutenir  le  bras  radial  vers  son 


n 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


extrémité,  ou  peut  recevoir  une  lunette  pour  guider  la  barre  d’alésage  horizontale.  La 
poupée  de  commande,  avec  harnais  à  double  engrenage,  est  disposée  à  la  partie  supé¬ 
rieure  de  la  colonne;  elle  transmet  le  mouvement  de  rotation  aux  outils  et  l’avance  au¬ 
tomatique  à  l’arbre  pour  le  perçage  ou  l’alésage;  elle  peut  également  actionner  le 
déplacement  vertical  du  support  de  la  barre  d’alésage  horizontale.  Mais  la  commande 
automatique  des  chariots  et  du  plateau  circulaire  de  la  table  est  prise  directement  sur 
le  renvoi;  il  peut  y  avoir  ainsi  indépendance  entre  la  vitesse  des  outils  et  celle  de  la 
pièce;  c’est  là  le  côté  faible  de  la  machine,  dont  la  disposition  d’ensemble  est  très 
bonne  et  se  prête  à  une  variété  très  grande  de  travaux. 

Outils  d'alésage.  —  Les  outils  d’alésage  accompagnant  les  machines  que  nous  avons 
décrites  sont  généralement  ou  des  lames  auxquelles  on  donne  la  saillie  convenable  sur 
la  barre  par  des  procédés  plus  ou  moins  parfaits,  ou  des  fraises  légèrement  coniques 
dont  le  plus  grand  diamètre  est  celui  du  trou  à  obtenir;  ces  fraises  sont  parfois  expan¬ 
sibles,  par  suite  de  la  présence  de  deux  ou  de  plusieurs  fentes  longitudinales  dans  leur 
partie  médiane  et  d’un  mandrin  conique  qui  se  visse  à  leur  intérieur  et  les  force  de 
s’ouvrir  plus  ou  moins.  11  convient  de  ne  pas  employer  indifféremment  l’un  ou  l’autre 
outil;  la  lame  peut,  en  effet,  rectifier  un  trou,  à  la  condition  d’être  guidée  très  exacte¬ 
ment  et  d’assez  près,  mais  elle  peut  produire  des  traits;  la  fraise,  au  contraire,  a  tou¬ 
jours  une  tendance  à  suivre  le  trou  de  perçage,  mais  elle  est  capable  de  polir.  On  doit 
donc  se  servir  de  la  lame,  si  l’on  a  principalement  en  vue  la  rectification  d’un  trou;  et, 
si  l’on  veut  rendre  très  propre  un  trou  dont  la  direction  est  reconnue  suffisamment 
exacte,  on  utilisera  avantageusement  la  fraise.  La  fraise  est  particulièrement  commode 
pour  faire  des  trous  coniques;  il  suffit,  en  la  prenant  au  cône  voulu,  delà  passer  dans 
le  trou  rectifié  auparavant  cylindriquement. 

M.  Huré  présente  un  outil  pour  alésage  sphérique,  se  montant  sur  le  nez  d’un  arbre 
de  tour,  pendant  que  la  pièce  à  aléser  est  fixée  sur  le  chariot.  Ce  porte-outil  possède 
un  corps  sphérique  muni  de  deux  sortes  de  tourillons,  dont  l’un  est  taraudé  pour  se 
fixer  sur  l’arbre  du  tour,  et  dont  l’autre  porte  les  organes  de  mouvement  qui  action¬ 
nent  l’outil  ;  celui-ci,  qui  a  la  forme  d’un  bout  d’outil  de  tour,  est  adapté  suivant  un 
rayon  à  un  disque  intérieur  concentrique  à  la  sphère,  à  laquelle  il  est  relié  par  un  axe 
normal  à  l’axe  des  tourillons;  au  disque,  est  accolée  une  roue  engrenant  avec  une  vis 
sans  fin ,  dont  l’axe  aboutit  sur  la  tranche  du  deuxième  tourillon  et  y  est  muni  d’une 
roue  dentée;  un  petit  levier,  monté  sur  l’axe  du  tourillon  et  relié  à  un  point  fixe  du 
banc,  porte  une  dent  qui,  à  chaque  tour  du  porte-outil,  rencontre  la  roue  extérieure  et 
la  fait  marcher  d’une  dent;  ce  mouvement  d’avance,  transmis  par  la  vis  sans  fin  au  dis¬ 
que  porte-outil,  le  fait  tourner  lentement  autour  de  son  axe,  en  entraînant  l’outil,  dont 
la  pointe  décrit  ainsi  un  arc  de  grand  cercle  passant  par  l’axe  du  tour.  Le  réglage  de 
la  saillie  de  l’outil  se  fait  par  une  vis  adaptée  au  bout  de  sa  tige  dans  son  prolonge¬ 
ment  et  butant  contre  le  fond  de  son  logement;  il  ne  peut  se  faire  qu’en  sortant  l’outil. 


MACHINES-OUTILS. 


73 


CHAPITRE  IV. 

MACHINES  À  TARAUDER. 


Considérations  générales.  —  Machines  à  tarauder.  —  Outils  de  taraudage. 

CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES. 

La  confection  des  vis  et  des  écrous  se  fait  habituellement  sur  le  tour  avec  des  outils 
dits  à  fileter  extérieurement  ou  intérieurement,  quanti  on  a  affaire  à  un  petit  nombre 
de  pièces  ou  à  une  forme  particulière  de  fdets,  ou  quand  l’opération  exige  un  certain 
degré  de  précision  :  c’est  le  cas  des  vis  et  des  écrous  employés  dans  les  machines  pour 
la  transmission  du  mouvement.  Dès  que  l’on  a  une  série  de  pièces  aux  mêmes  dimensions 
de  fdet  et  a  la  forme  ordinaire  de  fdet  des  boulons  et  des  vis  de  serrage,  on  a  avantage 
à  se  servir  d’un  outillage  spécial;  on  est  même  parfois  obligé  de  toutes  façons  de  créer 
cet  outillage,  notamment  pour  la  fabrication  des  écrous,  qui  ne  se  prête  pas  commodé¬ 
ment  à  l’usage  du  tour. 

Les  constructeurs  ont  généralement  soin  d’établir,  pour  leur  fabrication ,  des  séries  de 
filets  dont  le  diamètre,  le  pas  et  la  forme  varient  suivant  une  loi  déterminée.  Malheu¬ 
reusement,  chaque  constructeur  se  fait  souvent  sa  loi  propre,  et  comme,  de  plus,  les 
unités  de  mesure  sont  variables  avec  les  divers  pays,  les  échelles  des  diamètres  sont 
elles-mêmes  différentes.  Il  résulte  de  là  un  surcroît  de  dépenses  pour  les  ateliers  qui 
possèdent  des  machines  ou  même  des  objets  quelconques  provenant  de  plusieurs  éta¬ 
blissements  de  construction;  car  il  leur  faut,  pour  les  réparations,  se  procurer  ou  se 
créer  la  série  de  filières  et  de  tarauds  de  chaque  constructeur,  ou  recourir  à  des  expé¬ 
dients  toujours  coûteux  ou  nuisibles  à  la  qualité  du  matériel,  tels  que  le  passage  dans 
des  écrous  de  tarauds  de  filet  différent  du  filet  primitif,  le  réalésage  et  le  taraudage  de 
l’écrou  a  une  nouvelle  forme  de  filet. 

Nous  réclamons  donc,  avec  beaucoup  d’autres,  en  faveur  de  l’uniformisation  des 
séries  de  filets,  ou  au  moins  de  la  réduction  du  nombre  des  séries.  La  réforme  s’impose 
impérieusement,  en  raison  du  développement  que  prend  l’usage  des  machines  et  de  la 
précision  qu’on  exige  du  travail.  Il  nous  semble  qu’une  entente  pourrait  se  faire  sans 
grandes  difficultés  entre  les  constructeurs,  grâce  aux  sociétés  dont  ils  font  partie,  aux 
congrès  qui  se  réunissent  fréquemment  et  enfin  aux  publications  industrielles,  qui  justi¬ 
fieraient  leur  raison  d’être  et  mériteraient  l’attention  des  lecteurs  en  traitant  des  ques¬ 
tions  d’intérêt  général  aussi  bien  que  des  questions  de  pure  réclame. 

Les  outils  spéciaux  de  taraudage  sont  les  tarauds  et  les  filières;  ce  sont,  en  réalité. 


74 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


des  outils  multiples  qui,  par  leur  disposition  en  hélice  et  la  forme  de  leur  partie  posté¬ 
rieure  guidée  en  restant  engagée  dans  le  fdet  tracé,  n’ont  besoin  que  de  recevoir  un 
mouvement  de  rotation  et  prennent  d’eux-mêmes  le  mouvement  de  translation  ;  il  convient 
cependant  de  les  conduire  par  une  vis  dans  les  forts  travaux  et  dans  ceux  qui  demandent 
quelque  précision.  Notamment,  avec  l’emploi  des  filières  à  peignes  indépendants,  on 
observe  fréquemment  des  reprises  sur  les  fdets,  tenant  à  l’incertitude  de  la  direction 
au  début  et  à  la  difficulté  de  régler  exactement  les  peignes  les  uns  par  rapport  aux 
autres. 

Nous  avons  déjà  vu  l’emploi  des  tarauds  et  des  filières  sur  les  machines  à  percer  et 
sur  les  tours  à  décolleter.  On  peut  d’ailleurs  les  adapter  à  un  tour  quelconque,  en  les 
montant  soit  sur  l’arbre,  soit  sur  le  chariot,  et  en  laissant  à  celui-ci  la  liberté  d’avance  ou 
en  l’actionnant  par  la  vis  de  fdetage.  Toutefois,  pour  des  travaux  très  courants,  comme 
ceux  des  boulons  et  des  écrous,  il  est  préférable  de  se  servir  de  machines  spéciales,  qui 
peuvent  en  général  recevoir  des  dispositions  très  simples.  Les  mêmes  machines  font 
d’ailleurs  indifféremment  les  boulons  ou  les  écrous,  quoique  parfois  on  les  organise 
plus  particulièrement  pour  l’un  ou  l’autre  genre  de  pièces. 

L’usage  des  fdières  à  peignes  indépendants ,  encastrés  dans  des  mandrins  universels 
à  rapprochement  ou  écartement  simultané  des  peignes,  permet  le  dégagement  facile 
et  rapide  des  pièces  après  l’opération;  il  en  est  de  même  pour  le  taraudage  des  trous 
complètement  à  jour  et  d’un  diamètre  suffisant,  pour  lesquels  on  peut  faire  traverser 
le  taraud  et  le  démonter  avec  la  pièce.  Mais  on  a  intérêt  à  se  servir  de  fdières  d’un  seul 
morceau  pour  les  petites  vis  et  de  tarauds  non  amovibles  pour  les  petits  trous;  dans  ces 
cas,  et  pour  le  taraudage  des  trous  borgnes,  on  est  obligé  de  dévisser  l’outil  de  la  pièce 
et  d’introduire  un  changement  de  marche  dans  le  renvoi  ou  dans  la  machine  même. 


MACHINES  À  TARAUDEE. 

Pour  le  taraudage  des  petits  écrous  et  des  trous  de  vis,  M.  Bariquand  et  MM.  Bouhey 
emploient  une  sorte  de  petite  machine  à  percer  verticale ,  à  arbre  mobile  et  à  levier, 
dont  la  commande  porte  trois  poulies,  deux  fixes  et  une  folle,  avec  deux  courroies, 
Tune  d’elles  étant  croisée.  La  pièce  à  tarauder  est  tenue  à  la  main  sur  le  plateau.  Le 
changement  de  marche  se  fait  par  le  déplacement  de  la  fourche  de  débrayage  à  la  main 
ou  sous  faction  automatique  d’un  déclanchement  opéré  par  la  rencontre  d’une  butée, 
et  sous  celle  d’un  poids  qui  entraîne  la  fourche. 

MM.  Brown  et  Sharpe  et  M.  Gotendorf  se  servent  d’une  petite  poupée  horizontale, 
qui  porte  deux  poulies  folles  sur  des  douilles  et  tournant  en  sens  inverses  l’un  de  l’autre. 
Le  porte-taraud,  engagé  suivant  l’axe  commun  des  poulies,  embraye  avec  l’une  ou  avec 
l’autre  par  manchon  denté  ou  par  friction  ,  suivant  qu’on  pousse  sur  lui  pour  engager 
la  pièce,  ou  qu’on  tire  en  arrière  pour  la  dégager.  La  pièce  est  disposée  sur  un  support 
leger  qui  coulisse  dans  une  douille  cylindrique  fixe  et  que  l’on  manoeuvre  à  la  main. 


MACHINES-OUTILS. 


l  o 


MM.  Hurtu  et  Hautin  ont  une  poupée  analogue;  seulement  la  manœuvre  d’embrayage 
de  l’arbre,  au  lieu  d’être  faite  par  action  directe  sur  le  taraud,  est  produite  au  moyen 
de  deux  pédales  actionnant  des  tringles  qui  aboutissent  à  un  même  manchon  calé  sur 
l’arbre.  Il  paraît  que  ce  mode  de  manœuvre  du  taraud  est  moins  brutal  que  l’action 
directe  de  la  main  et  occasionne  moins  souvent  la  rupture  de  l’outil.  Ajoutons  que  le 
support  de  la  pièce  est  guidé  par  deux  tringles  qui  traversent  le  bâti  de  la  poupée. 

Les  machines  précédentes  ne  conviennent  guère  que  pour  le  taraudage  de  petits 
trous.  Celles  dont  nous  allons  nous  occuper  peuvent  tarauder  des  trous  de  plus  grand 
diamètre;  elles  sont  généralement  présentées  pour  le  travail  des  boulons;  pour  les 
employer  à  celui  des  écrous,  il  faut  monter  le  taraud  sur  l’arbre  et  la  pièce  sur  le 
chariot  à  la  place  de  la  filière ,  ou  inversement. 

Les  machines  exposées  par  M.  Steinlen  ressemblent  assez  à  des  tours  :  elles  ont  un 
banc,  une  poupée  avec  cône  de  commande  et  engrenage  simple  et  avec  plateau  pour  le 
centrage  de  la  pièce,  une  contre-poupée ,  un  chariot  longitudinal  actionné  par  crémaillère 
avec  intermédiaire  d’un  équipage  de  roues  échangeables  et  d’une  vis  latérale  menant 
une  roue  montée  sur  l’axe  du  pignon  de  la  crémaillère.  La  roue  est  reliée  par  friction 
â  Taxe;  en  la  desserrant,  on  peut  agir  directement  à  la  manivelle  sur  l’axe,  pour  ma¬ 
nœuvrer  rapidement  le  chariot.  Sur  le  chariot  est  disposé  le  porte-fdière ,  comprenant 
quatre  peignes,  dont  le  rapprochement  ou  l’écartement  est  produit  simultanément  par 
un  système  de  mandrin  universel  actionné  à  l’aide  d’une  manivelle.  L’ouverture  des 
peignes  permet  le  retrait  à  la  main  du  chariot  à  la  fin  de  l’opération.  Le  chariot  trans¬ 
porte  un  pot  à  huile  pour  la  lubrification  des  peignes.  On  voit  que,  dans  ces  machines, 
l’entraînement  de  la  filière  est  produit,  en  réalité,  par  la  commande  du  chariot  et  que 
les  peignes  n’agissent  que  comme  quatre  outils  ordinaires;  il  convient  toutefois  que  le 
pas  donné  par  l’équipage  de  roues  conduisant  la  vis  soit  reproduit  aussi  exactement 
que  possible  sur  la  disposition  des  peignes,  afin  que  ceux-ci  travaillent  également. 

Les  machines  de  MM.  Duval,  Dandoy-Maiiliard  et  Lucq,  Sculfort-Malliar  et  Meu- 
rice  diffèrent  surtout  de  celles  de  M.  Steinlen  en  ce  que  le  chariot  porte-filière  n’a  pas 
de  commande  mécanique  et  qu’il  avance  par  le  seul  effet  de  l’entraînement  delà  filière. 
Celle-ci  est  d’une  seule  pièce  ou  constituée  par  un  système  de  deux  peignes  montés 
sur  deux  chariots  transversaux,  qu’on  peut  rapprocher  ou  écarter  simultanément  à  l’aide 
d’une  vis  à  deux  filetages  inverses. 

Dans  la  machine  de  la  Société  alsacienne,  le  porte-filière  se  visse  sur  le  nez  de 
l’arbre  de  la  poupée  et  reçoit  le  mouvement  de  rotation.  La  pièce  à  tarauder  se  place 
sur  un  support  poussé  à  la  main  le  long  de  deux  tringles  horizontales  fixées  à  la  poupée. 
Le  porte-filière  possède  trois  peignes  montés  sur  un  mandrin  universel  à  trois  arcs  de 
spirale.  Le  rapprochement  ou  l’écartement  des  peignes  peut  être  produit  simulta¬ 
nément;  il  résulte  de  cette  disposition  que  l’on  n’a  pas  besoin  d’arrêter  la  commande 
de  la  machine  à  chaque  changement  de  pièce.  Le  déplacement  des  peignes  est  opéré 
par  le  jeu,  normalement  à  l’axe  du  tour,  d’une  plaque  qui  agit  à  l’aide  d’un  bouton  sur 


76 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


une  rampe,  pour  faire  tourner  le  plateau  des  arcs  de  spirale.  Le  mouvement  de  cette 
plaque  a  lieu  par  la  rencontre  de  Tune  ou  l’autre  de  ses  deux  extrémités,  taillées  en 
forme  de  came,  avec  une  butée  qu’on  lui  présente  au  moment  convenable  :  le  passage 
d’une  des  extrémités  devant  la  butée  ouvre  les  peignes;  celui  de  l’autre  extrémité  les 
rapproche.  La  plaque  étant  dans  l’une  ou  l’autre  position,  la  poussée  en  avant  de  la 
butée  ne  peut  avoir  pour  effet  que  de  l’amener  à  l’autre  position,  à  laquelle  elle  reste, 
si  l’on  a  soin  de  cesser  à  temps  l’appui  sur  la  butée,  qui  revient  d’elle-même  en  arrière 
sous  l’action  d’un  ressort.  Les  deux  positions  de  la  plaque  sont  d’ailleurs  assurées  par 
un  verrou  à  ressort  ,  qu’une  autre  plaque,  dont  les  saillies  précèdent  un  peu  celles  de  la 
première,  dégage  au  moment  opportun. 

M.  Demoor  expose  plusieurs  machines  à  tarauder  à  une  seule  poupée,  de  puissances 
différentes.  Dans  la  plus  forte,  la  pièce  se  monte  sur  l’arbre  de  la  poupée,  et  le  porte- 
filière  coulisse  sur  deux  tringles-guides.  La  poupée  a  une  poulie  fixe  et  une  poulie  folle, 
pour  permettre  au  besoin  l’arrêt  pendant  le  changement  de  la  pièce.  Le  porte-filière  a 
trois  peignes  montés  sur  un  mandrin  universel  et  se  manœuvrant  simultanément  à  l’aide 
d’un  levier  qui  agit  sur  un  plateau  à  rainures-guides.  Le  mouvement  des  peignes  se  fait, 
pour  chacun,  par  pivotement  autour  d’un  axe  fixe,  sous  l’action  d’un  galet  engagé  dans 
la  rainure-guide  correspondante.  Les  tringles  supports  du  porte-filière  sont  taillées  en 
crémaillère  sur  une  partie  de  leur  pourtour;  on  peut  ainsi  déplacer  le  porte-filière  a  la 
manivelle,  en  prenant  appui  sur  l’une  de  ces  crémaillères. 

M.  Demoor  présente  en  outre  une  machine  à  double  poupée ,  chacun  des  deux  arbres 


Machine  simple  à  tarauder  de  M.  Demoor. 


étant  disposé  pour  tarauder  des  boulons  à  l’une  de  ses  extrémités  et  pour  tarauder  des 
écrous  a  l’autre.  Le  côté  des  écrous  comporte  simplement  des  tarauds  à  tige  de  section 


MACHINES-OUTILS. 


77 


carrée  s’engageant  à  chaque  fois  sur  les  arbres,  et  des  supports  mobiles  le  long  de 
tringles  fixes  recevant  les  écrous.  Pour  le  taraudage  des  boulons,  les  porte-filières  à  trois 
peignes  reçoivent  le  mouvement  de  rotation;  les  boulons  se  placent  sur  un  support 
mobile  à  la  main  le  long  de  deux  tringles;  les  peignes  des  filières  s’ouvrent  automa¬ 
tiquement  sous  l’action  d’un  ressort  à  boudin  mis  en  jeu  par  le  déclanchement  d’un 
levier  à  la  rencontre  d’une  butée  adaptée  au  support  mobile  :  le  ressort  pousse  un 
manchon  monté  sur  l’axe  du  porte-filière  et  muni  de  trois  petites  crémaillères  engrenant 
avec  des  pignons  dont  les  axes  agissent  sur  les  porte-peignes;  on  n’a  pas  ainsi  à  arrêter 
la  machine  à  chaque  changement  de  boulon  :  il  suffit  de  réenclancher  le  levier  du 
ressort. 

Nous  ajouterons  que  M.  Demoor  a  des  mandrins  universels  porte-filières  pouvant  se 
monter  sur  des  tours,  et  d’autres  s’adaptant  a  des  tourne-à-gauche  pour  le  taraudage 
à  la  main. 

M.  Sternbergh  expose  une  machine  double  pour  le  taraudage  des  boulons,  disposée 
d’une  façon  analogue  à  la  machine  double  de  M.  Demoor.  Les  porte-filières  ont  quatre 
peignes;  les  boulons  se  placent  sur  des  chariots,  dont  chacun  est  muni  d’un  levier  pour 
la  manœuvre  et  est  constamment  attiré  vers  sa  poupée  par  un  ressort  à  boudin.  Une 
butée  fait  saillir  un  bouton ,  qui  vient  rencontrer  une  came  montée  sur  l’arbre  et  agit 
pendant  une  portion  de  tour  pour  pousser  un  manchon,  dont  le  déplacement  provoque 
l’ouverture  des  peignes;  il  faut  alors  retirer  vivement  le  chariot  en  arrière;  les  peignes 
se  referment  aussitôt. 

Des  appareils  portatifs  de  MM.  Curtis  et  Curtis,  pour  le  taraudage  des  extrémités 
de  tubes,  comprennent  une  enveloppe,  dans  laquelle  sont  réunis  un  mandrin  à  deux  V 
cannelés  se  serrant  simultanément  et  centrant  le  tuyau,  et  un  mandrin  universel  à 
quatre  peignes;  ce  dernier  est  vissé  dans  l’enveloppe  au  même  pas  (pie  le  filet  à  obte¬ 
nir;  on  le  fait  tourner  à  la  main,  en  agissant  sur  un  pignon  qui  engrène  avec  sa  cir¬ 
conférence.  Un  appareil  est  nécessaire  pour  chaque  espèce  de  pas. 

OU  TJ  LS  DE  TARAUDAGE. 

Si  l’on  excepte  les  outils  de  tour,  on  n’emploie  guère  pour  le  taraudage  intérieur 
(pie  des  tarauds  filetés  au  pas  voulu,  dont  on  arase  les  premiers  filets  sous  forme  de 
cône  allongé,  de  manière  à  leur  donner  de  l’entrée  dans  le  trou  et  à  atteindre  progres¬ 
sivement  la  profondeur  définitive  ;  l’outil  lui-même,  ou  plutôt  la  série  des  outils  est  con¬ 
stituée  par  la  formation  de  rainures  longitudinales  dont  la  section  du  côté  de  la  partie 
coupante  se  rapproche  le  plus  possible  de  la  direction  du  rayon,  et  par  un  dégagement 
fait  sur  le  filet  lui-même  en  arrière  de  la  partie  coupante  pour  donner  un  certain  angle 
de  coupe.  C’est  surtout  par  la  façon  dont  ce  dégagement  est  formé  que  se  distinguent 
les  divers  modèles  de  tarauds.  M.  Morisseau,  sans  toucher  à  la  forme  générale  du  filet, 
abat  simplement  son  arête,  mais  il  ne  fait  commencer  l’abattement  qu’à  environ  1  mil- 


78 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


limètre  du  tranchant,  afin  d’éviter  que  l’angle  de  ce  dernier  s’usant  rapidement,  le 
diamètre  du  taraud  se  trouve  affaibli.  La  Société  alsacienne  donne  de  la  coupe  à  toute 
la  section  du  filet  et  conserve  à  son  arête  la  même  largeur  sur  toute  la  portion  com- 

_ AAAAAAAA>VVVV\ rrnw, 

==!  ■  ;zjis®!iiw 

- * - ^ - WWvVWVvW'AAA/J 

Taraud  de  M.  Morisseau. 

prise  entre  deux  rainures,  en  excentrant  légèrement  l’axe  de  cette  portion  par  rapport 
à  Taxe  général  du  taraud;  la  confection  de  semblables  outils  exige  un  outillage  spécial, 
mais  leur  forme  paraît  être  rationnelle. 

Les  filières  en  une  seule  pièce  ne  sont  plus  guère  employées,  comme  outillage  de 
machines,  que  pour  le  taraudage  des  vis  et  des  petites  pièces  sur  les  tours  à  décolleter 
et  les  machines  à  faire  les  vis;  elles  sont  d’ailleurs  construites  d’après  les  mêmes  prin¬ 
cipes  que  les  tarauds,  c’est-à-dire  évasées  coniquement  à  l’entrée,  creusées  de  rainures 
longitudinales  et  dégagées  sur  le  filet  pour  avoir  de  la  coupe.  Dans  les  autres  cas,  on 
a,  de  préférence,  recours  à  des  peignes  disposés  sur  un  mandrin  universel.  Les  machines 
à  tarauder  de  MAL  Steinlen,  Duval,  Dandoy-Mailliard  et  Lucq,  Sculfort-Malliar  et 
Meurice  et  de  la  Société  alsacienne,  les  tours  à  décolleter  de  MAL  Smith  et  Coventry 
et  de  AL  Hulse  ont  des  peignes  taillés  en  forme  circulaire,  comme  les  portions  d’une 
filière  d’une  seule  pièce,  et  se  disposent  suivant  des  rayons  du  mandrin  universel.  Les 
peignes  des  machines  à  tarauder  les  boulons,  de  M.  Demoor  et  de  AL  Sternbergh , 
sont  des  bouts  de  barre  plate  creusés  sur  une  face  de  cannelures  à  l’écartement  du  pas 
des  filets  et  cl’une  profondeur  progressive,  dressés  sur  le  devant  suivant  un  plan  ou 
une  surface  cylindrique  de  manière  à  constituer  un  angle  de  tranchant  et  à  amorcer 
progressivement  la  profondeur  du  filet;  ils  se  placent  sur  le  mandrin  de  façon  que  les 
cannelures  prennent  la  direction  du  filet.  Les  deux  systèmes  de  peignes  ont  l’avantage 
de  pouvoir  servir  pour  des  diamètres  différant  de  quelques  millimètres,  sans  qu’il  ré¬ 
sulte  d’inconvénient  sensible  de  la  légère  différence  entre  la  direction  du  blet  à  obtenir 
et  celle  des  filets  ou  des  cannelures  des  peignes;  de  plus,  ils  peuvent  s’affûter.  Le 
deuxième  modèle  de  peigne,  en  particulier,  peut  s’affûter  indéfiniment;  ce  même  mo¬ 
dèle  offre  sur  l’autre  l’avantage  d’avoir  un  angle  de  tranchant  plus  aigu  et  plus  exact 
théoriquement;  il  est  donc  susceptible  d’un  plus  grand  rendement. 


MACHINES-OUTILS. 


79 


CHAPITRE  V. 

MACHINES  À  RABOTER. 


Considérations  générales.  —  Machines  à  raboter  proprement  dites.  —  Étaux-limeurs.  —  Machines  mixtes  : 
machine  à  raboter  de  M.  Steinlen  avec  commande  de  la  table  par  bielle;  machine  à  raboter  latérale,  système 
Richards;  étau-limeur  à  vis,  système  Richards.  —  Machines  spéciales  :  machine  de  MM.  Bouhey,  à  chan- 
freiner  les  tôles;  machines  à  tailler  les  roues  d’angle.  —  Outils  de  rabotage.  —  Machine  à  rayer  automa¬ 
tiquement  les  canons  de  fusils. 

CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES. 

On  distingue  habituellement,  parmi  les  machines  a  raboter,  les  machines  à  raboter 
proprement  dites  et  les  étaux-limeurs  ou  limeuses. 

Le  type  ordinaire  des  machines  à  raboter  proprement  dites  comprend  un  banc  sur 
lequel  une  table,  qui  reçoit  la  pièce,  se  déplace  d’un  mouvement  alternatif  uniforme; 
deux  montants  solidement  fixés  au  banc  supportent  une  traverse,  sur  laquelle  l’outil  n’a 
que  des  mouvements  d’avance. 

Les  étaux-limeurs  sont  constitués  par  un  bâti  ou  par  un  banc  élevé,  sur  le  côté  du¬ 
quel  sont  disposés  les  supports  de  la  pièce,  et  qui  porte  sur  sa  face  supérieure  une  tète, 
dans  laquelle  le  porte-outil  coulisse  d’un  mouvement  alternatif  varié  produit  par  excen¬ 
trique  et  par  bielle.  L’avance  est  donnée  a  la  tête  dans  les  étaux-limeurs  à  banc,  au 
support  de  la  pièce  dans  les  autres  modèles. 

Toutefois  cette  distinction,  qui  repose  surtout  sur  l’aspect  général  des  machines  et 
sur  la  nature  du  mouvement  principal ,  tend  à  s’effacer  par  suite  de  la  création  de  mo¬ 
dèles  mixtes  comprenant  les  petites  raboteuses  de  Al.  Steinlen,  à  mouvement  de  table 
produit  par  bielle,  les  raboteuses  latérales  en  forme  d’étaux-limeurs,  dont  la  tête  re¬ 
çoit  par  vis  le  mouvement  principal,  et  les  limeurs  dont  l’outil  reçoit  par  vis  le  mou¬ 
vement  principal  avec  une  vitesse  uniforme,  les  deux  derniers  modèles  étant  du  système 
Richards  et  exposés  par  AI.  Janssens. 

Dans  l’étude  qui  va  suivre  nous  n’envisagerons ,  sous  la  dénomination  de  machines  à 
raboter  et  d’étaux-limeurs,  que  les  machines  d’usage  général  et  des  modèles  ordinaires; 
nous  dirons  ensuite  quelques  mots  des  modèles  mixtes  que  nous  venons  de  signaler,  et 
de  plusieurs  machines  spéciales. 

MACHINES  À  RABOTER  PROPREMENT  DITES. 

L’appui  de  la  table  sur  le  banc  a  lieu  de  façons  assez  diverses.  Le  plus  grand  nombre 
des  constructeurs  emploient  deux  glissières  en  V  formées  sous  la  table;  chez  Al.  Schultz 


80 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


et  AL  Fétu-Defize,  les  deux  glissières  sont  rectangulaires.  Dans  les  petits  modèles, 
MAI.  Dando v-Mailliard  et  Lucq  forment  le  dessus  du  banc  en  queue  daronde  sur  les 
bords,  ou  en  queue  daronde  d’un  côté  et  rectangulairement  de  l’autre,  et  ils  accrochent 
la  table  sous  les  rebords  de  la  queue  d’aronde.  Dans  tous  ses  modèles,  M.  Steinlen  fait 
venir  une  queue  d’aronde  sous  les  deux  côtés  de  la  table  et  l’accroche  au  hanc  au 
moyen  de  règles  rapportées  sur  les  hords.  Le  hanc  des  machines  de  AL  Sellers  est 
creusé  d’un  côté  en  V  surmonté  de  deux  bords  verticaux  et  présente  simplement  de 
l’autre  côté  une  surface  plane  horizontale. 

Ces  diverses  dispositions  ont  pour  objet  d’empêcher  le  déplacement  latéral  et  le  sou¬ 
lèvement  de  la  table.  Nous  remarquerons  que  l’accrochage  de  la  table  par  queue 
d’aronde  coïncide  généralement  avec  sa  conduite  par  pignon  et  crémaillère;*  que  les 
tables  reposant  sur  le  banc  par  des  glissières  en  V  ou  rectangulaires  sont  souvent 
conduites  par  vis  avec  écrou  ou  avec  crémaillère,  et  que  dans  d’autres,  qui  ont  une  cré¬ 
maillère  avec  pignon,  le  pignon  est  disposé  au-dessus  de  la  crémaillère,  faisant  ainsi 
pression  sur  elle  et  par  suite  sur  la  table  (Chaligny,  Fétu-Defize,  Hurtu  et  Hautin). 

Le  graissage  des  surfaces  de  glissement  des  tables  se  fait  au  moyen  de  réservoirs 
d’huile  creusés  dans  le  banc,  dans  lesquels  plongent  ordinairement  des  galets  en  bois 
léger,  ou  des  galets  en  acier  soulevés  par  des  ressorts;  M.  Sellers  emploie  des  lan¬ 
guettes  à  pendule  articulées  à  la  table,  qui  ramassent  de  l’huile  dans  les  réservoirs  et 
la  transportent  sur  les  glissières;  la  Société  alsacienne  fixe  de  la  filasse  de  coton  sur 
les  parois  des  réservoirs.  Des  pattes  d’araignée  régnent  en  outre  sur  la  longueur  des 
glissières. 

Les  moyens  usités  pour  la  conduite  de  la  table  sont  :  la  crémaillère  avec  pignon, 
parfois  taillés  l’un  et  l’autre  à  chevrons  (Steinlen,  Sculfort-Alalliar  et  Afeurice);  la  vis 
avec  écrou  (Lomont);  la  vis  oblique  à  filets  multiples  avec  crémaillère  à  dents  nor¬ 
males  à  la  longueur  de  la  table,  les  filets  de  la  vis  et  les  dents  de  la  crémaillère  ayant 
une  section  légèrement  trapézoïdale  ou  épicycloïdale  allongée  (Aemmer,  Sellers,  So¬ 
ciété  alsacienne).  Nous  avons  déjà  exposé  notre  avis  au  sujet  de  ces  diverses  méthodes  ; 
la  crémaillère,  même  employée  avec  la  vis,  expose  la  table  à  des  effets  de  recul  et 
même  de  soulèvement,  au  moment  de  l’attaque  de  l’outil  ou  sous  l’influence  des  varia¬ 
tions  de  résistance;  la  meilleure  preuve  en  est  dans  ce  fait,  qu’on  éprouve  le  besoin 
d’accrocher  par  des  queues  d’aronde  les  tables  a  crémaillère.  Au  contraire,  la  vis  est 
parfaitement  guidée  dans  son  écrou;  toutefois  il  convient  de  parer  à  son  usure  par  une 
lubrification  soignée,  et  a  la  production  de  jeu  dans  l’écrou  en  faisant,  par  exemple, 
ce  dernier  en  deux  parties  réglables  l’une  par  rapport  à  l’autre  suivant  la  direction  de 
l’axe;  la  présence  d’un  jeu  est  en  effet  très  nuisible  à  la  conservation  des  deux  pièces, 
à  cause  du  déplacement  et  du  choc  qui  se  produisent  au  moment  des  changements  de 
marche. 

La  commande  de  la  table,  le  changement  de  marche  et  le  retour  rapide  se  font  gé¬ 
néralement  comme  il  suit  :  trois  poulies  de  même  diamètre  sont  actionnées  par  une 


MACHINES-OUTILS. 


81 


même  courroie;  celle  clu  milieu  est  folle,  celles  des  extrémités  sont  montées  sur  deux 
arbres  concentriques  l’un  à  l’autre  et  indépendants;  ces  deux  arbres  sont  reliés  à  un 
troisième,  soit  tous  deux  directement  par  des  engrenages  d’angle  de  dimensions  diffé¬ 
rentes,  soit  par  engrenages  cylindriques,  l’un  directement,  l’autre  avec  des  intermé¬ 
diaires,  de  manière  à  établir  un  certain  rapport  entre  les  vitesses;  le  troisième  arbre, 
suivant  l’espèce  de  machine,  transmet  le  mouvement  au  pignon  de  la  crémaillère,  ou  est 
lui-même  l’arbre  de  la  vis.  Le  passage  de  la  courroie  d’une  poulie  sur  l’autre  est  opéré 
par  l’action  de  butées,  fixées  à  la  table,  contre  deux  bras  d’un  levier  dont  un  troisième 
bras  actionne  la  fourche  d’embrayage;  ces  deux  bras  doivent  avoir  une  longueur  telle, 
qu’ils  permettent  aux  butées  de  les  franchir.  La  résistance  de  la  courroie  à  son  dépla¬ 
cement  pouvant  tendre  à  ramener  le  levier  en  arrière,  en  lui  faisant  exercer  une  action 
de  soulèvement  sur  la  table,  on  lui  adapte  souvent  un  poids  qui  s’oppose  à  cet  effet; 
il  est  préférable,  pour  éviter  le  choc  que  produit  ce  poids  par  sa  chute,  de  régler  la 
longueur  des  bras  de  levier  de  telle  façon  qu’à  fin  de  course  ils  appuient  contre  le  des¬ 
sous  des  butées  et  ne  puissent  ainsi  prendre  un  mouvement  de  recul. 

M.  Schultz  emploie,  pour  la  commande  de  la  table,  une  poulie  fixe  entre  deux  pou¬ 
lies  folles,  et  deux  courroies,  l’une  droite,  l’autre  croisée;  la  poulie  fixe  actionne  un 
arbre  unique,  et  la  différence  des  vitesses  de  travail  et  de  retour  est  donnée  par  la  dif¬ 
férence  des  diamètres  des  poulies  du  renvoi.  M.  Schultz  remplace  les  deux  bras  de 
butée  du  levier  par  un  petit  chariot,  qui  est  entraîné  par  les  butées  et  qui  porte  un 
galet  à  axe  vertical  engagé  dans  une  rainure  en  forme  de  came  creusée  sur  le  pourtour 
d’un  cylindre  à  axe  horizontal;  le  cylindre  reçoit  ainsi  des  butées  un  mouvement  alter¬ 
natif  et  fait,  par  suite,  l’office  du  levier  précédent. 

La  commande  de  M.  Seilers  comprend  deux  poulies,  qui  sont  folles  sur  un  même 
arbre  relié  à  la  vis  de  la  table ,  mais  qui  peuvent  lui  être  réunies  par  embrayage  avec 
un  manchon  à  deux  cônes  de  friction  claveté  entre  elles  sur  l’arbre  et  manœuvré  par 
une  tringle  mise  en  mouvement  par  le  levier  de  changement  de  marche  ;  les  deux  pou¬ 
lies  reçoivent  chacune  une  courroie,  l’une  droite,  l’autre  croisée,  venant  du  renvoi,  et 
la  différence  entre  les  vitesses  de  travail  et  de  retour  est  donnée  par  la  différence  entre 
les  diamètres  des  poulies  du  renvoi  correspondant  à  chaque  courroie.  On  peut  d’ail¬ 
leurs,  par  le  simple  changement  de  la  poulie  de  commande  du  travail  sur  le  renvoi, 
modifier  la  vitesse  de  travail  suivant  la  nature  du  métal,  sans  toucher  à  la  vitesse  de 
retour. 

On  n’avait  pas  osé  jusqu’ici  dépasser,  pour  la  vitesse  de  retour,  une  valeur  de  trois 
fois  la  vitesse  de  travail;  Al.  Seilers  a  pu  porter  cette  valeur  à  huit  fois,  ou  plus  exac¬ 
tement  atteindre  une  vitesse  de  retour  de  o  m.  72  à  la  seconde,  quelle  que  soit  d’ail¬ 
leurs  la  vitesse  de  travail,  grâce  à  l’embrayage  par  friction  qu’il  a  introduit  dans  la 
commande;  le  changement  de  marche  se  produit  sans  choc,  et  le  lancé  de  la  table,  ou 
l’excédent  de  course  faite  après  la  rencontre  des  butées,  est  même  inférieur  à  celui  des 
autres  modèles;  la  sensibilité  et  la  sûreté  de  fonctionnement  du  mécanisme  sont  telles, 

6 


GnouPE  VI.  —  iv. 


IMPÎUJIEftiE  NATIONALE. 


82 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


qu’on  peut  effectuer  des  courses  de  o  m.  2  ou  0  m.  3  seulement.  Mais,  en  outre,  ces 
qualités  de  l’embrayage  par  friction  permettent  de  le  manœuvrer  directement  à  la  main, 
à  l’aide  d’une  poignée  adaptée  à  Taxe  du  levier  de  changement  de  marche;  l’ouvrier 
peut  ainsi,  sans  toucher  à  ses  butées,  soit  arrêter  la  table  dans  l’intervalle  de  la  course 
pour  laquelle  elles  sont  réglées ,  soit  dépasser  cette  course  et  amener  la  table  à  l’extré¬ 
mité  du  banc.  Dans  une  machine,  l’axe  du  levier  de  changement  de  marche  traverse 
le  bâti  et  porte  une  poignée  de  manœuvre  de  chaque  côté,  ce  qui  procure  de  grandes 
commodités  à  l’ouvrier  pour  le  réglage  et  la  surveillance. 

La  traverse  reçoit  un  ou  deux  supports  d’outil,  suivant  l’importance  des  machines; 
on  monte  souvent  aussi  un  porte-outil  sur  l’un  des  montants.  Chaque  support  d’outil 
représente  un  chariot  portant  un  plateau  pivotant,  qui  permet  l’orientation  de  l’outil 
sous  diverses  inclinaisons,  et  un  deuxième  chariot  muni  d’un  axe  d’articulation  pour 
l’attache  du  porte-outil  proprement  dit  et  pour  son  soulèvement  pendant  le  retour. 
L’avance  automatique  peut  être  donnée  au  support  directement  par  vis,  ou  au  deuxième 
chariot  par  un  arbre  à  rainure  et  par  des  roues  d’angle  qui  commandent  sa  vis  propre. 
Tous  ces  mouvements  sont  ordinairement  actionnés  par  le  levier  de  changement  de 
marche  par  l’intermédiaire  d’autres  leviers,  de  bielles  ou  cl’une  crémaillère  (Schultz), 
de  cliquets  et  de  rochets,  les  cliquets  et  les  dents  des  rochets  étant  symétriques,  de  ma¬ 
nière  à  produire  l’avance  dans  l’un  ou  l’autre  sens;  on  règle  les  longueurs  des  bras  de 
leviers  pour  prendre  un  plus  ou  moins  grand  nombre  des  dents  du  rochet,  suivant  la 
valeur  d’avance  qu’on  veut  obtenir. 

M.  Sellers  rend  l’avance  indépendante,  jusqu’à  un  certain  point,  de  l’action  du  levier 
de  changement  de  marche  et  des  divisions  de  rochet,  en  prenant  la  commande  de  l’avance 
sur  un  arbre  auxiliaire  à  mouvement  lent,  constamment  actionné  par  la  poulie  de  travail, 
et  en  ne  demandant  au  levier  que  le  déplacement  d’un  taquet,  qui  vient  se  présenter 
en  face  de  Tune  ou  l’autre  de  deux  butées  disposées  sur  cet  arbre  sur  des  génératrices 
opposées  et  dans  des  plans  normaux  à  Taxe  différents;  en  quittant  une  butée  pour 
passer  à  l’autre,  le  taquet  permet  à  une  roue  de  s’embrayer  avec  l’arbre  auxiliaire  et 
d’exécuter  un  demi-tour,  lequel  est  transmis  à  Taxe  d’un  plateau  auquel  est  adaptée  ex¬ 
centriquement,  et  à  une  distance  réglable  de  Taxe,  la  tringle  de  manœuvre  d’un  secteur 
denté  engrenant  avec  une  roue  fixée  au  rochet;  celui-ci  actionne  le  cliquet,  qui,  à  son 
tour,  entraîne  l’arbre  de  la  traverse  sur  lequel  il  est  monté.  A  l’autre  extrémité  de  la 
course,  le  plateau  exécute  un  nouveau  demi-tour  dans  le  même  sens,  qui  ramène  le  ro¬ 
chet  au  point  de  départ,  sans  entraîner  T  arbre  du  cliquet.  Dans  le  petit  modèle  de  ma¬ 
chine,  le  rochet  est  formé  à  la  surface  intérieure  de  la  roue  actionnée  par  le  secteur 
et  constitué  de  dents  très  fines,  ou  stries,  dans  lesquelles  engrène  une  des  branches  du 
cliquet;  celui-ci  est  adapté  à  une  douille  intérieure  à  la  roue  et  fixée  sur  Taxe  de  l’arbre 
ou  de  la  vis  de  la  traverse.  Dans  le  grand  modèle,  le  rochet  est  constitué  cl’une  façon 
très  différente,  tout  en  étant  encore  formé  à  l’intérieur  de  la  roue  qui  engrène  avec  le 
secteur:  ii  représente  un  manchon  évidé  par  deux  profondes  entailles  triangulaires;  la 


MACHINES-OUTILS. 


83 


douille  qui  porte  le  cliquet  possède  deux  bras,  qui  s’engagent  dans  ces  entailles,  et  à 
l’extrémité  de  l’un  deux  est  le  cliquet,  simple  dent  pouvant  être  portée  contre  l’un  ou 
l’autre  bord  de  l’entaille,  suivant  le  sens  dans  lequel  on  veut  marcher;  la  douille  du 
cliquet  est  folle  sur  l’arbre,  mais  se  termine  par  un  cône  de  friction  susceptible  de 
s’emboîter  sur  un  cône  fixé  à  l’arbre;  quand  le  rochet  tourne  de  façon  à  pousser  contre 
le  cliquet,  celui-ci  glisse  sur  le  plan  incliné  de  l’entaille  et  repousse  la  douille,  qui 
s’embraye  avec  le  cône  de  friction  fixé  à  l’arbre  et  entraîne  ce  dernier;  le  rochet  tour¬ 
nant  en  sens  inverse  n’exerce  pas  de  pression  sur  le  cliquet,  et  les  cônes  restent  éloi¬ 
gnés;  ce  dispositif  offre  l’avantage  que  l’avance  ne  dépend  pas  d’un  nombre  entier  de 
dents  de  rochet,  et  qu’elle  peut  prendre  des  valeurs  quelconques ,  déterminées  seule¬ 
ment  par  l’excentricité  du  bouton  de  manivelle  actionnant  la  tringle  de  manœuvre  du 
secteur. 

Dans  les  mêmes  machines,  le  sens  de  l’avance  est  donné  en  faisant  porter  sur  le  ro¬ 
chet  l’une  ou  l’autre  des  deux  branches  symétriques  du  cliquet;  mais  la  suppression  de 
l’avance  se  fait  au  moyen  cle  la  poignée  du  levier  de  changement  de  marche,  dont 
la  manœuvre  est  bien  mieux  à  la  portée  de  l’ouvrier  que  celle  du  cliquet,  surtout  dans 
le  modèle  muni  d’une  poignée  de  chaque  côté  du  bâti.  A  cet  effet,  en  tournant  la  poi¬ 
gnée  sur  son  axe,  on  écarte  la  pièce  portant  le  taquet  des  butées  de  l’arbre  auxiliaire, 
laquelle  était  reliée  à  l’axe  du  levier  par  cône  de  friction;  on  soustrait  ainsi  cette  pièce 
et  le  taquet  à  l’action  du  levier. 

La  montée  et  la  descente  de  la  traverse  porte-outil  se  font  ordinairement  à  la  main, 
au  moyen  d’un  arbre  disposé  à  la  partie  supérieure  des  montants  et  commandant  à  la 
fois  les  deux  vis  qui  supportent  la  traverse.  M.  Sellers,  dans  son  plus  fort  modèle, 
donne  le  moyen  de  les  produire  automatiquement,  par  l’adjonction  sur  l’arbre  supérieur 
d’une  poulie  qui  reçoit  directement  le  mouvement  du  renvoi  et  qui  s’embraye  avec 
l’arbre  par  friction  ;  l’embrayage  n’a  lieu  qu’à  la  condition  que  l’ouvrier  le  maintienne , 
il  cesse  dès  que  l’ouvrier  abandonne  le  levier  qui  sert  à  sa  manœuvre. 

Bien  que  le  porte-outil  soit  articulé  à  charnière  de  façon  qu’il  puisse  se  soulever  au 
retour,  l’outil  ne  frotte  pas  moins  contre  la  pièce  et  subit  une  succession  de  petits  chocs 
qui  contribuent  à  son  usure.  La  Société  alsacienne  met  l’outil  franchement  hors  du 
contact  de  la  pièce,  au  moyen  d’un  excentrique  agissant  sur  le  porte-outil  et  actionné 
par  le  rochet  d’avance  par  l’intermédiaire  de  leviers  et  d’une  tringle  munie  de  deux 
butées.  M.  Sellers  produit  le  même  effet,  à  l’aide  d’une  corde  partant  d’une  poulie  com¬ 
mandée  par  l’arbre  auxiliaire  pour  l’avance  et  venant  actionner  par  un  excentrique  un 
butoir  placé  sous  le  porte-outil. 

ÉTAUX-LIMEURS. 

Les  étaux-limeurs  que  nous  avons  eu  à  examiner,  si  l’on  excepte  le  système  à  vis  de 
M.  Richards,  sont  assez  uniformes  comme  principe  de  construction,  et  nous  n’aurons 


6. 


84 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


ra- 


guère  à  signaler  que  des  différences  de  détails.  La  plupart  sont  pourvus  de  retour 
pide. 

L’outil  est  adapté  à  l’extrémité  d’un  coulisseau  horizontal  guidé  à  queue  d’aronde 
et  attaché  à  une  bielle  qui  s’articule  d’autre  part  sur  un  plateau  ou  sur  un  balancier 
tournant  autour  d’un  axe  fixe  ;  le  mouvement  de  rotation  est  communiqué  à  l’aide  d’un 
bouton  de  manivelle,  qui  est  adapté  à  l’arbre  principal  à  mouvement  uniforme  et  qui  se 
déplace  dans  une  rainure  dirigée  suivant  un  rayon  du  plateau  ou  du  balancier.  Appe¬ 
lons  e  et  e'  les  distances  de  Taxe  de  l’un  et  l’autre  de  ces  derniers  à  Taxe  de  l’arbre 
principal,  et  r  la  longueur  du  rayon  de  manivelle;  pour  un  tour  de  l’arbre  principal, 
le  plateau  fait  aussi  un  tour  complet,  mais  avec  une  vitesse  variable  et  en  deux  périodes 
de  temps  telles,  qu’une  des  demi-révolutions  du  plateau  se  fasse  pendant  que  Tarbre 
principal  parcourt  un  angle  2(p,  pour  lequel  on  a  cos(p=^;  le  balancier  exécute ,  au 
contraire,  deux  oscillations  avec  des  vitesses  moyennes  différentes,  Tune  d’elles  corres¬ 
pondant  à  un  angle  de  parcours  de  Tarbre  principal  tel,  que  cos(p'  =  ^.  Ces  expres¬ 
sions  de  (p  et  (p>  donnent  la  valeur  du  retour  rapide  dans  chaque  cas,  c’est-à-dire  la 
valeur  du  rapport  — — —  ou  — — — On  dispose  Taxe  d’articulation  de  la  bielle  de  ma- 

11  2  7T  —  2<£>  27T —  2<£  1 

nière  que  chacune  des  périodes  précédentes  s’exécute  symétriquement  par  rapport  à  un 
plan  vertical  passant  par  Taxe  de  rotation  du  plateau  ou  du  balancier,  et  que  la  bielle 
soit  horizontale  dans  sa  position  moyenne;  l’amplitude  de  la  course  s’obtient  par  la  va¬ 
riation  de  longueur  du  rayon  du  cercle  décrit  par  Taxe  d’articulation,  qui  peut,  à  cet 
effet,  être  déplacé  dans  une  rainure  dirigée  suivant  ce  rayon.  Dans  le  cas  du  plateau,  les 
positions  extrêmes  de  la  bielle  de  part  et  d’autre  de  l’horizontale  sont  deux  tangentes 
au  cercle  complet  décrit  par  Taxe  d’articulation;  dans  le  cas  du  balancier,  elles  corres¬ 
pondent  à  une  tangente  à  ce  cercle  et  à  une  corde  peu  éloignée;  comme  il  n’est  pas 
possible,  à  cause  de  l’obliquité  de  la  poussée,  de  donner  un  grand  angle  de  déplace¬ 
ment  à  la  bielle,  on  voit  que,  de  ce  chef,  le  balancier  a  un  certain  avantage  sur  le  pla¬ 
teau;  toutefois  il  est  indispensable  que  Taxe' d’oscillation  du  balancier  soit  très  robuste, 
et  d’autant  plus  que  le  balancier  est  plus  court,  à  cause  des  réactions  considérables  qui 
se  développent  sur  lui  pendant  le  retour  rapide.  On  remarquera  d’ailleurs  que  la  valeur 
de  la  course  est  limitée  par  la  nécessité  de  ne  pas  exagérer  le  porte-à-faux  de  l’outil; 
le  maximum  est  variable  suivant  la  puissance  de  la  machine,  mais  il  atteint  au  plus 
o  m.  65o  (Bouhey). 

Quant  à  la  position  de  Taxe  d’oscillation  du  balancier  par  rapport  à  Tarbre  principal, 
MM.  Bouhev  le  placent  au-dessus,  dans  un  limeur  à  tête  mobile;  MM.  Eétu-Defize  le 
mettent  au-dessous ,  dans  un  limeur  à  chariot  porte-pièce  mobile. 

Le  support  de  l’outil  comprend  généralement  les  mêmes  éléments  que  ceux  qui 
se  montent  sur  le  chariot  de  la  traverse  des  machines  à  raboter,  c’est-à-  dire  un  pla¬ 
teau  pivotant,  un  chariot  et  un  porte-outil  oscillant;  le  plateau  pivotant  est  souvent 
muni  d’un  secteur  denté  actionné  par  une  vis  sans  fin,  quelquefois  automatiquement 


MACHINES-OUTILS. 


85 


(Bouhey);  le  chariot  est,  dans  beaucoup  de  machines,  pourvu  d’un  mécanisme  de  des¬ 
cente  automatique,  consistant  en  un  rochet  monté  sur  la  vis.  avec  cliquet  actionné  par 
une  tringle  munie  de  deux  butées;  la  rencontre  des  butées  avec  un  support  fixé  au 
bâti  détermine  le  mouvement  du  cliquet.  Le  même  rochet,  transporté  sur  la  vis  sans 
fin  du  plateau  pivotant,  produit  sa  rotation  automatique. 

La  commande  comprend  un  cône  à  étages,  un  harnais  à  simple  et  parfois  à  double 
engrenage  (Chaligny),  et  ordinairement  un  volant  dans  les  machines  à  chariot  porte- 
pièce  mobile. 

Dans  les  machines  à  tête  mobile,  l’arbre  principal  se  prolonge  le  long  du  banc;  un 
pignon,  entraîné  sur  lui  avec  la  tête,  conduit  une  grande  roue  sur  laquelle  se  fixe  le 
bouton  de  manivelle. 

Dans  les  machines  à  chariot  porte-pièce  mobile,  ce  chariot  est  disposé  sur  un  sup¬ 
port  réglable  en  hauteur  le  long  de  rainures  à  boulons  et  s’appuyant  sur  une  vis.  La 
table  du  chariot  est  le  plus  souvent  horizontale  ;  sa  vis  est  commandée  par  un  rochet 
avec  cliquet,  tringle  et  levier  actionné  par  un  bouton  d’excentrique  ou  mieux  par  une 
came,  qui  est  placée  sur  l’arbre  a  manivelle  ou  sur  un  autre  arbre  relié  à  ce  dernier  de 
manière  à  tourner  à  la  même  vitesse.  D’autre  fois,  la  table  du  chariot  est  verticale  et 
reçoit,  attaché  par  des  rainures  à  boulons,  un  nouveau  support  de  forme  appropriée 
au  genre  de  travail  à  exécuter,  équerre,  étau,  etc.;  M.  Chaligny  adapte  en  outre,  nor¬ 
malement  à  la  table,  un  axe,  au  moyen  duquel  il  peut  raboter  cylindriquement  des 
pièces  montées  sur  lui;  cet  axe  reçoit  une  avance  automatique  de  rotation  d’une  vis 
sans  fin,  sur  laquelle  se  place  le  rochet  de  l’avance  rectiligne. 

L’usage  de  la  came,  pour  donner  l’avance,  est  devenu  à  peu  près  général;  il  produit, 
en  effet,  la  manœuvre  du  rochet,  et  par  suite  l’avance,  â  fin  de  course,  alors  que  l’ou¬ 
til  est  en  dehors  de  la  pièce.  L’excentrique,  au  contraire,  agit  pendant  toute  la  course 
de  l’outil  et  peut  occasionner  des  irrégularités  sur  l’épaisseur  du  copeau,  par  suite  des 
jeux  et  des  tassements  qui  se  produisent  tout  le  long  de  la  série  des  organes  interposés 
entre  l’excentrique  et  l’outil . 

Dans  les  machines  à  tête  mobile,  celle-ci  coulisse  directement  sur  la  face  supé¬ 
rieure  du  banc  et  est  commandée  comme  le  chariot  précédent.  La  face  latérale  du  banc 
reçoit  un  ou  deux  supports,  qui  se  fixent  par  des  rainures  à  boulons  et  peuvent  quel¬ 
quefois,  dans  les  gros  étaux-limeurs,  se  déplacer  le  long  d’une  crémaillère  au  moyen 
d’un  cliquet  à  levier;  le  support  porte  une  équerre  réglable  dans  le  sens  vert:cal  le  long 
de  rainures  à  boulons  au  moyen  d’une  vis  munie  de  rainures  sur  sa  face  supérieure  et 
sur  ses  faces  latérales  pour  la  facilité  de  l’attache  des  pièces.  Le  banc  porte  souvent,  en 
outre,  un  axe  horizontal  pour  l’attache  des  pièces  à  raboter  cylindriquement;  cet  axe 
reçoit  une  avance  automatique  de  rotation  par  un  système  à  rochet  commandé  par  la 
came  de  l’avance  de  la  tête  ou  par  une  came  spéciale. 

Certains  constructeurs  (Steinlen,  Dandoy-Mailliard  et  Lucq)  mettent  deux  têtes  sur 
le  même  banc;  mais  ils  leur  donnent  des  commandes  distinctes  disposées  â  chaque 


86 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


bout  du  banc.  Cette  disposition  donne  la  facilité  de  raboter  des  pièces  longues  simul¬ 
tanément  avec  deux  outils. 


MA  CHENES  MIXTES. 

Machine  à  raboter  de  M.  Steinlen,  avec  commande  de  la  table  par  bielle.  —  Cette  ma¬ 
chine  ne  diffère  des  machines  à  raboter  proprement  dites  que  par  la  commande  de  la 
table,  qui  est  celle  des  têtes  d’étaux-limeurs  par  balancier  et  bielle.  La  bielle,  de 
grande  longueur,  est  attachée  à  la  face  inférieure  de  la  table  ;  Taxe  fixe  d’oscillation  du 
balancier  est  à  la  partie  inférieure  du  banc,  et  le  bouton  de  manivelle  se  fixe  entre  cet 
axe  et  le  point  d’articulation  de  la  bielle.  L’avance  et  la  descente  automatique  de  l’outil 
sont  commandées  par  une  came  montée  sur  l’arbre  de  la  manivelle.  La  disposition  de 
la  machine,  dont  la  course  maximum  est  de  o  m.  600,  a  sur  celle  des  étaux-limeurs 
l’avantage  d’éviter  le  porte-à-faux  de  l’outil  à  la  fin  de  la  course  du  coulisseau,  de 
même  que  celui  de  la  pièce  sur  son  support. 


Machine  à  raboter  latérale,  système  Richards.  —  Cette  machine,  exposée  par  M.  Jans- 
sens,  a  la  disposition  générale  d’un  étau-limeur  àhanc;  seulement  la  tête  représente  la 


MACHINES-OUTILS. 


87 


traverse  d’une  machine  à  raboter,  le  long  de  laquelle  l’outil  a  un  mouvement  d’avance, 
et  qui,  elle-même,  a  sur  le  banc  un  mouvement  de  va-et-vient  aux  mêmes  vitesses  de. 
travail  et  de  retour  rapide  que  celles  de  la  table  d’une  machine  à  raboter;  ces  vitesses,, 
données  par  une  vis,  sont  uniformes.  La  commande,  appliquée  à  l’extrémité  de  la  vis, 
se  compose  d’une  large  poulie  fixe  entre  deux  poulies  folles  ;  sur  ces  poulies  se  placent 
deux  courroies,  l’une  droite,  l’autre  croisée,  correspondant  à  deux  poulies  de  dia¬ 
mètres  différents  sur  le  renvoi.  Les  fourches  de  débrayage  sont  adaptées  au  bout  d’une 
longue  tringle  munie  de  deux  butées,  sur  lesquelles  agit  la  tête  mobile  pour  opérer  le 
changement  de  marche.  Un  secteur  circulaire,  garni  à  son  pourtour  d’une  bande  de 
cuir,  est  relié  par  son  axe  à  la  tête  mobile ,  mais  il  ne  peut  tourner  que  d’une  quantité 
limitée  par  deux  arrêts;  il  appuie  sur  une  règle  latérale  et  fait,  en  vertu  du  frottement, 
sa  fraction  de  révolution  au  commencement  de  la  course  dans  chaque  sens,  glissant 
sans  tourner  pendant  le  reste  de  la  course;  il  actionne  un  cliquet  et  un  rochet  relié  a 
la  vis  du  support  de  l’outil,  pour  produire  le  mouvement  d’avance. 

Cette  machine  est  avantageuse  dans  certains  cas,  pour  lesquels  elle  facilite  le  mon¬ 
tage  des  pièces.  Le  porte-à-faux  de  l’outil  ne  paraît  pas  avoir  d’influence  nuisible; 
comme  il  est  le  même  pour  une  passe  complète  de  l’outil,  on  conçoit  que  la  flexion  de 
la  tête,  si  elle  a  lieu,  ne  puisse  entraîner  que  des  variations  légères  et  régulières  sur 
le  niveau  de  la  partie  rabotée  et  dans  le  sens  normal  à  la  direction  du  banc. 

Etau-limeur  à  vis ,  système  Richards.  —  Dans  cet  étau-limeur,  le  mouvement  du  cou¬ 
lisseau  a  lieu  au  moyen  d’une  vis  parallèle  à  sa  direction  et  commandée  comme  la  vis 
de  la  machine  à  raboter  précédente.  La  vis  porte  une  roue  dentée  qui  actionne,  pour 
l’avance,  un  axe  de  manivelle,  une  bielle  et  un  rochet;  celui-ci  peut  être  relié  par  fric¬ 
tion  à  la  vis  d’un  chariot  porte-pièce  ou  par  une  roue  amovible  à  un  axe  sur  lequel  se 
montent  des  pièces  à  raboter  cylindriquement. 

MACHINES  SPÉCIALES. 

Machine  de  MM.  Bouhey  àchanfreiner  les  tôles.  —  MM.  Bouhey  se  sont  proposé  de  faire 
sur  le  bord  de  la  tôle  un  chanfrein  régulier  et  partout  égal,  sans  dresser  préalablement  la 
tôle  ni  la  fixer  sur  toute  sa  longueur;  ils  assujettissent  simplement  les  extrémités  en  les 
butant  normalement  à  la  direction  du  chanfrein,  et  supportent  la  tôle  dans  l’intervalle  par 
une  table  de  forme  quelconque.  Le  support  de  l’outil  se  meut  sur  un  banc  de  1  o  mètres 
de  longueur,  sous  l’action  d’une  vis  munie  à  une  extrémité  de  deux  poulies  fixes  et 
de  deux  poulies  folles  conduites  par  deux  courroies,  l’une  droite,  l’autre  croisée,  qui 
passent,  au  renvoi,  sur  des  poulies  inégales  correspondant  aux  vitesses  de  travail  et  de 
retour  rapide;  sur  une  barre  de  débrayage  qui  suit  toute  la  longueur  du  banc  se 
fixent,  comme  des  butées,  deux  manchons  taillés  chacun  sur  leur  pourtour  d’une  rai¬ 
nure  en  forme  de  came;  un  galet  adapté  au  support  de  l’outil  s’engage  à  bout  de 


88 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


course  dans  la  rainure  d’un  des  manchons  et,  en  faisant  tourner  la  barre,  entraîne  le 
déplacement  des  courroies  et  produit  le  changement  de  marche.  Le  support  de  l’outil 
porte  un  chariot  vertical  équilibré,  et  même  soulevé,  par  un  contrepoids  qui  agit  sur 
l’extrémité  de  sa  vis;  ce  chariot  est  muni  de  deux  mâchoires  qui  viennent  saisir  les 
bords  de  la  tôle,  la  mâchoire  supérieure  étant  elle-même  appuyée  par  un  ressort,  et 
d’un  chariot  horizontal  servant  au  réglage  de  l’outil.  L’outil  étant  mis  en  place  sur  le 
dernier  chariot,  la  tôle  est  prise  entre  lui  et  la  mâchoire  inférieure;  pendant  le  rabo¬ 
tage,  la  tôle,  selon  sa  résistance ,  quelque  ondulée  qu’elle  soit,  cède  ou  déplace  le  cha¬ 
riot  vertical  sans  que  la  position  du  chanfrein  par  rapport  à  la  face  inférieure  puisse 
varier,  la  mâchoire  supérieure  cédant  elle-même  sous  les  inégalités  d’épaisseur. 

On  peut  immobiliser  la  vis  du  chariot  supérieur,  en  fixant  le  levier  du  contrepoids  : 
on  a  alors  une  machine  à  raboter  latéralement  ;  un  système  de  cliquets  manœuvrés  par 
la  barre  de  débrayage  permet  d’actionner  automatiquement  l’un  ou  l’autre  des  cha¬ 
riots  du  porte-outil. 

Machines  à  tailler  les  roues  d'angle.  —  Ce  genre  de  machine  s’est  beaucoup  répandu 
dans  ces  dernières  années,  avec  juste  raison,  puisqu’il  est  le  seul  qui  procure  la  taille 
des  roues  d’angle  suivant  une  forme  correcte.  Il  est  représenté  par  deux  machines  des 
ateliers  d’Oerlikon  pouvant  tailler  des  roues  dont  le  diamètre  maximum  est  pour  l’une 
de  o  m.  36 o  ,  pour  l’autre  de  3  mètres,  par  une  machine  de  M.  Steinlen  pour  roues 
maxima  de  o  m.  55o  et  par  un  modèle  réduit  de  M.  Van  der  Stegen.  Le  principe  de 
ces  machines  réside  dans  l’emploi  d’un  outil  à  raboter  formant  successivement  chacune 
des  génératrices  du  cône  des  dents;  des  déplacements  convenables  sont  donnés  soit  â 
la  roue ,  soit  à  l’outil ,  avec  appui  sur  un  gabarit  qui  n’est  autre  chose  qu’une  section 
faite  sur  le  cône  d’une  dent;  un  système  diviseur  permet  de  passer  d’une  dent  à  la  sui¬ 
vante. 

Dans  le  petit  modèle  des  ateliers  d’Oerlikon ,  l’outil  est  adapté  à  un  coulisseau  hori¬ 
zontal  d’étau-limeur  et  porté  par  deux  chariots,  l’un  vertical,  l’autre  horizontal,  ser¬ 
vant  à  régler  sa  position,  de  manière  à  mettre  l’arête  coupante  dans  le  plan  vertical  de 
l’axe  de  la  roue  à  tailler  et  à  hauteur  de  son  sommet.  Les  déplacements  nécessaires 
sont  donnés  à  la  roue,  savoir,  une  rotation  autour  de  son  axe  et  une  seconde  rotation 
autour  d’un  axe  passant  par  son  sommet  et  perpendiculaire  au  plan  vertical  de  Taxe 
précédent;  on  dispose  à  cet  effet  d’un  cadre  rectangulaire,  mobile  autour  d’un  de  ses 
côtés  horizontal  et  normal  à  la  direction  du  coulisseau;  la  roue  est  montée  sur  un  axe 
normal  au  milieu  de  ce  côté,  de  manière  que  son  sommet  se  trouve  en  ce  point,  qui 
est  à  la  rencontre  des  deux  axes  de  rotation.  Le  gabarit  est  placé  à  cheval  sur  le  pro¬ 
longement  de  Taxe  de  la  roue;  il  participe  aux  mouvements  de  la  roue  et  s’appuie 
contre  l’arête  presque  vive  de  Tune  ou  de  l’autre  des  deux  touches  fixes  correspondant 
chacune  à  un  flanc  de  la  dent.  Le  cadre  est  muni  de  deux  secteurs  dentés  concen¬ 
triques  à  son  axe  fixe,  engrenant  avec  des  pignons  montés  sur  un  axe  qu’un  contre- 


MACHINES-OUTILS. 


89 


poids  tend  à  faire  tourner  constamment  dans  un  certain  sens,  de  façon  à  produire 
précisément  l’appui  du  gabarit  contre  la  touche  ;  l’axe  des  pignons  porte  en  outre  un 
rochet,  qui  reçoit  la  commande  d’une  came  adaptée  à  l’arbre  de  la  manivelle  motrice 
du  coulisseau;  la  rotation  ainsi  donnée  au  cadre  entraîne  celle  de  la  roue  sur  son  axe, 


Machine  petit  modèle  à  raboter  les  roues  d’angle  des  ateliers  d’Oerlikon. 

par  suite  du  déplacement  du  gabarit  sur  la  touche.  Une  dent  de  loup,  constamment  en¬ 
gagée  dans  le  rochet,  l’empêche  d’obéir  à  l’action  du  contrepoids,  quand  le  cliquet  est 
soulevé. 

Le  système  diviseur,  porté  par  le  cadre ,  est  constitué  par  un  équipage  de  roues ,  avec 
tête  de  cheval,  actionnant  l’axe  de  la  roue  à  tailler;  le  mouvement  se  fait  à  l’aide  d’une 
manivelle,  dont  la  branche  s’arrête  dans  l’une  des  quatre  entailles  dun  plateau;  la 
division  se  fait  ainsi  par  un  nombre  exact  de  quarts  de  tour  de  la  manivelle. 

La  machine  n’a  pas  de  débrayage  automatique;  mais  le  rochet  a  un  diamètre  assez 
grand  pour  n’avoir  pas  à  faire  plus  d’un  tour  pendant  le  rabotage  d’une  dent;  sa  cir¬ 
conférence  présente  une  portion  lisse;  on  règle  l’orientation  du  rochet  sur  son  axe  de 
façon  que,  quand  l’outil  est  arrivé  au  pied  de  la  dent,  le  cliquet  tombe  sur  la  portion 
lisse  et,  par  suite,  soit  sans  action  sur  le  rochet.  Gomme  la  dent  de  loup  passe  à  un  mo- 


90 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


ment  sur  cette  même  portion  lisse,  on  Ta  faite  à  double  griffe,  pour  que  son  action  ne 
soit  pas  interrompue. 

Gomme  particularité  de  la  machine,  la  vitesse  de  retour  du  coulisseau  est  égale  à 
celle  du  travail;  cela  tient  à  ce  que  la  conduite  par  le  bouton  de  manivelle  a  lieu  sans 
intermédiaire  de  plateau  excentré  et  de  bielle,  le  bouton  étant  engagé  dans  une  rai¬ 
nure  verticale  creusée  dans  le  coulisseau. 

La  machine  de  M.  Steinlen  comporte  également,  pour  le  mouvement  de  l’outil,  un 
dispositif  d’étau-limeur  à  coulisseau  horizontal  et,  pour  la  roue  à  tailler,  deux  mouve¬ 


ments  de  rotation ,  dont  l’un ,  autour  de  son  axe,  est  produit  par  gabarit,  et  l’autre,  autour 
d’un  axe  horizontal  passant  par  son  sommet  et  normal  au  précédent  ainsi  qu’à  la  direc¬ 
tion  du  coulisseau,  est  pris  sur  l’arbre  principal  au  moyen  d’une  came,  puis  ramené  par 
un  mécanisme  de  cliquet,  rochet,  engrenages  à  vis  à  un  arc  denté  concentrique  à  Taxe. 
Le  système  des  chariots  porte-outils  est  rapporté  sur  la  face  latérale  du  coulisseau.  Le 
support  de  la  roue  est  un  fort  secteur  concentrique  au  deuxième  axe  et  s’appuyant  sur 
le  côté  du  bâti  dans  une  coulisse  circulaire  fixe;  sur  le  secteur  est  un  chariot  de 
réglage,  et  sur  celui-ci  se  trouvent  la  douille  qui  reçoit  le  mandrin  porte-roue  et  le 
système  diviseur;  à  la  douille  est  adapté  le  gabarit  à  l’extrémité  d’un  arc  denté  en- 


MACHINES-OUTILS. 


91 


grenant  avec  un  pignon  a  manivelle,  par  lequel  on  peut  régler  la  position  initiale.  Le 
gabarit  est  appuyé  par  un  poids  tendeur  sur  une  touche  fixée  à  un  bras  rapporté  sur 
le  bâti.  Le  système  diviseur  comprend  une  grande  roue  montée  sur  le  mandrin,  une 
vis  sans  fin  munie  d’un  disque  gradué  et  une  poignée  de  manivelle  qui  peut  être 
reliée  à  la  vis  ou  rendue  folle  au  moyen  d’un  mécanisme  de  serrage;  la  manivelle  porte 
un  verrou  qui,  en  se  logeant  dans  une  échancrure  du  disque,  constitue  le  point  de 
départ  des  tours  de  la  vis  ;  un  vernier  peut  être  fixé  à  une  division  quelconque  du  disque 
et  porte  une  butée  mobile  qui  sert  d’arrêt  pour  les  fractions  de  tours;  il  convient  seule¬ 
ment  de  commencer  toujours  la  manœuvre  du  diviseur  en  faisant  partir  la  manivelle 
de  l’échancrure  du  disque ,  et ,  pour  cela ,  de  le  desserrer  pour  parcourir  à  blanc  l’inter¬ 
valle  compris  entre  la  butée  et  l’échancrure.  Un  tableau  donne  les  tours  et  fractions 
de  tour  à  faire  pour  tout  nombre  de  dents  de  la  roue  ;  ce  système  de  diviseur  est  com¬ 
mode  ,  mais  exige  une  certaine  attention  de  la  part  de  l’ouvrier. 

Dans  la  machine  de  M.  Van  der  Stegen,  dont  nous  ne  pouvons  exposer  que  le  prin¬ 
cipe,  la  roue  à  tailler  est  disposée  sur  un  axe  vertical,  autour  duquel  elle  reçoit  un 
mouvement  de  rotation  automatique.  L’outil  est  adapté  à  un  coulisseau  d’étau-limeur 
se  mouvant  dans  un  bâti  qui  tourne  dans  un  plan  vertical  autour  du  sommet  de  la 
roue  ;  la  rotation  est  donnée  au  bâti  au  moyen  de  deux  paires  de  tourillons  susceptibles 
de  se  déplacer  dans  des  rainures  sous  l’action  de  vis  verticales  dont  ils  portent  les 
écrous ,  et  qui  tournent  à  des  vitesses  différentes  proportionnelles  à  leur  éloignement  du 
sommet  de  la  roue.  Les  mouvements  sont  obtenus  par  l’emploi  d’un  très  grand  nombre 
d’engrenages,  qui  sont  certainement  une  cause  réelle  de  complication  de  l’ensemble 
de  la  machine. 

La  disposition  du  grand  modèle  des  ateliers  d’Oerlikon  diffère  notablement  des 
précédentes.  Les  deux  flancs  d’une  même  dent  sont  rabotés  simultanément  chacun  par 
un  outil;  la  roue,  dont  Taxe  est  horizontal,  reste  fixe  pendant  la  taille  d’une  dent;  les 
outils,  outre  le  mouvement  de  va-et-vient,  reçoivent  deux  mouvements  d’avance  résul¬ 
tant  de  deux  rotations  autour  d’axes  passant  par  le  sommet  de  la  roue,  l’un  vertical, 
l’autre  horizontal,  l’ensemble  des  mouvements  étant  guidé  par  un  gabarit. 

Les  outils  sont  montés  chacun  sur  un  chariot  mobile  le  long  d’une  longue  barre 
qui  repose  à  une  de  ses  extrémités  sur  le  gabarit,  et  dont  l’autre  extrémité  est  articulée 
à  un  axe  horizontal;  celui-ci  peut  lui-même  tourner  autour  d’un  axe  vertical  fixe.  La 
roue  est  montée  sur  le  nez  de  l’arbre  d’une  forte  poupée,  qu’on  peut  faire  coulisser  sur 
une  semelle  par  un  mouvement  de  manivelle  actionnant  une  crémaillère,  de  manière 
à  amener  le  sommet  du  cône  de  la  roue  exactement  au  point  de  rencontre  des  deux 
axes  précédents;  un  système  diviseur,  analogue  à  celui  du  petit  modèle,  permet  de  faire 
tourner  la  roue  pour  passer  d’une  dent  à  la  suivante. 

L’axe  vertical  fixe  fait  partie  d’un  support  robuste  disposé  à  un  bout  de  la  semelle  ; 
il  sert  de  pivot  au  système  qui  porte  Taxe  horizontal  de  rotation  des  barres  et  la  trans¬ 
mission  du  mouvement  de  va-et-vient  aux  chariots  porte-outils,  système  dont  l’orienta- 


92 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


tion  est  variable  avec  l’angle  du  cône  de  la  roue.  Le  mouvement,  venant  d’une  poupée 
latérale  fixe,  est  communiqué,  par  l’intermédiaire  de  l’axe  vertical,  à  un  arbre  horizontal 
de  manivelle  qui  actionne  un  balancier  à  axe  d’oscillation  fixe;  à  ce  balancier  est  atta¬ 
chée  une  pièce,  dont  un  autre  point  parcourt  une  coulisse  tracée  de  façon  que  la  pièce 
se  déplace  parallèlement  à  elle-même;  sur  une  verticale  de  cette  pièce  sont  attachées 
deux  longues  bielles  aboutissant  aux  chariots  porte-outils;  le  dispositif  produit  donc  un 
retour  rapide  et  assure  à  la  fois  la  concordance,  rigoureuse  à  tout  instant,  des  positions 
des  deux  outils  dans  un  même  plan  vertical. 

Le  support  des  gabarits  peut  se  déplacer  sur  une  voie  circulaire  tracée  autour  de 
l’axe  vertical  fixe,  afin  de  suivre  l’orientation  du  mouvement  des  outils  d’après  l’angle 
du  cône  de  la  roue.  Il  possède  deux  chariots,  dont  la  direction  est  normale  à  la  position 
moyenne  des  barres  porte-outils  sur  les  gabarits,  et  qui  sont  reliés  aux  barres  chacun 
par  une  bielle;  le  déplacement  des  chariots  est  produit  au  moyen  d’un  rochet  actionné 
par  une  tringle  à  deux  butées,  que  rencontre  un  taquet  fixé  à  la  bielle  d’entraînement 
du  chariot  porte-outil  supérieur.  Le  débrayage  du  rochet  se  fait  automatiquement,  à  la 
fin  du  rabotage  d’une  dent,  par  le  soulèvement  du  cliquet  au  moyen  d’un  poids  adapté 
à  un  levier  d’enclanchement ,  qu’une  butée  fixée  à  un  des  chariots  vient  dégager. 

La  machine  rabote  aussi  bien  les  dents  des  roues  en  bois  que  celles  des  roues  mé¬ 
talliques;  on  remplace  seulement  les  outils  par  d’autres  ayant  une  coupe  spéciale.  Les 
dents  des  roues  en  fonte  ou  en  acier  coulé  sont  ordinairement  déjà  formées  par  la 
coulée  même;  le  rabotage  a  alors  pour  objet  de  régulariser  la  forme  des  dents  et  leur 
position.  Si  l’on  doit  tailler  les  dents  sur  un  disque  massif,  on  commence  par  dégager 
les  intervalles  par  un  rabotage  sans  gabarit  ;  on  peut  aussi  avantageusement  faire  ce 
premier  travail  sur  une  machine  à  fraiser  pourvue  d’un  appareil  diviseur. 

Nous  ajouterons  de  suite,  pour  ne  plus  revenir  à  la  machine  grand  modèle  des  ate¬ 
liers  d’Oerlikon,  que  cette  machine  peut  servir  à  tailler  à  la  fraise  les  roues  cylin¬ 
driques  à  dents  droites  ou  inclinées.  A  cet  effet,  une  voie  normale  à  la  direction  de 
l’axe  de  la  roue  permet  d’approcher  un  appareil  à  fraiser.  La  tête  du  porte-fraise  est 
disposée  sur  un  chariot  dont  la  table  se  trouve  parallèle  au  plan  vertical  de  l’axe  de 
la  roue  et  normale  à  l’arbre  de  la  fraise  ;  le  chariot  est  monté  lui-même  sur  un  plateau 
pivotant  à  axe  horizontal,  qui  sert  à  donner  l’inclinaison  voulue  à  la  fraise.  La  com¬ 
mande  est  donnée  à  la  fraise  par  le  renvoi,  et  celle  du  chariot  est  prise  sur  l’arbre  de 
la  fraise;  un  embrayage  à  friction,  placé  sur  la  vis  du  chariot,  permet  d’établir  la  com¬ 
mande  automatique  du  chariot  ou  de  le  manœuvrer  à  la  main. 


OUTILS  DE  RABOTAGE. 

Comme  pour  les  tours,  on  remplace  souvent,  par  mesure  d’économie,  l’ancien 
outil  par  un  porte-outil  et  un  bout  de  barre  profilée  ou  ronde  (Smith  et  Coventry),  qui 
se  fixe  sur  le  porte-outil  suivant  une  direction  convenable.  M.  Demoor  construit  des 


MACHINES-OUTILS. 


93 


porte-outils  qui  possèdent  la  faculté  de  relèvement  de  l’outil  au  retour  :  ce  sont  des  tiges 
de  section  rectangulaire,  terminées  par  un  pivot  horizontal  disposé  parallèlement  à  la 
direction  du  mouvement  et  se  serrant  par  un  écrou;  le  pivot  possède  lui-même  un  axe 
d’oscillation  normal  à  sa  direction,  et  sur  cet  axe  est  montée,  encastrée  dans  le  pivot, 


une  pièce  dans  laquelle  l’outil  se  fixe  par  une  vis;  la  pièce  prend  appui,  pendant  le 
travail,  sur  la  partie  inférieure  de  l’encastrement  du  pivot,  et,  au  retour,  elle  se  soulève 
en  tournant  autour  de  son  axe;  ce  dispositif  donne  la  facilité  d’orienter  l’outil  de  toutes 
façons,  et,  grâce  au  faible  poids  de  la  pièce  oscillante,  le  frottement  au  retour  est 
insignifiant  par  rapport  à  celui  que  donnent  les  supports  ordinaires. 

Porle-outil  pour  faire  des  rainures  de  M.  Huré. 


Al.  Huré  présente  un  porte-outil  disposé  pour  faire  les  rainures  des  poulies,  vo¬ 
lants,  etc.,  et  qui  peut  s’adapter  à  une  machine  à  raboter  ou  à  un  étau-limeur.  C’est 
une  barre  percée  normalement  à  la  longueur  de  deux  mortaises  à  90  degrés  l’une  de 
l’autre;  dans  l’une,  de  section  carrée,  se  place  l’outil  ayant  même  section,  mais  arrondi 


94 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


sur  les  angles  dans  sa  partie  médiane  et  denté  sur  ces  angles  de  manière  a  former  la 
vis  d’un  écrou  logé  dans  l’autre  mortaise;  l’écrou  est  taillé  sur  une  de  ses  tranches  en 
roue  d’angle  très  aplatie;  celle-ci  engrène  avec  un  petit  pignon,  dont  l’axe  traverse  une 
extrémité  de  la  barre  parallèlement  à  sa  longueur  et  se  termine  au  dehors  par  un  bou¬ 
ton  moleté.  En  agissant  sur  le  bouton,  on  fait  tourner  l’écrou  et  avancer  l’outil  :  on 
donne  ainsi  le  fer  à  chaque  passe. 

MACHINE  À  RAYER  AUTOMATIQUEMENT  LES  CANONS  DE  FUSILS. 

Nous  trouvons,  dans  l’exposition  du  Gouvernement  mexicain,  une  machine  construite 
dans  les  ateliers  du  Secrétariat  de  la  guerre  et  destinée  au  rayage  des  canons  de  fusils. 
La  particularité  de  cette  machine ,  d’un  genre  très  spécial ,  réside  moins  dans  ses  méca¬ 
nismes  que  dans  son  outil  et  le  mode  d’action  de  ce  dernier. 

La  machine  porte  un  nombre  d’outils  égal  à  celui  des  rayures  du  canon,  c’est-à- 
dire  quatre ,  logés  dans  des  mortaises  creusées  sur  la  paroi  d’un  tube  et  allongées  sui¬ 
vant  une  direction  oblique  par  rapport  à  Taxe,  se  confondant  avec  la  direction  des 
rayures.  Chaque  outil  est  un  petit  prisme  sur  lequel  font  saillie  deux  lames  de  couteau 

obliques  par  rapport  à  sa  longueur,  cette 
obliquité  s’ajoutant  à  celle  de  sa  direc¬ 
tion  par  rapport  à  l’axe;  chaque  lame 
a,  en  section  normale,  la  forme  d’un 
angle  aigu  dont  les  faces  ont  une  incli¬ 
naison  variable  aux  différents  points  de 
la  longueur  ;  mais  à  l’extrémité  qui  entre 
la  première  dans  la  matière,  la  droite,  section  de  la  face  située  du  côté  vers  lequel  a 
lieu  le  déplacement,  est  à  peu  près  normale  à  Taxe  du  porte-outil,  quel  que  soit  d’ail¬ 
leurs  le  sens  du  déplacement.  Cette  forme  donnée  aux  lames  permet  à  l’outil  de  tra¬ 
vailler  à  la  fois  en  allant  et  en  revenant.  L’arête  des  lames  a  un  profil  correspondant 
à  celui  du  fond  de  la  rayure.  Le  tube  porte-outils  est  traversé  suivant  son  axe  par 
une  tige  taillée  en  plan  incliné  sur  l’emplacement  de  chaque  outil;  la  face  d’appui  de 
celui-ci  ayant  la  même  inclinaison,  il  suffit  de  pousser  la  tige  dans  le  tube  pour  donner 
de  la  saillie  aux  outils.  Le  tube  est  monté  à  l’extrémité  d’une  tringle  animée  d’un 
mouvement  de  va-et-vient  d’amplitude  telle ,  que  les  outils  dépassent  chacune  des  extré¬ 
mités  du  canon.  Pour  éliminer  les  causes  tenant  aux  différences  de  forme  ou  de  saillie 
des  outils ,  et  qui  pourraient  occasionner  des  inégalités  de  dimensions  pour  les  diverses 
rayures,  on  fait  exécuter  un  quart  de  tour  au  canon  après  chaque  passe  d’une  allée 
et  venue.  Enfin  la  lubrification  et  le  nettoyage  des  outils  se  font  par  un  jet  d’huile  en¬ 
voyé  sur  eux  à  leur  sortie  de  chaque  bout  du  canon. 

Toutes  ces  opérations  s’effectuent  automatiquement,  outre  le  mouvement  hélicoïdal 
de  la  tringle  à  l’intérieur  du  canon;  les  mouvements  ont  pourpoint  de  départ  l’arbre 


Coupe,  cvô. 


MACHINES-OUTILS. 


95 


de  commande.  Une  bielle,  adaptée  au  bouton  d’un  balancier  monté  sur  l’arbre,  con¬ 
duit  un  chariot  entre  des  glissières  parallèles  à  Taxe  du  canon:  le  chariot  entraîne  une 
crémaillère  normale  à  la  direction  du  mouvement  et  susceptible  de  se  déplacer  sui¬ 
vant  sa  longueur,  sous  l’action  d’un  coulisseau  auquel  elle  est  reliée  par  pivot  et  qui 
suit  une  règle  inclinée;  la  différence  des  ordonnées,  résultant  de  l’inclinaison  de  la 
règle  par  rapport  à  l’axe  du  canon ,  se  transforme  en  un  mouvement  de  rotation  par  l’in¬ 
termédiaire  d’un  pignon  conduit  par  la  crémaillère,  et  dont  Taxe  coïncide  avec  celui  de 
la  tringle  porte-outils;  la  tringle y  participant  en  outre  au  mouvement  du  chariot,  prend 
ainsi  un  mouvement  de  va-et-vient  hélicoïdal.  L’arbre  de  commande  porte  une  came 
qui  actionne  une  barre  parallèle  à  Taxe  du  canon ,  en  produisant  son  déplacement  au 
moment  où  les  outils  sortent  a  l’un  ou  l’autre  bout  de  ce  dernier;  à  chaque  bout,  la  barre 
met  en  jeu,  au  moyen  d’une  butée,  un  levier  qui  fait  fonctionner  une  pompe  à  huile; 
a  un  des  bouts  seulement,  elle  agit  de  la  même  façon  sur  un  système  de  crémaillères  et 
de  secteurs  dentés,  qui  dégage  un  verrou  en  libérant  le  canon,  fait  faire  à  celui-ci  un 
quart  de  tour  et  remet  le  verrou  en  prise;  elle  pousse  également  un  cliquet  menant  un 
rochet-écrou ,  dont  la  vis,  rencontrant  la  tige  à  plans  inclinés  du  tube  porte-outils, 
produit  la  saillie  des  outils.  La  limite  de  la  profondeur  des  rayures  est  donnée  par  la 
rencontre  d’une  butée  adaptée  à  la  vis  du  rochet  contre  un  point  fixe  du  bâti;  bien  que 
la  machine  continue  de  marcher,  le  rochet  cesse  de  tourner,  le  cliquet  étant  sans  effet 
sur  lui,  grâce  à  l’interposition  d’un  ressort  entre  la  tige  et  le  levier  qui  la  commande. 

Nous  ajouterons  que,  dans  cette  machine,  l’effort  de  torsion  opposé  au  tube  porte- 
outils  est  relativement  grand  par  rapport  à  la  résistance  dont  il  est  capable,  surtout  à 
cause  de  la  présence  des  mortaises  qui  découpent  sa  paroi;  aussi  ne  peut-on  donner 
aux  outils  qu’une  avance  très  faible  dans  le  sens  de  la  profondeur  des  rayures;  l’épais¬ 
seur  des  copeaux  est  inférieure  a  un  demi-centième  de  millimètre.  Ce  travail  est  cepen¬ 
dant  un  des  plus  délicats  qui  se  présentent  dans  la  fabrication  des  armes;  il  prouve 
bien  qu’on  peut  faire  des  outils  avec  un  degré  de  précision  pour  ainsi  dire  illimité. 


96 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


CHAPITRE  VI. 

MACHINES  À  MORTAISER. 


Revue  des  machines  exposées  :  machine  de  M.  Fétu-Defize  à  faire  les  rainures  de  daveltes  dans  les  poulies, 
volants,  etc.;  machine  à  queue  d’aigle  de  M.  Demoor  à  faire  les  pans  des  tètes  de  boulons  et  des  écrous. 
—  Outils  de  mortaisage. 


REVUE  DES  MACHINES  EXPOSÉES. 

L’uniformité  de  type,  que  noiis  avons  signalée  dans  les  étaux-limeurs,  se  retrouve  à 
un  degré  plus  élevé  encore  dans  les  machines  à  mortaiser;  c’est  à  peine  si,  à  part  les 
dimensions,  les  divers  modèles  présentent  quelques  caractères  qui  permettent  de  les 
distinguer. 

La  machine  à  mortaiser  représente  un  étau-limeur  dont  le  coulisseau,  ou  flèche 
porte-outil,  est  disposé  verticalement;  le  mouvement  de  l’outil  est  produit  de  la  même 
façon,  par  bielle  articulée  sur  un  plateau  à  une  distance  de  l’axe  qui  constitue  la  moitié 
de  l’étendue  de  la  course;  le  retour  rapide  est  également  donné  de  la  même  manière, 
soit  par  un  plateau  à  rainure  disposé  le  plus  souvent  sur  -le  côté  du  bâti  opposé  à  l’outil 
et  actionné  par  un  bouton  de  manivelle,  soit  par  un  balancier  (Bouhey,  Fétu-Defize) 
disposé  près  de  la  flèche ,  l’axe  du  plateau  ou  du  balancier  étant  sensiblement  dans  le 
plan  horizontal  de  l’axe  de  l’arbre  à  manivelle.  Mais  nous  ne  comprenons  pas  pourquoi, 
tandis  que  la  plupart  des  étaux-limeurs  ont  un  retour  rapide,  une  partie  seulement  des 
machines  a  mortaiser  en  est  pourvue;  il  est  bien  évident  que,  quelle  que  soit  l’am¬ 
plitude  de  la  course  de  l’outil ,  le  retour  rapide  peut  toujours  diminuer  dans  la  même 
proportion  la  durée  d’une  oscillation  complète;  si  l’on  craint  la  production  de  chocs, 
par  suite  du  lancé  dans  le  sens  vertical  et  de  la  chute  par  réaction  du  poids  de  la 
flèche ,  il  suffit  d’équilibrer  ce  poids  pour  se  trouver  dans  les  mêmes  conditions  qu’avec 
les  étaux-limeurs,  comme  le  fait  M.  Steinlen;  il  est  probable  qu’on  pourrait  ainsi 
accroître  le  rapport  de  la  vitesse  de  remonte  à  celle  de  descente,  qui  est  ordinairement 
comme  k  est  à  3. 

La  commande  de  l’arbre  principal,  ou  de  l’arbre  à  manivelle,  se  fait  généralement 
par  un  cône  à  étages,  quelquefois  sans  intermédiaire  pour  les  petites  machines  (Stein¬ 
len),  ordinairement  avec  interposition  d’un  ou  plusieurs  engrenages  réduisant  la  vi¬ 
tesse,  ou  d’un  harnais  de  tour  à  double  engrenage  (Bariquand,  Société  alsacienne) 
qui  permet,  à  l’occasion,  de  marcher  a  la  volée.  Nous  avons  remarqué  peu  de  machines 
à  mortaiser  munies  de  volant;  cet  organe  trouve  pourtant  naturellement  sa  place  dans 


MACHINES-OUTILS. 


97 


des  machines  à  résistance  essentiellement  variable,  à  la  remonte  comme  à  la  descente 
de  l’outil. 

Dans  le  plus  grand  nombre  des  machines,  le  système  de  chariots,  qui  reçoit  la  pièce, 
repose  directement  sur  un  support  venu  de  fonte  avec  le  bâti;  on  obtient  ainsi  une 
grande  solidité  pour  l’appui  de  la  pièce  ;  mais  on  est  obligé ,  pour  mettre  l’outil  à  une 
hauteur  moyenne  convenable ,  de  caler  la  pièce  ou  de  faire  varier  le  point  d’attache  de 
la  bielle  à  la  flèche,  ce  qui,  dans  un  cas,  compromet  la  stabilité  de  la  pièce  et,  dans 
l’autre  cas,  met  la  flèche  en  porte-â-faux  à  une  extrémité  de  sa  course.  La  Société  alsa¬ 
cienne  interpose  dans  une  de  ses  machines,  entre  la  flèche  et  le  bâti,  un  chariot 
réglable  en  hauteur  qui,  ayant  une  base  plus  large  que  la  flèche,  contribue  a  soutenir 
cette  dernière.  M.  Bariquand  et  M.  Duval  disposent  le  support  de  la  pièce  sur  une  cou¬ 
lisse  en  queue  d’aronde  formée  le  long  du  bâti,  et  le  soutiennent  par  une  vis;  ce  moyen 
nous  paraît  préférable,  à  condition  que  la  vis  soit  suffisamment  éloignée  du  bâti  et 
qu’on  prenne  la  précaution  de  bloquer  le  support,  une  fois  le  réglage  fait. 

Plusieurs  machines  (Duval,  Lomont,  Société  alsacienne,  Société  d’Albert)  possèdent 
un  support  de  flèche  à  plateau  pivotant  gradué,  par  lequel  on  peut  incliner  l’outil.  Par 
raison  de  symétrie  des  positions  extrêmes  de  la  bielle  par  rapport  à  la  flèche,  et  pour 
éviter  son  action  en  porte-à-faux,  on  a  mis  Taxe  du  plateau  sur  le  prolongement  de 
celui  de  l’arbre  principal;  il  en  résulte  que,  cet  arbre  étant  à  peu  près  à  hauteur  du 
milieu  du  support  de  la  flèche,  l’outil  s’écarte  rapidement  de  la  verticale  du  milieu  du 
bâti  et,  pour  une  inclinaison  même  très  faible,  tombe  en  dehors  des  chariots. 

Une  machine  de  la  Société  alsacienne  possède  un  dispositif  qui  écarte  automa¬ 
tiquement  l’outil  de  la  pièce  à  la  remonte;  il  consiste  en  une  plaque  en  forme  de 
coin  à  faible  angle,  disposée  à  l’arrière  du  porte-outil  oscillant  et  manœuvrée  par  une 
tringle  à  butées  adaptée  à  la  flèche ,  de  façon  à  s’effacer  à  la  remonte  pour  permettre 
à  l’outil  de  reculer,  et  à  faire  saillie  sous  le  porte-outil  à  la  descente  pour  le  porter  et 
le  maintenir  contre  la  pièce. 

Dans  toutes  les  machines,  la  pièce  est  portée  par  un  système  de  deux  chariots  rec¬ 
tangulaires  munis  de  vis  et  surmontés  d’un  plateau  circulaire  avec  roue  menée  par  une 
vis  sans  fin;  les  uns  et  les  autres  peuvent  être  manœuvrés  à  la  main  par  leur  vis,  ou 
automatiquement  à  l’aide  d’une  commande  par  came  prise  sur  l’arbre  principal  et 
transmise  par  cliquet,  rochet  et  engrenages;  on  embraye  ou  on  débraye  à  volonté 
chaque  mouvement  par  le  déplacement  d’une  roue  sur  son  axe.  Les  cfents  du  rochet 
sont  ordinairement  symétriques  et  le  cliquet  réversible  pour  produire  la  marche  dans 
les  deux  sens;  dans  une  machine  de  la  Société  alsacienne,  le  rochet  n’est  actionné  que 
dans  un  sens,  mais  son  axe  est  muni  d’un  embrayage  double  à  manchons  dentés  pour 
le  changement  de  marche. 

Le  système  de  deux  chariots  rectangulaires  avec  plateau  circulaire  donne  bien  la 
facilité  de  travailler  en  ligne  droite  dans  toutes  les  directions  sans  démonter  la  pièce, 
mais  il  ne  permet  de  faire  que  des  parties  circulaires  concentriques  à  l’axe  du  plateau; 

7 


Groupe  VI.  —  17. 


LUI»  IUM  El 


10XALE, 


98 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


à  l’exemple  de  Withworth,  M.  Bariquand  ajoute  sur  le  plateau  circulaire  deux  chariots 
rectangulaires  se  manœuvrant  seulement  à  la  main;  ces  chariots,  en  tournant  autour 
de  l’axe  du  plateau,  peuvent  s’orienter  dans  toute  direction  horizontale,  facilitant  ainsi 


les  manœuvres,  et  de  plus  ils  donnent  le  moyen  d’amener  un  point  quelconque  de  la 
pièce  sur  l’axe  du  plateau,  par  suite  de  tracer  tout  arc  de  cercle  situé  dans  un  plan 
horizontal. 


Machine  de  M.  Fètu-Defize  à  faire  les  rainures  de  clavettes  dans  les  poulies,  volants,  etc.  — 
La  flèche  des  machines  ordinaires  ne  peut  souvent  s’introduire  à  l’intérieur  de  pièces 
telles  que  poulies,  volants,  roues  cl’engrenage;  d’autre  part,  si  on  lui  adapte  un  outil 
allongé,  ce  dernier  se  trouve  trop  en  porte-à-faux  pour  ne  pas  fléchir  sur  la  lon¬ 
gueur  à  mortaiser.  M.  Fétu-Defize  a  construit  une  machine  qui  s’adapte  spécialement 
à  ce  genre  de  travaux.  Un  fort  bâti  de  forme  cylindrique  est  surmonté  de  deux  cha¬ 
riots  rectangulaires  et  d’un  large  plateau  circulaire;  les  déplacements  des  chariots 


MACHINES-OUTILS. 


99 


devant  être  très  faibles ,  on  a  pu  évider  l’ensemble  dans  son  milieu  d’une  ouverture  cir¬ 
culaire  assez  grande.  La  flèche  est  disposée  sur  un  support  dans  la  partie  inférieure 
du  bâti  et  prolongée  par  une  forte  barre  cylindrique  qui  s’engage  dans  l’ouverture 
précédente  et  qui  porte  l’outil  monté  transversalement,  comme  sur  les  porte-outils  sou¬ 
vent  employés  avec  les  machines  ordinaires;  le  mouvement  est  donné  à  la  flèche  par 
un  balancier  qui  se  meut  autour  d’un  axe  horizontal  et  qui  est  commandé  à  son  autre 
extrémité  par  un  bouton  de  manivelle  mobile  dans  une  rainure.  L’outil  travaille  en 
descendant  et  a  un  retour  accéléré;  sa  course  est  de  o  m.  275.  Le  chariot  inférieur 
seul  est  mû  automatiquement.  Le  support  de  la  flèche  peut  être  incliné,  à  l’aide  d’un 
mouvement  de  vis  sans  fin,  pour  permettre  de  donner  de  l’entrée  aux  rainures. 

Machine  à  queue  d’aigle  de  M.  Demoor  à  faire  les  pans  des  têtes  de  boulons  et  des  écrous. — 
Cette  machine  se  rapproche  des  machines  a  mortaiser  par  son  outil,  dit  à  queue 
d’aigle,  qui  est  formé  d’une  barre  munie  sur  une  face  de  dents  inclinées  à  45  de¬ 
grés  environ  par  rapport  â  la  longueur,  la  face  taillée  étant  elle-même  inclinée  sur  la 
direction  de  mortaisage;  c’est,  en  réalité,  un  outil  à  mortaiser  multiple,  dont  chaque 
tranchant  a  une  avance  progressive.  Les  outils  sont  au  nombre  de  deux,  correspondant 
à  deux  pans  opposés,  et  sont  fixés  sur  la  table,  qui  présente,  à  90  degrés  des  outils, 
deux  échancrures  servant  de  guides  au  porte-pièce.  Le  travail  se  fait  par  le  passage 
entre  les  deux  outils  de  la  pièce  guidée  par  le  porte-pièce,  dans  lequel  elle  est  vissée 
par  quelques  filets,  sous  l’action  d’un  poinçon  à  descente  automatique.  Le  poinçon  est 
adapté  à  un  coulisseau  vertical  de  section  rectangulaire,  muni  d’une  crémaillère  sur  une 
de  ses  faces  et  relié  dans  le  haut  à  une  traverse  horizontale  guidée  entre  deux  mon¬ 
tants;  des  ressorts  disposés  sous  la  traverse,  le  long  des  montants,  tendent  à  maintenir 
constamment  le  coulisseau  relevé;  on  produit  la  descente  en  embrayant  par  manchon 
denté  l’axe  du  pignon  de  la  crémaillère  avec  l’arbre  moteur;  à  fin  de  course,  un  butoir, 
agissant  sur  le  levier  du  manchon,  le  débraye,  et  le  coulisseau  remonte  de  lui-même 
sous  l’action  des  ressorts,  qui  avaient  été  comprimés  dans  la  descente.  La  machine  est 
double,  par  accouplement  de  deux  appareils  semblables  sur  le  même  bâti  et  le  même 
arbre  moteur. 


OUTILS  DE  MORTAISAGE. 

Comme  pour  les  tours  et  les  machines  à  raboter,  on  emploie  souvent,  avec  les  ma¬ 
chines  à  mortaiser,  des  outils  formés  de  bouts  de  barres  profilées  ou  rondes  et  rap¬ 
portés  sur  un  porte-outil.  Ue  plus,  pour  éviter  la  pression  de  l’outil  contre  la  pièce  au 
retour,  on  monte  fréquemment  l’outil  dans  un  petit  support  articulé  au  porte-outil  sur 
un  axe  horizontal. 

M.  Demoor  construit  des  porte-outils  formés  de  deux  parties  réunies  bout  à  bout, 
l’inférieure  s’emboîtant  dans  la  supérieure  par  une  tige  conique  et  rappelée  vers  elle 
par  un  ressort;  de  plus,  la  base  de  la  partie  supérieure  est  dentée,  et  la  partie  infé- 


100 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


rieure  porte  une  dent  qui  s’engage  dans  les  intervalles  des  dents  précédentes.  Ce 
dispositif  permet  d’orienter  à  volonté  l’outil  fixé  à  la  partie  inférieure;  en  outre,  à  la 
remonte,  la  pression  de  l’outil  contre  la  pièce  dégrène  légèrement  les  deux  parties,  ce 


Porte-outil  de  MM.  Smith  et  Coventry. 


Porte-outil  de  M.  Demoor. 


qui  donne  à  l’inférieure  la  faculté  de  s’obliquer  et  réduit  le  frottement  de  la  pointe  de 
l’outil. 

Rappelons  le  dispositif  de  la  Société  alsacienne  qui  éloigne  complètement  l’outil  de 
la  pièce  à  la  remonte. 

Nous  ferons  remarquer  que  l’outil  à  queue  d’aigle  de  M.  Demoor,  pour  faire  les  pans 
des  têtes  de  boitions  et  des  écrous,  constitue  un  passage  de  l’outil  à  mortaiser  ou  à  ra¬ 
boter  à  la  fraise  :  il  peut,  en  effet,  être  considéré  comme  une  fraise  plane,  même  a 
dents  hélicoïdales;  en  comparant  les  modes  d’avance  dans  l’emploi  de  cet  outil  et  dans 
celui  de  la  fraise ,  on  voit  qu’ils  sont  tout  à  fait  analogues. 


MACHINES-OUTILS. 


101 


CHAPITRE  VII. 

MACHINES  À  FRAISER. 


Considérations  générales.  —  Caractères  applicables  à  tous  les  modèles  de  machines  à  fraiser  :  arbres  porte- 
fraise;  montage  de  la  fraise;  chariots;  montages  accessoires.  —  Machines  horizontales.  —  Machines  verti¬ 
cales.  - —  Machines  à  orientation  variable  de  la  fraise.  —  Machines  à  reproduire.  —  Machines  spéciales  :  ma¬ 
chines  à  tailler  les  fraises;  machines  à  tailler  les  forets  en  hélice;  machines  à  tailler  les  roues  d’engrenage; 
machines  à  fraiser  les  têtes  de  boulons  et  les  écrous;  machine  à  fraiser  les  lames  d’épées-baïonnettes.  — 
Outils  de  fraisage. 

CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES. 

La  machine  à  fraiser  est  la  dernière  venue  des  machines  d’usage  général  :  elle  a  pris 
naissance  en  Amérique,  ou  la  nécessité  de  fabriquer  rapidement  des  armes  pendant  la 
guerre  de  la  Sécession  contribua  à  son  extension;  elle  a  été  importée  en  France  vers 
1  864,  principalement  pour  être  appliquée  à  la  transformation  du  matériel  des  manu¬ 
factures  d’armes  de  l’Etat.  Son  usage  s’est  rapidement  développé  dans  les  ateliers  de 
fabrication  courante,  ou  ses  avantages  étaient  tellement  évidents,  surtout  au  point  de 
vue  économique,  qu’elle  s’imposait  pour  ainsi  dire  :  la  fraise  peut,  en  effet,  exécuter 
toute  surface  ayant  une  génératrice  d’un  profil  constant,  et  elle  seule  est  capable  de 
faire,  sans  qu’il  y  ait  lieu  à  retouches,  une  surface  à  directrice  irrégulière  et  même  des 
surfaces  souvent  relativement  simples.  On  n’a  pas  hésité  à  faire  des  fraises  à  profd 
parfois  très  complexes,  applicables  aux  machines  à  mouvements  simples,  rectilignes 
ou  circulaires,  ou  des  gabarits  de  forme  très  accidentée,  mais  simplifiant  les  profils 
des  fraises  et  s’employant  avec  des  machines  dites  à  reproduire ,  à  façonner  ou  à  pro¬ 
filer. 

Mais  la  fraise,  quelque  simple  qu’elle  fût,  la  fraise  même  cylindrique,  a  été,  dès 
l’abord,  un  outil  de  confection  coûteuse  et  d’un  entretien  peut-être  plus  coûteux  encore  : 
la  principale  difficulté  provenait  de  la  sensibilité  de  la  fraise  aux  effets  de  la  trempe 
et  de  la  fragilité  à  laquelle  l’exposaient  ses  nombreuses  découpures.  On  la  recuisait 
alors  partiellement,  ce  qui  lui  enlevait  une  partie  de  sa  dureté  et  entraînait  son  usure 
rapide;  on  recuisait  aussi  les  fraises  a  profd,  afin  de  pouvoir  les  affût<  r  à  la  lime  ou  au 
grattoir.  Peu  à  peu,  cependant,  on  apprit  à  se  rendre  maître  des  effets  de  la  trempe,  et 
l’on  arriva  a  laisser  toute  leur  dureté  aux  fraises  cylindriques  ou  coniques  que  l’on 
pouvait  affûter  a  la  meule  d’émeri;  certains  fabricants  ne  recuisaient  pas  non  plus  les 
fraises  a  profil,  mais,  ne  pouvant  les  affûter  lorsqu’elles  étaient  usées,  ils  les  détrem¬ 
paient  et  les  retaillaient  à  nouveau.  Enfin  apparurent  les  machines  de  M.  Kreutzberger 
pour  l’affûtage  des  fraises  de  tous  profils;  dès  lors  on  put  donner  aux  fraises  une  très 


102 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


grande  dureté,  leur  affûtage  devint  une  opération  très  facile  et  très  rapide.  Le  prix  de 
l’outil  se  réduisit  ainsi  dans  une  proportion  considérable,  au  point  de  devenir  une 
quantité  infime  dans  la  dépense  totale  de  la  fabrication  d’une  pièce. 

Ajoutons  aussi  que,  dès  l’abord,  on  attacha  peu  d’importance  aux  conditions  d’éta¬ 
blissement,  de  puissance  et  d’entretien  des  machines,  non  pas  que  les  machines  n’eussent 
pas  souvent  été  bien  construites,  mais  les  fabricants  et  les  ouvriers  qui  les  employaient, 
manquant  d’expérience,  négligeaient  fréquemment  de  proportionner  leur  puissance  au 
travail  à  exécuter,  de  régler  convenablement  la  vitesse  de  l’outil  et  l’avance  de  la  pièce , 
de  faire  disparaître  ie  jeu  des  arbres  et  des  chariots.  Il  en  résultait  que  la  machine 
fatiguait  beaucoup,  rendait  peu,  et  que  l’outil  s’usait  très  vite.  Des  progrès  considérables 
se  sont  faits  avec  le  temps  sous  ce  rapport;  les  ouvriers  sont  devenus  plus  soigneux, 
les  fabricants  plus  attentifs  à  l’état  des  machines;  on  est  arrivé  à  faire  des  machines  à 
fraiser  des  instruments  de  la  plus  haute  précision ,  et  d’une  part  le  rendement  des  ma¬ 
chines  a  été  notablement  augmenté,  d’autre  part  la  durée  des  fraises  s’est  accrue  dans 
une  très  grande  mesure. 

Pendant  quelque  temps ,  les  constructeurs  n’ont  assisté  que  de  loin  à  cette  évolution 
de  la  fraise  dans  la  voie  du  progrès;  ils  construisaient  bien  les  machines,  mais  ils  ne 
s’en  servaient  pas  eux-mêmes.  C’est  que,  pour  des  travaux  peu  répétés,  la  fraise  ne  leur 
paraissait  pas  devoir  payer  ses  frais  de  confection  ;  elle  était  alors  d’autant  plus  coûteuse 
pour  eux  que,  s’en  servant  peu,  ils  étaient  malhabiles  aussi  bien  pour  l’employer  que 
pour  la  faire  et  l’entretenir.  Les  premiers  constructeurs  qui  entrèrent  dans  la  voie  de 
l’application  des  machines  à  fraiser  à  leur  propre  industrie  furent  ceux  qui  possédaient, 
à  côté  de  leurs  ateliers  de  construction,  des  ateliers  accessoires  de  fabrication  courante. 
Il  sera  toujours  vrai  que,  pour  apprécier  la  valeur  d’un  objet,  il  faut  s’en  servir;  aussi 
ne  croyons-nous  pas  hors  de  propos  de  rappeler  aux  constructeurs  ce  principe,  d’une 
vérité  indéniable,  à  savoir,  qu’ils  doivent  joindre  à  leurs  ateliers  une  industrie  qui 
emploie  couramment  les  principaux  modèles  des  machines  qu’ils  exécutent,  et  qui  soit 
pour  eux  un  laboratoire  d’études  et  d’expériences.  C’est  à  cette  seule  condition  qu’ils 
connaîtront  exactement  les  points  délicats  des  machines,  ce  qu’il  est  possible  ou  indis¬ 
pensable  de  leur  demander,  d’où  les  améliorations  à  y  introduire,  les  modèles  nou¬ 
veaux  à  créer,  et  qu’ils  pourront  se  tenir  à  la  hauteur  du  progrès,  lui  apporter  leur 
part  de  contribution  et  prospérer  par  cela  même  qu’ils  offriront  au  public  des  fabricants 
un  outillage  d’un  fonctionnement  irréprochable,  répondant  à  leurs  besoins  et  à  leurs 
aspirations  toujours  croissantes. 

La  fraise  a  donc  fini  par  pénétrer  dans  les  ateliers  les  plus  rebelles;  elle  en  est 
devenue  un  élément  nécessaire ,  comme  moyen  de  produire  bien,  autant  que  de  produire 
vite;  nous  voyons  même  des  constructeurs,  qui  ne  font  pas  habituellement  de  machines 
à  fraiser,  s’appuyer,  pour  faire  valoir  la  qualité  de  leurs  produits,  sur  ce  que  les  pièces 
en  ont  été  exécutées  à  la  fraise.  Nous  voyons  la  fraise  se  substituer  à  l’outil  h  raboter, 
ou  tout  au  moins  rectifier  son  travail  pour  le  dressage  des  surfaces;  enfin  les  machines 


MACHINES-OUTILS, 


103 


à  fraiser  en  viennent  à  atteindre  et  même  à  dépasser  les  dimensions  des  plus  fortes 
machines  des  autres  catégories.  Or,  ces  machines  si  puissantes  ne  sont  pas  précisément 
destinées  à  des  travaux  de  fabrication  courante,  qui  ne  portent  pas  généralement  sur 
de  très  grosses  pièces  ;  tout  au  plus  devront-elles  servir  à  exécuter  des  séries  d’un  petit 
nombre  de  grosses  pièces  semblables;  plus  généralement,  elles  seront  employées  à  des 
travaux  essentiellement  variables  de  construction. 

Plus  que  toute  autre,  la  machine  à  fraiser  demande  à  être  étudiée  et  construite  avec 
un  très  grand  soin,  à  cause  de  la  nature  de  l’outil  et  de  son  mode  d’action.  La  fraise 
est  une  réunion  d’outils  analogues  à  ceux  des  tours  ou  des  machines  à  raboter;  ils  offrent 
toutefois  ces  différences  :  que  l’arête  coupante  a  une  longueur  souvent  assez  grande; 
que,  au  moins  pour  les  fraises  à  dents  droites,  ils  n’ont  pas  de  coupe  latérale;  et  qu’enfin 
l’angle  de  tranchant  se  rapproche  plus  de  90  degrés  que  de  la  valeur  théorique  de 
5  1  degrés.  Ces  différences  leur  donnent  une  certaine  infériorité  par  rapport  aux  autres 
outils.  De  plus,  en  général,  les  dents  se  dégagent  de  la  matière  de  la  pièce  et  s’y  ren¬ 
gagent  constamment;  de  là  résultent  des  variations  de  la  résistance  opposée  à  l’arbre 
de  la  machine,  susceptibles  de  déplacer  à  chaque  instant  son  appui  dans  ses  supports 
et  d’occasionner  des  flexions  de  valeurs  différentes.  Par  contre,  une  fraise  travaillant 
correctement  possède  les  avantages  suivants  :  chaque  outil  partiel  fait  son  copeau,  et  le 
découpage  de  ces  copeaux  très  minces  fatigue  moins  chaque  outil  individuel,  et  même 
tout  l’ensemble  de  la  fraise ,  que  ne  le  ferait  celui  cl’un  gros  copeau  avec  un  seul  outil;  les 
dents,  en  se  dégageant  de  la  pièce,  viennent  se  refroidir  au  contact  de  l’air,  et  quand 
on  emploie  un  lubrifiant,  si  ce  dernier  n’arrive  pas  jusqu’à  l’arête  coupante  pendant 
quelle  est  engagée ,  du  moins  il  l’atteint  directement  à  sa  sortie  ;  il  résulte  de  là  la 
possibilité  de  faire  travailler  les  fraises  à  une  très  grande  vitesse ,  puisqu’on  peut  s’op¬ 
poser  à  leur  échaufîement.  Mais  on  comprend  de  suite  que ,  pour  que  les  avantages  de 
la  fraise  soient  supérieurs  à  ses  désavantages,  il  est  indispensable  que  son  mode  d’action 
réalise  les  conditions  capables  de  procurer  les  premiers,  sinon  elle  deviendrait  un  très 
mauvais  outil.  Pour  que  chaque  dent  fasse  son  copeau,  il  faut  que  l’ensemble  des  arêtes 
tourne  parfaitement  rond  et  ne  subisse  aucun  déplacement  sur  l’arbre,  quelles  que 
soient  les  conditions  de  résistance  ;  par  suite ,  que  la  fraise  soit  exactement  centrée  sur 
le  porte-fraise ,  et  celui-ci  sur  l’arbre  ;  que  l’arbre  n’ait  pas  trop  de  porte-à-faux  et  n’ait 
aucun  jeu  dans  ses  supports,  sans  y  être  forcé  en  aucun  de  ses  points  pour  ne  pas  subir 
de  flexions  et  de  déviations  variables;  que  les  deux  tourillons  de  l’arbre  soient  parfaite¬ 
ment  concentriques,  de  même  que  les  deux  coussinets;  que  l’arbre  et  les  coussinets 
soient  exactement  de  révolution,  pour  que  leurs  axes  restent  toujours  en  coïncidence; 
il  faut  que  l’avance  soit  régulière  et  continue ,  ce  à  quoi  la  vis  convient  mieux  dans  les 
chariots  que  la  crémaillère ,  pour  les  raisons  que  nous  avons  déjà  données;  que  les  chariots 
sur  lesquels  repose  la  pièce  ou  l’outil,  et  sur  lesquels  l’outil  prend  appui,  soient  très  bien 
ajustés  sur  leurs  glissières,  n’y  aient  pas  de  jeu  et  n’aient  pas  non  plus  une  élasticité 
trop  grande  ;  que  les  supports  fixes  de  l’outil  et  de  la  pièce  soient  assez  robustes  pour 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


104 


ne  pas  fléchir.  Il  faut  encore  que  les  arêtes  des  dents  soient  toujours  très  vives  et  aient 
une  coupe  suffisante,  sinon  les  dents  auraient  une  très  grande  difficulté  a  pénétrer 
dans  la  matière;  la  présence  de  plusieurs  dents  en  prise  augmentant  cette  difficulté  en 
multipliant  les  points  d’appui  résistants,  la  fraise  cesserait  de  mordre  et  ferait  fléchir 
les  organes  de  la  machine,  jusqu’à  ce  que  la  réaction  de  ces  organes  devint  assez  puis¬ 
sante  pour  la  forcer  à  pénétrer  de  nouveau;  elle  agirait  alors  irrégulièrement,  fatiguerait 
considérablement  la  machine,  compléterait  très  vite  sa  propre  usure  et  souvent  se 
briserait. 

On  voit  quelles  précautions  il  y  a  lieu  de  prendre  pour  la  construction  et  l’emploi 
des  machines  à  fraiser  et  des  fraises.  De  leur  observation  dépendent  les  résultats  à 
obtenir  du  fraisage,  et  ceux-ci  peuvent  être  envisagés  à  deux  points  de  vue  :  l’un,  sur 
lequel  nous  n’insisterons  pas  pour  le  moment,  est  l’exécution  de  travaux  que  les  autres 
catégories  de  machines  ne  permettent  pas  de  faire;  l’autre,  sur  lequel  nous  désirons 
appeler  l’attention ,  est  la  valeur  du  rendement  fourni  par  les  machines  à  fraiser  compa¬ 
rativement  avec  les  autres  catégories.  On  a  pu  croire  longtemps  que,  à  degré  d’impor¬ 
tance  égal ,  une  machine  à  fraiser  rendait  moins  qu’un  tour  ou  qu’une  machine  à  raboter, 
pour  des  travaux  exécutables  indifféremment  à  l’une  ou  à  l’autre  machine.  Gela  est  vrai 
pour  les  machines  mal  construites  ou  mal  employées;  il  n’en  est  pas  de  même  dans 
le  cas  d’une  construction  soignée  et  d’un  emploi  judicieux  :  nous  pouvons  affirmer,  par 
expérience ,  que  la  machine  à  fraiser  est  capable  de  produire  un  rendement  très  supé¬ 
rieur  à  celui  des  autres  machines  et  que  la  valeur  du  rendement  peut  atteindre  le 
double. 

La  variété  de  nature  des  travaux  demandés  aux  machines  à  fraiser  conduit  à  l’emploi 
d’un  certain  nombre  de  mouvements  utilisables  soit  pour  le  travail  même,  soit  pour  le 
réglage  des  positions  initiales  respectives  de  l’outil  et  de  la  pièce.  Les  machines  les  plus 
simples  comportent  trois  mouvements  rectangulaires  donnés  le  plus  souvent  à  la  pièce, 
mais  parfois  aussi  en  partie  à  l’outil.  Les  machines  plus  complètes  possèdent  un  axe  de 
rotation  vertical  correspondant  à  un  mouvement  circulaire,  qui  est  toujours  donné  à  la 
pièce.  De  plus,  des  appareils  accessoires  ou  montages  peuvent  se  rapporter  sur  les 
chariots  et  fournissent  généralement  des  mouvements  de  rotation  à  orientations  très 
diverses. 

Certains  modèles  ont  une  position  fixe,  verticale  ou  horizontale  pour  l’arbre  de  la 
fraise  :  c’est  le  cas  des  machines  simples  et  de  celles  qui  sont  destinées  à  des  tra¬ 
vaux  de  fabrication  courante;  mais,  dans  d’autres  modèles,  le  bâti  se  décompose  en 
deux  ou  même  en  un  plus  grand  nombre  de  parties  réglables  les  unes  sur  les  autres , 
mais  se  fixant  solidement,  le  réglage  terminé,  et  permettant  soit  de  déplacer  l’arbre  de 
la  fraise  rectilignement ,  soit  de  l’orienter  sous  des  angles  divers  autour  d’un  axe  hori¬ 
zontal  ou  dans  des  plans  verticaux  différents  (Société  d’Albert);  quelques  constructeurs 
(Rariquand,  Rouhey,  Frey)  disposent  le  bâti  de  façon  qu’il  puisse  recevoir  indifférem¬ 
ment  une  tête  verticale  ou  une  tête  horizontale  portant  l’arbre  de  la  fraise;  enfin  M.  Huré 


MACHINES-OUTILS. 


105 


met  à  la  fois  sur  le  même  bâti  un  arbre  horizontal  et  un  arbre  vertical,  qui  peuvent  être 
amenés  au-dessus  de  la  pièce  par  rotation  du  bâti  autour  d’un  axe  vertical. 

Telles  sont  les  dispositions  que  nous  avons  rencontrées  à  l’Exposition;  rappelons 
qu’elles  s’appliquent  surtout  à  des  machines  d’usage  général;  il  existe  également  d’autres 
dispositions,  mais  qui  se*  rapportent  plus  spécialement  à  des  machines  de  fabrication 
courante. 

Nous  examinerons  d’abord  quelques  caractères  applicables  à  la  généralité  des  mo¬ 
dèles,  puis  les  particularités  relatives  aux  machines  à  arbre  de  fraise  horizontal  ou, 
simplement,  machines  horizontales,  aux  machines  verticales,  aux  machines  a  orienta¬ 
tion  variable  de  l’arbre  de  la  fraise,  aux  machines  à  reproduire;  enfin  nous  dirons 
quelques  mots  de  plusieurs  machines  spéciales. 

CARACTÈRES  APPLICABLES  À  TOUS  LES  MODELES  DE  MACHINES  À  FRAISER. 

Arbres  porte-fraise.  —  Les  arbres  porte-fraise  sont  en  acier;  la  plupart  des  construc¬ 
teurs  se  flattent  de  les  rectifier  après  cémentation  et  trempe.  Le  tourillon  voisin  de 
l’outil  est  généralement  conique,  la  grande  hase  du  côté  de  l’outil;  son  logement  est 
quelquefois  formé  dans  la  fonte  du  support  (Huré,  Prétot,  petites  machines  Hurtu  et 
Hautin);  plus  souvent,  il  est  enfermé  dans  une  coquille  d’une  seule  pièce  en  bronze  dur 
ou  phosphoreux,  en  acier  cémenté  et  trempé  (Bariquand,  Brown  et  Sharpe).  Dans  les 
machines  moyen  modèle  de  MM.  Hurtu  et  Hautin,  le  tourillon  est  cylindrique  et  pris 
dans  deux  coussinets,  entre  lesquels  s’engage  un  coin  par  lequel  on  règle  le  serrage 
sur  l’arbre;  un  chapeau  maintient  les  coussinets. 

Le  deuxième  tourillon  est  souvent  cylindrique,  encastré  directement  dans  la  fonte 
du  support,  ou  entre  des  coussinets  semblables  à  ceux  du  premier  tourillon  (Hurtu  et 
Hautin),  ou  dans  une  coquille  en  bronze  d’une  seule  pièce;  chez  MM.  Bariquand, 
Brown  et  Sharpe,  cette  coquille  est  fendue  suivant  deux  génératrices  sur  une  grande 
partie  de  sa  longueur  et  complètement  suivant  une  troisième ,  conique  extérieurement 
et  fdetée  à  un  bout  pour  recevoir  des  écrous  par  lesquels  on  lui  donne  du  serrage  en  la 
déplaçant  suivant  son  axe.  D’autres  constructeurs  (Huré,  Lomont,  Prétot,  Schultz)  rap¬ 
portent  sur  l’arbre  cylindrique  un  tourillon  entraîné  avec  lui  dans  la  rotation,  conique 
extérieurement  en  sens  inverse  du  premier  tourillon,  et  le  font  tourner  dans  la  fonte 
ou  dans  une  coquille  en  bronze  ;  un  écrou  et  un  contre-écrou ,  vissés  sur  le  bout  de 
l’arbre,  permettent  de  lui  donner  du  serrage  dans  son  logement.  MM.  Dandoy-Mailliard 
et  Lucq  font,  au  contraire,  le  deuxième  tourillon  conique  dans  le  même  sens  que  le 
premier,  et  ils  donnent  le  serrage  sur  l’arbre  par  le  rappel  d’une  coquille  en  bronze 
au  moyen  d’un  écrou  et  d’un  contre-écrou  vissés  sur  le  bout  de  l’arbre. 

Pour  l’appui  dans  le  sens  longitudinal,  le  plus  souvent  l’arbre  porte  un  épaulement 
à  l’extrémité  du  tourillon  voisin  de  l’outil ,  du  côté  de  l’outil  :  cet  épaulement  est  or¬ 
dinairement  normal  à  l’axe;  MM.  Brown  et  Sharpe  le  font  conique  à  45  degrés;  à  l’autre 


106 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


bout  du  même  tourillon  ou  du  tourillon  opposé,  se  visse  sur  l’arbre,  en  s’appuyant  sur 
le  support,  avec  ou  sans  rondelle  de  frottement  interposée,  un  écrou  traversé  par  un 
coussinet  et  une  vis  de  pression,  ou  maintenu  par  un  contre-écrou;  dans  le  cas  du 
deuxième  tourillon  conique  de  sens  inverse  rapporté,  les  mêmes  écrous,  qui  produisent 
le  serrage  de  ce  tourillon,  assurent  également  l’appui  de  l’arbre;  mais  il  faut  en  outre 
maintenir  l’arbre  dans  le  sens  opposé  par  un  épaulement  ou  des  écrous  sur  l’un  ou 
l’autre  tourillon,  pour  éviter  que  l’appui  longitudinal  se  fasse  sur  le  cône  d’un  tou¬ 
rillon,  ce  qui,  en  raison  de  la  faible  ouverture  de  ce  dernier,  pourrait  entraîner  le 
coincement  et  le  grippement  de  l’arbre;  quelquefois,  l’arbre  n’est  pas  épaulé  du  côté 
de  l’outil  :  M.  Lomont  met  alors  des  écrous  vissés  sur  l’arbre  des  deux  côtés  du 
deuxième  tourillon ,  MM.  Dandoy-Mailliard  et  Lucq  et  M.  Demoor  opposent  au  bout 
de  l’arbre  une  butée  réglable. 

On  voit  que  les  dispositions  d’arbres  sont  assez  variées;  il  peut  être  intéressant  de 
les  discuter.  Les  conditions  à  rechercher  sont  :  que  la  position  de  Taxe  de  l’arbre  reste 
invariable  dans  le  temps ,  malgré  l’usure ,  notamment  dans  le  plan  vertical  qui  contient 
une  partie  des  directions  habituelles  des  chariots  et  des  axes  de  rotation,  et  qui  est 
normal  aux  autres;  et  que,  le  réglage  des  appuis  dans  le  sens  longitudinal  étant  une 
fois  fait,  l’arbre  n’éprouve  pas  de  déplacement  dans  ce  sens  pendant  le  travail,  soit  à 
chaque  révolution,  soit  au  bout  d’un  temps  plus  ou  moins  long  par  suite  d’échauffe- 
ment.  Il  faut  d’abord  remarquer  que  le  tourillon  voisin  de  l’outil  constitue  l’appui  prin¬ 
cipal,  celui  qui  supporte  le  maximum  d’efforts  et,  dans  tous  les  cas,  celui  qu’il  est  le 
plus  important  d’assurer  comme  ayant  une  influence  directe  sur  l’outil.  La  forme  cy¬ 
lindrique  pour  ce  tourillon  est  de  suite  à  rejeter,  car  son  usure  ou  celle  de  son  cous¬ 
sinet  le  déplacera  forcément;  au  contraire,  la  forme  conique,  avec  moyens  de  compenser 
l’usure,  ne  peut  avoir  d’effet  que  sur  la  coquille;  mais  si  l’on  a  soin  de  tenir  constam¬ 
ment  l’arbre  juste  dans  la  coquille,  avec  un  ou  deux  centièmes  de  millimètres  au  plus 
de  jeu  pour  permettre  au  lubrifiant  de  se  loger,  la  grande  surface  d’appui  des  deux 
pièces,  en  répartissant  la  pression  sur  une  étendue  considérable,  atténuera  beaucoup 
les  effets  du  frottement,  l’usure  sera  très  lente  et  se  produira  presque  uniformément 
sur  tout  le  pourtour  de  la  coquille;  on  réduira  encore  l’usure  en  faisant  la  coquille  en 
métal  dur,  en  acier  trempé  et  mieux  en  fonte  dure.  Il  va  de  soi  que  le  tourillon  et  sa 
coquille  doivent  être  faits  avec  des  angles  de  cônes  identiques,  avec  une  correction  ab¬ 
solue  des  sections  circulaires  et  des  génératrices,  une  netteté  et  un  poli  parfaits  de  la 
surface. 

Le  tourillon  voisin  de  l’outil  ainsi  assuré,  le  tourillon  opposé  n’a  qu’à  lui  être  con¬ 
centrique  et  s’ajuster  sans  effort  de  flexion  dans  son  logement  ;  cette  dernière  condition 
est  essentielle  pour  que  la  position  du  premier  tourillon  ne  soit  pas  contrariée  et  qu’il 
ne  se  produise  pas  de  fausses  portées,  et  par  suite  d’échauffement  et  de  grippement; 
dans  ces  conditions  cl’ajustage,  le  métal  du  tourillon  peut  être  relativement  tendre, 
ainsi  que  celui  de  son  logement  :  fonte,  bronze  ou  acier  non  trempé;  il  peut  être  in- 


MACHINES-OUTILS. 


107 


différemment  cylindrique  ou  conique;  nous  pensons  même  qu’il  est  préférable  de  le 
faire  cylindrique,  la  forme  conique  ayant  une  tendance  dirigeante  trop  accentuée;  il 
convient  seulement  de  veiller  à  ce  qu’il  n’existe  jamais  autour  de  lui  de  jeu  sensible. 

Les  appuis,  dans  le  sens  longitudinal,  doivent  s’opposer  au  ballottement  de  l’arbre 
dans  ce  sens  ;  on  doit  surtout  éviter  que ,  dans  une  même  révolution ,  l’arbre  soit  bridé 
dans  une  position  et  libre  dans  une  autre,  ce  qui  arriverait  si  les  parties  en  contact  de 
l’arbre  et  d’un  support  étaient  toutes  deux  obliques  par  rapport  à  l’axe,  au  moins  iné¬ 
galement  dans  le  cas  de  portées  coniques.  Les  portées  peuvent  être  planes,  coniques 
ou  d’un  profd  courbe;  nous  reprochons  à  ces  deux  derniers  modes  d’avoir  une  tendance 
à  produire  la  direction  de  l’arbre,  à  empêcher  le  tourillon  de  toucher  les  parois  de  son 
logement  et  à  contrarier  son  effet,  dans  le  cas  où  elles  ne  lui  seraient  pas  parfaitement 
concentriques,  et,  ce  qui  est  le  plus  dangereux,  sans  qu’il  soit  facile  de  s’en  apercevoir; 
une  portée  plane,  même  ne  soit-elle  pas  normale  à  l’axe,  ne  peut  avoir  le  même  in¬ 
convénient  et  nous  semble  par  suite  préférable.  Il  convient  néanmoins  que  les  portées 
planes  soient  normales  à  l’axe  ;  il  faut  éviter  de  les  faire  consister  en  des  tranches  d’é¬ 
crous,  qui  obéissent  toujours  plus  ou  moins  à  l’action  déviatrice  des  fdets  et  se  placent 
par  suite  obliquement;  le  remède  consiste  à  interposer  entre  les  deux  parties  une  ron¬ 
delle  a  tranches  bien  dressées,  aussi  longue  possible,  ajustée  exactement  sur  l’arbre, 
fixée  sur  lui  ou  folle  ;  l’appui  se  fait  alors  sans  inconvénient  par  les  tranches  de  la  ron¬ 
delle  sur  les  tranches  plus  ou  moins  bien  dressées  du  support  fixe  et  de  l’écrou.  Il  est 
également  avantageux  d’interposer,  entre  l’épaulement  de  l’arbre  et  le  support  fixe ,  une 
bague  mince  et  libre  sur  l’arbre,  mais  à  tranches  bien  parallèles;  le  frottement  se  ré¬ 
partit  entre  l’épaulement  de  l’arbre  et  les  tranches  de  la  bague,  qui  obéit  plus  ou 
moins  à  l’entraînement  ;  ce  moyen  donne  en  outre  la  facilité  de  remplacer  la  bague  ou 
de  réduire  son  épaisseur  pour  compenser  le  jeu  survenu  autour  du  tourillon. 

Nous  avons  vu  que  les  appuis  de  l’arbre  contre  le  déplacement  dans  un  sens  ou  dans 
l’autre  se  font  tantôt  sur  les  deux  faces  du  support  d’un  même  tourillon,  et  tantôt  se 
répartissent  entre  les  supports  des  deux  tourillons.  Il  y  a  lieu  de  considérer  l’effet  occa¬ 
sionné  par  l’échauffement  de  l’arbre,  qui  se  produit  toujours,  sans  atteindre  pour  cela 
une  valeur  dangereuse  par  l’augmentation  de  diamètre  des  tourillons.  La  dilatation 
de  l’acier  étant  d’environ  0,000,012  pour  une  variation  de  température  de  1  degré, 
une  longueur  d’arbre  de  0  m.  4oo  entre  les  appuis,  pour  une  augmentation  de 

1 0  degrés,  se  dilatera  de  0  m.  000,0 5  ;  cette  valeur  est  évidemment  très  grande  au  point 
de  vue  soit  du  réglage  d’un  travail  de  précision,  soit  surtout  de  la  stabilité  de  l’arbre. 

11  s’ensuit  qu’il  faut  rapprocher  le  plus  possible  les  appuis  longitudinaux  et  les  mettre 
de  préférence  de  part  et  d’autre  du  même  tourillon,  laissant  l’autre  tourillon  libre  de 
se  dilater;  et  le  tourillon  à  choisir  de  préférence  est  celui  voisin  de  la  fraise,  afin  que 
les  variations  de  longueur  de  l’arbre  aient  le  moins  d’influence  sur  la  position  de  la 
fraise  par  rapport  a  la  pièce. 

On  conclut  aussi  de  là  que  l’emploi  de  deux  tourillons  coniques  dirigés  dans  le 


108 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


même  sens  est  défectueux ,  en  ce  que ,  par  suite  d’échauffement ,  l’arbre  prenant  appui 
sur  le  tourillon  opposé  à  Toutil,  de  part  et  d’autre  duquel  sont  forcément  les  appuis 
longitudinaux,  s’allonge  du  côté  de  Toutil  en  produisant  du  jeu  autour  du  tourillon  de 
ce  côté.  Il  en  est  de  même  d’ailleurs  avec  les  tourillons  coniques  en  sens  inverses, 
quand  les  appuis  longitudinaux  sont  sur  le  tourillon  le  plus  éloigné  de  Toutil;  quand 
ils  sont  répartis  entre  les  deux  tourillons,  la  poussée  de  la  fraise  tend  ordinairement  à 
appliquer  l’appui  du  tourillon  qui  en  est  voisin;  l’autre  tourillon  prend  un  peu  de  jeu, 
mais  l’inconvénient  est  moindre  que  dans  le  cas  précédent. 

On  doit  éviter  avec  soin  toutes  les  causes  capables  de  donner  à  l’arbre  des  mouve¬ 
ments  irréguliers;  les  organes  rapportés  sur  lui,  tels  que  poulies,  roues  d’engrenage, 
doivent  être  très  bien  centrés  et  ajustés  pour  ne  pas  donner  lieu  au  développement  de 
forces  centrifuges;  nous  rappellerons  à  ce  sujet  les  observations  que  nous  avons  faites 
au  commencement,  relativement  aux  clavettes  d’assemblage  et  aux  poulies  folles. 

Montage  de  la  fraise.  —  La  fraise  ou  le  mandrin  porte-fraise  se  monte  en  général 
sur  Tarbre  au  moyen  d’une  tige  conique,  dont  le  coincement  doit  suffire  pour  former  la 
liaison  des  deux  parties  ;  l’ouverture  du  cône ,  ou  la  tangente  de  Tangle  de  deux  géné¬ 
ratrices  opposées  varie  de  1/1  o  à  1/2  5,  selon  la  longueur  du  cône  et  la  résistance  oppo¬ 
sée  à  la  fraise.  Il  est  de  toute  nécessité  que  Taxe  du  logement  conique  intérieur  de 
Tarbre  coïncide  exactement  avec  celui  des  tourillons.  Pour  augmenter  l’adhérence  de  la 
fraise,  on  prolonge  assez  souvent  sa  tige  par  une  partie  filetée,  qui  se  visse  dans  Tarbre; 
comme  il  est  difficile  de  centrer  le  filetage  de  la  fraise  et  le  taraudage  de  Tarbre  sur 
Taxe  commun ,  et  que  cependant  le  filetage  ne  doit  pas  tendre  à  déranger  Taxe  de  la 
fraise,  on  doit  donner  une  très  grande  liberté  aux  filets  des  deux  pièces,  de  façon 
qu’ils  ne  servent  que  d’appui  dans  le  sens  longitudinal  opposé  à  l’appui  du  cône.  Plu¬ 
sieurs  constructeurs  taraudent,  au  contraire,  en  écrou  le  bout  de  la  tige  de  la  fraise  et 
y  vissent  une  tringle  qui  traverse  Tarbre  dans  toute  sa  longueur  et  s’arrête  à  son  extré¬ 
mité  au  moyen  d’écrous;  ce  procédé  est  préférable  toutes  les  fois  que  les  dimensions 
transversales  de  la  fraise  et  de  Tarbre  permettent  de  l’employer;  la  tringle  sert  en 
outre  à  chasser  la  fraise ,  pour  la  sortir  de  Tarbre.  Quant  au  serrage  de  la  fraise  par 
une  clavette  traversant  normalement  sa  tige,  ainsi  que  Tarbre,  dans  des  mortaises,  il  est 
à  proscrire  d’une  façon  absolue  :  la  pente  de  la  clavette  tend  à  dévier  Taxe  de  la  fraise, 
et  la  présence  d’une  mortaise  sur  Tarbre  est  la  cause  de  mutilations  très  nuisibles. 
D’une  manière  générale  d’ailleurs,  il  faut  éviter  que,  dans  la  manipulation  des  machines, 
0:1  ait  à  se  servir  de  marteaux  ou  tous  instruments  de  choc,  qui  ne  peuvent  qu’occa¬ 
sionner  des  détériorations. 

Chariots.  —  Les  chariots  disposés  soit  sous  la  pièce,  soit  sous  Toutil,  sont  presque 
toujours  guidés  en  queue  d’aronde,  avec  règle  de  serrage  sur  un  bord,  ce  qui  est  le 
moyen  le  plus  sûr  pour  supprimer  le  jeu  en  tous  sens.  Pour  leur  conduite,  on  emploie 


MACHINES-OUTILS. 


109 


ordinairement  des  vis  avec  écrou  ou  portion  d’écrou;  l’un  des  deux,  vis  ou  écrou,  est 
adapté  au  chariot,  l’autre  l’est  à  la  semelle  et  reçoit  le  mouvement  de  rotation;  le  plus 
souvent  l’écrou  est  court,  et  la  vis  a  toute  la  longueur  du  chariot  ou  de  la  semelle;  quel¬ 
quefois  (machines  horizontales  moyennes  de  la  Société  alsacienne,  forte  machine  hori¬ 
zontale  de  M.  Bariquand)  lavis,  adaptée  à  la  semelle,  est  courte,  de  grand  diamètre  et 
a  plusieurs  filets;  elle  engrène  avec  un  secteur  d’écrou  allongé  en  forme  de  crémaillère 
et  occupant  la  longueur  du  chariot;  cette  dernière  disposition  a  l’avantage  de  fournir 
un  retour  rapide.  La  conduite  des  chariots  de  travail  par  crémaillère  et  pignon  se  ren¬ 
contre  dans  une  machine  verticale  à  profiler  de  la  Société  alsacienne  et  dans  des  ma¬ 
chines  horizontales  de  MM.  Brown  et  Sharpe;  dans  la  première  de  ces  machines,  la 
crémaillère  et  le  pignon  sont  en  deux  parties  semblables  accolées,  au  moyen  desquelles 
on  peut  supprimer  le  jeu  à  peu  près  complètement;  dans  les  machines  de  MM.  Brown 
et  Sharpe,  la  partie  taillée  de  la  crémaillère  est  verticale  et  normale  à  la  surface  du 
chariot,  de  manière  à  ne  pas  exercer  sur  ce  dernier  d’action  de  soulèvement;  toutefois 
ces  dispositions  ne  sont  cpie  des  correctifs  partiels  des  inconvénients  de  la  crémaillère; 
elles  ne  s’opposent  pas  à  la  poussée  sur  le  pignon  et  à  l’effet  de  retard  cpii  en  résulte , 
quand  la  résistance  s’accroît  un  peu  brusquement.  On  trouve  encore  la  crémaillère 
dans  des  chariots  servant  uniquement  au  réglage;  elle  n’a  pas  d’inconvénients  dans  ce 
cas,  à  condition  qu’on  prenne  soin  de  bloquer  les  chariots  après  le  réglage. 

Les  trois  directions  rectangulaires  des  chariots  possèdent  assez  fréquemment  le  mou¬ 
vement  automatique,  surtout  dans  les  machines  cl’usage  général;  d’autres  fois,  les  deux 
directions  horizontales  seules  et  même  le  chariot  supérieur  seul,  particulièrement  dans 
les  machines  de  fabrication  courante,  en  sont  pourvus.  Souvent  aux  trois  chariots 
s’ajoute  un  plateau  circulaire,  avec  ou  sans  mouvement  automatique  de  rotation;  il  se 
place  sur  le  chariot  supérieur  et  ne  sert  qu’a  orienter  la  pièce  ou  à  fraiser  circulaire- 
ment,  ou  bien  se  place  sous  ce  chariot,  qu’il  permet  cl’obliquer  pour  fraiser  en  hélice  avec 
les  machines  horizontales,  dans  une  direction  quelconque  avec  les  machines  verticales;  la 
dernière  disposition  est  beaucoup  plus  générale  que  la  première,  mais  elle  assure  moins 
bien  la  stabilité  de  la  pièce  et  force  de  limiter  le  chariot  supérieur  à  une  assez  faible 
longueur.  M.  Steinlen  dispose  fréquemment  une  large  plate-forme  circulaire  sous  les 
deux  chariots  horizontaux;  mais  il  ne  s’en  sert  que  pour  orienter  les  chariots,  et  jamais 
comme  organe  de  mouvement;  il  la  fixe  fortement  par  boulons  après  orientation.  Enfin, 
dans  son  grand  modèle  de  machine  universelle,  M.  Steinlen  ajoute  sur  les  chariots  rec¬ 
tangulaires  aulomatiques  un  plateau  circulaire  également  automatique  et  surmonte  ce 
dernier  par  un  système  de  deux  chariots  rectangulaires  se  manœuvrant  à  la  main  et 
servant  a  orienter  la  pièce  pendant  le  travail  et  à  l’amener  dans  toutes  les  positions 
possibles;  c’est  la  disposition  Withworth  que  nous  avons  déjà  rencontrée  dans  la  machine 
à  mortaiser  de  M.  Bariquand  et  dans  les  tours  à  revolver  de  M.  Bariquand  et  de 
MM.  Smith  et  Coventry. 

Pour  remédier  à  l’inconvénient  résultant  du  diamètre  relativement  faible  du  plateau 


1  JO 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


circulaire,  qui  est  une  insuffisance  d’appui  pour  les  pièces  de  quelque  grandeur, 
MM.  Bouliey  disposent  autour  du  plateau,  qui  est  monté  sur  le  chariot  supérieur,  et 
sur  le  chariot  même  deux  plates-formes  de  même  niveau  que  la  surface  du  plateau  ;  les 
pièces,  fixées  sur  ce  dernier  et  entraînées  par  lui  dans  le  mouvement  de  rotation,  ne 
cessent  pas  moins  de  reposer  sur  les  plates-formes,  en  glissant  sur  elles. 

Les  plateaux  circulaires  sont  mus  par  vis  sans  fin  et  roue,  conduite  très  analogue  a 
celle  d’une  crémaillère  par  une  vis  et  offrant  une  surface  de  contact  très  limitée; 
comme,  de  plus,  le  glissement  est  considérable,  les  organes  sont  sujets  à  une  usure 
rapide;  si  donc  ils  doivent  servir  couramment  dans  le  travail,  si  notamment  ils 
sont  pourvus  du  mouvement  automatique ,  il  y  a  lieu  de  prendre  des  dispositions  spé¬ 
ciales  pour  entretenir  constamment  leur  lubrification;  le  mieux  est  de  constituer  sous 
la  vis  un  réservoir  d’huile  dans  laquelle  elle  plonge  constamment  en  partie;  on  fera 
bien  aussi  de  tremper  la  vis  et  même  la  roue.  Ajoutons  de  suite  que  ces  observations 
s’appliquent  à  fortiori  aux  vis  sans  fin  et  à  leurs  roues  intercalées  dans  la  suite  de  la 
commande  des  chariots  et  même  de  la  fraise  (Brown  et  Sharpe). 

La  commande  générale  de  la  machine  n’a  lieu  que  rarement  par  poulies  fixe  et 
folle  (Dandoy-Mailliard  et  Lucq),  du  moins  pour  les  machines  d’usage  général; 
M.  Steinlen  commande  directement,  par  poulie  et  courroie  venant  du  renvoi,  l’arbre 
de  la  fraise  de  ses  machines  verticales ,  avec  intercalation  de  deux  galets  renvoyant  la 
courroie  a  90  degrés;  une  forte  machine  horizontale  de  M..  Ere  y  porte  son  renvoi  à 
poulies  fixe  et  folle,  auquel  succède  une  transmission  par  cônes.  Le  plus  souvent,  la 
commande  se  fait  sur  un  cône  à  étages;  le  cône  est  souvent  placé  sur  l’arbre  porte- 
fraise  dans  les  machines  horizontales;  dans  les  machines  verticales,  il  est  placé  sur  un 
arbre  indépendant,  duquel  le  mouvement  est  renvoyé  à  la  fraise  par  poulies  et  cour¬ 
roies  avec  galets  intermédiaires,  ou  par  engrenages  et  arbres  auxiliaires;  dans  une  ma¬ 
chine  de  MAL  Brown  et  Sharpe,  les  engrenages  interposés  sont  une  vis  sans  fin  et 
une  roue  de  vis  sans  fin.  Les  machines  de  quelque  puissance  sont  munies  d’un  harnais 
d’engrenages  analogue  à  celui  des  tours,  mais  parfois  plus  ramassé  et  à  engrenages 
disposés  jointivement  (Dandoy-Alailliard  et  Lucq,  Prétot  ,  Société  alsacienne,  Société 
d’Albert);  ce  harnais  est  quelquefois  placé  sur  l’arbre  même  de  la  fraise  (Société 
d’Albert),  et  non  sur  l’arbre  de  commande,  quand  la  transmission  a  lieu  entre  ces 
deux  arbres  par  courroie.  AL  Huré  et  M.  Prétot  remplacent  le  harnais  par  un  équi¬ 
page  épicycloïdal ,  dont  nous  dirons  quelques  mots  plus  loin. 

La  commande  de  l’avance  doit  être  prise  sur  l’arbre  de  la  fraise  ou  sur  un  arbre 
qui  le  précède  dans  la  transmission  du  mouvement,  mais  qui  lui  est  relié  par  engre¬ 
nages,  sans  interposition  de  courroies;  il  faut  en  effet  éviter  que,  la  fraise  s’arrêtant 
ou  ralentissant  sa  vitesse  par  suite  de  la  chute  ou  du  glissement  d’une  courroie, 
l’avance  continue  néanmoins  avec  le  même  degré  de  vitesse.  Les  machines  bien  étu¬ 
diées  réalisent  cette  condition. 

Les  organes  des  mouvements  automatiques  comprennent  généralement  une  ou  deux 


MACHINES-OUTILS. 


111 


séries  de  cônes  avec  courroies,  puis  une  succession  d’engrenages,  dont  certains  élé¬ 
ments  sont  au  besoin  mobiles  sur  clavette  le  long  de  leurs  axes,  poursuivre  les  dépla¬ 
cements  des  supports  auxquels  ils  sont  adaptés;  ils  sont  dirigés  de  façon  à  aboutir  à 
la  vis  ou  à  l’écrou  de  chaque  chariot,  au  pignon  de  la  crémaillère,  ou  à  la  vis  sans  fin 
du  plateau  circulaire;  on  réduit  souvent  le  nombre  des  engrenages,  dont  l’objet  est 
uniquement  de  racheter  les  différences  de  niveau  et  de  direction  des  points  de  départ 
et  d’arrivée,  en  intercalant  un  arbre  extensible  formé  de  deux  parties  engagées  à  té¬ 
lescope  l’une  dans  l’autre,  avec  liaison  par  clavette,  et  se  réunissant  par  chaque  bout 
aux  axes  voisins  au  moyen  d’un  joint  universel. 

Dans  la  machine  dont  l’arbre  de  la  fraise  est  conduit  par  une  vis  sans  fin,  MM.  Brown 
et  Sharpe  se  servent  pour  varier  la  vitesse  d’avance,  au  lieu  de  cônes,  d’un  plateau  de 
friction  monté  sur  l’axe  de  la  vis,  et  sur  la  tranche  duquel  appuie  avec  pression  réglable 
un  galet  que  l’on  peut  éloigner  plus  ou  moins  de  l’axe  et  disposer  en  dessus  ou  en  des¬ 
sous  de  l’axe  pour  changer  le  sens  de  la  marche.  M.  Fétu-Defize  a  un  dispositif  ana¬ 
logue,  formé  de  deux  plateaux  de  friction  parallèles  et  tournant  en  sens  inverses  avec 
la  même  vitesse;  un  galet  placé  entre  eux  est  actionné  à  la  fois  par  tous  deux.  Enfin 
nous  signalerons  le  système  à  plateaux  de  friction  de  Sellers,  appliqué  par  MM.  Smith 
et  Coventry. 

Quand  l’avance  automatique  peut  être  donnée  à  plusieurs  mouvements,  l’origine  de 
la  commande  est  quelquefois  indépendante  pour  un  ou  deux  d’entre  eux;  plus  souvent, 
elle  est  commune  à  l’ensemble  des  mouvements  et  se  divise  ensuite;  chaque  mouve¬ 
ment  possède  un  mécanisme  d’embrayage  et  de  débrayage  permettant  de  l’employer  à 
l’exclusion  des  autres,  ou  bien  de  l’isoler  et  de  le  manœuvrera  la  main;  ce  mécanisme 
réside  soit  dans  le  simple  déplacement  d’une  roue  suivant  son  axe,  mouvement  qui  a 
le  grand  inconvénient  de  ne  pouvoir  se  faire  qu’au  repos,  soit  dans  un  système  de 
friction  qui  peut  se  manœuvrer  en  marche,  mais  qui  n’est  pas  instantané,  soit  de  pré¬ 
férence  dans  le  déplacement  d’un  manchon  denté,  ou  dans  celui  d’une  vis  sans  fin  qui 
se  sépare  de  sa  roue  ou  s’y  relie  par  un  effet  de  bascule  autour  de  l’axe  d’un  pignon 
d’angle  qui  la  commande.  L’usage  de  la  vis  sans  fin  à  bascule  est  le  plus  répandu  dans 
les  machines  qui  n’emploient  qu’un  mouvement  automatique;  il  existe  même  dans  bon 
nombre  de  machines  munies  de  plusieurs  mouvements  automatiques,  et  souvent  indé¬ 
pendamment  des  mécanismes  d’embrayage  de  chacun;  il  précède  alors  ces  derniers 
dans  la  série  des  organes  de  commande;  il  est  particulièrement  commode  pour  opérer 
le  débrayage  automatique  de  l’avance,  quel  que  soit  le  mouvement,  rectiligne  ou  cir¬ 
culaire,  employé;  à  ce  point  de  vue,  il  est  indispensable  dans  les  machines  de  fabri¬ 
cation  courante,  et  une  machine  d’usage  général  complète  doit  le  posséder.  Le  dé¬ 
brayage  automatique  se  fait  par  la  rencontre  d’un  levier,  qui  maintient  la  poignée  de 
manœuvre  de  la  vis  sans  fin  à  la  position  d’embrayage,  avec  une  butée  fixée  le  long 
du  chariot  ou  du  plateau  en  mouvement;  le  levier  est  enclanché  avec  la  poignée  de  la 
vis  par  une  sorte  de  crochet  à  épaulement  ou  même  par  la  simple  pression  d’un  res- 


112 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


sort  (  Hurtu  et  Hautin)  ;  la  butée ,  le  soulevant ,  dégage  la  poignée ,  qui  tombe  par  le  poids 
de  la  vis  ou  s’écarte  par  l’action  d’un  ressort.  Les  butées  et  les  surfaces  d’enclanche- 
ment  doivent  être  trempées  et  très  bien  polies,  pour  que  le  déclanchement  se  produise 
toujours  de  la  même  façon  et  sans  hésitation. 

Un  mécanisme  de  changement  de  marche  est  ordinairement  intercalé  sur  la  com¬ 
mande  commune;  il  peut  s’établir  entre  deux  arbres  parallèles,  ou  entre  deux  arbres  à 
axes  perpendiculaires;  dans  le  premier  cas,  la  liaison  des  arbres  se  fait  par  engrenages 
directement  ou  par  l’intermédiaire  d’un  axe  auxiliaire,  avec  l’emploi  d’un  système  de 
bascule  portant  une  partie  des  roues  ou  d’un  manchon  doublement  denté,  claveté  sur 
le  deuxième  arbre  et  mobile  suivant  sa  longueur;  dans  le  deuxième  cas,  elle  se  fait 
par  trois  roues  d’angle  avec  déplacement  d’un  système  de  deux  d’entre  elles  ou  d’un 
manchon  doublement  denté,  semblable  au  précédent;  M.  Bariquand  emploie  une  bas¬ 
cule  de  deux  vis  sans  fin  parallèles,  dont  les  axes  sont  commandés  par  un  même 
pignon  monté  sur  le  premier  arbre  et  en  reçoivent  des  mouvements  de  sens  contraires, 
et  dont  l’une  ou  l’autre  est  engrenée  avec  l’une  des  deux  roues  calées  sur  le  deuxième 
arbre;  dans  leur  commande  par  plateau  et  disque  de  friction,  MM.  Brown  et  Sharpe  et 
M.  Fétu-Defize  déplacent  simplement  le  galet  par  rapport  à  l’axe  du  plateau,  en  le 
mettant  de  l’un  ou  l’autre  côté  de  cet  axe.  Les  leviers  de  manœuvre  de  ces  mécanismes 
sont  ramenés  a  la  portée  de  la  main  de  l’ouvrier  et  ont  trois  positions  dans  lesquelles 
ils  se  fixent,  correspondant  a  l’arrêt  et  a  la  marche  dans  chaque  sens. 

Le  mécanisme  de  changement  de  marche  se  confond  quelquefois  avec  celui  du  dé¬ 
brayage  automatique;  c’est  ainsi  que  M.  Bariquand  ajoute  simplement  à  son  système 
de  bascule  de  deux  vis  des  ressorts  qui  tendent  toujours  à  ramener  à  l’arrêt  le  sys¬ 
tème  dégagé  du  levier  d’enclanchement. 

Pour  la  manœuvre  des  chariots  et  du  plateau  circulaire  à  la  main,  on  actionne  le 
plus  directement  possible,  à  l’aide  d’une  manivelle  ou,  pour  les  fortes  machines,  à 
l’aide  d’un  levier  à  cliquet  et  rocliet,  la  vis,  l’écrou,  le  pignon  de  crémaillère  ou  la  vis 
sans  fin  qui  conduit  le  chariot.  Les  chariots  munis  d’une  crémaillère,  soit  pour  le  frai¬ 
sage  ordinaire,  soit  pour  la  reproduction,  fournissent  naturellement  un  retour  rapide; 
il  en  est  de  même,  à  un  degré  moindre  toutefois,  du  chariot  avec  vis  à  plusieurs  filets 
de  la  Société  alsacienne,  lorsqu’on  agit  directement  sur  la  vis;  M.  Bariquand  s’est 
proposé  d’obtenir,  avec  une  vis  semblable,  une  rapidité  égale  à  celle  fournie  par  la 
crémaillère  :  à  cet  effet,  le  débrayage  étant  effectué  par  son  système  ordinaire  indépen¬ 
dant  de  la  vis,  il  la  sépare  elle-même  de  son  secteur  d  ecrou  allongé  et  agit  sur  ce 
dernier,  à  l’aide  d’un  pignon  comme  sur  une  crémaillère. 

Nous  signalerons  un  mécanisme  de  changement  de  marche  automatique  et  de  retour 
rapide  existant  dans  la  machine  de  MM.  Brown  et  Sharpe  à  tailler  automatiquement 
les  roues  d’engrenage.  L’axe  actionne  constamment  Taxe  mené,  qui  lui  est  normal,  par 
une  vis  sans  fin  et  une  roue  qui  ralentissent  considérablement  la  vitesse;  le  pre¬ 
mier  axe  porte  également  un  manchon  denté  et  une  roue  d’angle  folle;  celle-ci  est 


MACHINES-OUTILS. 


113 


reliée  au  deuxième  axe  par  des  couples  de  roues  égales.  Si  Ton  réunit  le  manchon 
denté  au  moyeu  de  la  roue  d’angle,  la  vitesse  du  premier  axe  se  transporte  au 
deuxième  avec  la  même  valeur,  mais  avec  changement  de  sens;  toutefois,  comme  la 
conduite  par  la  vis  sans  fin  ne  cesse  pas  d’agir,  la  vitesse  réelle  du  deuxième  axe  est 
la  différence  entre  la  vitesse  donnée  par  la  roue  d’angle  et  celle  donnée  par  la  vis  sans 
fin,  et  ne  diffère  en  définitive  de  la  vitesse  du  premier  axe  que  d’une  fraction  très 
faihle,  qui  est  le  rapport  de  l’unité  au  nombre  de  dents  de  la  roue  de  vis  sans  fin. 
Nous  ajouterons  que  la  manœuvre  du  manchon  denté  est  opérée  automatiquement,  à 
chaque  fin  de  course  du  chariot  de  travail  dans  l’un  ou  l’autre  sens. 

Une  machine  complète  doit  posséder  des  hutées  non  seulement  sur  les  chariots  à 
mouvement  mécanique,  pour  le  débrayage  automatique,  mais  encore  sur  tous  ses  cha¬ 
riots,  pour  le  réglage.  Il  convient  que  les  butées  de  réglage  soient  distinctes  de  celles 
de  débrayage;  les  premières  doivent  être  d’une  grande  sensibilité,  pour  permettre  d’ob¬ 
tenir  les  dimensions  des  pièces  avec  un  aussi  grand  degré  de  précision  que  possible  : 
ordinairement  ce  sont  des  vis  micrométriques  de  palmer  avec  graduation  longitudinale 
et  circulaire;  elles  se  placent  et  coulissent  dans  des  rainures  à  T  creusées  sur  le  côté 
des  chariots;  on  les  fixe  près  de  la  position  définitive  d’arrêt  et  on  achève  le  réglage 
au  moyen  de  la  vis.  C’est  alors,  que  le  réglage  est  terminé,  qu’on  approche  les  hutées 
de  débrayage  des  mouvements  mécaniques,  disposées  dans  d’autres  rainures,  ordinai¬ 
rement  non  graduées,  plus  simples,  mais  plus  robustes  que  les  précédentes,  afin  de 
résister  a  la  poussée  sur  le  levier  de  déclanchement.  Certains  constructeurs  se  con¬ 
tentent  de  graduer  les  vis  des  chariots  soit  pour  remplacer  les  butées  de  réglage, 
soit  pour  avertir  l’ouvrier  du  moment  où  il  doit  faire  lui-même  le  débrayage;  ce  moyen 
est  peu  précis,  à  cause  du  jeu  qui  existe  souvent  entre  la  vis  et  l’écrou  et  qui  ne  per¬ 
met  pas  d’obtenir  les  mêmes  indications  suivant  que  la  vis  supporte  ou  non  l’effort  du 
travail. 


Montages  accessoires.  —  Les  montages  rapportés  sur  le  chariot  supérieur  ou  le  pla¬ 
teau  circulaire,  pour  augmenter  l’universalité  des  machines  et  les  adapter  à  des  tra¬ 
vaux  de  nature  plus  ou  moins  déterminée,  peuvent 
être  assez  variés  et  être  menés  a  la  main  ou  auto¬ 
matiquement.  La  commande  automatique  est  sou¬ 
vent  prise  sur  Taxe  de  la  vis  du  chariot  supérieur 
(Brown  et  Sharpe,  Schultz,  Steinlen)  au  moyen 
d’un  équipage  de  roues  échangeables;  M.  Bariquand 
la  prend  sur  un  axe  intermédiaire  de  la  commande 
générale  a  l’aide  d’une  lyre  a  équipage  de  roues  se 
fixant  au  bâti  et  transmettant  le  mouvement  au  mon- 


Lyre  pour  la  commande  des  mordages 
de  M.  Bariquand. 


lage,  quelle  que  soit  sa  position  sur  la  machine,  par  un  arbre  a  emmanchement  téles¬ 
copique  et  à  joints  universels. 

Groupe  VI.  —  îv.  8 


rtfinniERiE  nationale. 


114 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


En  premier  lieu,  nous  trouvons  les  montages  circulaires  à  axe  vertical,  qui  se  placent 
sur  le  chariot  supérieur  des  machines  dépourvues  de  plateau  circulaire.  M.  Bariquancl 


Montage  circulaire  commandé  à  la  main.  Montage  circulaire  à  commande  mécanique. 


Appareil  diviseur  de  MM.  Brown  et  Sharpe. 


expose  deux  formes  de  ce  montage,  l’une  qui  se  manœuvre  seulement  à  la  main  ou  à 
l’aide  d’un  levier,  l’autre  commandée  mécaniquement  par  vis  sans  fin  à  débrayage  au¬ 
tomatique,  a  l’aicle  de  la  lyre  dont  nous  venons  de  parler.  M.  Demoor  présente  un 
montage  avec  vis  sans  lin,  mais  manœuvré  à  la  main  par  manivelle.  M.  Bariquand  a 


MACHINES-OUTILS. 


115 


également  un  montage  à  axe  horizontal,  avec  support  mobile  de  contre-pointe,  com¬ 
mandé  et  débrayable  automatiquement  comme  le  précédent. 

Nous  voyons  chez  MM.  Bariquand,  Brown  etSharpe,  Schultz,  Steinlen,  des  montages 
dits  appareils  diviseurs ,  qui  possèdent  deux  axes  de  rotation,  l’un  vertical  ou  horizon¬ 
tal,  l’autre  normal  au  précédent  et  s’inclinant  en  pivotant  autour  de  lui;  ils  sont  munis 
d’un  système  diviseur  formé  d’un  plateau  à  trous  ou  d’un  plateau  denté  avec  verrou  de 
fixation  (Bariquand,  Steinlen),  ou  d’un  équipage  de  deux  roues  échangeables  action¬ 
nant  une  vis  sans  fin  (Schultz,  Steinlen).  Une  contre-pointe  accompagne  l’appareil  et 
est  tantôt  de  hauteur  fixe,  tantôt  de  hauteur  et  d’orientation  réglables  (Steinlen).  Le 
mouvement  automatique  de  rotation,  pris  par  équipage  de  roues  sur  l’axe  de  la  vis  du 
chariot  supérieur,  peut  se  combiner  avec  la  translation  de  ce  dernier  pour  produire  des 
surfaces  hélicoïdales.  L’appareil  diviseur  accompagnant  le  plus  fort  modèle  de  machine 
verticale  de  M.  Steinlen  repose  sur  un  chariot  qui  se  place  sur  le  plateau  circulaire 
de  la  machine;  ce  chariot  se  manœuvre  uniquement  à  la  main  et  sert  pour  le  réglage 
de  la  position  de  la  pièce,  qu’il  permet,  en  particulier,  d’excentrer  par  rapport  à  l’axe 
du  plateau  circulaire. 

Gomme  accessoires  de  machines  à  fraiser,  nous  avons  encore  à  signaler  les  étaux 
destinés  a  fixer  sur  les  machines  les  pièces  de  petites  et  de  moyennes  dimensions.  Us 
comprennent  ordinairement  une  semelle  avec  plateau  pivotant  gradué,  sur  lequel  se 
place  l’étau  proprement  dit  et  qui  se  bloque  avec  réglage  de  l’orientation  de  la  pièce. 
Le  mord  mobile  coulisse  sur  une  glissière  en  queue  d’aronde  ou  à  bords  rectangulaires; 
il  est  important  que  la  coulisse  du  mord  ait  une  grande  longueur,  et  surtout  que  la  vis 
de  serrage  soit  placée  le  plus  haut  possible,  pour  s’opposer  à  la  tendance  des  mords  à 
s’obliquer  par  l’effet  du  serrage.  Des  mordaches  mobiles  se  rapportent  sur  les  mords, 
au  moyen  de  vis  qui  traversent  la  longueur  de  ces  derniers;  elles  reçoivent  des  formes 
appropriées  à  celles  des  pièces  à  serrer.  Celles-ci  se  placent  à  hauteur  convenable  à 
l’aide  de  chevalets  interposés  entre  elles  et  le  fond  de  l’intervalle,  entre  les  mords. 


MACHINES  HORIZONTALES. 

Le  modèle  de  machine  horizontale  le  plus  fréquent  offre  un  bâti  surmonté  d’une 
poupée  portant  la  commande  principale  et  l’arbre  de  la  fraise,  très  analogue  à  celle 
des  tours  et  rapportée  de  préférence,  pour  la  facilité  de  la  construction;  un  support 
vertical  formant  chariot,  soutenu  par  une  vis  quelquefois  conduite  automatiquement, 
surmonté  de  deux  chariots  et  souvent  d’un  plateau  pivotant  ,  qui  peut  être  sur  le  chariot 
supérieur  ou  entre  les  deux  chariots  (Brown  et  Sharpe),  ou  sous  le  chariot  inférieur 
(Steinlen),  le  mouvement  automatique  pouvant  être  donné  a  ces  trois  organes,  mais 
étant  donné  en  réalité  le  plus  souvent  au  chariot  supérieur  seul.  Quand  la  poupée  est 
munie  d’un  harnais  d’engrenages,  l’arbre  auxiliaire  est  habituellement  sur  le  côté  de 
l’arbre  principal;  MM.  Brown  et  Sharpe  le  placent  en  dessous,  dissimulé  dans  le  bâti. 


8. 


116 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Dans  une  de  leurs  machines  de  fabrication  courante,  MM.  Brown  et  Sharpe  n’em¬ 
ploient  pas  de  support  de  chariot  mobile  dans  le  sens  vertical;  ils  donnent  le  réglage 
dans  ce  sens  à  l’arbre  porte-fraise,  qu’ils  font  pivoter  autour  de  l’arbre  de  commande 
relié  au  précédent  par  engrenages,  et  qu’ils  soutiennent  du  côté  opposé  au  pivot  par 
une  vis  reliée  par  un  tourillon  à  la  partie  mobile  et  ayant  son  écrou  sur  le  bâti. 

Dans  les  petits  modèles,  on  laisse  ordinairement  la  fraise  en  porte-à-faux  ou  en  l’air, 


Machine  à  fraiser  horizontale ,  sans  contre-pointe,  de  MM.  Brown  et  Sharpe. 


suivant  l’expression  consacrée.  Dans  les  machines  plus  puissantes,  la  fraise  étant  su¬ 
jette  à  être  reportée  assez  loin  de  la  poupée,  à  cause  des  dimensions  des  pièces  à 
usiner,  on  la  soutient  par  une  contre-pointe  adaptée  à  un  bras  qui  se  fixe  soit  sur  le 
dessus  des  deux  montants  de  la  poupée,  soit  sur  le  devant  de  la  poupée  (Bariquand). 
La  partie  du  bras  adaptée  à  la  poupée  est  cylindrique  et  se  déplace  d’après  la  position 
à  donner  à  la  contre-pointe;  ou  bien  la  partie  libre  du  bras  est  cylindrique  ou  façonnée 
inférieurement  en  queue  d’aronde,  et  le  support  de  contre-pointe  peut  se  fixer  en  un 
point  quelconque  de  sa  longueur;  la  contre-pointe  se  visse  dans  le  support  ou  dans 


MACHINES-OUTILS. 


117 


une  douille  rapportée,  ou  mieux  encore  elle  est  lisse  et  munie  dune  oreille  à  écrou 
entraîné  par  une  vis  fixée  au  support;  parfois,  elle  est  renfermée  dans  une  boîte  de 
section  carrée  qui  coulisse  dans  une  rainure  verticale  du  support  ,  et  maintenue  par  des 
vis  de  rappel  qui  servent  à  la  régler  en  hauteur.  Dans  tous  les  cas,  il  est  essentiel  que 
l’axe  de  la  contre-pointe  soit  exactement  le  prolongement  de  celui  de  l’arbre  de  la 
fraise. 

Une  machine  de  M.  Lomont  peut  servir  de  machine  à  aléser;  le  support  des  chariots 
est  très  allongé  et  soutenu  en  son  milieu  par  une  forte  vis;  un  montant  se  place  à  l’ex¬ 
trémité  du  support  et  reçoit  une 
contre-pointe  de  fraisage  ou  une 
lunette  guide  de  la  barre  d’alé¬ 
sage.  Dans  cette  machine,  la  vis 
du  support  des  chariots  peut  être 
commandée  automatiquement. 

M.  Frey  expose  une  machine 
de  très  grandes  dimensions,  qui 
peut  aussi  servir  de  machine  a 
aléser.  L’arbre  de  la  fraise  est  dis¬ 
posé  sur  un  chariot  mobile  verti¬ 
calement  le  long  d’un  support  qui 
coulisse  parallèlement  à  l’arbre, 
et  tout  l’ensemble  se  déplace  nor¬ 
malement  a  la  direction  horizon¬ 
tale  précédente  sur  une  longue 
table  posée  sur  le  sol;  ces  trois 
mouvements  peuvent  être  com¬ 
mandés  automatiquement;  celui 
du  système  inférieur  peut  se  faire 
lentement  ou  rapidement,  suivant 
qu’on  actionne  la  vis  de  conduite  avec  ou  sans  l’intermédiaire  d’une  vis  sans  fin.  Une 
deuxième  table,  disposée  devant  la  fraise,  reçoit  les  pièces;  elle  porte  un  plateau  cir¬ 
culaire  manœuvrable  à  la  main  et  un  support  de  contre-pointe  de  fraisage  ou  de  lunette 
d’alésage.  Nous  reprochons  aux  dispositions  de  cette  machine  d’exiger  le  déplacement 
de  masses  énormes,  surtout  pour  le  mouvement  principal  de  chariotage,  et  d’absorber 
de  ce  fait  une  notable  portion  de  force;  il  est  vrai  de  dire  qu’elle  se  prête  au  travail  de 
pièces  de  très  grandes  dimensions. 

M.  Hulse  expose  une  machine  d’un  modèle  très  spécial,  pour  fraiser  les  coulisses  de 
bielles  :  il  emploie  deux  outils  disposés  vis-à-vis  l’un  de  l’autre,  suivant  le  même  axe 
comprenant  entre  eux  la  bielle,  qu’ils  creusent  progressivement  par  des  passes  succes¬ 
sives  suivant  sa  longueur.  La  pièce  est  montée  entre  deux  supports  de  forme  appropriée: 


Coupe  de  la  machine  à  fraiser  horizontale,  sans  contre-pointe, 
de  MM.  Crown  et  Sharpe  (p.  116). 


118 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


deux  poupées,  dont  les  arbres  sont  munis  chacun  d’un  outil  à  deux  lames,  sont  disposées 
sur  des  chariots  susceptibles  de  s’avancer  l’un  vers  l’autre  automatiquement,  grâce  à  la 
taille  en  sens  inverses  de  leur  vis;  ces  deux  chariots  sont  eux-mêmes  portés  par  un 
troisième  qui  se  déplace  normalement  à  leur  direction.  L’avance ,  prise  sur  la  com¬ 
mande  générale  et  réduite  à  l’aide  d’une  vis  sans  fin,  est  communiquée  au  chariot 
inférieur  par  un  système  de  deux  roues  elliptiques,  dont  la  deuxième  porte  un  bouton 
de  manivelle  plus  ou  moins  excentré  auquel  s’adapte  une  bielle  attachée  d’autre  part 
au  chariot;  l’objet  des  roues  elliptiques  est  de  compenser,  dans  une  certaine  mesure, 
les  variations  de  vitesse  résultant  de  l’emploi  de  l’excentrique.  Une  came,  disposée  sur 
la  deuxième  roue  elliptique,  actionne  par  cliquet  et  rochet  les  vis  des  deux  chariots 
supérieurs  au  commencement  de  chaque  passe.  Pour  la  dernière  passe,  on  débraye 
un  des  deux  outils,  et  la  passe  se  fait  avec  le  deuxième  seul. 

MACHINES  VERTICALES. 

Dans  les  machines  verticales,  le  support  de  l’arbre  de  la  fraise  fait  souvent  partie 
intégrante  du  bâti;  il  résulte  de  cette  disposition  une  difficulté  de  construction  sérieuse, 

pour  rendre  l’axe  du  logement  de  l’arbre 
exactement  parallèle  aux  surfaces  d’appui 
antérieure  et  latérales  du  support  des 
chariots;  M.  Bariquand  préfère  rapporter 
cette  partie  sur  le  bâti  et  la  fixer  solide¬ 
ment,  après  avoir  réglé  sa  position.  Dans 
bon  nombre  de  machines,  le  support  de 
l’arbre  est  non  seulement  rapporté,  mais 
encore  il  forme  chariot  dans  le  sens  ver¬ 
tical  et  se  manœuvre  soit  seulement  à  la 
main,  soit  indifféremment  à  la  main  ou 
automatiquement;  il  est  alors  générale¬ 
ment  équilibré.  Quelquefois,  la  partie  in¬ 
férieure  du  support,  correspondant  au 
tourillon  voisin  de  la  fraise,  est  seule  mo¬ 
bile;  l’arbre  coulisse  par  un  prolongement 
cylindrique  dans  l’autre  partie,  qui  est 
adhérente  au  bâti.  Dans  le  plus  fort  mo¬ 
dèle  de  M.  Steinlen,  l’arbre  de  la  fraise 
est  monté  sur  un  système  de  deux  chariots  parallèles  équilibrés  :  l’inférieur  sert  seule¬ 
ment  pour  le  réglage  de  la  hauteur  de  la  fraise  par  rapport  à  la  pièce,  dont  le  sup¬ 
port  n’est  pas  mobile  dans  le  sens  vertical;  le  supérieur  sert  pour  le  déplacement 
automatique  de  la  fraise. 


MACHINES-OUTILS. 


119 


Nous  ferons  remarquer  que  la  mobilité  du  support  de  la  fraise,  surtout  quand  il  est 
équilibré,  est  une  cause  de  faiblesse  de  la  machine;  car,  quelque  bien  ajusté  que  soit 
ce  support  sur  ses  glissières,  il  n’a  pas  moins  une  tendance  au  jeu,  accentuée  par  la 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


120 


faiblesse  relative  de  sa  masse;  il  forme  pendule  autour  de  l’écrou  de  la  vis  ou  du 
pignon  de  la  crémaillère  (Smith  et  Coventry)  et  est  sujet  à  des  vibrations  sous  l’in¬ 
fluence  des  variations  de  la  résistance  opposée  à  la  fraise.  Il  semble  toutefois  que  la 
division  du  support  en  deux  parties,  dont  une  fixe,  atténue  l’inconvénient  que  nous 
signalons.  Quoi  qu’il  en  soit,  il  convient,  toutes  les  fois  que  le  mouvement  du  support 
ne  sert  que  pour  le  réglage,  de  le  bloquer  quand  celui-ci  est  terminé. 

Lorsque  le  support  de  la  fraise  est  fixe,  celui  des  chariots  est  toujours  mobile  dans 
le  sens  vertical;  dans  le  cas  contraire,  il  est  encore  parfois  mobile  et  contribue  a 
augmenter  l’étendue  de  la  course  en  hauteur,  mais  il  est  plus  souvent  fixe  et  fait  partie 
de  la  semelle  de  la  machine,  fournissant  aux  chariots  qu’il  reçoit  une  large  assise  et 
une  certaine  commodité  pour  le  logement  de  la  commande  des  mouvements. 

La  fraise  étant  toujours  montée  en  l’air,  on  doit  éviter  de  lui  donner  une  saillie 
trop  grande,  capable  d’occasionner  la  flexion  du  porte-fraise.  En  raison  de  ce  porte-à- 
faux  de  la  fraise,  on  a  souvent  reproché  aux  machines  verticales  de  manquer  de  puis¬ 
sance.  Nous  pensons  que  ce  reproche,  qui  a  pu  être  vrai,  avait  une  autre  raison, 
provenant  de  la  construction  même,  et  consistant  en  un  défaut  de  perpendicularité 
des  surfaces  d’appui  longitudinal  de  l’arbre  par  rapport  à  Taxe,  d’où  il  résultait  que 
l’arbre,  entraîné  vers  le  bas  par  son  poids  et  sollicité  vers  le  haut  par  la  résistance  de 
la  pièce,  éprouvait  des  oscillations  très  nuisibles  dans  le  sens  de  son  axe;  ce  fait  se 
présentait  moins  dans  les  machines  horizontales,  où  l’arbre  restait  appuyé  du  côté  vers 
lequel  la  résistance  le  poussait.  A  part  ce  défaut  qu’une  bonne  construction  évite,  il 
n’y  a  aucun  motif  d’infériorité  pour  les  machines  verticales,  si  on  les  emploie  dans  des 
conditions  qui  n’exagèrent  pas  le  porte-à-faux  de  la  fraise;  elles  offrent,  par  contre, 
des  avantages  très  sérieux  dans  beaucoup  de  circonstances,  notamment  pour  le  dres¬ 
sage  de  grandes  surfaces  par  le  travail  en  bout;  aussi  les  voyons -nous  dominer  dans 
la  catégorie  des  machines  d’usage  général. 

Nous  avons  à  signaler  quelques  dispositions  particulières  dans  les  machines  verti¬ 
cales.  M.'Hulse  forme  le  support  mobile  de  la  fraise  d’un  long  et  fort  coulisseau  de 
section  carrée,  équilibré  et  maintenu  dans  son  logement  par  deux  chapeaux;  il  com¬ 
mande  l’arbre  de  la  fraise  par  un  long  pignon  cylindrique  engrenant  avec  une  roue 
courte.  Nous  reconnaissons  que  le  genre  de  guidage  du  support,  bien  exécuté,  offre 
des  garanties  sérieuses  de  solidité  et  de  stabilité  pendant  le  mouvement;  mais  le  mode 
de  commande  par  pignon  allongé  nous  paraît  critiquable  :  au  bout  de  quelque  temps, 
la  roue  a  occupé  plus  fréquemment  certains  points  de  la  longueur  du  pignon;  il  s’en¬ 
suit  que  ce  dernier  s’use  d’une  façon  inégale  et  que  la  portée  de  la  roue  se  fait  d’une 
façon  très  défectueuse  sur  plusieurs  parties,  l’engrenage  ferraille  et  fait  vibrer  l’arbre. 

Les  maisons  Smith  et  Coventry,  Dandoy-Mailliard  et  Lucq  exposent  chacune  une 
machine  disposée  en  forme  de  machine  à  raboter  :  la  fraise  est  montée  sur  un  sup¬ 
port  coulissant  le  long  de  la  traverse;  les  trois  mouvements,  de  la  table  sur  le  socle, 
du  support  de  la  fraise  sur  la  traverse  et  de  la  traverse  le  long  des  montants,  sont 


MACHINES-OUTILS. 


121 


commandés  automatiquement  et  sont  munis  d’un  mécanisme  de  changement  de 
marche.  Chez  MM.  Smith  et  Coventry,  la  table  est  conduite  par  crémaillère;  chez 
MM.  Dandoy-Mailliard  et  Lucq,  elle  est  mue  par  une  vis  et  est  susceptible  de  deux 
vitesses  d’avance,  qui  sont  dans  le  rapport  de  1  à  3o,  indépendamment  des  variations 
fournies  par  des  cônes  à  étages,  la  vitesse  réduite  étant  obtenue  par  l’intervention 
d’une  vis  sans  fin  dans  la  commande. 

Dans  une  machine  de  la  Société  d’Albert,  les  deux  mouvements  rectangulaires  hori¬ 
zontaux  sont  donnés  à  la  fraise  et  sont,  d’ailleurs,  automatiques.  L’ensemble  de  la 
machine  a  la  forme  d’un  étau-limeur  à  tête  mobile  actionnée  par  vis,  le  support  de  la 
fraise  se  déplaçant  le  long  de  la  tête  également  par  vis;  la  fraise  a,  en  outre,  un 
déplacement  vertical  par  chariot  de  réglage  sur  son  support.  La  pièce  se  fixe  sur  deux 
supports  à  équerre  d’étau-limeur  disposés  le  long  du  banc.  La  machine  possède,  en 
outre,  un  dispositif  de  reproduction  sur  lequel  nous  reviendrons  plus  loin;  disons  de 
suite  que,  grâce  à  l’utilisation  du  débrayage  de  l’écrou  en  deux  parties  de  la  vis  du 
chariot  formé  par  la  tête,  débrayage  adapté  surtout  en  vue  de  la  reproduction,  on  peut 
manœuvrer  rapidement  le  chariot  a  la  main  à  l’aide  d’une  manivelle  et  d’un  pignon 
engrenant  directement  avec  la  vis. 

MACHINES  À  ORIENTATION  VARIABLE  DE  L’ARBRE  DE  LA  FRAISE. 

Tout  d’abord,  on  peut  facilement  adjoindre  à  une  machine  horizontale  la  disposi¬ 
tion  des  machines  verticales  :  il  suffit  de  rapporter,  à  la  place  du  bras-support  de 
contre-pointe,  sur  les  montants  de  la  poupée  (Bouhey,  Frey)  ou  sur  le  devant  du  bâti 
(Bariquand),  une  tête  munie  d’un  arbre  horizontal  prenant  sa  commande  par  engre¬ 
nages  sur  l’arbre  de  fraise  horizontal  et  actionnant  par  roues  d’angle  l’arbre  de  fraise 
vertical. 

Le  modèle  de  M.  Huré  porte  en  permanence  deux  arbres  de  fraise,  l’un  horizontal, 
l’autre  vertical,  disposés  dans  deux  plans  verticaux  rectangulaires;  la  partie  fixe  du 
bâti  se  termine  supérieurement  par  une  sorte  de  fût  avec  plate-forme  circulaire  hori¬ 
zontale,  sur  laquelle  pivote  la  tête  portant  les  deux  arbres;  la  réunion  des  deux  par¬ 
ties  se  fait  par  quatre  boulons  engagés  dans  une  rainure  circulaire.  Chaque  arbre  est 
muni  d’une  poulie;  deux  galets  renvoient  horizontalement  la  courroie  sur  l’arbre  ver¬ 
tical;  la  courroie  venant  du  renvoi  peut  passer  directement  d’un  arbre  sur  l’autre;  il  en 
est  de  même,  avec  l’adjonction  d’un,  tendeur,  pour  les  machines,  du  même  construc¬ 
teur,  qui  reçoivent  la  commande  sur  un  cône  â  la  partie  inférieure  du  bâti  et  la  trans¬ 
mettent  par  poulies  aux  arbres.  La  commando  des  chariots  est  prise  sur  l’arbre  de  fraise 
et  renvoyée  par  courroie  au  bas  du  bâti.  M.  Huré  obtient  une  réduction  de  vitesse  de  la 
fraise  par  rapport  à  celle  de  la  poulie  de  commande  au  moyen  de  J’emploi  d’un  train 
épicycloïdal  :  sur  le  moyeu  de  la  poulie,  fou  sur  l’arbre,  est  fixé  un  pignon  de  1 8  dents, 
qui  engrène  avec  une  roue  satellite  de  27  dents  dont  l’axe  est  fou  sur  un  plateau  calé 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


122 


sur  l’arbre;  une  couronne,  interposée  entre  la  poulie  et  le  plateau,  est  taillée  intérieure¬ 
ment  de  72  dents  et  engrène  avec  la  roue  satellite;  elle  peut  être  à  volonté,  par  la 
manœuvre  d’un  verrou,  reliée  à  la  poulie  pour  la  marche  à  la  volée,  ou  fixée  au  bâti 
et  rendue  immobile  pour  la  marche  à  vitesse  réduite.  Le  train  épicycloïdal  est  consti¬ 
tué  par  le  pignon  du  moyeu  de  la  poulie,  la  couronne  dentée  et  le  plateau  formant 
levier,  la  roue  satellite  servant  d’intermédiaire.  On  trouve  facilement  que  la  vitesse  de 
la  marche  par  les  engrenages  est  à  celle  de  la  marche  à  la  volée  dans  le  rapport  de 
1  a  b. 

On  donne  souvent  à  l’arbre  de  la  fraise  la  possibilité  de  s’orienter  sous  toutes  les 
inclinaisons  possibles  dans  un  même  plan  vertical,  en  montant  la  tête  rapportée  des 
machines  verticales  sur  une  plate-forme,  sur  laquelle  elle  se  fixe  par  boulons  engagés 
dans  une  rainure  circulaire  concentrique  a  l’arbre  horizontal  qui  communique  le  mou¬ 
vement  à  l’arbre  de  la  fraise  par  roues  d’angle.  On  peut  ainsi  utiliser  une  même 
fraise,  cylindrique  par  exemple,  pour  faire  des  surfaces  d’inclinaison  variable  sur  une 
pièce ,  sans  la  démonter  ;  toutefois  on  ne  peut  se  servir  à  cet  effet  que  du  mouvement  du 
chariot  perpendiculaire  au  plan  d’orientation  de  la  fraise,  qui  a  ordinairement  la  plus 
faible  amplitude,  et  de  celui  du  plateau  circulaire,  quand  ce  dernier  est  disposé  tout 
au  moins  sous  un  des  chariots.  Un  inconvénient  de  la  plupart  des  machines  est  que 
l’axe  du  pivotement  de  l’arbre  de  la  fraise  se  trouve  vers  le  milieu  de  sa  longueur,  de 
sorte  cpie  la  fraise  en  est  assez  éloignée,  et  que,  pour  une  inclinaison  assez  faible,  elle 
est  de  suite  rejetée  fortement  en  dehors  du  plan  vertical  de  symétrie  du  support  des 
chariots. 

Dans  une  de  ses  machines,  la  Société  d’Albert  combine  la  disposition  précédente 
avec  celle  de  M.  Huré,  en  faisant  pivoter  la  partie  supérieure  du  bâti  et  lui  adjoignant 
deux  arbres  de  fraise,  l’un  horizontal,  l’autre  orientable  sur  une  plate-forme  verticale  ; 
l’axe  de  l’arbre  horizontal  et  l’axe  d’orientation  du  deuxième  arbre  sont  dans  un  même 
plan  vertical.  Cette  machine  offre  de  nombreuses  facilités  pour  la  position  de  la  fraise; 
elle  permet,  en  particulier,  d’incliner  le  deuxième  arbre  et  de  l’amener  en  dehors  du 
plan  vertical  de  symétrie  du  support  des  chariots,  et  comme,  déplus,  le  chariot  supé¬ 
rieur  est  monté  sur  le  plateau  circulaire,  on  peut  orienter  ce  chariot  pour  l’utiliser 
avec  toute  sa  course.  Enfin  le  pivotement  de  la  partie  supérieure  du  bâti  permet  par¬ 
fois  d’éviter,  avec  l’emploi  de  l’arbre  incliné,  de  donner  à  la  pièce  a  usiner  une  posi¬ 
tion  latérale  qui  la  mettrait  trop  en  porte-à-faux.  Dans  cette  machine,  la  transmission 
du  mouvement  de  rotation  à  l’un  ou  à  l’autre  arbre  de  fraise  se  fait  par  arbres  concen¬ 
triques  aux  axes  de  pivotement  et  par  roues  d’angle. 

M.  Prétot  dispose  la  plate-forme  verticale  pour  l’orientation  de  l’arbre  de  la  fraise 
dans  un  plan  parallèle  au  plan  de  symétrie  du  support  des  chariots,  ce  qui  lui  donne 
toute  facilité  d’utiliser  le  chariot  supérieur  allongé  avec  l’inclinaison  de  l’arbre  de  la 
fraise.  Il  réduit  la  plate-forme  verticale  à  un  quart  de  cercle  dont  les  rayons  extrêmes 
sont  l’un  horizontal,  l’autre  vertical  et  dirigé  de  bas  en  haut;  le  support  de  l’arbre  de 


MACHINES-OUTILS. 


123 


la  fraise  est  une  douille  s’appuyant  par  deux  méplats  sur  le  sommet  de  l’angle  du 
secteur,  autour  duquel  elle  pivote,  et  sur  le  bord  de  la  couronne,  auquel  elle  se  fixe 
par  boulon  traversant  une  rainure  circulaire.  La  fraise  peut  ainsi  être  disposée  tout 
près  de  l’axe  de  pivotement  de  son  arbre;  celui-ci  se  place  aussi  bien  horizontalement 
que  verticalement,  et  la  machine  est  alors  dans  les  mêmes  conditions  qu’une  machine 
horizontale  ou  qu’une  machine  verticale  ordinaire;  entre  ces  deux  positions  extrêmes, 
l’arbre  prend  tous  les  degrés  d’inclinaison  désirables.  Le  chariot  supérieur  est  placé  sur 


le  plateau  circulaire.  Ces  dispositions  donnent  éminemment  à  la  machine  le  caractère 
d’universalité  d’emploi;  on  y  trouve  encore  quelques  particularités  que  nous  signalerons. 

La  commande  est  donnée  à  la  machine  par  un  cône  dont  l’axe  est  à  mi-hauteur  du 
bâti  et  dans  le  plan  vertical  d’orientation  de  l’arbre  de  la  fraise,  et  elle  est  transmise  a 
l’extrémité  de  celui-ci  par  poulies  et  courroie;  la  courroie  venant  de  l’arbre  du  cône 
descend  sur  deux  galets  tendeurs  dont  la  hauteur  est  réglable  le  long  du  bâti,  et  re¬ 
monte  sur  deux  autres  galets  tendeurs  adaptés  à  un  support  fixé  sur  la  douille  de 
l’arbre  de  la  fraise,  desquels  elle  se  rend  à  la  poulie  de  cet  arbre.  L’arbre  de  la  fraise 
peut  être  commandé  à  la  volée  ou  à  vitesse  réduite,  soit,  dans  un  modèle,  par  un  har¬ 
nais  d’engrenages  avec  axe  auxiliaire  porté  par  la  douille,  soit,  dans  un  autre  modèle, 


\n 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


par  un  train  épicycloïdal  monté  sur  les  deux  faces  de  la  poulie  et  composé  ainsi  qu’il 
suit  :  du  côté  de  la  face  intérieure  de  la  poulie  sont  deux  roues  égales,  lune  folle  sur 
l’arbre,  T  autre  satellite  de  la  première  et  fixée  sur  un  axe  fou  traversant  la  poulie;  du 
côté  de  la  face  extérieure  sont  également  deux  roues,  l’une  de  3o  dents  calée  sur 
l’arbre ,  l’autre  de  t  8  dents  montée  sur  l’axe  du  premier  satellite  et  elle-même  satel¬ 
lite  de  la  précédente.  Si  l’on  fixe  à  la  poulie  la  roue  extérieure  concentrique  à  l’arbre, 
la  roue  intérieure  correspondante  restant  folle,  on  a  la  marche  à  la  volée;  si,  au 
contraire ,  on  sépare  la  roue  extérieure  de  la  poulie  et  qu’on  rende  la  roue  intérieure 
immobile  en  la  reliant  à  la  douille  de  l’arbre,  on  a  la  marche  réduite,  dont  la  vitesse 
est,  d’après  les  données,  les  deux  cinquièmes  de  la  vitesse  de  la  marche  a  la  volée. 

Dans  son  plus  fort  modèle,  M.  Prétot  manœuvre  la  douille  de  l’arbre  de  la  fraise 
sur  le  secteur  au  moyen  d’une  vis  actionnée  par  manivelle  et  roue  d’angle,  pivolantpar 
sa  bride  sur  l’axe  de  la  manivelle,  avec  écrou  pivotant  lui-même  sur  l’axe  du  boulon 
de  réunion  de  la  douille  au  secteur.  La  console  support  des  chariots  est  soutenue  par 
un  système  de  deux  vis  dont  l’une  est  intérieure  à  l’autre,  qui  forme  écrou,  la  vis  inté¬ 
rieure  étant  reliée  a  la  console,  l’écrou  de  la  vis  extérieure  étant  fixé  à  la  semelle;  par 
ce  moyen,  la  hauteur  de  l’écrou  fixe  peut  être  notablement  réduite  et  la  course  de  la 
console  augmentée  d’autant.  Enfin,  pour  la  taille  des  fraises,  M.  Prétot  substitue  à  la 
douille  porte-fraise  un  appareil  à  levier,  dont  nous  parlerons  plus  tard;  il  peut  même 
lui  substituer  un  bras  supportant  une  tête  de  machine  à  mortaiser;  seulement,  dans  ce 
dernier  cas,  il  ne  peut  utiliser  rationnellement  l’avance  automatique  des  chariots,  qui 
est  continue.  Il  est  d’ailleurs  évident  que  ces  dispositifs  accessoires  ne  conviennent  qu’à 
de  petits  ateliers  n’ayant  à  les  employer  qu’accidentellement. 

La  Société  d’Albert  a  disposé  une  de  ses  machines,  comme  M.  Prétot,  de  façon  que 
le  plan  vertical  d’orientation  de  l’arbre  de  la  fraise  fût  parallèle  au  plan  de  symétrie  du 
support  des  chariots,  mais  elle  transmet  le  mouvement  à  l’arbre  à  la  façon  ordinaire, 
par  roues  d’angle;  elle  a  seulement  supprimé  une  partie  du  bas  de  la  plate-forme 
d’appui  de  l’arbre,  afin  de  rapprocher  le  plus  possible  la  fraise  de  l’axe  d’orientation. 

MM.  Bouhey  exposent  une  machine  très  puissante,  dans  laquelle  le  support  de  la 
fraise  coulisse  le  long  d’un  bras  horizontal  analogue  à  celui  des  machines  à  percer 
radiales,  mais  n’ayant  pas  toutefois  le  mouvement  radial.  Ce  support  possède  lui- 
même  un  deuxième  chariot  vertical  et  une  plate-forme  d’orientation  sur  laquelle  est 
monté  l’arbre  de  la  fraise;  un  chariot,  dont  les  glissières,  normales  à  la  longueur  du 
bras,  sont  dans  un  plan  vertical,  supporte  un  plateau  circulaire  sur  lequel  se  place  la 
pièce  à  usiner  ;  les  quatre  mouvements  ainsi  obtenus  peuvent  être  conduits  automati¬ 
quement.  Cette  machine  est  également  munie  d’un  dispositif  de  reproduction,  sur  lequel 
nous  reviendrons, 

Nous  rappellerons  ici  la  machine  radiale  de  la  Société  d’Albert,  dont  nous  avons 
parlé  au  sujet  des  machines  à  aléser. 

AL  Steinlen  a  ajouté  à  une  forte  machine  à  raboter  des  dispositifs  de  fraisage;  il 


MACHINES-OUTILS. 


125 


remplace  les  supports  d’outils  à  raboter,  au  nombre  de  trois,  par  un  même  nombre 
de  supports  de  fraise  possédant  également  un  mouvement  de  déplacement  le  long  de 
la  traverse  ou  d’un  montant,  un  mouvement  perpendiculaire  au  précédent  et  disposé 
sur  le  support  même,  tous  deux  automatiques,  et  un  mouvement  de  pivotement  de 
l’arbre  de  fraise  sur  un  plateau  circulaire  réglable  à  la  main;  en  outre,  la  table  reçoit 
un  mouvement  ralenti  d’avance.  La  commande  générale  de  la  machine  pour  le  fraisage 
est  indépendante  de  celle  du  rabotage;  le  mouvement  est  communiqué  à  la  fraise  par 
engrenages  et  par  des  arbres  disposés  le  long  d’un  montant  et  de  la  traverse;  la  com¬ 
mande  des  mouvements  de  la  table  et  des  supports  de  fraise  aboutit  aux  organes  de 
commande  des  mouvements  analogues  du  rabotage  après  les  rochets,  de  façon  à  ne  pas 
faire  intervenir  ces  derniers. 

MACHINES  À  REPRODUIRE. 

La  reproduction,  exigeant  la  confection  d’un  gabarit,  sauf  dans  le  cas  très  rare  ou 
l’on  peut  se  servir  comme  modèle  d’une  pièce  existante,  n’est  pratiquement  applicable 
que  quand  on  a  à  exécuter  un  certain  nombre  de  pièces  semblables  ;  elle  procure  alors 
une  identité  complète  de  formes.  Son  utilité  pourrait  être  contestée  pour  les  cas  où  il 
est  possible  d’employer  une  fraise  de  forme;  nous  n’hésitons  pas  à  nous  déclarer  en 
faveur  de  son  emploi,  au  moins  quand  il  s’agit  d’un  travail  de  finissage;  nous  dirons 
même  qu’elle  est  avantageuse  pour  le  fraisage  de  surfaces  absolument  planes,  au  point 
de  vue  de  la  propreté  et  de  la  précision  du  travail.  En  effet,  dans  le  fraisage  ordinaire, 
les  chariots  ne  sont  jamais  absolument  sans  jeu,  les  variations  de  résistance  les  dé¬ 
placent  et  occasionnent  des  trépidations  qui  se  traduisent  par  des  piqûres  des  dents 
de  la  fraise,  du  broutage  et  des  irrégularités;  au  contraire,  dans  la  reproduction,  la 
pression  produite  sur  le  gabarit,  à  condition  qu’elle  soit  suffisante,  applique  constam¬ 
ment  les  chariots  du  même  côté  sur  leurs  glissières  et,  s’il  se  développe  une  tendance 
au  déplacement,  la  présence  de  la  pression,  par  le  fait  même  quelle  ne  s’oppose  pas 
complètement  au  mouvement,  la  détruit  vite  et  amortit  les  vibrations. 

Nous  supposons  que,  dans  les  divers  cas  de  reproduction,  la  fraise  travaille  par  sa 
surface  latérale.  Nous  devons  ajouter  que  les  avantages  de  la  reproduction  ne  s’obtien¬ 
nent  sûrement  que  si  tous  les  mouvements  s’en  font  automatiquement  et  si  la  pression 
est  indépendante  de  la  main  de  l’homme;  la  conduite  à  la  main,  sujette  à  des  causes 
de  variations  de  toute  nature,  ne  peut  donner  que  des  résultats  incertains.  Cependant 
on  peut  encore  avoir  des  surfaces  d’une  netteté  suffisante,  à  la  condition  que  le  dépla¬ 
cement  principal  soit  automatique,  la  pression  sur  le  chariot  reproducteur  étant  donnée 
a  la  main;  les  dimensions  pourront  seulement  être  altérées.  La  main  est  même  souvent 
obligée  d’intervenir  à  la  montée  et  à  la  descente  des  fortes  rampes  du  gabarit,  quand 
on  n’emploie  qu’un  seul  chariot  reproducteur,  pour  aider  ou  modérer  l’action  du  poids 
ou  du  ressort  qui  produit  la  pression. 


126 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Le  mode  le  plus  simple  de  reproduction,  pour  les  surfaces  dont  les  génératrices  sont 
sensiblement  parallèles  entre  elles,  comprend  un  seul  gabarit  avec  une  touche  et  deux 
mouvements  rectangulaires,  Tun  arbitraire,  le  plus  souvent  de  vitesse  uniforme,  l’autre 
de  vitesse  et  de  sens  imposés  par  la  forme  du  gabarit.  Si  Ton  suppose  la  fraise  et  la 
touche  fixes  et  de  même  diamètre,  au  moins  dans  leur  section  moyenne,  la  forme  du 
gabarit  sera  celle  de  la  pièce  à  obtenir  et  lui  sera  parallèle,  mais  on  voit  de  suite  que 
si ,  le  diamètre  de  la  touche  restant  le  même ,  celui  de  la  fraise  varie ,  la  forme  de  la 
pièce  pourra  différer  de  celle  du  gabarit;  d’où  la  nécessité  de  ne  jamais  s’écarter  beau¬ 
coup,  pour  le  diamètre  de  la  fraise,  de  la  valeur  convenable,  surtout  quand  on  a  à 
faire  des  profils  assez  accidentés.  La  fraise  étant  fixe,  on  peut  fixer  le  gabarit  et  donner 
la  mobilité  à  la  touche  :  à  égalité  de  diamètres  de  la  fraise  et  de  la  touche ,  la  forme  du 
gabarit  sera  encore  celle  de  la  pièce,  mais  placée  symétriquement  par  rapport  au  mi¬ 
lieu  de  la  droite  joignant  la  fraise  et  la  touche,  quand  toutes  deux  se  trouvent  sur  la 
normale  à  la  direction  du  mouvement  uniforme.  La  fraise  peut  avoir  Tun  des  deux  mou¬ 
vements;  on  retombe  dans  Tun  ou  l’autre  des  deux  cas  précédents,  suivant  que  la 
touche  participe  ou  non  au  mouvement  de  la  fraise.  On  remplace  quelquefois  le  mou¬ 
vement  uniforme  de  translation  par  un  mouvement  de  rotation;  mais  alors  la  touche 
est  toujours  rattachée  à  la  fraise,  et  les  courbes  de  la  pièce  et  du  gabarit  sont  sensi¬ 
blement  équidistantes  en  tous  leurs  points  suivant  des  rayons  du  plateau  de  rotation,  si 
Ton  a  soin  de  mettre  les  axes  de  la  fraise,  de  la  touche  et  du  plateau  dans  le  même  plan. 

Si  le  profil  des  pièces  est  très  accidenté,  les  modes  précédents  de  reproduction  de¬ 
viennent  d’une  application  difficile  et  incertaine  :  la  touche  ne  peut  gravir  les  fortes 
rampes  du  gabarit,  la  vitesse  de  la  fraise,  mesurée  le  long  du  profil,  s’accélère  notable¬ 
ment  et  sa  résistance  croît  proportionnellement.  Si  Ton  s’astreint  à  maintenir  constants 
les  diamètres  de  la  fraise  et  de  la  touche,  on  peut  rendre  variables  les  vitesses  de  dépla- 
ment  suivant  les  deux  directions,  en  employant  deux  gabarits  et  deux  touches,  comme 
le  fait  la  Société  d’Albert;  mais  l’obligation  de  maintenir  constant  le  diamètre  de  la 
fraise,  sous  peine  de  renoncer  a  l’identité  des  surfaces  obtenues,  rend  le  procédé  dé¬ 
licat  et  coûteux;  il  est  cependant  encore  possible  d’assurer  l’emploi  de  la  reproduction, 
mais  en  faisant  intervenir  de  nouveaux  mouvements  et  en  s’astreignant  à  mettre  tou¬ 
jours  les  droites  joignant  les  axes  de  la  fraise  et  de  la  touche  sur  la  normale  au  point 
attaqué  de  la  surface;  nous  n’insisterons  pas  sur  ces  procédés  dont  nous  n’avons  pas 
d’exemple  à  l’Exposition,  et  qui  ne  sont  applicables  qu’a  la  fabrication  courante.  Pour 
les  mêmes  raisons,  nous  ne  nous  occuperons  pas  de  la  reproduction  des  surfaces  dont 
les  génératrices  ont  des  orientations  variables. 

Les  machines  verticales  se  transforment  facilement  en  machines  a  reproduire. 
MM.  Bouhey,  Fétu-Defize,  Smith  et  Goventry,  la  Société  alsacienne  et  la  Société  d’Al¬ 
bert  séparent  la  vis  du  chariot  inférieur  horizontal  de  son  écrou,  qui  est  en  deux  par¬ 
ties  s’ouvrant  simultanément,  et  adaptent  à  ce  chariot  une  crémaillère,  dont  Taxe  du 
pignon  est  actionné  dans  le  sens  convenable  par  un  poids  réglable  en  position  sur  un 


MACHINES-OUTILS. 


127 


levier;  un  gabarit  et  un  galet  sont  fixés  l’un  sur  le  chariot  supérieur,  l’autre  sur  la  glis¬ 
sière  fixe  du  chariot  inférieur,  et  sont  maintenus  en  contact  par  faction  du  poids.  Le 
galet  est  monté  dans  une  coulisse  ou  sur  un  petit  chariot  qui  permet  de  régler  sa 
distance  à  la  fraise,  mesurée  entre  les  génératrices  de  contact,  d’après  la  distance  des 
points  correspondants  du  gabarit  et  de  la  surface  à  obtenir;  on  peut,  au  moyen  de  ce 
réglage,  faire  l’opération  en  plusieurs  passes.  Le  déplacement  du  chariot  inférieur  se 
produit  d’après  la  forme  donnée  au  gabarit,  pendant  que  le  chariot  supérieur  en¬ 
traîne  la  pièce  d’un  mouvement  uniforme.  Le  mouvement  uniforme  peut  être  donné 
aussi  au  plateau  circulaire,  pour  reproduire  des  pièces  très  courbes,  a  condition  qu’on 
mette  le  gabarit  sur  ce  plateau,  le  galet  étant  sur  la  glissière  du  chariot  inférieur. 

Dans  la  grande  machine  à  bras  support  de  fraise  de  MM.  Bouhey,  c’est  le  support 
monté  sur  ce  bras  qui  est  rendu  libre;  c’est  aussi  lui  qui  porte  le  galet,  ainsi  que  le 
pignon  actionné  par  le  poids,  tandis  que  la  crémaillère  est  fixée  au  bras;  le  gabarit 
est  sur  le  chariot  porte-pièce. 

Dans  sa  machine  verticale  en  forme  d’étau-limeur,  la  Société  d’Albert  emploie 
comme  reproducteur  le  chariot  monté  sur  la  tête  mobile;  ce  chariot  porte  le  galet  en 
même  temps  que  la  fraise;  le  gabarit  est  fixé  avec  la  pièce  sur  les  supports  en  équerre 
du  banc. 

Une  autre  machine,  de  forme  ordinaire,  de  la  Société  d’Albert  possède  un  deuxième 
chariot  reproducteur  disposé  sur  le  chariot  supérieur  parallèlement  à  celui-ci,  par 
suite  a  angle  droit  avec  le  premier  chariot  reproducteur;  il  porte  le  plateau  circulaire 
et  le  galet-touche;  sur  sa  glissière  est  un  pivot  vertical,  qui  reçoit  de  l’axe  du  plateau 
circulaire  un  mouvement  de  rotation  de  même  vitesse  au  moyen  d’un  engrenage  et 
sur  lequel  se  monte  un  gabarit.  Le  deuxième  chariot  reproducteur  ne  sert  donc  qu’avec 

l’emploi  du  mouvement  auto¬ 
matique  du  plateau  circulaire; 
alors  l’utilisation  simultanée  des 
deux  directions  de  reproduc¬ 
tion  permet  de  franchir  les  plus 
fortes  rampes  du  profil  de  la 
pièce,  et  même  de  rendre  ré¬ 
gulière  la  vitesse  d’avance  re¬ 
lative  de  la  fraise  le  long  de  ce 
profil,  condition  excellente  pour 
un  bon  travail. 

Au  lieu  de  se  servir  comme 
reproducteur  cl’un  des  chariots 
de  la  machine,  M.  Bariquand 
rapporte  sur  le  chariot  supérieur  un  montage,  dont  la  semelle  est  munie  d’une  vis  à 
six  filets  actionnée  par  un  poids;  l’écrou  de  la  vis  entraîne  normalement  à  la  direction 


Appareil  à  reproduire  pour  machine  verticale  de  M.  Bariquand. 


I  28 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Appareil  à  reproduire  pour  machine  horizontale 
de  M.  Bariquand. 


du  chariot  supérieur  un  chariot  portant  la  pièce  et  le  gabarit;  la  touche  est  fixée  a  la 
tête  du  bâti  en  arrière  de  la  fraise;  elle  est  conique  et  fixée  par  des  écrous,  de  sorte 
qu’en  la  montant  ou  la  descendant  ,  on  fait  varier  la  distance  de  son  point  moyen  de 
contact  avec  le  gabarit  au  point  moyen  de  contact  de  la  fraise  avec  la  pièce. 

M.  Bariquand  applique  la  reproduction  automatique  aux  machines  horizontales,  en 
rapportant  également  sur  le  chariot  supérieur  un  montage  muni  d’un  chariot  reproduc¬ 
teur  vertical,  qui  reçoit  la  pièce  à  usiner 
et  qui  est  actionné  par  une  vis  à  pas  al¬ 
longé  et  par  un  poids;  le  gabarit  est  dis¬ 
posé  sur  ce  petit  chariot,  tandis  que  le 
galet-touche  est  fixé  sur  le  chariot  infé¬ 
rieur  de  la  machine.  Dans  un  autre  mo¬ 
dèle,  la  reproduction  se  fait  à  la  main; 
le  montage  comprend,  outre  le  chariot 
vertical,  un  deuxième  chariot  horizontal, 
dont  la  semelle  se  fixe  sur  le  chariot  su¬ 
périeur  de  la  machine;  les  deux  chariots  du  montage  sont  conduits,  le  chariot  hori¬ 
zontal  à  l’aide  d’une  manivelle,  le  chariot  vertical  reproducteur  à  l’aide  d’un  levier, 
par  lequel  on  appuie  le  gabarit  sur  le  galet;  celui-ci  est  alors  disposé  sur  le  chariot 
supérieur,  devenu  fixe,  de  la  machine. 

La  Société  alsacienne  expose  une  machine  verticale  d’un  modèle  fréquemment  em¬ 
ployé  à  l’étranger,  sous  le  nom  de  machine  à  profiler.  La  forme  générale  est  celle  d’une 
machine  a  raboter  avec  table  recevant  la  pièce  et  le  gabarit,  reposant  sur  des 
glissières  de  section  trapézoïdale  et  conduite  automatiquement  par  crémaillère,  tra¬ 
verse  horizontale  réglable  en  hauteur  par  vis  enfermées  dans  les  montants  et  mues  si¬ 
multanément,  support  de  fraise  et  de  touche  se  déplaçant  le  long  de  la  traverse  et 
muni  d’un  coulisseau  vertical  équilibré,  mobile  â  la  main  par  levier  ou  se  fixant  à  hau¬ 
teur  convenable,  quand  la  position  de  la  fraise  est  réglée.  Ce  support  possède  à  sa  partie 
inférieure  une  crémaillère  engrenant  avec  un  pignon  que  l’on  actionne  à  la  main  par 
manivelle,  pour  la  reproduction;  la  crémaillère  et  le  pignon  sont  formés  chacun  de 
deux  parties  assemblées  parallèlement  avec  réglage,  en  vue  d’éviter  tout  jeu  entre  les 
deux  pièces.  Ainsi  donc,  pour  reproduire,  pendant  que  la  table  portant  la  pièce  et  le 
gabarit  se  meut  automatiquement  d’un  mouvement  uniforme,  l’ouvrier  presse  sur  la 
manivelle  de  l’axe  du  pignon  de  crémaillère  et  maintient  la  touche,  qui  est  disposée 
sur  le  coulisseau  parallèlement  à  l’arbre  de  la  fraise,  constamment  appuyée  sur  le  ga¬ 
barit.  Le  coulisseau  porte  deux  arbres  de  fraise  parallèles  commandés  l’un  par  l’autre 
par  roues  égales  ou  de  diamètres  différents,  et  donnant  la  facilité  de  travailler  avec  deux 
fraises  sur  les  deux  côtés  d’une  même  pièce  ou,  en  travaillant  avec  une  seule  fraise,  de 
donner  à  celle-ci  des  diamètres  variables  avec  vitesse  circonférentielle  sensiblement 
constante.  L’un  des  arbres  reçoit  sur  un  tambour  le  mouvement  de  rotation  d’une 


MACHINES-OUTILS. 


129 


courroie  demi-croisée  venant  d’un  long  tambour  horizontal  disposé  à  l’extrémité  du 
banc  avec  hauteur  réglable  sur  des  montants.  La  commande  générale  de  la  machine  a 
lieu  par  un  cône  à  étages,  de  l’axe  duquel  elle  est  transmise  à  la  fraise  par  le  tambour 
et  à  la  table  par  des  engrenages  et  un  mécanisme  d’arrêt  et  de  changement  de  marche. 
Le  support  de  fraise  adapté  à  la  traverse  peut  aussi  être  conduit  automatiquement  pour 
le  fraisage  ordinaire;  sa  commande  est  alors  dérivée  de  celle  de  la  table  et  aboutit  à 
l’axe  du  pignon  de  la  crémaillère. 

En  dehors  du  montage  manœuvré  à  la  main,  de  M.  Bariquand,  les  machines  précé¬ 
dentes  offrent  l’inconvénient  assez  sérieux  d’interposer  entre  le  chariot  reproducteur  et 
le  poids  tendeur  une  série  d’engrenages,  de  cliquets  et  leviers  qui,  par  le  jeu  qu’ils  ont 
entre  eux,  parle  frottement  qu’ils  éprouvent  les  uns  sur  les  autres  et  par  leur  élasti- 


Machine  à  reproduire  à  battant  de  M.  Steinlen. 


cité  même,  rendent  l’action  du  poids  plus  ou  moins  paresseuse  et  le  font  agir  quelque¬ 
fois  par  secousses.  Cet  inconvénient  est  évité  dans  une  machine  de  M.  Steinlein,  du 
type  des  machines  dites  articulées,  ou  le  poids  agit  directement  sur  le  gabarit.  L’arbre 
horizontal  de  la  fraise  est  adapté  vers  Textrémité  d’un  levier,  ou  battant,  suffisamment 

9 


Groi:pe  VI.  —  iv. 


IMPRIMERIE  NATIONALE. 


130 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


lourd,  qui  pivote  par  son  autre  extrémité  autour  d’un  axe  fixe  parallèle  à  l’arbre;  un 
contre-poids,  porté  par  une  tringle  prolongeant  le  battant  au  delà  de  Taxe,  sert  au 
besoin,  pour  des  travaux  légers,  à  équilibrer  une  partie  du  poids  du  battant;  le 
galet-toucbe  est  disposé  au-dessus  de  la  fraise  dans  un  plan  normal  à  la  longueur  du 
battant  et  dans  une  rainure  qui  permet  de  régler  sa  distance  à  la  fraise.  L’axe  de  pivo¬ 
tement  du  battant  est  supporté  par  deux  montants  fixés  sur  la  table  du  bâti,  qui  reçoit 
d’autre  part  le  montage  de  la  pièce  à  usiner  et  le  gabarit.  Dans  le  cas  présent,  la  ma¬ 
chine  étant  destinée  à  faire  des  surfaces  de  contour  moyen  circulaire,  le  montage  est 
constitué  par  une  poupée  avec  un  axe  horizontal  de  rotation;  sa  position  se  règle  paral¬ 
lèlement  à  l’arbre  de  la  fraise,  par  des  rainures  à  boulons,  sur  une  semelle  qui  se  règle 
de  la  même  façon  sur  la  table  dans  le  sens  perpendiculaire;  la  pièce  se  monte  sur  un 
plateau  ou  un  mandrin  à  l’extrémité  de  l’axe  de  la  poupée,  et  en  arrière  d’elle  se  fixe 
le  gabarit  suc  le  même  axe.  La  commande  générale  est  donnée  par  poulies  fixe  et  folle 
sur  Taxe  de  pivotement  du  battant;  elle  est  renvoyée  par  poulies  à  l’arbre  de  la  fraise, 
et  par  cônes,  vis  sans  fin  débrayable  et  engrenages  à  Taxe  de  la  poupée.  Le  débrayage 
automatique  produit  l’arrêt  complet  de  la  machine  et  s’opère  par  le  passage  de  la  cour¬ 
roie  de  commande  de  la  poulie  fixe  sur  la  poulie  folle;  à  cet  effet,  la  roue,  par  laquelle 
l’axe  de  la  poupée  reçoit  le  mouvement,  porte  une  butée  réglable  en  position  dans  une 
rainure  circulaire;  la  butée,  rencontrant  un  levier  enclanché  avec  la  fourche  de  dé¬ 
brayage,  rend  libre  cette  dernière  qui,  obéissant  à  l’action  d’un  ressort,  passe  à  hau¬ 
teur  de  la  poulie  folle. 

MACHINES  SPÉCIALES. 

Nous  réunissons,  sous  le  titre  de  machines  spéciales,  des  machines  construites  princi¬ 
palement  en  vue  de  travaux  de  nature  déterminée ,  soit  que  leur  emploi  doive  procurer 
une  économie  notable,  soit  que  les  machines  d’usage  général  ne  se  prêtent  pas  com¬ 
modément  à  l’exécution  des  travaux.  Le  nombre  des  machines  à  fraiser  spéciales  est 
déjà  grand  et  le  deviendra  évidemment  de  plus  en  plus,  à  mesure  que  les  divers  genres 
d’industrie  travaillant  les  métaux  se  développeront;  nous  ne  les  trouvons  représentées 
à  l’Exposition  que  dans  une  très  faible  proportion;  toutefois  celles  qui  sont  exposées 
offrent  un  certain  intérêt  au  point  de  vue  soit  de  futilité,  soit  de  l’instruction  générale; 
nous  les  examinerons  en  accordant  à  chacune  d’elles  l’importance  qu’elle  mérite  à  cet 
égard.  Ces  machines  sont  les  suivantes  : 

Machines  à  tailler  les  fraises  ; 

Machines  à  tailler  les  forets  en  hélice  ; 

Machines  à  tailler  les  roues  d’engrenages  ; 

Machines  à  fraiser  les  têtes  de  boulons  et  les  écrous; 

Machine  à  fraiser  les  lames  d’épées-baïonnettes. 

Machines  à  tailler  les  fraises.  —  Ces  machines  offrent  les  modèles  les  plus  simples  , 


MACHINES-OUTILS. 


131 


comme  les  plus  compliqués,  suivant  qu’on  s’est  proposé  de  produire  les  mouvements  à 
la  main  ou  automatiquement,  de  faire  le  devant  des  dents  sensiblement  plan,  ou  héli¬ 
coïdal  ou  même  d’un  pas  variable.  La  fraise  à  tailler  se  monte  sur  une  poupée  avec  pla¬ 
teau  à  toc,  contre-pointe  et  diviseur  à  trous,  à  crans,  à  équipages  de  roues  (Steinlen)  ;  la 
division  se  fait  en  général  à  la  main,  sauf  dans  la  machine  de  la  Société  alsacienne,  où 
elle  se  fait  automatiquement.  Toutes  les  machines  sont  à  reproduire  ;  dans  celles  où 
les  deux  mouvements  nécessaires  pour  la  reproduction  se  font  à  la  main  (Bariquand, 
Demoor,  Huré,  Hurtu  et  Hautin),  on  se  sert  d’un  levier  supportant  la  fraise  taillante, 
ou  papillon,  et  le  galet-touche;  un  levier  semblable ,  avec  mêmes  dispositions  de  fraise  et 
de  touche,  est  employé  pour  donner  la  pression  sur  le  gabarit,  dans  les  machines  dans 
lesquelles  l’un  des  mouvements  est  automatique  (Bouhey,  Frey,  Huré,  Prétot);  quand 
les  deux  mouvements  sont  automatiques,  le  chariot  reproducteur  est  actionné  par  un 
poids  (Société  alsacienne,  Steinlen). 

Dans  les  machines  de  M.  Bariquand  et  de  MM.  Hurtu  et  Hautin,  le  levier  est  arti¬ 
culé  à  une  extrémité  avec  une  sorte  de  joint  universel,  dont  Taxe  fixe,  monté  sur  la 
table,  est  vertical.  L’arbre  du  papillon  et  le  galet,  à  axes  parallèles  horizontaux,  sont 
adaptés  au  levier,  chez  MM.  Hurtu  et  Hautin,  par  un  support  unique,  qui  a  un  peu  de 
réglage  suivant  la  longueur;  le  galet  cylindrique  est  réglable  en  hauteur;  chez  M.  Bari¬ 
quand,  les  supports  du  papillon  et  du  galet,  qui  est  conique,  sont  inégalement  distants 
du  point  d’articulation,  de  façon  à  permettre  l’amplification  du  gabarit,  et  sont  tous 
deux  réglables  suivant  la  longueur.  La  poupée  qui  reçoit  la  fraise  à  tailler  et  le  support 
du  gabarit  sont  fixés  directement  sur  la  table.  Les  deux  machines  ont  des  modes  d’ac¬ 
tion  notablement  différents  :  dans  celle  de  MM.  Hurtu  et  Hautin,  le  poids  du  levier  est 
en  grande  partie  équilibré  par  un  contrepoids  disposé  au  delà  du  point  d’articulation, 
en  sorte  que  l’ouvrier  doit  appuyer  sur  le  levier  pour  maintenir  le  galet  sur  le  gabarit; 
dans  celle  de  M.  Bariquand,  le  levier  est  assez  lourd  et  n’est  pas  équilibré,  l’ouvrier 
doit  plutôt  le  soulever  pour  gravir  les  rampes  du  gabarit.  Ce  genre  de  machine  con¬ 
vient  à  la  taille,  sans  forme  hélicoïdale  des  dents,  des  fraises  de  profil  quelconque, 
même  très  accidenté,  mais  de  peu  de  longueur  :  le  devant  de  la  dent  taillée  prend  en 
effet  une  forme  légèrement  sphérique,  qui  est  apparente,  malgré  la  grande  distance  du 
papillon  au  point  d’articulation  du  levier,  sur  les  fraises  quelque  peu  longues. 

Le  modèle  le  plus  simple  de  M.  Huré  diffère  principalement  des  précédents  en  ce 
que  le  levier,  portant  encore  un  galet  réglable  en  hauteur,  ne  supporte  pas  directement 
le  papillon,  mais  est  relié  par  joint  sphérique,  ou  rotule,  à  un  chariot  vertical  qui  reçoit 
l’arbre  du  papillon,  et  dont  le  support  coulisse  lui-même  horizontalement  sur  une  se¬ 
melle  fixée  à  la  table;  ce  moyen  nécessite  un  peu  de  jeu  dans  le  joint  à  rotule;  il 
offre  l’avantage  de  maintenir  constantes  la  direction  de  l’arbre  du  papillon  et  la  posi¬ 
tion  du  plan  vertical  d’une  quelconque  de  ses  sections  normales  à  l’arbre,  et  par  suite 
de  permettre  la  taille  de  fraises  de  longueur  assez  grande.  Le  levier  est  équilibré. 

La  machine  de  M.  Demoor  ressemble  beaucoup,  comme  dispositions  de  principe, 

9* 


132 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


à  celle  de  M.  Hure;  toutefois  le  galet  est  placé  sur  le  chariot  du  papillon,  ce  qui  éli¬ 
mine  toute  cause  d’écart  dans  la  forme  à  obtenir,  pouvant  provenir  de  la  flexibilité  du 
levier  et  du  jeu  de  son  assemblage  avec  le  chariot. 

Nous  arrivons  aux  machines  dans  lesquelles  l’un  des  mouvements  est  produit  auto¬ 
matiquement.  On  ajoute  généralement  à  ces  machines  un  dispositif  pour  la  taille  des 
dents  en  hélice,  qui  oblige  de  donner  à  la  fraise  à  tailler  un  mouvement  de  rotation 
dépendant,  d’après  une  certaine  loi,  de  son  mouvement  de  translation,  et  d’incliner  son 
axe  par  rapport  au  plan  normal  à  l’arbre  du  papillon  d’un  angle  correspondant  à  l’in¬ 
clinaison  de  l’hélice  extérieure  de  la  dent.  On  remarquera  que  la  section  de  l’intervalle 
de  deux  dents,  prise  comme  on  voudra,  ne  peut  jamais  reproduire  le  profil  du  papil¬ 
lon  et  est  toujours  plus  grande;  considérons  en  particulier  la  portion  du  papillon  qui 
produit  le  devant  de  la  dent,  et  prenons-la  sous  sa  forme  la  plus  simple  et  la  plus 
usitée,  celle  d’un  plan;  comme  tout  plan,  même  tangent,  coupe  une  surface  hélicoï¬ 
dale,  si  Ton  veut  que  la  partie  arrière  de  la  tranche  plane  du  papillon  ne  recoupe  pas 
la  surface  faite  par  la  partie  avant,  en  un  mot  ne  talonne  pas,  on  est  obligé  de  l’obli¬ 
quer  légèrement  sur  la  tangente  à  l’hélice  au  point  considéré  et  de  lui  donner  par 
rapport  à  Taxe  de  la  fraise  à  tailler  une  inclinaison  un  peu  moindre  que  celle  de  l’hé¬ 
lice  extérieure;  comme,  d’ailleurs,  l’inclinaison  de  Thélice  extérieure  varie  avec  le  dia¬ 
mètre,  au  moins  pour  la  taille  à  pas  constant,  on  devra  prendre  comme  maximum 
d’inclinaison  du  papillon  Tangle  de  Thélice  prise  sur  le  plus  petit  diamètre.  Pour  les 
fraises  cylindriques,  on  peut  éviter  cette  désorientation  du  papillon,  en  remplaçant  sa 
tranche  plane  par  un  cône  très  aplati,  dont  la  convexité  supprime  le  talonnement;  il 
faut  seulement  porter  le  sommet  de  la  section  axiale  du  papillon  en  avant  du  plan  pas¬ 
sant  par  Taxe  de  la  fraise  a  tailler  et  normal  à  Taxe  du  papillon,  pour  que  les  généra¬ 
trices  de  la  surface  produite  passent  toujours  par  Taxe  de  la  fraise;  ce  procédé  ne 
pourrait  être  applicable  aux  fraises  à  profil  qu’à  la  condition  de  faire  varier  le  déplace¬ 
ment  du  papillon  sur  la  longueur  d’une  même  dent  d’après  le  diamètre  en  chaque 
point. 

M.  Huré,  conservant  son  levier  porte-galet  et  les  deux  chariots  qui  portent  le  papil¬ 
lon,  adjoint  au  bâti,  pour  recevoir  la  pièce  et  le  gabarit,  une  console  de  machine 
d’usage  général;  la  console,  soutenue  par  une  vis,  se  déplace  verticalement  et  est  munie 
de  deux  chariots  horizontaux,  séparés  par  un  plateau  circulaire  gradué;  le  chariot  su¬ 
périeur  est  conduit  automatiquement,  entraînant  la  poupée  avec  diviseur  et  le  gabarit. 
L’axe  de  la  poupée  peut  être  mis  en  relation  avec  celui  de  la  vis  du  chariot  pour  la 
commande  du  mouvement  hélicoïdal.  La  taille  des  dents  dont  le  devant  est  plan  peut 
se  faire  en  utilisant  à  la  fois  le  mouvement  du  chariot  automatique  et  le  mouvement  à 
la  main  du  chariot  horizontal  du  levier,  pour  ralentir  l’avance  sur  les  rampes  rapides 
du  profil  de  la  dent;  mais,  pour  la  taille  en  hélice,  il  est  indispensable  de  fixer  le  cha¬ 
riot  horizontal  du  levier. 

La  machine  de  M.  Frey  est  construite  d’après  des  principes  analogues  à  ceux  de  la 


MACHINES-OUTILS. 


133 


précédente,  tout  en  en  différant  notablement  par  les  détails;  en  particulier,  le  chariot 
vertical  du  levier,  au  lieu  d’être  parallèle  à  la  position  moyenne  de  ce  dernier,  lui  est 
perpendiculaire,  disposition  qui  oblige  de  mettre  le  papillon  plus  en  Tair. 

M.  Prétot  fixe  sur  le  secteur  de  sa  machine  universelle  un  long  bras,  à  une  extrémité 
duquel  il  attache  un  levier  non  équilibré  par  l’axe  horizontal  d’un  joint  universel  dont 
l’autre  axe  est  vertical;  le  levier  supporte  vers  le  milieu  de  sa  longueur  le  papillon,  au¬ 
quel  un  arbre  auxiliaire  donne  le  mouvement  pris  sur  la  commande  de  la  machine,  et 
à  son  autre  extrémité  un  galet  conique  réglable  en  position;  le  gabarit  est  monté  sur 
le  chariot  supérieur  de  la  machine.  La  machine  se  trouve  alors  dans  des  conditions 
analogues  à  celles  de  M.  Bariquand,  disposant  en  outre  d’une  commande  automatique 
pour  la  fraise  à  tailler,  et  pouvant  tailler  en  hélice.  Une  console,  adaptée  au  bras  à  hau¬ 
teur  du  galet,  reçoit  le  levier  au  repos. 

MM.  Bouhey  suppriment  le  chariot  horizontal  du  papillon;  ils  disposent  sur  la  par¬ 
tie  saillante  d’un  fort  montant,  recourbé  en  forme  d’un  demi  S,  un  premier  chariot  ver¬ 
tical,  qui  sert  simplement  pour  régler  à  la  main  la  hauteur  moyenne  du  papillon; 
sur  ce  chariot  est  un  deuxième  chariot  parallèle,  mais  placé  sur  le  côté  du  montant, 
de  manière  à  se  trouver  au-dessus  d’un  espace  bien  dégagé,  portant  l’arbre  horizontal 
du  papillon  et  un  galet  réglable  en  hauteur;  il  est  équilibré,  et  un  levier  monté  sur 
un  axe  horizontal  fixé  au  premier  chariot  sert  à  le  manœuvrer  et  à  appuyer  le  galet 
sur  le  gabarit.  Sur  la  table  fixe  du  bâti,  sont  deux  chariots  horizontaux  séparés  par  un 
plateau  circulaire  gradué;  une  poupée  avec  diviseur  et  contre-pointe,  portant  la  fraise 
à  tailler,  est  placée  sur  le  chariot  supérieur  et  peut  être  actionnée,  pour  la  taille  en  hélice, 
par  un  équipage  de  roues  commandé  par  la  vis  du  chariot.  Sur  le  bord  du  même 
chariot,  face  au  montant,  est  disposé  un  nouveau  chariot  horizontal,  dont  le  plan  des 
glissières  est  vertical  :  c’est  sur  lui  que  se  place  le  gabarit;  sa  vis  est  reliée  à  celle  du 
chariot  supérieur  par  un  équipage  de  roues,  au  moyen  duquel  on  peut  amplifier  à  vo¬ 
lonté  la  vitesse  relative  du  gabarit  par  rapport  à  celle  de  la  fraise  â  tailler,  de  manière 
que  le  galet  puisse  toujours  franchir  les  rampes  ainsi  allongées  du  gabarit,  l’ouvrier 
n’ayant  qu’à  appuyer  sur  le  levier  pour  maintenir  dans  tous  les  cas  le  contact  du  galet 
et  du  gabarit.  MM.  Bouhey  font  de  cette  machine,  qui  est  puissante,  une  machine 
à  fraiser  universelle,  en  substituant  au  chariot  reproducteur  du  papillon  un  chariot 
muni  d’une  plate-forme  verticale  pour  l’orientation  de  l’arbre  de  la  fraise;  le  chariot  in¬ 
férieur  de  la  table  peut  d’ailleurs  être  commandé  automatiquement. 

La  machine  système  Bonnaz,  construite  par.M.  Duval,  comporte  deux  modes  d’em¬ 
ploi  distincts,  l’un  fonctionnant  entièrement  à  la  main  pour  les  fraises  de  forme,  l’autre 
fonctionnant  automatiquement  pour  les  fraises  cylindriques  à  dents  droites  ou  en  hé¬ 
lice;  elle  a  été  imaginée  surtout  en  vue  du  premier  mode  cfemploi,  l’autre  ne  lui 
ayant  été  ajouté  que  pour  l’utilisation  facile  d’une  partie  de  ses  organes  avec  l’addition 
d’un  petit  nombre  d’autres;  nous  allons  examiner  cl’abord  le  dispositif  correspondant 
à  ce  premier  mode,  dont  le  principe  repose  sur  l’emploi  d’un  seul  gabarit  très  agrandi, 


13/i 


EXPOSITION  UNIVEPiSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


pouvant  servir  à  tailler  toutes  les  fraises  pour  lesquelles  les  ordonnées  du  profil  géné¬ 
rateur  varient  suivant  une  loi  linéaire ,  les  abscisses  restant  les  mêmes. 

L’arbre  du  papillon  est  vertical  et  peut  se  déplacer  horizontalement  d’une  façon 
quelconque  ;  les  deux  déplacements  composants  sont  obtenus  a  l’aide  de  deux  leviers: 
l’un  tourne  par  une  de  ses  extrémités  autour  d’un  pivot  vertical  monté  sur  la  table  du 
bâti  et  repose  par  l’autre  extrémité  sur  une  voie  circulaire  adaptée  à  la  table  et  sup¬ 
portant  aussi  le  gabarit  disposé  horizontalement;  l’autre,  sensiblement  normal  au  pré¬ 
cédent,  tourne  autour  d’un  pivot  également  vertical,  fixé  sur  celui-ci  en  un  point  assez 
éloigné  de  sa  direction  générale.  Le  support  du  papillon  est  réuni  aux  deux  leviers 
par  une  glissière  coulissant  sur  le  premier  suivant  sa  longueur,  et  par  un  bouton  porté 
par  un  petit  chariot  qui  glisse  sur  le  deuxième  et  se  fixe  à  une  distance  réglable  de  son 
pivot;  une  graduation  sert  a  mesurer  cette  distance.  L’arbre  vertical  du  papillon  est 
monté  sur  un  chariot  coulissant  le  long  du  support  parallèlement  à  la  direction  du  pre¬ 
mier  levier,  et  sa  position  est  également  indiquée  par  une  graduation.  Enfin  une  bielle 
reliée  par  un  axe  au  deuxième  levier,  et  guidée  d’autre  part  à  l’aide  d’un  deuxième  axe 
qui  coulisse  dans  une  rainure  du  support  du  papillon,  porte  à  son  extrémité  un  galet 
coniqué  réglable  en  hauteur  le  long  de  son  axe  vertical,  ce  dernier  se  trouvant  sur 
l’alignement  de  Taxe  de  l’arbre  du  papillon  et  du  pivot  du  premier  levier.  On  voit  ainsi 
que,  Taxe  de  la  fraise  à  tailler  étant  horizontal  et  parallèle  à  la  position  moyenne  du 
premier  levier,  le  rapport  entre  les  déplacements  du  papillon  parallèlement  à  Taxe  de  la 
fraise  à  tailler  et  les  abscisses  du  gabarit,  mesurées  dans  le  même  sens,  est  égal  au  rap¬ 
port  des  distances  respectives  du  pivot  du  premier  levier  à  Taxe  du  papillon  et  au  gaba¬ 
rit,  et  que  le  rapport  entre  les  déplacements  du  papillon  et  les  ordonnées  du  gabarit, 
mesurés  dans  le  sens  normal  au  précédent  ,  est  égal  au  rapport  des  distances  respectives 
du  pivot  du  deuxième  levier  au  bouton  par  lequel  il  conduit  le  support  du  papillon  et  à 
son  axe  d’articulation  avec  la  bielle  porte-galet.  Les  graduations  repérant  les  positions 
du  chariot  du  papillon  et  du  chariot  du  bouton  indiquent  précisément  ces  rapports  et, 
par  suite,  l’amplification  du  gabarit,  ou  inversement  la  réduction  des  coordonnées  du 
profil  générateur  de  la  fraise  à  tailler;  il  est  donc  facile  de  faire  varier  ces  dernières, 
sans  changer  de  gabarit.  Mais  on  peut  en  outre,  laissant  les  abscisses  du  gabarit 
constantes,  faire  varier  les  ordonnées,  en  l’inclinant  autour  d’un  axe  parallèle  à  la  di¬ 
rection  des  abscisses;  l’effet  est  accru  par  le  double  fait  de  l’inclinaison  du  gabarit  et 
de  la  forme  conique  du  galet;  c’est  ainsi  qu’avec  une  règle  droite  comme  gabarit,  on 
peut  produire  une  infinité  de  cônes,  à  l’aide  de  ce  simple  mouvement  d’orientation. 

La  poupée  diviseur,  portant  la  fraise  à  tailler,  est  montée  sur  deux  chariots  horizon¬ 
taux  disposés  sur  la  table.  Le  réglage  en  hauteur  du  papillon  se  fait  par  son  arbre 
même. 

La  taille  automatique  des  fraises  se  fait  à  l’aide  du  mouvement  donné  au  chariot 
supérieur,  qui  porte  la  poupée  diviseur,  parallèlement  à  Taxe  de  cette  dernière.  Pour  la 
taille  en  hélice,  l’arbre  de  la  fraise  s’incline  sur  une  plate-forme  verticale  formée  sur 


MACHINES-OUTILS. 


135 


son  support,  et  dont  l’axe  se  trouve  à  hauteur  de  celui  de  la  poupée  diviseur;  le  mou¬ 
vement  de  rotation  est  donné  à  ce  dernier  à  Laide  d’un  pignon  mené  par  une  crémail¬ 
lère  articulée  avec  un  curseur,  qui  coulisse  le  long  d’une  règle  horizontale  inclinée  sous 
un  angle  convenable  par  rapport  à  la  direction  du  déplacement  du  chariot. 

Nous  avons  maintenant  à  examiner  les  machines  dans  lesquelles  les  mouvements  de 
reproduction  se  font  automatiquement.  La  machine  de  M.  Steinlen  présente,  à  cet 


égard ,  des  dispositions  très  complètes  ;  elle  a  la  forme  d’une  machine  d’usage  général 
à  orientation  variable  de  l’arbre  du  papillon.  La  table  porte  un  seul  chariot,  qui  est  h 
mouvement  automatique,  sur  lequel  sont  deux  poupées  pour  le  montage  de  la  fraise 
a  tailler;  les  autres  mouvements  sont  donnés  au  support  du  papillon,  qui  comprend 
une  tête  coulissant  horizontalement  et  normalement  au  chariot  porte-pièce  et  recevant 
le  déplacement  variable  ;  sur  cette  tête ,  un  chariot  vertical  de  réglage  équilibré  et  muni 
d’une  plate-forme  verticale  sur  laquelle  l’arbre  du  papillon  peut  s’incliner  pour  la 
taille  des  fraises  à  dents  en  hélice.  Le  chariot  porte-pièce  est  muni  latéralement  d’une 
crémaillère  engrenant  avec  un  secteur  denté  horizontal,  sur  l’axe  duquel  est  monté  le 
gabarit;  le  rayon  moyen  de  celui-ci  est  environ  le  double  de  celui  du  secteur,  donnant 


136 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


pour  l’amplification  du  déplacement  du  chariot  un  rapport  de  2  à  1  ;  sur  le  gabarit 
appuie ,  sous  l’action  d’un  poids ,  un  galet-touche  adopté  à  un  levier  qui  transmet  par 
une  bielle  à  la  tête  du  papillon  le  déplacement  correspondant  aux  différences  de  rayon 
du  gabarit.  Pour  la  taille  en  hélice,  un  équipage  de  roues,  partant  de  Taxe  de  la  vis 
du  chariot  porte-pièce,  commande  un  arbre  latéral  qui  va  actionner  Taxe  des  poupées 
par  l’intermédiaire  d’une  vis  sans  fin  débrayable;  un  système  diviseur  à  équipage  de 
roues  se  monte  sur  ce  même  arbre  et  actionne  les  poupées  par  des  engrenages,  que 
Ton  embraye  quand  la  vis  sans  fin  précédente  est  débrayée. 

M.  Steinlen  s’est  proposé  de  faire  varier  le  pas  aux  divers  points  de  la  longueur  des 
dents  des  fraises  à  profil ,  de  manière  que  l’inclinaison  du  plan  tangent  au  devant  de  la 
dent  sur  Taxe  de  la  fraise  fût  constante.  Pour  obtenir  ce  résultat,  il  abandonne  la 
commande  des  poupées  porte-pièce  par  la  vis  sans  fin,  et  il  monte  sur  Tarbre  latéral, 
actionné  de  façon  à  faire  au  plus  un  tour  pendant  la  durée  de  la  taille  d’une  dent,  une 
came  sur  laquelle  appuie  un  galet  porté  par  un  levier,  dont  l’autre  bras,  taillé  en  sec¬ 
teur  denté,  communique  a  Taxe  des  poupées  un  mouvement  de  rotation  variable. 

La  Société  alsacienne  expose  une  machine  taillant  automatiquement  les  fraises  de 
forme  à  dents  non  hélicoïdales,  effectuant  automatiquement  le  retour  rapide  à  la  posi¬ 
tion  initiale  après  la  taille  de  chaque  dent,  ainsi  que  la  division,  c’est-à-dire  le  pas¬ 
sage  d’une  dent  à  la  suivante.  L’arbre  du  papillon  est  vertical  et  monté  sur  un  chariot 
à  glissières  situées  dans  un  plan  vertical,  muni  cl’un  mouvement  de  translation  hori¬ 
zontal  automatique  et  uniforme;  un  galet  à  axe  vertical  est  également  adapté  à  ce 
chariot.  Sur  la  table,  coulisse,  normalement  à  la  direction  du  chariot  précédent,  un 
chariot  horizontal  portant  la  fraise  à  tailler  sur  poupée  avec  coulisse  de  réglage,  ainsi 
que  le  gabarit  qu’un  poids  applique  contre  le  galet.  Le  diviseur  placé  sur  la  poupée  est 
un  plateau  denté  sur  sa  tranche  en  sorte  de  rochet;  un  cliquet,  adapté  à  un  levier  à 
ressort,  s’engage  entre  les  dents.  Un  manchon  denté  de  changement  de  marche,  monté 
sur  un  axe  intermédiaire  de  la  commande  à  mouvement  uniforme  du  chariot  du  pa¬ 
pillon,  reçoit,  suivant  qu’il  est  poussé  dans  un  sens  ou  dans  l’autre,  des  vitesses  très 
différentes  et  de  sens  inverses,  correspondant  Tune  à  la  marche  en  travail,  l’autre  au 
retour;  il  est  manœuvré  à  chaque  fin  de  course,  à  l’aller  comme  au  retour,  par  une 
tringle  à  butées  rencontrées  par  un  taquet  du  chariot  du  papillon,  et  maintenu  em¬ 
brayé  par  un  poids  qui  bascule  à  chaque  fois  de  part  et  d’autre  de  la  verticale.  L’axe 
du  levier  du  poids  actionne  une  deuxième  tringle  à  deux  butées  réglables,  qui  poussent 
une  barre  d’une  quantité  déterminée  ;  la  barre  agit  au  commencement  du  retour  sur 
le  plateau  diviseur  par  deux  leviers  :  Tun  écarte  le  cliquet  du  diviseur;  l’autre  pousse 
un  deuxième  cliquet,  qui  fait  tourner  le  rochet  d’une  quantité  correspondante  à  Té- 
carlement  des  butées  de  la  tringle;  le  retour  achevé,  le  changement  de  marche  dégage 
le  cliquet  de  poussée  et  ramène  le  cliquet  diviseur  en  prise. 

Cette  machine  aurait  besoin  d’être  complétée  pour  la  taille  en  hélice;  elle  ne  con¬ 
stitue  pas  moins  une  tentative  sérieuse  de  progrès  au  point  de  vue  de  la  confection 


MACHINES-OUTILS. 


137 


économique  des  fraises ,  en  ce  que ,  si  la  régularité  du  fonctionnement  est  assurée ,  elle 
permet  à  un  ouvrier  de  mener  à  la  fois  plusieurs  machines. 

Machines  à  tailler  les  forets  en  hélice.  —  Toute  machine  à  fraiser  dont  l’arbre  est 
inclinable  dans  un  plan  vertical  ou  est  horizontal,  lui-même  ou  le  chariot  supérieur 
étant  inclinable  autour  d’un  axe  vertical,  permet  de  tailler  les  forets  en  hélice,  avec 
l’adjonction  d’un  appareil  diviseur  simple  et  d’une  commande  de  Taxe  de  cet  appareil 
par  un  équipage  de  roues  relié  à  l’axe  de  la  vis  du  chariot  supérieur;  mais  elle  ne 
peut  faire  les  cannelures  que  successivement.  MM.  Hurtu  et  Hautin  présentent  une 
petite  machine  qui  fait  les  deux  cannelures  à  la  fois;  ils  emploient,  à  cet  effet,  deux 
papillons  dont  les  arbres,  situés  dans  des  plans  horizontaux  différents,  font  entre  eux 
un  angle  égal  au  double  de  l’inclinaison  moyenne  de  chaque  cannelure  par  rapport  à 
Taxe  du  foret;  celui-ci  est  horizontal  et  passe  entre  les  papillons  en  avançant  et  tour¬ 
nant  sur  lui-même.  Chaque  arbre  de  papillon  est  porté  par  un  chariot  de  réglage  se 
déplaçant  parallèlement  à  Tarbre,  qui  est  monté  lui-même  sur  un  chariot  vertical;  les 
vis  des  chariots  verticaux  des  deux  papillons  sont  reliées  par  deux  roues  égales,  de 
sorte  qu’en  actionnant  Tune,  on  fait  tourner  l’autre  en  sens  inverse,  et  que  les  deux 
arbres  se  déplacent  simultanément  en  hauteur,  en  sens  inverses  et  de  quantités  égales. 
Le  foret  est  monté  entre  une  poupée  à  diviseur  et  une  contre-pointe  sur  un  chariot  pa¬ 
rallèle  à  Taxe  des  pointes  et  commandé  automatiquement,  la  vis  du  chariot  et  Taxe  de 
la  poupée  étant  reliés  par  un  équipage  de  roues. 

Machines  à  tailler  les  roues  d'engrenages.  —  La  fraise  convient  très  bien  pour  la  taille 
des  roues  cylindriques  à  dents  droites  ou  hélicoïdales;  le  profil  à  lui  donner,  dans  le  cas 
des  dents  droites,  est  celui  de  la  section  de  l’intervalle  des  dents  normalement  à  Taxe; 
dans  le  cas  des  dents  en  hélice,  on  prend  généralement,  pour  profil  de  la  fraise,  la  sec¬ 
tion  normale  d’un  cylindre  oblique  dont  les  génératrices  sont  parallèles  à  la  tangente 
à  l’hélice  passant  par  le  point  de  la  circonférence  primitive  d’un  tracé  fait  comme  pour 
une  roue  à  dents  droites;  la  surface  obtenue  n’est  pas,  en  réalité,  conforme  à  ce  tracé  et 
n’a  de  commun  avec  lui  que  les  points  situés  sur  la  circonférence  primitive,  en  restant 
un  peu  plus  ouverte  pour  les  autres  parties  de  la  section;  il  n’y  a  toutefois  pas  a  cela 
d’inconvénient,  puisque  le  contact  des  roues  en  hélice  n’a  jamais  lieu  que  sur  la  cir¬ 
conférence  primitive. 

La  taille  des  roues  cylindriques  a  dents  droites  n’exige  qu’un  seul  mouvement 
d’avance  pour  le  fraisage  de  l’intervalle  de  deux  dents;  pour  passer  à  l’intervalle  sui¬ 
vant,  il  faut  ramener  la  fraise  à  la  tranche  de  départ  et  donner  à  la  roue  une  fraction 
de  tour.  Ces  opérations,  simples  en  elles-mêmes,  peuvent-être  effectuées  automatique¬ 
ment  :  MM.  Brown  et  Sharpe  et  M.  Steinlen  ont  ainsi  réalisé  des  machines  qui  font  la 
tadle  complète  d’une  roue,  sans  l’intervention  de  l’ouvrier  autrement  que  pour  la  mise 
en  marche  et  l’arrêt.  La  taille  en  hélice  exige  que  la  roue  tourne  sur  elle-même  pen- 


138 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


dant  le  déplacement  longitudinal;  la  nécessité  de  faire  la  division  pendant  le  retour, 
sans  interrompre  le  mouvement  hélicoïdal,  a  empêché  les  constructeurs  précédents 
d’appliquer  leurs  machines  à  la  taille  automatique  des  roues  à  dents  en  hélice;  nous 
verrons  toutefois,  en  étudiant  des  machines  de  MM.  Sainte  et  March  et  de  la  Société 
alsacienne,  construites  pour  la  taille  en  hélice,  qu’il  serait  possible  d’adapter  à  ces 
dernières  l’automaticité  de  tous  les  mouvements. 

Les  constructeurs  disposent  souvent  les  machines  de  façon  que  le  déplacement  lon¬ 
gitudinal  puisse  avoir  lieu  obliquement  par  rapport  à  Taxe  de  la  roue;  ils  prétendent 
tailler  ainsi  des  roues  d’angle ,  ils  ne  fraisent  alors  en  une  fois  qu’un  seul  flanc  de  dent. 
A  la  vérité,  la  taille  des  roues  d’angle  à  la  fraise  est  possible;  mais,  pour  la  faire  exacte¬ 
ment,  il  faudrait,  comme  avec  les  machines  à  raboter,  faire  un  grand  nombre  de  passes 
à  différentes  hauteurs  de  la  dent,  la  fraise  pouvant  d’ailleurs  avoir  un  profil  quelconque, 
pourvu  qu’il  fût  plus  ouvert  que  la  plus  grande  section  de  la  dent;  en  adoptant  cette 
dernière  pour  le  profil  de  la  fraise,  on  réduirait  au  minimum  le  nombre  des  passes  à 
exécuter;  il  conviendrait  en  outre  de  changer  de  fraise  à  chaque  passe,  pour  pouvoir 
faire  converger  les  mêmes  parties  du  profil  vers  le  sommet  de  la  roue.  Un  semblable 
travail  de  fraise  serait  long;  on  se  contente  habituellement  de  fraiser  chaque  flanc  en 
une  seule  fois  avec  une  fraise  d’un  profil  moyen.  Les  roues  ainsi  obtenues  ont  une  forme 
de  dent  très  défectueuse  et  ne  portent  jamais  que  par  un  point  de  la  longueur  de  la 
dent;  elles  sont  susceptibles  de  s’user  très  vite.  Aussi  ne  pouvons-nous  considérer  ce 
procédé  de  taille  des  roues  d’angle  à  la  fraise  que  comme  un  dégrossissage  destiné  à 
abréger  le  travail  de  la  machine  à  raboter. 

Dans  une  petite  machine  de  M.  Steinlen,  destinée  seulement  à  la  taille  des  roues 
cylindriques  à  dents  droites,  la  roue  est  montée  sur  un  axe  horizontal  adapté  à  un  cha¬ 
riot  de  réglage  vertical;  cet  axe  porte  une  grande  roue  de  vis  sans  fin  actionnée  par  un 
diviseur  a  équipage  de  roues.  La  fraise  est  disposée  sur  un  chariot  horizontal,  que  Ton 
pousse  à  la  main  à  l’aide  d’un  levier. 

Une  machine  plus  puissante  de  M.  Steinlen  produit  automatiquement  tous  les  mou¬ 
vements  pour  la  taille  des  roues  cylindriques  à  dents  droites  et  pour  le  dégrossissage 
des  roues  d’angle.  La  roue  est  montée  comme  dans  la  machine  précédente;  elle  est 
reliée  au  système  diviseur  par  une  roue  de  vis  sans  fin ,  qui  peut  être  débrayée  pen¬ 
dant  le  réglage.  La  fraise  est  disposée  sur  un  petit  chariot  de  réglage  reposant  norma¬ 
lement  sur  le  chariot  principal,  qui  est  mené  automatiquement  avec  changement  de 
marche  à  chaque  fin  de  course  et  retour  rapide  après  chaque  passe.  Le  système  divi¬ 
seur  est  relié  à  une  commande  venant  du  renvoi  sur  une  poulie  à  moyeu  de  friction 
et  ne  peut  être  actionné  qu’après  le  dégagement  d’un  verrou  des  crans  d’un  compteur, 
la  poulie  tournant  folle  à  tout  autre  moment;  ce  verrou  est  précisément  dégagé  à  la 
fin  du  retour,  et  le  système  diviseur  se  met  en  mouvement,  pour  s’arrêter  lorsque  le 
verrou,  rencontrant  un  cran  du  compteur,  s’y  engage  de  nouveau.  Le  compteur  se 
compose,  en  réalité,  de  cinq  roues  qui  ont  respectivement  1,  2,  û ,  6  et  12  crans;  en 


MACHINES-OUTILS. 


139 


face  de  chacune  d’elles  on  peut  placer  le  verrou,  ce  qui  fournit  cinq  combinaisons  avec 
un  même  équipage  de  roues.  Pour  la  taille  des  roues  d’angle,  le  chariot  porte-fraise 


repose  sur  une  semelle  qui  peut  pivoter  autour  d’un  axe  horizontal  normal  à  l’axe  de 
la  roue,  à  l’aide  d’une  manœuvre  par  pignons  agissant  sur  deux  secteurs  dentés  sem¬ 
blables;  tout  le  système  est  monté  sur  un  chariot  de  réglage  horizontal  et  parallèle  à 
l’axe  de  la  roue. 

On  trouve  les  mêmes  dispositions  d’ensemble  et  les  mêmes  mouvements  dans  la 


1/10 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


machine  de  MM.  Brown  et  Sharpe.  La  division  se  fait  aussi  par  l’intermédiaire  d’un 
compteur  à  crans;  mais,  au  lieu  d’une  poulie  à  friction  pour  l’entraînement  momen¬ 
tané  du  système  diviseur,  la  commande  de  ce  dernier  comporte  une  poulie  ordinaire 
dont  l’arbre  se  relie  à  un  arbre  concentrique  par  un  manchon  denté,  qui  doit  être 
débrayé  quand  le  verrou  est  engagé  dans  un  cran  du  compteur  et  qui  doit  s’embrayer, 
en  même  temps  que  le  verrou  se  dégage,  au  moment  convenable  pour  faire  la  division, 
c’est-à-dire  à  la  fin  du  retour  rapide  ;  cet  effet  est  produit  à  l’aide  d’un  levier  qui  ma¬ 
nœuvre  à  la  fois  le  verrou  et  le  manchon  denté,  et  qui  est  lui-même  actionné  brusque¬ 
ment  par  le  passage  sur  son  autre  branche  d’une  saillie  du  mécanisme  mobile  de  chan¬ 
gement  de  marche.  Le  compteur  comprend  un  disque  principal  à  crans  et  deux  autres 
disques  ayant  respectivement  1  et  2  crans,  tournant  avec  une  vitesse  différente  de  celle 
du  premier;  le  disque  principal  peut  être  employé  seul  ou  combiné  avec  un  des  deux 
autres;  dans  ce  dernier  cas,  le  verrou  est  obligé  de  rencontrer  à  la  fois  un  cran  de 
chacun  des  disques  combinés,  pour  pouvoir  s’y  engager,  et  ne  fonctionne  qu’après  un 
certain  nombre  de  tours  du  disque  principal  dépendant  du  rapport  des  vitesses  des 
deux  disques;  la  disposition  existante  sur  la  machine  exposée  donne  1,  2  et  A  tours 
du  disque  principal. 

La  machine  de  MM.  Sainte  et  March  est  disposée  pour  la  taille  des  roues  cylindriques 
à  dents  droites  ou  en  hélice  et  le  dégrossissage  des  roues  d’angle.  La  roue  est  montée 
sur  une  poupée  fixe  horizontale  avec  contre-pointe.  L’arbre  de  la  fraise  peut  être 
orienté  dans  un  plan  vertical  sur  une  plate-forme  portée  par  un  chariot  à  glissière  ver¬ 
ticale  se  manœuvrant  horizontalement  à  la  main;  il  se  règle  en  hauteur  à  l’aide  d’un 
deuxième  chariot  vertical.  Pour  la  taille  des  dents  droites,  l’arbre  de  la  fraise  se  place 
verticalement;  pour  la  taille  en  hélice,  il  s’incline,  et  l’axe  de  la  vis  du  premier  chariot 
se  relie  par  un  équipage  de  roues  à  une  vis  sans  fin  dont  la  roue  actionne  l’arbre  de  la 
poupée.  Enfin,  pour  la  taille  des  roues  d’angle,  l’ensemble  des  supports  de  la  fraise 
s’oriente  sur  la  table  autour  d’un  pivot  vertical.  Le  système  diviseur  est  constitué  par 

un  équipage  de  roues  actionnant  également  l’arbre  de  la  poupée 
par  une  roue  de  vis  sans  fin.  Une  particularité  intéressante  de 
la  machine  consiste  en  ce  que  l’arbre  de  la  poupée  peut  être 
commandé  indifféremment  par  la  roue  de  vis  sans  fin  du  mou¬ 
vement  hélicoïdal  ou  par  celle  de  la  division,  ou  même  par 
les  deux  roues  à  la  fois,  sans  qu’il  soit  nécessaire  de  faire  in¬ 
tervenir  aucun  débrayage;  à  cet  effet,  l’arbre  porte  à  son 
extrémité  une  roue  d’angle  calée  sur  lui;  la  roue  de  vis  sans 
fin  du  mouvement  hélicoïdal  fait  corps  avec  un  manchon  fou 
sur  l’arbre,  portant  les  axes  de  deux  pignons  d’angle  symé¬ 
triques  qui  engrènent  avec  la  première  roue  d’angle;  la  roue  de  vis  sans  fin  de  la 
division  fait  corps  avec  un  manchon  également  fou,  portant  une  deuxième  roue  d’angle 
égale  à  la  première  et  engrenant  du  côté  opposé  de  celle-ci  avec  les  pignons.  D’après 


Vis  sans  fin 
(le 

la  division. 


Vis  sans  fin 
du  mouvement 
héliçoïdal. 


MACHINES-OUTILS. 


141 


cela,  si  Ton  agit  sur  la  roue  de  vis  sans  fin  de  la  division,  le  support  des  pignons  se 
trouvant  fixe,  ceux-ci  transmettent  avec  la  même  vitesse  le  mouvement  à  l’arbre  par 
l’intermédiaire  des  roues  d’angle;  si,  au  contraire,  on  agit  sur  la  vis  sans  fin  du  mou¬ 
vement  hélicoïdal,  on  fait  .intervenir  un  train  épicycloïdal  composé  des  deux  roues 
d’angle,  dont  Tune  est  fixe,  de  Taxe  des  pignons  comme  levier  avec  les  pignons  comme 
intermédiaires,  l’arbre  prend  une  vitesse  double  de  celle  de  la  roue  motrice  de  vis  sans 
lin.  On  voit  que  rien  n’empêche  d’actionner  simultanément  les  deux  roues  de  vis  sans 
fin;  il  serait  donc  facile  de  rendre  la  machine  complètement  automatique,  puisque  la 
division  pourrait  se  faire  pendant  et  par  le  retour  même. 

La  machine  de  la  Société  alsacienne,  bien  plus  puissante  que  la  précédente,  lui  est 
fort  analogue  par  les  résultats,  qui  sont  toutefois  réalisés  différemment.  La  roue  à  tailler 
est  montée  sur  le  plateau  d’un  arbre  mobile  suivant  Taxe  d’une  poupée  fixe;  l’arbre  de 
la  fraise,  inclinable  dans  un  plan  vertical,  est  disposé  sur  une  plate-forme  montée  sur 
deux  chariots,  Tun  vertical  de  réglage,  l’autre  horizontal  et  pouvant  se  mouvoir  auto¬ 
matiquement,  parallèlement  a  Taxe  de  la  poupée;  l’ensemble  des  supports  de  la  fraise 
se  règle  en  outre  sur  la  table  normalement  à  Taxe  de  la  poupée.  Pour  la  taille  des 
dents  droites,  on  utilise  le  déplacement  automatique  du  chariot  horizontal  de  la  fraise. 
Pour  la  taille  en  hélice,  le  mouvement  de  translation  est  donné  automatiquement  à 
l’arbre  mobile  de  la  poupée,  avec  interposition  d’un  manchon  denté  de  débrayage,  par 
une  roue  fixée  à  un  axe  situé  dans  le  prolongement  de  Tarbre  et  par  un  système  de 
roues  satellites  de  la  précédente,  montées  sur  un  bras  relié  à  un  manchon  qui  peut 
tourner  avec  Tarbre  sans  avancer;  Taxe  de  la  dernière  roue  du  bras  porte  une  vis  dont 
l’écrou,  fixé  a  Tarbre  mobile,  produit  son  déplacement;  le  mouvement  de  rotation  est 
donné  à  Tarbre  par  un  équipage  de  roues  partant  d’une  des  roues  satellites  et  aboutis¬ 
sant  à  une  vis  sans  fin  qui  est  réunie  par  ses  colliers  au  manchon  de  Tarbre  et  dont 
la  roue  est  folle  sur  Tarbre;  cette  roue  fait. corps  avec  la  roue  également  folle  qui  ter¬ 
mine  le  système  diviseur  et  qui  engrène  avec  une  vis  sans  fin  dont  les  colliers  sont 
fixés  à  la  poupée  ;  la  fixité  de  cette  dernière  vis  empêche  le  mouvement  des  roues ,  et  la 
vis  sans  fin  du  mouvement  hélicoïdal  est  obligée  de  tourner  sur  sa  roue,  en  entraînant 
Tarbre.  D’autre  part,  quand  on  fait  la  division,  la  rotation  des  deux  roues  réunies  de 
vis  sans  fin  entraîne  la  vis  sans  fin  du  mouvement  hélicoïdal  et,  par  elle,  Tarbre  lui- 
même.  Il  est  évident  qu’on  peut  produire  simultanément  les  deux  rotations  pour  le 
mouvement  héliçoïdal  et  pour  la  division,  et  par  suite  la  complète  automaticité  de  la 
machine  s’obtiendrait  facilement.  Dans  la  machine  actuelle,  le  retour  de  Tarbre  mobile 
à  sa  position  initiale,  après  chaque  passe,  se  fait  à  la  main,  en  agissant  sur  Taxe  qui 
prolonge  Tarbre,  après  qu’on  Ta  séparé  de  la  commande  automatique  par  débrayage 
du  manchon  denté.  Ajoutons  que  les  dispositions  de  la  machine  ne  permettent  pas 
le  fraisage  des  roues  d’angle. 

Machines  à  fraiser  les  têtes  de  boulons  et  les  écrous.  —  La  Société  alsacienne  présente 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


1A2 


une  machine  à  fraiser  les  pans  des  écrous.  Elle  porte  deux  poupées  opposées,  à  arbre 
horizontal,  munies  chacune  d’une  fraise  travaillant  en  bout.  Les  écrous,  montés  en 
série  sur  un  mandrin,  sont  disposés  sur  un  chariot  qui  a  un  mouvement  automatique 
normal  aux  arbres  des  fraises.  On  fraise  ainsi  à  la  fois  deux  pans  diamétralement  op¬ 
posés;  en  faisant  exécuter  au  mandrin  une  rotation  d’un  angle  déterminé,  on  taille 
deux  nouveaux  pans.  Une  pompe  à  huile  entretient  constamment  la  lubrification  des 
outils. 

M.  Prétot  expose  également  une  machine  à  fraiser  les  pans  des  écrous;  elle  a  aussi 
deux  poupées  opposées,  mais  l’une  sert  seulement  de  soutien  à  deux  arbres  porte-fraises 
horizontaux  et  parallèles,  disposés  dans  le  même  plan  vertical  sur  l’autre  poupée  et 
commandés  l’un  par  l’autre  par  engrenages;  ces  deux  arbres  peuvent  être  écartés  pa¬ 
rallèlement,  au  moyen  de  vis  à  deux  filetages  inverses  actionnées  par  une  même  com¬ 
mande,  semblable  à  celle  qui  sert  à  mouvoir  la  traverse  des  machines  à  raboter.  Sur 
chaque  arbre  sont  montées  trois  fraises  cylindriques  travaillant  par  leur  pourtour  ;  un 
couple  de  deux  fraises  taille  ainsi  deux  pans  d’écrou.  Les  écrous  sont  enfilés  sur  trois 
mandrins  avec  systèmes  diviseurs  actionnés  simultanément  par  une  même  vis  sans  fin  et 
portés  par  un  chariot  à  mouvement  automatique  normal  à  la  direction  des  arbres;  ce 
chariot  repose  lui-même  sur  un  chariot  perpendiculaire,  qui  sert,  à  la  fin  de  chaque 
passe,  pour  amener  les  écrous  dans  les  intervalles  des  fraises,  avant  de  ramener  en  ar¬ 
rière  le  chariot  supérieur. 

Une  machine  de  M.  Demoor,  servant  à  arrondir  le  dessus  de  la  tête  des  boulons  et 
des  écrous,  est  une  simple  poupée  à  poulies  fixe  et  folle,  dont  l’arbre ,  horizontal,  porte 
a  chacun  de  ses  bouts  une  fraise  formée  de  trois  outils  de  tour  profilés,  disposés  sur  un 
mandrin;  un  chariot,  portant  le  boulon  ou  l’écrou  fixé  dans  une  sorte  d’étau,  est  poussé 
à  la  main  contre  la  fraise. 

Pour  arrondir  la  tête  des  boulons,  M.  Saÿn  se  sert  d’une  poupée  horizontale  dont 
l’arbre  porte  encastrée  une  lame  au  profil  voulu;  le  boulon  est  serré  entre  les  coussi¬ 
nets  d’une  lunette  montée  sur  deux  tringles  horizontales  fixées  au  bâti  et  garnies 
chacune  d’une  crémaillère;  on  agit  sur  les  crémaillères  par  pignon  et  manivelle  pour 
faire  avancer  la  lunette  sur  l’outil. 

M.  Saÿn  arrondit  les  écrous  à  l’aide  d’une  petite  machine  verticale  dont  l’arbre 
porte  une  laine  profilée.  L’écrou  est  serré  dans  un  étau  disposé  sur  un  chariot  verti¬ 
cal;  celui-ci  est  manœuvré  à  l’aide  d’une  pédale. 

M.  Demoor  expose,  pour  le  décolletage  des  tiges  de  boulons,  deux  machines  qui  sont, 
en  réalité,  des  machines  à  percer  à  table  fixe  et  à  arbre  mobile;  ce  dernier  est,  dans 
l’une,  manœuvré  à  la  main  par  leviers;  dans  l’autre,  il  a  un  mouvement  de  descente 
automatique  par  crémaillère,  avec  débrayage  également  automatique  et  remonte  sous 
l’action  d’un  contrepoids.  Le  boulon  est  simplement  engagé  par  sa  tête  dans  une 
échancrure  de  l’arbre;  la  fraise  est  fxée  à  la  table  et  est  formée  de  trois  séries  super¬ 
posées  d’outils  de  tour  profilés,  montés  sur  un  plateau  avec  dispositions  de  réglage;  les 


MACHINES-OUTILS. 


143 


trois  séries  d’outils  servent  respectivement  pour  décolleter  la  tige,  dresser  la  tranche 
d’embase  de  la  tête  et  faire  le  bout  arrondi  de  la  tige. 

Machine  à  fraiser  les  lames  cl’ épées-baïonnettes.  —  Cette  machine  a  été  construite  par 
M.  Bariquand  spécialement  pour  le  fraisage  des  gouttières  des  lames  d’épées-baïonnettes 
modèle  1886.  La  lame  a  une  section  en  forme  de  croix,  dont  les  branches  corres¬ 
pondent  aux  côtes  et  les  creux  aux  gouttières;  le  profd  de  la  section,  formé  d’un  arc 
de  cercle  entre  deux  droites  tangentes,  est  constant  tout  le  long  de  la  gouttière,  et  la 
directrice  du  fond  de  celle-ci  est  une  droite  inclinée  sur  l’axe  de  la  lame,  raccordée  a 
l’arrière  avec  un  arc  de  cercle;  l’extérieur  des  côtes  fait  partie  d’un  cône  régulier.  On 
conçoit  qu’en  prenant  une  fraise  ayant  comme  profil  la  section  d’une  gouttière  et 
comme  plus  grand  diamètre  le  diamètre  de  l’arc  de  cercle  qui  termine  le  profd  longi¬ 
tudinal  du  fond,  il  suffit,  pour  fraiser  la  gouttière,  de  déplacer  la  fraise  le  long  de  la 
lame  avec  des  avances  régulières  et  proportionnelles  parallèlement  et  perpendiculaire¬ 
ment  à  Taxe. 

M.  Bariquand  fait  à  la  fois,  au  moyen  de  quatre  fraises,  les  quatre  gouttières  d’une 
même  lame,  dont  les  côtes  ont  été  finies  préalablement.  La  lame  est  montée  sur  un 
chariot  vertical,  la  pointe  en  bas  et  libre,  la  poignée  ou  soie  fixée.  La  table  possède 
quatre  chariots  horizontaux  semblables,  disposés  comme  les  quatre  côtés  d’un  carré; 
sur  chacun  d’eux,  normalement  à  sa  direction,  est  adapté  un  arbre  de  fraise  horizon¬ 
tal.  La  commande  générale,  donnée  par  poulies  fixe  et  folle,  est  transmise  aux  fraises 
par  deux  arbres  latéraux  et  par  roues  d’angle,  et  à  la  vis  du  chariot  vertical  porte- 
lame  par  cônes  et  vis  sans  fin  débrayable;  l’avance  des  chariots  de  fraises  est  prise 
sur  la  vis  du  porte-lame  et  amenée  par  des  engrenages  à  une  vis  sans  fin  et  une  roue 
dont  l’axe  actionne  simultanément  les  quatre  chariots;  cette  dernière  roue  est  reliée  à 
son  axe  par  un  verrou,  dont  nous  verrons  tout  à  l’heure  l’usage.  L’opération  se  fait  en 
faisant  mouvoir  la  lame  de  bas  en  haut;  la  lame  avançant  d’un  mouvement  continu, 
les  fraises  marchent  vers  elle  à  tout  instant  d’une  quantité  proportionnelle  à  la  montée. 
Mais  il  s’agit  de  guider  la  lame  entre  les  fraises ,  pour  que  les  gouttières  se  fassent 
symétriquement  par  rapport  à  l’axe  de  l’extérieur  des  côtes  ;  cet  effet  est  obtenu  à  l’aide 
de  quatre  chiens ,  ou  coussinets ,  qui  pressent  constamment  les  côtes  dans  le  voisinage 
des  fraises;  ils  sont  portés  par  des  leviers  qui  appuient  d’autre  part  sur  des  rampes  en 
spirale  entraînées  dans  un  mouvement  de  rotation  par  deux  contrepoids  agissant 
chacun  sur  deux  d’entre  elles  opposées;  c’est  la  le  mécanisme  de  reproduction  du  pro¬ 
cédé,  s’appliquant  non  au  travail  proprement  dit  des  fraises,  mais  au  guidage  de  la 
pièce.  A  fin  de  course,  une  butée  fait  déclancher  la  vis  sans  fin  qui  conduit  le  chariot 
vertical;  on  soulève  alors  les  contrepoids,  pour  écarter  les  chiens  et  enlever  la  lame; 
dégageant  le  verrou  qui  relie  à  son  axe  la  roue  de  vis  sans  fin  produisant  l’avance  des 
chariots  porte-fraise,  on  peut  faire  reculer  ensemble  ces  derniers  par  la  manœuvre 
directe  de  l’axe  de  la  roue  devenue  folle,  puis,  après  avoir  mis  une  nouvelle  lame  en 


l/l  'i 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


place,  descendre  le  chariot  porte-lame  en  agissant  sur  un  des  axes  intermédiaires  de 
sa  commande;  on  approche  les  chariots  porte-fraise  à  la  main  jusqu’à  un  repère  tracé 
sur  Taxe  de  manœuvre,  pour  amorcer  la  prise  des  fraises  à  la  profondeur  convenable, 
on  rabat  les  contrepoids  et  l’on  réembraye  les  mouvements  d’avance  automatique.  Le 
réglage  préliminaire  de  la  position  de  chaque  fraise  se  fait  au  moyen  d’une  coulisse 
interposée  entre  elles  et  le  chariot  automatique,  normale  à  la  direction  de  ce  dernier  et 
bloquée  pendant  le  travail. 


OUTILS  DE  FRAISAGE. 

La  fraise  est,  en  principe,  un  outil  à  tranchants  multiples,  indépendamment  de  la 
forme  qui  peut  être  donnée  aux  arêtes  coupantes.  On  emploie  parfois,  sur  des  machines 
à  fraiser,  des  outils  à  un  ou  deux  tranchants,  ou  encore  à  une  ou  deux  lames  rappor¬ 
tées;  on  doit  bien  entendre  que  ces  outils  ne  font  qu’utiliser  la  commodité  des  dispo¬ 
sitions  des  machines,  mais  que  ces  dernières  travaillent  alors  comme  machines  à  percer 
ou  à  aléser,  et  non  comme  machines  à  fraiser;  nous  reconnaissons  volontiers  que  les 
mêmes  outils,  de  construction  simple  et  facile,  ont  contribué  au  développement,  dans 
les  ateliers  de  construction ,  de  l’usage  des  machines  à  fraiser,  alors  que  ces  ateliers 
pouvaient  difficilement  se  servir  de  la  fraise  proprement  dite,  soit  qu’ils  n’eussent  pas 
une  expérience  suffisante  de  sa  confection,  soit  qu’ils  n’eussent  pas  assez  d’occasions 
de  l’employer  pour  en  tirer  un  parti  rémunérateur;  quoi  qu’il  en  soit,  nous  ne  pouvons 
leur  donner  le  nom  de  fraises ,  ni  assimiler  leur  mode  de  travail  à  celui  de  la  fraise, 
sur  lequel  nous  nous  sommes  étendu  précédemment. 

La  véritable  fraise  est  une  surface  de  révolution  pouvant  devenir  à  la  limite  la 
tranche  plane  d’un  disque ,  que  l’on  munit  de  dents  coupantes  en  aussi  grand  nombre 
que  possible,  autant  que  ce  nombre  est  compatible  avec  le  genre  de  travail  à  effectuer; 
il  faut  en  effet  tenir  compte  de  la  nécessité  de  faire  dégager  les  copeaux  d’entre  les 
dents,  afin  qu’ils  ne  gênent  pas  le  tranchant,  ou  qu’en  s’accumulant  en  quelques  points , 
ils  ne  deviennent  eux-mêmes  de  véritables  outils,  naturellement  très  défectueux,  qui 
rayent  et  abîment  la  surface  de  la  pièce.  Cette  condition  est  de  la  plus  grande  impor¬ 
tance,  et  nous  y  reviendrons  au  point  de  vue  de  la  forme  même  des  dents;  pour  le 
moment,  nous  observerons  que,  quant  à  leur  nombre,  plus  il  est  grand,  moindres  sont 
la  profondeur  des  intervalles  et  l’espace  destiné  aux  copeaux;  par  suite,  on  devra  réser¬ 
ver  les  dents  nombreuses  et  fines  pour  les  travaux  qui  prennent  peu  de  matière,  et 
notamment  pour  les  travaux  de  finissage,  ou  pour  les  fraises  de  peu  de  longueur  qui  se 
débarrassent  facilement  de  leurs  copeaux;  on  emploiera  des  dents  profondes  et  écar¬ 
tées  pour  les  grandes  fraises,  dans  les  travaux  de  dégrossissage,  ou  encore  quand  les 
dents  de  la  fraise,  restant  à  peu  près  constamment  engagées  dans  la  matière,  par 
exemple  dans  le  travail  en  bout  ou  dans  un  travail  analogue  à  celui  de  l’alésage,  ne 
peuvent  que  difficilement  éjecter  les  copeaux. 


MACHINES-OUTILS. 


145 


On  doit  chercher  à  rapprocher  le  tranchant  de  la  dent  de  la  forme  théorique  de 
l’outil  de  tour,  avec  angle  de  coupe  de  3  à  4  degrés  et  angle  de  tranchant  de  5i  de¬ 
grés;  malheureusement,  dans  ces  conditions,  la  dent  serait  trop  maigre  et  ne  résisterait 
pas;  aussi  ne  peut-on  guère  descendre  pour  l’angle  de  tranchant  au-dessous  d’une 
valeur  cle  8o  degrés,  en  faisant  passer  les  génératrices  du  devant  de  la  dent,  considé¬ 
rées  normalement  à  Taxe,  un  peu  en  arrière  de  celui-ci.  Quant  a  l’angle  de  coupe,  il 
peut  et  doit  être  soigneusement  observé,  si  Ton  veut  que  les  dents  ne  plongent  ou,  au 
contraire,  ne  refusent  de  pénétrer;  une  facette  correspondant  à  l’angle  de  coupe  doit 
être  formée  même  sur  la  fraise  neuve,  sinon  cette  fraise  produit  sur  la  pièce  des  stries 
qui  indiquent  que  les  dents  ont  plongé;  quand  la  coupe  est  insuffisante,  la  pièce  pré¬ 
sente  des  broutements  et  des  arrachements. 

Dans  une  fraise  cylindrique  à  dents  droites,  c’est-à-dire  dont  le  devant  des  dents 
est  dans  un  plan  parallèle  à  Taxe,  la  dent,  attaquant  la  matière  sur  toute  sa  longueur, 
éprouve  une  résistance  relativement  considérable,  et  la  résistance  varie  dans  un  tour 
de  fraise  par  suite  du  renouvellement  des  dents  actives.  La  taille  en  hélice  fait  que 
chaqrre  dent  n’attaque  que  par  un  point,  quelle  s’engage  progressivement  et  que  l’effet 
du  renouvellement  des  dents  est  à  peu  près  insensible;  de  plus,  la  pénétration  de  la 
dent  en  hélice  se  fait  par  une  sorte  de  mouvement,  qui  a  été  appelé  très  justement  mou¬ 
vement  louvoyant  et  qui  revient  à  l’effet  suivant  :  chaque  élément  de  la  dent  possède  à 
la  fois  en  un  temps  donné,  dans  le  plan  normal  à  Taxe,  un  mouvement  de  pénétration 
dans  la  direction  du  rayon  et  un  déplacement  perpendiculaire  au  sens  de  la  pénétra¬ 
tion,  déplacement  dont  la  valeur  est  égale  à  la  projection,  sur  le  plan  normal  à  Taxe,  de 
Tare  d’hélice  parcouru  dans  le  même  temps;  le  frottement,  qui  s’oppose  à  la  pénétration , 
et  dont  la  valeur  totale  ne  dépend  que  de  l’angle  du  coin  et  de  la  profondeur  de  péné¬ 
tration,  se  répartit  entre  ces  deux  directions  proportionnellement  à  la  valeur  des  dé¬ 
placements  suivant  chacune  d’elles;  la  résistance  à  la  pénétration  est,  par  suite,  réduite 
d’autant  plus  que  l’inclinaison  de  la  dent  sur  les  génératrices  est  plus  forte;  cet  effet 
est  analogue  à  celui  qu’on  observe  pour  une  lame  de  couteau,  laquelle  entre  avec  peine 
si  on  la  pousse  de  front  à  la  façon  d’un  coin,  pénètre,  au  contraire,  très  facilement 
quand  on  lui  imprime  un  mouvement  suivant  sa  longueur.  Enfin  la  taille  en  hélice  di¬ 
vise  le  copeau  plus  que  la  dent  droite  et  réduit  ainsi  la  résistance  totale,  comme  nous 
l’avons  déjà  fait  remarquer;  en  outre,  les  copeaux  sont  d’autant  plus  entraînés  par 
le  lubrifiant  qu’ils  sont  plus  menus.  Il  semblerait,  d’après  cela,  qu’il  y  eût  avantage  à 
pousser  jusqu’à  45  degrés,  ou  même  plus,  l’inclinaison  des  dents  :  de  pareilles  fraises 
coupent  en  effet  très  bien;  mais  elles  entraînent  une  réduction  notable  du  nombre  des 
dents;  d’autre  part,  les  traces  de  faction  de  chaque  dent  sur  la  surface  fraisée  se  tra¬ 
duisent  par  des  espèces  de  coups  de  gouje,  qui  la  rendent  ondulée  et  irrégulière;  les 
dents  plongent  aussi  très  facilement.  En  définitive,  les  fraises  à  grande  inclinaison 
d’héiiee  conviennent  pour  le  dégrossissage,  les  fraises  à  faible  inclinaison  et  même  à 
dents  droites  donnent  un  finissage  plus  régulier  et  plus  propre. 

Groupe  VI, —  îv.  îo 


l.M  i*  AIME  RIE  NATIONALE* 


146 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


L’avantage  qu’offre  la  division  des  copeaux  conduit  à  scinder  les  dents  des  longues 
fraises  par  des  cannelures  transversales  en  hélice  peu  inclinée  sur  la  section  normale, 
pour  que  le  vide  d’une  dent  soit  recouvert  par  le  plein  de  la  dent  suivante,  en  projec¬ 
tion  sur  un  plan  passant  par  l’axe.  Un  procédé  très  rationnel  consiste  à  pratiquer  les 
sections  sur  chaque  dent  normalement  à  l’axe  de  la  fraise  et  à  les  disposer  en  éche¬ 
lons  d’une  dent  à  la  suivante;  ce  procédé  exige  l’emploi  d’une  machine  spéciale  et  est 
assez  coûteux. 

Le' profil  de  la  section  transversale  des  dents  se  détermine  d’après  des  considéra¬ 
tions  diverses  :  une  des  premières  est  de  renforcer  la  dent  autant  que  possible  près  de 
son  arête.  Alors  que  les  moyens  d’affûtage  mécanique  n’existaient  pas  ou  étaient  très 
imparfaits,  certains  constructeurs  avaient  pour  principe  de  ne  pas  affûter  les  fraises  et 
de  les  retailler  après  recuit,  quand  elles  étaient  usées;  ils  donnaient  alors  à  la  dent  son 
maximum  de  résistance,  en  formant  le  devant  de  la  section  d’une  courbe 
concave  a  peu  près  tangente  au  rayon  vers  l’arête,  et  le  dessus  d’une 
courbe  convexe  ou  de  deux  portions  de  lignes  droites,  le  dernier  élément 
faisant  près  de  l’arête  l’angle  de  coupe  avec  la  normale  au  rayon;  ce 
moyen  a  moins  de  raison  d’être  actuellement;  cependant  il  est  encore  le 
plus  rationnel  pour  des  fraises,  telles  que  celles  en  forme  d’alésoir,  qui  ne 
peuvent  supporter  d’affûtage  en  raison  de  l’exactitude  de  diamètre  auquel  elles  doivent 
être  tenues,  ou  pour  des  fraises  dont  le  profil  longitudinal  est  trop  compliqué  pour  se 
prêter  convenablement  à  l’affûtage. 

Si  l’on  s’impose  la  condition  de  la  possibilité  de  l’affûtage  mécanique,  ce  qui  est  au¬ 
jourd’hui  le  cas  le  plus  général,  on  est  amené  à  d’autres  formes,  la  précédente  ne  con¬ 
venant  plus,  parce  que  la  direction  du  devant  de  la  dent  deviendrait  défectueuse  et  que 
la  facette  de  coupe  prendrait  de  suite  une  grande  largeur.  La  nouvelle  forme  dépend  de 
la  méthode  d’affûtage  adoptée. 

Le  plus  souvent,  à  l’affûtage,  on  attaque  le  dessus  de  la  dent  en  refaisant  la  facette 
de  coupe;  il  faut  alors  conserver  la  direction  du  devant  *et  éviter  d’être  amené  par  les 
affûtages  successifs  à  élargir  trop  vite  la  facette  de  coupe  :  on  est  ainsi  conduit  à  une 


section  triangulaire.  MM.  Brown  et  Sharpe,  Smith  et  Coventry  retouchent  le  devant  de 
la  dent  à  l’aide  d’une  meule  dont  la  tranche  s’applique  contre  lui;  ils  font  encore  la 
section  du  devant  en  ligne  droite;  comme  le  dessus  doit  toujours  conserver  la  même 


MACHINES-OUTILS. 


V\1 


direction  par  rapport  à  ses  divers  rayons,  ils  le  font  en  forme  d’arc  de  spirale  logarith¬ 
mique  ,  ou  tout  au  moins  d’un  arc  de  cercle  très  approché  de  la  spirale ,  et  le  terminent 
à  une  échancrure  de  largeur  suffisante  pour  le  passage  de  la  meule.  Cette  dernière 
forme  de  dent  ne  peut  s’appliquer  aux  fraises  en  hélice,  à  cause  du  mode  d’affûtage; 
elle  restreint  notablement  le  nombre  des  dents,  en  raison  du  passage  réservé  pour 
la  meule;  enfin  la  meule  d’alfûtage  forme  sur  le  devant  de  la  dent,  près  de  l’arête, 
des  stries  obliques  qui  égrènent  l’arête  et  auxquelles  les  copeaux  s’accrochent  facile¬ 
ment;  toutefois  il  procure  de  grandes  facilités  pour  l’affûtage  des  fraises  à  profil  lon¬ 
gitudinal  complexe,  telles  que  les  fraises  à  tailler  les  roues  d’engrenages,  qui  ne  s’af¬ 
fûteraient  pas  commodément  ni  sûrement  par  l’autre  procédé;  il  convient  donc  tout 
particulièrement  pour  des  cas  semblables. 

Les  fraises  dentées  en  bout,  c’est-à-dire  sur  une  tranche  normale  à  l’axe,  offrent  la 
particularité,  au  moins  quand  elles  travaillent  sur  la  plus  grande  partie  de  leur  dia¬ 
mètre,  que  les  dents  restent  toujours  engagées  clans  la  matière  et  que  le  refroidisse¬ 
ment  des  arêtes  se  fait  d’autant  moins  bien  que  le  lubrifiant  ne  peut  se  renouveler 
commodément;  cette  circonstance  ne  permet  pas  de  leur  donner  une  vitesse  égale  à 
celle  des  fraises  à  denture  latérale.  De  plus,  les  copeaux  se  dégagent  difficilement  :  il 
n’en  résulte  pas  d’inconvénient  sérieux  pour  la  fonte,  dont  les  menus  copeaux  se  logent 
entre  les  dents  et  finissent  par  s’écouler  latéralement;  mais  les  copeaux  allongés  d’acier 
se  placent  souvent  en  travers  des  dents,  qui  les  impriment  dans  la  matière  de  la  pièce 
en  y  produisant  des  stries  et  des  arrachements.  On  a  donc  dû  chercher  pour  le  travail 

en  bout  un  modèle  de  fraise  évitant 'ces  divers  inconvénients; 
on  l’a  réalisé  en  composant  la  fraise  d’un  plateau  sur  lequel 
se  rapportent  des  outils  ordinaires  de  tour,  auxquels  on  a 
pu  donner  le  tranchant  théorique,  ce  qui  compense  en  partie 
le  sacrifice  qu’on  a  dû  faire  sur  le  nombre  des  dents.  M.  Stei- 
len,  obliquant  les  outils  par  rapport  au  plan  de  la  tranche 
du  disque,  les  forme  simplement  de  bouts  de  barre  profilée, 
de  manière  qu’ils  aient  de  la  coupe  en  bout  et  latéralement; 
la  constance  de  section  des  outils  permet  de  les  appuyer  tou¬ 
jours  dans  les  mêmes  parties  des  encastrements  du  disque 
par  deux  de  leurs  faces  et  de  les  affûter  également  en  se  guidant  sur  ces  mêmes  faces , 
de  sorte  que  leur  remplacement  et  leur  réglage  se  fassent  sans  difficulté.  M.  Steinlen 
construit  aussi  des  disques  dont  les  outils  sont  obliqués  à  la  fois  par  rapport  à  des 
plans  tangents  au  pourtour  extérieur  et  par  rapport  à  des  plans  diamétraux;  le  tran¬ 
chant  des  outils  fait  alors  saillie  en  dehors  du  disque,  et  la  fraise  ainsi  composée  peut 
servir  à  faire  des  cavités  cylindriques  d’assez  grande  profondeur. 

Les  fraises  creuses  et  taillées  intérieurement  participent  aux  inconvénients  des  fraises 
en  bout.  M.  Demoor  y  remédie  par  un  moyen  analogue,  dans  ses  machines  à  décolleter 
les  tiges  de  boulons,  en  disposant  dans  un  plan  parallèle  aux  tranches  d’un  disque  des 

1  o . 


dj 

Tk 

© 

o=rn 

© 

! 


148 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


outils  de  tour  profilés,  dont  les  arêtes  font  saillie  à  l’intérieur  du  disque  et  se  présen¬ 
tent  à  la  tige  du  boulon  sous  l’angle  de  coupe  convenable. 

La  confection  et  l’entretien  des  fraises  demandent  beaucoup  de  soins,  mais  plutôt 
encore  l’application  rigoureuse  d’une  méthode  rationnelle.  On  ne  doit  pas  craindre 
d’employer  de  l’acier  de  première  qualité  et  surtout  très  homogène;  on  assurera  l’ho¬ 
mogénéité  de  la  matière,  ainsi  que  l’uniformité  et  la  finesse  du  grain,  en  recuisant  les 
bouts  de  barre,  ou  mieux,  en  les  trempant  à  l’huile  au  rouge  cerise  franc  et  les  recui¬ 
sant  ensuite;  on  fera  bien  également  de  tremper  à  nouveau  les  fraises  à  l’huile  et  de  les 
recuire,  avant  que  le  travail  en  soit  complètement  fini,  afin  de  faire  disparaître  les  ten¬ 
sions  intérieures  résultant  de  l’usinage. 

On  doit  en  général  éviter  de  faire  la  trempe  définitive  a  l’eau  seule,  pour  se  mettre 
a  l’abri  des  accidents  de  rupture;  en  choisissant  convenablement  la  nature  de  l’acier, 
on  doit  obtenir  le  degré  de  dureté  nécessaire  par  une  trempe  a  l’huile  pour  les  petites 
fraises,  à  l’acide  sulfurique  pour  les  fraises  moyennes,  par  une  immersion  de  quelques 
secondes  dans  l’huile,  suivie  d’un  refroidissement  complet  dans  l’eau  pour  les  grosses 
fraises;  on  fera  revenir  ces  dernières  seules  au  jaune.  Dans  tous  les  cas,  la  dureté  ob¬ 
tenue  par  la  trempe  doit  être  telle,  que  les  dents  ne  puissent  être  attaquées  à  la  lime. 
Après  la  trempe,  on  rectifiera  le  trou  intérieur  ou  la  tige  d’après  l’extérieur  des  dents, 
et  on  dressera  les  tranches  normalement  à  Taxe;  ces  opérations  doivent  être  faites 
avec  le  plus  grand  degré  de  précision.  On  donnera  ensuite  la  coupe  par  un  léger  affû¬ 
tage,  qui  achèvera  de  rendre  l’extérieur  des  dents  parfaitement  régulier  et  concentrique 
avec  le  trou  ou  avec  la  tige. 

Dans  les  fraises  pourvues  d’une  tige,  celle-ci  doit  être  conique,  avec  un  angle  de 
cône  tel,  quelle  tienne  dans  l’arbre  par  coincement  seul;  si  on  la  termine  par  un  file¬ 
tage*,  le  filet  sera  très  libre  dans  le  taraudage  de  l’arbre,  de  manière  à  ne  pas  contrarier 
le  centrage  du  cône  et  à  faire  simplement  office  de  contre-écrou. 

Les  fraises  à  trou  se  montent  sur  un  porte-outil  trempé ,  rectifié  exactement  au  dia¬ 
mètre  du  trou.  On  doit  éviter  de  visser  la  fraise  sur  lui;  il  est  préférable  de  la  main¬ 
tenir  entre  des  rondelles  et  des  écrous,  avec  une  clavette  d’assemblage  qui  ne  touche  pas 
dans  le  fond  des  rainures.  On  fera  mieux  encore  de  faire  le  trou  de  la  fraise  très  légère¬ 
ment  conique  et  de  la  fixer  par  coincement  sur  le  porte-outil  avec  rondelle  et  écrous 
de  serrage.  Le  porte-outil  doit  s’engager  également  sur  l’arbre  par  une  tige  conique 
concentrique  à  la  partie  qui  reçoit  la  fraise,  trempée  et  rectifiée;  le  meilleur  moyen 
d’assurer  sa  fixité  est  de  le  tirer  à  Taide  d’une  tringle  vissée  à  son  extrémité ,  traversant 
toute  la  longueur  de  l’arbre  et  arrêtée  au  bout  de  l’arbre  par  des  écrous;  cette  tringle 
sert  à  le  chasser  pour  le  dégager  de  l’arbre. 

Dans  tous  les  cas,  on  doit  proscrire  l’usage  des  mortaises  et  des  clavettes  pour  relier 
la  fraise  ou  le  porte-fraise  avec  l’arbre,  de  même  que  celui  des  vis  de  serrage  avec 
des  tiges  cylindriques  de  fraise  ou  de  porte-fraise.  Le  centre  de  contre-pointe  doit  être 
exactement  sur  Taxe  du  porte-fraise.  En  un  mot,  il  faut  qu’une  fraise,  montée  sur  l’arbre 


MACHINES-OUTILS. 


149 

d’une  machine,  tourne  parfaitement  rond  sans  le  secours  de  calages  ni  de  retouches 
d’aucune  sorte. 

L’affûtage  des  fraises  est  une  opération  facile,  qui  peut  être  faite  par  un  ouvrier 
d’intelligence  moyenne  tant  soit  peu  exercé  :  il  faut  seulement  qu’il  ait  l’outillage  et  les 
moyens  de  vérification  nécessaires.  L’outillage  consiste  en  quelques  mandrins,  qui  doivent 
être  exactement  au  diamètre  des  trous  ou  au  cône  des  tiges  de  fraises;  cet  outillage  est 
peu  de  chose,  si  l’on  a  soin,  dans  un  atelier,  d’uniformiser  les  diamètres  des  trous  et  les 
cônes  des  tiges  et  de  les  ramener  à  un  petit  nombre  de  types.  Les  moyens  de  vérifi¬ 
cation  consistent  en  un  appareil  sur  lequel  la  fraise,  munie  d’un  mandrin,  se  monte 
entre  pointes,  et  en  profils  qui  se  placent  devant  la  fraise  dans  une  position  repérée  et 
identique  pour  tous,  avec  un  chariot  qui  permette  d’approcher  le  profil  de  la  fraise; 
en  faisant  tourner  la  fraise  sur  son  axe ,  on  voit  aisément  si  elle  tourne  rond  dans  toutes 
ses  sections  et  si  elle  est  partout  à  la  même  distance  du  profil.  Avec  ces  seuls  moyens, 
l’ouvrier  arrivera  vite  à  se  servir  de  la  machine  pour  des  profils  quelconques  de  fraises. 

Nous  terminerons  par  une  observation  qui  a  une  importance  bien  plus  grande  pour 
la  conservation  des  fraises  que  pour  celle  des  autres  outils  :  nous  voulons  parler  de 
l’état  des  surfaces  avant  le  fraisage.  Tandis  que  les  outils  de  tour  et  de  raboteuse  s’en¬ 
gagent  sous  la  surface  et  la  détachent  sans  la  toucher,  pour  ainsi  dire,  la  fraise,  au 
contraire,  l’attaque  directement  et  la  déchiquète  en  innombrables  éléments.  Or,  les  pièces 
de  forge  sont  toujours  recouvertes  d’une  croûte  d’oxyde  très  dur,  à  laquelle  les  outils 
les  mieux  trempés  ne  peuvent  résister  longtemps.  Il  est  donc  de  toute  nécessité  de 
débarrasser  les  pièces  de  forge  de  cette  croûte  d’oxyde,  avant  de  les  soumettre  à  la 
fraise;  on  peut  y  arriver  par  l’emploi  de  meules  d’émeri,  mais  bien  plus  sûrement  par 
un  décapage  aux  acides. 

Nous  avons  cru  devoir  entrer  dans  les  détails  précédents,  parce  qu’ils  nous  semblent 
être  l’expression  des  tendances  qui  ont  guidé  nos  meilleurs  constructeurs,  des  résultats 
auxquels  ils  sont  parvenus,  choses  que  la  description  sommaire  des  machines,  leur  expo¬ 
sition  même  devant  les  yeux  du  public  ne  fait  pas  suffisamment  ressortir.  Si  nous  re¬ 
gardons,  par  exemple,  la  machine  à  affûter  de  M.  Kreutzberger,  elle  dit  peu  à  notre 
vue,  et  pourtant  cette  modeste  machine  renferme  toute  l’histoire  des  machines  à  fraiser. 
Nous  pourrions  dire  de  même  de  la  machine  à  rectifier  les  pièces  cylindriques  et 
coniques  de  MM.  Brown  et  Sbarpe,  qu’elle  est  la  hase  de  la  construction  en  général  : 
nous  parlons,  bien  entendu,  de  la  bonne  construction. 


150 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1839. 


CHAPITRE  VIII. 

MACHINES  A  SCIER  LES  MÉTAUX. 


Catégories  de  machines  à  scier  :  scies  circulaires;  scies  à  ruban  sans  fin;  scies  alternatives. 

Outils  à  scier. 

DES  DIVERSES  CATÉGORIES  DE  MACHINES  À  SCIER. 

Les  machines  à  scier  les  métaux,  que  nous  avons  eu  à  examiner,  sont  de  trois  espèces  : 

Les  scies  circulaires,  dont  Toutil  est  un  disque  plat  denté  sur  son  pourtour; 

Les  scies  à  ruban  sans  fin ,  dont  l’outil  est  une  lame  mince  dentée  sur  son  bord  et 
formant  un  ruban  continu  s’enroulant  sur  deux  grandes  poulies; 

Les  scies  alternatives,  dont  la  lame,  analogue  à  la  précédente,  mais  d’une  longueur 
de  quelques  décimètres  seulement ,  est  animée  d’un  mouvement  alternatif  de  translation 
suivant  sa  longueur;  elle  ne  coupe  que  pendant  une  moitié  de  la  période  de  mouve¬ 
ment. 

Scies  circulaires.  —  La  machine  de  MM.  Panhard  et  Levassor  comprend  une  table 
fixe  et  deux  chariots  rectangulaires  superposés,  disposés  latéralement  par  rapport  à  la 
table,  le  chariot  supérieur  étant  au  même  niveau  qu’elle.  La  scie  passe  entre  la  table 
et  les  chariots,  son  axe  étant  fixé  au  bâti  de  la  table,  un  peu  au-dessous  de  son  niveau. 
La  pièce  se  fixe  au  moyen  de  rainures  à  boulons  sur  le  chariot  supérieur,  qui  n’a  qu’un 
mouvement  de  réglage  à  la  main  parallèlement  à  l’axe  de  la  scie;  le  chariot  inférieur 
est  muni  d’un  mouvement  automatique  perpendiculaire  à  cet  axe.  La  présence  de  la 
table  fixe  a  pour  objet  de  soutenir  la  pièce  pendant  quelle  est  transportée  par  les  cha¬ 
riots. 

La  machine  de  M.  Fétu-Defize  comprend  une  table  fixe  et  un  seul  chariot  de  même 
niveau,  entre  lesquels  passe  la  scie.  La  pièce  se  fixe  sur  la  table  et  y  est  serrée  par  des 
vis  de  pression  adaptées  à  une  forte  traverse  établie  sur  deux  colonnes.  L’axe  de  la  scie 
est  adapté  au  chariot,  qui  possède  un  mouvement  d’avance  automatique,  avec  retour 
rapide  et  arrêt  déterminés  par  un  mécanisme  de  changement  de  marche  et  d’arrêt 
actionné  par  des  butées. 

Scies  à  ruban  sans  fin.  —  Les  machines  à  scie  à  ruban  sans  fin  sont  représentées, 
dans  l’exposition  de  MM.  Panhard  et  Levassor,  par  plusieurs  modèles  de  puissances 
différentes  et  appropriés  pour  des  usages  divers.  Le  ruban  est  monté  entre  deux  poulies 


MACHINES-OUTILS. 


151 


de  1  mètre  de  diamètre  pour  les  petits  modèles,  de  1  m.  2  5  et  plus  pour  les  forts. 
Les  axes  des  poulies  sont  adaptés,  l’un  à  la  partie  inférieure  du  socle,  Tautre  à  un 
chariot  vertical  disposé  sur  la  partie  supérieure  d’un  montant  très  courbé.  Le  mouve¬ 
ment  de  rotation  est  communiqué  à  la  poulie  inférieure;  la  tension  du  ruban  est  obtenue 
par  le  réglage  en  hauteur  de  la  poulie  supérieure,  qui  est  folle  sur  son  axe.  Les  poulies 
sont  garnies  de  caoutchouc  pour  produire  sûrement  l’adhérence  et  l’entraînement  du 
ruban.  La  commande  par  cône  à  étages  permet  de  varier  la  vitesse  du  ruban  suivant 
la  nature  du  métal. 

Le  modèle  le  plus  simple  possède  sur  le  socle  une  table  fixe,  fendue  pour  le  passage 
du  ruban,  sur  laquelle  les  pièces  se  manœuvrent  à  la  main  pour  scier  droit  ou  pour 
chantourner.  Un  deuxième  modèle  porte,  encastré  dans  la  table  et  à  son  niveau,  un 
chariot  qui  se  manœuvre  à  la  main  à  l’aide  d’une  manivelle  et  dont  on  peut  se  servir 
pour  scier,  en  variant  la  vitesse  d’avance  suivant  l’épaisseur  aux  différents  points  de  la 
pièce,  ou  qu’on  peut  laisser  au  repos  pour  chantourner.  Deux  autres  modèles,  différant 
surtout  par  la  puissance,  ont  deux  chariots  superposés  à  angle  droit,  l’inférieur  se 
mouvant  automatiquement  en  s’avançant  contre  la  denture  du  ruban ,  le  supérieur,  de 
même  niveau  que  la  table,  se  manœuvrant  à  la  main  pour  le  réglage. 

Les  modèles  précédents  n’utilisent  pour  scier  que  le  brin  descendant;  un  dernier 
modèle  est  disposé  de  façon  qu’on  puisse  utiliser  les  deux  brins  :  le  bâti,  portant  la  scie 
et  la  table  comprise  entre  les  deux  brins .  se  déplace  automatiquement  sur  un  banc 
muni  de  glissières  en  /\  dans  le  sens  parallèle  aux  axes  des  poulies;  les  pièces,  se 
placent  sur  des  supports  fixes  disposés  latéralement  et  au  niveau  de  la  table  mobile. 
Cette  disposition  donne  le  moyen  de  scier  les  deux  bouts  d’une  pièce  sans  la  retourner 
bout  pour  bout,  en  la  déplaçant  seulement  suivant  sa  longueur;  on  peut  également 
scier  en  même  temps  une  pièce  à  chaque  brin. 

Une  condition  importante  pour  le  bon  fonctionnement  de  ces  machines  est  que  le 
ruban  soit  parfaitement  guidé  sur  les  côtés  et  appuyé  à  l’arrière  à  hauteur  du  point 
où  se  fait  le  travail.  A  cet  effet,  on  dispose  deux  guides,  l’un  à  l’entrée  de  la  scie  dans 
la  pièce,  l’autre  à  la  sortie;  le  premier  est  porté  par  un  support  ordinairement  cylin¬ 
drique,  réglable  en  hauteur;  le  second  est  placé  sous  la  table,  le  plus  près  possible  de 
la  surface.  L’un  et  l’autre  sont  des  tiges  cylindriques  horizontales  fendues  à  l’épaisseur 
du  ruban;  on  les  déplace  dans  leur  logement,  de  manière  que  le  fond  de  la  fente 
appuie  contre  le  dos  du  ruban,  et  on  les  fixe  généralement  dans  cette  position,  mais 
parfois  on  leur  donne  une  pression  d’une  valeur  déterminée  à  l’aide  d’un  poids  agis¬ 
sant  à  l’extrémité  d’un  levier. 

Pour  le  sciage  de  l’acier  et  du  fer,  on  fait  tomber  sur  le  ruban,  à  son  entrée  dans 
la  pièce,  un  jet  d’eau  abondant. 


Scies  alternatives.  —  Ces  machines  s’emploient  de  préférence  pour  faire  des  décou¬ 
pages  intérieurs  fermés,  dans  lesquels  on  ne  peut  pénétrer  avec  les  rubans  sans  fin; 


152 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


leur  production  est  d’ailleurs  inférieure  à  celle  de  ces  derniers.  La  seule  machine  ex¬ 
posée,  de  MM.  Panhard  et  Levassor,  comprend  un  bâti  avec  table  fixe,  fendue  pour 
le  passage  de  la  lame,  et  un  montant  fortement  courbé,  muni  â  son  extrémité  d’un 
chariot  vertical  servant  au  réglage  de  la  tension  de  la  lame.  Celle-ci  est  attachée,  à 
chacun  de  ses  bouts,  par  une  sorte  de  griffe  avec  vis  de  serrage,  à  un  petit  coulisseau  de 
section  carrée,  mobile  dans  un  logement  vertical;  le  support  du  coulisseau  du  bas  est 
fixé  au  bâti,  sous  la  table;  celui  du  coulisseau  du  haut  est  fixé  au  chariot  du  montant; 
les  deux  coulisseaux  sont,  d’autre  part,  reliés  par  une  courroie  en  chanvre  qui  passe 
sur  deux  poulies  de  direction  adaptées,  l’une  au  pied  du  bâti,  l’autre  au  haut  du 
chariot  du  montant,  et,  clans  1  intervalle,  sur  un  galet  de  renvoi  situé  sur  le  coude  du 
montant.  La  poulie  du  bas  reçoit  par  bielle  d’un  plaleau  à  manivelle,  d’excentricité 
réglable,  un  mouvement  de  rotation  alternatif. 

Habituellement,  on  ne  donne  pas  â  la  lame  sur  les  côtés,  ni  sur  le  dos,  d’autre 
appui  que  les  bords  et  le  fond  de  la  fente  de  la  table.  L’ouvrier  appuie  la  pièce  à  dé¬ 
couper  sur  la  lame,  pendant  que  celle-ci  descend,  en  la  faisant  fléchir  au  besoin,  et  il 
ramène  légèrement  la  pièce  en  arrière  au  moment  de  la  remonte,  pour  éviter  quelle 
soit  soulevée  par  suite  de  l’entraînement  des  dents.  Pour  commencer  un  découpage 
intérieur,  on  est  obligé  de  percer  tout  cl’aborcl  un  trou  ;  on  introduit  la  lame  par  ce 
trou,  en  la  détachant  du  coulisseau  supérieur;  la  machine  exposée  est  munie,  pour  le 
perçage  de  ce  trou,  d’une  petite  broche  porte-foret  à  levier,  montée  sur  le  côté  du 
chariot  vertical. 

OUTILS  A  SCIER. 

Les  scies  ne  sont  pas  autre  chose  que  des  fraises  très  étroites;  leur  taille  doit  donc 
être  semblable.  L’écartement  des  dents  dépend  de  la  quantité  de  copeaux  à  loger  dans 
les  intervalles  en  une  passe  de  chaque  dent,  et  par  suite  de  l’épaisseur  des  pièces  à 
scier;  il  peut  ainsi  varier  de  o  m.  oo3  à  o  m.  oio,  et  il  descend  au-dessous  de 
o  m.  oo 3  pour  les  petites  lames  des  scies  alternatives. 

Le  disque  d’une  scie  circulaire  se  monte  sur  son  arbre  entre  des  plateaux  de  serrage 
maintenus  par  des  écrous;  ses  deux  faces  sont  des  plans  parallèles.  La  condition  obligée 
d’une  résistance  suffisante  conduit  à  lui  donner  une  épaisseur  qui  ne  peut  guère  être 
inférieure  à  o  m.  ooô  ou  o  m.  oo5  pour  les  diamètres  moyens;  il  résulte  cîe  là  qu’en 
faisant  une  quantité  assez  considérable  de  copeaux,  il  dépense  beaucoup  de  force;  sou¬ 
vent  aussi,  il  éprouve  du  frottement  dans  son  passage,  qui  tend  parfois  à  se  rétrécir. 
La  trempe  du  disque  est  une  opération  délicate,  à  cause  de  son  peu  d’épaisseur  et  de 
son  grand  diamètre,  ainsi  que  delà  facilité  qu’il  offre  aux  effets  de  voilement;  aussi, 
craint-on  le  plus  souvent  de  lui  donner  beaucoup  de  dureté,  ce  qui  est  cause  qu’il  s’use 
vite  et  coupe  mal.  De  plus,  il  se  passe  toujours,  à  partir  de  l’attaque,  un  certain 
temps  avant  qu’il  soit  engagé  sur  toute  la  hauteur  de  la  pièce  à  scier,  et  ce  temps  doit 
être  considéré  comme  une  perte.  11  n’est  donc  pas  étonnant  que  les  scies  circulaires  se 


MACHINES-OUTILS. 


153 


trouvent  fréquemment  dans  un  état  réel  d’infériorité  par  rapport  aux  autres  moyens  de 
tronçonnage,  et  notamment  par  rapport  aux  scies  à  ruban. 

Les  rubans  de  scie  se  font  en  une  qualité  spéciale  d’acier  qui  permet  de  leur  donner 
beaucoup  de  résistance,  en  meme  temps  qu’un  degré  assez  grand  de  dureté;  il  est 
toutefois  très  difficile  d’arriver  à  leur  procurer  ces  deux  qualités  dans  des  conditions 
telles,  qu’ils  puissent  être  employés  au  travail  des  aciers  durs.  Leur  épaisseur  varie  de 
1 3  à  22  dixièmes  de  millimètre,  suivant  l’épaisseur  et  la  dureté  des  pièces  à  scier; 
elle  doit  être  d’ailleurs  en  rapport  avec  le  diamètre  des  poulies  d’enroulement.  La  du¬ 
reté  des  dents  fait  qu’il  est  difficile  de  leur  donner  de  la  voie,  comme  aux  scies  à  bois  : 
on  préfère  réduire  un  peu  vers  le  dos  l’épaisseur  du  ruban;  cependant,  lorsque  le 
bord  des  dents  s’est  usé  au  point  d’être  en  retrait  par  rapport  aux  côtés  du  ruban ,  on 
donne  aux  dents  une  légère  inflexion,  alternativement  à  droite  et  à  gauche,  afin 
d’éviter  d’avoir  trop  de  matière  à  prendre  à  l’affûtage  pour  rétablir  la  scie  dans  son 
état  normal.  On  se  garde,  en  même  temps,  d’exagérer  la  largeur  du  ruban,  qui  varie 
de  o  m.  o3o  à  o  m.  o5o  pour  le  sciage  en  ligne  droite,  et  qui,  pour  le  chantour¬ 
nage,  dépend  des  courbes  à  produire. 

La  forme  même  des  dents,  dans  le  sens  de  la  longueur  du  ruban,  ne  parait  pas  jus¬ 
qu’ici  être  soumise  à  des  règles  bien  précises;  on  dégage  un  peu  le  devant  en  le  diri¬ 
geant  obliquement  par  rapport  à  la  section  normale  à  la  longueur,  mais  on  n’a  pas 
de  valeur  déterminée  pour  l’angle  de  coupe,  que  l’on  fait  toujours  assez  grand.  Quand 
l’écartement  des  dents  est  faible,  on  se  contente  de  joindre  le  sommet  au  pied  de  la 
dent,  qui  a  alors  la  forme  triangulaire,  l’angle  de  coupe  pouvant  atteindre  3o  degrés; 
pour  un  écartement  assez  fort,  on  abat  le  dessus  de  la  dent  qui  prend  la  forme  d’un 
quadrilatère,  l’angle  de  coupe  ayant  une  valeur  d’au  moins  îo  degrés.  En  somme,  on 
donne  d’autant  plus  de  mordant  aux  scies ,  que  les  dents  sont  plus  rapprochées  et  ont 
de  ce  fait  plus  de  difficulté  pour  pénétrer  dans  la  matière. 

La  vitesse  de  translation  du  ruban  peut  être  égale  à  la  vitesse  circonférentielle  des 
fraises  et  même  un  peu  supérieure  :  4o  mètres  à  la  minute,  pour  l’acier  de  dureté 
moyenne,  55  mètres  pour  le  fer,  70  mètres  pour  le  bronze,  et  davantage  pour  le  cuivre 
et  le  zinc.  La  principale  difficulté ,  qui  s’est  opposée  longtemps  a  l’emploi  des  scies  a 
ruban,  a  été  leur  affûtage;  l’usage  de  la  lime  pour  cet  objet  était  long,  coûteux  et  sur¬ 
tout  manquait  de  régularité;  cette  opération  se  faisant  aujourd’hui  automatiquement 
avec  des  meules  d’émeri,  la  difficulté  se  trouve  complètement  supprimée. 

Nous  devons  à  l’obligeance  de  MM.  Panhard  et  Levassor,  outre  les  renseignements 
précédents,  quelques  données  très  intéressantes  sur  le  travail  des  scies  à  ruban,  don¬ 
nées  résultant  de  leurs  propres  essais. 


154 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


MATIÈRE  SOUMISE 

ÉPAISSEUR 

LARGEUR 

ÉCARTE¬ 

VITESSE 

PRESSION 

SURFACE 

FORCE 

de 

MENT 

DES  RUBANS 

contre 

SCIÉE 

DÉPENSÉE 

À  L'ESSAI. 

LA  BAURE. 

DU  RUBAN. 

DES  DENTS. 

par  minute. 

LE  RUBAN. 

par  minute. 

par  seconde. 

millim. 

millim. 

millim. 

mètres. 

kilogr. 

cent.  car. 

kilogr.  met. 

67  00 

42 

1 4  3o 

// 

8o 

25 

3 

67  00 

52 

19  3o 

7  3o 

3  3o 

// 

Fer  ordinaire  de  Châ- 

70  00 

22 

// 

tillon-Comraenlry - 

i5 

11 

6oo 

25 

3 

te 

O 

0 

20 

25 

7  20 
i4  4o 

il 

n 

3o 

17  3o 

n 

Acier  Bessemer  (  ban  - 

dage) . 

(1) 

20 

3 

0 

0 

•et 

21  à  25 

9  10 

u 

8  07 

5g,85 

A.  ( 

S 

0 

C 

|  63 

77 

1 1  75 
i5  00 

75,60 

88,20 

Fer.  . . 

320 

4o 

1 2  < 

91 

2  4  70 

i42,3o 

49 

2 1  00 

9i,35 

v  60  80 

63 

77 

3i  00 

38  18 

1  i3,4o 

1 48, o5 

91 

45  o5 

169,80 

12  3o 

67.00 

f  49  00  < 

|  63 

77 

16  60 

22  o5 

89,05 

103,95 

(  91 

3i  80 

124, 4o 

'  ^9 

21  20 

91,35 

t  63 

25  45 

107,10 

Acier  Bessemer . 

6i  o 

4o 

12  i 

\.  60  80  < 

77 

34  70 

130,70 

1  91 

42  5o 

1 54,35 

k  1  o5 

48  00 

179,55 

(  49 

27  3o 

i38,6o 

\  74  5o 

56 

3o  20 

160, 65 

J  63 

37  60 

173,25 

I1)  Section  :  ocm2oio^33. 


Ces  essais  font  voir  que,  dans  les  conditions  de  vitesse  et  de  pression  employées,  le 
rendement  croît  constamment,  si  l’on  augmente  l’une  aussi  bien  que  l’autre;  toutefois, 
à  la  limite  supérieure  de  vitesse,  il  se  ralentit  très  notablement,  tandis  qu’il  continue 
de  croître  régulièrement  avec  la  pression. 

Nous  ajouterons  que,  dans  ces  essais,  on  a  pu  scier  3/4  de  mètre  carré  de  fer  et 
près  d’un  mètre  carré  d’acier  doux  dans  l’intervalle  de  deux  affûtages  du  ruban. 

Les  applications  de  la  scie  à  ruban  dans  les  ateliers  de  construction  sont  nom¬ 
breuses  :  elle  remplace  avantageusement  la  machine  à  mortaiser  ou  l’étau-limeur  pour 
le  découpage  des  barres,  des  lingots  et  des  tubes,  le  tronçonnement  et  le  chantournage 
des  pièces  de  toute  nature.  Non  seulement  elle  fait  le  travail  avec  une  rapidité  au 
moins  aussi  grande  que  ces  machines,  mais  encore  elle  produit  moins  de  déchets;  elle 
se  prête  mieux,  par  la  présence  de  sa  grande  table,  à  la  manœuvre  des  pièces;  elle  est 
d’ailleurs,  elle-même,  moins  coûteuse.  Les  résultats  que  nous  avons  exposés  montrent 
que  l’on  peut  scier  des  épaisseurs  de  plus  de  o  m.  6oo,  sans  que  l’économie  du  pro¬ 
cédé  en  souffre. 


MACHINES-OUTILS. 


155 


CHAPITRE  IX. 

MEULES  ET  MACHINES  A  MEULER. 


Généralités  sur  les  mordants  naturels;  des  meules  en  général;  meules  de  grès.  —  Meules  d’émeri;  procédé  de 
fabricalion  des  meules;  formes  diverses  de  meules;  instructions  pour  l’emploi  et  l’entretien  des  meules.  — 
Considérations  générales  sur  les  machines  à  meuler.  —  Machines  à  meuler  d’usage  général.  —  Machines  à 
dresser  les  surfaces  planes.  —  Machines  à  rectifier  les  surfaces  cylindriques  ou  coniques.  —  Machines  à 
affûter  les  outils  simples.  —  Machines  à  affûter  les  forets  héliçoïdaux  et  les  forets  à  langue  d’aspic.  —  Ma¬ 
chines  à  affûter  les  fraises.  —  Machines  à  affûter  les  scies. 

GÉNÉRALITÉS  SUR  LES  MORDANTS  NAT  L  RE  LS. 

Toute  matière  peut,  en  principe,  servir  d’outil  pour  le  travail  d’une  matière  moins 
dure;  toutefois  on  est  rarement  descendu,  comme  degré  de  dureté,  au-dessous  de  celui 
de  l’acier.  Beaucoup  d’espèces  minérales  sont  plus  dures  que  l’acier;  il  était  naturel 
de  songer  à  les  utiliser.  Mais  un  outil  doit  non  seulement  être  dur,  il  doit  aussi  offrir 
une  grande  résistance  au  choc  ;  or,  les  minéraux  que  nous  offre  la  nature ,  et  surtout 
les  minéraux  cristallisés  et  clivables,  n’ont  pas  assez  de  résistance  pour  pouvoir  être 
employés  comme  outils  avec  coupe  et  tranchant  réguliers  :  ils  se  brisent  ou  s’émous¬ 
sent  très  rapidement;  le  diamant  lui-même  ne  peut  se  manier  qu’avec  les  plus  grandes 
précautions  et  avec  une  très  faible  vitesse,  ce  qui  annule  complètement  les  avantages 
qu’on  pourrait  espérer  tirer  de  son  extrême  dureté  et  limite  son  usage  à  des  cas  fort 
rares.  On  a  cependant  reconnu  que  ces  mêmes  minéraux  pouvaient  devenir  des  agents 
très  actifs  d’usure  par  leur  emploi  sous  forme  de  poudre,  de  grains  ou  de  substance 
poreuse,  chaque  grain  ou  aspérité  agissant  comme  outil  séparé  :  c’est  ainsi  qu’est 
venu  l’usage  de  la  poudre  de  diamant,  d’émeri,  de  .grenat,  de  quartz  et  de  verre,  du 
tripoli,  du  sable,  d’oxydes  de  fer,  des  pierres  à  rasoirs,  des  pierres  dites  du  Levant 9 
de  la  ponce,  des  meules  de  grès. 

Pour  faciliter  l’emploi  à  la  main  des  poudres  et  des  grains,  on  a  été  amené  à  les 
coller  sur  du  bois,  du  cuir,  du  papier,  de  la  toile;  nous  n’insisterons  pas  sur  ce  mode 
d’emploi  peu  mécanique;  nous  dirons  seulement  que  la  qualité  des  papiers  et  des 
toiles  dépend  de  leur  souplesse  et  de  l’adhérence  des  grains  par  le  collage;  la  colle 
employée  est  un  composé  de  colle  de  nerfs,  de  colle  de  peau  et  de  colle  de  corne;  on 
en  passe  ordinairement  deux  couches,  la  première  pour  fixer  le  grain,  la  deuxième 
pour  relier  les  grains  entre  eux. 

Les  matières  que  nous  avons  citées  ne  craignant  pas  l’influence  de  la  chaleur,  leur 
effet  utile  augmente  évidemment  avec  la  vitesse  qui  leur  est  communiquée.  Pour  don- 


156 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


ncr  de  la  vitesse  aux  poudres,  on  les  délaie  dans  ITiuile,  qui  convient  alors  d’autant 
mieux  qu’elle  est  plus  grasse,  et  c’est  par  l’adhérence  de  cette  dernière  qu’on  les  met 
au  contact  des  pièces  en  se  servant  comme  intermédiaires  de  mâchoires  en  bois- ou  en 
métal  si  la  pièce  tourne,  de  disques  également  en  bois  ou  métalliques  dans  le  cas 
contraire;  on  interpose  aussi  la  poudre  délayée  dans  l’huile  directement  entre  deux 
pièces,  que  Ton  rode  Tune  sur  l’autre  pour  les  ajuster  ensemble  exactement.  Quant  aux 
grains,  on  les  colle  sur  des  plateaux  en  bois,  sans  intermédiaire  s’ils  sont  fins,  avec 
intermédiaire  de  buffle  s’ils  sont  gros,  ou  bien  on  les  imprime  sur  la  surface  de 
disques  en  métal  tendre,  cuivre  rouge  ou  plomb.  L’inconvénient  de  ces  procédés  est 
que  la  couche  de  matière  mordante  est  toujours  très  mince  et  que  cette  matière,  dispa¬ 
raissant  rapidement,  exige  des  manipulations  constantes  pour  son  renouvellement.  Les 
meules  possèdent  sous  ce  rapport  une  grande  supériorité,  puisque,  malgré  Tusure,  leur 
surface  est  toujours  au  même  état. 

Néanmoins  il  est  quelques  usages  pour  lesquels  les  plateaux  de  bois  et  les  disques 
métalliques  auront  toujours  certains  avantages  :  les  premiers  sont  très  commodes  pour 
le  polissage,  parce  qu’on  peut  aisément  façonner  et  entretenir  leur  pourtour  à  toute 
espèce  de  proffl,  que  l’état  même  de  la  garniture  de  mordant,  après  un  temps  plus  ou 
moins  long  de  travail,  sert  pour  les  différents  degrés  de  polissage;  les  seconds,  sous  le 
nom  de  lapidaires,  sont  très  utiles  pour  le  dressage  des  surfaces  planes,  parce  qu’on 
peut  facilement,  avec  un  léger  coup  d’outil  de  tour,  les  entretenir  à  l’état  de  plans  par¬ 
faits;  enfin  les  uns  et  les  autres  offrent  toute  sécurité. 

Nous  signalerons  seulement,  pour  l’instant,  l’emploi  du  sable  à  l’état  de  grains  non 
agglutinés,  pour  le  débitage  des  pierres  de  construction  ou  d’ornement  et  le  découpage 
du  verre  ;  nous  reviendrons  plus  tard  sur  ce  genre  de  travail. 

Sans  nous  étendre  plus  longuement  sur  les  procédés  qui  précèdent,  nous  arriverons 
à  l’étude  des  meules  et  surtout  des  meules  d’émeri,  qui  se  présente  sous  des  aspects 
beaucoup  plus  variés  et  plus  intéressants  au  point  de  vue  mécanique. 

Des  meules  en  général.  —  L’action  des  meules  est  due  aux  intervalles  qui  séparent 
les  éléments  du  mordant,  que  ces  intervalles  soient  vides  ou  occupés  par  un  ciment 
qui,  en  s’usant  plus  vite  que  le  mordant,  laisse  toujours  celui-ci  en  saillie.  Mais,  pour 
être  susceptibles  d’emploi,  les  meules  ont  à  remplir  un  certain  nombre  de  conditions, 
dont  les  principales  sont  d’avoir  assez  de  cohésion  pour  offrir  toute  garantie  de  sécu¬ 
rité,  d’être  homogènes  pour  avoir  une  action  égale  sur  toute  leur  surface,  de  présenter 
le  mordant  à  un  état  de  grain  qui  lui  permette  d’agir  efficacement.  Parmi  les  pierres 
naturelles,  bien  peu  réunissent  ces  conditions;  les  roches  de  quartz  et  d’émeri  sont  en 
général  trop  compactes  et  peuvent  tout  au  plus,  comme  la  pierre  à  rasoir  et  la  pierre 
du  Levant,  servir  à  donner  le  fil  à  des  outils  après  l’aiguisage;  les  meules  mêmes  en 
corindon,  outre  qu’elle  ne  peuvent  se  faire  que  de  petites  dimensions,  qu’elles  sont 
difficiles  à  tailler  et  coûteuses,  manquent  de  coupant;  on  n’a,  en  somme,  obtenu  de 


MACHINES-OUTILS. 


157 


résultats  que  des  grès,  formés  de  grains  de  quartz  agglutinés  par  un  ciment  plus  ou 
moins  facilement  désagrégeable.  Mais,  en  imitant  la  constitution  des  grès  naturels,  on 
est  parvenu  a  faire  des  grès  artificiels  a  base  d’émeri,  mieux  adaptés  aux  divers  genres 
de  travaux,  par  suite  de  la  possibilité  de  varier  leur  grain  à  volonté,  et  en  outre  offrant 
une  plus  grande  adhérence  de  leurs  éléments  et  plus  de  sécurité. 

L’emploi  de  l’émeri  a  pris  dans  ces  derniers  temps  un  développement  considérable  : 
la  meule  d’émeri  a  supplanté  celle  de  grès  dans  la  plupart  de  ses  applications  :  ébar- 
bage  et  dégrossissage  des  pièces  de  forge,  travail  des  objets  de  quincaillerie,  aigui¬ 
sage  et  affûtage  des  outils,  etc.;  la  facilité  qu’elle  offre  de  se  fabriquer  en  faibles  épais¬ 
seurs  et  à  des  profils  variés,  ainsi  que  de  conserver  assez  longtemps  ses  formes 
extérieures,  Ta  rendue  applicable  à  des  travaux  de  nature  complexe,  pour  lesquels  les 
outils  des  machines  ordinaires  sont  insuffisants,  et  l’y  a  substituée  à  la  lime  et  au 
burin;  enfin  elle  a  pris  la  place  la  plus  élevée  peut-être  parmi  les  outils  de  précision, 
comme  moyen  de  rectifier,  notamment  après  trempe,  et  de  mettre  à  des  dimensions 
exactes  les  surfaces  planes,  de  révolution  et  même  réglées,  et  en  général  toute  surface 
qui  peut  être  obtenue  avec  une  fraise. 

La  meule  d’émeri  constitue  certes  un  progrès  notable  par  rapport  à  celle  de  grès  : 
elle  permet  défaire  plus  de  travail,  à  cause  à  la  fois  de  la  dureté  supérieure  de  sa  ma¬ 
tière  constituante  et  de  la  vitesse  plus  considérable  dont  sa  cohésion  plus  grande  la  rend 
susceptible;  elle  ne  paraît  pas  jusqu’à  présent  avoir  donné  lieu  à  la  maladie  des  aigui¬ 
seurs,  qui  compromettait  si  gravement  la  santé  des  ouvriers  travaillant  habituellement 
sur  la  meule  de  grès.  Toutefois  la  meule  d’émeri  n’est  pas,  plus  que  celle  de  grès, 
exempte  de  causes  d’accidents  de  rupture,  et  même  les  accidents  qu’elle  occasionne 
sont  d’autant  plus  redoutables  qu’à  masse  égale  elle  est  animée  d’une  vitesse  beau¬ 
coup  plus  grande.  Il  y  a  là  un  motif  sérieux  pour  ne  pas  employer  la  meule  d’émeri 
sans  nécessité,  surtout  quand  le  travail  peut  être  fait  par  d’autres  machines  moins  dan¬ 
gereuses;  nous  donnerons  encore  plus  loin  une  autre  raison  pour  combattre  son  em¬ 
ploi  dans  les  cas  où  elle  n’est  pas  indispensable. 

On  dit  quelquefois  que  la  meule  est  une  lime  circulaire;  on  pourrait  aussi  la  com¬ 
parer  à  la  fraise.  Ce  mode  de  représentation  n’est  qu’une  image  très  approximative  du 
mode  d’action  de  l’un  et  l’autre  outils  :  la  lime  et  la  fraise  sont  formées  d’une  série 
d’arêtes  coupantes  de  forme  étudiée  et  régulière,  qui  pénètrent  franchement  dans  le 
métal  et  le  détachent  sous  forme  d’un  copeau  continu  de  longueur  plus  ou  moins 
grande.  La  meule  possède  également  des  aspérités  qui  doivent  faire  fofïice  de  cou¬ 
teaux,  mais  ces  aspérités  n’ont  aucune  régularité  de  forme  et  de  position;  si  quel¬ 
ques-unes  coupent,  à  la  vérité,  et  font  de  vrais  copeaux,  d’autres,  au  contraire,  ten¬ 
draient  bien  plutôt  à  refouler  le  métal  ou  à  se  refouler  elles-mêmes  dans  l’intérieur  de 
la  meule,  et  c’est  surtout  par  la  force  vive  considérable  qu’elles  communiquent  aux 
saillies  métalliques  contre  lesquelles  elles  s’arc-boutent,  que  ces  saillies  se  détachent 
d’elles-mêmes  et  sont  arrachées  du  reste  de  la  masse.  On  comprend  ainsi  qu’il  faut 


158 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


rendre  aussi  léger  que  possible  le  contact  de  la  meule  avec  la  surface  attaquée,  pour 
réduire  la  résistance  à  l’arracbement,  en  n’agissant  en  chaque  point  que  sur  une  faible 
quantité  de  matière,  et  en  même  temps  donner  à  la  meule  le  plus  de  vitesse  possible, 
aussi  bien  pour  augmenter  la  force  vive  d’arrachement  que  pour  accroître  la  produc¬ 
tion.  Il  faut  bien  remarquer  que  ce  que  nous  disons  du  mode  d’action  de  la  meule 
n’est  pas  une  simple  hypothèse  :  on  en  a  une  preuve  dans  réchauffement  subit  des 
pièces  sous  la  moindre  pression;  on  le  vérifie  d’ailleurs  facilement  en  examinant  à  la 
loupe  la  surface  du  métal  :  on  y  voit  non  seulement  des  sillons  d’apparence  régulière, 
mais  encore,  sur  le  bord  des  sillons,  des  stries  transversales  très  nettes  d’arrachement. 
Il  est  probable  que  c’est  ce  même  effet  d’arrachement  qui  donne  aux  sillons  leur  pro¬ 
fondeur,  bien  plus  que  la  saillie  réelle  des  grains  d’émeri;  dans  tous  les  cas, les  sillons 
et  les  stries  constituent  les  points  d’appui  pour  l’action  des  grains  successifs  d’émeri  ou 
de  quartz,  et,  à  ce  point  de  vue,  la  meule  agit  comme  la  lime,  qui  ne  mord  bien  que 
sur  une  surface  rugueuse. 

Ces  considérations  montrent  que  la  meule  est,  comme  outil,  dans  de  mauvaises  con¬ 
ditions,  qui  ne  sont  compensées  que  partiellement  par  la  dureté  de  sa  matière,  autant 
du  moins  qu’on  la  compare  aux  autres  outils  pour  des  travaux  abordables  à  ces  der¬ 
niers;  elle  dépense  beaucoup  plus  de  force  motrice  qu’eux  et  n’est  pas  capable  de  pro¬ 
duire  davantage.  De  plus,  les  meules  de  grande  production,  c’est-à-dire  à  gros  grain, 
ne  peuvent  être  considérées  comme  des  outils  de  finissage,  à  cause  des  traits  qu’elles 
laissent  :  un  polissage  est  encore  nécessaire  après  leur  passage.  Nous  croyons  donc  qu’on 
doit  éviter  de  trop  étendre  leur  emploi  et  les  limiter  à  des  cas  spéciaux,  tels  que  le 
travail  des  outils  et  des  pièces  trempées  ainsi  que  des  parties  de  forme  non  géomé¬ 
trique  ,  Tébarbage  et  l’écroûtage  des  pièces  de  forge  sur  lesquelles ,  par  suite  de  la  pré¬ 
sence  d’un  oxyde  très  dur,  les  outils  ordinaires  s’émoussent  vite,  le  blanchissage  des 
surfaces  pour  lesquelles  l’exactitude  des  dimensions  n’est  pas  nécessaire.  Il  est  certai¬ 
nement  possible  d’appliquer  d’autres  machines  à  des  travaux  pour  lesquels  on  avait 
jusqu’ici  employé  presque  exclusivement  les  meules  de  grès  ou  d’émeri,  en  particulier 
au  travail  des  pièces  minces  et  longues  :  ainsi  M.  Bariquand  est  parvenu  à  fraiser  les 
lames  d’épées-baïonnettes;  MM.  Bouliey  rabotent  les  chanfreins  des  tôles  les  plus 
minces. 

Meules  de  grès.  —  Nous  avons  peu  de  chose  à  dire  des  meules  de  grès,  dont  nous  ne 
trouvons  d’exemplaires  que  dans  l’exposition  mexicaine,  chez  M.  Gautier  et  dans  quel¬ 
ques  machines  à  affûter  les  outils  (Smith  et  Coventry,  Société  alsacienne,  Steinlen). 

Les  meules  de  grès  ont  un  grain  de  finesse  variable,  d’après  lequel  elles  ont  été 
classées  pour  leur  adaptation  aux  différents  genres  de  travaux.  Outre  leur  insalu¬ 
brité  ,  elles  ont  le  grave  inconvénient  d’être  susceptibles  de  renfermer  des  défauts  inté¬ 
rieurs  d’homogénéité  que  leur  aspect  extérieur  ne  décèle  pas;  de  plus,  toutes  sont  plus 
ou  moins  hygrométriques  et  certaines  variétés  le  sont  a  un  haut  degré,  défaut  très  sé- 


MACHINES-OUTILS. 


159 


rieux,  puisqu’elles  s’emploient  le  plus  souvent  à  l’eau;  aussi  n’est-il  pas  prudent  de  les 
faire  tourner  a  une  vitesse  circonférentielle  de  plus  de  dix  mètres  par  seconde,  et  il 
faut  toujours,  avant  de  les  mettre  en  service,  les  éprouver  a  une  vitesse  double  de  la 
précédente. 

Les  meules  en  grès,  ayant  été  jusqu’en  ces  derniers  temps  les  seules  en  usage,  ont 
conservé  des  adeptes  parmi  les  gens  de  la  routine'.  Certains  ouvriers  habitués  à  elles, 
notamment  pour  TalFûtage  des  outils,  éprouvent  quelques  difficultés  a  se  mettre  a  l’em¬ 
ploi  des  meules  d’émeri  et  prétendent  que  celles-ci  brûlent  les  outils;  cela  tient  a  ce 
qu’ils  pressent  sur  la  meule ,  chose  inutile  et  même  à  éviter  ;  il  convient  d’ailleurs  de 
faire  marcher  à  l’eau  les  meules  d’affûtage,  bien  qu’il  faille  généralement  pour  cela  les 
préparer  spécialement  et  réduire  leur  vitesse  ;  il  faut  aussi  faire  choix  chi  grain  et  du 
procédé  de  fabrication  des  meules.  On  arrive  alors  à  reconnaître  que  l’usage  de  la 
meule  d’émeri  est  avantageux  pour  la  rapidité  et  la  facilité  de  l’affûtage,  ainsi  que  pour 
la  propreté  des  ateliers. 

Les  meules  en  grès  se  montent  d’ailleurs  comme  les  meules  d’émeri. 

M.  Kreutzberger  expose  un  appareil  pour  le  dressage  des  meules  de  grès,  qui  est 
d’une  grande  utilité  en  ce  qu’il  permet  à  l’ouvrier  de  se  tenir  à  l’écart  et  d’éviter  la  respi¬ 
ration  des  poussières.  Cet  appareil  se  compose  d’un  tambour  articulé  suivant  son  axe 
avec  la  semelle  et  portant,  lui-même,  sur  un  axe  parallèle  au  précédent,  un  cylindre  de 
fonte  blanche  ou  d’acier  trempé  creusé  de  cannelures  en  hélice,  de  manière  à  former 
un  filet  à  arête  assez  aiguë.  La  semelle  étant  fixée  sur  la  monture  de  la  meule,  on  ap¬ 
proche  le  tambour  à  l’aide  d’une  vis  de  rappel,  en  le  faisant  pivoter  sur  son  axe.  Le 
cylindre  se  trouve  entraîné  par  la  meule,  dans  laquelle  il  imprime  son  arête;  à  cause 
des  différences  de  diamètre  de  la  meule  et  du  cylindre,  les  stries  se  recouvrent  au  bout 
d’un  certain  nombre  de  tours  et  la  meule  finit  par  être  parfaitement  dressée.  Le  cy¬ 
lindre  peut  s’affûter  avec  une  meule  d’émeri  pour  l’entretien  de  l’arête  mordante. 


MEULES  D’ÉMERI. 

Les  meules  artificielles  sont  constituées  par  un  mordant  en  grains  cimentés  par  un 
agglomérant.  Les  matières  employées  comme  mordant  sont  principalement  l’émeri,  le 
quartz,  le  silex,  le  verre  de  bouteilles;  l’émeri  est  à  peu  près  le  seul  qui  soit  employé 
pour  le  travail  des  métaux  ;  les  autres  corps  s’appliquent  plus  particulièrement  au  tra¬ 
vail  des  matières  tendres,  bois,  pelleteries,  étoffes,  etc.  La  préparation  et  le  montage 
des  meules  se  font,  dans  tous  les  cas,  par  des  moyens  analogues.  Nous  nous  occuperons 
plus  spécialement  des  meules  d’émeri,  les  meules  faites  en  d’autres  matières  n’étant 
d’ailleurs  représentées  que  par  un  très  petit  nombre  d’échantillons. 

L’élément  actif  de  l’émeri  est  le  corindon,  qui  s’y  trouve  en  petits  cristaux  mêlés 
d’autres  matières,  telles  que  des  produits  ferrugineux  et  du  mica.  Si  l’on  excepte  un 
minéral  de  Chine,  dont  le  prix  de  revient  le  rend  inabordable  à  l’industrie,  la  supério- 


160 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


qu’en  deuxième  lieu  :  l’émeri  de  Smyrne  contient  plus  de  matières  étrangères  que  celui 
de  Naxos;  il  paraît  aussi  que  la  variété  dominante  de  corindon,  dans  ce  dernier,  ne  ren¬ 
ferme  que  o.63  p.  îoo  d’eau  de  cristallisation,  tandis  que  celle  de  l’émeri  de  Smyrne 
en  renferme  A  p.  îoo  et  aurait,  en  outre,  trois  clivages  prononcés,  qui  lui  donnent 
une  certaine  fragilité. 

La  Société  des  émeris  de  l’Ouest  exploite  sur  le  littoral  de  la  Bretagne,  à  Penestin 
(Morbihan),  des  sables  renfermant  des  cristaux  de  corindon,  qu’elle  sépare  par  un 
triage;  ces  cristaux  étant  enveloppés  d’une  couche  d’oxyde  de  fer,  elle  élimine  ce  der¬ 
nier  par  une  opération  spéciale,  et  elle  obtient  finalement  un  mélange  de  corindon  et 
d’un  peu  de  silice,  avec  lequel  elle  fabrique  ses  meules  dites  en  émeri  de  l’Ouest  ou 
émeri  français. 

M.  Durrschmidt,  de  Lyon,  fabrique  des  émeris  artificiels,  en  calcinant  une  bauxite 
du  Var  pauvre  en  fer.  On  sait  que  la  bauxite  est  un  hydrate  d’alumine  mêlé  en  propor¬ 
tions  très  variables  de  silice  et  d’oxydes  de  fer  et  de  titane;  on  trouve  même  de  la 
bauxite  blanche  très  pure,  contenant  85  p.  100  d’alumine  et  i5  p.  îoo  d’eau;  elle 
forme  une  excellente  terre  réfractaire;  la  calcination  la  durcit  au  point  que  M.  Durr¬ 
schmidt  la  met  pour  la  dureté  presque  au  niveau  de  l’émeri  naturel  et  l’emploie,  comme 
lui ,  pour  la  confection  des  meules. 

Nous  donnons  à  titre  de  renseignement  la  composition  des  quatre  qualités  d’émeri 
dont  nous  venons  de  parler  : 


DÉSIGNATION. 

NAXOS. 

SMYRNE. 

OUEST  FRANÇAIS 

ARTIFICIEL 

TRIÉ. 

PRÉPARÉ. 

ORDINAIRE. 

SUPÉRIEUR. 

Alumine . .  .  . . 

83.8a 

80.  h  8 

76.  hk 

90.28 

76.75 

84. 1 2 

Oxyde  de  fer . 

7.73 

11.71 

1  6.27 

1 .00 

8.45 

1 2.63 

Silice . . 

7.82 

6.62  , 

> 

i4.8o 

3.25 

Eau  et  perle . 

o.63 

1.19  1 

j  7-29 

8.72 

h 

u 

Total . 

100.00 

100.00 

100.00 

1  00.00 

100.00 

1 00.00 

Procédé  de  fabrication  des  meules  d’émeri.  —  L’émeri  broyé  est  classé  par  grosseurs 
de  grains  a  l’aide  du  tamisage  et  du  minutage  dans  l’eau;  pour  la  confection  des  meules, 
il  est  mêlé  à  un  agglomérant  destiné  a  former  ciment,  comprimé  à  la  presse  à  la  forme 
voulue,  puis  séché  ou  cuit. 

Les  diverses  propriétés  d’une  meule  dépendent  principalement  de  la  provenance  de 
l’émeri ,  de  la  dimension  des  grains  et  de  leur  état  plus  ou  moins  anguleux  qui  tient  au 
mode  de  concassage,  de  la  nature  de  l’agglomérant,  des  proportions  relatives  d’émeri 
et  cl’agglomérant  et  aussi  de  matières  étrangères  qui  peuvent  leur  être  mêlées,  de  la 


MACHINES-OUTILS. 


161 


pression  à  laquelle  le  mélange  a  été  soumis,  enfin  des  soins  apportés  à  la  fabrication 
et  de  certains  procédés  de  manipulation  ou  tours  de  main  qui ,  pour  un  semblable 
genre  de  fabrication,  peuvent  avoir  une  importance  sérieuse. 

Les  principaux  agglomérants  employés  (du  moins  à  notre  connaissance,  car  certains 
fabricants,  notamment  les  étrangers,  en  font  un  secret)  sont  :  l’oxychlorure  de  magné¬ 
sium  déposé  par  cristallisation  (Société  des  agglomérés  magnésiens,  Sainte-Kahn  et  Cie); 
des  silicates  alcalins  (Durrschmidt);  la  gomme  laque  dissoute  à  chaud  et  employée 
seule  ou  mélangée  avec  certaines  matières,  telles  que  l’huile  de  lin,  des  essences,  le 
soufre,  le  bitume,  dont  l’objet  est  de  produire  sa  vulcanisation  (Henry,  Société  des 
émeris  de  l’Ouest);  le  caoutchouc  dissous  avec  des  matières  analogues  et  vulcanisé 
(Deplanque  aîné, Deplanque  fds,  Denis  Poulot,  Dumortier),  et  parfois  allié  à  la  gomme 
laque  (Delaunay  et  Tronchon,  Huard).  Nous  signalerons  seulement  ici  les  agglomérés 
métalliques  du  système  Gay  utilisés  pour  le  polissage  des  pierres,  mais  dont  l’emploi 
ne  convient  pas  pour  les  métaux,  ou  tout  au  moins  ne  s’est  pas  encore  étendu  à  eux  : 
ces  agglomérés  sont  obtenus  en  coulant  avec  de  l’émeri  en  grains  un  alliage  métallique 
ou  un  métal  même,  tel  que  le  cuivre,  le  laiton  ou  la  fonte. 

La  cohésion  de  la-  matière  agglomérante  constitue  essentiellement  la  résistance  de 
la  meule  à  la  rupture.  A  ce  titre,  le  caoutchouc  paraît  être  la  matière  qui  présente  le 
plus  grand  degré  de  sécurité,  à  condition,  évidemment,  qu’il  soit  bien  traité;  après  la 
vulcanisation,  il  acquiert  une  résistance  à  la  rupture  qui  dépasse  100  kilogrammes  par 
centimètre  carré;  il  conserve  suffisamment  d’élasticité  pour  qu’on  puisse  en  faire  des 
meules  de  o  m.  ooi5  d’épaisseur  sur  o  m.  5o  de  diamètre,  utilisables  pratiquement; 
il  ne  se  ramollit  qu’à  une  température  assez  élevée,  et  enfin  il  n’est  pas  sensible  aux 
influences  hygrométriques.  La  gomme  laque  et  ses  composés  paraissent  avoir  un  peu 
moins  de  ténacité,  se  ramollissent  par  réchauffement  produit  dans  le  travail  et  for¬ 
ment,  à  la  surface  de  la  meule,  une  couche  plastique  dans  laquelle  les  grains  d’émeri 
s’enfoncent  :  on  dit  alors  que  la  meule  se  lisse  ou  s’encrasse.  Les  agglomérés  magné¬ 
siens  ont  une  résistance  de  80  à  100  kilogrammes  par  centimètre  carré,  mais  ils  sont 
susceptibles  de  s’altérer  sous  l’action  de  l’humidité  et  même  de  l’acide  carbonique  de 
l’air.  Les  silicates  solubles  donnent  des  meules  non  homogènes,  plus  dures  au  milieu 
qu’à  l’extérieur;  les  silicates  fondus  et  vitrifiés  ne  laissent  pas  de  vides  suffisants  entre 
les  grains  d’émeri  et  se  lissent  facilement. 

Ce  sont  les  considérations  précédentes  qui  déterminent  la  limite  de  vitesse  qu’il  est 
possible  d’employer  sans  danger  avec  chaque  espèce  d’agglomérant;  les  vitesses  circon¬ 
férentielles  recommandées  sont,  par  seconde,  de  18  à  19  mètres  pour  les  agglomérés 
magnésiens  et  les  silicates,  25  à  26  mètres  pour  les  agglomérés  au  caoutchouc  et  ceux 
à  1 a  gomme  laque,  enfin  29  à  3o  mètres  pour  les  produits  américains  et  anglais,  dont 
nous  ignorons  le  mode  d’agglomération. 

Pour  accroître  le  degré  de  sécurité  des  meules,  certains  fabricants  introduisent  dans 
leur  constitution  des  filaments  de  lin  (Delaunay  et  Tronchon)  ou  des  fils  métalliques 


Groupe  VI.  —  iv. 


1  1 


IMruniERIE  NATIONALE. 


162 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


d’environ  3o  millimètres  de  longueur  (Durrschmidt);  toutefois  l’avantage  ne  paraît  ob  ■■ 
tenu  qu’au  prix  d’une  diminution  de  mordant  par  suite  de  l’encrassement  qu’occa¬ 
sionnent  ces  matières  étrangères. 

La  nature  de  l’agglomérant  influe  sur  le  rendement  des  meules,  toutes  conditions 
égales  d’ailleurs,  d’abord  par  les  variations  de  vitesse  quelle  entraîne,  et  ensuite  par 
la  façon  dont  elle  se  comporte  pendant  le  travail.  Nous  avons  déjà  dit  que  les  meules  à 
la  gomme  laque  et  au  silicate  vitrifié  se  lissent,  les  premières  à  cause  du  ramollisse¬ 
ment  de  l’agglomérant  qui  empâte  alors  l’émeri,  bien  que  la  vulcanisation  doive  atté¬ 
nuer  cet  effet  dans  une  certaine  mesure,  les  secondes  à  cause  de  l’état  trop  compact 
du  mélange  qui  fait  que  le  grain  d’émeri  s’usant  se  met  au  niveau  de  l’agglomérant, 
sans  qu’il  se  forme  de  nouveaux  vides  dans  celui-ci;  il  se  produit  des  effets  analogues, 
quoique  à  un  degré  moindre,  avec  le  caoutchouc  qui  ne  ramollit  pas,  il  est  vrai,  mais 
se  laisse  cependant  pénétrer  par  le  grain  et  s’affleure  avec  lui  par  l’usure.  Au  contraire, 
les  agglomérés  magnésiens  sont  assez  durs  pour  résister  à  la  pénétration  du  grain,  et, 
d’autre  part,  ils  se  désagrègent  avec  une  certaine  facilité,  d’où  il  résulte  que  l’émeri  est 
toujours  à  nu  et  conserve  son  mordant;  la  meule  s’use  assez  vite,  il  est  vrai,  mais  elle 
produit  beaucoup  de  travail,  malgré  son  infériorité  sous  le  rapport  de  la  vitesse.  Les 
meules  américaines  et  anglaises  conservent  aussi  très  bien  le  mordant  et  se  lissent  peu  ; 
de  plus,  elles  s’usent  lentement;  ce  sont  ces  qualités  qui  leur  ont  assuré  jusqu’à  pré¬ 
sent  une  supériorité  incontestable  sur  les  meules  françaises. 

Une  meule  est  susceptible  de  produire  d’autant  plus  de  travail  que  la  saillie  des 
grains  d’émeri  est  plus  accentuée;  on  arrive  à  varier  les  résultats  dans  ce  sens  de  deux 
façons,  par  la  grosseur  des  grains  et  par  la  grandeur  ou  le  nombre  des  vides;  les 
deux  moyens  peuvent  d’ailleurs  se  combiner;  c’est  toujours  en  somme  l’étendue  des 
vides  par  rapport  aux  pleins  qui  intervient,  soit  que  les  vides  existent  par  la  constitu¬ 
tion  même  de  la  meule,  soit  qu’ils  se  produisent  par  désagrégation  de  l’agglomérant 
ou  par  détachement  de  l’émeri.  Mais  les  deux  moyens  ne  procurent  pas  la  même  qua¬ 
lité  de  travail;  leurs  effets  sont  assimilables  à  ceux  cl’une  lime,  dans  un  cas  à  gros  ou 
à  fins  traits,  dans  l’autre  cas  neuve  ou  plus  ou  moins  usée.  Les  meules  à  gros  grain 
s’emploient  pour  l’ébarbage  et  le  dégrossissage,  celles  à  grain  lin  pour  le  finissage  et 
pour  l’affûtage  des  outils. 

On  augmente  l’étendue  des  vides  en  réduisant  la  proportion  d’agglomérant  et  la 
pression;  comme,  dans  ces  conditions,  la  meule  coupe  mieux,  en  même  temps  quelle 
s’use  plus  vite,  on  dit  qu’elle  est  tendre;  elle  est  dure  dans  le  cas  contraire.  Les 
meules  dures  conviennent  pour  le  travail  des  tôles  et  des  pièces  minces,  parce  que 
celles-ci,  par  le  choc  quelles  occasionnent  à  l’attaque  des  grains  et  par  leurs  vibrations, 
tendent  à  désagréger  l’agglomérant  et  à  faire  sauter  l’émeri;  elles  ont,  par  suite,  besoin 
d’une  grande  adhérence  des  éléments;  d’ailleurs  elles  reconstituent  suffisamment  leurs 
vides.  Les  meules  dures  et  à  grain  fin  s’appliquent  aux  travaux  de  finissage  et  de  rec¬ 
tification,  pour  lesquels  il  est  indispensable  qu’elles  conservent  longtemps  leur  forme, 


MACHINES-OUTILS. 


163 


pour  l’affûtage  des  scies  et  des  fraises.  Les  meules  tendres  conviennent  pour  le  travail 
de  surface  et  celui  des  métaux  gras,  comme  le  bronze;  les  meules  tendres  et  à  grain 
fin  s’emploient  avantageusement  pour  le  finissage  des  surfaces,  quand  on  n’a  pas  à 
craindre  d’inconvénient  de  la  part  de  la  rapidité  de  l’usure,  et  pour  l’affûtage  des 
outils  de  tours,  raboteuses,  etc. 

M.  Deplanque  fils  strie  parfois  les  tranches  des  meules  plates  sur  une  profondeur 
de  un  demi  à  un  millimètre;  il  paraît  que  le  mordant  se  trouve  augmenté,  probable¬ 
ment  par  suite  de  l’amorce  de  désagrégation  préparée  sur  les  bords  par  les  stries. 

Nous  appellerons  l’attention  des  fabricants  sur  un  défaut  assez  fréquent,  notamment 
dans  les  meules  provenant  de  l’étranger  :  c’est  le  manque  d’homogénéité,  qui  se  recon¬ 
naît  a  l’inégalité  d’usure  aux  diverses  parties  du  pourtour,  et  parfois  à  la  présence  de 
cavités  assez  grandes.  Ce  défaut  provient  apparemment  de  l’inégale  répartition  de 
l’émeri  et  de  l’agglomérant,  soit  que  la  faible  proportion  de  ce  dernier  rende  difficile 
l’intimité  du  mélange,  soit  que  l’état  insuffisamment  mou  du  mélange,  au  moment  de 
la  compression ,  ne  permette  pas  aux  éléments  de  se  distribuer  d’une  manière  uniforme 
dans  toute  la  masse. 

Formes  diverses  de  meules.  —  Parmi  les  diverses  formes  de  meules,  les  principales 
a  considérer  sont  les  meules  plates  travaillant  ordinairement  sur  le  pourtour,  et  les 
meules  annulaires  travaillant  ordinairement  sur  la  tranche.  Leur  épaisseur  et  leur  dia¬ 
mètre  sont  généralement  déterminés  par  des  conditions  d’emploi;  on  remarquera  tou¬ 
tefois  que  les  chances  de  rupture  par  excès  de  serrage  au  montage,  chocs  accidentels, 
pression  exagérée  dans  le  travail,  sont  d’autant  plus  grandes  que  l’épaisseur  est  plus 

faible  par  rapport  au  diamètre;  il  y 
a  donc  intérêt  à  augmenter  l’épais¬ 
seur,  autant  qu’on  peut  le  faire  sans 
inconvénient  pour  le  travail.  Mais  un 
point  important  de  sécurité  réside 
dans  le  mode  de  montage.  On  monte 
habituellement  les  meules  plates  entre 
deux  plateaux,  dont  l’un  s’appuie  sur 
une  embase  de  l’arbre  et  dont  l’autre 
se  serre  contre  la  meule  au  moyen 
d’écrous  vissés  sur  l’arbre  en  sens  in¬ 
verse  du  mouvement  de  rotation,  ou 
parfois,  pour  les  grandes  meules,  se 
réunit  au  premier  au  moyen  de  boulons  (agglomérés  magnésiens).  Certains  font  les 
plateaux  de  petit  diamètre;  d’autres,  notamment  MM.  Sainte-Kahn  et  Cie,  les  font 
très  grands;  les  premiers  laissent  les  deux  faces  des  meules  parallèles,  les  seconds 
font  une  des  faces,  ou  toutes  les  deux,  en  forme  de  cône  convexe  très  ouvert  et  donnent 


Monture  de  meule  de  MM.  Sainte-Kahn  et  G1 


164 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


aux  plateaux  la  forme  concave  correspondante;  il  est  bien  évident  qu’une  meule  en¬ 
castrée  entre  de  grands  plateaux  concaves,  sans  être  complètement  a  l’abri  des  causes 
de  rupture,  a  de  grandes  chances  pour  ne  pas  être  projetée,  si  l’accident  se  produit; 
cette  disposition  ne  peut  donc  qu’être  recommandée.  Il  convient  que  les  plateaux 
n’aient  contre  la  meule  que  le  degré  de  serrage  suffisant  pour  l’empêcher  de  se  dé¬ 
placer;  pour  faciliter  l’adhérence  et  .répartir  la  pression  sur  la  plus  grande  surface  pos¬ 
sible,  en  l’égalisant  en  chaque  point,  on  interpose  entre  les  plateaux  et  la  meule  des 
rondelles  d’une  matière  souple,  cuir,  caoutchouc,  carton,  toile  épaisse,  feutre;  cer¬ 
taines  de  ces  matières  sont  susceptibles  de  durcir  et  de  perdre  leur  élasticité  ;  il  semble 
que  le  feutre  et  la  toile  soient  celles  qui  conservent  le  mieux  leur  état  primitif.  La 
meule  ne  doit  pas  être  ajustée  sur  l’arbre,  pour  éviter  les  effets  de  pression  qui  pour¬ 
raient  résulter  de  réchauffement  ou  des  trépidations  de  l’arbre;  le  jeu  donne  en  outre 
la  facilité  de  centrer  et  d’équilibrer  la  meule. 

Signalons  ici  une  disposition  employée  par  la  Société  des  agglomérés  magnésiens 
pour  parer  à  l’éclatement  des  grandes  meules,  ou  tout  au  moins  pour  en  atténuer  les 
effets  :  des  cercles  en  fer  de  2  5  à  3o  millimètres  de  hauteur  sont  disposés  sur  les 
tranches,  encastrés  dans  l’épaisseur  de  la  meule.  L’efficacité  du  moyen  peut  être  réelle, 
mais  elle  peut  aussi  être  contestée  :  les  cercles  réduisent  l’épaisseur  de  la  meule,  et  par 
suite  sa  part  de  résistance;  de  plus,  en  raison  des  différences  de  dilatation  du  fer  et  de 
la  composition,  ils  peuvent  exercer  sur  la  meule  une  action  tantôt  de  compression, 
tantôt  d’expansion. 

La  Société  des  agglomérés  magnésiens  présente  une  meule  plate  de  0  m.  600  de 
diamètre  et  0  m.  100  d’épaisseur,  formée  de  trois  secteurs  dont  les  joints  sont  légère¬ 
ment  obliques  par  rapport  à  des  plans  diamétraux,  et  qui  sont  séparés  par  de  minces 
tôles  de  fer;  la  réunion  des  secteurs  entre  eux  et  à  l’arbre  est  faite  comme  à  l’ordinaire, 
par  des  plateaux;  la  meule  a  supporté  une  vitesse  de  600  tours  par  minute,  c’est-à- 
dire  la  vitesse  des  meules  ordinaires  de  même  composition. 

Les  très  petites  meules  plates,  qu’il  serait  dangereux  de  serrer  sur  les  côtés,  se  con¬ 
fectionnent  avec  un  grain  central  en  bronze,  que  l’on  perce  pour  le  passage  de  l’arbre 
et  sur  lequel  on  fait  le  serrage;  on  peut  aussi  tarauder  le  grain  et  le  visser  sur  l’arbre. 

On  fait  quelquefois  travailler  sur  leur  pourtour  des  meules  en  forme  de  tubes  d’un 
diamètre  de  quelques  centimètres  seulement  et  relativement  assez  allongés;  quand  les 
meules  peuvent  être  supportées  aux  deux  bouts ,  elles  se  montent  sur  un  arbre  assez 
bien  ajusté,  sans  forcer  toutefois,  et  se  serrent  sur  les  tranches  avec  interposition  de 
rondelles  souples  épaisses.  Les  mêmes  meules,  forcées  de  travailler  en  l’air,  et  les  bâtons 
cylindriques  sont  serrés  par  l’extérieur,  à  l’une  de  leurs  extrémités,  à  l’aide  d’une  douille 
métallique  fermée,  avec  interposition  de  matière  souple,  ou  à  l’aide  d’une  douille 
fendue  en  trois  ou  quatre  parties,  fdetée  et  munie  d’un  écrou  de  serrage. 

Les  meules  annulaires ,  travaillant  sur  une  de  leurs  tranches ,  sont  fixées  par  la  partie 
voisine  de  la  tranche  opposée.  Les  meules  en  forme  de  tube  allongé  et  de  faible  dia- 


MACHINES-OUTILS. 


1 05 


Meule  de  lapidaire  horizontale 
de  MM.  Saintc-Kalm  et  Cie. 


mètre  se  serrent  comme  les  meules  semblables  qui  travaillent  sur  le  pourtour.  Les 
meules  d’un  diamètre  plus  grand,  mais  ne  dépassant  guère  o  m.  q5o,  sont  confection¬ 
nées  avec  un  fond  de  même  matière  ou  de  matière  moins  coûteuse,  réservé  sur  l’une 
des  tranches  et  d’épaisseur  suffisante  ;  elles  sont  montées  sur  ce  fond  comme  les  meules 
plates  ;  on  les  enveloppe  parfois ,  sur  une  certaine  longueur,  d’une  garniture  métallique 
réunie  par  des  vis  au  plateau  fixe.  Les  grandes  meules  communément  appelées  lapi¬ 
daires  horizontaux  ou  verticaux,  suivant  la  disposition  de  l’axe ,  se  montent  de  diverses 
façons  :  souvent  l’anneau  est  complètement  percé  à  jour,  il  s’engage,  sur  une  petite  lon¬ 
gueur,  dans  une  rainure  circulaire  à  section  en 
queue  d’aronde  creusée  sur  la  tranche  d’un  grand 
plateau  métallique,  et  s’y  colle  à  l’aide  d’un  ci¬ 
ment  magnésien  ou  silicaté;  ce  procédé  laisse  à 
désirer  :  l’adhérence  du  ciment  n’est  pas  toujours 
suffisante,  surtout  quand  l’opération  est  faite  par 
des  gens  inexpérimentés,  en  dehors  de  l’atelier  du 
fabricant  de  meules;  en  outre,  la  prise  du  ciment  demande  plusieurs  jours,  ce  qui  exige 
la  possession  d’un  plateau  de  rechange,  si  l’on  veut  utiliser  la  machine  pendant  ce 
temps.  Quelques  fabricants  se  font  renvoyer  le  plateau  et  font  directement  la  fabrication 
de  la  meule  sur  le  plateau,  sans  interposition  de  ciment.  M.  Denis  Poulot  ne  cherche 

pas  à  obtenir  l’adhérence  directe  de  la  meule 
sur  le  plateau,  il  forme  légèrement  en  queue 
d’aronde  le  bord  extérieur  de  la  meule  et 
saisit  ce  bord  au  moyen  de  huit  griffes  for¬ 
mant  des  segments  presque  jointifs,  s’ap¬ 
pliquant  d’autre  part  sur  la  tranche  du  pla¬ 
teau  opposée  a  la  meule  et  rappelées  vers 
l’axe  par  de  fortes  vis  à  collet  engagées  dans 
des  brides  qui  font  corps  avec  le  plateau. 
Pour  les  lapidaires  moyens,  M.  Denis  Poulot 
fait  le  serrage  par  des  segments  s’appliquant 
à  l’intérieur  de  l’anneau,  dont  les  diamètres 
sont  rétrécis  au  bout  en  forme  de  fond  de 
cuvette,  et  par  des  vis  qui  relient  les  seg¬ 
ments  à  une  couronne,  extérieure  faisant 
partie  du  plateau;  il  emploie  aussi  simplement  un  plateau  intérieur  conique  pressé 
contre  le  bord  de  la  meule  également  formée  en  cône;  M.  Bariquand,  dans  des  lapi¬ 
daires  horizontaux,  applique  la  base  de  l’anneau  contre  un  rebord  extérieur  du  pla¬ 
teau  au  moyen  d’espèces  de  serre-joint  à  boulon,  avec  interposition  de  plaquettes  de 
liège;  cette  disposition  simple  est  suffisante  dans  le  cas  de  lapidaires  horizontaux,  où 
la  pesanteur  n’intervient  pas  pour  excentrer  la  meule. 


Lapidaire  vertical  de  M.  Denis  Poulot. 


IGG 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


M.  Deplanque  jfils  expose  deux  lapidaires  verticaux  formés  l’un  de  deux,  l’autre  de 
trois  secteurs;  le  bord  extérieur  de  la  tranche  d’appui  des  secteurs  s’applicpie  contre  un 
rebord  du  plateau,  du  côté  intérieur  il  est  élargi  près  du  bout  en  fond  de  cuvette  et  est 
pressé  par  des  segments  poussés  par  des  vis  dont  la  tête  est  fixée  au  moyeu  du  plateau. 

D’autres  dispositions  de  meules  s’emploient  encore  dans  des  cas  spéciaux.  Si,  par 
exemple ,  il  y  a  intérêt  à  ce  que  le  diamètre  d’une  meule  travaillant  sur  le  pourtour  ne 
s’écarte  pas  d’une  certaine  valeur,  et  si  d’ailleurs  l’usure  est  très  lente,  on  peut,  comme 
le  fait  la  Société  des  agglomérés  magnésiens  dans  un  ponceur  pour  chevreau,  confec¬ 
tionner  la  meule  en  forme  de  couronne  de  quelques  centimètres  d’épaisseur  sur  la  jante 
d’une  poulie. 

Instructions  pour  1’emploi  et  l'entretien  des  meules.  —  Les  fabricants  donnent  quelques 
instructions  pour  l’emploi  et  l’entretien  des  meules;  il  peut  être  à  propos  de  rappeler 
les  principales  : 

Avoir  soin  que,  dès  sa  mise  en  marche  et  dans  tout  le  cours  du  travail,  la  meule 
tourne  rond,  pour  empêcher  des  inégalités  de  valeur  de  la  force  centrifuge  de  se  pro¬ 
duire  sur  les  différents  rayons.  Un  montage  bien  fait  peut  réaliser  cette  condition;  mais 
si  la  surface  présente  des  irrégularités,  pour  les  faire  disparaître,  éviter  de  piquer, 
tailler  ou  boucharder  la  meule  ;  se  servir  de  préférence  d’une  lame  mince  d’acier  qui 
déchausse  facilement  les  grains  touchés,  ou  mieux  d’un  diamant  noir  monté  comme 
outil  de  tour  sur  un  chariot  manœuvré  à  la  main  ou  automatiquement.  Pour  le  dressage 
au  diamant,  faire  tourner  la  meule  très  lentement,  afin  de  ne  pas  briser  le  diamant. 

Si  la  meule  se  lisse  au  cours  du  travail,  la  raviver  à  l’aide  d’une  lame  mince 
d’acier. 

Pour  produire  l’usure  aussi  régulièrement  que  possible,  dans  le  cas  d’une  meule 
dont  le  pourtour  a  ses  génératrices  rectilignes,  faire  passer  la  pièce  par  des  allées  et 
venues  devant  tous  les  points  de  la  meule,  sans  l’arrêter  à  aucun  endroit. 

Ne  pas  dépasser,  au  travail,  la  vitesse  circonférentielle  indiquée  par  le  fabricant;  il 
est  même  prudent,  malgré  les  garanties  données  par  ce  dernier,  défaire  après  le  mon¬ 
tage,  pour  les  meules  de  grand  et  de  moyen  diamètre,  une  nouvelle  épreuve  à  une  vi¬ 
tesse  double  de  la  vitesse  normale,  dans  un  endroit  isolé  et  sous  une  enveloppe  pro¬ 
tectrice. 

Tenir  à  l’abri  de  l’humidité,  et  en  dehors  du  contact  du  sol,  les  meules  destinées  au 
travail  à  sec,  et  ne  faire  marcher  à  l’eau  que  les  meules  confectionnées  spécialement 
pour  ce  genre  d’usage. 

Entretenir  toujours  sans  jeu  les  tourillons  de  l’arbre  de  la  meule  dans  leurs  coussi¬ 
nets,  pour  éviter  que,  par  la  traction  de  la  courroie  ou  la  pression  pendant  le  travail, 
la  meule  s’excentre  et  prenne  du  faux-rond. 

N’appuyer  que  légèrement  les  pièces  sur  la  meule,  la  pression  étant  complètement 
inutile  et  étant,  au  contraire,  susceptible  d’occasionner  des  accidents. 


MACHINES-OUTILS. 


167 


Autant  que  possible,  disposer  les  pièces  sur  un  appui,  sur  lequel  on  les  fait  aller  et 
venir  à  la  main  ou  automatiquement;  disposer  cet  appui  le  plus  près  possible  de  la 
meule ,  de  façon  que  les  pièces  ne  puissent  s’engager  entre  lui  et  la  meule  et  s’y  coincer, 
ce  qui  amènerait  presque  sûrement  un  accident. 

Disposer  autour  de  la  meule  une  enveloppe  en  fonte  ou  mieux  en  forte  tôle,  qui 
l’enferme  le  plus  hermétiquement  possible  ,  ne  laissant  à  découvert  que  la  partie  où  se 
fait  le  travail;  l’enveloppe  peut  être,  a  la  vérité, brisée  par  les  éclats,  mais  elle  amortira 
néanmoins  leur  force  vive  de  projection  et  les  rendra  inoffensifs. 

Chaque  jour,  avant  de  reprendre  le  travail,  inspecter  la  meule  pour  s’assurer  qu’elle 
n’a  pas  de  trace  de  fêlure. 


CONSIDERATIONS  GENERALES  SUR  LES  MACHINES  A  MEULER. 


Les  machines  à  meuler  ont  des  dispositions  très  variées,  tenant  à  ce  qu’on  a  cherché 
a  utiliser  les  meules  pour  toute  espèce  de  travaux,  empiétant  ainsi  sur  le  domaine  de 
presque  toutes  les  autres  catégories  de  machines-outils,  et  en  outre  pour  le  dressage 
et  la  rectification  des  pièces  dures  et  pour  l’affûtage  des  outils  de  tous  genres.  On  ne 
trouve  guère,  dans  les  divers  modèles,  qu’une  partie  qui  offre  des  caractères  communs 
a  un  grand  nombre  d’entre  eux,  c’est  le  support  de  la  meule  même. 

Le  plus  souvent,  le  support  de  la  meule  est  constitué  par  deux  montants  de  poupée, 
avec  paliers  à  chapeau  et  coussinets,  et  un  arbre  cylindrique.  Les  montants  font  tantôt 
corps  avec  le  bâti,  tantôt  ils  font  partie  d’une  véritable  poupée  rapportée  et  solidement 
bloquée,  ou  parfaitement  ajustée  dans  sa  coulisse  avec  une  large  surface  d’appui,  si  elle 
est  pourvue  d’un  mouvement  d’avance;  il  est  en  effet  important,  à  cause  de  la  grande 
vitesse  de  la  meule  et  parfois  de  sa  forte  masse,  qu’elle  soit  très  stable  et  soustraite 
autant  que  possible  aux  causes  de  trépidations;  ces  dernières  lui  seraient  nuisibles  plus 
peut-être  qu’à  toute  autre  espèce  d’outil,  parce  que,  comme  elle  a  une  prise  très  faible 
sur  la  matière  de  la  pièce,  toute  cause  capable  de  l’en  écarter  tant  soit  peu  provoque¬ 
rait  des  interruptions  de  travail.  Pour  la  même  raison,  l’ensemble  du  bâti  doit  être  très 
robuste,  proportionnellement  à  la  force  vive  que  peut  avoir  tout  le  système  animé  du 
mouvement  de  rotation,  afin  d’éteindre  très  vite  les  vibrations  ou  au  moins  de  réduire 
leur  amplitude  au  minimum.  En  outre,  si  la  pièce  a  un  mouvement  automatique 
d’avance  vers  la  meule,  ou  inversement,  il  faut  que  ce  mouvement  soit  très  sûr  et  ne 
puisse  donner  lieu  à  des  effets  irréguliers  de  va-et-vient. 

Les  paliers  à  coussinets  se  rapprochent  assez  par  leurs  dispositions  des  paliers  des 
arbres  de  transmission,  et  l’on  retrouve  à  peu  près  tous  les  types  employés  pour  ces 
derniers,  dont  le  principal  caractère  est  de  posséder  un  réservoir  d’huile  soit  à  l’inté¬ 
rieur,  soit  à  l’extérieur  des  coussinets;  ainsi,  tantôt  les  coussinets  sont  évidés  à  l’inté¬ 
rieur,  et  une  rondelle  fixée  à  l’arbre  ramasse  l’huile  contenue  dans  le  coussinet  infé¬ 
rieur;  tantôt  l’évidemment  est  à  l’extérieur,  et  l’huile  est  amenée  au  contact  de  l’arbre 


1G8 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


par  un  bouchon  plongeur  ou  par  capillarité  à  travers  des  étoupes,  des  bouts  de  rotin, 
des  lames  métalliques  très  rapprochées,  etc.  Pour  empêcher  l’introduction  des  pous¬ 
sières  d’émeri  entre  les  coussinets,  ceux-ci  sont  renfermés,  avec  chambres  de  sépara¬ 
tion,  dans  l’intérieur  d’une  enve¬ 
loppe  formée  par  le  palier  et  le 
chapeau  et  enserrant  l’arbre  de  très 
près;  le  palier  est  fréquemment  rap¬ 
porté  sur  les  montants ,  pour  la  fa¬ 
cilité  de  cette  disposition  particu¬ 
lière  d’ajustage.  Les  coussinets  sont 
en  bronze,  en  fonte  et  parfois  en 
régule.  L’arbre  est  maintenu  dans 
le  sens  de  sa  longueur  par  des  épau- 
lements  appuyant  contre  les  paliers, 
quelquefois  par  des  butées  en  bout 
réglables,  particulièrement  dans  le 
cas  des  lapidaires  verticaux;  dans 
certaines  machines,  il  reste  mobile 
suivant  sa  longueur  et  se  manœuvre 
à  la  main  ou  automatiquement. 

Les  arbres  verticaux  des  lapi¬ 
daires  horizontaux  sont  montés  entre 
un  palier,  dans  le  haut,  et  une  cra- 
paudine,  à  la  partie  inférieure. 

Les  arbres  des  petites  meules  sont 
quelquefois  mis  en  pointe  sur  des  vis  portées  par  les  montants  et  réglables;  il  convient 
alors  d’entretenir  les  pointes  constamment  lubrifiées  par  un  procédé  automatique;  un 
des  meilleurs  procédés  consiste  à  encastrer  dans  la  contre-pointe  un  morceau  de  bois 

creusé  pour  recevoir  la  pointe  de  l’arbre  et  disposé  en 
retrait  de  façon  que,  si  la  pointe  échappe  du  bois,  elle 
soit  encore  arrêtée  par  le  bord  de  la  contre-pointe; 
on  a  ainsi  un  frottement  très  doux,  avec  une  garantie 
suffisante  contre  la  facilité  de  dépression  du  bois. 

Telles  sont  les  formes  les  plus  ordinaires  du  mon¬ 
tage  des  arbres  de  meules.  Nous  signalerons  quelques 
exceptions  :  MM.  Sainte- Kahn  et  C'c  emploient  une 
seule  douille  cylindrique  allongée,  à  la  place  de  deux 
paires  de  coussinets,  dans  leurs  machines  à  dresser  les  surfaces  à  l’aide  d’une  meule 
travaillant  sur  la  tranche;  M.  Kreutzberger  se  sert  également,  dans  ses  machines  a  affûter 
les  fraises,  d’une  longue  douille  dans  laquelle  l’arbre  prend  appui  par  plusieurs  parties 


MACHINES-OUTILS. 


169 


en  saillie  sur  le  reste  de  la  longueur;  MM.  Brown  et  Sharpe  font  Tarbre  de  leurs  ma¬ 
chines  à  rectifier  les  pièces  cylindriques  ou  coniques  exactement  semblable  à  celui  de 
leurs  machines  à  fraiser,  c’est-à-dire  avec  un  tourillon  conique  près  de  la  meule  dans 
une  coquille  en  acier  trempé,  et  un  deuxième  tourillon  cylindrique  dans  une  douille  co¬ 
nique  fendue;  M.  Steinlen  emploie  aussi  des  arbres  à  tourillon  conique  dans  ses  ma¬ 
chines  à  affûter. 

Les  meules  se  montent  le  plus  souvent  directement  sur  Tarbre ,  entre  les  montants 
du  support  ou  en  dehors.  Toutefois  les  très  petites  meules,  qu’on  est  exposé  à  rem¬ 
placer  fréquemment,  se  rapportent  en  bout  de  Tarbre  à  Taide  d’un  porte-meule  mobile; 
celui-ci  s’engage  par  une  partie  conique  sur  l’extérieur  ou  dans  l’intérieur  d’une  partie 
correspondante  de  Tarbre;  il  a  en  outre  une  portion  filetée  à  l’inverse  du  sens  de  la 
rotation,  laquelle  est  à  filets  gais  pour  ne  pas  contrarier  le  centrage. 

On  met  quelquefois  des  meules  à  la  place  des  outils  ordinaires  sur  des  machines, 
telles  que  des  fraiseuses  et  surtout  des  tours;  certains  tours,  dits  universels,  comportent 
même  parmi  leurs  accessoires  une  monture  de  meule.  Nous  ne  jugerons  pas  ce  pro¬ 
cédé  autrement  qu’en  disant  que  c’est  vouloir  à  plaisir  la  perte  des  machines ,  car 
celles-ci  ne  sont  pas,  en  général,  suffisamment  garanties  contre  l’introduction  des  pous¬ 
sières  d’émeri  dans  les  organes;  de  plus,  les  montages  ont  rarement  l’étendue  de  sur¬ 
face  d’appui  et  la  stabilité  nécessaires  pour  résister  convenablement  à  la  grande  vitesse 
de  la  meule,  et  par  suite  ils  ne  peuvent  procurer  un  bon  travail. 

Nous  grouperons  les  machines  exposées  ainsi  qu’il  suit  : 

Machines  à  meuler  d’usage  général; 

Machines  à  dresser  les  surfaces  planes  ; 

Machines  à  rectifier  les  surfaces  cylindriques  ou  coniques; 

Machines  à  affûter  les  outils  simples; 

Machines  à  affûter  les  forets  hélicoïdaux  ou  à  langue  d’aspic  ; 

Machines  à  affûter  les  fraises  ; 

Machines  à  affûter  les  scies. 

MACHINES  À  MEULER  D’USAGE  GÉNÉRAL. 

Nous  comprenons,  sous  la  dénomination  de  machines  à  meuler  d'usage  général,  les 
machines  qui,  n’ayant  pas  de  dispositions  accessoires  spéciales,  ni  d’autres  moyens  de 
diriger  la  pièce  que  la  main  de  l’ouvrier,  se  prêtent  par  là  même  à  des  travaux  variés, 
mais  sans  qu’on  soit  en  droit  d’en  exiger,  comme  degré  de  fini  et  de  précision,  autre 
chose  que  ce  que  peut  donner  l’habileté  de  l’ouvrier.  Ce  sont  les  meules  plates,  de  toutes 
dimensions ,  montées  sur  une  poupée  rapportée  sur  le  bâti  ou  en  faisant  partie ,  com¬ 
mandées  directement  sur  Tarbre  par  poulies,  ou  par  cône  à  étages  quand,  par  suite  de 
l’usure,  le  diamètre  est  exposé  à  subir  des  variations  notables.  Le  bâti  des  grandes 
meules  doit  être  lourd;  il  est  essentiel  d’y  adjoindre  une  enveloppe  protectrice.  Les 


170 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


petites  meules  se  placent  quelquefois  sur  des  établis.  Pour  donner  appui  à  la  main  de 
l’homme,  on  adapte  généralement  au  bâti  un  support  plan  un  peu  plus  large  que  la 
meule,  réglable  en  hauteur  ou  inclinable  autour  d’un  axe  parallèle  a  celui  de  la  meule, 
afin  de  permettre  de  disposer  convenablement  les  parties  à  attaquer,  et  déplaçable 
également  le  long  de  glissières  horizontales  pour  pouvoir  être  approché  le  plus  pos¬ 
sible  de  la  meule.  On  monte  assez  fréquemment  sur  le  même  arbre  deux  meules  de 
même  nature  ou  de  grain  et  de  dureté  différents  ;  elles  sont  alors  placées  aux  extré¬ 
mités  de  l’arbre,  et  la  commande  est  entre  les  montants;  il  convient  que  chaque  meule 
ait  son  support  propre  pour  l’appui  de  la  pièce.  Certaines  machines,  notamment  parmi 
celles  destinées  à  l’affûtage  des  outils,  sont  pourvues  d’une  petite  pompe,  qui  prend 
l’eau  d’un  réservoir  ménagé  dans  le  bâti  et  l’envoie  sur  la  meule,  à  l’aide  d’un  tuyau 
terminé  par  un  distributeur  à  trous  ou  en  éventail  aplati; 

Les  lapidaires  verticaux,  disposés  comme  les  meules  plates,  avec  commande  par 
poulies,  puisque  le  diamètre  ne  varie  pas,  et  souvent  accouplés  par  deux  sur  le  même 
arbre;  le  support  de  pièce  se  trouve  alors  disposé  devant  la  tranche.  Certains  fabricants 
mettent  sur  le  même  arbre  une  meule  plate  et  un  lapidaire;  nous  croyons  que  c’est 
une  erreur,  parce  qu’alors  on  ne  peut  modifier  la  vitesse  en  raison  de  l’usure  de  la 
meule  plate  ; 

Les  lapidaires  horizontaux,  commandés  directement  sur  l’arbre  par  poulie  avec 
galets  de  renvoi  pour  la  courroie,  ou  par  poulies  et  roues  d’angles.  On  peut  les  munir 
d’un  levier  pivotant  autour  d’un  axe  vertical,  réglable  en  hauteur  le  long  d’une  tringle, 
et  servant  à  appuyer  la  pièce  sur  la  meule; 

Les  machines  à  façonner,  avec  meules  montées  au  nombre  de  cinq,  six  et  plus  sur 
le  même  arbre,  ordinairement  d’assez  petit  diamètre  et  de  faible  épaisseur,  se  façonnant 
â  des  profils  divers  pour  faire  des  moulures  variées  sur  les  pièces ,  pour  donner  la 
forme  à  certains  outils  et  notamment  aux  outils  de  menuisier,  pour  affûter  les  petites 
scies,  etc.  Elles  ne  comportent  pas  habituellement  d’accessoires,  sauf  dans  le  cas  où  on 
leur  adjoint  une  meule  ordinaire,  que  l’on  munit  d’un  support  de  pièce.  Ces  machines 
peuvent  être  légères; 

Les  machines  à  polir,  analogues  aux  précédentes,  mais  portant  seulement  deux  ou 
quatre  petites  meules,  auxquelles  on  peut  substituer  des  plateaux  en  bois  garnis  de 
buffle  et  d’émeri  collé,  ou  des  brosses  en  fil  d’acier,  en  crin  animal  ou  végétal,  que  l’on 
saupoudre  de  potée  d’émeri  ou  de  toute  autre  matière  à  polir  ou  à  lustrer; 

Les  machines  à  bâtons  ou  à  tubes  d’émeri  disposés  en  bout  de  l’arbre ,  permettant 
de  travailler  des  surfaces  concaves,  de  pénétrer  dans  tous  les  recoins  des  pièces  et  de 
faire  des  travaux  analogues  à  l’alésage. 

Nous  signalerons  ici  une  application  de  la  meule  d’émeri  faite  par  M.  Gruhier  à  un 
point  de  vue  sanitaire,  pour  éviter  que,  dans  le  dolage  des  pelleteries,  la  poussière  et 
les  déchets  de  cuir  se  répandent  dans  l’air  et  incommodent  en  particulier  l’ouvrier  qui 
fait  le  travail.  M.  Gruhier  fait  tourner  autour  d’un  axe  vertical  une  meule  en  bois 


MACHINES-OUTILS. 


171 


garnie  de  papier  ou  de  toile  d’émeri;  la  meule  est  entourée  d’un  tambour  en  tôle 
dégagé  du  côté  opposé  à  l’ouvrier,  pour  permettre  d’y  appliquer  la  pièce;  le  tambour 
est  en  relation  avec  un  ventilateur  qui  aspire  la  poussière  et  les  déchets. 

MACHINES  À  DRESSER  LES  SURFACES  PLANES. 

Les  plus  simples  des  modèles  à  dresser  les  surfaces  planes  sont  constitués  par  des 
machines  de  la  catégorie  précédente,  à  meule  plate,  dont  on  surmonte  la  meule  d’une 
table  horizontale  percée  d’une  échancrure  rectangulaire;  la  table  se  règle  en  hauteur 
au  moyen  d’une  ou  plusieurs  vis,  de  manière  que  le  dessus  de  la  meule  affleure  la  sur¬ 
face;  l’ouvrier  se  contente  de  passer  la  pièce  sur  la  meule,  en  la  maintenant  appliquée 
contre  la  table.  On  peut  ainsi  dresser  une  surface  plane  avec  une  assez  grande  exacti¬ 
tude. 

MM.  Sainte-Kahn  et  C'e  exposent  une  sorte  de  lapidaire  horizontal  renversé,  c’est-à- 
dire  dont  la  face  de  travail  se  trouve  en  dessous;  l’arbre  est  supporté  à  l’aide  d’un  levier 
à  main  avec  contrepoids  équilibrant  la  meule;  le  système  est  porté  par  un  long  bras 
horizontal  formé  de  trois  parties  articulées  sur  deux  axes  verticaux;  le  mouvement  est 
transmis  à  la  meule  par  l’intermédiaire  de  poulies  adaptées  aux  axes  d’articulation.  La 
pièce  repose  sur  une  table  montée  sur  un  pivot  vertical  réglable  en  hauteur.  Cette  dis¬ 
position  permet  à  la  fois  d’orienter  la  pièce ,  d’amener  la  meule  sur  toutes  ses  parties 
par  la  manœuvre  du  bras,  et  de  donner,  à  l’aide  du  levier,  une  pression  convenable  à 
la  meule. 

On  obtient  un  dressage  plus  certain  par  la  manœuvre  d’un  chariot  sur  lequel  on  fixe 
la  pièce.  Le  lapidaire  vertical  semble  devoir  bien  se  prêter  à  ce  mode  d’emploi,  et  nous 
en  trouvons  en  effet  plusieurs  munis  de  chariots  se  déplaçant  parallèlement  à  la  tranche 
de  la  meule  à  la  main  ou  automatiquement;  un  chariot  de  réglage,  perpendiculaire  au 
premier,  permet  d’approcher  la  pièce  de  la  meule.  Toutefois  la  pièce,  restant  trop  long¬ 
temps  au  contact  de  la  meule,  s’échauffe  jusqu’à  dépasser  le  bleu,  ce  qui  peut  être  un 
inconvénient  dans  certains  cas.  Il  est  préférable  de  faire  travailler  la  meule  par  son 
pourtour. 

Nous  avons  à  citer  les  modèles  suivants  comme  offrant  des  dispositions  particulières: 

Machines  à.  dresser  et  à  affûter  les  lames  de  cisaille.  —  La  lame  est  montée  sur  une  table 
longue  et  étroite,  à  section  en  forme  d’équerre,  pivotant  autour  d’un  axe  parallèle  à  sa 
longueur  pour  permettre  d’incliner  la  lame  suivant  l’angle  à  donner  aux  faces  de  son 
arête  coupante.  Chez  M.  Deplanque  fds,  la  table  se  manœuvre  à  la  main  à  l’aide  d’une 
barre  cylindrique  formant  Taxe  de  pivotement,  prenant  appui  sur  deux  secteurs  qui 
règlent  son  inclinaison  et  sur  des  galets  intermédiaires;  tout  le  système  du  support  est 
monté  sur  deux  barres  normales  à  Taxe  de  la  meule,  qui  servent  de  guides  pour  l’ap¬ 
procher  de  cette  dernière  par  la  manœuvre  d’une  vis.  Dans  les  machines  de  M.  Sterne 


172 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


et  de  M.  Dumortier,  la  table  est  portée  sur  deux  ou  trois  petits  chariots  transversaux, 
que  l’on  manœuvre  simultanément  au  moyen  de  vis  sans  fin  montées  sur  un  axe  com¬ 
mun,  et  le  tout  repose  sur  un  chariot  longitudinal  à  transport  automatique  et  change¬ 
ment  de  marche,  prenant  ainsi  un  mouvement  continu  de  va-et-vient  entre  des  butées 
réglées  d’après  la  longueur  de  la  lame;  pendant  que  le  mouvement  se  produit,  l’ou¬ 
vrier  agit  sur  les  chariots  transversaux  pour  approcher  la  lame  de  la  meule. 

Machine  à  clianfreiner  le  bord  des  tôles ,  de  M.  Denis  Poulot.  —  La  tôle  est  fixée  sur  la 
table  d’un  long  chariot  horizontal  à  crémaillère,  qui  reçoit  un  mouvement  automatique 
de  va-et-vient;  des  galets,  supportant  le  chariot,  rendent  le  mouvement  de  transport 
très  doux.  La  meule  est  elle-même  montée  sur  un  chariot  horizontal  normal  au  précé¬ 
dent,  que  l’ouvrier  manœuvre  à  la  main  pour  donner  l’approche.  L’axe  de  la  meule  est 
élevé  au-dessus  du  niveau  de  la  tôle ,  de  manière  que  la  meule  attaque  celle-ci  oblique¬ 
ment  d’après  l’inclinaison  à  donner  au  chanfrein;  toutefois  l’absence  de  réglage  en 
hauteur  ne  permet  pas  de  conserver  facilement  la  constance  du  degré  d’inclinaison, 
suivant  l’état  d’usure  de  la  meule. 

Machine  de  M.  Fétu-Dejize  disposée  comme  une  machine  à  raboter  et  portant  sur  sa  traverse 
une  meule  de  lapidaire  horizontal  renversé.  —  La  table  est  à  vis  et  reçoit  un  mouvement 
uniforme  de  va-et-vient  d’un  système  de  changement  de  marche  par  roues  d’angle 
égales.  La  traverse  est  très  haute  et  bien  guidée;  elle  se  règle  en  hauteur  comme  celles 
des  machines  a  raboter,  mais  se  bloque  à  une  hauteur  un  peu  supérieure  à  celle  qui 
convient  au  travail;  l’approche  de  la  meule  est  alors  produite  par  la  manœuvre  à  la 
main  de  l’arbre  même,  qui  est  enveloppé  à  sa  partie  supérieure  par  une  vis  identique  à 
celle  de  l’arbre  d’une  machine  à  percer,  et  actionne  également  celle-ci  par  l’intermé¬ 
diaire  d’une  roue  formant  écrou.  M.  Lomont  rapporte  de  même  sur  la  traverse  d’une 
machine  à  raboter  un  support  de  meule  de  lapidaire  horizontal;  le  support  reçoit  une 
poulie  de  commande  directe  à  axe  horizontal;  le  mouvement  est  transmis  à  l’arbre  de 
la  meule  par  deux  cônes  de  friction. 

Deux  machines ,  hune  de  la  Compagnie  du  Tanite,  l'autre  de  M.  Fétu-Dejize ,  ayant  la 
forme  de  machines  a  fraiser  horizontales,  avec  console-support  de  chariots  pour  le  ré¬ 
glage  en  hauteur  et  deux  chariots  horizontaux  rectangulaires,  l’inférieur  servant  au 
réglage,  le  supérieur  ayant  un  mouvement  automatique  de  va-et-vient  normalement 
à  l’arbre,  donné  soit  par  un  mécanisme  de  changement  de  marche,  soit  par  une  bielle 
reliée  au  bouton  d’un  plateau-manivelle.  La  meule  est  plate  et  allongée,  ou  tubulaire, 
selon  la  nature  des  pièces  à  dresser.  L’arbre  reçoit  d’un  excentrique  un  mouvement 
alternatif  suivant  son  axe;  il  est  soutenu  en  bout,  près  de  la  meule,  par  un  support 
muni  d’une  douille,  au  lieu  de  la  contre-pointe  ordinaire.  Le  déplacement  de  la  meule 
suivant  son  axe,  outre  qu’il  produit  la  régularité  de  son  usure,  facilite  beaucoup  son 
action  et  contribue  à  réduire  réchauffement  de  la  pièce. 


MACHINES-OUTILS. 


173 


Machine  de  M.  Fétu-Defize  à  rectifier  les  coulisses  formées  d'une  partie  circulaire .  —  Nous 
plaçons  cette  machine  ici,  parce  qu’elle  a  plus  d’analogie  avec  les  machines  à  rectifier 
les  surfaces  planes  qu’avec  celles  qui  sont  employées  habituellement  pour  rectifier  les 
surfaces  cylindriques.  La  meule  et  son  arbre  sont  disposés  d’une  façon  analogue  à  ceux 
des  machines  précédentes  et  ont  également  un  déplacement  alternatif  suivant  leur  axe. 
La  pièce  est  attachée  par  articulation  à  deux  tringles,  qui  vont  se  réunir  sur  un  même 
axe  horizontal  porté  par  un  chariot  vertical  de  réglage;  les  tringles  sont  en  deux  parties 
emmanchées  à  télescope  l’une  dans  l’autre;  on  règle  la  position  de  l’axe  commun  de 
façon  que  la  portion  circulaire  de  la  coulisse  lui  soit  concentrique.  Enfin  la  pièce  reçoit 
d’une  bielle  attachée  à  un  bouton  de  plateau-manivelle  un  mouvement  automatique  de 
va-et-vient  qui,  par  suite  de  la  disposition  précédente,  se  trouve  être  en  mouvement  de 
rotation  autour  de  l’axe  de  la  coulisse;  comme  la  pièce,  attachée  par  suspension,  pour¬ 
rait,  par  suite  de  l’entraînement  même  de  la  meule,  balloter  normalement  au  plan  de 
l’arc  de  cercle  quelle  décrit,  on  la  maintient  par  ses  deux  faces,  sans  la  serrer,  entre 
deux  mords  d’étau  qui  se  rapprochent  simultanément  à  l’aide  d’une  vis  à  deux  filetages 
inverses. 

Deux  modèles  de  grandeurs  différentes ,  de  MM.  Broum  et  Sharpe,  dont  le  principe 
consiste  à  employer  une  meule  plate,  étroite,  travaillant  par  le  pourtour,  et  à  lui  faire 
exécuter  automatiquement,  comme  à  un  outil  à  raboter,  une  succession  de  passes  dans 
des  plans  parallèles  aux  tranches  de  la  meule,  en  donnant  à  chaque  passe  une  avance 
dans  le  sens  perpendiculaire;  la  meule  ayant  une  faible  étendue  de  contact  avec  la 
pièce,  réchauffement  de  celle-ci  est  peu  à  craindre.  Le  grand  modèle  ressemble  assez  à 
une  machine  à  raboter,  dont  les  montants  sont  en  arc  de  cercle  allongé  et  munis  de 
secteurs,  le  long  desquels  la  traverse  peut  être  déplacée  pour  le  réglage  en  hauteur;  la 
traverse  porte  un  chariot  horizontal  sur  lequel  la  meule  est  montée,  son  arbre  étant 
horizontal;  la  courroie  de  commande  vient  d’un  tambour  dont  Taxe  est  le  même  que 
celui  des  secteurs  des  montants.  La  table  reçoit  d’un  mécanisme  de  changement  de 
marche  un  mouvement  alternatif  automatique;  ce  mécanisme  fait  en  même  temps  exé¬ 
cuter,  après  la  passe  dans  chaque  sens,  un  tour  à  un  plateau-manivelle  actionnant  par 
bielle,  cliquet  et  rochet  la  vis  du  chariot  porte-meule;  l’avance  peut  d’ailleurs  être 
aussi  donnée  à  ce  dernier  à  la  main. 

Le  petit  modèle  a  plutôt  l’aspect  d’une  machine  a  fraiser  à  arbre  horizontal,  le  sup¬ 
port  de  ce  dernier  pouvant  coulisser  entre  deux  montants  pour  le  réglage  en  hauteur; 
la  pièce  est  placée  sur  deux  chariots  horizontaux  rectangulaires,  le  supérieur  se  dépla¬ 
çant  automatiquement,  avec  mouvement  uniforme  et  alternatif,  parallèlement  aux  tran¬ 
ches  de  la  meule,  l’inférieur  recevant  après  chaque  passe  une  légère  avance  à  l’aide 
d’un  rochet  et  d’un  cliquet,  ce  dernier  manœuvré  par  le  levier  du  manchon  de  change¬ 
ment  de  marche;  l’avance  peut  également  être  donnée  à  la  main. 

Dans  les  deux  machines  précédentes,  tous  les  organes  des  mouvements  sont  soigneu¬ 
sement  protégés  contre  la  poussière  d’émeri. 


!7/i 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


MACHINES  À  RECTIFIER  LES  SURFACES  CYLINDRIQUES  OU  CONIQUES. 

La  machine  qui  tient  le  premier  rang  dans  cette  catégorie  et,  Ton  pourrait  dire  d’une 
manière  générale,  parmi  les  machines  de  précision,  est  le  modèle  de  MM.  Brown  et 
Sharpe,  qui  d’ailleurs  a  été  reproduit  par  la  plupart  des  meilleurs  constructeurs.  Elle 
se  construit  sur  plusieurs  types  de  grandeur,  sans  que  les  dispositions  générales  soient 


modifiées.  Le  hâti  forme  un  hanc ,  sur  lequel  se  meut  un  long  chariot  avec  mouvement 
automatique  de  va-et-vient  produit  par  un  mécanisme  de  changement  de  marche;  sur 
le  chariot  repose  une  tahle  qui  peut  tourner  autour  d’un  pivot  vertical  et  s’incliner  jus¬ 
qu’à  3°  1/2  ou  5  degrés,  suivant  les  modèles;  cette  tahle  reçoit  une  poupée  montée  sur 
plateau  pivotant  gradué  et  une  contre-poupée ,  toutes  deux  ou  la  première  seule  suppor¬ 
tant  la  pièce  à  rectifier.  Une  console  latérale,  fixée  à  hauteur  du  milieu  du  hanc,  porte 
un  chariot  se  manœuvrant  à  la  main  normalement  à  la  longueur  du  hanc  et  reçoit  la 
poupée  de  meule  fixée  dans  des  rainures  à  boulons;  la  meule  peut  être  placée  entre 
les  montants  de  la  poupée  ou  en  bout  de  l’arbre. 

Pour  rectifier  extérieurement  des  pièces  cylindriques  ou  coniques  (la  table  étant 
inclinée  dans  ce  dernier  cas),  on  fait  usage  de  la  meule  placée  entre  les  montants;  la 
pièce,  montée  entre  pointes  ou  serrée  dans  un  mandrin  sur  la  poupée  seulement,  est 


MACHINES-OUTILS. 


175 


animée  d’un  mouvement  de  rotation  de  sens  inverse  de  celui  de  la  meule  et  plus  lent; 
pendant  le  va-et-vient  automatique  du  chariot  longitudinal,  l’ouvrier  donne  de  temps 
en  temps  au  chariot  de  la  meule  une  légère  avance.  Pour  rectifier  une  tranche  plane  ou 
un  épaulement  conique,  on  fait  usage  de  la  meule  placée  en  bout  de  l’arbre;  la  pièce 
est  montée  sur  la  poupée  seule,  et  celle-ci  est  tournée  de  manière  que  son  arbre  soit 
normal  à  la  direction  du  banc  ou  fasse  avec  elle  un  angle  égal  au  demi-angle  du  cône 
à  obtenir.  La  machine  permet  encore  de  rectifier  des  logements  intérieurs  cylindriques 
ou  coniques  :  on  dispose  a  cet  effet  sur  le  chariot  de  meule,  en  avant  de  la  poupée  de  la 
grande  meule,  une  deuxième  poupée  portant  en  bout  une  meule  de  petit  diamètre, 
et  l’on  commande  son  arbre  soit  directement  par  le  renvoi,  soit  en  se  servant  comme 
intermédiaire  d’une  poulie  mise  à  la  place  de  la  grande  meule,  dont  la  poupée  reste 
en  place. 

La  machine  comporte  divers  accessoires,  entre  autres  un  support  de  lunette  à  V 
pour  maintenir  les  longues  pièces  cylindriques  contre  la  poussée  de  la  meule,  et  un 
montage  en  pointe  fixe.  Celui-ci  consiste  en  une  pointe,  qui  se  met  à  la  place  de  la 
pointe  ordinaire  et  qui  porte  une  poulie  folle  munie  d’un  double  toc;  la  courroie  se 
place  sur  la  poulie  folle ,  qui  entraîne  par  le  toc  la  pièce  montée  sur  la  pointe  ;  la  poulie 
fixe  est  bloquée  pendant  ce  temps  par  un  verrou,  pour  empêcher  l’arbre  de  tourner  : 
ce  mode  de  montage  permet  d’éliminer  les  causes  de  faux -rond  qui  peuvent  provenir 
de  l’arbre  et  même  de  la  pointe.  Tous  les  organes  essentiels  de  la  machine  sont  mis 
complètement  à  l’abri  de  la  poussière  d’émeri  :  nous  rappellerons  que  l’arbre  de  la 
meule,  ainsi  que  l’arbre  support  de  pièce,  possède  un  tourillon  conique  tournant  dans 
une  douille  en  acier  trempé  et  est  pourvu  de  moyens  complets  de  réglage  pour  sup¬ 
primer  le  jeu. 

Une  machine  de  M.  Janssens  est  disposée  spécialement  pour  rectifier  de  fortes  pièces 
cylindriques,  telles  que  tiges  de  pistons,  essieux,  etc.  La  poupée  de  la  meule  reçoit 
un  déplacement  automatique  le  long  du  banc  et  une  avance  donnée  à  la  main  dans  le 
sens  perpendiculaire;  une  grosse  barre  cylindrique,  fixée  sur  deux  montants  aux  extré¬ 
mités  du  banc,  sert  d’appui,  concurremment  avec  le  banc,  à  une  pointe  fixe  et  à  une 
contre-pointe,  qui  s’engagent  sur  elle  par  des  douilles  fendues  à  oreilles  de  serrage;  cette 
barre  sert  également  de  guide  au  chariot  longitudinal  de  la  meule.  La  pièce,  montée 
entre  les  pointes,  reçoit  un  mouvement  de  rotation  d’une  courroie  qui  est  placée  direc¬ 
tement  sur  elle,  ou  par  une  poulie  folle  avec  toc  adaptée  à  la  pointe  fixe.  Le  mouvement 
de  va-et-vient  automatique  est  donné  à  la  meule  à  l’aide  d’une  vis,  qui  peut  être  reliée 
par  un  manchon  doublement  denté  à  l’une  ou  à  l’autre  de  deux  poulies  égales  tour¬ 
nant  en  sens  contraires;  un  taquet,  porté  par  le  chariot,  manœuvre  au  moyen  de  butées 
une  tringle  adaptée  au  levier  du  manchon,  pour  produire  le  changement  de  marche. 

La  machine  exposée  par  la  Société  alsacienne  a  pour  but  la  rectification  des  pièces 
cylindriques  et  coniques,  notamment  dans  le  cas  où  la  pièce  ne  peut  pas  recevoir  de 
mouvement  de  rotation;  c’est  alors  la  meule  qui,  indépendamment  de  son  propre  mou- 


176 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


vement,  reçoit  une  rotation  autour  de  Taxe  de  la  partie  à  rectifier.  La  pièce  se  monte 
sur  une  poupée,  avec  ou  sans  le  secours  d’une  contre-poupée  disposée  sur  un  chariot  a 
crémaillère  manœuvré  à  la  main  sur  le  banc;  ce  chariot  porte  également  le  système 
des  supports  de  la  meule.  Ceux-ci  sont  constitués  par  deux  chariots  séparés  par  un  pla¬ 
teau  pivotant  gradué,  tous  deux  manœuvrables  à  la  main,  l’inférieur  normalement  au 
banc ,  le  supérieur  parallèlement  au  banc  quand  le  plateau  est  au  zéro  ;  le  dernier  re¬ 
çoit  un  appareil ,  qui  porte  un  arbre  auxiliaire  horizontal  muni  d’un  plateau  à  une  extré¬ 
mité;  sur  le  plateau  est  un  secteur  gradué,  articulé  d’une  part  à  un  pivot  horizontal, 
d’autre  part  traversé  par  une  vis  dont  les  colliers  sont  fixés  au  plateau;  l’arbre  propre¬ 
ment  dit  de  la  meule  est  adapté  au  secteur  et  se  trouve  dans  le  prolongement  de  l’arbre 
auxiliaire  quand  le  secteur  est  au  zéro,  excentré  dans  toute  autre  position  de  ce  der¬ 
nier.  On  peut  ainsi  faire  tourner  la  meule  autour  de  l’arbre  auxiliaire  d’un  mouvement 
relativement  lent  par  rapport  à  celui  qu’elle  possède  elle-même  autour  de  son  axe,  et 
atteindre  tous  les  points  de  la  circonférence  d’une  pièce  immobile,  soit  à  l’intérieur, 
soit  à  l’extérieur  de  la  pièce.  La  commande  est  donnée  a  un  cône  monté  sur  l’arbre  de 
la  poupée,  qui  est  ou  non  entraîné,  suivant  que  le  cône  est  ou  non  embrayé  avec  lui; 
elle  est  transmise  à  deux  tambours  de  diamètres  différents  disposés  sous  le  support  de 
la  meule;  l’un  des  tambours  communique  à  l’arbre  auxiliaire  un  mouvement  lent,  l’autre 
transmet  un  mouvement  rapide  à  l’arbre  de  la  meule  en  passant  par  l’intermédiaire  de 
poulies  folles,  montées  sur  l’arbre  auxiliaire  et  sur  le  pivot  du  secteur. 

Les  Ateliers  d’Oerlikon  présentent  une  machine  destinée  a  polir  et  à  canneler  les 
cylindres  en  fonte  dure  de  moulins.  Quoique  se  faisant  sur  la  même  machine ,  les  deux 
opérations  s’exécutent  séparément  et  par  des  procédés  différents.  L’outil  à  rectifier  est 
une  meule  d’émeri,  l’outil  à  canneler  est  un  outil  de  tour;  ces  deux  outils  sont  disposés 
respectivement  de  part  et  d’autre  du  cylindre,  sur  un  chariot  manœuvré  à  la  main  nor¬ 
malement  au  chariot  à  mouvement  automatique  qui  porte  le  cylindre;  celui-ci  est 
monté  sur  un  arbre  qui  peut  tourner  dans  les  paliers  de  deux  poupées  à  un  seul  mon¬ 
tant  fixées  sur  son  chariot.  Pour  le  dressage,  le  cylindre  tourne  assez  rapidement  autour 
de  son  axe  et  reçoit  le  mouvement  par  une  poulie  fixée  à  son  arbre;  le  déplacement  de 
son  chariot  est  lent,  mais  de  même  vitesse  dans  les  deux  sens.  Pour  le  cannelage,  le 
cylindre  ne  possède  qu’un  mouvement  de  rotation  correspondant  à  l’inclinaison  de  Thé- 
lice  des  cannelures  ;  le  travail  n’ayant  lieu  que  dans  un  sens ,  son  déplacement  dans  ce 
sens  est  notablement  plus  rapide  que  pour  le  dressage,  et  sa  vitesse  de  retour  est  en 
outre  accélérée.  La  commande  du  mouvement  de  transport  du  cylindre  est  donnée,  pour 
les  deux  cas,  à  des  arbres  distincts  qui  la  communiquent  a  un  arbre  unique,  par  l’inter¬ 
médiaire  d’un  mécanisme  de  changement  de  marche  à  manchon  denté  et  roues  d’angle, 
l’un,  pour  le  dressage,  par  vis  sans  fin,  l’autre,  pour  le  cannelage,  par  roue  d’angle 
avec  ou  sans  l’emploi  d’un  équipage  de  roues  auxiliaires  destiné  à  réduire  la  vitesse  de 
l’aller  par  rapport  a  celle  du  retour.  Dans  le  cannelage,  le  mouvement  héliçoïdal  du 
cylindre  est  produit  par  la  combinaison  du  transport  longitudinal  avec  une  rotation, 


MACHINES-OUTILS. 


177 


qui  lui  est  communiquée  par  un  secteur  denté  engrenant  avec  une  crémaillère  verticale 
munie  d’un  patin  à  pivot,  dans  lequel  glisse  une  règle  inclinée  participant  au  mouve¬ 
ment  de  transport  longitudinal;  le  secteur  denté  n’est  pas  fixé  directement  à  l’arbre, 
mais  à  un  manchon  concentrique,  et  la  liaison  entre  la  douille  et  l’arbre  a  lieu  par  une 
roue  calée  sur  l’arbre,  engrenant  avec  une  vis  sans  fin  dont  l’axe  est  solidaire  par  roues 
d’angle  d’un  axe  fou  adapté  au  manchon  parallèlement  à  l’arbre;  le  manchon  entraîne 
l’arbre  dans  son  mouvement  de  rotation  par  l’intermédiaire  de  l’axe  fou ,  qui  représente 
dans  ce  cas  une  poignée  de  manivelle  dont  la  branche  serait  fixée  à  l’arbre;  il  ne  pour¬ 
rait  en  effet  se  produire  d’autre  mouvement,  que  si  la  roue  de  vis  sans  fin  était  capable 
d’entraîner  la  vis;  le  manchon  et  l’arbre  tournent  donc  avec  la  même  vitesse.  Cette  dis¬ 
position  est  une  conséquence  de  l’automaticité  de  la  division  pour  le  passage  d’une  can¬ 
nelure  a  la  suivante,  laquelle  s’effectue  ainsi  qu’il  suit  :  sur  l’axe  fou  de  roue  d’angle 
est  fixé  un  rochet;  un  support  de  cliquet,  orientable  autour  de  l’axe  de  l’arbre,  se  fixe 
au  bâti  dans  la  position  convenable  pour  faire  avancer  le  rochet  du  nombre  de  dents 
voulu;  pendant  tout  le  temps  que  l’outil  à  canneler  est  vis-à-vis  du  cylindre,  le  ro¬ 
chet,  entraîné  par  le  manchon,  est  éloigné  du  cliquet,  mais  à  fin  de  course  il  vient  se 
mettre  en  prise  avec  lui  ;  la  rotation  du  rochet  se  communique  à  l’arbre  par  les  roues 
d’angle,  la  vis  sans  fin  et  sa  roue,  sans  que  la  rotation  composante  du  mouvement 
hélicoïdal  soit  interrompue.  Ce  moyen  de  produire  la  division  est  suffisant  dans  le  cas 
actuel,  sans  être  absolument  rigoureux  :  on  peut  bien  faire  en  effet  que  le  cliquet 
prenne  à  chaque  fois  le  même  nombre  de  dents  du  rochet,  mais  on  n’empêche  pas 
que  de  légers  écarts  se  produisent  par  suite  de  l’élasticité  des  butées  et  des  organes 
de  transmission  des  mouvements,  ainsi  que  du  jeu  qui  peut  exister  entre  eux. 

MACHINES  À  AFFUTER  LES  OUTILS  SIMPLES. 

Nous  entendons  par  outils  simples  ceux  qui  n’ont  qu’une  seule  arête  coupante,  tels 
que  les  outils  ordinaires  ou  profilés  de  tours,  de  raboteuses  et  de  mortaiseuses. 

Pour  affûter  les  outils  profilés,  dont  il  forme  ses  fraises  en  bout,  M.  Steinlen  se  sert 
d’une  meule  en  grès  travaillant  sur  la  tranche.  L’outil  est  encastré  dans  un  appareil,  dans 
lequel  il  prend  appui  par  deux  faces  voisines;  l’appareil  est  disposé  sur  un  système  de 
deux  chariots  rectangulaires  se  manœuvrant  à  la  main,  l’inférieur  étant  parallèle  à  la 
tranche  de  la  meule,  et  il  s’oriente  sur  le  chariot  supérieur  à  la  fois  autour  d’un  axe 
horizontal  et  d’un  axe  vertical,  de  manière  à  présenter  l’outil  dans  des  positions  conve¬ 
nables  pour  l’affûtage  du  tranchant  principal  et  celui  du  biseau  latéral;  une  vis  de  butée 
règle  l’avance  du  chariot  supérieur  contre  la  meule,  afin  d’assurer  sur  les  divers  outils 
l’uniformité  des  positions  respectives  des  deux  faces  affûtées. 

MM.  Brown  et  Sharpe  adjoignent  à  leur  machine  à  affûter  les  fraises  un  appareil 
permettant  l’affûtage  des  outils  de  tour  :  l’appareil  se  monte  sur  une  barre  cylindrique 
parallèle  à  l’arbre  de  la  meule,  sur  laquelle  il  peut  pivoter,  se  déplacer  longitudinale-* 


Groupe  VI.  —  iv. 


178 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


ment  ou  se  fixer  par  un  serrage  à  oreilles  fendues;  il  possède,  sur  un  axe  normal  a  la 
barre,  un  plateau  circulaire  gradué,  surmonté  d’un  petit  chariot  à  levier;  le  chariot 
porte  le  support  d’outil  monté  sur  un  axe  normal  à  la  direction  de  son  déplacement  et 
situé  dans  son  plan  ;  l’encastrement  de  l’outil  est  normal  au  pivot  et  reçoit  au  besoin  des 
coussinets  à  la  section  de  la  tige.  Par  les  deux  mouvements  de  pivotement  autour  des 
axes  du  support  et  du  plateau  circulaire,  on  peut  orienter  l’outil  pour  présenter  une 
de  ses  faces  à  la  tranche  ou  au  pourtour  de  la  meule,  et  par  les  mouvements  sur  la 
barre,  on  en  opère  le  dressage.  Toutefois  ce  procédé  manque  de  repères  certains 
pour  reproduire  constamment  les  mêmes  formes  sur  le  même  outil  ou  sur  des  outils 
différents. 

M.  Sellers  s’est  proposé  d’affûter  mécaniquement  les  outils  de  tour,  de  raboteuse  et 
de  mortaiseuse,  quelles  que  soient  leur  destination  et  leur  forme  spéciale,  pourvu  que 
dans  celle-ci  n’entrent  pas  de  parties  concaves.  L’avantage  de  ce  procédé  est,  comme 
nous  l’avons  déjà  dit,  de  reproduire  toujours  des  formes  identiques  pour  le  même  outil 
ou  pour  des  outils  destinés  au  même  travail,  d’assurer  le  bon  fonctionnement  et  la 
conservation  des  outils  par  suite  de  leur  rigoureuse  conformité  avec  les  conditions  théo¬ 
riques,  de  faciliter  leur  mise  en  place  et  d’en  abréger  la  durée.  M.  Sellers  se  sert  d’une 
meule  de  grand  diamètre,  dont  le  profil,  au  pourtour,  offre  un  angle  de  yo  degrés  à 
faces  égales;  Tune  ou  l’autre  face  est  employée  pour  le  travail,  selon  quelle  se  prête 
mieux  à  l’opération  à  exécuter;  un  fort  jet  d’eau  alimenté  par  une  pompe  arrose  les 
points  touchés  par  l’outil.  Tous  les  mouvements  de  l’outil  se  font  à  la  main;  l’ensemble 
de  ses  supports  comprend  à  partir  du  bas  :  un  chariot  vertical  en  partie  équilibré,  se 
manœuvrant  à  l’aide  d’un  levier;  deux  chariots  horizontaux  rectangulaires,  de  directions 
respectivement  parallèles  aux  plans  verticaux  tangents  aux  deux  biseaux  de  la  meule, 
se  manœuvrant  par  des  manivelles;  un  plateau  circulaire  gradué  à  axe  vertical,  ajusté 
avec  un  peu  de  frottement  dans  son  logement,  de  façon  à  se  maintenir  à  la  position 
pour  laquelle  on  Ta  réglé;  un  manchon  à  axe  horizontal  susceptible  d’osciller  autour 
d’un  axe  parallèle  adapté  dans  le  haut  de  la  masse  du  plateau  circulaire,  mais  appuyé 
ordinairement  sur  un  point  du  plateau  par  un  contrepoids  suffisant  pour  ne  lui  per¬ 
mettre  de  céder  que  sous  une  pression  exagérée  de  travail;  dans  le  manchon,  un  cy- 
lind  re  avec  embase  graduée,  ajusté  aussi  à  frottement  et  percé,  suivant  son  axe,  d’un 
trou  de  section  carrée  dans  lequel  se  placent  les  différents  porte-outils  à  employer  sui¬ 
vant  le  genre  d’opération  à  effectuer. 

Les  divers  genres  d’opérations  d’affûtage  se  ramènent  à  quatre,  savoir  :  i°  dressage 
d’une  des  faces  de  la  tige  de  Toutil  d’après  une  face  voisine ,  pour  assurer  par  ces  deux 
faces  la  régularité  d’appui  dans  les  mises  en  place  successives  de  Toutil;  2°  affûtage 
des  parties  planes  contribuant  à  former  le  tranchant  des  outils  droits ,  c’est-à-dire  dont 
la  pointe  se  trouve  sensiblement  dans  la  direction  de  la  tige;  3°  affûtage  des  parties 
planes  du  tranchant  des  outils  en  forme  de  crochet,  c’est-à-dire  dont  la  pointe  est  dans 
une  direction  voisine  de  la  normale  à  celle  de  la  tige;  k°  affûtage  des  parties  convexes 


MACHINES-OUTILS. 


179 


des  outils  à  tranchant  courbe.  L’outil  se  fixe  sur  chaque  porte-outil,  en  s’appuyant  sui 
les  deux  faces  de  la  tige  constituées  à  la  première  opération.  Un  outil  dont  la  pointe 
n’est  formée  que  de  parties  planes  peut  s’affûter  complètement  avec  l’emploi  d’un  seul 
porte-outil  et  sans  démontage  ,  par  l’orientement  successif  de  chaque  partie  autour  des 
axes  du  plateau  circulaire  et  du  manchon,  de  manière  à  l’amener  a  être  parallèle  a  l’un 
des  plans  verticaux  tangents  aux  deux  biseaux  de  la  meule  ;  à  l’aide  des  deux  chariots 
horizontaux,  on  approche  l’outil  contre  la  meule,  en  fixant  d’abord  au  besoin  le  chariot 
vertical  au  moyen  d’un  verrou,  de  façon  que  la  pointe  se  trouve  dans  le  plan  hori¬ 
zontal  de  l’axe  de  la  meule,  et  à  l’aide  du  chariot  vertical  (qu’on  a  libéré),  on  produit 
un  mouvement  de  va-et-vient  qui  dresse  l’outil  suivant  un  plan.  Les  angles  d’orienta¬ 
tion,  rapportés  aux  zéros  des  graduations  du  plateau  circulaire  et  du  manchon,  sont  in¬ 
diqués  à  l’ouvrier,  pour  chaque  espèce  d’outil,  par  un  tableau  très  complet  disposé  a 
hauteur  de  ses  yeux;  pour  que  l’ouvrier  n’ait  pas  d’hésitation,  l’outil  est  représenté  sur 
le  tableau  par  la  forme  de  sa  pointe  en  grandeur  naturelle  avec  indication  des  dimen¬ 
sions  principales. 

Dans  le  cas  où  la  pointe  comprend  des  parties  planes,  comme  le  dessus,  et  des 
parties  convexes,  comme  le  devant  et  les  côtés,  on  est  obligé  de  faire  deux  montages 
sur  deux  porte-outils  différents.  Pour  le  façonnage  des  parties  convexes,  on  fait  inter¬ 
venir  l’oscillation  du  manchon  autour  de  l’axe  horizontal  supérieur  et  une  came  disposée 
dans  un  plan  normal  à  l’axe  du  manchon  et  s’appuyant  contre  un  disque  fixé  dans  le  même 
plan  sur  le  plateau  circulaire;  on  assimile  la  partie  convexe  à  un  conoïde  dont  l’axe  serait 
sensiblement  l’axe  du  manchon;  il  s’agit  de  placer  l’outil  de  façon  que  ces  deux  axes  se 
trouvent  en  coïncidence.  Prenons,  par  exemple,  un  outil  droit  :  il  se  place,  par  construc¬ 
tion,  dans  son  encastrement  sur  le  porte-outil,  de  façon  que  sa  tige  soit  normale  à  l’axe 
du  manchon;  pour  régler  la  position  de  la  pointe,  on  le  dispose  horizontalement  en 
mettant  aux  zéros  la  graduation  du  manchon  et  une  graduation  circulaire  adaptée  au 
porte-outil,  et  on  fait  buter  la  pointe  contre  une  plaque  qui  se  place  sur  le  porte-outil 
a  un  numéro  de  la  graduation  indiqué  par  le  tableau;  il  reste  à  orienter  le  plateau 
circulaire,  pour  donner  l’angle  de  coupe,  et  à  approcher  l’outil  d’un  des  biseaux  de  la 
meule;  on  lui  donne  un  mouvement  de  rotation  autour  de  l’axe  du  manchon,  en  même 
temps  qu’on  produit  un  léger  va-et-vient  du  chariot  vertical;  la  came  du  manchon,  ap¬ 
puyant  contre  le  disque,  qui  est  fixe  relativement  a  elle,  provoque  l’oscillation  du  man¬ 
chon,  en  faisant  prendre  à  la  pointe  de  l’outil  la  forme  voulue.  Pour  d’autres  formes 
d’outil,  on  peut  avoir  à  faire  le  réglage  en  partant  d’une  position  de  la  tige  inclinée  sur 
l’horizon;  le  tableau  donne  l’angle  à  employer  sur  la  graduation  circulaire  du  porte- 
outil.  Enfin  la  came  peut  être  taillée  par  la  meule  même  sur  le  porte-outil  précédent, 
avec  l’aide  d’un  outil  type  que  l’on  fait  appuyer  sur  une  plaque  verticale,  pendant  que 
la  came  porte  contre  la  meule,  le  disque  étant  naturellement  ôté. 


180 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


MACHINES  A  AFFUTER  LES  FORETS  HELICOÏDAUX  ET  LES  FORETS 
À  LANGUE  D’ASPIC. 

Nous  appellerons  poinle  du  foret  l’ensemble  de  la  surface  terminale  comprenant  toute 
la  partie  coupante,  et  sommet  de  la  pointe  l’extrémité  voisine  de  Taxe. 

L’affûtage  dun  foret  hélicoïdal  comprend  deux  opérations  distinctes  :  l’affûtage  de 
l’arête  coupante  de  l’extrémité  de  chaque  rainure  en  hélice,  et  celui  du  sommet  de  la 
pointe.  Nous  examinerons  successivement  ces  deux  opérations. 

Affûtage  de  T  arête  coupante.  —  On  donne  ordinairement  à  la  section  de  la  rainure 
une  forme  telle,  que  l’arête  coupante  sur  la  pointe  soit  sensiblement  une  ligne  droite 
rencontrant  Taxe  du  foret  ou,  plus  souvent,  passant  légèrement  en  dehors  (cas  général 
des  forets  à  langue  d’aspic).  Dans  le  premier  cas,  la  surface  de  révolution  enveloppe 
de  la  pointe,  c’est-à-dire  celle  qu’elle  découperait  dans  la  matière  en  supposant  que 
l’avance  du  foret  fût  nulle,  est  un  cône;  dans  le  deuxième  cas,  c’est  un  hyperboloïde 
à  une  nappe.  Négligeons,  pour  un  instant,  l’avance  du  foret;  la  question  de  l’affûtage 
revient  à  former  à  l’intérieur  de  cette  surface  une  ou  plutôt  deux  autres  surfaces  telles, 
que  chaque  section,  par  un  plan  normal  à  Taxe  du  foret,  fasse  à  son  origine  sur  Tarête 
un  angle  de  3  à  li  degrés  environ  avec  la  section  de  la  surface  enveloppe,  le  reste  de  la 
section  étant  suffisamment  en  retrait  sur  cette  dernière  pour  que  le  foret  ne  talonne 
pas.  Les  solutions  à  adopter  sont  différentes,  suivant  que  la  surface  enveloppe  est  un 
cône  ou  un  hyperboloïde,  puisque  les  tangentes  aux  sections  du  premier  par  les  plans 
que  nous  considérons  aux  divers  points  de  Tarête  sont  parallèles,  et  qu’elles  ne  le  sont 
pas  dans  les  mêmes  sections  du  deuxième. 

La  surface  enveloppe  étant  un  cône,  on  peut  adopter,  comme  surface  la  plus  simple 
de  dégagement  ou  de  dépouille,  un  cylindre  ou  un  cône  tangent  à  un  plan  qui  fe¬ 
rait  avec  le  plan  tangent  au  cône  enveloppe,  suivant  la  génératrice  de  Tarête,  un 
angle  a  déterminé  par  la  relation  tga  =  ^^,  (p  étant  le  demi-angle  d’ouverture  du 
cône  enveloppe.  Le  nombre  de  cônes  et  de  cylindres  qu’on  peut  employer  est,  théori¬ 
quement,  illimité;  leurs  axes  se  trouvent  dans  le  plan  mené  par  Tarête  et  faisant  un 
angle  égal  à  900—  a  avec  le  plan  tangent  au  cône  enveloppe  suivant  Tarête;  les  axes  des 
cylindres  sont  parallèles  à  Tarête,  mais  ceux  des  cônes  peuvent  faire  avec  elle  un  angle 
quelconque;  toutefois,  clans  la  pratique,  la  position  de  Taxe  est  subordonnée  à  certaines 
conditions  :  il  faut  que  la  surface  de  dégagement  ne  recoupe  pas  le  cône  enveloppe  sur 
l’épaisseur  de  la  cloison  dont  fait  partie  Tarête  dans  l’intervalle  compris  entre  les  deux 
extrémités  de  Tarête,  afin  d’éviter  le  tâtonnement;  d’autre  part,  il  faut  qu’elle  ne  se  rap¬ 
proche  pas  trop  de  Taxe  du  cône  enveloppe,  pour  ne  pas  trop  affaiblir  la  cloison; 
enfin  on  doit  remarquer  que  si  Taxe  du  cône  de  dégagement  (en  négligeant  toujours 
l’avance  du  foret)  rencontre  la  génératrice  de  Tarête  en  deçà  du  sommet  de  la  pointe, 


MACHINES-OUTILS. 


181 


ce  dernier  sera  compris  dans  la  deuxième  nappe  et  disparaîtra  par  l’affûtage.  On  cherche 
habituellement  à  réaliser  ce  dernier  effet,  qui  donne  a  l’extrémité  de  la  pointe  une 
forme  aplatie,  avec  une  arête  obtuse  peu  coupante,  il  est  vrai,  mais  pourtant  préférable 
a  un  cône  plein,  ou  plutôt  aux  deux  portions  de  cônes  pleins  qui  subsisteraient  dans 
le  cas  contraire. 

Si  la  surface  enveloppe  est  un  hyperboloïcle,  on  ne  peut  plus  trouver  de  cylindre,  ni 
de  cône  satisfaisant  a  la  condition  que  son  plan  tangent  suivant  la  génératrice  de  l’arête 
fasse  un  angle  constant  avec  le  plan  tangent  à  l’enveloppe  le  long  de  l’arête,  puisque 
ce  dernier  plan  est  variable;  on  est  amené  à  prendre  également  une  surface  voisine 
d’un  hvperboloïde  pour  la  surface  de  dégagement.  Remarquons  que  les  moyens  dont 
on  dispose  pour  obtenir  cette  surface  avec  l’emploi  de  la  meule  résident  à  peu  près 
uniquement  dans  le  contact  tangentiel  d’un  plan,  d’un  cylindre  ou  d’un  cône,  suivant 
qu’on  veut  se  servir  de  la  tranche,  du  pourtour  cylindrique  ou  d’un  biseau  conique  de 
la  meule;  ces  moyens  ne  peuvent  donner  une  surface  exacte  d’hyperboloïde;  le  plan 
est  même  à  écarter  complètement  ;  toutefois  on  peut  avoir  une  approximation  suffisante, 
en  se  servant  de  petites  meules  cylindriques  ou  coniques,  qui  seraient  censées  travailler 
par  une  génératrice  du  pourtour,  et,  mieux  encore,  d’une  meule  à  biseau,  qui  travaille¬ 
rait  par  son  arête  circulaire  et  a  laquelle  on  donnerait  un  déplacement  rapide  perpen¬ 
diculairement  à  son  axe  ;  on  tracerait  ainsi  successivement  chaque  génératrice  de  la 
surface.  Quant  à  la  nature  et  à  la  position  de  cette  dernière,  on  se  la  représente  faci¬ 
lement  de  la  façon  suivante  :  considérons  l’arête  coupante  dans  une  de  ses  positions 
sur  Thyperboloïde  enveloppe,  les  plans  tangents  à  celui-ci  aux  deux  extrémités  de 
l’arête,  et  le  plan  tangent  en  un  point  intermédiaire  de  l’arête  ayant  une  inclinaison 
moyenne  entre  les  deux  précédents;  calculons,  comme  plus  haut,  l’angle  a  que  devrait 
faire  avec  ce  plan  moyen  le  plan  tangent  au  même  point  de  la  surface  de  dégagement; 
si  nous  avons  déterminé  un  byperboloïde  tangent  à  Thyperboloïde  enveloppe  tout  le 
long  de  l’arête,  nous  ne  commettrons,  dans  les  conditions  de  faible  longueur  et  de 
position  peu  excentrique  de  Tarête,  qu’une  erreur  du  deuxième  ordre,  et  qui  sera  cer¬ 
tainement  dans  les  limites  de  tolérance  admises  pour  la  valeur  de  l’angle  de  coupe,  en 
prenant  pour  surface  de  dégagement  cet  hyperboloïde ,  après  l’avoir  fait  tourner  de 
l’angle  a  autour  de  Tarête.  Nous  n’avons  plus  alors  qu’à  déterminer  les  hyperboloïdes 
que  Ton  peut  tracer  tangentiellement  à  Thyperboloïde  enveloppe  tout  le  long  de  Tarête  ; 
or,  les  normales  aux  plans  tangents  à  Thyperboloïde  enveloppe  le  long  de  Tarête  sont 
normales  à  celle-ci  et  par  suite  parallèles  à  un  plan  directeur;  elles  constituent  une  des 
deux  séries  de  génératrices  d’un  paraboloïde  hyperbolique,  dont  la  deuxième  série 
comprendrait  Tarête  elle-même  et  Taxe  dè  Thyperboloïde  enveloppe,  qu’elles  ren¬ 
contrent  toutes;  on  voit  alors  que  toutes  les  génératrices  de  la  deuxième  série  peuvent 
être  prises  pour  axes  des  hyperboloïdes  cherchés,  puisqu’elles  sont  toutes  rencontrées 
par  les  normales  aux  plans  tangents  le  long  de  Tarête;  Tarête  elle-même  et  Taxe  de 
Thyperboloïde  enveloppe  ne  sont  que  des  solutions  particulières  de  la  question.  Il  y  a 


182 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


lieu  toutefois,  pour  le  choix  de  Taxe,  de  faire  des  réserves  analogues  à  celles  faites 
dans  le  cas  du  cône  enveloppe;  si,  au  lieu  du  point  où  Taxe  du  cône  de  dégagement 
rencontre  l’arête,  on  considère  le  point  de  l’axe  de  Thyperboloïde  situé  sur  sa  nor¬ 
male  commune  avec  l’arête,  ce  point  pourra  se  trouver  au  delà  du  sommet  de  la  pointe, 
tout  en  permettant  à  la  surface  de  dégagement  de  recouper  ce  dernier,  pourvu  que,  dans 
une  section  droite  de  Thyperboloïde  passant  par  le  sommet,  la  distance  de  celui-ci  à  Taxe 
soit  supérieure  à  la  distance  au  même  axe  du  point  où  le  plan  de  section  coupe  l’arête. 

Nous  avons,  jusqu’ici,  négligé  l’avance  du  foret;  par  suite  de  cette  avance,  l’arête 
coupante  décrit,  en  réalité,  dans  la  matière  à  percer  un  héliçoïde  qui  est,  dans  le  cas 
où  l’arête  rencontre  Taxe  du  foret,  une  surface  de  vis  à  filet  triangulaire;  tout  en  tour¬ 
nant,  la  génératrice  méridienne  de  la  surface  enveloppe,  considérée  jusqu’ici,  se 
déplace  parallèlement  à  elle-même  dans  la  direction  de  Taxe;  il  faut  donc  que  les  sec¬ 
tions  successives  de  la  surface  de  dégagement,  suivant  les  mêmes  méridiens,  aient,  de 
ce  seul  fait,  un  retrait  au  moins  égal,  retrait  qui  a  la  même  valeur  en  tous  les  points 
d’une  section  méridienne;  or,  l’affûtage  autour  d’un  axe  parallèle  à  Tarête  coupante 
ou  incliné  sur  elle  produit  un  retrait  inégal  aux  divers  points  de  chaque  méridienne; 
si  Ton  considère  des  sections  faites  normalement  à  Taxe  du  foret  dans  l’héliçoïde  et 
dans  la  surface  de  dégagement  déterminée  comme  précédemment,  comme  l’avance  du 
foret  par  tour  peut  être  de  quelques  dixièmes  de  millimètre,  on  voit  que,  notamment 
dans  le  voisinage  du  sommet,  la  section  de  Théliçoïde  sera  intérieure  à  celle  de  l’autre 
surface.  Il  ne  suffirait  même  pas  de  tracer  la  surface  de  dégagement  en  augmentant  la 
valeur  de  l’angle  de  coupe  :  le  seul  moyen  qui  nous  paraisse  pratiquement  sûr,  pour 
tenir  compte  de  l’avance,  est  de  combiner  dans  l’affûtage  les  deux  surfaces,  c’est-à-dire 
de  donner  au  foret  un  mouvement  d’avance  suivant  son  axe,  pendant  qu’on  le  fait 
tourner  autour  de  l’autre  axe  déterminé  comme  nous  l’avons  vu  ci-dessus. 

Quelque  théoriques  que  soient  les  considérations  qui  précèdent,  elles  ont  pourtant 
une  certaine  valeur  au  point  de  vue  du  rendement  des  outils;  nous  voyons  d’ailleurs 
que  les  constructeurs  ont  cherché  à  s’y  conformer,  mais  par  des  procédés  assez  diffé¬ 
rents.  Nous  signalerons,  dans  l’examen  de  chaque  procédé,  les  points  par  lesquels  il 
nous  semble  pécher,  en  nous  aidant  précisément  des  considérations  que  nous  venons 
d’exposer  et  qui  nous  permettront  de  simplifier  considérablement  notre  étude. 

Dans  toutes  les  machines  à  affûter  les  forets,  Tarbre  de  la  meule  est  horizontal; 
MM.  Smith  et  Coventry  et  la  Société  alsacienne  font  le  dégagement  cylindrique  :  ils 
placent  Tarête  coupante  à  peu  près  en  contact  avec  une  génératrice  du  pourtour  d’une 
meule  cylindrique,  et  ils  donnent  au  foret  un  mouvement  de  rotation  autour  cl’un  axe 
parallèle  à  cette  génératrice  et  situé  à  une  très  petite  distance  d’elle.  Dans  ce  procédé, 
il  n’est  pas  tenu  compte  de  divers  points  :  le  retrait  correspondant  à  l’avance  du  foret, 
et  la  direction  même  de  Tarête  coupante  qui  passe  en  dehors  de  Taxe.  Il  résulte,  en 
particulier,  de  la  dernière  circonstance  que,  l’affûtage  étant  fait  comme  si  Tarête  cou¬ 
pante  rencontrait  Taxe,  le  dégagement  sur  Tarête  même  est  moindre  qu’il  n’est  à 


MACHINES-OUTILS. 


183 


quelque  distance  en  arrière  d’elle,  et  il  faut,  par  suite,  donner  au  dégagement  une 
inclinaison  assez  forte  pour  que  le  foret  ne  talonne  pas  près  de  l’arête. 

Dans  la  machine  de  la  Société  alsacienne,  le  foret  est  centré  dans  une  sorte  de 
mandrin  expansible  formé  de  quatre  secteurs  allongés,  terminés  aux  deux  bouts  par 
une  partie  conique  qui  se  serre  dans  la  douille  du  support;  on  passe  d’une  lèvre  à 
l’autre  en  tournant  la  douille  de  180  degrés,  les  deux  positions  étant  assurées  par  un 
verrou;  le  foret  est  incliné  sur  l’axe  de  la  meule  à  l’angle  du  cône  moyen  de  la  pointe, 
de  manière  que  l’arête  touche  une  génératrice  de  la  partie  inférieure  du  pourtour 
cylindrique  de  la  meule.  Le  support  du  foret  comprend  un  chariot  vertical  pour  l’ap¬ 
proche  du  foret  contre  la  meule  et,  sur  ce  chariot,  un  secteur  denté  se  manœuvrant  à 
l’aide  d’une  vis  sans  fin  autour  d’un  axe  parallèle  à  celui  de  la  meule  et  situé  très  près 
de  la  génératrice  de  contact;  la  douille  contenant  le  foret  se  fixe  sur  le  secteur  denté 
par  des  boulons  engagés  dans  deux  rainures,  qui  permettent  de  placer  l’arête  coupante 
d’une  quantité  variable  en  dehors  du  plan  des  axes  de  la  meule  et  du  secteur,  suivant 
la  valeur  a  donner  au  dégagement.  L’affûtage  d’une  lèvre  se  fait  en  tournant  le  secteur 
de  la  main  droite  sur  son  axe  à  l’aide  de  la  vis  sans  fin  et  donnant  en  même  temps  de 
la  main  gauche  à  la  meule  un  mouvement  de  va-et-vient  suivant  son  axe. 

La  machine  de  MM.  Smith  et  Coventry  possède  une  meule  cylindrique  en  grès.  Le 
foret  se  serre  près  de  la  pointe  par  pression  contre  un  demi-coussinet  mobile  qui  a 
exactement  son  diamètre,  et  il  est  maintenu  à  l’arrière  par  une  contre-pointe  montée 
sur  une  douille  qui  se  tourne  de  180  degrés  pour  le  changement  de  lèvre  et  qui  est 
portée  par  une  petite  poupée  réglable  suivant  la  direction  du  foret;  l’ensemble  de  ces 
deux  supports  du  foret  repose  sur  une  semelle  munie  d’une  poignée  de  manœuvre  et 
disposée  à  une  hauteur  telle,  que  le  foret  vienne  toucher  le  pourtour  de  la  meule  dans 
un  des  quadrants  supérieurs;  la  semelle  pivote  autour  d’un  axe  horizontal  parallèle  à 
la  génératrice  de  contact  de  la  meule,  très  voisin  de  cette  génératrice,  à  une  distance 
d’ailleurs  réglable  à  l’aide  cl’une  coulisse  graduée.  Enfin  cet  axe  est  porté  par  un  sys¬ 
tème  de  deux  chariots,  l’un  parallèle  à  Taxe  de  la  meule,  l’autre  perpendiculaire  et 
incliné  à  A 5  degrés  sur  l’horizon;  le  dernier  sert  pour  approcher  le  foret  de  la  meule, 
le  premier  pour  lui  donner  de  la  main  gauche  un  mouvement  de  va-et-vient  le  long 
de  la  meule,  pendant  que  de  la  main  droite  on  fe  fait  pivoter  autour  de  l’axe  de  la  se¬ 
melle  en  soulevant  celle-ci  à  l’aide  de  sa  poignée. 

M.  Demoor  fait  un  dégagement  sensiblement  en  forme  d’hyperboloïde ;  il  l’obtient 
par  la  combinaison  de  deux  mouvements  de  rotation  du  foret,  l’un  autour  de  son  axe, 
qui  reste  horizontal,  l’autre  autour  d’un  axe  vertical  passant  en  arrière  du  sommet  de 
la  pointe  et  rencontrant  le  premier;  la  composition  des  mouvements  autour  de  ces 
deux  axes  équivaut  à  peu  près,  vu  la  faible  amplitude  de  la  rotation  autour  de  Taxe 
vertical,  à  une  rotation  autour  d’un  axe  légèrement  oblique  sur  l’horizon.  L’affûtage  se 
faisant  sur  le  pourtour  d’une  meule  cylindrique,  cet  axe  serait  donc  celui  d’un  hyper- 
holoïde  pour  la  génératrice  moyenne  parmi  celles  de  la  meule  touchées  par  le  foret. 


1 84 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


lesquelles  sont  horizontales  et  d’ailleurs  très  rapprochées;  la  surface  obtenue  se  rap¬ 
proche  de  la  forme  de  dégagement  théorique,  autant  que  cela  est  possible  avec  l’emploi 
d’une  meule  cylindrique;  toutefois  il  n’est  pas  tenu  compte  du  retrait  correspondant  a 
l’avance  pendant  le  perçage,  au  moins  d’une  façon  nettement  indiquée.  Le  foret  est 
monté  par  sa  tige  conique  dans  une  douille  fendue  avec  bague  de  serrage  et  supporté 
à  l’avant  par  une  poupée  à  V  réglable  en  hauteur;  le  changement  de  lèvre  se  fait  par 
rotation  de  la  douille  de  180  degrés.  Le  support  de  la  douille  fait  partie  d’un  plateau 
mobile  autour  de  Taxe  vertical  passant  en  arrière  du  sommet  de  la  pointe  du  foret,  et 
l’ensemble  repose  sur  deux  chariots  horizontaux  rectangulaires,  l’inférieur  servant  à 
Rapproche  contre  la  meule,  le  supérieur  recevant  par  bielle,  d’un  bouton  de  manivelle, 
un  mouvement  automatique  de  va-et-vient  devant  la  meule.  Les  deux  rotations  du 
foret  autour  de  son  axe  et  de  Taxe  vertical  sont  produites  par  un  seul  mouvement 
donné  à  la  douille  a  l’aide  d’un  levier;  à  cet  effet,  une  roue  d’angle  fixée  à  la  douille 
mène  une  deuxième  roue  adaptée  au  plateau  horizontal;  la  dernière  porte  un  bouton 
de  manivelle  relié  par  bielle  à  un  pivot  fixé  à  la  table  sur  laquelle  repose  le  plateau  ; 
celui-ci  est  donc  obligé  de  se  mouvoir  en  sens  inverse  du  bouton  de  manivelle;  on  peut 
meme  régler  la  quantité  de  déplacement  du  plateau  et  sa  vitesse  aux  différents  instants 
par  l’excentricité  et  la  position  initiale  du  bouton.  La  position  de  l’extrémité  de  la 
pointe  du  foret  en  avant  de  Taxe  vertical  est  déterminée  à  l’aide  d’un  calibre  de  ré¬ 
glage.  Une  butée  limite  l’approche  du  chariot  de  réglage  contre  la  meule,  afin  d’assu¬ 
rer  l’identité  de  forme  des  deux  lèvres. 

M.  Kreutzberger  et  M.  Sterne  donnent  au  dégagement  la  forme  approchée  cl’une 
surface  de  vis  à  filet  triangulaire,  par  des  mouvements  simultanés  de  rotation  du  foret 
autour  de  son  axe  et  d’avance  suivant  cet  axe,  le  premier  au  moyen  d’une  vis  dont  Taxe 
prolonge  celui  du  foret,  le  deuxième  au  moyen  d’une  came  montée  sur  la  douille  porte- 
foret;  la  pointe  du  foret  appuie  sur  le  pourtour  d’une  meule  cylindrique.  La  surface 
obtenue  est,  en  réalité,  l’enveloppe  des  positions  du  cylindre  de  la  meule,  pendant  que  le 
foret  reçoit  le  mouvement  hélicoïdal;  ces  positions  se  recoupent  sur  Taxe,  qu’elles  ro¬ 
gnent  successivement,  de  sorte  que  le  sommet  du  foret  est  déterminé  par  son  dernier 
élément  de  contact  avec  la  meule  et  que  l’ouverture  de  la  pointe  est  plus  obtuse  près 
de  l’arête  coupante  qu’à  l’arriére,  ce  qui  rapproche  les  conditions  de  ce  mode  d’affû¬ 
tage  de  ceux  que  nous  avons  déjà  examinés;  le  dégagement  sur  l’arête  coupante  est 
d’ailleurs  toujours  moindre  qu’à  l’arrière,  parce  qu’il  n’est  pas  tenu  compte  de  sa  posi¬ 
tion  en  dehors  de  Taxe.  Dans  les  deux  machines,  le  porte-foret  peut  osciller  autour  d’un 
axe  horizontal,  qui  sert  à  amener  l’arête  coupante  à  être  horizontale;  le  support  repose 
sur  un  système  de  deux  chariots  horizontaux  rectangulaires  et  d’un  plateau  circulaire  à 
axe  vertical;  le  foret  étant  orienté  devant  la  meule  et  Tarête  de  la  lèvre  mise  au  con¬ 
tact,  on  fait  tourner  le  foret  sur  son  axe,  pendant  qu’on  le  fait  aller  et  venir  le  long 
de  la  meule.  M.  Sterne  monte  le  foret  dans  une  douille  de  centrage,  sur  laquelle  est  le 
manchon  à  came;  celui-ci  se  manœuvre  à  l’aide  d’une  poignée;  la  came  entraîne  le  dépla- 


MACHINES-OUTILS. 


185 


cernent  longitudinal  par  son  appui  contre  un  galet  fixe.  M.  Kreutzberger  monte  le  foret 
à  l’avant  dans  une  douille  de  centrage  et  relie  sa  tige,  à  l’aide  d’une  bride,  à  une  vis  de 


manœuvre;  l’amplitude  de  rotation  de  cette  dernière  est  limitée  par  des  butées  formées 
sur  la  douille-écrou.  On  passe  d’une  lèvre  à  l’autre  en  tournant  de  180  degrés  la 
douille  de  centrage  (Sterne)  ou  la  douille-écrou  (Kreutzberger) ;  l’approche  contre  la 
meule  est  arrêtée  par  une  butée  du  chariot  de  réglage. 


186 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


M.  Steilen  comI)ine  le  procédé  de  M.  Demoor  avec  le  précédent  :  le  foret,  disposé 
horizontalement,  tourne  à  la  fois  autour  de  son  axe  et  autour  d’un  axe  vertical  passant 
en  arrière  du  sommet  de  la  pointe  et  pouvant  être  mis  dans  un  même  plan  avec  Taxe 
horizontal,  ou  déplacé  à  gauche  ou  a  droite  de  ce  dernier;  en  même  temps,  il  reçoit 
d’une  came  montée  sur  sa  douille  de  centrage  un  mouvement  d’avance  suivant  son  axe; 
il  est  présenté  devant  la  tranche  d’une  meule  plate.  La  surface  obtenue,  assez  complexe 
si  l’on  excentre  l’axe  vertical,  est,  en  réalité,  une  surface  à  plans  tangents.  Ce  dispositif 
pourrait  avoir  un  degré  plus  grand  d’approximation,  si  l’on  remplaçait  la  tranche  de  la 
meule  par  une  arête  circulaire  de  biseau;  tel  qu’il  est  cependant,  il  paraît  donner  de 
très  bons  résultats.  Les  mouvements  alternatifs  de  rotation  du  foret  sont  obtenus  auto¬ 
matiquement,  par  transmission  d’un  mouvement  de  bielle  d’excentrique  à  un  pignon  qui 
roule  sur  une  crémaillère  circulaire  fixe  et  communique  sa  rotation  par  roues  d’angle 
à  l’axe  du  foret,  en  même  temps  qu’il  entraîne  la  rotation  du  support  autour  de  l’axe 
vertical;  la  meule  est  également  animée  d’un  déplacement  automatique  alternatif  paral¬ 
lèle  au  plan  de  sa  tranche,  produit  par  un  levier  muni  d’un  galet  qui  appuie  sur  une 
came  montée  sur  un  axe  auxiliaire  de  rotation. 


Machine  à  affûter  les  forets,  de  M.  Sellers. 


Le  dispositif  de  M.  Sellers  est  combiné  en  vue  de  donner  à  la  surface  de  dégagement 
la  forme  d’un  cône  dont  l’axe ,  oblique  par  rapport  à  celui  du  foret  et  ne  le  rencontrant 
pas ,  coupe  l’arête  à  une  certaine  distance  en  avant  du  sommet.  L’affûtage  se  fait  donc 
comme  si  l’arête  rencontrait  l’axe  du  foret  :  aussi  voit-on  très  nettement  dans  son  voisi¬ 
nage  une  sorte  de  méplat  triangulaire  dont  elle  formerait  un  côté ,  le  sommet  du  foret 
étant  le  sommet  opposé;  de  plus,  le  retrait  correspondant  à  l’avance  du  foret  est  né¬ 
gligé,  bien  que  compensé  en  partie  par  l’inclinaison  assez  forte  du  dégagement,  en  par- 


MACHINES-OUTILS. 


187 


ticulier  près  cia  sommet;  mais,  en  cette  partie  même,  la  longueur  du  dégagement  suivant 
une  section  normale  a  Taxe  du  foret  est  très  limitée,  et  le  bord  de  la  lèvre  opposé  à 
l’arête  risquerait  de  talonner  si  on  ne  l’abattait  pas  par  une  opération  ultérieure,  qui 
est  i’appointissage. 

Le  foret  est  monté  d’une  façon  particulière  :  il  est  appuyé  par  les  bords  des  lèvres 
de  la  partie  cylindrique,  un  peu  en  arrière  de  la  naissance  de  la  pointe,  contre  deux 
griffes  qui  se  rapprochent  simultanément  par  la  manœuvre  d’un  volant,  saisissant  ainsi 
le  foret  par  les  angles  compris  entre  chaque  cannelure  et  le  cylindre  extérieur.  Pour 
Taffutage  de  la  première  lèvre,  la  pointe  est  butée  contre  un  point  fixe  un  peu  en  avant 
de  la  naissance  de  la  lèvre  opposée ,  et  la  contre-pointe  est  amenée  en  bout  de  la  tige 
et  fixée  au  support.  On  fait  alors  tourner  l’ensemble  du  porte-foret  autour  de  l’axe 
oblique  fixe,  en  avançant  contre  lui  la  tranche  de  la  meule  et  donnant  de  l’autre  main 
à  un  battant,  sur  lequel  elle  est  montée,  un  mouvement  d’oscillation  autour  cl’un  axe 
horizontal  situé  à  la  partie  inférieure  du  bâti.  Pour  affûter  la  deuxième  lèvre,  on  desserre, 
à  l’aide  du  volant,  les  griffes  qui  maintiennent  l’avant  du  foret,  on  le  tourne  de  180  de¬ 
grés  en  ayant  soin  de  le  faire  appuyer  contre  la  contre-pointe,  et  on  referme  les  griffes. 
Le  réglage  de  l’approche  de  la  meule  suivant  son  axe  se  fait  par  le  déplacement  de  son 
battant  ,  que  l’on  arrête  par  une  butée. 

Le  dispositif  de  M.  Sellers,  bien  qu’incomplet  théoriquement ,  a  certains  avantages  : 
il  détermine  la  position  d’affûtage  de  chaque  lèvre  par  rapport  à  un  point  d’appui  fixe, 
cette  position  étant  ainsi  indépendante  de  l’autre  lèvre.  Les  deux  arêtes  coupantes  seront 
donc  placées  d’une  façon  exactement  semblable  par  rapport  à  Taxe  du  foret,  quand 
bien  même  les  cannelures  ne  seraient  pas  symétriques  l’une  de  Tautre;  par  suite,  elles 
travailleront  également  au  perçage ,  faisant  chacune  un  copeau  distinct. 


Affûtage  du  sommet  de  la  pointe,  ou  appointissage.  —  Les  forets,  pour  lesquels  l’affûtage 
de  l’arête  coupante  a  été  fait  avec  recoupement  du  sommet  et  formation  d’une  arête 
obtuse,  peuvent,  à  la  rigueur,  rester  tels  quels,  surtout  si  la  cloison  est  peu  épaisse;  il 
n’en  est  pas  de  même  pour  les  forets  affûtés  par  le  procédé  de  M.  Sellers  et,  d’une 
façon  générale,  pour  les  forets  cl’un  certain  diamètre,  à  la  cloison  desquels  on  est 
obligé  de  laisser  une  épaisseur  notable;  il  convient  alors  d’appointir  le  sommet  par 
une  opération  spéciale.  Cette  opération  consiste  â  former  une  petite  rainure  se  raccor¬ 
dant  d’aussi  près  que  possible  avec  la  cannelure  en  hélice  et  dirigée  obliquement  vers 
le  sommet,  que  l’arête  coupante  ainsi  prolongée  atteint,  mais  toutefois  avec  un  angle 
de  tranchant  assez  fort.  La  matière  enlevée  étant  prise  surtout  sur  le  bord  non  coupant 
de  la  cannelure,  l’excès  de  métal,  qui,  dans  certains  procédés  d’affûtage,  pourrait  sub¬ 
sister  en  cette  partie  et  serait  capable  de  produire  du  talonnement,  se  trouve  enlevé. 

L’appointissage  se  fait  souvent  â  la  main  sur  une  petite  meule  â  biseau.  Toutefois, 
par  cette  manière  de  procéder,  on  risque  d’excentrer  la  pointe;  il  est  donc  préférable 
de  faire  l’opération  mécaniquement. 


1 88 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


MM.  Smith  et  Coventry  exposent  une  machine  composée  d’une  poupée  de  meule  à 
arbre  horizontal  et  d’un  système  de  trois  chariots,  dont  un  vertical  et  deux  horizontaux, 
surmonté  d’un  support  pivotant  à  axe  vertical.  Le  foret  se  place  sur  ce  dernier,  incliné 
par  rapport  à  l’horizon  et  serré  par  une  bride  dans  un  demi-coussinet  de  diamètre 
exact;  une  règle  à  coulisse  de  repérage  permet  de  mettre  le  foret  dans  la  même  position 
que  la  première  fois,  après  l’avoir  tourné  de  180  degrés. 

M.  Kreutzberger  se  sert  de  la  machine  même  a  affûter  les  lèvres,  qui  est  munie 
d’une  meule  étroite;  sans  démonter  le  foret,  il  fait  pivoter  l’ensemble  des  supports  sur 
le  plateau  circulaire,  de  manière  à  présenter  le  foret  à  la  meule  dans  une  direction 
convenable,  et  il  fait  tourner  la  semelle  du  porte-foret  autour  de  son  axe  horizontal 
d’oscillation  pour  amener  le  foret  au  contact  de  la  meule;  il  fait  la  même  opération 
après  retournement  de  180  degrés;  une  butée  limite  l’amplitude  de  l’oscillation,  afin 
d’assurer  la  symétrie  des  deux  rainures. 

AI.  Sellers  se  sert  d’un  appareil  spécial  muni  d’une  meule  étroite  et  a  bord  arrondi. 
Le  foret  est  placé  entre  deux  mâchoires  reliées  par  articulation  à  un  même  levier  et 
susceptibles  de  glisser  respectivement  dans  deux  coulisses  inclinées  l’une  sur  l’autre  à 
l’angle  d’ouverture  de  la  pointe  du  foret;  un  contrepoids  tend  à  fermer  les  mâchoires, 
c’est-à-dire  à  les  rapprocher  du  sommet  de  l’angle  des  coulisses.  On  engage  le  foret  en 
ouvrant  les  mâchoires  et  les  laissant  se  refermer;  il  prend  appui  sur  elles  par  les  bords 
des  cannelures  à  la  naissance  des  arêtes  coupantes,  l’un  portant  en  dessus  d’une  m⬠
choire,  l’autre  portant  en  dessous,  de  sorte  qu’il  faut  le  soutenir  à  la  main  pour  l’empê¬ 
cher  de  se  détacher;  une  butée  sur  l’une  des  mâchoires,  en  avant  de  la  naissance  de 
l’arête  correspondante ,  achève  de  déterminer  la  position  du  foret  ;  en  poussant  une  contre- 
pointe  sur  l’extrémité  de  la  tige,  on  fixe  cette  position;  l’axe  du  foret  se  trouve  alors 
légèrement  incliné  sur  l’horizon.  Le  levier  des  mâchoires  bute  par  un  bras  contre  le 
prolongement  d’un  des  côtés  d’un  parallélogramme  articulé  sur  quatre  axes  obliques 
sur  la  verticale,  dont  l’un,  situé  sur  le  côté  précédent,  est  fixe;  ce  même  côté  s’oriente 
d’après  le  déplacement  qui  lui  est  communiqué  par  le  levier;  le  côté  parallèle  porte 
l’arbre  de  la  meule,  qui  est  réglable  en  hauteur  à  l’aide  d’une  vis  de  rappel  graduée.  Il 
résulte  de  cette  disposition,  que  le  degré  d’ouverture  des  mâchoires  fait  prendre  à 
l’arbre  de  la  meule  un  angle  variable  par  rapport  au  plan  vertical  de  l’axe  du  foret  : 
plus  elles  sont  écartées,  plus  la  meule  se  présente  obliquement  par  rapport  au  foret, 
et  plus  la  rainure  qu’elle  produit  est  large;  pour  les  plus  petites  dimensions  de  forets, 
la  meule  se  trouve  ajustée  de  façon  à  faire  une  rainure  dont  la  largeur  est  égale  à  son 
épaisseur.  Le  foret  étant  en  place  et  maintenu  de  la  main  droite,  l’ouvrier  amène  la 
meule  de  la  main  gauche  en  la  faisant  pivoter  autour  de  l’axe  fixe  du  parallélogramme; 
un  côté  étant  fait,  on  tourne  le  foret  de  180  degrés  en  ouvrant  les  mâchoires,  et  on  le 
replace  en  l’appuyant  sur  la  contre-pointe;  à  l’aide  de  la  vis  de  rappel  graduée,  on  peut 
ramener  la  meule  exactement  à  la  même  position  que  pour  le  premier  côté.  L’emploi 
de  cette  machine  nécessite  que  les  cannelures  soient  exactement  symétriques  par  rap- 


MACHINES-OUTILS. 


189 


port  à  l’axe  du  foret;  sinon  la  différence  de  profondeur  des  deux  rainures  est  double 
de  l’écart  de  symétrie. 


MACHINES  À  AFFUTER  LES  FRAISES. 

Comme  nous  Lavons  fait  remarquer,  on  affûte  sur  le  devant  les  dents  de  certaines 
fraises  dont  le  profil  du  dessus  est  en  forme  de  spirale  logarithmique  (Brown  et  Sharpe, 
Smith  et  Coventry);  pour  les  autres  fraises,  on  affûte  le  dessus  de  la  dent  de  manière 
que,  dans  chaque  section  normale  à  l’axe  delà  fraise,  la  direction  d’affûtage  fasse,  avec 
la  perpendiculaire  à  l’extrémité  du  rayon  passant  par  le  point  où  l’arête  est  coupée,  un 
angle  de  3  à  li  degrés  environ.  Les  machines  à  employer  peuvent  être  les  mêmes  dans 
les  deux  cas;  nous  passerons  de  suite  à  leur  étude. 

Dans  toutes  les  machines  exposées,  les  arbres  de  meule  sont  horizontaux  ou  peuvent 
recevoir  une  légère  inclinaison  (Kreutzberger).  Les  mouvements  nécessaires  pour  l’affû¬ 
tage  se  font  a  la  main;  ces  mouvements,  ainsi  que  ceux  de  réglage,  sont  produits  à 
l’aide  de  chariots  ou  de  barres-guides  et  d’axes  de  rotation  avec  douilles  ou  plateaux 
circulaires.  Pour  fixer  la  position  d’une  dent  devant  la  meule  et  pour  passer  d’une  dent 
a  la  suivante,  M.  Steinlen  se  sert  d’un  appareil  diviseur  monté  sur  l’axe  de  la  fraise; 
les  aulres  constructeurs  emploient  un  cliquet  ou  une  lame  de  ressort  plus  ou  moin;  large 


190 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


à  son  extrémité,  qui  s’engage  dans  le  fond  de  Tentaiile  à  l’avant  de  la  dent  à  affûter, 
et  contre  laquelle  la  meule  est  appuyée  à  la  main  ou  par  un  poids  tendeur  ;  cette  pièce 
est  montée  sur  une  tige  cylindrique  ou  sur  un  système  de  tiges  articulées  l’une  sur 
l’autre  par  des  douilles  fendues  à  oreilles,  pouvant  glisser  et  tourner  dans  leurs  douilles 
de  manière  à  être  amenées  dans  une  position  convenable  par  rapport  à  la  meule;  la 
tige,  ou  le  système  de  tiges,  est  solidaire  du  mouvement  de  la  fraise  pendant  l’affûtage, 
quand  celle-ci  est  à  dents  hélicoïdales;  elle  est  fixée  à  un  support  indépendant  dans  le 
cas  contraire,  de  manière  que  la  lame,  étant  fixe,  force  la  fraise  a  tourner  au  pas  du 
fond  de  l’échancrure  sur  lequel  elle  s’appuie. 

Les  machines  de  MM.  Brou  n  et  Sharpe,  Smith  et  Coventry  et  de  la  Société  alsacienne 
ne  peuvent  affûter  que  les  fraises  cylindriques  à  dents  droites  ou  hélicoïdales,  les  fraises 
coniques  et  celles  taillées  en  bout;  l’affûtage  se  fait  en  général,  au  moins  pour  les 

fraises  de  la  seconde  catégorie,  par  le 
pourtour  de  la  meule,  devant  lequel 
on  fait  passer  successivement  l’arête  de 
chaque  dent;  le  trait  laissé  par  la  meule 
est  alors  normal  à  l’arête. 

La  machine  de  MM.  Brown  et  Sharpe , 
qui  est  du  reste  celle  employée  pour 
l’affûtage  des  forets ,  comprend  une  forte 
barre  cylindrique  parallèle  à  Taxe  de  la 
meule;  sur  cette  barre  peut  se  fixer  ou 
se  déplacer  un  support  reposant  d’autre 
part  sur  une  barre  plate  parallèle.  Le 
support  est  muni  d’un  pivot  vertical  avec 
plateau  circulaire  gradué  et  d’une  douille 
a  axe  normal  au  pivot ,  dans  laquelle  se 
place  une  tringle  ou  un  mandrin  qui 
porte  la  fraise;  les  fraises  cylindriques 


Machine  à  affûter  les  fraises,  de  MM.  Brown  et  Sharpe. 


se  manœuvrent  à  la  main  le  long  de  la  tringle;  pour  les  autres  fraises,  la  tringle  se 
plaçant  obliquement  par  rapport  à  l’axe  de  la  meule,  on  doit  se  servir  du  déplace¬ 
ment  du  support  le  long  des  barres.  L’affûtage  du  devant  des  dents  se  fait,  avec  cette 
machine,  en  disposant  la  tringle  porte-fraise  perpendiculairement  à  l’axe  de  la  meule, 
et  faisant  glisser  la  fraise  sur  la  tringle  le  long  de  la  tranche  de  la  meule. 

La  machine  de  MM.  Smith  et  Coventry  comprend  un  chariot  vertical  et  deux  chariots 
horizontaux,  le  supérieur  étant  parallèle  à  l’axe  de  la  meule  et  se  manœuvrant  à  l’aide 
d’une  poignée,  puis  un  plateau  circulaire  horizontal  gradué,  supportant  un  axe  hori¬ 
zontal  qui  peut  être  manœuvré  à  l’aide  d’une  vis  sans  fin;  la  fraise  se  monte  sur  un  se¬ 
cond  axe  normal  au  précédent.  La  position  de  la  fraise  étant  réglée  au  moyen  des  divers 
mouvements  dont  on  dispose,  on  passe  les  dents  devant  la  meule,  suivant  leur  Ion- 


MACHINES-OUTILS. 


191 


gueur,  par  le  déplacement  du  chariot  supérieur.  La  manœuvre  de  l’axe  horizontal  par 
vis  sans  fin  permet  également  d’affûter  des  fraises  sphériques  et,  en  particulier,  de  faire 
circulaire  le  dégagement  à  l’avant  des  dents  des  fraises  à  profil  transversal  de  spirale 
logarithmique,  de  manière  à  rapprocher  la  forme  du  fond  de  celle  de  l’arête.  Ce  der¬ 
nier  procédé  a  une  certaine  importance  pour  les  fraises  à  profil  longitudinal  très 
accentué,  telles  que  celles  qui  servent  à  la  taille  des  roues  d’engrenages  :  si  l’on  faisait 
en  effet  le  fond  du  devant  des  dents  rectiligne,  on  serait  conduit  à  un  écartement  trop 
considérable  des  dents. 

La  machine  de  la  Société  alsacienne  comprend  :  un  chariot  vertical;  un  chariot  hori¬ 
zontal  parallèle  à  l’axe  de  la  meule ,  et  qu’on  pousse  à  la  main  pour  faire  raffûtage  ;  un 
second  chariot  horizontal  normal  au  précédent;  un  plateau  circulaire  horizontal  ser¬ 
vant  de  support  a  une  douille  à  axe  horizontal  ;  dans  celle-ci  s’engage  une  barre  for¬ 
mant  l’un  des  côtés  d’un  cadre  articulé,  dont  le  côté  opposé  porte  la  fraise  mise  entre 
pointes;  la  fraise  peut  aussi  se  monter  directement  sur  un  mandrin  engagé  clans  la 
douille.  Pour  l’affûtage  du  devant  des  dents  de  fraises,  ainsi  que  du  bord  coupant  des 
cannelures  de  tarauds  ou  cl’alésoirs,  on  emploie  un  support  différant  du  précédent  en 
ce  que  le  plateau  circulaire  est  sous  le  chariot  supérieur;  l’axe  de  la  douille  et  l’axe  de 
la  fraise,  montée  sur  son  cadre,  sont  disposés  parallèlement  à  ce  chariot,  que  l’on 
manœuvre  à  la  main  le  long  de  la  tranche  de  la  meule. 

M.  Sterne  expose  une  machine  avec  un  arbre  de  meule  porté  par  un  battant  équi¬ 
libré  cpii  oscille  autour  d’un  joint  universel,  et  une  poupée  à  douille  porte-fraise  hori¬ 
zontale  montée  avec  faculté  d’orientation  sur  un  système  de  deux  chariots;  une  broche 
permet  de  fixer  le  battant  à  un  support  réglable  en  hauteur  par  vis  de  rappel.  Cette 
machine  serait  facilement  adaptée  a  l’affûtage  des  fraises  de  forme. 

M.  Hulse  et  M.  Steinlen  n’affûtent  également  que  les  fraises  de  forme  simple;  ils  se 
servent  de  meules  annulaires  travaillant  par  la  tranche.  Les  traits  de  meule  coupent 
obliquement  l’arête  de  la  dent;  cependant  ce  procédé  forme  franchement  un  plan  sur 
le  dessus  de  la  dent,  tandis  que  la  meule  tournant  normalement  a  l’arête  fait  une  sur¬ 
face  plus  ou  moins  concave,  qui  oblige  de  donner  un  peu  plus  de  coupe  qu’il  n’est  né¬ 
cessaire,  pour  éviter  le  talonnement. 

La  machine  de  M.  Hulse  possède  un  chariot  vertical  et  deux  chariots  horizontaux 
séparés  par  un  plateau  circulaire;  sur  le  chariot  supérieur  sont  placées  une  poupée 
et  une  contre-poupée,  qui  supportent  la  fraise.  Un  poids  tendeur  appuie  la  fraise  contre 
un  cliquet. 

Dans  la  machine  de  M.  Steinlen,  la  meule  est  portée  par  un  battant  oscillant  autour 
d’un  axe  horizontal  et  se  réglant  à  hauteur  convenable  le  long  d’un  support  vertical  à 
coulisse  circulaire.  La  table  porte  un  premier  plateau  circulaire,  deux  chariots  rectan¬ 
gulaires  et  un  deuxième  plateau  circulaire;  sur  celui-ci  est  une  poupée  avec  douille 
horizontale  recevant  le  mandrin  porte-fraise;  l’axe  du  mandrin  est  muni  d’un  diviseur, 
qui  fixe  la  fraise  dans  chaque  position  et  sert  pour  le  changement  de  dent. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


19  2 


II  nous  reste  à  nous  occuper  des  machines  cpii  permettent  d’effectuer  l’affûtage  des 
fraises  de  toutes  formes  et  de  tous  profils  d’une  façon  plus  ou  moins  complète  et  sûre. 
MM.  Hurtu  et  Hautin  mettent  une  meule  à  la  place  du  papillon  de  leur  machine  à 
tailler  les  fraises  et  se  servent  de  celle-ci,  sans  changement  de  dispositions,  pour  affûter 
le  devant  des  dents  de  fraises  à  profil  transversal  en  spirale  logarithmique ,  ainsi  que  le 
dessus  des  dents  des  fraises  ordinaires,  la  position  de  la  meule  étant  à  chaque  instant 
assurée  par  l’appui  du  galet  sur  le  gabarit;  ils  affûtent  le  dessus  des  dents  en  hélice 
en  obliquant  la  poupée  porte-fraise  sur  la  table.  Le  procédé  de  MM.  Hurtu  et  Hautin 
pour  l’affûtage  du  dessus  des  dents,  consistant  dans  l’emploi  du  pourtour  d’une  meule 
cylindrique  dont  l’axe  est  normal  à  l’arête  de  la  dent,  est  évidemment  exact  en  théorie, 
mais  donne  lieu  en  pratique  à  une  critique  sérieuse  :  la  meule  reste  difficilement  cy¬ 
lindrique,  et  les  moindres  irrégularités  de  dressage  sont  de  l’ordre  des  différences  de 
distance  à  la  fraise  des  divers  points  de  la  surface  de  dégagement  ;  le  trait  de  la  meule, 
parallèle  à  l’arête  de  la  dent,  est  une  cause  de  grippement  avec  la  surface  de  la  pièce 
fraisée;  on  éviterait  en  partie  ces  inconvénients,  en  donnant  à  la  meule  un  déplace¬ 
ment  suivant  son  axe. 

M.  Demoor  se  sert  également,  pour  l’affûtage,  de  sa  machine  à  tailler  les  fraises; 
mais  il  remplace  la  poupée  servant  à  la  taille  par  une  autre  poupée,  sur  l’axe  de  la¬ 
quelle  est  disposée  normalement  la  douille  porte-fraise,  et  qui  repose  elle-même  sur 
un  chariot  mû  par  levier  parallèlement  à  Taxe  de  la  meule. 

Les  machines  les  plus  complètes  sont  les  deux  modèles  exposés  par  M.  Kreutzber- 
ger.  Dans  l’un,  le  plus  ancien  en  date,  la  meule  est  montée  à  l’extrémité  d’un  arbre 
porté  par  un  battant  qui  oscille  d’un  côté  autour  de  l’arbre  horizontal  de  com¬ 
mande  et  qui  est  supporté  d’autre  part,  près  de  la  meule,  par  un  levier  équilibré,  arti¬ 
culé  sur  un  support  vertical;  le  battant  se  meut  le  long  d’une  coulisse  circulaire  du 
support  vertical  et  peut  se  fixer  en  un  point  de  cette  coulisse  au  repos  ou  pour  les 
affûtages  qui  n’emploient  pas  de  gabarit  reproducteur.  L’arbre  de  la  meule  peut  lui- 
même  prendre  une  inclinaison  de  quelques  degrés  sur  l’horizontale  le  long  d’une 
plate-forme  normale  à  la  longueur  du  battant  ,  et  sur  laquelle  la  poupée  se  fixe  par 
deux  rainures  à  boulons  :  l’inclinaison  de  l’arbre  sert  dans  le  cas  de  l’emploi  de  très 
petites  meules  et  de  profils  de  fraise  accentués,  pour  éviter  le  contact  de  l’arbre  avec 
la  fraise.  Le  système  des  supports  de  la  fraise  est  composé  ainsi  qu’il  suit  :  une  pou¬ 
pée  repose  par  un  plateau  circulaire  sur  deux  chariots  horizontaux  et  sur  une  semelle 
susceptible  d’être  orientée  sur  la  table;  elle  porte  un  axe  horizontal,  sur  lequel  se  monte 
un  système  articulé  dont  la  mobilité,  jointe  à  celle  du  battant,  constitue  la  partie  es¬ 
sentielle  de  la  machine.  A  cet  effet,  pour  les  fraises  qui  peuvent  se  mettre  sur  deux 
pointes,  l’axe  horizontal  de  la  poupée  est  percé  normalement  d’un  œil  qui  reçoit  une 
barre  cylindrique,  et  sur  celle-ci  se  placent  deux  bras  parallèles  portant  les  pointes; 
l’ensemble  de  la  barre,  des  bras  et  de  la  fraise,  montée  entre  les  pointes,  forme  un 
cadre  rectangulaire,  dont  les  diverses  parties  offrent  de  nombreuses  facilités  pour  le 


MAGHINES-OUTJLS. 


193 


réglage.  Pour  les  fraises  qui  ne  peuvent  êtres  mises  entre  pointes,  fraises  en  bout, 
fraises  à  tige,  etc.,  l’axe  horizontal  de  la  poupée  est  terminé  par  une  fourche,  dont  les 
deux  branches  reçoivent  et  maintiennent  solidement  une  barre  analogue  à  la  précé¬ 
dente;  entre  les  deux  branches  se  place  le  bras  unique  qui  porte  la  fraise;  une  queue 
prolongeant  le  bras  est  munie  d’une  vis  de  réglage  qui,  en  prenant  appui  sur  l’axe  de 
la  poupée,  permet  de  légers  déplacements  de  la  fraise,  par  rotation  autour  de  la 
barre.  Ce  dernier  dispositif  est  d’ailleurs  également  applicable  aux  fraises  montées 


Machine  à  affûter  les  fraises,  anrien  modèle,  de  M.  Kreulzberger. 

entre  pointes  sur  un  mandrin  de  longueur  suffisante;  il  leur  procure  un  appui  plus 
stable  que  le  premier  moyen  et  une  facilité  de  réglage  de  plus.  L’assemblage  des  élé¬ 
ments  interposés  entre  la  poupée  et  la  fraise  se  fait  par  douilles  à  oreilles  fendues  et 
boulons  de  serrage;  il  permet  un  réglage  très  rapide;  enfin  diverses  particularités  de 
détail  assurent  complètement  l’exactitude  de  ce  dernier  :  nous  citerons  notamment 
l’usage  des  graduations  d’un  disque  monté  sur  l’axe  horizontal  de  la  poupée  pour  les 
fraises  coniques,  et  celui  du  plateau  circulaire  de  la  base  de  la  poupée  pour  les  fraises 
en  hélice,  dont  Taxe  doit  être  obliqué  sur  celui  de  la  meule  de  la  valeur  de  l’angle 
d’inclinaison  de  l’hélice. 

L’affûtage  des  fraises  cylindriques  à  dents  droites  ou  en  hélice,  des  fraisés  co¬ 
niques  et  des  fraises  en  bout  se  fait  comme  avec  les  machines  précédentes,  avec  l’aide 

1 3 


Groupe  VI.  —  iv. 


IMriHMEIUE  NATIONALE. 


104 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


d’un  cliquet  d’appui,  par  la  manœuvre  du  chariot  à  vis  de  pas  allongé,  qui  fait  passer 
tous  les  points  de  la  dent  sous  la  meule  fixée  à  hauteur  convenable.  L’affûtage  des 


MACHINES-OUTILS. 


195 


fraises  dont  le  profil  est  un  arc  de  cercle  convexe  ou  concave  se  fait  facilement,  en 
amenant  le  centre  du  profil  exactement  sur  la  verticale  du  point  le  plus  bas  de  la 
meule,  et  en  donnant  à  la  fraise  un  mouvement  d’oscillation  autour  de  Taxe  horizon¬ 
tal  de  la  poupée;  toutefois  ce  moyen,  en  faisant  l’angle  de  dégagement  constant  dans 
toutes  les  sections  normales  à  Tarête  de  la  dent,  donne  par  là  même  un  angle  de 
coupe  variable;  il  convient  donc  de  ne  pas  en  exagérer  l’emploi. 

II  reste,  pour  les  fraises  à  profil,  à  établir  le  gabarit  reproducteur.  Celui-ci  se  place 
à  l’extrémité  des  bras  du  cadre  porte-fraise,  sur  une  sorte  de  deuxième  cadre  articulé; 
grâce  à  l’articulation  de  ce  dernier  cadre,  il  peut  toujours  se  disposer  dans  un  plan 
vertical,  parallèlement  à  la  ligne  des  pointes.  La  touche,  par  laquelle  le  battant  repose 
sur  lui,  est  adaptée  le  long  d’une  tringle  qui  se  fixe  au  battant  par  une  espèce  de 
tête  de  cheval,  ce  qui  lui  procure  toutes  les  facilités  de  réglage  dans  le  sens  vertical  et 
dans  les  deux  directions  horizontales  principales.  La  commodité  et  même  la  possibilité 
de  Temploi  du  gabarit  reposent  sur  la  rapidité  et  l’exactitude  de  sa  mise  en  place, 
même  pour  le  cas  où  Ton  n’a  qu’une  fraise  d’un  profil  donné  à  affûter  :  pour  cela, 
le  gabarit  doit  être  fait  en  même  temps  que  la  fraise,  sur  le  profil  même  qui  a  servi 
à  tourner  cette  dernière;  il  faut  ensuite  dresser  deux  points  du  bord  inférieur  de  la 
tôle,  pour  représenter  la  direction  de  Taxe  de  la  fraise,  de  telle  façon  que,  le  gabarit 
étant  monté  sur  son  support  et  placé  par  ces  deux  points  sur  des  appuis  correspon¬ 
dants  (lesquels  servent  pour  tous  les  gabarits),  son  profil  se  trouve  être  exactement 
parallèle  à  celui  de  la  fraise  montée  entre  les  pointes  du  cadre ,  et  qu’il  suffise  d’ame¬ 
ner  la  touche,  à  l’aide  de  ses  moyens  de  déplacement,  sur  un  point  quelconque  du 
gabarit  correspondant  au  point  de  la  fraise  sur  lequel  la  meule  vient  en  contact.  La 
touche  étant  réglée,  on  laisse  le  battant  reposer  librement  par  elle  sur  le  gabarit,  et 
Ton  déplace  la  fraise  sous  la  meule  au  moyen  du  chariot  à  vis  de  pas  rapide;  le  fer  se 
donne  par  l’action  sur  la  vis  de  réglage  de  hauteur  de  la  touche.  Une  précaution  doit 
cependant  être  observée,  surtout  pour  le  cas  des  fraises  à  profil  très  accentué  :  c’est 
d’arrondir  le  bord  de  la  meule  de  façon  qu’il  se  rapproche  de  la  forme  de  la  partie 
de  la  touche  en  contact  avec  le  gabarit.  Dans  ces  mêmes  cas  de  profils  très  accentués 
de  fraises,  on  peut  souvent,  en  inclinant  convenablement  Taxe  de  la  fraise,  mettre  le 
profil  dans  une  position  telle,  que  les  différences  de  longueur  des  ordonnées  soient  peu 
considérables;  il  convient  seulement  de  tenir  compte  de  l’inclinaison  donnée,  au  point 
de  vue  de  la  valeur  de  l’angle  de  coupe.  Il  n’est  pas  d’ailleurs  nécessaire  d’affûter  en 
une  seule  fois  toute  la  longueur  de  la  dent,  et  il  est  parfois  avantageux  de  décomposer 
le  profil,  en  particulier  quand  il  présente  des  angles  vifs,  en  portions  sur  lesquelles  on 
opérera  séparément.  Nous  rappellerons  que  l’ouvrier  affûteur  doit  avoir  à  sa  disposition 
un  appareil  de  vérification,  du  genre  de  celui  dont  nous  avons  parlé  au  chapitre  relatif 
à  l’étude  des  fraises. 

M.  Kreutzberger  a  créé  récemment  un  modèle  qui  offre  quelques  différences  avec  le 
précédent  et  réalise  certaines  commodités  nouvelles.  Il  a  remplacé  le  battant  porte- 


196 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


meule  par  un  support  fixe,  et  reporté  les  mouvements  de  reproduction  sur  les  chariots 
du  support  de  la  fraise;  il  a  ajouté,  entre  les  chariots  et  le  plateau  circulaire  de  la  hase 
de  la  poupée,  un  deuxième  plateau  circulaire  gradué,  surmonté  d’un  chariot;  c’est  ce 


MACHINES-OUTILS. 


107 


dernier  qui  devient  le  chariot  reproducteur;  on  le  fixe  pour  l’affûtage  des  fraises 
simples;  pour  l’affûtage  avec  reproduction,  il  est  poussé  par  un  poids  tendeur  contre  le 
gabarit,  ou  bien  il  reçoit  la  pression  de  la  main  à  l’aide  d’un  levier.  L’affûtage  se  fait  dans 
le  plan  horizontal  de  l’axe  de  la  meule;  le  gabarit  se  place  horizontalement  sur  le  cha¬ 
riot  reproducteur;  la  touche,  adaptée  au  support  fixe  de  la  meule,  se  règle  par  un  petit 
chariot  parallèlement  à  l’axe  de  la  meule  et  par  une  vis  dans  le  sens  perpendiculaire. 
Le  système  articulé  adapté  à  l’axe  horizontal  de  la  poupée  porte-fraise  est  du  deuxième 
dispositif  décrit  plus  haut,  afin  de  permettre  un  léger  réglage  de  la  fraise  en  hauteur. 
Enfin  le  chariot  inférieur  du  support  de  la  fraise  est  muni  d’une  graduation  dont  le 
zéro,  mis  en  face  de  celui  du  vernier  de  la  semelle,  se  trouve  dans  le  plan  vertical  de 
l’axe  de  la  meule;  l’utilité  de  cette  graduation  se  manifeste  surtout  pour  l’affûtage  des 
fraises  à  gradins  ou  formées  de  plusieurs  fraises  de  diamètres  différents;  elle  permet 
d’observer  très  exactement  les  différences  de  diamètre,  à  la  condition  toutefois  qu’on 
se  serve  de  la  même  meule  pour  l’affûtage  des  diverses  portions. 

Le  plateau  circulaire  additionnel  sert  non  seulement  pour  le  réglage  de  l’inclinaison 
de  l’axe  des  fraises  coniques,  l’affûtage  des  profds  circulaires,  mais  il  peut  encore 
être  utilisé  pour  la  reproduction  de  formes  à  courbes  prononcées,  qui  se  prêtent  mal 
à  l’emploi  du  mouvement  rectiligne  du  chariot  de  manœuvre  :  on  le  substitue  alors 
pour  la  manœuvre  à  ce  dernier.  Les  ordonnées  du  gabarit  sont  tracées,  dans  ce  cas, 
suivant  des  rayons  du  plateau  circulaire.  Par  suite  de  la  position  du  gabarit  en  avant  du 
bord  du  plateau,  son  profil  représente  celui  de  la  fraise  avec  un  agrandissement  notable, 
qui  en  adoucit  considérablement  les  rampes  et  les  rend  faciles  à  gravir  pour  la  touche. 
Nous  ferons  cependant  encore  observer  qu’il  convient  de  n’employer  qu’avec  réserve 
ce  procédé,  qui  donne  des  angles  de  coupe  variables  aux  divers  points  du  profil. 

MACHINES  À  AFFÛTER  LES  SCIES. 

Les  scies  à  métaux  peuvent  subir  deux  genres  d’affûtage  :  l’un  sur  le  dessus  de  la 
dent,  qui  rafraîchit  la  coupe;  l’autre  sur  le  devant  de  la  dent,  qui  approfondit  en  même 
temps  l’échancrure.  Les  deux  modes  d’opérer  ne  diffèrent  que  par  la  façon  dont  la  scie 
est  présentée  a  la  meule  et  par  la  forme  de  celle-ci,  qui  peut  être  à  pourtour  cylin¬ 
drique  pour  l’affûtage  du  dessus  et  doit  être  à  biseau  pour  celui  du  devant. 

Dans  la  plupart  des  machines  exposées  pour  l’affûtage  des  scies  circulaires,  l’opé¬ 
ration  se  fait  à  la  main.  Tantôt  l’axe  de  l’arbre  de  la  meule  est  fixe  (Delaunay  et  Tron- 
chon),  et  la  scie  est  montée  sur  un  cône  de  centrage  porté  par  un  joint  universel,  qui 
permet  l’orientation  en  tous  sens  et  qui  est  adapté  à  un  chariot  manœuvrable  a  la  main 
dans  la  direction  de  la  meule;  tantôt  (Dumortier,  Deplanque  fils,  Sterne,  Tanite  Cc) 
la  scie  est  disposée  sur  un  support  orientable  dans  un  plan  horizontal  avec  chariot  ou 
coulisse  de  réglage,  et  la  meule  est  adaptée  à  un  battant  équilibré  susceptible  de 
tourner  lui-même  autour  de  son  axe,  de  manière  à  donner  au  plan  de  la  tranche 


198 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


cle  la  meule,  qui  est  également 
celui  dans  lequel  elle  oscille,  une 
direction  oblique  par  rapport  à  la 
verticale. 

M.  Bocuze  présente  plusieurs 
petites  machines  système  Campis- 

Tn _ tron,  affûtant  automatiquement 

^j~"  ~  ~  "•••-•  ^  les  scies  circulaires.  La  scie  est 
montée  sur  un  axe  vertical  adapté 
excentriquement  à  un  support ,  qui 
peut  pivoter  dans  un  plan  horizon¬ 
tal  pour  donner  la  direction  conve¬ 
nable  à  la  dent  par  rapport  à  la 
meule:  l’arbre  de  celle-ci  est  dis¬ 
posé  sur  un  cadre ,  horizontal  dans 
un  modèle ,  vertical  dans  un  autre , 
qui  reçoit  dune  came  fixée  sur 
Tarbre  de  commande  un  mouve¬ 
ment  alternatif  servant  à  engager 
la  meule  entre  les  dents  et  a  la 
dégager.  Le  cadre  porte  une  cré¬ 
maillère  engrenant  avec  un  sec¬ 
teur  denté ,  qui  pivote  autour  d’un 
axe  fixe  et  entraîne  la  douille  d’un 
levier  articulé  avec  un  cliquet;  le 
mouvement  alternatif  du  cliquet, 
se  produisant  en  sens  inverse 
de  celui  du  cadre ,  fait  avancer  la 
scie  d’une  dent  au  moment  ou  la 
meule  se  dégage.  Dans  le  modèle 
à  cadre  vertical,  M.  Bocuze  em¬ 
ploie,  au  lieu  d’une  meule  d’é¬ 
meri,  une  molette  en  acier  trempé, 
à  dents  très  fines. 

Les  machines  précédentes  ser¬ 
vent  également  à  l’affûtage  des 
scies  à  ruban  en  lames  finies  ou 
sans  fin,  à  la  condition  de  rem¬ 
placée  le  montage  de  la  scie  circulaire  par  un  montage  approprié.  Mais  le  modèle  le 
plus  complet  de  machine  à  affûter  les  scies  a  ruban  est  présenté  par  MM.  Panhard  et 


MACHINES-OUTILS.  190 


Lcvassor;  tous  les  mouvements  sont  automatiques.  La  scie  est  montée  sans  tension  sur 
(leux  poulies  horizontales,  la  denture  tournée  vers  le  haut;  la  partie  rectiligne  du  ru¬ 
ban  est  guidée  sans  serrage,  du  côté  de  l’affûtage,  par  trois  petits  étaux,  dont  l’un  est 
précisément  sous  la  meule.  Le  bord  de  la  meule  prolonge  la  tranche  d’un  côté  et  est 
taillé  en  biseau  de  l’autre  côté,  ces  deux  formes  étant  destinées,  la  première  à  l’affû¬ 
tage  du  devant  de  la  dent,  la  seconde  à  celui  du  dessus,  opérations  qui  se  font  simul¬ 
tanément  pour  les  scies  à  faible  écartement  des  dents,  et  séparément  pour  celles  à  écar¬ 
tement  plus  grand.  L’arbre  de  la  meule  est  incliné  sur  l’horizontale  dans  le  plan 
vertical  du  ruban  à  l’endroit  du  travail;  il  est  porté  par  un  bras  susceptible  d’osciller 
autour  d’un  axe  un  peu  moins  incliné  que  lui,  de  façon  que,  dans  le  mouvement  d’os¬ 
cillation,  la  tranche  plane  de  la  meule  soit  légèrement  oblique  par  rapport  au  devant  de 
la  dent  et  ne  frotte  pas  contre  celui-ci;  l’orientation  de  l’axe,  dont  l’inclinaison  déter¬ 
mine  la  direction  du  devant  de  la  dent,  est  donnée  par  un  plateau  circulaire  gradué 
vertical  sur  lequel  il  est  monté,  et  Taxe  lui-même  peut  être  déplacé  en  hauteur  le  long 
de  deux  coulisses,  pour  compenser  les  grandes  variations  de  diamètre  de  la  meule.  Le 
plateau  circulaire  fait  partie  d’un  balancier  qui  peut  pivoter  autour  de  Tarbre  de  la 
commande  générale  et  qui  prend  une  position  moyenne  inclinée  d’environ  70  degrés 
sur  l’horizon.  Le  balancier  peut  être  fixé  par  une  tringle  qui  lui  est  articulée  et  qui  s’ac¬ 
croche  à  un  axe  adapté  au  bâti,  ou  rendu  mobile  par  la  réunion  de  la  tringle  avec  un 
bras  d’un  levier  monté  sur  Taxe  précédent  et  dont  l’autre  bras  est  articulé  à  une  bielle 
qui  reçoit  un  mouvement  alternatif  d’un  bouton  de  manivelle  d’un  arbre  auxiliaire. 
D’autre  part,  le  bras  porte-meule  est  muni  d’une  touche  de  longueur  réglable  repo¬ 
sant  sur  une  règle  orientable,  comme  inclinaison,  sur  un  secteur;  celui-ci  fait  partie 
d’un  petit  chariot  qui  peut  être,  comme  le  balancier,  relié  par  une  tringle  soit  à  Taxe 
adapté  au  bâti,  auquel  cas  il  reste  immobile,  soit  à  un  bras  monté  sur  cet  axe  et  qui 
lui  communique  un  mouvement  de  va-et-vient.  Le  soulèvement  de  la  meule  et  son 
dégagement  des  dents  peuvent  être  produits  soit  à  Taide  de  l’oscillation  du  balancier, 
soit  à  Taide  du  déplacement  de  la  règle  support  de  touche.  Le  premier  mode  s’emploie 
pour  affûter  le  dessus  des  dents,  la  règle  immobile  servant  à  donner  l’angle  de  coupe 
voulu;  le  second  s’emploie  pour  affûter  le  devant  des  dents,  la  meule  n’ayant  alors 
qu’un  mouvement  d’oscillation  dans  son  plan  et  la  règle  produisant  le  relèvement  de 
la  meule  en  même  temps  que  la  profondeur  de  l’entaille  entre  les  dents.  L’avance  est 
donnée  à  la  scie  par  un  cliquet  adapté  à  une  barre  horizontale ,  qui  reçoit  une  poussée 
brusque  cl’une  came  montée  sur  Tarbre  auxiliaire  qui  commande  l’oscillation  du  balan¬ 
cier  ou  le  va-et-vient  de  la  règle  support  de  touche  ;  la  poussée  de  la  came  fait  passer  le 
cliquet  d’une  dent  à  la  suivante;  un  ressort,  agissant  en  sens  inverse  sur  la  barre,  pro¬ 
duit  l’entraînement  de  la  scie,  et  une  vis  de  butée,  disposée  devant  le  bout  opposé  de 
la  barre,  limite  l’entrainement. 


200 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


CHAPITRE  X. 

PRESSES. 


Classification  des  presses.  —  Presses  d’usage  général,  servant  à  découper,  à  poinçonner,  à  cisailler,  etc.;  outils. 
—  Presses  à  découper  et  à  emboutir.  —  Balanciers.  —  Machines  à  emmandriner  et  à  démandriner. 
Machines  à  dresser.  —  Découpoirs  et  presses  hydrauliques.  —  Machines  à  river. —  Machines  à  faire  par 
compression  les  écrous,  les  rivets  et  les  vis. 

CLASSIFICATION  DES  PRESSES. 

Nous  comprenons  sous  la  dénomination  générale  de  presses  toute  une  série  de 
machines  dans  lesquelles  l’outil  agit  uniquement  par  pression  rectiligne,  avec  une 
vitesse  variable,  mais  pas  assez  grande  toutefois  pour  produire  un  effet  de  choc.  Cer¬ 
taines  de  ces  machines  peuvent  être,  par  le  simple  changement  des  outils,  adaptées  à 
des  travaux  assez  variés  et  sont  dites,  suivant  les  cas  de  leur  emploi,  machines  à 
découper,  à  poinçonner,  à  cisailler,  voire  même  à  mandriner,  à  dresser,  à  matricer, 
à  emboutir,  à  river;  d’autres  sont  plus  spécialement  destinées  à  des  genres  de  travaux 
déterminés.  Nous  les  classerons  pour  leur  étude  de  la  façon  suivante  : 

Machines  d’usage  général,  servant  à  découper,  à  poinçonner,  à  cisailler,  etc.: 

Presses  a  découper  et  à  emboutir  ; 

Presses  à  vis  à  action  directe,  dites  balanciers  à  main  ou  balanciers  mécaniques  à  friction; 

Machines  à  emmandriner  et  à  démandriner; 

Machines  à  dresser; 

Découpoirs  et  presses  hydrauliques; 

Machines  à  river; 

Machines  à  faire  les  écrous,  rivets,  vis  par  compression. 

Nous  ferons  toutefois  remarquer  que  plusieurs  catégories  de  machines,  telles  que 
les  balanciers,  les  machines  à  emboutir  et*  les  presses  hydrauliques,  rentrent  plus 
spécialement  par  leurs  applications  dans  le  domaine  d’autres  classes  du  jury,  et  ne  se 
trouvent  qu’accessoirement  dans  la  classe  53;  nous  ne  nous  en  occuperons  par  suite 
que  très  sommairement. 


PRESSES  DUSAGE  GÉNÉRAL,  SERVANT  À  DÉCOUPER,  À  POINÇONNER, 

À  CISAILLER. 

Un  appareil  des  plus  simples  pour  poinçonner  les  tôles  (Kircheis)  est  une  sorte  de 
serre-joint  formé  de  deux  leviers  articulés  comme  une  paire  de  tenailles,  enserrant  la 


MACHINES-OUTILS. 


*201 


pièce  entre  les  deux  branches  courtes,  dont  l’une  porte  le  poinçon;  en  rapprochant  les 
autres  branches,  on  fait  pénétrer  le  poinçon  dans  la  pièce. 

Le  plus  généralement,  l’outil  est  adapté  à  un  coulisseau  qui  se  déplace  sur  des 
guides  fixes.  Le  guide  est  quelquefois  une  douille  cylindrique,  comme  dans  les  petites 
poinçonneuses  Duplex;  mais,  ordinairement,  il  a  la  forme  d’un  prisme  rectangulaire 
creux  ou  plein,  le  coulisseau  se  déplaçant  dans  un  cas  dans  son  intérieur,  dans  l’autre 
cas  sur  l’extérieur.  Par  raison  de  commodité,  le  coulisseau  est  disposé  verticalement, 
et  la  pièce  est  placée  au-dessous  de  lui  sur  une  table  horizontale  fixe.  On  a  adopté, 
pour  la  forme  commune  du  bâti  des  découpoirs,  celle  d’un  coude  plus  ou  moins 
accentué,  dont  le  bras  inférieur  est  dressé  horizontalement  pour  former  la  table,  et 
dont  le  bras  supérieur  reçoit  le  coulisseau;  cette  forme,  qui  met  l’outil  en  porte-à- 
faux,  nous  paraît  avoir  sa  raison  d’être  dans  la  facilité  qu’elle  offre  pour  la  manipula¬ 
tion  des  pièces,  puisqu’elle  permet  de  faire  circuler  celles-ci  dans  un  secteur  libre  de 
plus  des  trois  quarts  d’un  cercle;  mais  elle  convient  mal  pour  résister  aux  pressions 
qui  se  développent  entre  l’outil  et  la  pièce  ;  aussi  est-on  obligé  de  donner  au  bâti  une 
masse  relativement  considérable,  et  d’autant  plus  grande  que  le  coude  est  plus  accentué. 
Quoi  qu’il  en  soit,  le  découpoir  ne  peut,  en  général,  être  considéré  comme  une  ma¬ 
chine  de  précision,  à  cause  de  la  flexion  susceptible  de  se  produire  entre  les  deux 
bras  du  coude,  laquelle  a  pour  effet  de  fausser  la  direction  du  travail,  en  même  temps 
qu’elle  modifie  lecartement  des  deux  parties  principales  du  bâti. 

Le  mouvement  du  coulisseau  est  produit  de  façons  diverses;  mais  l’action  revient 
toujours  à  celle  d’un  levier  dont  les  bras  auraient  des  longueurs  très  différentes,  la 
résistance  étant  appliquée  au  bras  le  plus  court  et  la  puissance  au  bras  le  plus  long. 
Il  résulte  aussi  des  moyens  le  plus  fréquemment  employés  que  la  longueur  du  petit 
bras  est  variable,  de  sorte  que  l’on  peut  utiliser  jusqu’à  un  certain  degré  cette  circon¬ 
stance,  pour  proportionner  l’action  de  la  puissance  à  celle  de  la  résistance  aux  diffé¬ 
rents  instants  du  travail. 

Dans  un  modèle  de  M.  Dard,  un  fort  levier  est  manœuvré  au  moyen  d’une  vis  à 

bride  fixe,  et  dont  l’écrou  lui  est  relié  par  deux  tou¬ 
rillons;  M.  Dard  monte  plusieurs  coulisseaux  sur  le 
même  levier  et  dispose  un  outil  à  chacune  des  extré¬ 
mités  inférieure  et  supérieure  du  coulisseau;  il  peut 
ainsi  réunir  sur  la  même  machine  trois  coulisseaux 
avec  cinq  outils  différents  et  faire  travailler  à  volonté 
l’un  quelconque  d’entre  eux. 

Le  système  des  poinçonneuses  Duplex  (Dandoy- 
Mailliard  et  Lucq,  Sculfort-Malliar  et  Meurice)  se  com¬ 
pose  essentiellement  de  deux  leviers,  dont  la  position 
moyenne  est  horizontale  et  dont  les  petits  bras  sont 
articulés,  l’un  avec  le  coulisseau  cylindrique,  l’autre  sur  un  axe  fixé  au  bâti  dans  le 


202 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


prolongement  du  coulisseau;  un  axe  intermédiaire  assemble  les  leviers  entre  eux;  le 
mouvement  des  leviers  est  produit  à  l’aide  d’une  vis  à  fdetages  inverses  à  ses  deux 
extrémités,  par  laquelle  on  agit  simultanément  au  bout  des  grands  bras  avec  l’inter¬ 
médiaire  d’écrous  à  tourillons.  Les  grands  bras  étant  rapprochés,  les  trois  axes  d’arti¬ 
culation  et  les  petits  bras  sont  sensiblement  sur  une  ligne  droite,  et  le  coulisseau  est 
au  point  le  plus  bas  de  sa  course;  l’ouverture  des  grands  bras  écarte  l’axe  intermédiaire 
de  la  ligne  droite  et  relève  le  coulisseau. 

Dans  un  découpoir  de  M.  Kircheis,  le  coulisseau  est  manœuvré  à  l’aide  d’une  pédale 
et  d’un  système  de  leviers  équilibrés;  cette  disposition  donne  à  l’ouvrier  la  liberté  des 
deux  mains,  pour  le  maniement  des  feuilles  ou  objets  à  découper.  Le  découpoir  pré¬ 
sente  en  outre  la  particularité  que  le  coulisseau  a  une  grande  longueur  et  que  la 
table  est  réglable  en  hauteur  le  long  de  glissières  à  l’aide  d’une  vis. 

M.  Moulard  expose  des  découpoirs  dans  lesquels  le  coulisseau  est  mû  par  un  fort 
levier,  dont  le  grand  bras  est  adapté  à  une  bielle  enveloppant  un  excentrique  monté 
sur  l’axe  d’un  secteur  denté;  on  agit  sur  ce  dernier  à  l’aide  d’un  cliquet,  qui  est  ma¬ 
nœuvré  dans  une  machine  à  la  main  par  levier,  et,  dans  un  autre  modèle,  par  un  bou¬ 
ton  de  manivelle,  dont  l’arbre  est  actionné  à  volonté  à  la  main  au  moyen  d’un  volant 
ou  bien  mécaniquement  par  poulie  et  courroie. 

Un  découpoir  de  Ai.  Soyer  est  disposé  d’une  façon  analogue;  mais  on  agit  sur  le 
secteur  denté  à  l’aide  d’un  pignon,  sur  l’axe  duquel  est  monté  le  levier  de  manœuvre. 
La  matrice  se  place  sur  un  bord  surélevé  de  la  table ,  pour  permettre  de  travailler  sur 
des  pièces  déjà  profdées. 

Dans  de  puissants  découpoirs  de  MM.  Rouhey  et  de  M.  Le  Blanc,  le  coulisseau  est 
commandé  par  le  petit  bras  d’un  levier  très  robuste ,  dont  l’autre  bras  est  actionné  par 
une  came.  Mais  dans  le  plus  grand  nombre  de  modèles,  le  coulisseau  est  monté  sur 
une  partie  excentrée  d’un  arbre ,  par  l’intermédiaire  soit  d’un  manchon  à  section  exté¬ 
rieure  carrée  se  déplaçant  transversalement  dans  une  mortaise  du  coulisseau,  soit 
d’une  courte  et  forte  bielle  à  douille  enveloppant  la  partie  excentrée  de  l’arbre  et  se 
liant  par  un  axe  d’articulation  avec  le  coulisseau. 

L’arbre  à  excentrique  est  quelquefois,  dans  les  petites  machines,  manœuvré  direc¬ 
tement  à  l’aide  d’un  levier  à  main  ou  d’une  pédale  (Dandoy-Mailliard  et  Lucq,  Kir¬ 
cheis,  Picard,  Sculfort-Mailliar  et  Meurice);  les  machines  de  moyenne  et  de  grande 
puissance  possèdent  un  harnais  à  simple  ou  double  engrenage,  souvent  avec  roues  à 
chevrons,  réduisant  la  vitesse  de  la  commande  dans  le  rapport  d’au  moins  8  à  1;  elles 
sont,  de  plus,  munies  d’un  volant.  Dans  un  découpoir  de  la  Société  alsacienne,  l’arbre 
à  excentrique  peut  être  commandé  par  engrenage  simple  ou  par  engrenage  double, 
suivant  qu’on  embraye  avec  sa  roue  une  roue  montée  sur  Tarbre  moteur  ou  celle  d’un 
arbre  auxiliaire.  M.  Huré  commande  Tarbre  à  excentrique  par  vis  sans  fin,  ce  qui  lui 
permet  de  faire  pivoter  tout  le  bâti  autour  de  Taxe  de  la  vis  et  de  faire  prendre  au 
coulisseau  toutes  les  directions  possibles  de  o  à  90  degrés  dans  un  plan  vertical. 


MACHINES-OUTILS. 


203 


Les  tourillons  de  l’arbre  à  excentrique  sont  généralement  cylindriques;  celui  voisin 
de  l’excentrique  est  cependant  quelquefois  conique  et  à  cône  assez  ouvert.  Les  touril¬ 
lons  sont  logés  soit  dans  la  fonte  même  du  bâti,  soit  dans  des  coquilles  en  bronze; 
des  écrous  placés  au  bout  opposé  à  l’excentrique  règlent  la  position  de  l’arbre,  en 
l’appuyant  contre  un  épaulement  ou  contre  le  tourillon  conique.  Le  meilleur  préser¬ 
vatif  contre  l’usure  de  l’arbre  réside  dans  les  fortes  dimensions  qu’on  est  obligé  de 
donner  aux  tourillons. 

Les  découpoirs  mus  mécaniquement  sont  rarement  munis  de  mécanismes  d’em¬ 
brayage  agissant  directement  sur  l’arbre  ou  sur  la  courroie;  les  premiers  sont  sujets  à 
se  détériorer  rapidement  à  cause  du  choc  qu’ils  reçoivent,  par  suite  de  la  force  vive  du 
volant;  les  seconds  sont  dangereux,  parce  qu’ils  n’arrêtent  pas  la  machine  après  cha¬ 
que  coup  et  qu’ils  n’empêchent  pas  sûrement  la  courroie,  mise  à  l’arrêt,  de  passer  acci¬ 
dentellement  de  la  poulie  folle  sur  la  poulie  fixe.  Les  débrayages  se  mettent  en  général 
sur  le  coulisseau  même,  s’interposant  entre  lui  et  le  petit  bras  du  levier  dans  les  ma¬ 
chines  à  came  et,  dans  les  autres  modèles,  entre  lui  et  la  face  inférieure  de  l’organe  de 
liaison,  manchon  ou  bielle,  adapté  à  la  partie  excentrique  de  l’arbre;  ils  sont  formés 
d’une  cale ,  dont  l’épaisseur  est  inférieure  au  maximum  de  course  possible  du  coulisseau 
et  qui  s’engage  et  se  dégage  ordinairement  à  la  main,  ou  qui,  s’engageant  à  la  main,  se 
dégage  quelquefois  automatiquement  (Dard).  La  cale,  étant  dégagée  de  façon  à  être 
soustraite  à  l’action  du  levier  de  came  ou  de  l’excentrique,  peut  servir  à  maintenir  le 
coulisseau  relevé;  elle  le  soutient  alors  pendant  la  plus  grande  partie  de  la  rotation  de 
l’arbre,  mais,  quand  le  levier  ou  l’excentrique  revient  au  haut  de  sa  course,  soulevant 
légèrement  le  coulisseau,  elle  se  trouve  dégagée  du  poids  de  ce  dernier  et  peut  être 
réembrayée  facilement.  Dans  certaines  machines,  le  coulisseau  est  équilibré  par  un 
contrepoids  et  se  tient  de  lui-même  relevé. 

M.  Dard  adapte  à  l’axe  du  levier  de  manœuvre  de  la  cale  deux  bras  articulés  avec 
des  bielles  à  griffe,  les  griffes  ne  pouvant  se  déplacer  que  verticalement  sous  deux 
talons  du  coulisseau;  un  contrepoids,  adapté  également  à  l’axe  du  levier,  tend  toujours 
a  maintenir  la  cale  dégagée  et  les  griffes,  ainsi  que  le  coulisseau,  relevés;  en  tour¬ 
nant  l’axe  pour  soulever  le  contrepoids,  on  produit  l’embrayage  de  la  cale  et  l’abaisse¬ 
ment  des  griffes;  le  coulisseau  descend  alors  en  entraînant  par  adhérence  de  pression 
la  cale ,  dont  le  pivot  d’articulation  avec  le  bras  qui  la  rattache  à  l’axe  glisse  dans  une 
coulisse  de  ce  bras;  les  talons  du  coulisseau  viennent,  a  la  fin,  reposer  sur  les  griffes. 
Au  commencement  de  la  remonte,  le  jeu  qui  se  produit  entre  la  cale  et  le  coussinet  de 
la  bielle  d’excentrique  permet  au  contrepoids  d’agir,  en  dégageant  la  cale  et  relevant  le 
coulisseau  à  l’aide  des  griffes.  Le  débrayage  est  ainsi  opéré  automatiquement,  et  le 
contrepoids  le  maintient.  Ce  dispositif  permet  encore,  pour  le  réglage,  d’effectuer 
doucement  la  descente  du  coulisseau  sans  faire  intervenir  la  cale  et  l’arbre  à  excen¬ 
trique;  à  cet  effet,  le  bras  du  contrepoids  est  réuni  à  l’axe,  de  façon  qu’en  le  soule¬ 
vant  directement,  il  n’entraîne  pas  l’axe;  alors  le  coulisseau  descend  par  son  propre 


‘2  OA 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


poids,  malgré  la  présence  des  griffes  sous  les  talons,  jusqu’au  contact  de  la  pièce  à 
découper. 

Afin  d’augmenter  les  ressources  des  machines,  surtout  dans  l’intérêt  de  la  petite 
industrie,  on  adapte  fréquemment  plusieurs  dispositions  à  une  même  machine.  Nous 
avons  déjà  cité  la  machine  à  levier  et  à  vis,  de  M.  Dard,  qui  possède  cinq  outils.  En 
montant  sur  le  même  arbre  deux  cames  actionnant  chacune  un  levier,  M.  Le  Blanc 
constitue  un  découpoir  à  deux  outils  placés  symétriquement  par  rapport  à  l’arbre  de 
commande.  M.  Picard  assemble,  autour  d’un  pivot  vertical  et  sur  un  même  bâti,  quatre 
petites  machines  à  excentrique  et  à  levier,  ayant  chacune  sa  table  de  travail,  son  cou¬ 
lisseau  et  son  outil;  ce  moyen  lui  permet  d’amener  l’un  ou  l’autre  outil  sur  la  pièce 
sans  la  déplacer.  Les  fortes  machines  à  excentrique  peuvent  porter  sur  le  même  arbre 
deux  excentriques  disposés  d’un  même  côté  par  rapport  à  la  commande  des  engre¬ 
nages,  ou  de  part  et  d’autre  de  cette  commande;  dans  le  premier  cas,  l’un  des  outils 
est,  pour  ainsi  dire,  encastré  dans  le  bâti,  qui  est  muni  d’une  échancrure  pour  rece¬ 
voir  la  table  de  travail;  dans  l’autre  cas,  l’ensemble  des  organes  de  la  commande  est 
logé  dans  une  ouverture  pratiquée  au  milieu  du  bâti ,  et  les  deux  parties  de  la  machine 
sont  symétriques  par  rapport  à  l’ouverture.  Enfin  on  adapte  encore  deux  outils  au 
même  coulisseau,  l’un  à  la  partie  inférieure,  l’autre  à  la  partie  supérieure;  toutefois 
ce  dernier,  qui  est  nécessairement  une  lame  de  cisaille,  n’est  pas  accompagné  d’un 
appareil  de  débrayage;  le  bâti  présente  alors  un  deuxième  coude  au-dessus  du  coulis¬ 
seau,  pour  l’adaptation  de  la  matrice  de  l’outil  supérieur. 

M.  Spühl  expose  une  machine  à  poinçonner  et  river  les  tuyaux  formés  par  enrou¬ 
lement  d’une  feuille  de  tôle.  La  machine  n’est  autre  chose  qu’un  découpoir  multiple; 
elle  comprend  deux  arbres  parallèles  mis  en  mouvement  à  la  fois  par  intermédiaire 
d’engrenages;  chaque  arbre  porte  seize  excentriques  actionnant  par  bielles  autant  de 
coulisseaux  munis  de  poinçons  à  percer  pour  l’un  des  arbres,  de  bouterolles  à  river 
pour  l’autre.  Les  axes  des  excentriques  sont  disposés  deux  à  deux,  sur  des  rayons  dif¬ 
férents,  de  façon  que  les  outils  agissent  successivement  par  deux  pour  un  tour  de 
l’arbre.  Pour  le  poinçonnage,  le  tube  est  présenté  sur  un  mandrin  muni  de  trous  qui 
correspondent  aux  poinçons;  le  tube  est  ensuite  placé  sur  un  autre  mandrin  muni  de 
contre-bouterolies,  les  rivets  sont  mis  en  place  à  la  main,  les  têtes  disposées  à  l’inté¬ 
rieur  du  tuyau,  et  l’ensemble  est  reporté  sous  le  deuxième  arbre,  qui  exécute  le  rivetage. 
Afin  de  maintenir  les  bords  de  la  tôle  dans  une  position  invariable,  les  tuyaux  sont, 
avant  l’opération ,  serrés  aux  extrémités  par  des  fils  de  fer. 

M.  Kireheis  présente  une  machine  à  perforer  les  filtres  automatiquement.  La  ma¬ 
chine  est  une  petite  poinçonneuse,  à  laquelle  sont  ajoutés  des  dispositifs  pour  supporter 
le  rond  de  tôle  à  perforer  et  pour  lui  donner  à  la  fois  un  mouvement  de  rotation  au¬ 
tour  de  son  centre  et  un  mouvement  de  translation  suivant  un  rayon,  les  deux  mou¬ 
vements  étant  combinés  de  façon  que  les  trous  soient  équidistants  les  uns  des  autres 
de  bord  à  bord  et  placés  sur  une  courbe  qui  est  sensiblement  une  spirale  d’Archimède. 


MACHINES-OUTILS. 


205 


Le  rond  de  tôle  est  monté,  par  son  centre,  entre  les  deux  pointes  verticales  d’une  sorte 
de  G  adapté  à  un  chariot  horizontal,  parallèle  à  l’arbre  du  découpoir;  il  reçoit  le  mou¬ 
vement  de  rotation  de  deux  galets  qui  encastrent  ses  deux  faces,  près  du  bord  .et  à  peu  de 
distance  du  point  où  agit  le  poinçon,  les  galets  ayant  à  leur  circonférence  des  vitesses 
égales  et  de  sens  contraires  et  étant  d’ailleurs  montés  sur  des  arbres  semblables  à  ceux  des 
machines  à  moulurer  que  nous  examinerons  plus  loin,  l’arbre  du  galet  supérieur  étant 
articulé  sur  un  axe  horizontal  et  appuyé  par  un  levier  à  contrepoids  réglable,  qui  pro¬ 
duit  la  pression  nécessaire  pour  l’entraînement  du  rond  par  les  galets.  La  vitesse  de 
rotation  des  galets  étant  constante  et  la  marche  du  poinçon  uniforme,  le  déplacement 
suivant  le  rayon  doit  être  variable;  à  cet  effet,  la  commande  des  galets  et  du  chariot 
est  prise  sur  l’arbre  à  excentrique  par  un  bouton  de  manivelle  et  une  bielle  qui 
actionne,  par  leviers  séparés,  deux  cliquets  entraînant  deux  rochets  à  dents  fines;  l’un 
des  rochets  conduit  les  galets;  l’axe  de  l’autre  rochet  commande  la  vis  du  chariot  par 
une  sorte  de  treuil  a  corde  qui  s’enroule  d’une  part  sur  un  cylindre,  de  l’autre  sur 
un  cône  à  gorge  spiraloïdale.  L’avance  du  chariot  est  ainsi  en  raison  inverse  de  la 
longueur  du  rayon  au  point  de  travail  du  poinçon  ;  mais ,  pour  tenir  compte  du  dia¬ 
mètre  constant  du  trou  et  de  l’écartement  uniforme  des  bords  de  trous  voisins,  cette 
avance  doit,  en  réalité,  augmenter  plus  rapidement;  pour  cela,  le  chariot  porte  un  galet 
engagé  dans  une  rainure  d’un  cylindre ,  dont  l’axe  est  commun  avec  celui  d’un  des  le¬ 
viers  du  cliquet  qui  produit  l’avance  du  chariot;  la  forme  de  cette  rainure  fait  varier 
l’amplitude  du  mouvement  du  levier  et,  par  suite,  celle  du  mouvement  du  cliquet  et 
l’avance  elle-même. 

Outils.  —  Les  outils  adaptés  aux  découpoirs  comprennent  deux  parties  :  l’une,  fixée 
au  coulisseau,  est  un  poinçon  cylindrique  ou  de  section  conforme  au  trou  a  pratiquer, 
à  l’empreinte  à  découper  ou  à  la  pièce  de  forge  à  ébarber,  une  lame  plane  de  cisaille, 
un  couteau  à  la  section  de  la  barre  profilée,  cornière,  etc.,  à  tronçonner;  l’autre  partie, 
fixée  sur  la  table,  est  une  matrice  creuse,  une  deuxième  lame  de  cisaille  ou  contre- 
lame,  un  tas  servant  à  la  fois  de  couteau  et  de  support  pour  la  barre;  pour  le  décou¬ 
page  des  fils  et  des  barres  de  faible  diamiètre,  le  tas  est  une  lunette  qui  est  traversée 
par  le  fil  ou  la  barre  et  qui  le  soutient,  tout  en  maintenant  sa  direction.  Nous  ne  cite¬ 
rons  que  pour  mémoire  les  poinçons  et  les  matrices  d’emboutissage  et  d’étampage  que 
l’on  adapte  quelquefois  aux  découpoirs,  mais  qui  ne  conviennent  nullement  au  mode 
d’action  de  ces  machines,  de  celles  du  moins  à  course  d’amplitude  déterminée,  à  cause 
de  l’invariabilité  même  de  cette  course,  et  qui  sont  susceptibles  d’occasionner  des  acci¬ 
dents  de  rupture,  si  les  pièces  soumises  à  l’opération  ont  trop  d’épaisseur  ou  une  résis¬ 
tance  trop  considérable  a  l’écrasement. 

Les  poinçons  et  les  couteaux  attaquent  généralement  la  pièce  par  toute  leur  surface 
inférieure;  il  est  cependant  avantageux  d’incliner  légèrement  cette  surface  d’un  bord 
au  milieu  ou  au  bord  opposé,  afin  d’amorcer  leur  attaque  par  les  extrémités  et  de  leur 


206 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


donner  une  action  progressive  ou  cisaillante  ;  il  est  bon  aussi  de  former  une  sorte  de 
coupe  légère  à  la  partie  extérieure  du  poinçon,  ainsi  que  sur  Ta  face  inférieure,  pour 
que  l’arête. soit  vive  et  franchement  saillante  sur  le  corps.  On  donne  toujours  aux  lames 
un  tranchant  plus  ou  moins  prononcé,  la  face  intérieure  étant  verticale  ou  plutôt  paral¬ 
lèle  à  la  direction  du  coulisseau;  de  plus,  Tarête  de  la  lame  a  une  direction  oblique 
sur  l’horizontale,  de  manière  à  couper  par  action  progressive;  cette  arête  est  d’ailleurs 
droite  ou  convexe.  Les  . couteaux  profilés  sont  analogues  à  des  poinçons  n’agissant  que 
par  un  de  leurs  côtés;  il  convient  de  les  dégager  sur  la  face  inférieure.  Les  matrices 
offrent  généralement  une  surface  plane  ou  entaillée  suivant  la  forme  des  pièces  à  sup¬ 
porter;  leur  bord  doit  également  former  une  arête  parfaitement  nette  et  vive. 

De  ces  divers  outils,  les  lames  de  cisaille  peuvent  seules  être  considérées  comme  des 
outils  coupants.  Les  poinçons  défoncent  ou  brisent  la  matière,  plutôt  qu’ils  la  coupent; 
la  section  qu’ils  forment  est  toujours  arrachée;  de  plus,  leur  action,  à  la  fois  déprimante 
et  désagrégeante,  s’étend  toujours  à  une  certaine  distance  de  la  surface  de  section;  le 
pourtour  de  la  paroi  du  trou  est  fortement  écroui.  Ces  effets  des  poinçons  les  ont  fait 
tomber  avec  raison  en  discrédit,  malgré  la  rapidité  de  leur  action,  comparée  à  celle 
des  outils  à  percer  ou  à  mortaiser.  Quoi  qu’il  en  soit,  il  est  très  important,  pour  que 
l’outil  d’un  découpoir  travaille  dans  les  conditions  les  plus  favorables,  fournisse  la  sec¬ 
tion  la  plus  nette  et  prenne  le  moins  de  force  possible ,  que  les  arêtes  des  deux  parties , 
telles  qu’un  poinçon  et  une  matrice,  étant  rapprochées,  se  touchent  d’aussi  près  que 
possible,  tout  en  étant  très  vives,  et  que,  dans  le  mouvement  de  pénétration  d’une  par¬ 
tie  dans  l’autre,  l’arête  de  l’une  ne  rencontre  pas  la  surface  latérale  de  l’autre. 

Les  outils  se  fixent  au  coulisseau  ou  à  la  table  par  des  vis  ou  par  des  boulons  à  têtes 
logées  dans  des  rainures;  il  convient  que  la  surface  d’appui  soit  très  large.  Ordinaire- 
rement,  les  poinçons  et  leurs  matrices  se  rapportent  dans  des  semelles,  dans  lesquelles 
ils  s’encastrent  exactement;  les  lames  de  cisaille  se  rapportent  également  et  se  fixent 
sur  des  semelles  à  équerre.  On  adjoint  aux  poinçons  un  appareil  appelé  vulgairement 
rabot,  qui  est  destiné  à  empêcher  la  pièce  poinçonnée  d’être  soulevée  par  l’entraîne¬ 
ment  du  poinçon  ou  relèvement;  il  se  compose  d’une  fourche  ou  de  deux  griffes  se 
fixant  sous  la  partie  du  bâti  qui  sert  de  glissière  au  coulisseau,  ou  sur  les  faces  latérales, 
au  besoin  avec  l’intermédiaire  d’une  semelle  a  équerre;  ces  pièces  sont  ordinairement 
munies  de  coulisses  à  boulons,  qui  permettent  le  réglage  en  hauteur. 


PRESSES  À  DÉCOUPER  ET  À  EMBOUTIR. 

Rien  que  ces  presses  aienfbeaucoup  d’analogie  avec  les  précédentes  au  point  de  vue 
du  mode  de  fonctionnement,  elles  s’en  distinguent  essentiellement,  en  ce  que  l’outil  est 
placé  très  peu  en  porte-à-faux  sur  un  coude  très  court  du  bâti,  ou  même  est  disposé 
entre  des  montants  symétriques,  et  que  la  position  du  point  le  plus  bas  de  sa  course 
peut  être  réglée  exactement;  en  un  mot,  elles  constituent  des  machines  de  précision; 


MACHINES-OUTILS. 


207 


elles  procurent  la  possibilité  d’exécuter  les  découpages  les  plus  délicats,  tel  que  celui 
d’organes  de  montre,  et  de  mouler  par  emboutissage  des  objets  métalliques  dans  les 
empreintes  les  plus  compliquées.  Les  outils  se  composent  de  poinçons  et  de  matrices. 

Une  machine  ne  possède  le  plus  souvent  qu’un  seul  poinçon;  cependant  quelques- 
unes  sont  disposées  à  la  fois  pour  découper  un  disque  de  tôle,  ou  flan,  et  l’emboutir, 
au  moyen  de  deux  poinçons,  dont  l’un  est  intérieur  à  l’autre,  et  qui  agissent,  successi¬ 
vement,  le  poinçon  découpeur  appuyant  en  outre  ou  guidant  les  bords  du  flan  pendant 
l’emboutissage,  de  façon  a  éviter  la  production  de  replis  du  métal.  Le  poinçon  unique 


Presse  de  MM.  Sliles  et  Parker. 

est  adapté  à  un  coulisseau  guidé  le  long  de  coulisses  rectangulaires,  en  V  ou  en  queue 
d’aronde,  avec  clavettes  pour  la  suppression  du  jeu;  le  coulisseau  est  actionné  par  une 
et  quelquefois  par  deux  bielles,  quand  il  est  à  l’intérieur  de  deux  montants,  les  bielles 
étant  montées  sur  des  parties  excentrées  de  l’arbre.  M.  Bliss  et  M.  Robelet  forment  la 
bielle  de  deux  parties,  dont  les  extrémités  voisines  sont  filetées  en  sens  inverses  et  vissées 
sur  un  même  manchon,  avec  contre-écrou  à  chaque  bout  de  ce  dernier;  en  faisant  tour¬ 
ner  le  manchon ,  on  produit  le  rapprochement  ou  l’écartement  des  deux  parties  de  la 
bielle;  on  peut  ainsi,  par  la  variation  de  longueur  de  la  bielle,  régler  la  position  du  point 
le  plus  bas  de  la  course  du  poinçon.  M.  Kircheis  taraude  les  deux  parties  de  la  bielle 
en  sens  inverses  et  les  relie  par  une  vis  qui  fait  l’office  du  manchon  précédent.  Mais  ces 
dispositions  ont  l’inconvénient  d’affaiblir  la  bielle  et  de  faire  porter  la  pression  sur  des 


208 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


filets  de  vis.  MM.Stiles  et  Parker  forment  la  bielle  d’une  seule  pièce  et  reportent  le  ré¬ 
glage  du  point  le  plus  bas  de  la  course  du  poinçon  sur  la  position  de  la  tête  supérieure 
delà  bielle;  à  cet  effet,  au  lieu  d’envelopper  directement  l’excentrique  de  l’arbre  par 
la  tête  de  la  bielle,  ils  interposent  entre  ces  deux  parties  une  douille  dont  l’extérieur 
est  excentré  par  rapport  à  l’intérieur,  et  ils  la  réunissent,  après  réglage,  à  la  tête  en  ser¬ 
rant  les  oreilles  dont  celle-ci  est  munie;  c’est  alors  la  position  de  l’axe  de  l’extérieur  de 
la  douille  qui  détermine  celle  de  la  bielle,  a  un  moment  quelconque  de  la  rotation  de 
l’excentrique;  pour  la  facilité  de  la  manœuvre  et  du  réglage  de  la  douille,  celle-ci  est 
dentée  sur  son  pourtour  et  engrène  avec  un  pignon  dont  l’axe,  fixé  à  la  tête  de  bielle, 
peut  recevoir  une  manivelle  ou  un  levier;  de  plus,  elle  porte  une  graduation,  pendant 
que  la  tête  de  bielle  porte  une  aiguille  de  repère. 

Les  machines  a  double  poinçon  ont  un  coulisseau  analogue  au  précédent  et  portant 

le  poinçon  extérieur;  le  poinçon  intérieur 
est  adapté  a  un  coulisseau,  ordinairement 
cylindrique ,  logé  dans  le  premier.  Le  cou¬ 
lisseau  intérieur  est  actionné  par  excen¬ 
trique  et  bielle  de  longueur  réglable.  Le 
coulisseau  extérieur,  dans  les  machines  de 
M.  Bliss  et  de  M.  Kircheis,  est  actionné, 
pour  la  descente,  par  deux  cames  égales 
disposées  sur  l’arbre  de  part  et  d’autre  de 
l’excentrique ,  et  il  est  rappelé  vers  le  haut 
par  des  ressorts  attachés  à  des  points  fixes 
du  bâti;  l’appui  des  cames  sur  le  coulis¬ 
seau  se  fait  par  des  galets  que  porte  celui- 
ci;  la  saillie  du  poinçon  extérieur  sur  le 
coulisseau  est  réglée  au  moyen  des  bou¬ 
lons  qui  relient  les  deux  parties.  MM.  Stiles 
et  Parker  font  à  l’emploi  des  cames  un 
grave  reproche  :  pour  maintenir  convena¬ 
blement  le  flan,  elles  doivent  exercer  sur 
lui  une  pression  très  forte;  mais  comme 
elles  tournent  en  même  temps,  elles  éprou¬ 
vent  sur  leurs  points  de  contact  avec  les 
galets  du  coulisseau  un  frottement  consi¬ 
dérable,  qui  ne  tarde  pas  à  les  user,  ainsi 
que  les  galets,  et  souvent  d’une  façon  irrégulière,  de  sorte  qu’elles  produisent  un  ser¬ 
rage  variable  et  donnant  lieu  à  des  trépidations;  de  plus,  l’appui  pour  la  pression  est 
pris  sur  1  arbre,  qui,  par  suite,  fatigue  beaucoup;  enfin,  quand  le  deuxième  poinçon 
agit  à  son  tour,  la  poussée  qui  en  résulte  tend  à  faire  fléchir  l’arbre  et  à  réduire  la 


Machine  à  découper  et  emboutir, 
de  MM.  Stiles  et  Parker. 


MACHINES-OUTILS. 


209 


pression  sur  le  flan,  précisément  au  moment  où  celle-ci  devrait  être  le  plus  forte. 
MM.  Stiles  et  Parker  produisent  le  mouvement  des  deux  coulisseaux  par  la  seule  action 
de  la  bielle  d’excentrique,  de  telle  façon  que  le  poinçon  extérieur,  étant  venu  au  contact 
de  la  matrice,  y  soit  maintenu  avec  une  forte  pression,  pendant  que  le  poinçon  inté¬ 
rieur  continue  son  mouvement;  à  cet  effet,  le  coulisseau  extérieur  est  relié  à  un  axe 
fixé  au  bâti  par  deux  systèmes  formés  chacun  de  deux  bras  articulés  l’un  sur  l’autre 
et,  en  outre,  le  bras  supérieur  sur  le  bâti  par  l’axe  fixe,  le  bras  inférieur  sur  le  cou¬ 
lisseau;  la  longueur  des  bras  est  telle  que,  le  coulisseau  étant  au  bas  de  sa  course,  les 
trois  axes  sont  en  ligne  droite;  le  bras  supérieur  possède  une  coulisse,  dans  laquelle 
est  engagée  une  traverse  cylindrique  horizontale  faisant  corps  avec  la  bielle  d’excen¬ 
trique;  la  coulisse  présente  une  partie  courbe,  dans  laquelle  la  traverse  se  meut  en 
redressant  les  bras  pendant  la  première  période  de  la  descente,  et  une  partie  droite, 
dans  laquelle  la  traverse  achève  son  mouvement,  les  bras  étant  redressés;  la  fixité 
des  bras  et,  par  suite,  du  coulisseau  extérieur  est  ainsi  assurée  pendant  la  deuxième 
période  de  la  descente  du  coulisseau  intérieur;  quant  à  la  pression,  elle  est  réglée  par 
la  production  du  contact  du  poinçon  extérieur  avec  la  matrice  un  peu  avant  le  redres¬ 
sement  complet  du  système  des  bras;  on  obtient  l’instant  du  contact,  comme  du  reste 
dans  les  machines  de  M.  Bliss  et  de  M.  Kircheis,  en  réglant  la  longueur  même  de  l’en¬ 
semble  du  coulisseau  extérieur  et  de  son  poinçon  au  moyen  des  boulons  qui  servent 
à  les  relier.  On  voit  qu’avec  ce  dispositif,  la  pression  sur  le  flan  est  produite  au  moment 
du  travail  par  des  organes  sans  mouvement,  que  son  point  d’appui  est  un  axe  indé¬ 
pendant  de  l’arbre  et  qu’on  peut  renforcer  autant  que  cela  est  nécessaire,  qu’en  fin 
l’usure  est  peu  à  craindre  et  n’atteint  que  les  coulisses  des  bras  supérieurs  des  systèmes 
articulés. 

M.  Kobelet  relie  l’arbre  à  excentrique  à  l’arbre  du  volant  au  moyen  de  deux  roues 
coniques  de  friction;  les  deux  arbres  étant  parallèles,  les  cônes  de  ces  deux  roues  sont 
tournés  en  sens  inverses  l’un  de  l’autre;  l’arbre  du  volant  est  libre  dans  le  sens  de  sa 
longueur,  mais  ne  maintient  sa  roue  conique  au  contact  de  celle  de  l’autre  arbre 
que  si  l’on  agit  sur  l’une  de  ses  extrémités  au  moyen  d’une  vis  de  butée  a  écrou  fixe; 
la  manœuvre  rapide  de  cette  vis  à  l’aide  d’un  levier  opère  l’embrayage  ou  le  débrayage. 
Mais  la  mise  en  marche  et  l’arrêt  du  mouvement  de  l’outil  se  font  le  plus  ordinaire¬ 
ment  en  reliant  l’arbre  à  excentrique  avec  la  douille  du  volant  ,  qui  est  toujours  en 
mouvement,  ou  en  l’en  séparant  par  la  manœuvre  d’un  mécanisme  d’embrayage  pro¬ 
duite  â  l’aide  d’une  pédale;  la  liaison  est  obtenue  par  une  clavette,  qu’un  ressort  tend 
à  maintenir  dans  l’intérieur  de  l’arbre  et  qui  est  poussée  contre  le  volant  par  une 
pièce  terminant  la  tringle  de  la  pédale;  la  douille  du  volant  présente  des  entailles,  or¬ 
dinairement  au  nombre  de  trois,  dans  l’une  desquelles  pénètre  la  clavette;  dès  que 
l’action  du  pied  sur  la  pédale  cesse,  la  clavette  rentre  d’elle-même  dans  l’arbre.  Avec 
ces  dispositifs,  l’embrayage  persiste  tant  qu’on  maintient  le  pied  sur  la  pédale;  MM.  Stiles 
et  Parker  ont  complété  le  mécanisme,  dans  une  de  leurs  machines,  de  façon  qu’on  ne 


GnoupE  VI.-  iv. 


210 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


puisse  jamais  donner  qu’un  seul  coup,  le  débrayage  s’effectuant  de  lui-même  après  un 
tour  de  l’arbre  a  excentrique,  malgré  la  présence  du  pied  sur  la  pédale;  la  tringle  de 
manœuvre  est  formée  de  deux  parties,  qu’un  ressort  tend  à  rapprocher  et  qui  sont 
maintenues  à  l’écartement  convenable  par  la  griffe  d’une  espèce  de  cliquet;  un  bouton 
en  saillie  sur  l’arbre  vient,  après  un  tour,  agir  sur  le  cliquet  et  dégager  la  griffe;  le  dé¬ 
brayage  se  produit  et  se  maintient  par  suite  du  raccourcissement  de  la  longueur  de  la 
tringle;  il  faut  alors  abandonner  la  pédale  pour  que  la  partie  inférieure,  en  s’abaissant, 
vienne  ressaisir  la  griffe,  pendant  que  la  partie  supérieure  ne  bouge  pas. 

Nous  signalerons,  comme  autre  particularité  des  machines  de  MM.  Stiles  et  Parker, 
l’ajustage  de  l’arbre  dans  ses  portées  sur  le  bâti  :  les  tourillons  sont  cylindriques  et 
engagés  dans  des  coquilles  en  bronze  d’une  seule  pièce;  les  coquilles  sont  éviclées  inté¬ 
rieurement  à  leur  partie  inférieure  suivant  un  arc  de  courbe  qui,  en  principe,  doit  être 
un  arc  de  spirale  logarithmique,  et  dans  cet  évidement  se  place  un  coussinet,  que  l’on 
avance  plus  ou  moins  sur  le  fond,  de  manière  qu’il  produise  toujours  l’appui  de  l’arbre 
contre  la  partie  supérieure  de  la  coquille.  Nous  citerons  encore  le  manchon,  dit  de  dé¬ 
brayage ,  adapté  à  l’arbre  :  en  tournant  ce  manchon,  on  soustrait  la  clavette  d’embrayage 
à  l’action  de  la  pédale,  et  l’on  peut,  sans  arrêter  le  volant,  amener  le  coulisseau  au 
point  le  plus  bas  de  sa  course,  pour  régler  le  poinçon  et  la  matrice. 

Dans  un  modèle  de  MM.  Stiles  et  Parker,  l’ensemble  de  la  table  et  du  support  du 
coulisseau  est  inclinable  autour  de  l’axe  de  l’arbre,  qui  est  lui-même  supporté  par  un  fort 
bâti;  la  manœuvre  de  l’inclinaison  du  système  mobile  s’opère  â  l’aide  d’une  vis  agissant 
sur  un  secteur  denté  adapté  au  système;  elle  n’entraîne  d’ailleurs  aucun  changement 
dans  le  mode  de  fonctionnement  de  la  machine,  ni  dans  la  position  de  la  courroie, 
ainsi  que  du  mécanisme  d’embrayage  et  cl’arrêt.  Une  machine  de  M.  Bliss  est  égalemen  t 
inclinable,  mais  autour  d’un  axe  qui  se  trouve  â  la  hauteur  moyenne  de  la  table;  toute 
la  machine  pivote  sur  Tévidement  cylindrique  d’un  support  fixe;  on  est  alors  obligé  de 
modifier  la  longueur  de  la  courroie  et  d’ajuster  le  mécanisme  d’embrayage. 

La  mise  en  place  des  poinçons  et  des  matrices  a  besoin  cl’être  faite  avec  beaucoup  de 
d’exactitude.  Le  poinçon  est  à  tige  cylindrique  ou  de  section  carrée,  et  s’engage  ordinai¬ 
rement  dans  un  logement  formé  par  moitié  dans  le  coulisseau  et  dans  une  plaque  de 
recouvrement  fixée  par  des  boulons;  MM.  Stiles  et  Parker  font  aussi  le  logement  en 
forme  de  V  dans  l’une  et  l’autre  parties,  ce  qui  leur  permet  de  centrer  toujours  très 
exactement  des  poinçons  à  tige  cylindrique,  malgré  de  légères  différences  sur  le  dia¬ 
mètre  de  la  tige.  La  matrice  se  place  sur  la  table  entre  deux  glissières  avec  vis  de 
calage  latérales;  elle  est  parfois  appuyée  par  des  brides  serrant  sur  sa  face  supérieure. 

Dans  un  ordre  d’idées  un  peu  différent,  M.  Nury  sépare  les  poinçons  du  coulisseau 
et  leur  fait  traverser  des  bagues  amovibles  rapportées  sur  le  couvercle  et  le  fond  d’une 
boîte,  dans  laquelle  il  dispose  la  pièce  à  poinçonner;  les  poinçons  sont  ainsi  guidés,  et 
de  plus,  comme  ils  passent  complètement  au  travers  de  la  pièce,  on  évite  les  arrache¬ 
ments  qui  sont  souvent  produits,  avec  le  procédé  ordinaire,  lors  delà  remonte  par  les 


MACHINES-OUTILS. 


211 


bords  plus  ou  moins  refoulés  de  la  tranche  du  poinçon.  Pour  le  découpage  de  pièces 
très  délicates,  MM.  Stiles  et  Parker  réunissent  le  poinçon  et  la  matrice  dans  un  même 
appareil,  qui  se  place  sur  la  table  de  la  machine;  le  poinçon  de  celle-ci  ne  sert  alors 
qu’à  donner  la  pression  sur  celui  de  l’appareil ,  et  tout  le  réglage  portQ  sur  ce  dernier. 

BALANCIERS. 

Le  principe  des  balanciers  repose  sur  la  transformation  du  mouvement  circulaire 
en  mouvement  rectiligne,  au  moyen  d’une  vis  qui  tourne  et  avance  en  même  temps 
dans  un  écrou  fixe  :  la  puissance  développée  en  ligne  droite  est  à  celle  développée 
suivant  un  arc  de  cercle  en  raison  inverse  des  chemins  parcourus  par  les  points  d’ap¬ 
plication  de  chacune,  en  ne  tenant  pas  compte  de  la  fraction  absorbée  par  le  frottement 
de  la  vis  dans  l’écrou;  pour  que  cette  fraction  ne  soit  pas  trop  considérable,  on  donne 
au  filet  une  inclinaison  assez  grande  sur  les  plans  normaux  à  l’axe,  ce  qui  correspond 
ordinairement  à  la  présence  d’au  moins  trois  filets.  La  vis  est  à  filet  carré.  Le  mouve¬ 
ment  de  rotation  peut  être  donné  à  la  vis  à  la  main  ou  mécaniquement;  dans  le  pre- 


la  masse,  multipliée  par  le  carré  de  la  vitesse  qui  leur  est  imprimée,  constitue  la  force 
vive  principale  communiquée  au  système;  c’est  cette  pièce  qui  a  donné  son  nom  au 
genre  de  machines  que  nous  examinons;  la  poignée  de  manœuvre  lui  est  adaptée  près 
d’une  des  extrémités.  Pour  la  commande  mécanique,  la  vis  est  munie  d’un  volant  qui 
fait  l’olïice  du  balancier  et  aucpiel  la  rotation  est  donnée  par  friction,  à  la  descente 
comme  à  la  remonte. 

Dans  un  modèle  particulier  de  MM.  Dandoy-Mailliard  et  Lucq,  la  vis  est  disposée  en 
porte-à-faux  sur  un  coude  du  bâti;  elle  agit  sur  un  levier  articulé  à  un  point  fixe  de  la 
semelle  et  portant  un  des  éléments  de  l’outil,  dont  l’autre  élément  repose  sur  la  se¬ 
melle.  Un  balancier  de  AL  kircheis  présente  également  la  vis  en  porte-à-faux;  mais 
celle-ci  est  reliée  à  un  coulisseau,  comme  dans  les  machines  suivantes. 

Dans  tous  les  autres  modèles  de  balanciers,  l’une  des  deux  pièces,  vis  ou  écrou,  est 
fixée  au  milieu  d’un  arc  ou  d’une  traverse  entre  deux  montants  ou  colonnes  symétriques, 
et  l’autre  pièce  est  reliée  à  un  coulisseau  à  section  rectangulaire  ou  à  nervures-guides 
en  V,  qui  se  meut  entre  des  glissières  adaptées  aux  montants;  la  semelle  vient  parfois 
de  fonte  avec  les  montants,  ou  plus  souvent  est  assemblée  solidement  avec  eux;  les 
éléments  de  l’outil  sont  fixés  au  coulisseau  et  à  la  semelle. 

La  disposition  des  balanciers  rentre  donc  dans  celle  des  presses  que  nous  avons  étu¬ 
diées  jusqu’à  présent,  et  de  plus  dans  les  modèles  de  ces  presses  les  mieux  établis;  on 
voit,  par  suite,  que  le  balancier  se  prête  à  tous  les  travaux  qui  peuvent  être  exécutés 
par  les  divers  genres  de  presses;  en  outre,  comme  son  action  s’éteint  en  même  temps 
que  la  force  vive  qui  était  accumulée  sur  la  vis,  il  ne  participe  pas,  au  même  degré, 
aux  dangers  de  rupture  qu’offrent  les  presses,  quand  la  résistance  qui  leur  est  oppo- 


21 2 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1880. 


sée  est  supérieure  à  celle  de  leurs  organes;  par  contre,  les  pertes  de  force  par  frotte¬ 
ment  y  sont  considérables,  et  l’excès  de  force  vive,  que,  par  précaution,  on  donne 
toujours  à  la  vis,  est  perdu  et  meme  transformé  en  effets  nuisibles  pour  la  vis,  l’écrou 
et  les  diverses  parties  de  la  machine;  aussi,  pour  cette  raison,  convient-il,  en  particulier, 
de  fixer  très  solidement  l’écrou  et  de  le  faire  en  matière  très  résistante,  telle  que  acier, 
bronze  dur  ou  phosphoreux.  Une  des  conditions  principales  de  la  construction  est  que 
les  axes  de  la  vis,  de  l’écrou  et  du  coulisseau,  dont  la  position  est  déterminée  pour 
chacun  par  leurs  logements  dans  le  bâti  et  par  la  forme  de  leurs  parties  encastrées 
dans  ces  logements,  ainsi  que  par  la  direction  des  glissières,  soient  parfaitement  en 
coïncidence  :  le  moindre  écart  entre  eux  donne  lieu  à  des  efforts  latéraux  susceptibles 
d’occasionner  l’usure  rapide  de  l’écrou  et  de  la  vis,  et  même  leur  rupture  ou  celle  du 
bâti. 

Un  balancier  à  main  de  M.  Kircheis  présente  deux  colonnes  encastrées  dans  la 
semelle  et  assemblées  par  boulons  avec  la  traverse  porte-écrou. 

Un  balancier  de  M.  Le  Blanc  possède  un  arc  venu  de  fonte  avec  la  table;  il  est  muni 
d’un  outillage  destiné  â  Tébarbage  des  boulons;  un  chasse-pièce  ou  bonhomme,  dis¬ 
posé  au  fond  de  la  matrice,  est  actionné  à  l’aide  d’une  pédale. 

M.  Saÿn  expose  des  balanciers  mécaniques  destinés  à  frapper  les  têtes  des  boulons 
ou  des  rivets,  ou  â  les  ébarber.  Dans  les  uns,  le  bâti  est  en  fonte  d’une  seule  pièce;  il 
représente  un  socle  avec  deux  montants  réunis  vers  le  haut  par  une  forte  traverse  dans 
laquelle  est  encastré  l’écrou,  et  surmontés  de  bras  portant  l’arbre  de  commande.  Des 
ruptures  de  bâtis  s’étant  produites,  avec  ce  modèle,  par  suite  des  chocs  et  des  réactions 
auxquels  les  organes  sont  souvent  exposés,  M.  Saÿn  a  séparé,  dans  un  nouveau  modèle, 
le  socle  de  la  traverse  supérieure  et  les  a  réunis  par  deux  fortes  colonnes  qui  les  tra¬ 
versent  et  sont  fixées  par  des  goujons;  les  dispositions  générales  de  la  machine  restent 
d’ailleurs  les  mêmes;  nous  allons  les  indiquer  sommairement. 

L’écrou  étant  fixe,  la  vis  reçoit  le  mouvement  de  translation  et  le  communique  au 
coulisseau ,  avec  lequel  elle  est  assemblée  par  tourillonnement.  Sur  l’arbre  de  commande, 
qui  tourne  constamment  dans  le  même  sens,  deux  plateaux  en  fonte  sont  disposés  de 
part  et  d’autre  d’un  volant  qui  surmonte  la  vis,  et  dont  la  couronne  est  garnie  d’une 
bande  de  cuir  fixée  par  de  petites  broches  en  cuivre;  une  tringle  de  manœuvre,  adaptée 
à  un  bout  de  l’arbre ,  permet ,  par  le  déplacement  de  ce  dernier  suivant  son  axe ,  d’ap¬ 
procher  l’un  ou  l’autre  des  plateaux  jusqu’au  contact  du  volant,  suivant  que  l’on  veut 
opérer  la  descente  ou  la  remonte  de  la  vis.  Durant  la  descente,  l’ouvrier  pressant  sur 
la  tringle  de  manœuvre,  le  volant  se  déplace  du  centre  vers  le  bord  du  plateau  en  con¬ 
tact  et  reçoit,  par  suite,  une  vitesse  de  rotation  accélérée;  la  force  vive  du  système  mobile 
de  la  vis  va  donc  progressivement  en  augmentant ,  ce  qui  est  une  qualité  précieuse  de 
ce  genre  de  balancier.  A  la  remonte,  l’effet  inverse  se  produit,  l’ouvrier  ayant  soin 
d’ailleurs  de  régler  la  pression  sur  le  volant,  de  manière  qu’il  arrive  sans  force  au  haut 
de  la  course;  mais,  dans  le  cas  où  il  posséderait  encore  de  la  force  vive  à  ce  moment, 


MACHINES-OUTILS. 


213 


un  galet  de  sûreté,  tendu  par  un  contrepoids,  est  rencontré  par  la  face  supérieure  du 
volant  et  forme  frein  sur  lui.  Dans  ces  machines,  la  vis  est  à  trois  filets;  l’écrou,  ayant 
à  résister  surtout  à  des  réactions  de  bas  en  haut,  s’appuie  sous  la  traverse  supérieure 
par  une  large  embase  et,  en  outre,  par  deux  épaulements  disposés  en  gradins  dans  l’in¬ 
térieur  de  la  traverse.  Un  chasse-pièce  est  adapté  à  la  table;  il  se  compose  d’une  tige 
verticale,  ou  bonhomme,  percée  d’une  mortaise,  contre  la  face  supérieure  de  laquelle 
appuie  un  coin  de  réglage  qui  détermine  la  saillie  de  la  tige  dans  la  matrice;  la 
manœuvre  se  fait  soit  à  l’aide  d’une  pédale  agissant  sur  une  sorte  de  piston  vertical  qui 
vient  frapper  contre  la  tige,  soit  automatiquement  par  une  tringle  verticale  adaptée 
latéralement  à  la  tige  et  munie  d’une  butée  que  le  coulisseau  rencontre  à  la  remonte. 

M.  Le  Blanc  construit  des  machines,  du  système  Vincent,  destinées  également  à  frap¬ 
per  les  têtes  de  boulons  et  de  rivets.  Ces  machines  ne  sont  autre  chose  que  des  balan¬ 
ciers  dont  plusieurs  dispositions  sont  modifiées.  La  vis  est  fixée  par  des  collets  entre  la 
traverse  supérieure  du  bâti  et  une  deuxième  traverse  située  vers  le  milieu  de  la  hauteur 
des  montants;  elle  reçoit  le  poinçon  à  sa  partie  inférieure.  L’écrou,  qui  est  alors 
mobile,  est  adapté  à  un  coulisseau  guidé  le  long  des  montants  et  relié  par  deux  fortes 
tiges  à  épaulements  et  mortaises  de  clavetage  à  un  coulisseau  inférieur  qui  porte  la 
matrice;  le  système  des  deux  coulisseaux  est  équilibré  par  des  poids  attachés  à  des  chaînes 
passant  sur  des  poulies  de  renvoi,  de  sorte  que  leur  poids  n’intervient  pas  dans  le  tra¬ 
vail.  Le  volant  de  la  vis  et  les  plateaux  de  l’arbre  de  commande  sont  remplacés  par  des 
cônes  de  friction,  le  cône  de  la  vis  étant  garni  de  cuir;  la  vitesse  de  rotation  de  la  vis 
et  celle  de  l’approche  de  la  matrice  sont  donc  uniformes.  Le  mouvement  alternatif  de 
montée  et  de  descente  est  rendu  automatique  par  l’adjonction ,  sur  la  tringle  de  manœuvre 
de  l’arbre ,  de  butées  qui  sont  rencontrées  par  un  appendice  du  coulisseau  porte-écrou  ; 
ces  butées  donnent  en  même  temps  le  moyen  de  faire  varier  la  course  de  la  matrice  et, 
jusqu’à  un  certain  point,  la  puissance  de  son  action.  Un  chasse-pièce  automatique,  logé 
dans  une  douille  fixée  à  la  semelle  du  bâti  et  réglable  en  hauteur,  fonctionne  quand  la 
matrice  revient  au  point  le  plus  bas  de  sa  course. 

MACHINES  À  EMMANDRINER  ET  À  DEMANDRINER. 

M.  Janssens  expose  une  machine,  dont  l’objet  est  d’enfoncer  des  mandrins  cylin¬ 
driques  ou  coniques  dans  une  pièce  et  de  les  en  retirer.  Elle  s’applique  principalement 
au  montage  des  pièces  sur  mandrin  entre  les  pointes  d’un  tour;  le  mandrin  doit  forcer 
dans  la  pièce,  pour  la  centrer  comme  pour  l’entraîner;  trop  souvent  on  emploie,  pour 
la  mise  en  place  et  l’extraction  du  mandrin,  des  moyens  barbares,  consistant,  par 
exemple ,  à  enfoncer  le  mandrin  à  coups  de  marteau  ou  à  frapper  la  pièce  sur  un  objet 
quelconque,  quelquefois  sur  le  banc  du  tour,  opération  toujours  nuisible  à  l’une  ou  à 
l’autre  des  parties  :  pièce,  mandrin  ou  tour.  L’utilité  de  la  machine  est  donc  incontes¬ 
table,  et  d’ailleurs  son  emploi  est  des  plus  simples. 


2l/i 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Machine  à  emmandriner  de  M.  Richards. 


Le  principe  de  la  machine  réside  dans  l’em¬ 
ploi  dune  frappe  animée  d’un  mouvement 
rectiligne  alternatif  assez  rapide,  de  quelques 
millimètres  d’amplitude,  simulant  de  petits 
coups  de  marteau  et  avançant  progressive¬ 
ment  au  fur  et  à  mesure  de  l’enfoncement. 
La  pièce  munie  du  mandrin,  engagé  plus  ou 
moins  à  la  main,  se  place  sur  la  table  de  la 
machine  percée  a  jour  ou  surmontée  d’un  sup¬ 
port  creux,  avec  interposition  de  bagues  de 
diamètre  intérieur  et  de  hauteur  convenables 
pour  laisser  passer  le  mandrin.  La  frappe  est 
formée  par  l’extrémité  de  la  tige  d’une  vis, 
dont  l’écrou  est  un  coulisseau  cylindrique  mû 
par  un  arbre  à  excentrique  ;  un  volant  de  ma¬ 
nivelle,  disposé  sur  la  partie  inférieure  de  la 
vis  et  manœuvré  à  la  main,  sert  à  produire  le 
mouvement  d’avance  pour  l’enfoncement.  Le 
démandrinage  s’opère  d’une  façon  analogue; 
la  pièce  est  simplement  retournée  et  replacée 
sur  la  table ,  et  l’on  fait  agir  la  vis  sur  l’autre 
bout  du  mandrin. 


MACHINES  A  DRESSER. 


MM.  Hurtu  et  Hautin  exposent  une  machine  servant  à  redresser,  principalement 
après  la  trempe,  des  pièces  faussées,  telles  que  arbres,  tarauds,  forets,  alésoirs.  La 
machine  comprend  une  table,  sur  laquelle  se  place  la  pièce  à  dresser,  et  un  montant 
muni  d’une  vis  verticale  servant  à  produire  la  pression;  la  vis  est  réunie  au  montant 
par  un  système  différentiel  de  deux  écrous  intérieurs  l’un  à  l’autre  et  de  pas  différents. 
La  vis  peut  être  actionnée  à  la  main  de  deux  façons,  suivant  le  degré  de  résistance  de 
la  pièce  :  i°  directement,  en  tournant  et  avançant  dans  l’écrou  intérieur,  par  la 
manœuvre  d’un  volant  disposé  à  sa  partie  supérieure  et  muni  d’encoches  espacées  sui¬ 
vant  des  intervalles  correspondant  à  des  dixièmes  de  millimètre  de  descente  de  la  vis; 
un  butoir  tombant  dans  les  encoches  produit  un  bruit  sec  qui  prévient  l’ouvrier  après 
chaque  parcours  d’un  dixième;  2°  par  l’intermédiaire  d’une  vis  sans  fin  à  manivelle, 
engrenant  avec  une  roue  assemblée  avec  l’écrou  intérieur;  la  vis,  dont  la  rotation  est 
empêchée,  avance  en  raison  de  la  différence  de  pas  des  deux  écrous;  une  graduation 
de  la  douille  de  la  roue  indique  la  quantité  dont  elle  marche.  La  pièce  est  placée  sur 
la  table,  entre  les  pointes  de  deux  poupées  ou  sur  des  supports  à  V;  mais,  auparavant, 


MACHINES-OUTILS. 


*215 


on  mesure  la  valeur  de  la  flexion  à  ses  différents  points,  en  la  montant  sur  des  pou¬ 
pées  spéciales  disposées  sur  une  partie  Lien  dressée  de  la  table  et  lui  présentant  un 


comparateur  à  aiguille  amplificatrice;  le  point  de  flexion  maximum  étant  reconnu,  c’est 
sur  lui  qu’on  porte  d’abord  l’action  de  la  vis;  le  pressage  se  fait  généralement  en  plu¬ 
sieurs  opérations,  précédées  chacune  d’une  vérification  au  comparateur.  S’il  paraît 


216 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


imprudent  de  faire  le  dressage  à  froid,  on  peut  approcher  de  la  pièce,  mise  en  place 
sous  la  vis,  un  brûleur  à  gaz,  en  évitant  toutefois  de  dépasser  la  température  d’un  recuit 
ordinaire,  c’est-à-dire  le  jaune  ou,  au  plus,  le  bleu. 


DECOUPOIRS  ET  PRESSES  HYDRAULIQUES. 

Les  découpoirs  hydrauliques  ne  sont  représentés  dans  la  classe  53  que  par  des 
modèles  très  analogues  de  MM.  Sculfort-Malliar  et  Meurice  et  de  l’Hydraulic  Engin- 
neering  G0,  disposés  sous  forme  de  découpoirs  mécaniques  à  bâti  coudé  et  considérable¬ 
ment  renforcé.  Le  coulisseau  est  constitué  par  un  piston  cylindrique,  au-dessus  duquel 
vient  agir  l’eau  en  pression.  Dans  les  presses  de  MM.  Sculfort-Malliar  et  Meurice,  le 
liquide,  fourni  par  une  pompe  accolée  au  bâti,  passe  par  un  distributeur  dont  le  piston 
est  manœuvré  à  la  main  pour  l’admission;  une  butée  réglable  adaptée  au  piston  de 
presse  agit  sur  celui  du  distributeur,  quand  le  premier  est  arrivé  au  bas  de  sa  course, 
et  ferme  automatiquement  l’admission  en  ouvrant  l’échappement;  un  contrepoids  relève 
instantanément  le  piston  de  presse.  La  pompe  est  actionnée,  dans  un  modèle,  à  la  main 
par  un  levier  et,  dans  les  autres  modèles,  par  une  transmission  de  courroie;  l’eau, 
mêlée  de  glycérine  pour  éviter  la  rouille  et  la  congélation,  est  puisée  par  la  pompe 
dans  le  corps  même  du  bâti  et  y  revient  au  sortir  de  la  presse;  le  distributeur  est 
organisé  de  façon  que,  l’admission  à  la  presse  étant  fermée,  l’eau  de  la  pompe  passe 
directement  par  l’échappement. 

La  presse  de  THydraulic  Enginneering  C°  possède,  outre  le  corps  de  presse  prin¬ 
cipal  et  le  gros  piston  de  descente,  un  corps  de  presse  de  faible  diamètre  et  un  piston 
disposés  au-dessus  des  précédents  et  servant  à  la  remonte;  l’eau,  venant  d’un  accumu¬ 
lateur  à  pression  constante,  est  envoyée  par  la  manœuvre  d’un  distributeur  double, 
opérée  à  la  main,  soit  sur  le  piston  de  descente,  soit  sous  le  piston  de  remonte,  chaque 
corps  de  presse  s’ouvrant  d’ailleurs  à  l’évacuation  pendant  que  l’autre  s’ouvre  à  l’admis¬ 
sion. 

L’emploi  de  l’accumulateur  procure  une  grande  vitesse  de  marche;  il  est  soumis, 
pour  la  valeur  de  l’effet  à  produire  par  la  presse,  à  un  maximum,  qui  dépend  de  la 
pression  de  l’accumulateur  et  du  diamètre  du  piston  de  descente;  toute  l’eau  employée 
est  dépensée  à  la  même  pression ,  celle  de  l’accumulateur,  ce  qui  correspond  à  une  perte 
de  force  notable.  La  commande  directe  par  pompe  donne  une  vitesse  de  marche  subor¬ 
donnée  au  débit  de  la  pompe,  faible  en  général,  à  moins  que  Ton  accouple  plusieurs 
pompes  sur  la  même  presse  ;  son  principal  avantage  consiste  en  ce  que  la  pression  de  beau 
et,  par  suite,  le  travail  des  pompes  sont  constamment  proportionnels  à  la  résistance  offerte 
à  la  presse;  il  n’y  a  donc  pas,  de  ce  fait,  dépense  inutile  de  force.  Par  contre,  dans  le  sys¬ 
tème  de  pompe  de  MM.  Sculfort-Malliar  et  Meurice,  la  pression  peut  s’élever,  pour  ainsi 
dire  indéfiniment,  du  moins  jusqu’au  moment  où  la  courroie,  ne  pouvant  plus  traîner, 
glisse  ou  tombe;  il  est  donc  à  craindre  que,  la  valeur  de  la  pression  devenant  exagérée 


MACHINES-OUTILS. 


217 


par  suite  de  l’augmentation  de  résistance  pour  une  cause  quelconque,  il  se  produise 
des  accidents  de  rupture  des  joints,  des  tuyaux,  de  la  pompe  et  de  la  presse  elle-même. 
Il  nous  paraît  indispensable  d’adjoindre  aux  pompes,  lorsqu’on  les  applique  directe¬ 
ment  à  la  presse,  un  mécanisme  de  débrayage  automatique,  qui  fonctionne  dans  le  cas 
où  la  pression  atteint  une  valeur  déterminée  par  un  réglage  préalable. 

MM.  Fielding  et  Platt  présentent  un  modèle  réduit  de  presse  à  plier  d’équerre. 
Celte  machine  comprend  deux  pistons  verticaux  disposés  parallèlement  et  un  piston 
horizontal.  On  applique  d’abord  l’un  des  pistons  verticaux  sur  la  pièce  à  plier  pour  la 
maintenir,  on  fait  alors  descendre  le  deuxième  piston  vertical,  dont  le  poinçon  présente 
une  face  latérale  courbe  de  manière  a  produire  le  pliage  progressif  de  la  partie  de  la 
pièce  qui  déborde  l’appui  fixe.  Le  piston  précédent  étant  relevé,  on  fait  agir  le  piston 
horizontal  qui  achève  l’équerrage.  Les  divers  pistons  sont  actionnés  au  moyen  de  dis¬ 
tributeurs,  et  l’eau  en  pression  est  fournie  par  un  accumulateur.  Cette  machine  s’ap¬ 
plique  avantageusement  à  l’emboutissage  à  chaud  des  fonds  de  chaudière  :  le  travail  se 
fait  par  portions  successives,  en  faisant  tourner  la  plaque  autour  d’un  pivot,  commen¬ 
çant  le  pliage  de  toute  la  partie  chauffée  au  moyen  du  deuxième  piston  vertical  et  re¬ 
venant  ensuite  avec  le  piston  horizontal  pour  le  terminer. 

MACHINES  À  RIVER. 

Les  découpoirs  peuvent  être  employés  pour  le  rivetage;  toutefois  leurs  dispositions 
sont  assez  peu  commodes  pour  ce  genre  d’opération;  on  cherche,  au  moins  pour  les  ma¬ 
chines  fixes,  à  placer  la  tôle  dans  un  plan  vertical,  les  bouterolles  étant  par  suite  ho¬ 
rizontales.  En  outre,  les  procédés  hydrauliques  semblent  s’être  emparés  du  rivetage,  a 
l’exclusion  presque  complète  des  autres  moyens  mécaniques  :  leur  principal  avantage 
consiste  en  ce  qu’ils  permettent  de  maintenir  la  pression  sur  le  rivet  jusqu’à  ce  qu’il 
soit  suffisamment  refroidi,  et  de  produire  en  même  temps  un  serrage  énergique  des 
tôles;  de  plus,  ils  n’exigent  que  des  machines  relativement  peu  volumineuses,  tout  en 
étant  d’une  grande  puissance;  ils  se  prêtent  même  à  l’emploi  de  machines  portatives, 
que  l’on  transporte  le  long  des  pièces  et  en  tous  leurs  points,  au  lieu  de  déplacer  ces 
dernières.  On  prétend  aussi  que  le  rivetage  est  plus  solide,  que  la  matière  du  rivet  est 
moins  altérée,  quand  l’opération  se  fait  par  une  action  relativement  lente  et  progres¬ 
sive,  comme  cela  peut  avoir  lieu  avec  une  transmission  hydraulique,  que  quand  l’action 
est  rapide  et  brusque,  plus  ou  moins  analogue  à  celle  d’un  choc. 

Les  riveuses  Tvvedel  ont  eu  un  grand  succès  à  l’Exposition  de  1878;  nous  les  trou¬ 
vons  représentées  cette  année,  chez  MM.  Fielding  et  Platt,  seulement  par  des  modèles 
réduits.  Nous  rappellerons  en  quelques  mots  leur  principe  et  leurs  principales  disposi¬ 
tions.  La  machine  proprement  dite  ne  comprend  guère  qu’un  bâti  supportant  la  boute- 
rolle  fixe,  un  cylindre  avec  piston  portant  la  bouterolle  mobile,  et  un  distributeur  à 
levier  de  manœuvre  établissant  la  communication  de  l’eau  avec  le  cylindre  ou  la  sup- 


218 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


primant.  L’eau  en  pression  est  amenée  par  des  tuyaux  venant  d’un  accumulateur  et  de 
pompes  placés  dans  un  endroit  plus  ou  moins  éloigné.  Un  modèle  de  machine  fixe  pré¬ 
sente  deux  forts  montants  de  hauteur  plus  ou  moins  grande,  rapprochahles  par  leur 
hase  sur  des  glissières  cylindriques,  portant  à  leur  partie  supérieure  les  bouterolles  et 
le  mécanisme  de  manœuvre  de  l’une  d’elles.  Dans  une  machine  semi-portative,  les  bou¬ 
terolles  sont  disposées  verticalement,  la  supérieure  étant  fixe,  l’inférieure  étant  rap¬ 
prochée  par  des  tirants  adaptés  à  deux  pistons.  Les  machines  portatives  se  suspendent 
par  un  crochet  â  un  palan,  à  un  pont  roulant  ou  à  une  grue  :  un  modèle  représente 
un  bâti  en  forme  de  G,  dont  l’une  des  branches  opposées  porte  la  bouterolle  fixe,  et 
l’autre  le  corps  de  presse  avec  la  bouterolle  mobile  et  la  tuyauterie;  dans  un  modèle 
récent  ,  le  mode  de  suspension  consiste  en  un  tube  courbé  s’articulant  à  un  axe  qui 
passe  par  le  centre  de  gravité  du  système,  de  sorte  que  la  machine  peut  s’orienter  en 
tous  sens  autour  de  l’axe;  le  tube  reçoit  en  même  temps  l’eau  à  sa  partie  supérieure  et 
la  transmet  au  distributeur;  la  machine  possède  deux  cylindres  de  presse,  les  boute¬ 
rolles  sont  adaptées  à  l’une  des  extrémités  de  deux  traverses,  dont  les  extrémités  op¬ 
posées  pivotent  autour  d’un  axe  réunissant  les  bouts  de  deux  fausses  bouterolles;  l’une 
des  traverses  est  fixée  au  corps  de  la  machine,  le  rapprochement  de  l’autre  est  obtenu 
par  deux  tirants  qui  forment  les  tiges  des  pistons  des  cylindres  de  presse;  les  bouterolles 
peuvent  se  substituer  aux  fausses  bouterolles;  comme  les  distances  des  points  d’appli¬ 
cation  des  tirants  aux  extrémités  des  traverses,  auxquelles  s’adaptent  respectivement  les 
bouterolles  et  les  fausses  bouterolles,  sont  dans  le  rapport  d’environ  1  à  2 ,  on  voit  que 
l’on  obtient,  par  le  renversement  de  ces  dernières,  des  courses  qui  sont  dans  le  même 
rapport,  l’effort  produit  variant  par  contre  en  sens  inverse. 

Les  riveuses  Twedell  nécessitent  l’emploi  d’une  batterie  de  pompes,  d’un  accumu¬ 
lateur  et  d’un  tuyautage,  dont  l’installation  entraîne  certaines  complications.  MM.  Dé¬ 
lai  oc  et  Piat  se  sont  proposé  de  construire  des  riveuses  dégagées  de  tous  accessoires, 
les  machines  fixes  n’ayant  besoin  que  d’une  courroie  pour  la  communication  de  la 
force  motrice,  et  pouvant  même  être  manœuvrées  à  la  main  dans  des  installations  de 
chantiers  provisoires,  les  machines  portatives  se  manœuvrant  complètement  à  la  main. 
La  rapidité  de  l’opération  est  obtenue  en  la  décomposant  en  deux  parties  :  dans  la  pre¬ 
mière,  dès  que  la  pièce  munie  du  rivet  est  placée  sur  la  bouterolle  fixe,  on  amène  à  la 
main  la  bouterolle  mobile  au  contact,  en  agissant  sur  son  piston  par  un  pignon  à  ma¬ 
nivelle  et  une  crémaillère;  le  cylindre  du  piston  mis  en  communication  avec  le  réser¬ 
voir  de  liquide  se  remplit  derrière  lui;  dans  la  deuxième  partie,  on  envoie  sur  le  piston 
du  liquide  en  pression  venant  d’une  pompe  portée  par  la  machine  même  et  manœuvrée 
â  la  main  ou  par  courroie.  Tel  est  le  principe;  nous  allons  maintenant  entrer  dans 
quelques  détails. 

Le  bâti  des  machines  fixes  présente  deux  montants  d’une  seule  pièce  ou  reliés  en¬ 
semble,  portant  à  leur  partie  supérieure,  l’un  la  bouterolle  fixe,  l’autre  le  cylindre  du 
piston  de  la  bouterolle  mobile  avec  une  boîte  à  clapets  et  un  réservoir  de  liquide  (eau 


MACHINES-OUTILS. 


2 1 '  ) 


mélangée  de  do  p.  100  de  glycérine).  La  pompe  est  disposée  sur  une  colonne  latérale, 
ou  horizontalement  le  long  du  bâti;  comme  elle  ne  doit,  dans  une  opération,  fournir 
qu’une  seule  cylindrée,  elle  possède  un  long  piston  plongeur,  dont  la  tige  reçoit  la 
commande  a  la  main  ou  mécanique  par  une  partie  fdetée;  dans  le  cas  de  la  com¬ 
mande  mécanique,  la  tige  du  piston  porte  des  butées  de  réglage  qui  agissent  automa¬ 
tiquement  sur  le  débrayage  de  la  courroie,  soit  pour  remonter  le  piston  quand  la  course 


Riveuse  fixe  do  MM.  Delaloë  et  Pial . 


nécessaire  pour  l’opération  a  été  obtenue,  soit  pour  l’arrêter  à  sa  position  extrême  de 
remonte;  la  commande  comprend,  à  cet  effet,  deux  courroies  et  deux  jeux  de  poulies 
fixe  et  folle  tournant  en  sens  contraires  l’un  de  l’autre.  La  conduite  allant  de  la  pompe 
à  la  presse  renferme  deux  clapets  :  l’un,  de  sûreté,  est  chargé  d’un  poids,  qui  serait 
soulevé  pour  laisser  écouler  l’eau  au  réservoir,  si  la  pression  devenait  trop  grande; 
l’autre,  de  manœuvre,  adapté  sur  l’orifice  d’une  communication  avec  le  réservoir,  laisse 
arriver  l’eau  à  la  presse  quand  il  est  fermé,  et  met  à  la  fois  la  pompe  et  la  presse  en 
communication  avec  le  réservoir  quand  il  est  ouvert;  on  agit  sur  ce  dernier  clapet  au 
moyen  d’un  levier  pour  l’ouvrir;  sa  fermeture  est  opérée  par  l’eau  en  pression.  Pen¬ 
dant  qu’on  amène  à  la  main  la  bouterolle  mobile  sur  le  rivet,  par  l’action  sur  la  cré¬ 
maillère  du  piston  de  presse,  le  clapet  de  manœuvre  est  soulevé  de  façon  que  l’eau 


220 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


arrive  du  réservoir  clans  la  presse;  le  contact  obtenu,  on  rabat  le  levier  du  clapet  et 
l’on  met  la  pompe  en  marche;  le  clapet  de  manœuvre  se  ferme  et  l’eau  en  pression 
agit  jusqu’à  ce  que  le  changement  de  marche  de  la  pompe  ait  lieu;  le  piston  de  la 
presse  revient  alors  en  arrière,  entraîné  par  le  vide  qui  se  fait  derrière  lui. 

Le  bâti  des  machines  portatives  a  la  forme  cl’un  C,  dont  les  branches  représentent 
les  montants  des  machines  fixes;  la  pompe,  qui  se  manœuvre  à  la  main  par  un  volant, 
est  disposée  de  façon  que  son  axe  soit  normal  à  celui  du  corps  de  presse;  l’axe  de 
suspension  passe  par  le  centre  de  gravité  de  l’ensemble.  La  machine  est  donc  très  ana¬ 
logue  à  la  machine  fixe;  elle  en  diffère  toutefois  en 
ce  que  la  pompe  est  double,  son  piston  ayant  deux 
diamètres  différents  correspondant  à  des  corps  isolés 
et  fournissant  des  débits  proportionnels  à  ces  deux 
diamètres;  par  contre,  les  pressions  maxima  que  l’on 
peut  produire,  sans  trop  grande  dépense  de  force, 
par  unité  de  surface  varient  avec  chaque  corps  en 
raison  inverse  du  diamètre  du  piston;  on  peut  ainsi 
utiliser  les  deux  corps  de  pompe  pour  une  approche 
rapide,  jusqu’à  ce  que  la  pression  atteigne  une  va¬ 
leur  de  7  5  kilogrammes  par  centimètre  carré;  à  cette 
pression,  le  corps  de  plus  grand  diamètre  se  débraye 
automatiquement,  et  l’autre  continue  seul  de  four¬ 
nir  de  l’eau  jusqu’à  une  pression  qui  peut  atteindre 

200  kilogrammes  par  centimètre  carré.  L’ 

Riveuse  portative  de  MM.  Delaloë  et  Piat.  0  1  f 

de  débrayage  automatique  est  constitué  de  la  façon 

suivante  :  la  conduite  de  communication  du  grand  corps  de  pompe. avec  la  presse  est 
munie  de  deux  clapets,  l’un  qui  est  sous  la  conduite  même  et  que  l’eau  soulève  pour 
aller  à  la  presse,  l’autre  qui  est  sur  un  orifice  ouvrant  sous  le  réservoir  et  qui  est 
maintenu  appuyé  par  un  ressort  monté  sur  la  tige;  d’autre  part,  un  canal  venant  de 
la  presse  permet  à  l’eau  en  pression  de  celle-ci  d’agir  sur  une  partie  annulaire  de  la 
tige,  de  sorte  que,  quand  la  pression  sur  cette  partie  arrive  à  dépasser  la  tension  du 
ressort,  la  tige  et  son  clapet  sont  soulevés,  et  l’eau  du  grand  corps  s’écoule  au  réser¬ 
voir,  le  clapet  de  communication  avec  la  presse  se  fermant  au  même  moment  par  l’effet 
de  la  pression  qui  persiste  sur  sa  face  engagée  clans  la  conduite  allant  à  la  presse. 

AL  Capitain-Gény  expose  une  machine  fixe,  qui  paraît  joindre  aux  avantages  des 
machines  précédentes  celui  d’une  grande  simplicité,  en  ce  qu’elle  n’emploie  pas  de 
conduites  plus  ou  moins  compliquées  de  communication,  de  tuyaux  ni  de  clapets.  Le 
montant  de  la  bouterolle  fixe  fait  corps  avec  un  bâti  de  balancier  mécanique  à  friction, 
dont  la  vis  est  prolongée  par  un  piston  plongeur;  le  corps  de  pompe  de  ce  piston 
communique  par  un  simple  orifice  avec  le  corps  de  presse  horizontal;  le  piston  de  ce 
dernier  est  d’un  diamètre  double  de  celui  de  la  pompe,  ce  qui  donne  pour  les  vitesses 


MACHINES-OUTILS. 


221 


des  deux  pistons  un  rapport  de  h  à  1 .  L’ouvrier,  agissant  sur  la  tringle  d’embrayage 
du  balancier,  met  la  pompe  en  mouvement,  les  pistons  s’avancent  avec  une  vitesse 
qui  va  en  s’accélérant  :  ce  fait  peut  être  l’objet  d’un  reproche,  que  feront  à  la  machine 
ceux  qui  pensent  qu’il  vaut  mieux  agir  par  le  procédé  inverse,  c’est-à-dire  en  ralen¬ 
tissant  la  vitesse  à  la  fin  de  l’opération.  Le  rivet  écrasé,  l’ouvrier  abandonne  le  levier 
d’embrayage,  un  contrepoids  adapté  au  levier  fait  embrayer  le  mouvement  de  re¬ 
monte;  une  butée  placée  sur  la  vis  vient,  à  son  tour,  rencontrer  un  bras  relié  à  la 
tringle,  débrayer  le  plateau  de  remonte  et  mettre  l’arbre  de  commande  à  la  position 
d’arrêt. 

Les  bouterolles  des  machines  à  river  sont  assimilables  aux  poinçons  des  machines 
à  emboutir  et  doivent,  par  suite,  être  fixées  avec  les  mêmes  précautions.  Il  est  bon 
de  placer  à  l’arrière  de  leur  tige  une  plaque  en  acier  qui  protège  la  matière  du 
bâti  contre  les  déformations  que  peut  occasionner  l’intensité  des  pressions  exercées 
sur  eux. 

MACHINES  À  FAIRE  PAR  COMPRESSION  LES  ECROUS,  LES  RIVETS  ET  LES  VIS. 

M.  Saÿn  fait  les  écrous  à  chaud,  en  les  prenant  sur  une  barre  de  fer  plat.  La  barre 
est  introduite  dans  une  paire  de  matrices  disposées  verticalement;  l’inférieure  étant 
fixe,  la  supérieure  s’abat  sur  elle  de  manière  à  former  cinq  pans,  le  sixième  pan  res¬ 
tant  adhérent  à  la  barre;  un  poinçon  hexagonal  s’avance  alors  horizontalement  contre 
une  des  tranches  de  l’écrou  et  le  pousse  dans  une  matrice  hexagonale  fermée,  en  le 
détachant  de  la  barre,  pendant  qu’un  deuxième  poinçon,  appuyé  contre  des  ressorts 
Believille,  maintient  l’autre  tranche;  en  même  temps,  deux  poinçons  ronds,  intérieurs 
aux  poinçons  hexagonaux,  ont  pénétré  dans  la  matière  de  l’écrou  jusqu’à  arriver  à  une 
distance  de  5  millimètres  l’un  de  l’autre;  l’un  des  poinçons  ronds  continuant  d’avan¬ 
cer,  pendant  que  l’autre  recule,  débouche  le  trou  en  détachant  la  cloison  qui  restait 
au  milieu  et  la  faisant  pénétrer  derrière  le  deuxième  poinçon  rond  dans  l’intérieur  du 
poinçon  hexagonal  correspondant  ;  ce  dernier  se  retire  à  son  tour,  et  le  poinçon  ad¬ 
verse,  revenant  sous  l’action  d’une  came  et  des  ressorts  Believille  qui  se  détendent, 
repousse  l’écrou  de  la  matrice  fermée,  pendant  qu’une  tringle,  venant  dans  une  direc¬ 
tion  normale,  l’éjecte  hors  de  la  machine;  la  débouchure  logée  dans  le  poinçon  hexa¬ 
gonal  est,  à  ce  moment,  chassée  par  le  poinçon  rond  intérieur,  qui  s’est  avancé  de  nou¬ 
veau.  Tous  ces  mouvements  sont  automatiques,  l’ouvrier  poussant  seulement  la  barre 
entre  les  matrices  verticales  au  commencement  de  l’opération  ;  ils  sont  produits  par  des 
cames  montées  sur  deux  arbres  horizontaux  perpendiculaires  à  la  direction  du  mouve¬ 
ment  des  poinçons  et  commandés  harmoniquement  par  engrenages.  Les  cames  servant 
au  mouvement  des  poinçons  sont  au  nombre  de  trois  sur  chaque  arbre;  elles  agissent, 
pour  faire  avancer  ou  reculer  les  poinçons,  sur  deux  côtés  opposés  de  deux  châssis 
juxtaposés  portant  respectivement  le  poinçon  hexagonal  et  le  poinçon  rond,  les  deux 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


222 


autres  côtés  coulissant  pour  l’un  sur  le  bâti,  pour  l’autre  sur  le  châssis  voisin.  Un  des 
arbres  porte  deux  autres  cames  actionnant  par  l’intermédiaire  de  levier,  Tune  la  ma¬ 
trice  verticale,  l’autre  la  tringle  d’éjection.  La  machine  peut  produire  1,200  écrous  à 
l’heure;  la  perte  de  matière  résultant  de  l’opération  consiste  uniquement  dans  la  dé- 
bouchure  de  la  cloison  du  trou;  il  reste  à  tarauder  les  écrous  et  à  arrondir  les  angles 
sur  les  tranches. 

Le  refoulement  des  têtes  de  rivets  et  de  vis  se  fait  généralement  à  froid.  Dans  la 
machine  de  M.  Saÿn,  les  opérations  successives,  toutes  automatiques,  sont  les  sui¬ 
vantes  :  avance  du  fil  de  la  quantité  convenable  produite  au  moyen  d’un  petit  chariot 
horizontal,  découpage  à  l’aide  d’un  poinçon  de  cisaille  vertical  et  refoulement  de  la 
tête  par  une  bouterolle  horizontale  pendant  que  la  tige  est  serrée  sous  le  poinçon  pré¬ 
cédent. 

Les  mouvements  des  diverses  parties  sont  pris  sur  un  arbre  commandé  mécanique¬ 
ment  par  engrenage,  au  moyen  d’un  excentrique  et  d’une  bielle  menant  un  coulis¬ 
seau  horizontal  pour  la  bouterolle,  de  deux  cames  et  d’un  levier  à  axe  horizontal  pour 
le  poinçon  de  cisaille,  d’un  excentrique  et  d’un  système  de  bielle  et  de  deux  leviers 
pour  le  chariot  d’amenage.  Le  serrage  du  fil  pour  l’amenage  se  fait,  dans  le  premier 
instant  du  mouvement  des  leviers,  entre  deux  coussinets,  dont  l’un  est  fixé  au  chariot  et 
dont  l’autre  est  relié  à  Taxe  du  levier  articulé  avec  le  chariot;  le  fil  passe  entre  cinq 
galets  de  dressage,  avant  son  entrée  dans  le  chariot,  et,  entre  celui-ci  et  la  cisaille,  il 
reçoit  l’appui  d’un  doigt  qui  le  laisse  avancer  et  s’oppose  au  mouvement  de  recul  que 
pourrait  lui  communiquer  le  chariot  en  se  retirant.  Au  sortir  du  chariot  ,  le  fil  traverse 
un  massif,  de  l’autre  côté  duquel  est  le  logement  du  coulisseau  du  poinçon  de  cisaille; 
ce  dernier  a,  comme  largeur,  la  longueur  que  doit  avoir  la  tige  du  rivet;  une  paroi  du 
logement  est  formée  par  une  plaque  de  filière  qui  représente  la  partie  fixe  de  la 
cisaille;  le  poinçon,  en  descendant  ,  coupe  le  fil  et  l’entraîne  un  peu  plus  bas  au  contact 
d’une  matrice,  sur  laquelle  il  l’appuie;  la  bouterolle,  qui  porte  l’empreinte  de  la  tête 
du  rivet,  vient  alors  refouler  la  portion  du  fil  qui  dépasse  la  tranche  commune  du 
poinçoin  de  cisaille  et  de  la  matrice.  La  saillie  de  la  bouterolle  est  réglée  par  un  coin 
avec  vis  de  rappel,  interposé  entre  elle  et  le  fond  de  son  logement  dans  le  coulisseau 
horizontal. 

La  machine  peut  produire  â,ooo  rivets  a  l’heure. 

Une  machine  de  AI.  Rémond  renferme  les  éléments  essentiels  de  la  machine  précé¬ 
dente  de  Al.  Saÿn;  elle  en  diffère  par  les  dispositions  de  détail.  Elle  possède  deux 
arbres  parallèles  à  excentrique  actionnant  respectivement,  par  l’intermédiaire  de  bielles, 
les  coussinets  de  cisaille  et  de  bouterolle;  le  premier  porte  en  outre  un  plateau  à  mani¬ 
velle,  dont  le  bouton  conduit  par  bielle  et  levier  articulés  le  chariot  d’entraînement,  qui 
saisit  le  fil  au  sortir  de  cinq  galets  de  dressage;  sur  ce  chariot  est  monté  un  doigt  arti¬ 
culé  dont  la  griffe,  appuyée  par  un  ressort  contre  le  fil,  assure  l’entraînement;  un 
deuxième  doigt,  disposé  sur  la  partie  fixe  du  bâti  et  appuyé  par  un  contrepoids,  guide  le 


MACHINES-OUTILS. 


223 


lil  à  son  entrée  dans  le  massif  de  la  cisaille  et,  par  la  forme  de  sa  griffe,  s’oppose  à  tout 
effet  de  recul,  tout  en  laissant  l’avance  se  faire  librement.  La  cisaille  est  constituée  par 
une  plaque  de  filière  fixe  et  par  deux  coussinets,  dont  le  supérieur  est  soutenu  par  un 
ressort  et  dont  l’inférieur  repose  sur  la  bielle  d’excentrique;  le  fil,  engagé  entre  les 
coussinets,  est  coupé  par  leur  relèvement  simultané  et  reste  maintenu  entre  eux  pendant 
faction  de  la  bouterolle  sur  leur  face  extérieure.  La  bouterolle  est  adaptée  à  un  coulis¬ 
seau  articulé  avec  l’extrémité  de  la  bielle  et  prolongé  au  delà  de  l’axe  d’articulation  par 
un  bras  de  levier;  les  deux  bras  du  coulisseau  reposent  sur  des  galets  à  excentrique, 
par  lesquels  on  peut  régler  exactement  la  position  horizontale  de  la  tête  de  la  boute- 
rolle  d’après  celle  du  rivet  entre  les  coussinets  de  cisaille;  Taxe  d’articulation  de  la 
bielle  et  du  coulisseau  est  d’ailleurs  en  contre-bas  de  celui  de  l’excentrique,  de  façon 
qu’il  ne  puisse  se  produire  de  tendance  au  soulèvement  de  la  bouterolle  au  moment  de 
la  compression. 

L’American  Screw  G0  présente  un  procédé  de  fabrication  des  vis  à  bois,  qui  n’est 
autre  que  le  procédé  Sloan  avec  de  légères  modifications.  Le  travail  complet  de  la  fa¬ 
brication  de  la  vis  comprend  deux  opérations  distinctes,  qui  se  font  toutes  deux  à  froid  : 
la  première  refoule  la  tête,  fait  la  fente,  ébauche  la  pointe  et  sépare  la  pièce  du  lil;  la 
seconde  fait  le  filetage  de  la  tige. 

Dans  la  première  machine,  le  lil  d’acier  doux  est  entraîné  par  un  chariot  à  coussi¬ 
nets  de  serrage  au  travers  d’une  filière,  qu’il  dépasse  de  la  longueur  nécessaire  pour 
faire  une  vis;  deux  mordaches  latérales  le  saisissent  et  l’enserrent  fortement;  une  ma¬ 
trice  à  trois  empreintes  se  déplace  dans  le  sens  vertical  devant  l’extrémité  du  fil  et  re¬ 
çoit  trois  poussées  successives  qui  refoulent  la  tête,  la  dernière  donnant  à  celle-ci  sa 
forme  définitive  et  formant  la  fente.  Deux  matrices  latérales  viennent  refouler  la  pointe; 
un  éjecteur  vient  enfin  heurter  la  vis  au  moment  où  les  mordaches  sont  desserrées, 
achève  de  la  détacher  et  la  chasse  au  dehors.  Tous  les  mouvements,  assez  complexes,  de 
cette  machine  sont  produits  au  moyen  d’excentriques  et  de  cames  montés  sur  deux  arbres 
se  commandant  par  engrenage. 

La  partie  essentielle  de  la  seconde  machine  se  compose  de  deux  matrices  horizon¬ 
tales  animées  de  mouvements  rectilignes  alternatifs  et  de  sens  contraires;  chacune 
d’elles  est  munie  de  stries  représentant  le  développement  des  blets.  La  vis  est  atta¬ 
quée  à  la  fois  sur  toute  la  partie  filetée  ;  il  en  résulte  qu’elle  ne  peut  s’allonger  et  que 
le  métal  refoulé  se  transforme  en  saillie  du  filet.  Les  vis  sont  introduites  successivement 
entre  les  matrices  par  la  manœuvre  d’un  tiroir,  qui  les  prend  une  à  une  dans  un  canal 
le  long  duquel  elles  descendent  par  leur  seul  poids,  et  dans  lequel  elles  sont  enfilées 
par  un  coulisseau  à  mouvement  vertical  alternatif,  qui  les  ramasse  au  fond  d’un  bassin. 
Un  jet  d’huile  abondant  arrose  la  vis  pendant  le  laminage.  L’opération  terminée,  la  vis 
tombe  en  s’échappant  des  matrices. 

Outre  l’économie  du  prix  de  revient,  les  exposants  revendiquent  en  faveur  de  ce  pro¬ 
cédé  la  forme  même  de  la  vis  :  les  filets  sont  très  minces  et  aigus;  leur  diamètre  exté- 


224 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


rieur  est  notablement  supérieur  à  celui  de  la  partie  lisse  du  haut  de  la  tige;  le  fond  de 
l’intervalle  entre  les  filets  est  à  peu  près  cylindrique;  la  pointe  est  très  aiguë  et  filetée 
elle-même  jusqu’au  bout;  la  fente  ne  traverse  pas  toute  la  largeur  de  la  tête  et  s’arrête 
a  une  petite  distance  du  bord,  disposition  commode,  en  ce  qu’elle  maintient  naturel¬ 
lement  la  lame  du  tournevis. 

Il  paraîtrait  aussi  que  les  filets  obtenus  par  refoulement  ont  plus  de  résistance  que 
ceux  des  vis  faites  à  l’outil. 


MACHINES-OUTILS. 


225 


CHAPITRE  XI. 

MARTEAUX-PILONS  MÉCANIQUES  ET  A  MAIN. 


Marteau-pilon  à  main,  (le  \1.  Riebonrg;  marleaux-pilons  à  courroie  de  friclion;  marleaux-pilons  à  courroie 
et  à  ressort;  marteau-pilon  atmosphérique;  marteaux-pilons  à  tige  de  friction. 

Nous  n’avons  eu  à  examiner  qu’une  catégorie  restreinte  de  marteaux-pilons,  compre¬ 
nant  les  marteaux  actionnés  a  la  main,  ou  mécaniquement  par  courroie,  et  dans  les¬ 
quels  le  poids  du  marteau  et  de  sa  tige  dépasse  rarement  3oo  ou  âoo  kilogrammes. 

Marteau-pilon  à  main ,  de  M.  Ricbourg.  —  Le  marteau  est  adapté  à  une  tige  cylin¬ 
drique  logée  dans  un  long  tube  qui  lui  sert  de  guide  et  qui  est  rapporté  sur  le  devant 
d’un  bâti  creux;  le  poids  du  marteau  et  de  sa  tige  est  de  h  o  kilogrammes;  en  outre,  un 
ressort,  disposé  à  la  partie  supérieure  du  logement  de  la  tige,  est  bandé  à  la  remonte  du 
marteau  et  exerce  sur  lui  un  effort  d’environ  2  0  kilogrammes  ;  la  plus  grande  hauteur 
de  chute  est  de  0  m.  60. 

La  tige  est  munie  d’une  crémaillère  à  rocliet  taillée  de  façon  qu’un  cliquet  ,  qui  lui  est 
opposé,  agrafe  sur  le  dessous  des  dents.  Un  levier  de  manœuvre,  adapté  à  un  axe  fixé  au 
bâti,  porte  sur  son  petit  bras  un  secteur  denté  agissant  sur  une  crémaillère  qui  entraîne 
le  cliquet;  l’abaissement  du  grand  bras  de  levier  soulève  cette  crémaillère  qui,  par  l’in¬ 
termédiaire  du  cliquet,  fait  remonter  la  crémaillière  à  rochet  et  le  marteau;  en  haut  de 
course,  le  cliquet  rencontre  une  butée  qui  le  dégage  et  permet  la  chute  du  marteau. 
Relevant  alors  le  levier,  l’ouvrier  ramène  le  clicjuet  vers  le  bas  de  la  crémaillère  à 
rochet,  en  un  point  quelconque  d’ailleurs  suivant  la  hauteur  de  chute  qu’il  veut  donner, 
et  il  peut,  en  abaissant  le  levier,  donner  un  nouveau  coup  ou  maintenir  Je  marteau  en 
l’air. 

Marteaux-pilons  à  courroie  de  friction,  de  M.  Robelet.  —  Dans  les  pilons  de  M.  Robelet, 
le  marteau  est  attaché  à  une  courroie  qui  passe  sur  une  poulie  disposée  à  la  partie  su¬ 
périeure  de  deux  montants;  l’adhérence  de  la  courroie  à  la  poulie,  sous  le  poids  du 
marteau  d’une  part  et  la  traction  exercée  de  l’autre  côté ,  produit  l’entraînement  des 
deux  parties  l’une  par  l’autre  au  moment  de  la  levée  du  marteau;  elle  est  facilitée  par 
l’application  de  la  fleur  du  cuir  sur  la  poulie.  Mais  cette  adhérence  meme  pouvant  etre 
nuisible  pendant  la  chute  du  marteau,  soit  en  retardant  celle-ci,  soit  en  réduisant  la 
force  vive  de  la  valeur  due  au  frottement  sous  l’effet  du  poids  seul  de  la  courroie, 
M.  Robelet  évide  la  partie  médiane  de  la  poulie  et  y  loge  un  ressort  formé  d’un  fd 

1 5 


Giioupf  Vf.  -  IV. 


i>imcr.niE  nationale. 


226 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


courbé,  dont  une  extrémité  est  attachée  au  bâti  et  dont  l’autre  est  libre;  ce  ressort  n’em¬ 
pêche  pas  l’application  de  la  courroie  sur  la  poulie  quand  on  exerce  une  traction  sur 
elle,  mais  il  la  dégage  vivement  dès  que  la  traction  cesse,  et  la  maintient  écartée  de  la 

Dans  un  pilon  à  main,  la  poulie  sert  simplement  de  support  à  la  courroie  sur 
laquelle  la  main  agit;  les  montants  à  section  en  V  servent  de  guides  au  marteau.  Dans 
un  autre  modèle,  l’arbre  de  la  poulie  est  commandé  mécaniquement;  la  traction  exercée 
à  la  main  'sur  la  courroie  a  pour  effet  de  produire  son  entraînement  par  l’adhérence 
due  au  frottement.  Deux  guides  cylindriques  pour  le  marteau  sont  rapportés  entre  les 
montants;  ils  sont  entourés  chacun  à  la  partie  supérieure  d’un  ressort  à  boudin,  qui  se 
comprime  en  arrêtant  le  marteau  et  qui,  en  se  détendant,  augmente  la  force  vive  de 
chute;  c’est  en  même  temps  un  tampon  amortisseur  d’arrêt,  et  de  sûreté,  pour  le  cas  où 
l’on  maintiendrait  trop  longtemps  et  trop  fortement  la  traction  sur  la  courroie. 

M.  Robelet  construit  un  pilon  automatique  d’après  les  mêmes  principes,  en  atta¬ 
chant  la  courroie  à  un  bouton  de  manivelle  d’un  arbre  relié  par  friction  à  l’arbre  mo¬ 
teur  qui  porte  la  poulie  à  ressort;  ces  deux  arbres  possèdent  chacun  un  volant  de 
même  diamètre,  à  couronne  en  forme  de  tore;  la  commande  est  donnée  de  l’un  à 
l’autre  par  rintermédiaire  d’un  galet  à  couronne  concave,  dont  Taxe  est  adapté  à  un 
levier  que  l’on  peut  manœuvrer  à  la  main  ou  par  une  pédale.  Tant  que  le  galet  est 
au  contact  des  volants,  l’arbre  a  manivelle  produit  d’une  façon  continue  la  traction  de 
la  courroie  et  le  soulèvement  du  marteau,  puis  la  détente  de  la  courroie  et  la  chute 
du  marteau.  La  course  du  marteau  dépend  de  la  valeur  de  l’excentricité  du  bouton 
de  manivelle.  Les  guides  du  marteau  possèdent,  comme  dans  le  modèle  précédent, 
des  ressorts  a  boudin  destinés  à  augmenter  son  effet. 

Marteau-pilon  à  courroie  et  à  ressort,  exposé  par  MM.  Bouuey.  —  Dans  ce  pilon,  déjà 
ancien,  le  marteau  est  constitué  par  un  coulisseau  mobile  entre  des  glissières  formées 
sur  un  coude  du  bâti;  il  est  attaché  à  un  lien  en  cuir  qui  réunit  les  extrémités  d’un 
ressort  à  étages  de  lames,  semblable  aux  ressorts  de  wagons,  mais  plus  cintré;  le  res¬ 
sort  est  suspendu  en  son  milieu  à  une  bielle  de  longueur  réglable,  adaptée  a  un  bouton 
de  manivelle  d’un  disque  monté  sur  l’arbre  de  commande  ;  enfin ,  au-dessus  de  ce  der¬ 
nier,  un  axe  horizontal,  qui  peut  être  manœuvré  par  un  levier  à  main,  porte  un  support 
de  galet,  s’appliquant  sur  la  courroie  de  commande  et  permettant  de  le  tendre  plus  ou 
moins,  et  un  sabot  de  frein  par  lequel  on  peut  faire  pression  sur  le  disque  manivelle 
pour  modérer  sa  vitesse  ou  l’arrêter.  L’action  du  frein  et  celle  du  galet  tendeur 
s’exercent  d’ailleurs  dans  le  même  sens  et  concourent  soit  pour  augmenter,  soit  pour 
ralentir  la  vitesse  du  marteau  et  réduire  l’intensité  des  coups.  Les  effets  de  tension  et 
de  détente  successifs  du  ressort  ont  pour  résultat  d’accroître  notablement  la  hauteur 
de, chute  et  la  force  vive  du  marteau  :  cela  est  dû  surtout  a  ce  que  le  ressort  emmaga¬ 
sine  la  force  vive  de  rebondissement  du. marteau  après  chaque  coup,  pour  la  lui  rendre 


MACHINES-OUTILS. 


227 


ail  coup  suivant.  L’assemblage  des  lames  du  ressort  doit  être  fait  très  soigneusement 
par  des  surfaces  bien  lisses,  des  goujons  exactement  placés  et  des  mortaises  de  lon¬ 
gueur  suffisante  pour  permettre  à  chaque  lame  de  jouer  librement  sur  la  voisine.  Ce 
marteau  ne  convient  pas  pour  l’étampage,  parce  qu’il  ne  se  met  en  activité  que  progres¬ 
sivement  et  bat  plusieurs  coups  avant  d’atteindre  toute  sa  puissance  d’effet;  mais  il  est 
un  excellent  forgeur,  a  condition  que  les  variations  d’épaisseur  des  pièces  soient  peu 
considérables. 

Marteau-pilon  atmosphérique,  système  Chcnot ,  exposé  par  la  Société  d  Albert.  —  Dans 
ce  système  très  connu,  comme  dans  le  précédent,  le  marteau  est  relié  a  une  bielle 
d’excentrique,  dont  l’arbre  porte  une  poulie  de  commande  avec  courroie  embrayée  par 
un  tendeur  et  avec  un  sabot  de  frein.  Le  marteau  est  constitué  par  un  coulisseau  cylin¬ 
drique  auquel  s’adapte  la  frappe;  le  coulisseau  est  creux  et  forme  deux  chambres 
séparées  par  une  cloison,  la  chambre  inférieure  fermée  a  ses  deux  extrémités,  la 
chambre  supérieure  ouverte  dans  le  haut;  dans  chaque  chambre  se  meut  un  piston 
monté  sur  une  tige  commune  qui  traverse  la  cloison  et  qui  est  articulée  avec  la  bielle; 
un  petit  trou  d’air  s’ouvre  dans  chaque  chambre  h  une  hauteur  convenable.  Les  pistons 
sont  ajustés  dans  l’intérieur  des  chambres,  et  la  tige  dans  la  cloison,  sans  aucune  gar¬ 
niture.  En  descendant,  les  pistons  compriment  l’air  des  chambres,  dont  une  partie 
seulement,  et  au  commencement  de  la  course,  s’échappe  par  les  trous;  la  pression 
ainsi  produite  ajoute  son  effet  à  celui  du  poids  du  coulisseau;  les  pistons  remontant, 
l’air  comprimé  se  détend  et  commence  a  relever  le  coulisseau,  le  piston  inférieur 
achève  le  relèvement  en  comprimant  l’air  au-dessus  de  lui,  pendant  que  l’air  entrant 
par  les  trous  remplit  le  vide  qui  se  produit  au-dessous  des  deux  pistons. 

Ce  marteau  ne  peut  servir  que  comme  forgeur,  mais,  à  ce  titre,  il  est  un  des  meil¬ 
leurs  systèmes  existants;  il  est,  en  particulier,  d’un  entretien  excessivement  simple;  il 
est  remarquable  qu’il  fonctionne  même  avec  un  jeu  notable  autour  des  pistons,  a  con¬ 
dition  que  la  vitesse  de  l’arbre  moteur  soit  suffisante;  la  vitesse  normale  des  petits 
modèles  est  de  200  coups  par  minute.  Un  avantage  précieux  du  système  est  qu’il  se 
prête  à  des  variations  très  étendues  dans  l’épaisseur  des  pièces  à  forger,  sans  qu’on  ait 
aucunement  besoin  de  rien  changer  au  réglage  de  la  longueur  de  la  bielle;  on  peut 
ainsi  frapper  à  la  fois  sur  le  plat  et  sur  le  champ  d’une  barre  plate ,  ce  qu’il  n’est  pos¬ 
sible  de  faire  que  dans  des  limites  restreintes  avec  la  plupart  des  autres  modèles  de 
marteaux  à  excentrique. 

Marteaux-pilons  à  tige  de  friction.  —  Dans  ces  pilons,  le  marteau  est  muni  d’une 
tige  plate,  longue  et  large,  par  laquelle  se  fait  directement  l’entraînement  pour  la 
remonte. 

Dans  le  modèle  de  M.  Bliss,  la  tige  est  métallique  et  constituée  par  le  prolongement 
même  du  marteau.  Le  bâti  comprend  deux  forts  montants  solidement  assemblés  avec 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


*228 


la  chabotte,  chacun  par  tenon  encastré,  large  semelle  avec  boulons  et  clavette  empê¬ 
chant  l’écartement  latéral.  La  tige  est  de  même  largeur  que  le  marteau,  engagée 
comme  lui  par  des  glissières  dans  les  coulisses  guides  des  montants;  elle  passe  entre 
deux  rouleaux,  disposés  vers  le  haut  des  montants  sur  des  leviers  équilibrés,  articulés  à 
ceux-ci  et  ramenés  l’un  vers  l’autre  par  un  ressort  à  boudin;  les  rouleaux  sont  actionnés 
chacun  par  une  poulie  de  commande,  de  manière  qu’ils  tournent  en  sens  inverses  et 
tendent  à  faire  monter  le  marteau  quand  ils  pressent  sur  la  tige;  une  tringle,  reliée  à 
une  pédale,  permet  d’agir  sur  le  ressort  pour  le  détendre  et  produire  un  léger  écarte¬ 
ment  des  rouleaux,  et  par  suite  la  chute  du  marteau.  Par  une  action  convenablement 
ménagée  du  pied  sur  la  pédale,  on  peut  faire  monter  le  marteau  et  le  maintenir  à  une 
hauteur  quelconque;  toutefois  sa  position  normale  de  remonte  est  au  point  le  plus 
haut,  et  elle  est  obtenue  par  un  équilibre  d’action  entre  la  tendance  à  la  montée  et 
celle  à  la  descente;  à  cet  effet,  les  bords  de  la  tige  vont  en  augmentant  d’épaisseur  de 
haut  en  bas;  la  pédale  étant  libre  et  relevée,  quand  le  marteau  arrive  au  haut  de  sa 
course,  la  partie  élargie  des  bords  rencontre  des  taquets  disposés  sur  le  prolongement 
des  leviers  des  rouleaux  et  tend  a  écarter  ceux-ci,  mais,  en  réalité,  réduit  simplement 
leur  pression  sur  la  tige  à  être  juste  suffisante  pour  maintenir  le  marteau  en  l’air.  Ce 
dispositif  de  pilon  se  remarque  surtout  par  sa  construction  robuste  et  simple,  et  en 
même  temps  par  le  nombre  relativement  faible  de  pièces  qu’il  comporte.  Toutefois  la 
course  est  peu  considérable. 

Les  autres  modèles  de  pilons  à  tige  emploient  une  planche  en  bois  (de  hêtre  ordi¬ 
nairement)  assemblée  au  marteau  par  boulons  et  clavette  de  serrage.  Les  pilons  ex¬ 
posés  par  M.  Delinotte  et  MM.  Stiles  et  Parker  ont  une  planche  d’épaisseur  constante 
sur  toute  sa  hauteur;  elle  passe  entre  deux  rouleaux  en  fonte  tournant  en  sens  con¬ 
traires,  disposés  sur  un  chapeau  qui  réunit  la  partie  supérieure  des  montants;  l’axe 
d’un  des  rouleaux  est  fixe,  l’autre  peut  être  rapproché  ou  écarté  par  la  manœuvre 
d’une  tringle  reliée  à  un  levier  à  main  ou  à  une  pédale,  ou  aux  deux  a  la  fois. 

Dans  le  pilon  de  MAL  Stiles  et  Parker,  l’arbre  du  rouleau  à  axe  fixe  est  commandé 
par  deux  poulies,  une  à  chaque  bout,  dans  le  but  de  produire  une  usure  égale  des 
coussinets;  il  communique  le  mouvement  a  l’autre  rouleau,  qui  est  fou  sur  son  arbre, 
par  deux  paires  de  roues  à  denture  spéciale;  l’un  des  flancs  de  la  dent  est  droit, 
l’autre  seul  a  un  profil  de  roulement;  cette  disposition,  qui  ne  permet  de  marcher  que 
dans  un  sens,  a  pour  but  de  renforcer  les  dents  sans  leur  donner  beaucoup  de  lon¬ 
gueur,  tout  en  se  prêtant  à  un  léger  écartement  des  axes.  L’axe  du  rouleau  fou  est 
excentré  par  rapport  à  l’axe  de  l’arbre,  de  sorte  que  la  bielle  adaptée  à  la  tringle  de 
manœuvre  produit  son  éloignement  ou  son  rapprochement  par  rapport  a  l’axe  fixe, 
selon  le  sens  dans  lequel  elle  fait  tourner  l’arbre;  l’axe  d’excentricité  est  disposé  de 
telle  façon,  que  le  poids  de  la  tringle  appuie  les  rouleaux  sur  la  planche,  en  même 
temps  qu’il  relève  le  levier  ou  la  pédale;  il  faut  presser  sur  l’un  ou  l’autre  de  ceux-ci 
pour  soulever  la  tringle,  écarter  les  rouleaux  et  faire  tomber  le  marteau;  en  l’aban- 


MACHINES-OUTILS. 


229 


donnant  au  contraire,  le  marteau  remonte  jusqu’à  ce  qu’il  rencontre  un  collier  de 
butée  fixé  en  un  point  de  la  tringle  correspondant  à  la  hauteur  de  chute  que  l’on  veut 
avoir.  Le  marteau  se  met  alors  en  équilibre  avec  la  pression  des  rouleaux,  mais  son 
arrêt  serait  mal  assuré  sans  la  présence  d’un  système  de  deux  mâchoires,  qui,  à  ce  mo¬ 
ment,  pressent  sur  les  faces  opposées  de  la  planche;  la  forme  de  la  surface  d’appui  de 


Marteau-pilon  à  tige  de  friction,  de  MM.  Sliles  et  Parker. 


ces  mâchoires  est  telle,  qu’elles  n’empêchent  pas  la  planche  de  monter,  mais  qu’elles 
coincent  dans  le  sens  de  la  descente;  elles  sont  montées  excentriquement  sur  l’axe  d’un 
bras  de  levier  relié  à  la  tringle  de  manœuvre;  elles  s’ouvrent  en  même  temps  que  les 
rouleaux  pour  laisser  tomber  le  marteau,  et  se  ferment  avec  eux  pour  être  prêtes  à  l’ar¬ 
rêter  à  toute  hauteur  réglée  par  la  position  de  la  butée.  L’arrêt  du  marteau  par  les 
mâchoires  offre  en  outre  l’avantage  qu’il  supprime  la  pression  des  rouleaux  en  mouve¬ 
ment  sur  la  planche  et  préserve  celle-ci  de  l’usure.  Gomme  particularités  de  construc- 


230 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


tion,  les  montants  sont  rapportés  sur  la  chabotte  par  des  tenons  en  queue  d’aronde 
formés  sous  la  semelle  d’appui;  des  vis  de  rappel,  permettant  de  régler  leur  écartement, 
sont  munies  de  contre-écrous  avec  molletage  extérieur  et  de  goupilles  de  sûreté;  les 
glissières  guides  du  marteau  sont  formées  directement  sur  les  montants. 

Un  pilon  de  M.  Delinotle  a  les  mêmes  dispositions  générales  que  le  précédent;  il 
en  diffère  en  ce  que  les  montants  sont  d’une  seule  pièce  avec  la  chabotte  et  que  les 
rouleaux  sont  commandés  séparément  chacun  par  une  poulie  et  une  courroie,  sans 
engrenages  intermédiaires. 

Un  deuxième  modèle  de  M.  Delinotte  a  ses  montants  rapportés  sur  la  chabotte  et 
fixés  par  des  boulons;  les  glissières  servant  de  guides  au  marteau  sont  détachées  des 
montants  et  réunies  a  eux  par  des  boulons  avec  écrous  d’appui  pour  le  réglage  de 
l’écartement.  Les  mâchoires  pour  l’arrêt  du  marteau  sont  remplacées  par  un  taquet 
formant  le  petit  bras  d’un  levier,  qui  est  mobile  autour  d’un  axe  fixé  dans  un  des  trous 
échelonnés  le  long  d’un  des  montants  et  qui  est  manœuvré  par  une  deuxième  tringle 
reliée  à  la  pédale;  le  taquet,  rabattu  au  moment  de  la  levée  du  marteau,  se  soulève  à 
son  passage  et  se  loge  dans  une  échancrure  pratiquée  sur  sa  paroi  latérale;  il  faut 
presser  sur  la  pédale  pour  dégager  le  taquet  et  permettre  la  chute  du  marteau.  Ce  dis¬ 
positif  de  taquet  d’arrêt  exige,  d’après  sa  position,  un  réglage  concordant  et  assez 
précis  de  la  butée  de  la  tringle  de  manœuvre  des  rouleaux;  il  ne  procure  qu’un  nombre 
limité  de  hauteurs  de  chute,  égal  au  nombre  des  trous  du  montant;  enfin  il  occasionne, 
au  moment  de  l’arrêt  du  marteau ,  une  poussée  latérale  préjudiciable  à  la  conservation 
des  glissières  et  à  la  stabilité  de  l’ensemble. 

Les  pilons  à  tige  de  friction  sont  essentiellement  des  machines  d’étampage;  ils 
peuvent  cependant  être  employés  à  l’occasion  pour  le  forgeage,  notamment  dans  les 
cas  où  il  ne  s’agit  de  donner  qu’un  petit  nombre  de  coups;  il  convient  alors  de  se  ser¬ 
vir  du  levier  à  main ,  pour  la  manœuvre  de  la  tringle.  L’avantage  de  la  pédale ,  pour 
l’étampage,  est  qu’elle  permet  à  un  même  ouvrier  d’agir  du  pied  sur  la  tringle  en 
même  temps  qu’il  présente  la  pièce  à  la  matrice,  et  qu’elle  n’exige  ainsi  que  l’emploi 
d’un  seul  homme. 


MACHINES-OUTILS 


231 


CHAPITRE  XII. 

MACHINES  À  TRAVAILLER  LES  TOLES  ET  LES  FERS  EN  RANDES. 


Cisailles  pour  tôles  :  cisailles  droites;  cisailles  circulaires.  —  Machines  à  border,  à  moulurer  et  à  agrafer.  — 

Machines  à  plier.  —  Machines  à  rouler  et  à  cintrer.  —  Machines  à  couder,  à  refouler  et  à  souder.  —  Machines 

à  dresser.  —  Machines  à  laminer.  —  Machines  diverses  :  machines  à  faire  les  ressorts  à  boudin  de  sommiers; 

machines  à  faire  automatiquement  la  ronce  artificielle. 

Nous  réunissons  dans  ce  chapitre  divers  genres  de  machines  qui  s’emploient  plus 
particulièrement  pour  les  travaux  de  chaudronnerie,  ferblanterie,  quincaillerie,  etc. 
Nous  les  classons  de  la  manière  suivante  : 

Cisailles  pour  tôles; 

Machines  à  border,  à  moulurer  et  a  agrafer; 

Machines  à  plier; 

Machines  à  rouler  et  à  cintrer; 

Machines  à  couder,  à  refouler  et  a  souder; 

Machines  à  dresser; 

Machines  à  laminer; 

Machines  diverses. 

CISAILLES  POUR  TÔLES. 

Les  cisailles  pour  tôles  peuvent  se  diviser  en  cisailles  droites,  recevant  un  mouve¬ 
ment  rectiligne  normalement  à  leur  longueur,  et  en  cisailles  circulaires,  à  deux  lames 
en  forme  de  disques,  animées  d’un  mouvement  de  rotation. 

Cisailles  droites.  —  Le  modèle  le  plus  simple  de  cisaille  droite  comprend  essentiel¬ 
lement  un  long  levier  articulé  sur  un  axe  horizontal  à  l’extrémité  d’une  table,  équili¬ 
bré  par  un  contrepoids,  muni  d’une  lame  à  arête  légèrement  convexe,  et  se  rabattant 
dans  un  plan  vertical  le  long  du  bord  de  la  table  garni  d’une  contre-lame,  de  manière 
à  attaquer  progressivement  les  différents  points  de  la  longueur  de  la  tôle  disposée  sur 
la  table.  Habituellement,  une  règle  à  section  en  équerre,  placée  parallèlement  ou  obli¬ 
quement  au  bord  de  la  table,  sert  d’appui  et  de  guide  pour  déterminer  la  largeur  ou 
les  dimensions  de  la  bande  à  découper;  elle  glisse  et  se  fixe  sur  deux  barres  parallèles 
adaptées  à  la  table,  ou  forme  l’un  des  côtés  d’un  parallélogramme  articulé  dont  le  côté 
parallèle  est  fixe  (Kircheis).  Souvent  la  règle  est  représentée  par  une  sorte  de  sommier 
supporté  par  des  ressorts,  qui  s’abaisse  sous  la  pression  du  levier  porte-lame;  cette 


232 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


disposition  est  utile  pour  couper  des  bandes  plus  étroites  que  la  largeur  du  levier. 
Enfin  on  dispose  quelquefois  sur  la  table  une  barre  pivotant  autour  d’un  axe  horizon¬ 
tal  parallèle  au  bord,  pour  serrer  fortement  la  feuille  de  tôle  (Kircheis),  et  l’on  dispose 
du  côté  de  la  face  du  levier  opposée  à  la  lame,  et  près  de  la  poignée,  un  montant  ver¬ 
tical  qui  guide  le  levier  dans  son  mouvement  de  descente. 

Pour  donner  plus  de  puissance  a  l’action  de  la  main,  on  articule  le  levier  porte- 
lame,  à  son  extrémité  opposée  à  l’axe,  à  un  deuxième  levier  sur  lequel  on  agit,  l’axe 
de  ce  deuxième  levier  étant  adapté  à  la  table  ou  à  un  fort  bras  coudé  disposé  au- 
dessus  d’elle.  Cette  dernière  disposition  a  pour  avantage  de  dégager  complètement 
l’arrière  de  la  table  et  permet  de  travailler  sur  des  tôles  de  dimensions  plus  grandes 
que  la  longueur  de  la  lame;  elle  convient  surtout  pour  les  cisailles  d établi;  la  table  est 
alors  supprimée  et  remplacée  par  un  banc  étroit  auquel  s’adapte  la  contre-lame  avec 
ou  sans  support  de  guide  (Kircheis,  Dandoy-Mailliard  et  Lucq,  Avoyne  et  Bonamy). 
MM.  Avoyne  et  Bonamy  construisent  également  des  cisailles  d’établi  avec  levier  simple 
articulé  a  l’extrémité  d’un  bras  coudé. 

MM.  Avoyne  et  Bonamy  présentent  une  cisaille  dans  laquelle  l’axe  du  levier,  au  lieu 
d’étre  adapté  à  la  table,  est  à  l’extrémité  d’un  long  bras  coudé  et  est  placé  dans  la 
direction  de  ce  bras;  le  levier  reçoit  des  lames  sur  chacune  des  branches  situées  de 
part  et  d’autre  de  l’axe  ;  la  tahle  porte  des  équerres  sur  lesquelles  se  fixent  des  contre- 
lames.  L’objet  de  cette  disposition  est  de  permettre  de  travailler  sur  de  grandes  dimen¬ 
sions  et  de  faire  des  découpages  à  l’intérieur  d’une  feuille  de  tôle,  sans  qu’on  soit 
géné  par  les  bords  de  la  feuille,  qui  passent  sous  l’arcade  du  bras.  En  employant  des 
lames  courtes,  les  constructeurs  espèrent  pouvoir  découper  des  profils  droits  ou  courbes 
de  forme  quelconque. 

Les  cisailles  à  levier  ont  l’inconvénient  de  tordre  la  bande  découpée;  pour  obtenir 
une  bande  droite,  il  convient  de  se  servir  de  la  cisaille  dite  à  guillotine .  La  lame, 
légèrement  inclinée  sur  l’horizontale,  est  portée  par  un  large  coulisseau  pouvant 
atteindre  jusqu’à  2  mètres  de  portée,  guidé  à  ses  deux  extrémités  dans  des  glissières 
verticales.  Dans  un  petit  modèle  de  Al.  Kircheis,  le  coulisseau  est  manœuvré  à  l’aide 
d’une  pédale  qui  lui  est  reliée  par  deux  tringles;  la  table  comporte  un  guide  à  ressort 
et  une  bride  de  serrage  de  la  tôle.  Dans  une  forte  machine  de  MM.  Avoyne  et  Bonamy, 
le  coulisseau  est  actionné  mécaniquement  par  un  arbre  avec  double  système  d’excen¬ 
trique  et  de  bielle,  disposé  à  la  partie  supérieure  des  montants  des  glissières;  on  peut 
produire  la  marche  alternative  continue  du  coulisseau  ou  l’arrêt  après  chaque  coup,  en 
mettant  la  courroie  de  commande  sur  l’une  ou  l’autre  de  deux  poulies  fixes  séparées 
par  une  poulie  folle;  dans  l’un  des  cas,  une  came  placée  sur  l’arbre  à  excentriques  est 
sans  action  sur  la  tringle  de  débrayage;  dans  l’autre  cas,  elle  repousse  la  tringle  après 
chaque  coup,  de  façon  à  faire  passer  la  courroie  sur  la  poulie  folle;  la  machine  com¬ 
porte  l’emploi  d’un  guide  à  ressorts  pour  les  bandes  étroites. 

Dans  une  cisaille  automatique  à  guillotine,  M.  Kircheis  actionne  le  coulisseau  par 


MACHINES-OUTILS. 


233 


un  arbre  à  double  système  d’excentrique  et  de  bielle  disposé  à  la  partie  inférieure  du 
bâti;  la  tôle  est  serrée  sur  la  table,  pendant  le  découpage,  par  l’action  d’un  levier  à 
contrepoids  sur  un  deuxième  coulisseau;  une  came  montée  sur  Tarbre  à  excentriques 
desserre  la  tôle  après  l’opération;  un  guide  mobile  permet  de  régler  la  largeur  des 
bandes;  la  mise  en  marche  de  l’arbre  à  excentriques  et  l’arrêt  sont  produits  à  l’aide 
d’un  embrayage  à  manchons. 

Cisailles  circulaires.  —  L’outil  des  cisailles  circulaires  est  composé  de  deux  disques, 
ou  lames,  dont  les  arêtes  de  deux  tranches  opposées  sont  à  une  très  faible  distance  ou 
même  embéquetent  légèrement  Tune  sur  l’autre  dans  une  section  commune  renfer¬ 
mant  les  deux  axes;  les  deux  lames  sont  ordinairement  semblables,  mais  leur  forme 
varie  selon  les  constructeurs.  M.  Duval  et  M.  Kircheis  font  planes  et  normales  à  Taxe 
les  tranches  de  contact  et  donnent  seulement  un  léger  cône  au  pourtour  des  disques; 
M.  Le  Blanc  forme  sur  le  pourtour  deux  cônes  d’inclinaisons  différentes,  faisant  entre 
eux  un  angle  un  peu  inférieur  à  90  degrés,  et  les  lames  sont  placées  de  façon  que  les 
cônes  aient  des  positions  inverses  en  regard  l’un  de  l’autre.  Le  plus  souvent,  les  plans 
moyens  des  lames,  et  par  suite  leurs  arbres,  sont  parallèles;  Tarbre  inférieur  est 
oblique  sur  Thorizon ,  dans  quelques  modèles  de  M.  Kircheis ,  pour  permettre  de  couper 
des  fonds  de  boîtes  ou  de  couvercles  sans  être  gêné  par  les  arbres;  dans  ce  cas,  la 
lame  inférieure  a  une  forme  conique  telle,  que  sa  génératrice  supérieure  ait  la  même 
direction  que  la  génératrice  correspondante  d’une  lame  à  arbre  horizontal.  La  disposi¬ 
tion  des  lames  qui,  théoriquement,  ont  un  point  de  contact  unique,  donne  la  facilité  de 
faire  mouvoir  entre  elles  la  feuille  de  tôle  de  façons  diverses  et  de  la  découper  suivant 
des  formes  quelconques,  droites  ou  courbes;  il  convient  seulement,  quand  le  profil  à 
obtenir  est  régulier,  d’appuyer  la  tôle  contre  un  guide  approprié. 

Les  arbres  des  deux  lames  sont  commandés  par  des  engrenages  qui  leur  donnent  des 
vitesses  égales  et  de  sens  contraires,  de  manière  que  la  direction  du  mouvement  au 
point  de  contact  soit  commune.  Les  arêtes  coupantes  doivent  être  dans  un  même  plan 
vertical  quand  les  arbres  sont  parallèles,  et,  quand  ceux-ci  sont  obliques,  le  point  de 
contact  théorique  de  chaque  lame  doit  être  dans  le  plan  de  Tarêtc  de  Tautre;  pour  le 
découpage  des  tôles  minces,  les  lames  doivent  se  dépasser  légèrement;  pour  celui  des 
tôles  épaisses,  il  convient  qu’elles  soient  un  peu  écartées;  il  résulte  de  là  que  la  distance 
des  lames  a  besoin  d’être  réglée  pour  chaque  épaisseur  de  tôle  et  même  pour  chaque 
nature  de  métal.  Cette  condition,  jointe  à  celle  de  la  possibilité  de  l’affûtage,  oblige  de 
donner  le  moyen  de  régler  la  distance  des  arbres,  en  même  temps  que  la  position  longi¬ 
tudinale  des  lames.  L’arbre  inférieur  est  ordinairement  fixe  comme  hauteur,  et  le 
réglage  dans  ce  sens  porte  sur  Tarbre  supérieur.  M.  Duval  donne  aux  roues  de  l’engre¬ 
nage  de  commande  mutuelle  des  deux  arbres  des  dents  très  longues,  qui  permettent  de 
déplacer  Tarbre  tout  entier  parallèlement  à  lui-même  d’une  hauteur  de  quelques  milli¬ 
mètres  ;  Tarbre  est  supporté  par  deux  douilles  encastrées  chacune  dans  un  logement  de 


234 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


section  rectangulaire  et  munies  de  vis  de  rappel  servant  à  leur  manœuvre;  pour  le 
réglage  longitudinal,  l’arbre  inférieur  est  fileté  à  ses  deux  extrémités  et  reçoit  des  écrous 
avec  bagues  d’appui  contre  le  bâti.  M.  Le  Blanc  et  M.  Kircheis  constituent  T  arbre  su¬ 
périeur  de  deux  parties  articulées  ensemble  par  un  joint  sphérique;  la  partie  qui  porte 
la  roue  d’engrenage  ne  bouge  pas;  celle  qui  reçoit  la  lame  se  déplace  en  hauteur  par 
le  rappel  de  sa  douille  au  moyen  d’une  vis  actionnée  à  l’aide  d’une  simple  poignée 
(Kircheis)  ou  d’une  série  d’engrenages  (Le  Blanc);  la  forme  donnée  aux  lames  par 
M.  Le  Blanc  permet  de  conserver  identique,  dans  le  sens  longitudinal,  la  position  de 
l’arête  et  dispense  de  réglage  dans  ce  sens;  M.  Kircheis  déplace  l’arbre  inférieur,  en 
agissant  sur  un  écrou  appuyé  au  bâti,  ou  parfois  à  l’aide  d’une  vis  sans  fin  et  d’une  roue 
concentrique  à  l’écrou,  l’écrou  faisant  lui-même  mouvoir  une  douille  encastrée  entre 
les  colliers  de  l’arbre. 

Pour  le  découpage  en  ligne  droite ,  l’appui  de  la  tôle  est  formé  ordinairement  par  le 
bord  d’un  chariot  qui  coulisse  dans  l’échancrure  ménagée  sur  le  bâti  entre  les  deux 
arbres.  Pour  le  découpage  courbe,  M.  Duval  et  M.  Kircheis  rapportent  en  avant  des 
lames,  et  à  distance  réglable,  un  support  spécial,  qui  a  la  forme  d’un  G  à  branches 
très  allongées;  chacune  de  celles-ci  est  munie  à  son  extrémité,  pour  l’appui  et  le  ser¬ 
rage  de  la  tôle,  d’un  galet  ou  d’une  pointe  fixe  en  hauteur  pour  la  branche  inférieure, 
monté  sur  vis  verticale  pour  la  branche  supérieure;  en  faisant  tourner  la  tôle  à  la  main 
entre  les  galets  ou  les  pointes,  on  découpe  des  cercles,  et  en  déplaçant  le  support,  on 
en  fait  varier  le  diamètre;  l’emploi  simultané  des  deux  mouvements  permet  de  tracer 
des  formes  quelconques. 

Une  machine  de  M.  Kircheis  est  montée?  spécialement  pour  le  découpage  d’ellipses. 
La  tôle  se  place  sur  un  châssis  dont  les  deux  bords  parallèles,  engagés  dans  une  cou¬ 
lisse  circulaire  horizontale,  ne  peuvent  se  déplacer  qu’en  restant  enveloppes  de  cette 
coulisse  ;  le  châssis  présente  normalement  aux  deux  bords  une  coulisse  rectiligne ,  dans 
laquelle  est  engagée  une  règle  mobile  autour  d’un  axe  vertical  parallèle  à  celui  de  la 
coulisse  circulaire.  Si  l’on  suppose  un  instant  que  les  axes  A  et  A'  de  la  coulisse  cir¬ 
culaire  et  de  la  règle  soient  fixes,  et  si  l’on  cherche  à  déplacer  le  châssis,  la  ligne  mé¬ 
diane  GX  du  châssis,  parallèle  aux  bords,  et  la  ligne  du  même  châssis  GY,  superposée 
à  la  ligne  médiane  de  la  règle,  représentent  deux  droites  rectangulaires  invariablement 
liées,  se  mouvant  respectivement  en  passant  constamment  par  les  points  fixes  A  et  A' 
des  deux  axes,  c’est-à-dire  en  comprenant  entre  elles  la  droite  fixe  AA';  un  point  inva¬ 
riablement  lié  à  cette  dernière,  par  exemple  le  point  fixe  Px  de  contact  théorique  des 
lames,  tracera  une  ellipse  sur  la  tôle  entraînée  dans  le  système  mobile  des  deux  droites 
rectangulaires  CAX,  GA'Y.  Mais,  les  axes  étant  fixes,  le  plan  commun  des  lames,  dont 
le  tracé  sur  le  plan  horizontal  de  la  figure  est  MPjM',  serait  en  général  oblique  sur  la 
normale  PXN  à  l’ellipse  en  chaque  point  l\  ainsi  obtenu;  M.  Kircheis  rend  alors 
mobile  le  système  des  axes  lui-même,  de  façon  que  la  normale  PXN  à  l’ellipse,  au  point 
tracé  à  chaque  instant,  se  confonde  sensiblement  avec  la  normale  P]P2  au  plan  des 


MACHINES-OUTILS. 


235 


lames;  à  cet  effet,  les  deux  axes  A  et  A'  sont  montés  sur  un  bras  mobile  autour  d’un 
pivot  vertical  fixe  Pj  situé  dans  leur  plan  et  passant  précisément  par  le  point  de  con¬ 
tact  des  lames;  d’autre  part,  une  barre  P2C,  articulée  au  point  C  de  rencontre  des  deux 
droites  rectangulaires  CAX,  CA'Y,  traverse  une  coulisse  formée  dans  une  douille  montée 
sur  un  deuxième  pivot  vertical  fixe  P2  situé  du  côté  opposé  à  P1  par  rapport  à  tout  l’ap¬ 
pareil,  et  cette  barre  possède  elle-même,  suivant  sa  longueur,  une  coulisse  dans  laquelle 


se  déplace  un  bouton  B  fixé  au  bras  sur  le  prolongement  de  la  direction  du  premier 
pivot  et  des  axes.  11  résulte  de  là  que,  en  même  temps  que  le  système  des  droites 
rectangulaires  CAX,  CA'Y  se  déplace  par  rapport  à  la  droite  A'APX,  de  façon  que  le 
point  Pj  trace  sur  lui  une  ellipse  dont  la  normale  est  PjN,  le  système  A'APX  tourne 
lui-même  autour  de  Pj ,  un  de  ses  points  B  étant  astreint  à  rester  sur  une  droite  P2C,  qui 
est  liée  au  centre  G  de  l’ellipse  et  qui  passe  constamment  par  le  point  fixe  P2;  ce  mou¬ 
vement  de  rotation  a  pour  effet  de  maintenir  la  normale  PjN  dans  une  direction  très 
voisine  de  PtP2,  avec  laquelle  elle  coïncide  d’ailleurs  aux  instants  où  les  axes  de  l’ellipse 
sont  sur  PjP2.  Les  axes  de  l’ellipse  sont  les  longueurs  PXA,  PjA'.  Un  système  de  cha¬ 
riots  permet  de  faire  varier  la  distance  de  Yen  semble  des  axes  A  et  A'  et  du  bouton  B 
au  point  Pj ,  et  les  distances  des  axes  et  du  bouton  entre  eux  ;  une  graduation  corrcs- 


236 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


pondant  à  la  distance  des  axes  A  et  A'  donne  la  différence  de  longueur  des  axes  de 
l’ellipse. 

MACHINES  À  BORDER,  À  MOULURER  ET  À  AGRAFER. 

Ces  machines  sont  employées  pour  enrouler  le  bord  d’une  feuille  autour  d’un  fil  de 
fer  en  ligne  droite  ou  courbe,  pour  relever  ou  tomber  le  bord  d’un  fonds  de  couvercle 
ou  du  corps  d’une  boîte  cylindrique,  pour  faire  des  moulures  d’un  profil  déterminé  le 
long  d’une  bande,  pour  serrer  les  agrafures  droites  ou  circulaires,  etc.  Leur  construc¬ 
tion  est  identique  à  celle  des  petites  cisailles  circulaires  :  elle  comprend  deux  arbres 
parallèles,  portant  chacun  une  molette,  reliés  par  des  roues  d’engrenage  égales,  l’arbre 
inférieur  réglable  suivant  la  longueur,  l’arbre  supérieur  réglable  en  hauteur,  soit  en 
pivotant  tout  entier  autour  d’un  axe  voisin  des  roues  d’engrenage  (Durozoi,  Petot, 
Sage),  soit  en  s’assemblant  par  joint  sphérique  avec  une  portion  fixe  qui  porte  la  roue 
(Rircheis).  Pour  certains  travaux,  au  lieu  de  fixer  la  distance  des  arbres,  on  relie 
l’arbre  supérieur  à  une  pédale,  par  laquelle  on  donne  la  pression  convenable  pour  l’en¬ 
traînement  des  bandes  qui  passent  entre  les  molettes. 

Los  molettes  et  l’appareillage  des  machines  varient  d’après  le  genre  de  travail  à 
exécuter.  Les  molettes  à  moulurer  se  superposent  exactement,  ayant  chacune  en  sens 
inverse  le  profil  de  la  moulure;  généralement,  une  paire  de  lames  de  cisaille  leur  est 
adjointe,  pour  rogner  les  bords  de  la  moulure.  M.  Durozoi  dispose  sur  le  bâti,  de  cha¬ 
que  côté  du  plan  vertical  des  arbres  de  molettes,  un  petit  chariot  incliné  muni  d’un 
axe  horizontal,  sur  lequel  se  monte  un  galet  de  meme  forme  que  l’une  des  molettes,  ser¬ 
vant  â  guider  la  bande  qui  sort  des  molettes  et  â  la  dresser  ou  à  la  courber  suivant  un 
arc  dont  le  rayon  dépend  de  sa  position  par  rapport  au  point  de  sortie.  Pour  border 
droit  sur  fil  de  fer,  M.  Petot  monte  sur  la  même  machine  deux  paires  de  molettes  dis¬ 
posées  parallèlement  sur  autant  d’arbres;  la  première  paire  ploie  le  bord,  la  deuxième 
achève  de  l’enrouler.  Pour  border  courbe  également  sur  fil  de  fer,  M.  Petot  se  sert  de 
deux  machines  à  une  seule  paire  de  molettes,  munies  de  deux  galets  à  axe  vertical  qui 
servent  à  donner  la  courbure  à  l’ensemble  du  fil  et  du  boudin. 

Pour  tomber  le  bord  d’une  boîte  ou  relever  le  fond  d’un  couvercle,  on  emploie  deux- 
molettes  coniques  en  sens  inverses,  la  grande  base  delà  molette  supérieure  étant  placée 
vers  le  bout  de  l’arbre  et  son  arête  s’appliquant  dans  l’angle  formé  par  le  bord  abattu 
ou  relevé.  La  pièce  se  monte  sur  un  appareil  où  elle  est  centrée,  soit  entre  pointes 
pour  les  fonds  de  couvercles,  soit,  pour  les  corps  de  boîtes,  entre  deux  galets  extérieurs 
(Sage)  ou  sur  une  sorte  de  mandrin  intérieur  à  trois  têtes  de  vis  arrondies  (Rircheis). 
L’appareil  se  déplace  sur  deux  glissières  et  s’incline  de  manière  à  appliquer  le  bord  à 
produire  entre  les  génératrices  de  contact  des  deux  molettes.  Le  mouvement  des  mo¬ 
lettes  entraîne  la  rotation  de  la  pièce  autour  de  son  axe.  Les  mêmes  machines  servent 
pour  fermer  l’agrafure  d’un  corps  de  boîte  avec  le  couvercle,  en  donnant  aux  molettes 
des  formes  appropriées  â  celles  de  l’agrafure. 


MACHINES-OUTILS. 


'237 


Les  agrafures  sur  le  corps  même  cl’ane  boîte,  d’un  tube,  etc.,  sont  fermées  au 
moyen  d’une  machine  a  une  seule  molette  (Kircheis);  le  corps  est  placé  sur  un  man¬ 
drin,  qui  bascule  autour  d’un  axe  vertical  à  une  de  ses  extrémités  pour  le  dégagement 
et  la  mise  en  place  rapides  des  pièces;  la  molette  est  montée  sur  un  chariot  coulissant 
sur  une  glissière  parallèle  au  mandrin;  le  réglage  de  la  saillie  de  la  molette  se  fait, 
soit  par  le  déplacement  vertical  de  la  glissière  sur  deux  vis  qui  la  supportent,  soit  par 
lexcenlrage  de  son  arbre.  Pour  les  agrafures  intérieures,  le  mandrin  présente  une 
cannelure  dans  laquelle  se  loge  l’agrafure;  la  molette  serre  sur  l’extérieur. 

M.  Kircheis  expose  deux  machines  a  faire  des  filets  en  hélice  sur  des  chapeaux  de 
bouchons,  des  becs  de  lampes,  etc.  Lune  est  une  simple  poupée  dont  l’arbre,  mû  à  la 
main,  traverse  un  écrou  au  pas  à  produire  et  porte  un  mandrin  qui  reçoit  la  pièce  à 
canneler;  le  mandrin  passe  contre  une  molette  montée  sur  une  petite  poupée  fixe;  la 
pression  de  la  molette  applique  la  pièce  dans  les  cannelures  du  mandrin.  L’autre  ma¬ 
chine,  qui  est  double,  est  mue  mécaniquement;  elle  possède  deux  arbres  verticaux 
munis  chacun  d’un  mandrin  porte-pièce  cannelé  et  animés  d’un  mouvement  de  rota¬ 
tion  en  même  temps  que  d’un  mouvement  de  translation  produit  par  le  passage  dans 
des  écrous  fixes;  un  mécanisme  de  changement  de  marche  les  fait  monter  et  descendre 
alternativement  en  renversant  le  sens  de  la  rotation,  les  mouvements  se  faisant  en  sens 
inverses  pour  les  deux  pièces;  l’ouvrier  enlève  et  remplace  l’une,  pendant  que  l’autre  se 
filète. 

Les  moulures  de  grande  largeur  ne  peuvent  se  faire  sur  les  machines  précédentes, 
qui  ont,  de  plus,  l’inconvénient  de  courber  plus  ou  moins  la  bande.  M.  Kircheis  pré¬ 
sente,  pour  cet  objet,  deux  bancs  à  tirer,  avec  chariot  porte-pinces  mû  à  la  main  par 
engrenages  et  par  chaîne  Galle  ;  la  tôle  est  prise  dans  l’une  à  l’aide  de  trois  pinces  à 
double  articulation,  dans  l’autre,  au  moyen  de  trois  pinces  analogues  à  des  étaux  à 
main  avec  vis  de  serrage.  La  matrice  est  formée  de  deux  mordaches  au  profil  à  obtenir, 
rapprochées  dans  un  palier  à  vis  de  pression;  le  palier  se  fixe  en  un  point  quelconque 
de  la  longueur  du  banc. 

MACHINES  À  PLIER. 

L’objet  des  machines  à  plier  est  de  couder  une  feuille  de  tôle  ou  de  fer-blanc  sui¬ 
vant  un  certain  angle,  avec  arête  vive  ou  arrondie,  ou  de  la  courber,  par  des  pliages  suc¬ 
cessifs,  suivant  un  profil  de  section  circulaire  ou  de  moulure  variée.  Ces  machines 
atteignent  parfois  de  grandes  dimensions,  certaines  permettant  de  plier  des  feuilles  de 
3  mètres  de  largeur. 

Les  modèles  les  plus  fréquents  comprennent  une  table  horizontale  fixe ,  sur  laquelle 
se  place  la  tôle;  une  pince  ou  sommier,  par  laquelle  on  presse  la  tôle  par  toute  sa  lar¬ 
geur  sur  la  table  et  dont  la  face  d’appui  est  garnie  d’une  lame  fixée  par  des  vis,  avec 
bord  correspondant  au  profil  de  pliage;  un  levier  coudeur  ou  tablier,  présentant  une 
face  qui,  tout  d’abord,  doit  être  sur  le  même  plan  que  la  table,  et  pivotant  autour 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


'238 


d’un  axe  horizontal  pour  opérer  le  pliage.  La  pince  est  mobile  verticalement  dans 
les  coulisses  de  deux  montants  disposés  aux  extrémités  de  la  table;  M.  Kircheis  et 
M.  Soyer,  dans  un  de  leurs  modèles,  en  opèrent  la  manœuvre,  en  même  temps  que  le 
serrage,  au  moyen  d’un  arbre  à  deux  excentriques  qui  la  relie  à  la  table;  M.  Sage  se 
sert,  pour  le  même  objet,  soit  d’une  vis  centrale  à  volant  de  manœuvre,  disposée  sous 
la  table,  et  dont  l’écrou  entraîne  un  cadre  adapté  à  la  pince,  soit  d’une  vis  sans  fin 
avec  roue  montée  sur  un  arbre  qui  conduit,  par  pignons  et  crémaillères,  les  guides  la¬ 
téraux  de  la  pince;  dans  des  modèles  de  MM.  Bombled,  Durozoi,  Soyer,  les  deux  opé¬ 
rations  sont  séparées;  la  pince  est  serrée,  soit,  pour  les  modèles  légers,  au  moyen  d’une 
vis  centrale  supérieure  dont  l’écrou  est  monté  sur  une  traverse  ou  deux  tirants  reliés 
aux  extrémités  de  la  table,  soit,  pour  les  modèles  forts,  par  deux  vis  à  action  séparée, 
montées  aux  bouts  de  la  table  (Bombled,  Durozoi);  la  pince  étant  desserrée,  le  soulè¬ 
vement  s’en  fait  à  l’aide  d’une  pédale  a  contrepoids  d’équilibrage. 

Le  pliage  s’opère  habituellement  par  relèvement  du  tablier,  dont  la  face  plane,  dans 
le  mouvement  de  rotation  autour  de  l’axe,  enveloppe  les  génératrices  successives  du 
profil  delà  lame  de  la  pince;  suivant  les  épaisseurs  de  tôle  et  la  nature  des  profils, 
l’axe  de  rotation  du  tablier  doit  être  déplacé  par  rapport  au  bord  de  la  lame,  et  la 
distance  même  de  cet  axe  a  la  face  plane  du  tablier  doit  être  rendue  variable,  la  face 
plane  du  tablier  restant  au  niveau  de  la  table.  Certains  modèles,  ne  possédant  qu’en 
partie  ces  moyens  de  réglage,  ne  peuvent  donner  que  des  formes  de  pliage  approxima¬ 
tives.  L’axe  du  tablier  est  généralement  formé  par  des  tourillons,  dont  chacun  est  en*- 
castré  dans  un  coussinet  mobile  horizontalement  dans  son  palier  par  vis  de  rappel;  les 
paliers  reposent  sur  des  vis  de  réglage,  que  M.  Soyer  actionne  simultanément  en  les 
prolongeant  jusqu’en  haut  des  montants  et  les  reliant  par  une  chaîne  Galle;  M.  Bom¬ 
bled  fixe  le  tablier  à  chaque  tourillon  par  coulisse  et  boulon  de  serrage,  de  sorte  que, 
la  hauteur  de  l’axe  des  tourillons  par  rapport  à  la  table  étant  donnée ,  on  puisse  ra¬ 
mener  le  tablier  au  niveau  de  la  table;  M.  Sage  relie,  à  chaque  extrémité,  le  support  du 
tourillon  au  bâti  par  une  vis,  et  le  tablier  à  ce  même  support  par  une  deuxième  vis. 

Le  tablier  est  équilibré  par  des  contrepoids;  il  est  généralement  manœuvré  à  la 
main,  à  l’aide  d’une  poignée  ou  de  leviers;  M.  Durozoi  lui  adapte  des  secteurs  dentés, 
sur  lesquels  on  peut  agir  par  pignons  et  manivelle. 

Dans  un  de  ses  modèles,  M.  Kircheis  place  la  tôle  entre  le  tablier  et  la  pince,  qui  est 
coupée  par  un  plan  incliné  d’envrion  A 5  degrés  sur  la  table;  il  serre  la  pince  sur  le 
tablier  à  l’aide  d’un  arbre  à  excentriques,  et  il  produit  le  pliage  en  rabattant  l’en¬ 
semble  de  la  pince  et  du  tablier  sur  la  table,  le  plan  incliné  de  la  pince  venant  toucher 
la  table  après  rotation  de  1 3  5  degrés. 

Ayant  fait,  avec  les  machines  précédentes,  un  premier  pli,  ou  plutôt  un  coude  ar¬ 
rondi  d’un  rayon  déterminé,  on  peut  en  faire  un  deuxième,  puis  un  troisième  dans  le 
voisinage,  et  arriver  â  former  une  série  de  portions  plus  ou  moins  complètes  de 
cylindres  et,  en  général,  des  moulures  successives.  Pour  obtenir  des  angles  de  pliage 


MACHINES-OUTILS. 


239 


déterminés,  on  adjoint  fréquemment  au  tablier  un  secteur  gradué,  sur  lequel  on  règle 
par  des  butées  l’amplitude  de  la  rotation.  On  conçoit  que,  pour  faire  des  moulures,  les 
machines  dans  lesquelles  le  dessus  de  la  pince  est  le  plus  dégagé,  c’est-à-dire  celles 
dans  lesquelles  les  organes  de  serrage  de  la  pince  sont  en  dessous  ou  sur  le  côté,  sont 
celles  qui  conviennent  le  mieux.  Les  formes  de  la  courbure  dépendent  de  celle  de  la  lame 
fixée  à  la  pince;  on  serait  donc  obligé,  à  la  rigueur,  d’avoir  pour  chaque  forme  une  lame 
spéciale;  toutefois  une  meme  lame  peut  servir  pour  un  certain  nombre  de  formes  voi¬ 
sines,  qu’on  obtient  en  excentrant  l’axe  du  tablier,  la  lame  servant  alors  seulement  à 
donner  la  première  direction  à  la  courbe.  L’arête  de  la  lame  se  met  plus  ou  moins  en 
saillie  sur  le  corps  de  la  pince  :  si  l’on  veut,  par  exemple,  faire  une  sorte  de  boudin 
par  plusieurs  pliages  successifs,  il  est  nécessaire  que  la  lame  soit  assez  saillante  pour 
permettre  au  boudin  de  se  loger  entre  elle  et  le  corps  de  la  pince. 

Les  machines  à  plier  peuvent  se  modifier  et  se  simplifier  beaucoup  dans  des  cas 
particuliers.  Ainsi  les  petites  machines  exposées  par  JVI.  Sage,  pour  préparer  les 
agrafes  des  corps  de  boîtes  cylindriques,  comprennent  une  pièce  formée  de  deux  par¬ 
ties  articulées  sur  un  même  axe  et  représentant  à  la  fois  le  tablier  et  la  pince,  entre 
lesquelles  on  serre  rapidement  la  tôle  à  l’aide  d’une  poignée  à  came  hélicoïdale,  et  un 
cylindre  appuyé  contre  des  ressorts  à  boudin,  autour  duquel  la  feuille  s’enroule;  on 
rabat  la  pièce  autour  de  son  axe  contre  le  cylindre,  dont  les  ressorts  cèdent  légère¬ 
ment,  en  opposant  toutefois  une  résistance  suffisante  pour  que  la  tôle  puisse  se  replier 
sur  l’angle  de  la  pince.  Un  autre  appareil  de  M.  Sage,  destiné  à  préparer  les  agrafes 
de  corps  d’entonnoirs  coniques,  est  simplement  constitué  par  deux  secteurs  coniques, 
dont  l’un  se  rabat  sur  un  plan  diamétral  de  l’autre  en  tournant  autour  de  l’axe  com¬ 
mun  ;  le  bord  de  la  tôle  est  engagé  dans  une  fente  pratiquée  près  de  l’arête  formée 
par  le  plan  diamétral  du  secteur  mobile  avec  le  pourtour,  de  façon  que,  dans  le  rabatte¬ 
ment,  le  bord  se  ploie,  la  tôle  restant  enroulée  sur  le  secteur. 

MACHINES  À  ROULER  ET  À  CINTRER. 

Les  machines  à  rouler  pour  tôles  minces,  de  M.  Kircheis,  se  composent  de  trois  rou¬ 
leaux  cylindriques,  dont  deux  enserrent  la  tôle  et  l’entraînent,  et  le  troisième,  sur 
lequel  passe  la  tôle  au  sortir  des  précédents,  sert  à  lui  donner  la  courbure  voulue. 
Les  deux  premiers  rouleaux  sont  commandés  par  des  roues  cl’engrenage  égales  :  le 
rouleau  supérieur  a  une  position  fixe,  mais  peut  basculer  autour  d’une  de  ses  extré¬ 
mités  pour  permettre  de  dégager  les  objets  cintrés;  les  tourillons  du  rouleau  inférieur 
sont  montés  dans  des  coquilles  dont  l’intérieur  est  excentré  par  rapport  à  l’extérieur, 
de  sorte  qu’en  faisant  tourner  les  coquilles  sur  elles-mêmes,  on  fait  varier  l’écartement 
des  deux  rouleaux.  Le  troisième  rouleau  est  disposé  sur  deux  cames  ou  dans  deux  pa¬ 
liers  à  vis  de  rappel,  que  l’on  peut  régler  séparément  de  manière  à  lui  donner  une  po¬ 
sition  parallèle  à  celle  des  deux  autres,  ou  une  position  oblique  pour  obtenir  des  objets 


240 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


légèrement  coniques.  Un  quatrième  rouleau  est  quelquefois  ajouté  à  la  suite  du  troi¬ 
sième,  dans  le  cas  de  tôles  un  peu  fortes  et  de  cintres  très  accentués,  pour  mieux  assu¬ 
rer  la  continuité  de  la  courbure. 

Pour  rouler  de  très  petits  diamètres,  baguettes  des  bords  de  cheneaux,  boudins  de 
gouttières,  etc.,  M.  Kircheis  se  sert  d’une  tringle  munie  d’une  rainure  longitudinale, 
dans  laquelle  on  engage  le  bord  de  la  tôle.  La  tringle  est  placée  dans  un  cylindre 
creux,  évidé  pour  permettre  l’entrée  de  la  tôle;  on  la  tourne  dans  le  cylindre  à  l’aide 
de  poignées  dont  elle  est  munie;  la  tôle  entraînée  s’enroule  sur  elle;  l’ensemble  de  la 
tringle  et  de  la  tôle  se  retire  par  un  bout  du  cylindre.  Au  lieu  de  faire  tourner  la 
tringle  dans  un  cylindre,  M.  Durozoi  la  fait  simplement  tourner  au-dessus  d’une  table; 
la  tringle  est  montée  dans  des  coussinets  engagés  dans  des  paliers  avec  vis  de  rappel, 
qui  permettent  de  régler  sa  hauteur  au-dessus  de  la  table. 

Pour  rouler  cylindriquement  les  fortes  tôles,  M.  Dard  se  sert  aussi  de  trois  rouleaux 
cylindriques;  mais  les  deux  inférieurs  sont  fixes  comme  position,  à  axes  parallèles  et 
mus  par  des  roues  d’engrenage  égales;  le  réglage  de  la  pression  et  du  degré  de  cintrage 
porte  sur  le  rouleau  supérieur,  qui  est  disposé  à  égale  distance  des  précédents,  chaque 
tourillon  étant  dans  un  coussinet  engagé  dans  la  coulisse  verticale  d’un  palier*  à  vis  de 
rappel.  Afin  de  permettre  le  dégagement  des  pièces  cintrées,  les  paliers  du  rouleau 
supérieur  peuvent  se  séparer  du  bâti  en  pivotant  autour  d’un  axe  parallèle  à  celui  du 
rouleau;  chaque  palier  se  fixe,  après  rabattement  sur  le  bâti,  au  moyen  d’une  broche 
mobile  qui  pénètre  dans  un  œil  symétrique  de  celui  du  pivot  par  rapport  au  rouleau. 

Pour  le  cintrage  a  froid  des  fers  plats,  des  bandages  de  roues,  des  fers  à  T,  cor¬ 
nières,  etc.,  on  se  sert  ordinairement  de  machines  analogues  aux  machines  précé¬ 
dentes  de  M.  Dard,  sauf  que  les  rouleaux  sont  beaucoup  plus  courts  et  que  le 
système  des  paliers  qui  les  supportent  est  fixe;  les  rouleaux  ont,  au  besoin,  un  profil 
correspondant  à  celui  des  fers;  pour  le  cintrage  des  fers  de  forte  épaisseur,  les  rou¬ 
leaux  inférieurs  sont  cannelés,  afin  de  faciliter  l’entraînement.  Les  coussinets  suppor¬ 
tant  le  rouleau  supérieur  sont  réglables  tantôt  séparément  par  vis  de  rappel  (Dard), 
pour  permettre  de  donner,  au  besoin,  une  forme  légèrement  conique  à  la  pièce  roulée, 
aux  cercles  en  fer  de  tonneaux,  par  exemple,  tantôt  simultanément  par  une  vis  unique 
placée  à  la  partie  inférieure  du  bâti  et  manœuvrant  un  coulisseau  qui  porte  les  deux 
coussinets  (Dard,  Dandoy-Mailliard  et  Lucq,  Sculfort-Afalliar  et  Meurice),  ou  par  une 
vis  placée  à  la  partie  supérieure  du  bâti  et  actionnant  par  engrenages  la  vis  de  rappel 
de  chaque  palier  (Dard,  Dandoy-Mailliard  et  Lucq).  Dans  une  machine  de  MM.  Dan¬ 
doy-Mailliard  et  Lucq,  disposée  pour  le  cintrage  des  cornières,  celles-ci  sont  assemblées 
par  deux  de  manière  à  constituer  un  ensemble  symétrique;  elles  sont  réunies  par  des 
étaux  à  main  que  l’on  déplace  pendant  l’opération  même,  au  moment  où  ils  arrivent 
près  des  rouleaux,  pour  les  reporter  en  avant  de  ceux-ci  (notons  que  toutes  ces  ma¬ 
chines  sont  mues  a  la  main).  Les  cornières  sont  présentées  aux  rouleaux  de  façon  que 
la  branche  horizontale  du  T  formé  par  leur  réunion  se  trouve  au-dessus  et  au  contact 


MACHINES-OLJTILS. 


U\ 


du  rouleau  supérieur.  Un  deuxième  rouleau  supérieur  est  ajouté  du  côté  de  l’entrée  de 
la  pièce  :  il  est  porté  par  un  système  de  deux  bielles  articulées,  Tune  à  l’axe  du  rou¬ 
leau  compresseur,  l’autre  a  l’écrou  d’une  vis  par  laquelle  on  lui  donne  la  tension  con¬ 
venable;  ce  rouleau  supplémentaire  sert  a  guider  et  a  maintenir  l’assemblage  des  cor¬ 
nières,  au  moment  de  leur  introduction  entre  les  autres  rouleaux.  Enfin  les  parties 
supérieures  des  deux  paliers  du  rouleau  de  compression  sont  réunies  par  un  tirant 
avec  écrou  de  serrage,  qui  maintient  leur  écartement  constant  pendant  l’opération. 

Au  lieu  de  donner  le  mouvement  de  rotation  aux  deux  rouleaux  inférieurs,  M.  Olla- 
gnier  le  donne  au  rouleau  supérieur  seul,  qui  est  cannelé  pour  l’entraînement  du  fer, 
les  autres  étant  lisses;  de  plus,  il  fait  le  réglage  par  le  rapprochement  ou  l’écartement 
des  rouleaux  inférieurs,  dont  les  supports  reposent  chacun  sur  un  chariot.  Enfin  M.  01- 
lagnier  peut  enlever  les  supports  des  rouleaux,  qui  sont  fixés  au  bâti  ou  aux  chariots 
par  des  goujons,  pour  transformer  la  machine  a  cintrer  en  machine  à  refouler  et  a 
souder  par  la  seule  addition  de  mâchoires  de  serrage  et  l’agrafage  de  bielles  pour  la 
conduite  des  chariots. 

M.  Cuizinier  présente  un  modèle  de  machine  à  régulariser  a  chaud  l’équerrage  des 
cornières  destinées  a  la  membrure  des  navires.  La  cornière,  au  sortir  d’un  four,  est 
engagée  dans  un  appareil  formé  d’un  poinçon  qui  s’applique  dans  l’angle  et  d’une 
matrice  dont  une  moitié  porte  sur  Tune  des  faces  extérieures  de  la  corniche,  et  dont 
l’autre,  adaptée  a  un  secteur  denté  manœuvré  par  une  vis  et  un  volant,  se  rabat  sur 
la  seconde  face,  de  manière  a  l’appliquer  sur  le  poinçon.  Le  poinçon  et  la  matrice 
mobile  glissent  d'ans  des  coulisses  formées  pour  l’un  sur  le  bâti,  pour  l’autre  sur  le 
secteur;  ils  sont  reliés,  le  premier  au  secteur,  la  seconde  au  bâti,  par  des  bielles  qui 
ont  pour  effet  de  les  rapprocher  pendant  la  rotation  du  secteur.  La  cornière  est  tirée 
au  travers  de  cet  appareil  a  Taide  d’une  pince  adaptée  à  la  chaîne  d’une  sorte  de 
treuil. 

M.  Dard  expose  une  machine  à  cintrer  les  cercles  en  bois  pour  tonneaux.  Les  trois 
rouleaux  reçoivent  simultanément  le  mouvement  de  rotation,  et  le  réglage  du  cintre 
se  fait  par  le  déplacement  des  rouleaux  inférieurs,  le  supérieur  restant  fixe;  à  cet  effet, 
Taxe  de  chaque  rouleau  inférieur  est  monté  sur  un  système  de  deux  bras  articulés  entre 
eux  et,  en  outre,  l’un  à  Taxe  du  rouleau,  l’autre  à  un  arbre  intermédiaire  commun 
pour  les  deux  systèmes  de  rouleaux,  qu’il  commande  par  engrenages.  L’axe  commun 
d’articulation  des  bras  porte lecrou  d’une  vis  de  réglage,  dont  la  tête  est  adaptée  à  une 
lame  de  ressort;  cette  dernière  tend  toujours,  grâce  au  système  d’articulation  des  bras, 
â  ramener  la  roue  du  rouleau  au  contact  de  la  roue  de  commande,  quelle  que  soit  la, 
hauteur  qui  lui  ait  été  donnée  par  la  vis  de  réglage.  Ce  même  ressort  permet  en  outre 
au  rouleau  de  céder  au  passage  d’un  nœud  et  d’éviter  la  rupture  du  bois.  Enfin  un 
galet,  poussé  par  un  ressort  à  boudin  et  placé  sous  le  rouleau  supérieur,  appuie  sur 
le  bois  â  l’inverse  de  ce  rouleau,  contre  lequel  il  le  maintient,  tout  en  cédant  au  passage 
des  nœuds. 


Groupe  VI.  —  iv. 


[l‘Rl  MLIUE  NATIONALE. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


V\  2 


MACHINES  A  COUDER,  A  REFOULER  ET  A  SOUDER. 

Nous  nous  occuperons  d’abord  des  machines  à  refouler  et  à  souder,  dont  des  mo¬ 
dèles  à  peu  près  identiques  sont  présentés  par  MM.  Dard,  Dandoy-Mailliard  et  Lucq, 
Sculfort-Malliar  et  Meurice,  Ollagnier.  L’objet  de  ces  machines  est  de  rapprocher  deux 

morceaux  de  fer  pour  les  souder,  ou  de 
raccourcir  la  longueur  d’une  pièce  par 
refoulement  du  métal  sur  lui -même; 
elles  trouvent  leur  emploi  dans  la  con¬ 
fection  des  bandages  de  roues  et  dans 
le  resserrement  de  ces  bandages,  qui 
évite  de  les  châtrer.  Elles  se  composent 
essentiellement  de  deux  supports  de  m⬠
choires  ,  l’un  fixe ,  l’autre  mobile  vers  le 
premier  par  un  mouvement  de  coulis- 
sage  produit  à  l’aide  d’un  système  de 
bielle  et  d’excentrique,  ce  dernier  étant 
actionné  à  la  main  par  l’intermédiaire 
d’engrenages,  (iliaque  support  possède 
une  mâchoire  fixe ,  ordinairement  plane 
et  verticale,  et  une  mâchoire  en  forme 
de  came  mobile  autour  de  l’axe  d’un 
levier  de  serrage,  l’une  et  l’autre  gar¬ 
nies  de  fortes  dents,  de  manière  que 
les  pièces,  une  fois  serrées,  ne  puissent 
glisser.  M.  Ollagnier  forme  simplement 
la  came  d’un  cylindre  excentré  sur  l’axe  du  levier.  La  pièce  à  refouler,  chauffée  au 
blanc,  étant  fixée  entre  les  deux  paires  de  mâchoires,  ou  les  deux  parties  à  souder 
étant  fixées  chacune  dans  une  paire,  on  rapproche  lentement  le  support  mobile  du  sup¬ 
port  fixe,  jusqu’au  moment  où  l’on  juge  l’opération  terminée.  La  surface  des  supports 
est,  au  besoin,  courbée  pour  se  rapprocher  de  la  forme  des  pièces  telles  que  les  ban¬ 
dages  de  roues. 

M.  Ollagnier  construit  également  des  machines,  dans  lesquelles  les  deux  supports 
de  mâchoires  sont  mobiles  à  la  fois  et  ramenés  l’un  vers  l’autre  par  des  excentriques 
montés  sur  le  même  arbre.  La  course  à  produire  étant  répartie  sur  les  deux  supports, 
l’excentricité  peut  être  réduite  de  moitié  et  l’effort  total  â  développer  paraît  être  moindre , 
sans  doute  en  raison  de  l’action  plus  directe  des  bielles. 

M.  Dosme  expose  une  machine  qui  est  simplement  â  couder  et  deux  machines  qui 
peuvent,  â  volonté,  couder  ou  refouler.  Le  travail  se  fait  ordinairement  â  chaud.  Lapre- 


Machine  à  refouler  et  à  souder  de  M.  Dard. 


MACHINES-OUTILS. 


243 


mière  machine  représente  un  ensemble  à  peu  près  cylindrique,  à  axe  vertical,  formé 
d’un  secteur  fixe  et  d’un  secteur  mobile;  ce  dernier,  plus  développé  que  le  précédent, 
peut  recevoir  un  mouvement  de  rotation  autour  de  Taxe  au  moyen  d’une  couronne 


dentée  qui  lui  est  adaptée  et  d’un  double  cliquet  à  levier  porté  par  la  partie  fixe  du 
bâti.  Le  dessus  des  secteurs  forme  une  table  horizontale,  et  sur  chacun  d’eux  sont  dis¬ 
posées  une  mâchoire  fixe  en  forme  de  coin,  dentée  sur  ses  deux  faces,  et  deux  m⬠


choires  mobiles  à  came,  analogues  aux  mâchoires  mobiles  des  machines  à  refouler  et 
â  souder  :  on  a  ainsi  deux  systèmes  de  mâchoires,  dont  on  peut  utiliser  Tun  ou  l’autre 
â  volonté.  On  peut  d’ailleurs  aussi  bien  redresser  que  couder. 

Les  machines  à  couder  et  â  refouler  diffèrent  principalement  de  la  précédente  en  ce 


244 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


que  leur  secteur  correspondant  au  secteur  fixe  de  celle-ci  peut  recevoir  un  déplacement 
rectiligne,  par  coulissage  suivant  un  rayon  de  l’ensemble  cylindrique;  ce  déplacement 
est  utilisé  pour  refouler.  On  produit  à  volonté  le  coudage  ou  le  refoulage,  ou  simulta¬ 
nément  les  deux  effets  par  les  moyens  suivants  :  l’axe  central  porte ,  à  sa  partie  inférieure, 
une  roue  qui  reçoit  un  mouvement  de  rotation  d’une  série  d’engrenages  manœuvrés 
à  la  main  dans  une  des  machines,  mécaniquement  dans  l’autre.  La  tranche  de  la  roue 
présente  des  trous  disposés  en  cercle;  des  trous  semblables  existent  sur  une  couronne 
fixe  extérieure  et  concentrique  à  la  roue.  Un  premier  levier,  adapté  au  secteur  mobile 
circulairement,  peut  être  relié  à  la  roue  ou  à  la  couronne  par  une  clavette  engagée 
dans  un  trou  de  l’une  ou  de  l’autre;  il  communique,  dans  un  cas,  l’entraînement  de  la 
roue  au  secteur  et  empêche  celui-ci  de  tourner,  dans  l’autre  cas.  Un  second  levier 
semblable,  fou  sur  Taxe  central,  est  relié  par  bielle  au  secteur  mobile  rectilignement 
et  peut  ainsi  entraîner  ce  dernier  ou  l’immobiliser,  selon  que  sa  clavette  est  placée  dans 
un  trou  de  la  roue  ou  dans  un  trou  de  la  couronne  fixe.  Si  l’on  relie  à  la  fois  la  roue 
aux  deux  secteurs,  en  faisant  tourner  la  roue  dans  le  sens  convenable  on  coude  et  on 
refoule  en  même  temps. 

MACHINES  À  DRESSER. 

M.  Gérard  dresse  les  tôles,  en  les  faisant  passer  entre  des  séries  de  rouleaux  dont 
les  axes  sont  disposés  en  quinconce  sur  deux  plans  parallèles,  le  plan  supérieur 
comprenant  trois  rouleaux,  l’inférieur  quatre.  Le  rapprochement  des  deux  plans  s’ob¬ 
tient  par  des  vis  de  rappel  agissant  sur  les  supports  des  rouleaux  supérieurs. 

Pour  dresser  les  fds,  M.  Kircheis  les  fait  passer  dans  un  trou  de  fdière,  puis  entre 
quatre  galets  disposés  en  quinconce  sur  des  supports  réglables  dans  des  coulisses  a 
boulons  sur  la  semelle  qui  porte  tout  l’ensemble.  Le  fd  est  tiré,  soit  à  l’aide  d’une 
pince  à  main,  soit  par  deux  galets  montés  sur  un  même  palier  à  vis  de  rappel  pour  le 
réglage  et  commandés  par  deux  roues  égales. 

M.  Bariquand  dresse  les  barres  rondes,  en  les  faisant  passer  entre  trois  barres  cylin¬ 
driques  dont  les  axes,  légèrement  inclinés  l’un  sur  Tautre,  sont  disposés  suivant  trois 
génératrices  d’un  hyperboloïde  de  révolution  à  une  nappe.  Le  cercle  de  gorge  est  voisin 
de  l’entrée  du  fd;  à  égale  distance  de  part  et  d’autre  du  plan  de  ce  cercle,  les  barres 
traversent  des  coussinets  de  mandrin  à  serrage  simultané,  par  lesquels  on  peut  régler 


l’entrée  du  fd,  les  barres  sont  supportées  dans  un  palier  a  coussinets  fixes,  près  duquel 
elles  reçoivent  la  commande  mécanique  du  mouvement  de  rotation  par  des  roues  égales. 
La  distance  de  ce  palier  aux  mandrins  de  réglage  est  assez  grande, pour  que  les  diffé¬ 
rences  d’inclinaison  des  barres  n’aient  pas  d’effet  sensible  sur  les  engrenages.  Avant 
d’entrer  entre  les  barres,  le  fd  passe  dans  un  tube  notablement  oblique  sur  Taxe  de 
l’hyperboloïde;  la  torsion  qu’il  éprouve  ainsi  facilite  son  entraînement;  celui-ci  est 
opéré  par  la  composante,  suivant  l’axe  de  l’hyperboloïde,  de  la  rotation  des  barres 


MACHINES-OUTILS. 


245 


oblique  sur  cet  axe.  La  présence  de  trois  barres  produit  en  outre  sur  le  fil  un  léger 
laminage,  qui  a  pour  effet  de  l’arrondir.  L’égalité  des  trois  actions  fait  que  le  fil  est 
parfaitement  centré  et  dressé. 

JVIACHIiNES  À  LAMINER. 

M.  Perrin  présente  une  série  très  complète  de  cylindres  unis  ou  avec  gorges  pro¬ 
filées,  pour  feuilles  de  cuivre,  d’argent  ou  d’or,  ou  pour  feuilles  argentées  ou  dorées, 
pour  pièces  de  bijouterie,  pour  dents  de  peignes  à  tisser,  etc.  Ces  cylindres,  de  petite 
dimension,  sont  en  acier  trempé;  ils  ont  besoin  detre  rectifiés  avec  le  plus  grand  soin, 
pour  que  la  surface  extérieure  soit  très  égale,  régulière,  exactement  concentrique  aux 
tourillons,  et  ils  doivent  recevoir  un  poli  parfait  pour  qu’il  ne  subsiste  sur  leur  pour¬ 
tour  aucune  piqûre,  aucun  grain  capable  de  détériorer  les  minces  feuilles  de  métal 
précieux.  M.  Perrin  parvient,  avec  ses  cylindres,  à  réduire  les  feuilles  à  l’épaisseur  de 
3  à  4  centièmes  de  millimètre. 

M.  Simonds  transforme,  par  un  laminage  rectiligne  à  cbaud,  une  barre  de  fer  ou 
d’acier  rond  en  pièces  de  toute  espèce  de  formes,  représentant  des  surfaces  de  révo¬ 
lution  et  même  offrant  des  portions  irrégulières,  telles  que  balles  sphériques  ou  al¬ 
longées,  obus,  rivets,  vis  avec  leur  filetage,  boulons  avec  les  pans  de  la  tête  et  des 
ergots  sur  la  tige,  etc.  La  partie  essentielle  de  la  machine  consiste  en  deux  matrices, 
de  forme  allongée  et  de  section  générale  rectangulaire,  munies  chacune,  sur  la  face 
opposée  a  celle  qui  porte  les  empreintes,  d’une  crémaillère  par  laquelle  elle  reçoit  d’un 
pignon  un  mouvement  rectiligne  alternatif  suivant  sa  longueur;  les  deux  matrices  se 
meuvent  parallèlement  en  face  l’une  de  l’autre  et  en  sens  contraires;  l’arbre  de  com¬ 
mande  est  muni  d’un  débrayage  avec  changement  de  marche,  qui  ramène  les  matrices 
a  leur  position  initiale  et  les  arrête  après  chaque  opération.  L’ouvrier  engage  la  barre 
entre  les  matrices,  en  l’appuyant  contre  une  butée,  et  embraye.  La  barre,  recevant 
des  actions  égaleset  opposées  des  deux  matrices ,  tourne  sur  elle-même ,  sans  se  déplacer, 
dans  la  direction  de  l’une  ou  l’autre  matrice.  L’opération,  en  elle-même,  ne  présente 
aucune  difficulté,  non  plus  que  le  réglage  des  matrices,  qui  se  placent  dans  des  posi¬ 
tions  repérées  exactement;  le  point  délicat  du  travail  réside  dans  la  confection  des  em¬ 
preintes  des  matrices,  dont  la  forme  détermine  leur  mode  d’action;  celui-ci  est  à  peu 
près  le  suivant. 

Le  travail  se  fait  surtout  par  étirage  de  la  matière;  il  commence  par  une  section 
d’un  diamètre  peu  différent  de  celui  de  la  barre  et  s’étend  progressivement  aux  sec¬ 
tions  voisines,  la  matière  en  excès  de  chaque  section  passant  en  allongement  de  la 
barre;  de  chaque  côté  de  la  section  attaquée,  la  matrice  est  en  contre-bas,  de  manière 
a  pouvoir  fournir  de  la  matière  aux  parties  voisines,  et  elle  est  munie  de  stries  nor¬ 
males  à  la  longueur,  qui  ont  pour  effet  de  forcer  la  barre  à  tourner  sur  elle-même; 
quand  une  section  est  terminée,  elle  reste  intacte  dans  la  suite  de  l’opération  et  roule 


246 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


simplement  sur  les  matrices,  dont  le  profil  reste  constant  à  sa  hauteur;  les  diverses  sec- 
dons  de  la  pièce  se  forment  ainsi  de  proche  en  proche,  la  bande  des  stries  allant  en 
s’évasant  d’un  ou  de  deux  côtés ,  selon  que  la  pièce  a  été  commencée  par  une  extrémité 
ou  par  le  milieu.  L’opération  terminée,  la  pièce  tombe  ou  ne  reste  attachée  à  la  barre 
que  par  un  mince  fil,  qui  a  dû  subsister  pour  l’entraînement;  le  déchet  consiste  unique¬ 
ment  en  un  petit  cône  adhérent  à  la  pièce  du  côté  opposé  à  la  barre  et  correspondant 
a  la  matière  qui  servait  a  l’entraînement  de  ce  côté  en  prenant  appui  dans  les  stries. 
On  peut  faire  deux  pièces  à  la  fois  :  les  matrices  portent  alors,  près  de  leur  extrémité, 
une  petite  lame  saillante,  qui  sépare  les  pièces  a  la  fin  de  l’opération.  Les  filets  de  vis 
se  font  aussi  à  la  fin  de  l’opération,  alors  que  le  corps  de  la  tige  a  reçu  une  forme 
cylindrique  lisse;  les  matrices  présentent  des  stries,  obliques  par  rapport  a  la  longueur 
d’une  quantité  correspondante  à  l’inclinaison  des  filets;  il  y  a,  dans  cette  partie  du  tra¬ 
vail,  refoulement  de  la  matière  du  fond  des  filets  pour  former  les  pleins.  Les  sections 
non  circulaires  se  font,  comme  les  autres,  à  un  moment  quelconque  de  l’opération,  les 
matrices  portant  des  saillies  et  des  creux  successifs,  dans  lesquels  se  forme  la  section 
irrégulière;  celle-ci  terminée,  les  parties  correspondantes  des  matrices  redeviennent 
planes,  à  l’écartement  du  diamètre  de  la  plus  forte  saillie. 

MACHINES  DIVERSES. 

Machines  à  faire  les  ressorts  à  boudin  de  sommiers.  —  On  sait  que  ces  ressorts  sont 
formés  d’un  fil  de  laiton  ou  d’acier  enroulé ,  avec  diamètre  variable  des  spires ,  de  ma¬ 
nière  à  représenter  approximativement  un  hyperboloïde  à  une  nappe. 

Les  Ateliers  de  construction  de  Saint-Georges  (Suisse)  et  M.  Spühl  exposent,  les 
premiers  une  machine  à  enrouler  les  ressorts,  le  deuxième  un  appareil  à  les  presser 
et  une  machine  à  nouer  les  bouts;  cet  ensemble  constitue  une  fabrication  complète  des 
ressorts, 

La  machine  à  enrouler  les  ressorts  est  automatique;  sa  disposition  est  analogue  à 
celle  des  machines  à  rouler;  le  fil  passe  entre  deux  galets  d’entraînement,  puis  sous  un 
troisième  galet  qui  s’écarte  plus  ou  moins  sous  l’action  d’une  came  conduisant  le 
deuxième  bras  d’un  levier  auquel  il  est  adapté;  le  ressort  terminé,  une  cisaille  mise  en 
action  à  ce  moment  coupe  le  fil. 

L’opération  de  la  pression  des  ressorts  est  une  sorte  d’épreuve ,  qui  garantit  le  main¬ 
tien  de  leur  forme  et  de  leur  hauteur;  elle  consiste  dans  l’aplatissement  jusqu’au  contact 
des  spires;  elle  se  fait  vivement  et  une  seule  fois.  L’appareil  comprend  deux  cônes, 
dont  l’un  est  fixe  et  dont  l’autre,  mobile  le  long  d’une  colonne  cylindrique,  se  super¬ 
pose  au  ressort  et  reçoit  la  pression. 

La  machine  à  nouer  les  bouts  comprend  essentiellement  une  matrice,  de  forme 
spéciale,  composée  d’une  partie  fixe  sur  laquelle  la  dernière  spire  est  serrée,  et  d’une 
partie  mobile  à  charnière;  celle-ci,  en  se  rapprochant  progressivement  de  la  précédente, 


MACHINES-OUTILS. 


2/i7 


force  le  bout  redressé  a  s’enrouler  autour  du  fil  delà  spire,  et  l’applique  finalement 
sur  lui  par  deux  tours  enveloppants. 

Machine  à  faire  automatiquement  la  ronce  artif  cielk'.  —  Nous  ne  décrirons  que  très 
succinctement  cette  machine  spéciale,  imaginée  par  M.  Léon  Hen  et  exposée  par 
M.  Demoor.  La  ronce  artificielle  est  formée  d’un  câble  de  trois  fils  de  fer  tordus  en¬ 
semble  et  enclavant,  de  distance  en  distance,  de  petites  pièces  en  tôle  à  trois  pointes 
aiguës.  Les  fils,  venant  de  trois  rouleaux  séparés,  entrent  dans  une  lunette,  au  delà  de 
laquelle  ils  s’enlacent  entre  eux  par  l’effet  de  la  rotation  donnée  au  châssis  portant 
le  treuil  sur  lequel  s’enroule  le  câble.  La  bande  de  tôle  est  amenée  horizontalement, 
par  deux  galets  d’entraînement,  au  milieu  de  l’ouverture  de  la  lunette,  où  un  poinçon 

vertical  de  cisaille  la  découpe  suivant  une  entaille  en  V ;  les 
branches  restant  de  l’entaille  précédente  complètent  le  trident; 
pendant  que  les  deux  parties  de  la  cisaille,  assemblées  à  res 
sort,  maintiennent  la  pièce  par  la  dent  médiane,  deux  leviers  ploient  les  deux  autres 
dents  en  sens  contraires;  un  poinçon  horizontal,  dont  l’extrémité  est  fendue  en  forme 
de  griffe,  vient  alors  saisir  la  pièce  et  l’engager  entre  les  fils;  un  percuteur,  renfermé 
dans  le  poinçon,  est  chassé  vivement  par  la  combinaison  d’un  système  de  ressort  à 
boudin  et  d’une  gâchette  déclanchée  au  moment  convenable,  et  achève  de  pousser  la 
pièce  dans  la  partie  la  plus  resserrée  du  toron,  qui  se  referme  sur  elle  pendant  que  le 
poinçon  revient  en  arrière.  Tous  ces  mouvements  sont  produits  automatiquement  au 
moyen  d’excentriques  et  de  bielles. 


248  EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


CHAPITRE  XIII. 

MATÉRIEL  D’AJUSTAGE,  DE  TRAÇAGE,  DE  MESURE,  DE  VÉRIFICATION, 

D’ESSAI  DES  MATIÈRES. 


Matériel  d’ajustage  et  de  traçage;  étaux  d’ajusteurs;  instruments  de  traçage.  —  Moyens  de  mesure 
et  de  vérification  à  l’usage  des  ateliers  de  construction.  —  Machines  à  essayer  les  métaux. 


MATÉRIEL  D’AJUSTAGE  ET  DE  TRAÇAGE. 

-Ht  - 

Etaux  d’ajusteurs.  —  MM.  Dandoy-Mailliard  et  Lucq  et  MM.  Wright  et  fils  exposent 
des  étaux  à  deux  branches  articulées  à  leur  partie  inférieure,  avec  mord  mobile  à 
rotule  et  une  forte  vis  renfermée  dans  la  boîte  du  mord  fixe;  ils  n’ont,  en  somme, 
d’autre  particularité  qu’une  construction  soignée  et  robuste. 

Un  étau  parallèle  de  M.  Kircheis  comprend  un  mord  fixe  à  semelle  et  un  mord  mo¬ 
bile  avec  forte  vis  de  serrage  et  large  glissière  inférieure  coulissant  sur  la  semelle  fixe. 

Nous  trouvons  chez  M.  Kircheis  et  chez  MM.  Jovvn  et  Lyon  des  modèles  à  peu  près 
identiques  d’étaux  parallèles  à  approche  rapide.  Le  mord  mobile  pénètre  par  un  fort 
coulisseau  de  section  rectangulaire  dans  la  base  du  mord  fixe;  il  présente  sur  un  de 
ses  côtés  une  sorte  de  denture  très  fine.  Le  mord  fixe  porte  un  axe,  sur  lequel  est 
monté  un  levier  à  excentrique,  et  un  coussinet  muni  de  dents,  interposé  entre  l’excen¬ 
trique  et  le  côté  denté  du  mord  mobile,  avec  une  certaine  liberté  de  déplacement  dans 
le  sens  longitudinal;  le  levier  possède  en  outre  une  griffe  qui,  dans  le  mouvement  de 
desserrage  de  l’excentrique,  agit  sur  une  saillie  du  coussinet  et  le  dégage  de  la  den¬ 
ture  du  mord  mobile.  L’excentrique  étant  desserré,  le  mord  mobile  est  complètement 
libre,  et  on  peut  le  pousser  à  la  main  jusqu’au  contact  de  la  pièce  placée  contre  le 
mord  fixe;  agissant  alors  sur  l’excentrique,  on  fait  engrener  le  coussinet  avec  le  mord 
mobile,  et,  en  continuant  de  tourner,  on  produit,  par  frottement,  l’entraînement  du 
coussinet  et  du  mord  mobile  de  manière  à  serrer  assez  énergiquement  la  pièce. 

M.  Parkinson  conserve  la  vis  dans  ses  étaux  parallèles;  mais  il  la  fait  engrener  avec 
un  demi-écrou  qui  peut  se  débrayer  par  un  mouvement  d’excentrique.  On  obtient  donc 
encore  l’approche  rapide  en  poussant  le  mord  mobile  à  la  main;  engrenant  alors 
l’écrou,  on  achève  le  serrage.  Le  mord  mobile  est  guidé  dans  le  mord  fixe  par  un 
coulisseau  adapté  à  sa  base. 

Un  certain  nombre  d’étaux  parallèles,  des  modèles  précédents,  sont  montés  à  pivot 
sur  semelle  fixe,  ce  qui  en  fait,  d’une  façon  très  simple,  des  étaux  tournants. 

Dans  quelques  étaux,  l’un  des  mords  est  échancré  en  forme  de  coulisse  circulaire  à 


MACHINES-OUTILS. 


249 


section  en  "1;  une  mordache,  engagée  dans  la  coulisse,  peut  s’orienter  en  tournant 
autour  de  son  axe  et  permet  de  serrer  des  pièces  à  faces  non  parallèles. 

Instruments  de  traçage.  —  Un  marbre  en  fonte  de  1  mètre  sur  o  m.  760,  présenté 
par  M.  Steinlen,  est  formé  d’un  seul  bloc;  le  fût  est  creux  pour  alléger  le  poids  total, 
mais  ses  dimensions  transversales  minima,  dans  le  haut,  sont  supérieures  à  la  moitié  de 
celles  de  la  table;  celle-ci  possède  un  rebord  vertical  très  élevé,  réuni  au  fût  par  quatre 
nervures.  Toutes  les  précautions  se  trouvent  ainsi  prises, pour  empêcher  le  marbre  de 
se  voiler  par  l’effet  d’un  faux  appui  de  la  base  ou  pour  toute  autre  cause. 

M.  Steinlen  expose  une  collection  très  complète  de  règles,  mètres,  doubles  mètres, 
équerres,  à  section  rectangulaire,  ou  en  T  ou  double  T,  avec  dimensions  transversales 
parfaitement  proportionnées  à  la  longueur  pour  éviter  les  flexions,  sinon  d’une  façon 
absolue,  au  moins  sur  de  courtes  distances;  nous  trouvons  encore  chez  lui  des  mètres 
et  de  longs  pieds  à  coulisse  à  section  octogonale,  des  compas,  des  trusquins  avec  vis 
de  rappel  de  la  pointe.  Tous  ces  instruments  sont  établis  avec  le  plus  grand  soin  et 
offrent  les  garanties  les  plus  complètes  pour  l’exactitude  des  tracés. 

Des  trusquins  de  M.  Demoor,  également  à  vis  de  rappel  de  la  pointe,  sont  d’une 
commodité  et  d’une  sûreté  d’emploi  très  grandes. 

Une  vitrine  de  MM.  Brown  et  Sharpe  renferme  des  instruments  qui  conviennent 
parfaitement  au  dessin  sur  tôle  et  à  la  mesure  des  éléments  de  surfaces;  on  y  voit  no¬ 
tamment  des  rapporteurs  circulaires  et  des  appareils  à  mesurer  les  angles  sur  le  tour. 

M.  Kreutzberger  présente  un  appareil  servant  à  la  détermination  des  divers  élé¬ 
ments,  côtés  et  angles  d’un  triangle  rectangle.  Sur  un  bord  d’une  plaque  carrée,  est 
tracée  une  base  de  0  m.  100  de  longueur;  à  l’une  des  extrémités  de  cette  base, 
et  normalement  à  sa  direction,  est  une  rainure  dans  laquelle  peut  glisser  un  curseur; 
celui-ci  est  articulé  avec  une  règle,  qui  coulisse  d’autre  part  dans  un  pivot  adapté  à 
l’autre  extrémité  de  la  base;  la  rainure  et  la  règle  sont  divisées,  le  curseur  et  le  pivot 
portent  des  verniers;  une  graduation  circulaire,  concentrique  au  pivot,  indique  les  angles 
faits  par  la  règle  mobile  avec  la  base.  De  la  connaissance  de  deux  éléments  d’un 
triangle  rectangle,  deux  côtés  ou  un  côté  et  un  angle  aigu,  on  déduit  par  simple  lec¬ 
ture  la  grandeur  des  autres  éléments,  la  valeur  des  côtés  étant  toutefois  toujours 
divisée  par  le  rapport  d’un  d’entre  eux,  pris  pour  base,  à  la  longueur  de  0  m.  100. 
Cet  appareil  peut  être  utile  dans  un  grand  nombre  de  cas  et  servir,  en  particulier,  aux 
tourneurs  pour  la  détermination  des  éléments  d’un  filetage. 


MOYENS  DE  MESURE  ET  DE  VÉRIFICATION  À  L’USAGE  DES  ATELIERS 

DE  CONSTRUCTION. 

Nous  trouvons  dans  les  expositions  de  M.  Bariquand  et  de  MM.  Brown  et  Sharpe 
des  collections  d’instruments  de  mesure  et  de  vérification,  qui  nous  paraissent  établir 


250 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


nettement  les  principes  que  Ton  doit  observer  dans  la  construction,  relativement  à  la 
manière  d’obtenir1  les  dimensions  des  pièces.  L’un  et  l’autre  présentent  des  séries  de 
pieds  à  coulisse  et  de  palmers  exécutés  avec  le  plus  grand  soin;  MM.  Brown  et  Sharpe 
montrent  toute  une  collection  de  calibres  à  dimension  fixe,  chacun  étant  relatif  à  une 
mesure  unique  donnée  d’un  côté  par  un  poinçon,  de  l’autre  par  Une  entaille;  M.  Ba- 
riquand  expose  un  micromètre-étalon ,  ou  banc  à  étalonner,  avec  comparateur  au  -  0X-  0- 
de  millimètre,  permettant  d’établir  et  de  corriger  toutes  les  mesures  à  bouts  ou  à 
traits  depuis  o  mètre  jusqu’à  2  mètres. 

Tels  sont  les  instruments  employés  dans  les  ateliers  de  ces  constructeurs  et  mis 
couramment,  à  l’exception  du  micromètre-étalon,  entre  les  mains  des  ouvriers  aussi 
bien  que  des  contremaîtres  et  des  ingénieurs,  avec  cette  particularité  toutefois  que 
certains  d’entre  eux,  comme  les  calibres  à  dimension  fixe  et  les  palmers,  ne  leur  sont 
confiés  qu’au  moment  où  ils  en  ont  besoin.  Les  ouvriers  doivent  se  conformer  exacte¬ 
ment  aux  cotes  des  dessins;  plusieurs  ouvriers,  ayant  à  exécuter  diverses  pièces  desti¬ 
nées  à  s’ajuster  ensemble,  peuvent  travailler  indépendamment  les  uns  des  autres,  ils 
sont  assurés  que  l’ajustage  se  fera  de  lui-même.  De  plus,  autant  que  possible,  les 
dimensions  données  aux  pièces  doivent  être  comprises  parmi  celles  des  instruments  à 
dimension  fixe,  qu’il  suffit  d’échelonner  par  gradation  convenable,  par  exemple  de 
dixième  en  dixième  de  millimètre  pour  les  petites  dimensions,  de  millimètre  en  mil¬ 
limètre  pour  les  moyennes,  de  5  en  5  ou  de  10  en  10  millimètres  et  plus  pour  les 
grandes;  ce  sont  alors  ces  instruments  qui  font  foi  et  assurent  les  dimensions  défini¬ 
tives,  les  pieds  à  coulisse  et  les  palmers  ne  servant  que  pour  juger  du  degré  d’ap¬ 
proximation  obtenue  aux  différents  instants  du  travail. 

Les  instruments  précédents,  ou  des  instruments  dérivés  d’eux,  sont  les  seuls  à  em¬ 
ployer  dans  un  atelier;  ils  doivent  être  tous  construits  d’après  une  même  mesure  type, 
cpii  est,  en  France,  le  mètre  étalon,  et  accompagnés  d’un  jeu  d’autres  instruments 
simples,  qu’on  peut  appeler  rapporteurs  ou  jauges,  à  l’aide  desquels  on  puisse  les 
vérifier  rapidement  et  les  régler  au  besoin  ;  s’ils  ne  sont  pas  confectionnés  dans  l’atelier 
même  du  constructeur,  celui-ci  ne  doit  les  admettre  chez  lui  qu’après  les  avoir  vérifiés 
par  comparaison  avec  la  mesure  type  adoptée  par  lui.  En  un  mot,  il  ne  doit  y  avoir 
dans  un  atelier  qu’un  seul  mètre  ;  il  faut  éliminer  avec  le  soin  le  plus  scrupuleux  tout 
instrument  de  provenance  étrangère  et  non  contrôlé ,  comme  il  faut  mettre  impitoyable¬ 
ment  au  rebut  tout  instrument  qui  a  cessé  d’être  juste  dans  des  limites  notablement 
inférieures  à  celles  des  tolérances  admises  pour  les  travaux  de  l’atelier. 

Sans  insister  davantage  sur  la  construction  des  instruments  vérificateurs,  nous  ajou¬ 
terons  seulement  que  M.  Bariquand  ne  donne  aux  vis  de  ses  palmers  qu’une  course 
utile  de  20  millimètres  et  en  construit  alors  une  série  complète,  d’après  cette  gradation , 
depuis  o  jusqu’aux  plus  grandes  dimensions  des  frettes  pour  canons  de  l’artillerie  de 
marine.  Chaque  palmer  est  accompagné  de  deux  jauges  établies  d’après  le  micromètre- 
étalon,  avec  lesquelles  on  peut,  à  tout  instant,  vérifier  et  régler  les  dimensions  extrêmes 


MACHINES-OUTILS. 


251 


de  la  graduation  de  l’instrument;  la  vis  est  au  pas  de  o  m.  001  et  manœuvrée  à 
l’aide  d’une  friction  très  douce;  le  barillet  est  divisé  en  100  parties.  Dans  ces  condi¬ 
tions,  étant  assuré  de  l’exactitude  des  points  extrêmes  de  la  graduation,  on  peut  comp¬ 
ter  que  l’erreur  donnée  par  la  vis,  pour  les  divisions  intermédiaires,  est  très  faible  et, 
dans  tous  les  cas,  dun  ordre  inférieur  à  la  valeur  des  divisions. 

La  principale  cause  d’erreur  dont  il  faut  se  garer  dans  l’emploi  des  instruments  de 
précision,  et  notamment  des  palmers,  consiste  non  seulement  dans  la  différence  des  tem¬ 
pératures  de  la  pièce  à  mesurer  et  de  l’instrument,  mais  encore  dans  les  différences 
des  valeurs  de  la  température  elle-même  aux  différentes  heures  du  jour,  à  cause  de 
de  l’inégale  dilatabilité  des  matières.  On  doit  chercher  à  maintenir  constante  la  tempé¬ 
rature  de  vérification,  au  moins  pour  les  mesures  délicates;  en  outre,  il  convient  que 
les  diverses  parties  d’un  même  instrument  soient  faites  de  la  même  matière.  On  doit 
aussi  éviter  de  tenir  trop  longtemps  un  instrument  en  main,  pour  ne  pas  l’échauffer, 
même  dans  les  cas  de  vérification  les  plus  ordinaires. 

L’appareil  servant  à  M.  Bariquand  pour  l’établissement,  le  contrôle  et  le  réglage  de 
ses  instruments  de  vérification  est,  comme  nous  l’avons  déjà  dit,  son  micromètre-éta¬ 


lon;  pour  que  les  premiers  pussent  donner  le  centième  de  millimètre,  il  a  dû  établir 
le  deuxième  de  façon  qu’il  permît  d’apprécier  le  millième.  La  règle  de  2  mètres  du 
micromètre-étalon  est  établie  elle-même  d’après  un  mètre  à  traits  contrôlé  par  le  ser¬ 
vice  des  poids  et  mesures  au  Conservatoire  des  arts  et  métiers;  un  procès-verbal  cer- 


252 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


tifie  que  ce  mètre  étalon  est,  à  la  température  de  o  degré  centigrade,  parfaitement 
exact  et  égal,  à  moins  de  i  millième  de  millimètre,  au  prototype  du  mètre  international. 

Le  micromètre-étalon  permet  d’étalonner  pratiquement  les  mesures  à  traits  ou  à 
bouts,  de  dresser  les  courbes  de  correction  en  millièmes  de  millimètre  de  toutes  es¬ 
pèces  de  longueurs,  d’établir  et  de  vérifier  les  broches,  rapporteurs  ou  jauges,  qui  sont 
le  point  de  départ  de  tous  les  instruments  de  mesure, pour  les  dimensions  intérieures  et 
extérieures  des  pièces  de  fabrication.  Il  comprend  un  banc  de  2  m.  5  0  de  longueur  monté 
sur  socle  en  fonte  sur  ce  banc,  la  règle  étalon  est  encastrée  sur  toute  sa  longueur;  et  fixée 
seulement  par  une  de  ses  extrémités,  pour  qu’elle  puisse  se  dilater  librement.  La  règle 
est  divisée  en  centimètres;  une  table  de  correction,  donnant  l’erreur  relative  à  chaque 
division,  a  été  construite  à  l’aide  des  organes  de  l’appareil  lui-même.  Le  long  du  banc, 
du  côté  de  l’opérateur  par  rapport  à  la  règle,  est  disposée  une  glissière  recevant  un 
chariot  qui  se  manœuvre  au  moyen  d’une  crémaillère  fixée  sous  le  bord  du  banc.  Sur 
le  chariot  peuvent  se  placer  un  microscope  de  repère  et  un  microscope  de  mesure, 
montés  chacun  sur  un  support  à  trois  mouvements  de  réglage,  dont  deux  dans  le  plan 

du  banc  suivant  sa  longueur 


(3s 

-b _  f 

. — - 

■S 

— ^ 

icptro 


' - h - 

!  i  ! 

H 

CT 

. 

et  suivant  sa  largeur,  et  un 
dans  le  sens  vertical.  Chaque 
microscope  est  muni  de  réti¬ 
cules  croisés  en  fils  d’arai¬ 
gnée;  le  microscope  de  me¬ 
sure  porte  en  outre  un  petit 
chariot  à  vis  micrométrique 
au  pas  de  1  millimètre  et  ba¬ 
rillet  divisé  en  100  parties 
avec  vernier  au  dixième,  don¬ 
nant  ainsi  le  millième  de  mil¬ 
limètre  avec  une  course  de 
10  millimètres. 

Sur  le  chariot  du  banc  peut 
également  se  mettre,  à  la 
place  du  microscope  de  re¬ 
père,  un  appareil  à  touche, 
ou  comparateur,  avec  aiguille 
amplifiant  dans  le  rapport  de 
1  à  1,000. 

Enfin ,  sur  le  bord  du  banc  opposé  à  l’opérateur,  est  disposé  un  palmer  à  friction  au 
1/1000  de  millimètre,  constitué  par  une  contre-pointe  fixée  près  de  l’extrémité  du  banc 
et  par  un  corps  de  palmer  monté  sur  un  chariot  manœuvrable  à  l’aide  d’une  vis  sur 
une  glissière  longitudinale. 


Comparateur  à  aiguille. 


MACHINES-OUTILS. 


253 


La  mesure  des  longueurs  à  traits  se  fait  au  moyen  des  deux  microscopes  seuls.  On 
place  la  longueur  à  mesurer  sur  le  banc,  parallèlement  a  la  règle  étalon.  On  amène  la 
croisée  des  fils  du  microscope  de  mesure  sur  le  zéro  de  la  règle,  après  avoir  mis  le 
petit  chariot  supérieur  au  zéro,  et  celle  du  microscope  de  repère  sur  le  premier  trait 
de  lajongueur;  par  la  manœuvre  du  chariot,  on  transporte  simultanément  les  deux 
microscopes,  de  manière  à  amener  le  zéro  du  microscope  de  repère  sur  le  deuxième 
trait  de  la  longueur;  on  ramène  alors  le  microscope  de  mesure  en  arrière,  a  l’aide  de 
son  petit  chariot,  jusqu’à  ce  que  la  croisée  des  fils  rencontre  la  division  voisine  de  la 
règle  étalon.  La  mesure  cherchée  est  égale  au  nombre  donné  par  la  division  de  la 
règle  augmenté  de  la  quantité  dont  a  reculé  le  petit  chariot,  et  qui  est  inscrite  sur  les 
graduations  de  sa  vis  et  de  son  barillet. 

La  mesure  des  longueurs  à  bouts  se  fait  au  moyen  du  microscope  de  mesure,  du 
comparateur  mis  sur  le  chariot  à  la  place  du  microscope  de  repère,  et  du  palmer.  On 
commence  par  mettre  le  palmer  à  zéro  et  au  contact  de  la  contre-pointe;  on  amène  la 
croisée  des  fds  du  microscope  sur  le  zéro  de  la  règle,  et  la  touche  du  comparateur  au 
contact  du  corps  du  palmer,  avec  l’aiguille  à  zéro.  On  déplace  ensuite,  au  moyen  du 
chariot,  l’ensemble  du  microscope  et  du  comparateur,  de  manière  à  mettre  la  croisée 
des  fils  du  microscope  sur  la  division  de  la  règle  immédiatement  supérieure  à  la  lon¬ 
gueur  à  mesurer;  on  déplace  le  corps  du  palmer  pour  le  remettre  au  contact  de  la 
touche  du  comparateur  et  ramener  l’aiguille  de  ce  dernier  au  zéro;  plaçant  alors  la 
longueur  à  mesurer  entre  les  pointes  du  palmer,  on  manœuvre  la  vis  micrométrique 
de  celui-ci  pour  obtenir  le  contact.  La  mesure  cherchée  est  la  différence  des  lectures 
de  la  règle  étalon  et  du  palmer. 

Nous  pouvons  maintenant  nous  rendre  compte  de  la  façon  dont  le  tableau  de  cor- 


pas  autre  chose  qu’une  série  de  mesures  de  longueurs  à  traits.  Mettant  d’abord  les 
deux  microscopes  l’un  au  zéro,  l’autre  au  trait  5o  de  la  règle,  on  les  transporte  en¬ 
semble  de  manière  que  le  premier  arrive  au  trait  5o,  et,  si  le  deuxième  n’arrive  pas 
exactement  à  100,  on  mesure  l’écart,  qui  est  le  double  de  l’erreur  sur  Je  trait  5o; 
dans  la  lecture,  on  tient  compte  de  Terreur  sur  la  position  du  trait  100  de  la  règle, 
connue  par  comparaison  avec  le  mètre  étalon.  On  vérifie  de  même  le  trait  25;  on  véri¬ 
fierait  le  trait  5,  en  mettant  les  microscopes  aux  traits  o  et  5,  puis  les  transportant 
successivement  entre  5  et  îo,  îo  et  i5,  i5  et  20,  20  et  25,  et  mesurant  chaque 
fois  l’écart  par  rapport  à  la  longueur  de  0  à  5;  on  trouvera  ainsi,  en  appelant 
a,  /3,  y,  Aies  écarts  successifs  pris  avec  le  signe  convenable, 

5/+a  +  |3  +  y  +  §  =  25 

d’où  Ton  tirera  la  valeur  exacte  de  la  longueur  /.  On  opérerait  de  façon  analogue  pour 
la  longueur  du  centimètre,  puis  pour  les  autres  traits,  au  moyen  d’additions  et  de 
soustractions  de  longueurs  connues.  Ces  opérations  ne  laissent  pas  toutefois  que  d’exi- 


254 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


ger  de  grandes  précautions;  elles  demandent,  en  particulier,  un  ajustage  parfait  des 
parties  mobiles;  il  convient  aussi  que  l’appareil  soit  placé  dans  un  local  à  température 
constante. 

MACHINES  À  ESSAYER  LES  MÉTAUX. 

Nous  avons  eu  à  examiner  plusieurs  machines  destinées  soit  à  l’essai  des  métaux, 
soit  à  i’épreuve  de  pièces  confectionnées.  Nous  n’aborderons  que  sommairement  l’étude 
de  ces  machines,  qui  se  rapportent  plutôt  à  la  classe  de  la  mécanique  générale  qu’a 
celle  des  machines-outils. 

Machine  de  la  Société  alsacienne  pour  V essai  des  métaux  à  la  traction ,  à  la  compression  et  à 
la  jlexion.  —  Le  principe  de  la  machine  consiste,  pour  la  mesure  de  l’effort  de  trac¬ 
tion,  dans  l’emploi  d’un  levier  ou  fléau  de  balance  à  axe  fixe,  la  puissance  s’exerçant 
très  près  de  l’axe,  et  d’un  poids  se  déplaçant  du  meme  côté  pour  l’équilibrer.  L’essai  se 
fait  sur  des  éprouvettes  disposées  verticalement  entre  des  mords  de  serrage  attachés  au 
moyen  de  broches  mobiles,  l’inférieur  à  un  étrier-support  du  couteau  du  fléau  de 
balance,  et  le  supérieur  à  une  vis  sur  laquelle  s’exerce  l’effort  de  traction,  produit  à  la 
main  ou  mécaniquement  par  l’intermédiaire  d’engrenages.  La  distance  du  couteau  du 
fléau  qui  reçoit  l’effort  à  l’axe  fixe  n’étant  que  de  o  m.  0075,  cet  axe,  au  lieu  d’être  sur 
le  fléau  même,  est  reporté  sur  une  pièce  inférieure  reliée  au  fléau  par  quatre  couteaux 
équidistants  deux  a  deux  de  la  verticale  du  couteau  principal;  l’axe  lui-même  est  repré¬ 
senté  par  l’arête  d’un  couteau.  Le  poids  curseur  est  de  200  kilogrammes;  il  est  adapté 
à  l’écrou  d’une  vis  qui  accompagne  le  fléau;  on  le  déplace  au  moyen  d’un  volant  a 
main  et  de  deux  roues  d’angle  agissant  sur  la  vis.  Le  fléau  est  gradué  jusqu’à  4o  tonnes, 
le  zéro  de  la  graduation  est  à  0  m.  60  de  l’axe  fixe;  le  poids  curseur  étant  au  zéro, 
l’ensemble  des  parties  mobiles  du  fléau  est  équilibré  par  un  contrepoids. 

L’opération  de  mesure  de  la  charge  consiste  à  déplacer  le  poids  curseur  de  façon  à 
maintenir  le  fléau  horizontal,  ce  qu’on  voit  à  ce  que  l’index  de  son  extrémité  se  trouve 
à  hauteur  d’un  index  fixe.  La  lecture  de  la  graduation  du  fléau  exigerait  un  déplace¬ 
ment  de  l’opérateur,  qui  est  au  volant  de  manœuvre;  on  l’a  alors  reportée  sur  le  volant 
même,  qui  fait  un  tour  pour  une  avance  du  curseur  correspondant  à  5 00  kilogrammes, 
et  sur  un  plateau  qui  enregistre  le  nombre  des  tours  du  volant.  Un  tambour  vertical, 
actionné  également  par  le  volant,  reçoit  d’un  crayon,  conduit  par  l’étrier  supérieur 
d’attache  du  barreau,  l’inscription  de  la  somme  des  allongements  permanent  et  élas¬ 
tique  en  fonction  de  l’effort  de  traction.  La  limite  élastique  est  indiquée  par  une  chute 
brusque  du  fléau.  Des  appareils  accessoires  sont  joints  à  la  machine  pour  les  essais  de 
compression  et  de  flexion.  Une  balance  de  contrôle  fait  aussi  partie  des  accessoires  et 
sert  à  vérifier  l’état  des  couteaux,  duquel  résulte  le  rapport  des  bras  de  levier  du  fléau; 
elle  consiste  en  un  levier  à  bras  inégaux,  que  l’on  suspend  à  un  point  fixe  du  bâti;  on 
attache  le  petit  bras  à  l’étrier  du  couteau  principal  du  fléau,  et  l’on  met  dans  le  pla- 


MACHINES-OUTILS. 


255 


teau  porté  par  le  grand  bras  un  poids  correspondant  à  un  effort  de  10,000  kilo¬ 
grammes  exercé  sur  le  couteau  du  fléau;  l’équilibre  par  le  poids  curseur  doit  se  faire 
a  la  division  1  0,000  de  la  graduation. 


256 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Machine  de  M.  Mabille  pour  Fessai  des  métaux  à  la  traction,  à  la  compression  et  à  la  flexion, 
et  pour  F épreuve  des  pièces  confectionnées .  —  Cette  machine  est  disposée  à  la  façon  d’une 
romaine,  l’effort  et  le  poids  équilibreur  agissant  de  part  et  d’autre  du  point  d’appui, 
le  dernier  par  l’intermédiaire  de  deux  leviers  amplificateurs  qui  permettent  de  le 
réduire  a  la  valeur  de  1  kilogramme.  Le  barreau  d’essai  ou  la  pièce  à  éprouver  se  dis¬ 
pose  horizontalement  entre  deux  mords  attachés  au  moyen  de  broches  mobiles,  l’un  à 
une  bielle  qui  agit  par  un  couteau  sur  le  petit  bras  du  lléau,  l’autre  à  la  tige  ou  à  une 
rallonge  de  la  tige  d’un  piston  de  presse  hydraulique,  sur  lequel  on  envoie  l’eau  de 
pompes  actionnées  à  la  main  ou  mécaniquement.  La  distance  extrême  à  laquelle  les 
mords  d’attache  peuvent  se  placer,  entre  le  massif  du  fléau  et  celui  de  la  presse,  étant 
de  plus  de  3  mètres,  on  voit  que  la  machine  permet  non  seulement  de  faire  des  essais 
de  traction,  de  compression  et  de  flexion  sur  des  barreaux,  mais  encore  d’éprouver 
des  ressorts,  des  chaînes  et  toute  pièce  ayant  moins  de  3  mètres  de  longueur. 

Le  fléau  proprement  dit  est  court;  son  petit  bras  est  vertical  et  a  o  m.  oi  de 
longueur;  son  grand  bras  est  horizontal  et  a  o  m.  35;  Taxe  intermédiaire  de 
suspension  est  formé  par  un  couteau  horizontal;  le  fléau  s’attache  par  un  étrier  et  par 
couteaux  a  un  premier  levier  horizontal  qui  fournit  un  rapport  d’amplification  de 
A  m.  î  o  à  o  m.  î  2 ,  et  ce  levier  se  relie  de  semblable  façon  au  petit  bras,  de  0  m.  01, 
d’un  deuxième  levier,  dont  le  grand  bras  est  gradué  jusqu’à  5o  tonnes  et  porte 
un  curseur  de  1  kilogramme.  L’opération  de  la  lecture  se  fait  sur  le  deuxième  levier, 

par  le  déplacement  du  curseur  pour  main¬ 
tenir  l’index  de  l’extrémité  du  levier  à  hau¬ 
teur  d’un  index  fixe.  Un  manomètre  métal¬ 
lique,  en  communication  avec  le  corps  de 
presse,  contrôle  les  données  du  curseur. 

L’ensemble  du  fléau  et  du  premier  le¬ 
vier  est  équilibré  par  un  contrepoids;  le 
deuxième  levier  est,  de  même,  équilibré  par 
un  contrepoids  placé  sur  son  prolongement. 
Les  mords  d’attache  des  pièces  sont  munis 
chacun  de  galets,  par  lesquels  ils  reposent 
sur  deux  barres  horizontales;  leur  poids  n’a, 
par  suite ,  aucun  effet  sur  le  fléau. 


Machine  à  essayer  les  fontes,  de  M.  Kircheis. 


Machine  de  M.  Kircheis  pour  Fessai  des  fontes . 
—  L’objet  que  se  propose  M.  Kircheis  est  de 
s’assurer,  d’une  façon  approchée ,  de  la  qua¬ 
lité  des  fontes  pour  pièces  de  machines;  il  ne  recherche  pas  une  exactitude  absolue, 
mais  seulement  une  garantie  suffisante  de  sécurité.  Il  prend  des  jets  de  fonte  d’environ 
0  m.  0217  de  diamètre  et  de  0  m.  200  de  longueur;  à  défaut  de  jets,  il  tourne  des 


MACHINES-OUTILS. 


257 


barreaux  aux  mêmes  dimensions;  il  soumet  ces  éprouvettes  à  un  essai  de  rupture  par 
flexion,  en  appuyant  les  extrémités  sur  des  points  fixes  et  exerçant  une  pression  sur 
le  milieu.  La  machine  se  compose  essentiellement  d’une  poupée  et  d’une  contre-poupée 
fournissant  les  points  d’appui  des  extrémités  de  l’éprouvette,  d’un  levier  gradué  dont 
une  extrémité  porte  sur  l’éprouvette  et  dont  l’autre  pivote  autour  d’un  axe  horizontal 
fixe,  d’un  poids  mobile  sur  le  levier  au  moyen  d’une  chaîne  Galle  actionnée  à  l’aide 
d’un  volant  et  d’engrenages,  enfin  d’une  aiguille  indicatrice  de  flexion  reliée  à  une 
tige  qu’on  règle,  dès  l’abord,  au  contact  du  dessous  de  l’éprouvette.  M.  Kircheis  fait 
le  produit  du  poids  de  rupture,  exprimé  en  kilogrammes,  par  la  flèche  de  rupture, 
exprimée  en  millimètres;  le  nombre  obtenu  lui  sert  de  terme  de  comparaison  pour  les 
diverses  qualités  de  fonte. 

Appareil  de  l’Hydraulic  Enppnneering  C°  pour  V épreuve  des  tuyaux.  —  L’appareil  se 
compose  d’un  corps  de  presse,  dont  le  piston  forme  lui-même  corps  de  presse  pour  un 
deuxième  piston  qui  est  fixé  par  des  colonnes  d’assemblage  au  corps  de  presse  exté¬ 
rieur;  les  pressions  sous  les  deux  pistons  sont  en  raison  inverse  de  leurs  sections;  par 
suite,  en  faisant  communiquer  le  corps  de  presse  intérieur  avec  le  tuyau  à  éprouver,  en 
même  temps  qu’avec  un  manomètre,  et  le  corps  de  presse  extérieur  avec  une  pompe, 
on  peut  produire  dans  le  tuyau  une  pression  considérable  sans  sortir,  pour  la  pompe, 
des  limites  de  pression  ordinaires. 


GltOI  PE  VI.  —  IV. 


^UI'RIUERIE  N  AT  ION  ALÊ  t 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


258 


CHAPITRE  XIV. 

MACHINES  SERVANT  A  L’EXPLOITATION  DE  LA  PIERRE 
ET  DES  MATÉRIAUX  PIERREUX. 


Machines  à  perforer.  —  Machines  à  débiter  les  blocs  :  scies  diamantées;  scies  au  sable;  fil  héliçoïdal.  — 
Machines  à  travailler  les  plaques  de  marbre.  —  Machines  à  polir  et  à  user  la  pierre  ou  le  verre  :  machines 
à  polir  le  marbre;  machines  à  polir  les  verres  d’optique;  machine  à  graver  le  verre  au  jet  de  sable.  — 
Machines  à  broyer  et  à  malaxer  :  meules  d’Epernon;  broyeur  à  meules  en  fonte;  broyeur  Vapart;  broyeur  à 
boulets;  malaxeur  à  cages  sphériques;  machine  à  étirer  pour  briques,  tuiles,  tuyaux,  etc. 


Les  machines  soumises  à  l’examen  du  jury  de  la  classe  53  peuvent  se  ranger 
comme  il  suit  : 

Machines  à  perforer, 

Machines  à  débiter  les  blocs, 

Machines  à  travailler  les  plaques  de  marbre , 

Machines  à  polir  et  à  user  la  pierre  ou  le  verre, 

Machines  à  broyer  et  à  malaxer. 

MACHINES  À  PERFORER. 

Pour  l’exploitation  des  carrières,  il  faut  souvent,  soit  détacher  les  blocs  à  coups  de 
mine,  soit  préparer  des  ouvertures  dans  lesquelles  on  puisse  introduire  les  machines 
d’extraction.  Les  travaux  préliminaires  sont  l’objet  des  perforatrices. 

La  perforatrice  de  MM.  Dunand  frères  s’emploie  pour  pratiquer  des  trous  de  mine. 
L’oulil  est  un  foret  en  hélice,  en  acier  trempé,  rapporté  à  l’extrémité  d’un  long  arbre 
percé  suivant  son  axe  pour  l’injection  d’eau;  la  pointe  du  foret  est  supprimée,  par  la 
présence  du  trou  central  qui  prolonge  celui  de  l’arbre  et  par  lequel  l’eau  arrive  sur  les 
arêtes  coupantes,  les  refroidissant  en  même  temps  qu’elle  nettoie  le  trou  et  rejette  les 
débris  au  dehors.  L’arbre  est  commandé  à  la  main  ou  mécaniquement  par  engrenages; 
l’avance  est  donnée  automatiquement  par  un  rochet,  qui  forme  écrou  sur  une  partie 
filetée  de  l’arbre  du  foret  et  dont  le  cliquet  est  actionné  par  une  came  montée  sur 
l’arbre  de  manœuvre;  un  excentrique,  adapté  également  à  cet  arbre,  met  en  mouve¬ 
ment  le  piston  de  la  pompe  d’injection.  Tout  le  mécanisme  est  disposé  sur  un  bâti 
relativement  léger;  le  point  le  plus  intéressant  peut-être  du  procédé  consiste  dans  le 
mode  de  fixation  du  bâti  au  sol  de  la  carrière,  suivant  la  position  et  la  direction  à 
donner  à  l’arbre  du  foret;  les  constructeurs  emploient  une  sorte  de  trépied  â  trois 


MACHINES-OUTILS. 


259 


branches  articulées  au  même  point;  l’une  des  branches  est  un  fer  en  U,  le  long  duquel 
se  fixe  le  bâti,  l’arbre  du  foret  lui  étant  parallèle;  ce  fer  s’attache  directement  à  la 
roche,  pendant  que  les  deux  autres  branches,  munies,  au  besoin,  de  rallonges,  sont 
piquées  sur  le  sol  horizontal.  L’attache  du  fer  en  U  â  la  roche  se  fait  au  moyen  d’une 
pièce  appelée  louve,  engagée  dans  un  logement  de  o  m.  o5  de  profondeur  sur  o  m.  25  à 
o  m.  28  de  diamètre  creusé  préalablement  à  0  m.  08  au-dessous  du  trou  de  mine  â 
forer;  cette  pièce  est  une  griffe  à  deux  branches,  qui  s’accrochent  aux  parois  du  loge¬ 
ment  ,  grâce  à  un  coin  forcé  entre  elles. 

Le  trou  de  mine  étant  percé  à  la  longueur  que  peut  donner  la  vis  d’avance,  on 
reporte  le  bâti  en  avant  sur  le  fer  en  U,  pour  continuer  le  travail.  On  peut  avec  cette 
machine,  menée  à  bras,  percer  des  trous  de  plus  de  6  mètres  de  profondeur,  avec  une 
vitesse  d’avance  de  1  m.  60  à  l’heure  dans  du  calcaire  pour  des  trous  de  0  m.  o35 
de  diamètre,  et  de  0  m.  5o  pour  des  trous  de  0  m.  100;  le  rendement  devient  trois 
ou  quatre  fois  plus  grand  si  l’on  commande  la  machine  mécaniquement. 


La  Société  du  fil  hélicoïdal  creuse,  au  moyen  d’une  perforatrice,  des  puits  de  0  m.  5o 
à  0  m.  70  de  diamètre  au  travers  des  bancs  de  marbre;  en  réunissant  trois  puits,  par 
l’abatage  des  portions  de  cloison  restantes,  elle  forme  une  tranchée,  dans  laquelle  elle 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


260 


loge  ses  appareils  à  scier  le  banc  même,  pour  le  débiter.  L’outil  cle  la  perforatrice  est 
un  bout  de  tube  en  acier  rivé  à  l’extrémité  d’un  tube  en  tôle  plus  mince  de  3  m.  5o  de 
longueur,  qui  reçoit  d’un  arbre  vertical  un  mouvement  de  rotation,  tout  en  étant  libre 
de  descendre  le  long  de  l’arbre  par  son  propre  poids;  l’arbre,  supporté  par  un  écha¬ 
faudage  formé  de  trois  montants,  est  mis  en  mouvement  par  un  câble  télodynamique. 
Sous  le  tube  inférieur  est  amené  un  jet  d’eau  mêlée  de  sable;  par  suite  de  la  pression 
du  système  tournant,  le  sable  rode  la  pierre  et  creuse  une  rainure  circulaire  qui  s’ap¬ 
profondit  progressivement;  la  matière  de  la  roche,  réduite  en  bouillie,  s’élimine  d’elle- 
même  avec  l’eau;  des  trous,  percés  au  Iravers  de  la  paroi  de  l’outil,  lui  permettent  de 
passer  de  l’intérieur  a  l’extérieur;  si,  d’ailleurs,  Toutil  s’enraye  par  suite  de  l’accumula¬ 
tion  des  débris,  on  peut  le  remonter  au  moyen  d’un  cabestan  pour  nettoyer  le  fond 
du  trou.  Le  tube  en  acier  se  remplace  quand  il  est  usé.  La  vitesse  de  descente  est  de 
o  m.  20  à  o  m.  2 5  à  l’heure  dans  le  marbre  et  les  calcaires  ordinaires.  La  perforatrice 
laisse  à  son  intérieur  un  noyau,  ou  colonne,  qui  a  une  grande  valeur,  quand  il  s’agit  de 
marbre;  il  résulte  de  là  que  l’opération  du  forage  n’occasionne  qu’un  faible  déchet. 

MACHINES  À  DÉBITER  LES  BLOCS. 

Les  procédés  qui  nous  ont  été  présentés  pour  le  débitage  des  blocs  de  pierre 
reposent  sur  l’emploi  de  la  scie  diamantée,  de  la  scie  au  sable  et  d’un  câble  en  fil 
de  fer,  dit  fil  hélicoïdal.  Dans  le  premier  procédé,  l’outil  est,  à  proprement  parler,  formé 
par  de  petits  diamants  incrustés  sur  le  bord  d’un  disque  ou  d’une  lame  métallique; 
dans  les  deux  autres,  l’outil  est  constitué  par  du  grès  ou  du  sable  entraîné  par  la 
denture  de  la  lame  ou  dans  les  intervalles  des  fils  du  câble.  Les  scies  ne  peuvent  tra¬ 
vailler  que  sur  des  blocs  détachés  amenés  dans  des  chantiers  pourvus  d’installations 
spéciales;  un  des  grands  avantages  du  procédé  du  fil  hélicoïdal  est,  qu’outre  le 
mode  d’emploi  précédent,  il  peut  servir  aussi  pour  séparer  les  blocs  de  la  roche  même, 
les  prenant  à  des  dimensions  arbitraires  et  ne  produisant  que  des  déchets  insignifiants, 
point  très  important  pour  les  pierres  de  valeur,  comme  le  marbre. 

Scies  diamantées.  —  La  double  scie  circulaire  de  MM.  Despine,  Achard  et  C,e  com¬ 
prend  essentiellement  deux  disques  en  acier  d’environ  o  m.  6o  de  diamètre  superposés 
dans  le  même  plan  vertical,  de  façon  toutefois  que  l’axe  de  l’un  soit  un  peu  en  retrait 
de  la  verticale  de  l’autre,  pour  que  les  traits  formés  par  les  portions  voisines  des  disques 
se  recouvrent  légèrement.  Chaque  disque  est  garni  près  de  sa  circonférence  de  petites 
rondelles  soudées  à  l’étain,  dans  lesquelles  sont  incrustés  des  morceaux  de  diamant  fai¬ 
sant  une  saillie  inappréciable  alternativement  sur  chaque  tranche.  Les  arbres  des 
disques  sont  commandés  directement  et  séparément  par  courroies,  ce  qui  permet  de 
régler  facilement  leur  écartement,  en  agissant  sur  les  paliers  de  l’un  d’eux.  La  pierre  à 
scier  est  placée  sur  un  chariot  dont  la  commande  est  prise  par  courroie  et  engrenage 


MACHINES-OUTILS. 


2GI 


sur  l’arbre  d’un  des  disques.  Un  fort  jet  d’eau,  fourni  par  une  pompe  adjointe  à  la  ma¬ 
chine,  sert  à  refroidir  les  disques  et  à  évacuer  les  sciures.  La  vitesse  de  sciage  par  ce 
procédé  est  relativement  grande  :  elle  dépasse  om.  5o  à  l’heure  dans  le  marbre;  les 
surfaces  obtenues  sont  très  propres. 

Il  paraît  que  l’usure  des  disques  est  très  lente  ;  par  contre ,  les  diamants  sautent  ou 
se  brisent  fréquemment,  ce  qui  nécessite  des  réparations  constantes  et  occasionne  des 
frais  notables. 

M.  Gérard  expose  une  scie  circulaire  diamantée  à  une  seule  lame;  la  pierre,  posée 
sur  la  table,  est  poussée  à  la  main  contre  la  lame. 

Une  machine  de  M.  Jackson,  représentée  seulement  par  un  modèle  réduit,  emploie 
une  lame  diamantée  de  scie  alternative.  La  lame,  munie  à  son  bord  inférieur  de  dia¬ 
mants  incrustés,  est  adaptée  à  un  long  coulisseau  mobile  entre  des  glissières  fixées  à 
quatre  colonnes;  le  mouvement  du  coulisseau  est  produit,  comme  celui  d’un  étau- 
limeur,  par  excentrique  et  par  bielle.  Une  commande  par  cliquet  et  rocliet  avec  levier 
intermédiaire  à  bras  de  longueur  réglable,  prise  sur  l’arbre  à  excentrique,  produit  la 
descente  automatique  de  l’ensemble  des  supports  de  la  lame.  La  pierre  est  placée  sur 
un  chariot  avec  voie  circulaire  et  mouvement  de  réglage  dans  le  sens  transversal. 

Scies  au  sable.  —  M.  Gérard  emploie  un  large  ruban  sans  fin  en  acier,  passant  sur 
deux  poulies  à  axe  vertical,  dont  l’une  reçoit  le  mouvement  de  rotation;  le  ruban  est 
entaillé,  sur  son  bord  inférieur,  d  échancrures  semi-circulaires  destinées  a  entraîner  le 
sable  ou  la  poussière  de  grès,  qui  forme  l’élément  coupant.  Les  poulies  sont  garnies 
de  caoutchouc.  Pour  compléter  le  guidage  du  ruban,  celui-ci  passe  entre  quatre  couples 
de  deux  galets  garnis  de  caoutchouc,  disposés  à  hauteur  des  points  d’entrée  dans  la 
pierre  et  de  sortie;  chaque  couple  de  galets  est  adapté  à  une  forte  barre  guidée  dans 
le  support  de  la  poulie  voisine  et  pourvue  d’une  crémaillère  par  laquelle  on  règle  sa 
position.  Tout  le  mécanisme  de  commande  et  de  transmission  du  mouvement  automa¬ 
tique  de  descente  est  placé  sur  un  entablement  monté  sur  quatre  fortes  colonnes;  le 
support  de  chaque  poulie  est  guidé  entre  deux  colonnes  et  descend  au  moyen  de  vis 
disposées  dans  ces  dernières.  La  pierre  est  placée  sur  une  table  munie  de  roulettes  re¬ 
posant  sur  une  voie  circulaire,  et  le  tout  constitue  un  chariot  porté  également  sur  rou¬ 
lettes  et  mobile  sur  deux  rails  dans  le  sens  perpendiculaire  à  la  direction  des  parties 
rectilignes  du  ruban.  Ces  derniers  mouvements  ne  sont  utilisés  que  pour  le  réglage  de 
la  position  de  la  pierre;  l’avance,  pendant  le  travail,  est  produite  par  la  descente  auto¬ 
matique  du  ruban,  qui  attaque  de  front  la  plus  grande  dimension  de  la  surface  à  scier. 
Le  sable  est  amené  par  un  jet  d’eau  provenant  d’un  réservoir  dans  lequel  elle  a  bar¬ 
boté  avec  lui. 

La  machine  permet  de  scier  des  blocs  de  h  mètres  de  longueur  et  de  1  m.  5o  de 
hauteur.  On  peut,  d’ailleurs,  travailler  à  la  fois  sur  les  deux  brins  rectilignes  du  ruban. 
La  vitesse  de  l’avance  est  d’environ  o  m.  i  5  à  l’heure  pour  le  marbre  et  de  o  m.  02  5 


262 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


pour  le  granit.  La  surface  de  sciage  est  d’une  netteté  irréprochable,  approchant  du  poli. 
M.  Gérard  a  pu  obtenir  des  feuilles  de  granit  d’un  millimètre  d’épaisseur. 

Fil  hélicoïdal.  —  Le  câble,  qui  est  l’élément  essentiel  du  procédé,  est  formé  de  trois 
fils  de  fer  tordus  ensemble  en  hélice;  il  possède  un  mouvement  continu  de  translation 
avec  une  vitesse  de  h  mètres  à  h  m.  5o  par  seconde  et  passe,  à  l’entrée  et  à  la  sortie 
du  bloc,  sous  deux  poulies  qui  reçoivent  une  avance  automatique  de  descente;  â  son 
entrée  dans  le  bloc,  il  reçoit  un  jet  d’eau  mêlée  de  sable;  c’est  ce  sable  qui,  engagé 
dans  les  intervalles  des  fils  et  entraîné  par  le  câble,  rode  et  désagrège  la  pierre;  on 
constate,  à  l’usure  uniforme  du  câble  sur  son  pourtour,  qu’il  prend  dans  la  pierre  un 
mouvement  de  rotation  sur  lui-même,  effet  dû  évidemment  aux  composantes  normales 
à  l’axe,  développées  par  le  glissement  du  sable  le  long  des  rainures  hélicoïdales;  or, 
cette  rotation  ne  peut  que  faciliter  l’action  corrodante. 

Le  câble  sans  fin  s’usant  d’autant  moins  vite  qu’il  est  plus  long,  on  lui  donne  une 
longueur  d’au  moins  120  mètres.  Il  reçoit  le  mouvement  d’un  moteur  â  vapeur,  va 
ordinairement  à  un  certain  nombre  d’appareils  disposés  en  des  endroits  différents 
du  chantier  ou  juxtaposés  sur  un  même  bloc,  le  brin  de  retour  passant  chaque  fois  sur 
un  tendeur.  Un  appareil  simple  comprend  deux  supports  disposés  de  part  et  d’autre 
du  bloc  ;  chaque  support  est  formé  de  deux  colonnes  portant  deux  poulies  :  une  poulie 
supérieure ,  par  laquelle  arrive  ou  s’en  va  le  câble ,  orientable  dans  toute  direction  autour 
d’un  pivot  vertical;  une  poulie  inférieure,  dirigeant  le  câble  dans  la  pierre,  montée  sur 
un  axe  qui  peut  coulisser  le  long  des  colonnes  et  qui  reçoit  d’une  vis  verticale  l’avance 
automatique  de  descente;  l’écrou  de  la  vis,  adapté  à  la  traverse  supérieure  de  réunion 
des  colonnes,  constitue  lui-même  un  rochet,  qui  est  actionné  par  un  cliquet  manœuvré 
par  l’axe  de  la  poulie  supérieure,  avec  intermédiaire  d’un  levier  de  longueur  de  bras 
réglable  suivant  la  valeur  à  donner  à  l’avance.  Le  tendeur  est  formé  par  un  poids  sus¬ 
pendu  au  câble,  entre  deux  poulies  de  renvoi,  ou  par  un  chariot  chargé  plus  ou  moins, 
attaché  également  entre  deux  poulies  de  renvoi  et  disposé  sur  un  plan  incliné. 

S’il  s’agit  de  détacher  un  bloc  du  banc  de  la  carrière,  on  installe  un  appareil  simple 
dans  deux  tranchées  faites  à  l’aide  de  la  perforatrice  tubulaire,  dont  nous  avons  parlé 
plus  haut.  Si  l’on  a  â  dresser  les  faces  d’un  bloc  détaché  ou  à  le  débiter  en  plaques 
parallèles,  on  emploie  un  appareil  composé,  ou  armure  à  deux  ou  à  un  nombre  quel¬ 
conque  de  brins,  passant  sur  des  poulies  indépendantes  montées  sur  des  arbres  com¬ 
muns,  l’avance  étant  donnée  par  un  même  brin  à  tput  le  système. 

Le  diamètre  du  câble  varie  de  0  m.  006  pour  le  débitage  des  bancs  à  0  m.  oo35 
pour  le  débitage  des  blocs.  La  jonction  des  bouts  se  fait  par  une  sorte  d’épissure  ré¬ 
gnant  sur  une  longueur  de  moins  de  1  m.  5o. 

L’avance  que  l’on  obtient  couramment  est  de  0  m.  1 0  à  0  m.  1  2  à  l’heure  dans  le 
marbre  et  de  0  m.  o3  à  0  m,  oû  dans  les  porphyres  de  Qucnast  et  de  Lessines.  Ces 
valeurs  sont  un  peu  inférieures  à  celles  que  procure  la  scie  à  ruban.  Par  contre,  la  diver- 


MACHINES-OUTILS. 


263 


.site  des  travaux,  auxquels  se  prête  le  fil  hélicoïdal,  est  bien  plus  considérable  que  celle 
que  donne  tout  autre  procédé  :  indépendamment  du  débitage  sur  le  banc  même,  que 
lui  seul  permet,  il  peut  actionner  un  nombre  presque  illimité  d’appareils,  découper 
d’un  seul  coup  un  bloc  en  autant  de  parties  que  Ton  veut;  son  installation  est  très 


simple  et  peu  coûteuse,  éminemment  mobile;  son  entretien  consiste  dans  le  remplace¬ 
ment  des  fils  usés,  un  fil  pouvant  scier  Ao  à  5o  mètres  carrés  de  surface  de  marbre. 
L’objection  la  plus  sérieuse  que  l’on  ait  à  faire  à  son  usage  consiste  en  ce  que  le  fil 
laisse  des  traits  sur  les  surfaces  et  les  rend  moins  propres  que  la  scie  ;  on  prétend  par 
compensation  que  l’ensemble  de  la  section  est  mieux  dressé  par  le  fil  que  par  la  scie; 
quoi  qu’il  en  soit,  comme,  de  toute  façon,  le  polissage  doit  intervenir,  la  valeur  de  l’ob¬ 
jection  perd  beaucoup  de  son  importance  devant  la  nécessité  de  cette  opération. 

MACHINES  À  TRAVAILLER  LES  PLAQUES  DE  MARRRE. 

Le  découpage  d’une  plaque  de  marbre  suivant  des  profils  variés,  autrement  dit  le 
chantournage  du  marbre,  constitue  un  problème  dont  la  solution  est  assez  délicate,  à 
cause  de  la  nature  du  seul  outil  qu’on  puisse  lui  présenter,  la  scie  à  ruban,  et  de  la 
difficulté  d’entretenir  sa  coupe  dans  un  état  convenable.  M.  Jeansaume  semble  avoir 
résolu  ce  problème  d’une  façon  très  élégante.  La  dénomination  de  scie  à  denture  per¬ 
pétuelle,  donnée  par  M.  Jeansaume  à  son  outil,  serait  remplacée  d’une  façon  plus 
exacte  par  celle  de  scie  à  denture  perpétuellement  renouvelée.  La  machine  a  la  forme 
d’une  scie  a  ruban  ordinaire,  munie  d’une  lame  mince  et  étroite,  qui  peut  varier, 
d’ailleurs,  avec  l’épaisseur  de  la  plaque  à  travailler  et  avec  la  nature  des  profils  à  exé- 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


264 


cuter;  la  lame  marche  à  la  vitesse  des  scies  à  bois;  elle  possède  des  dents  fines,  trian¬ 
gulaires,  à  angle  de  tranchant  d’environ  90  degrés;  des  galets  servent  à  la  guider  à 
son  entrée  dans  la  matière  et  à  sa  sortie.  La  pièce  est  tenue  à  la  main  sur  une  table  ;  un 
jet  d’eau  tombe  sur  le  trait. 

Le  brin  remontant,  guidé  et  maintenu  dans  une  coulisse,  passe  devant  une  molette 

en  acier  trempé  montée  sur  un  levier;  la  pres¬ 
sion  exercée  par  le  poids  du  levier  sur  la  lame 
imprime  la  molette  entre  ses  dents,  qu’elle 
reforme  et  quelle  tend  même  à  refouler  vers 
le  dehors,  en  produisant  sur  les  bords  une 
bavure  imperceptible;  l’effet  est  facilité  par  la 
rotation  que  la  lame  imprime  à  la  molette. 
Par  ce  moyen,  la  denture  de  la  scie  se  con¬ 
serve  indéfiniment  dans  le  même  état;  l’usure 
ne  se  produit  que  par  une  diminution  très 
lente  de  la  largeur  de  la  lame. 

Pour  conserver  la  molette  elle -même  en 
bon  état,  M.  Jeansaume  lui  donne  une  lon¬ 
gueur  d’environ  0  ni.  i5  et  lui  fait  prendre 
automatiquement  un  déplacement  lent  et  alter¬ 
natif  suivant  son  axe,  par  suite  duquel  le  con¬ 
tact  de  la  lame  se  fait  successivement  en  tous 
les  points  de  la  longueur;  à  cet  effet,  une  vis 
sans  fin,  clavetée  sur  l’axe  de  la  molette  et 
tournant  avec  elle  sans  suivre  son  déplace¬ 
ment  longitudinal,  engrène  avec  une  roue 
présentant  elle-même  une  deuxième  direction 
de  denture,  par  laquelle  elle  constitue  une 
deuxième  vis  sans  fin;  l’axe  de  la  roue  de  cette 
dernière  porte  une  came,  qui  agit  sur  l’axe  de 
la  molette  pour  le  déplacer,  avec  l’aide  d’un  ressort  antagoniste  qui  forme  le  contre- 
appui  à  l’autre  bout  de  l’axe. 

M.  Jeansaume  a  ainsi  entre  les  mains  un  outil  dont  il  n’a,  pour  ainsi  dire,  pas  à 
s’occuper,  et  cet  outil  peut  être  aussi  délicat  que  les  lames  les  plus  fines  employées 
pour  le  travail  du  bois  ou  des  métaux  minces,  avec  cet  immense  avantage,  par  rapport 
à  elles,  qu’il  est  toujours  dans  les  mêmes  conditions  de  coupe.  Aussi  M.  Jeansaume 
peut— il  exécuter  les  profils  les  plus  complexes  et  faire  des  travaux  de  nature  essentiel¬ 
lement  artistique  :  c’est  ainsi  qu’il  découpe  dans  un  bloc  toute  une  série  de  surfaces 
intérieures,  et  ces  surfaces  se  replacent  les  unes  dans  les  autres  et  s’ajustent  entre  elles 
comme  si  elles  ne  formaient  encore  qu’un  bloc  unique. 


MACHINES-OUTILS. 


205 


La  production  est  également  très  grande,  tout  en  variant  naturellement  avec  l’épais¬ 
seur  à  découper. 

MACHINES  À  POLIR  ET  À  USER  LA  PIERRE  OU  LE  VERRE. 

Nous  n’avons  à  parler  ici  que  de  trois  procédés  qui  nous  ont  été  soumis,  relatifs, 
l’un  au  polissage  au  premier  degré  du  marbre,  un  deuxième  au  polissage  des  verres 
d’optique  en  quartz  ou  en  verre,  le  troisième  à  la  gravure  sur  verre  au  moyen  d’un  jet 
de  sable. 

Polissage  du  marbre  par  la  Société  du  fil  hélicoïdal.  —  Les  plaques  de  marbre  sont 
fixées,  au  moyen  d’une  couche  de  plâtre,  sur  la  table  en  pierre  d’un  chariot  qui  peut 
recevoir  un  mouvement  lent  de  translation  automatique  sous  le  polissoir.  Celui-ci  est 
formé  essentiellement  d’un  plateau  horizontal  relié  excentriquement  â  un  arbre  vertical 
animé  d’un  mouvement  de  rotation;  le  plateau  est  libre,  en  outre,  de  tourner  sur  son 
propre  axe;  il  porte,  fixés  à  sa  tranche,  une  série  de  disques  en  agglomérés  métalliques 
du  système  Gay;  ceux-ci  sont  obtenus  en  coulant  dans  un  moule,  avec  de  l’émeri  en 
grains,  un  alliage  de  plomb,  étain  et  antimoine,  ou  même  du  cuivre,  du  laiton,  de  la 
fonte.  De  l’eau  est  projetée  abondamment  sur  la  surface  à  polir.  Le  diamètre  extérieur 
du  plateau  est  ordinairement  de  1  m.  35,  et  sa -vitesse  de  rotation  de  90  tours  par 
minute.  Grâce  au  mouvement  excentrique  du  plateau,  â  la  rotation  qu’il  prend  sur  lui- 
même  sous  l’influence  de  la  résistance  due  au  frottement,  et  au  déplacement  longitu¬ 
dinal  du  chariot,  le  polissage  se  fait  rapidement  et  dans  de  très  bonnes  conditions  de 
dressage  de  la  surface.  Toutefois  ce  travail  de  polissage  n’est  qu’une  ébauche;  il  reste 
â  le  compléter  par  des  procédés  plus  délicats,  qui  ressortissent  de  la  profession  de 
marbrier. 

Machines  de  M.  Rosso ,  pour  le  polissage  des  verres  d’optique.  —  Le  polissage  se  fait  en 
trois  opérations,  qu’on  peut  appeler  ébauchage,  adoucissage  et  finissage.  Les  cristaux 
de  quartz  ou  les  morceaux  de  verre,  dégrossis  préalablement  en  forme  de  disque  à  la 
meule  d’émeri  ou  par  tout  autre  procédé,  sont  fixés,  au  moyen  de  ciment  et  de  poix, 
à  la  surface  d’une  calotte  sphérique  métallique  au  rayon  de  la  courbure  à  donner  aux 
verres  (nous  supposerons  qu’on  ait  à  faire  des  verres  convexes).  Pour  l’ébauchage,  le 
disque  est  monté  sur  un  arbre  vertical  animé  d’un  mouvement  de  rotation  rapide,  sa 
surface  convexe  tournée  vers  le  haut;  on  applique  sur  lui  à  la  main  une  calotte  sphé¬ 
rique  concave  en  fonte,  avec  interposition  d’émeri  en  grains.  Pour  les  deux  autres  opé¬ 
rations,  le  disque  est  fixé  sur  un  plateau  de  manière  que  son  axe  coïncide  avec  celui 
d’un  arbre  vertical  tournant  au-dessus  de  lui;  une  calotte  sphérique  semblable  à  la 
précédente  est  appliquée  sur  lui  et  reliée  excentriquement  â  l’arbre,  au  moyen  d’une 
traverse  munie  d’une  pointe  qui  s’engage  dans  une  cavité  conique  formée  sur  son  axe; 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


2  GG 


la  calotte  est  ainsi  entraînée  dans  le  mouvement  de  l’arbre,  pendant  quelle  tourne  sur 
elle-même  en  vertu  de  la  résistance  due  au  frottement,  et  elle  passe  par  tous  les  points 
de  la  surface  du  disque  qu’elle  moule  à  sa  propre  forme.  L’adoucissage  emploie ,  comme 
matière  usante,  de  la  potée  d’émeri;  pour  le  finissage,  on  se  sert  de  rouge  à  polir. 

La  régularité  de  la  surface  des  verres  polis  dépend  de  celle  de  la  calotte  sphérique; 
celle-ci  se  forme  par  le  procédé  inverse  du  précédent,  c’est-à-dire  en  substituant  au 
disque  à  polir  un  disque  polisseur  en  fonte;  l’action  réciproque  des  deux  surfaces  en¬ 
traîne  la  régularité  de  leurs  formes ,  grâce  au  double  mouvement  de  rotation  autour  de 
l’axe  général  et  autour  de  l’axe  de  la  partie  excentrée. 

Machine  à  graver  le  verre  au  jet  de  sable.  —  Cette  machine ,  imaginée  et  construite 
par  la  «Tilgmann  Sandblast  C°»,  de  Shefïield,  est  exposée  par  M.  Maurice  de  Léon. 
Son  principe  repose  sur  l’entraînement  du  sable  par  un  jet  de  vapeur;  le  sable,  arri¬ 
vant  très  divisé  et  avec  une  grande  vitesse,  corrode  les  surfaces  qui  lui  sont  exposées  et 
les  désagrège  plus  ou  moins  rapidement,  selon  leur  nature  et  leur  dureté.  Un  tuyau  de 
vapeur  débouche  dans  une  sorte  de  Gifford  et  produit  l’aspiration  de  l’air,  qui  est  amené 
par  un  autre  tuyau;  l’air,  rencontrant  du  sable  fin  qui  tombe  d’un  réservoir  supérieur, 
l’entraîne  avec  lui,  et  le  mélange  de  vapeur,  d’air  et  de  sable,  s’échappant  par  un  orifice, 
vient  frapper  sur  la  surface  placée  à  une  faible  distance.  La  vitesse  du  jet  dépend  de 
la  quantité  de  vapeur  introduite  et  de  sa  pression;  on  règle  l’arrivée  de  la  vapeur  au 
moyen  d’un  robinet;  un  indicateur  de  vide,  placé  sur  l’appel  d’air,  donne  la  mesure  de 
la  puissance  du  jet.  M.  Maurice  de  Léon  se  sert  surtout  de  la  machine  pour  graver  des 
ornements,  lettres,  chiffres,  etc.,  sur  des  objets  en  verre  :  il  place,  à  cet  effet,  entre 
l’objet  et  le  jet,  une  feuille  mince  de  tôle  découpée  d’après  la  forme  des  ornements  à 
reproduire;  le  verre  est  gravé  en  quelques  secondes;  une  plaque  de  verre  de  o  m.  002 
d’épaisseur  est  complètement  traversée  en  moins  d’une  minute.  Toute  espèce  de  ma¬ 
tière  peut  être  attaquée ,  à  la  condition  de  n’avoir  pas  une  dureté  supérieure  à  celle  du 
sable;  l’effet  est,  toutefois,  très  variable  suivant  la  nature  de  la  matière  :  l’acier,  par 
exemple,  est  attaqué,  mais  très  lentement,  ce  qui  permet  de  l’employer  comme  mo¬ 
dèle. 

MACHINES  À  BROYER  ET  A  MALAXER. 

Nous  réunissons  dans  ce  groupe  des  machines  servant  à  broyer  des  matériaux  très 
divers,  à  les  réduire  en  poudre,  les  malaxer  et  les  mélanger.  Nous  indiquerons,  pour 
chacune,  ses  emplois  les  plus  fréquents. 

Meides  d’Epernon.  —  La  Société  générale  meulière  expose  des  meules  en  calcaire 
siliceux  provenant  des  carrières  d’Epernon  (Eure-et-Loir).  Les  grandes  meules  sont 
formées  de  secteurs,  ou  fiches,  obtenus  en  débitant  la  pierre  perpendiculairement  aux 
bancs  de  carrière,  placés  de  façon  que  le  fil  de  la  pierre  se  trouve  à  peu  près  suivant 


MACHINES-OUTILS. 


267 


un  rayon  et  reliés  par  de  forts  cercles  en  fer  qui  garnissent  le  pourtour  extérieur.  Ces 
meules  travaillent  sur  leur  plat;  elles  servent  principalement  pour  réduire  en  poudre 
des  matières  dures  dont  les  produits  sont  utilisés  dans  l’agriculture,  dans  la  construc¬ 
tion,  dans  l’industrie  ou  dans  les  arts,  tels  que  ciments,  phosphate  de  chaux,  plâtre, 
sulfate  de  baryte,  noir  animal,  kaolin,  produits  réfractaires,  produits  chimiques. 

Les  meules  de  petite  et  de  moyenne  grandeur,  pour  lesquelles  il  est  possible  de 
trouver  des  blocs  suffisamment  sains,  se  font  d’un  seul  morceau;  toutefois  elles  ne 
doivent  être  employées  que  sur  des  matières  tendres  :  elles  conviennent  surtout  aux 
fabricants  de  produits  céramiques ,  grâce  à  leur  propriété  de  ne  pas  renfermer  de  sels 
métalliques,  dont  l’introduction  serait  susceptible  de  tacher  les  produits. 

Toutes  ces  meules  sont  taillées  à  la  main;  elles  conservent  les  traces  des  coups  de 
ciseau,  qui  augmentent  leur  mordant. 

Broyeur  à  meules  en  fonte.  —  Ce  broyeur,  exposé  par  M.  Bordier,  est  composé  de 
deux  meules  cylindriques  en  fonte,  montées  folles  sur  un  même  axe  horizontal  qui  est 
encastré,  avec  liberté  de  monter  et  de  descendre,  dans  les  coulisses  de  deux  montants 
verticaux,  et  d’une  cuve  également  en  fonte,  de  forme  annulaire,  dont  la  section  par 
un  plan  diamétral  représente,  départ  et  d’autre  de  l’axe,  un  fond  plat  entre  deux  bords 
évasés  vers  le  haut.  Les  meules  reposent  par  leur  circonférence  sur  le  fond  de  la  cuve, 
ou  du  moins  sur  les  matières  à  broyer.  La  cuve  reçoit  un  mouvement  de  rotation 
autour  de  son  axe,  et  ce  mouvement  entraîne  celui  des  meules  sur  leur  arbre.  Des 
palettes  fixes  sont  disposées  le  long  de  chaque  meule  et  des  bords  voisins  de  la  cuve, 
de  manière  à  les  racler  et  à  ramener  constamment  la  matière  sous  les  meules. 

Ce  genre  de  meules  peut  servir  aux  mêmes  usages  que  les  meules  en  pierre  d’Eper- 
non;  elles  agissent,  comme  elles,  par  écrasement  mêlé  d’un  effet  de  glissement  tenant 
à  la  différence  de  vitesse  des  divers  points  de  la  cuve  sur  la  génératrice  de  contact  de 
la  meule. 

Broyeur  Vapart.  —  Le  broyeur  Vapart,  exposé  par  M.  Bordier,  utilise  la  projection 
des  matériaux  par  la  force  centrifuge  contre  les  parois  d’une  caisse  cylindrique  en  fonte. 
Suivant  l’axe  vertical  de  la  caisse  se  meut  un  arbre  muni  de  trois  plateaux  en  tôle 
étagés,  sur  lesquels  sont  fixées  des  équerres  en  fonte  à  faces  verticales  faisant  saillie 
d’environ  o  m.  o5,  dirigées  suivant  des  rayons  et  occupant  environ  le  tiers  de  la  lon¬ 
gueur  du  rayon  dans  le  voisinage  de  la  circonférence.  La  paroi  de  la  caisse  est  garnie, 
à  hauteur  des  plateaux,  d’un  même  nombre  de  couronnes  en  fonte  à  denture  grossière 
de  forme  à  peu  près  sinusoïdale,  chaque  couronne  étant  constituée,  pour  la  facilité  des 
remplacements,  par  un  certain  nombre  de  segments  fixés  par  boulons  à  la  caisse;  à  la 
paroi  sont  également  fixés ,  sous  les  deux  plateaux  supérieurs ,  deux  entonnoirs  à  grande 
base  tournée  vers  le  haut.  Les  plateaux  laissent  entre  eux  et  les  couronnes  dentées 
un  vide  annulaire  de  2  à  3  centimètres.  Les  matériaux,  versés  dans  l’appareil  par  un 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1881) 


208 


trou  pratiqué  dans  le  couvercle  à  proximité  de  Taxe,  tombent  sur  le  premier  plateau 
et  s’éloignent  progressivement  de  Taxe  jusqu’à  ce  qu’ils  rencontrent  une  des  équerres; 
ils  sont  soumis  alors  à  un  mouvement  de  translation  le  long  de  l’équerre  en  même 
temps  qu’au  mouvement  de  rotation  général,  et  ils  sont  projetés  contre  la  couronne 
dentée  avec  une  vitesse  égale  à  la  résultante  des  vitesses  des  deux  mouvements  compo¬ 
sants;  la  denture  de  la  couronne  a  précisément  pour  effet  de  leur  opposer  une  surface 
en  grande  partie  normale  sensiblement  à  la  direction  de  la  vitesse  résultante.  Les  débris 
sont  ramenés  successivement  par  le  premier  et  le  second  entonnoir  vers  le  milieu  des 
deux  autres  plateaux  et  projetés  de  la  même  façon  une  deuxième  et  une  troisième  fois; 
ils  tombent  finalement  au  fond  de  la  caisse,  où  des  palettes,  adaptées  au  plateau  infé¬ 
rieur,  les  rassemblent  dans  une  chambre  existant  sous  l’appareil. 

Gomme  détails  de  construction,  l’arbre  est  commandé  par  une  poulie  fixée  à  sa 
partie  supérieure  et  maintenu  en  cette  partie  dans  un  palier  à  coussinets  en  bronze; 
il  est  engagé,  à  sa  partie  inférieure,  dans  un  palier  à  crapaudine  disposé  sous  l’appareil; 
l’appui  de  l’arbre  en  bout  se  fait  par  un  pivot  et  un  grain  en  acier  trempé,  à  surface 
de  jonction  sphérique.  La  caisse  est  munie  de  deux  portes,  avec  bords  garnis  d’une  peau 
de  mouton  pour  rendre  la  fermeture  hermétique. 

Les  matériaux  doivent  être  concassés  au  préalable  à  la  grosseur  du  poing;  ils  sortent 
de  l’appareil  sous  forme  d’un  mélange  de  poussière  et  de  grains,  qui  est  soumis  à  des 
tamisages;  les  grains  les  plus  gros  sont,  au  besoin,  rejetés  de  nouveau  dans  la  machine. 
La  production  est  très  grande;  les  résultats  dépendent  naturellement  de  la  vitesse,  qui 
peut  être  sans  inconvénient  de  5oo  tours  par  minute,  mais  qui  doit  être  surtout  en 
rapport  avec  la  nature  des  matériaux. 

Le  broyeur  Vapart  s’emploie  pour  un  nombre  de  matières  plus  grand  encore  que 
les  meules  :  à  sa  propriété  de  broyer  il  joint  celle  de  permettre  la  séparation  de  cer¬ 
tains  matériaux,  d’après  la  façon  différente  dont  il  agit  sur  eux;  ainsi,  opérant  sur  un 
minerai  formé  de  blende  et  de  pyrite,  il  pulvérise  la  première  et  fragmente  seulement 
la  seconde  en  la  détachant  de  la  gangue;  un  tamisage  isole  alors  les  deux  éléments. 
Il  est  encore  un  excellent  mélangeur  et  peut  servir  à  ce  titre  à  la  fabrication  de  produits 
très  variés. 

Broyeur  à  boulets  de  M.  Thivet-Hanctin.  —  Ce  broyeur  utilise  également  la  force  cen¬ 
trifuge  pour  lancer  ou  appliquer  des  boulets  sphériques  pleins  en  fonte  contre  la  paroi 
intérieure  d’un  cylindre  creux  fixe  et,  par  conséquent,  désagréger  la  matière  interposée 
entre  eux  et  la  paroi.  Les  boulets,  étant  en  même  temps  animés  d’un  mouvement  général 
de  rotation,  tournent  sur  eux-mêmes  par  l’effet  de  la  résistance  due  au  frottement, 
remuent  et  malaxent  les  matériaux  de  toutes  façons. 

A  l’intérieur  du  cylindre  fixe,  disposé  horizontalement,  tourne,  avec  une  vitesse  de 
100  à  i5o  tours  par  minute,  un  second  cylindre  creux  de  même  axe,  porté  par  deux 
tourillons  sur  des  coussinets,  avec  presse-étoupe  logés  dans  les  fonds  du  premier;  ce 


MACHINES-OUTILS. 


269 


second  cylindre,  dans  lequel  sont  les  boulets,  est  percé  de  trous  circulaires,  alignés 
sur  des  hélices,  cl’un  diamètre  supérieur  de  quelques  millimètres  à  celui  des  boulets. 
Les  matériaux  sont  introduits  entre  les  cylindres  par  un  entonnoir  adapté  à  un  bout; 
les  fonds  sont  d’ailleurs  démontables  pour  la  facilité  de  l’extraction  des  produits  du 
broyage.  La  rotation  du  cylindre  intérieur  amène  chaque  boulet  dans  un  trou,  où  il  se 
maintient  en  pressant  contre  le  cylindre  extérieur  et  tournant  en  outre  sur  lui-même. 
L’ensemble  des  boulets  agit  à  la  fois  pour  racler,  mélanger  et  triturer  les  matières. 

L’appareil  se  prête  au  traitement  des  matières  aussi  bien  par  voie  humide  qu’à  sec; 
ses  principaux  emplois  sont  la  pulvérisation  des  charbons  de  terre  et  de  bois,  des  ma¬ 
tières  colorantes,  des  produits  chimiques,  des  produits  alimentaires,  tels  que  safran, 
poivre,  cannelle,  la  préparation  de  l’indigo,  du  cirage,  des  enduits,  etc. 

Malaxeur  à  cages  sphériques  de  M.  Thivet-Hanctin.  —  Les  parties  essentielles  de  la 
machine  sont  trois  cages  sphériques  en  fonte  d’environ  o  m.  5o  de  diamètre  extérieur, 
constituées  par  des  liens  anguleux  dont  un  équatorial,  deux  parallèles,  dix  portions 
de  méridiens  reliant  l’équatorial  à  chaque  parallèle  et  trois  autres  reliant  chaque 
parallèle  au  pôle.  Les  cages  ainsi  évidées  sont  enfermées,  à  hauteur  de  leurs  centres, 
dans  trois  colliers  d’entraînement,  qui  font  partie  d’un  plateau  horizontal  monté  sur  un 
arbre  vertical  animé  d’un  mouvement  de  rotation.  Les  cages,  libres  dans  les  colliers 
d’entraînement,  reposent  sur  le  fond  d’une  cuve  annulaire,  dans  laquelle  se  met  la  ma¬ 
tière  à  malaxer;  des  palettes,  adaptées  au  plateau  mobile,  raclent  le  fond  et  les  bords  de 
la  cuve  et  ramènent  constamment  la  matière  sous  les  cages.  Tout  en  participant  au 
mouvement  de  rotation  générale,  les  cages  se  meuvent  en  tous  sens  autour  de  leur 
centre,  divisent  la  matière  par  leurs  arêtes,  la  retournent,  la  triturent  et  la  mélangent. 
Une  trappe,  s’ouvrant  dans  le  fond  de  la  cuve,  permet  delà  vider  après  l’opération. 

La  machine  est  principalement  employée  pour  frotter  les  sables  de  fonderie,  c’est- 
à-dire  pour  faire  le  mélange  de  sable  neuf,  de  vieux  sable  et  de  charbon  de  terre;  elle 
remplace  avantageusement  les  meules  ou  le  foulage  aux  pieds,  et  surtout  elle  peut 
opérer  sur  du  sable  à  l’état  humide,  sans  en  exiger  le  séchage,  le  broyage  et  le  tami¬ 
sage  préalables.  Elle  peut  également  être  employée  au  malaxage  d’autres  matières, 
telles  que  produits  chimiques,  engrais,  etc. 

Machine  à  étirer  de  MM.  Joly  et  Foucart,  pour  briques ,  tuiles,  tuyaux,  etc. —  L’objet  de 
cette  machine  est  de  faire  d’un  seul  coup  et  automatiquement  la  préparation  de  la  terre 
et  le  moulage  de  pièces  telles  que  briques,  tuiles  plates,  tuyaux,  etc.  Elle  comprend 
essentiellement  :  i°  deux  cylindres  en  fonte,  à  axes  horizontaux  parallèles,  entre  les¬ 
quels  la  terre,  tombant  d’un  entonnoir,  est  broyée,  en  même  temps  que  les  corps  durs 
qu’elle  peut  renfermer;  la  terre  en  sort  sous  forme  de  lame  mince,  pour  pénétrer  dans 
les  hélices  qui  sont  au-dessous;  2°  deux  hélices  tangentes,  de  pas  contraires  et  tour¬ 
nant  en  sens  opposés,  enfermées  dans  une  caisse;  elles  reçoivent  la  terre,  la  divisent 


270 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


et  la  malaxent,  en  même  temps  quelles  la  poussent  en  avant  dans  un  récipient  où  elle 
se  masse  peu  à  peu,  en  éliminant  les  bulles  d’air  qu’elle  pourrait  avoir  entraînées; 
3°  une  filière  rapportée  dans  le  prolongement  du  récipient,  présentant  en  creux  la 
forme  du  profil  à  obtenir;  la  terre,  poussée  par  les  hélices,  la  traverse  sous  forme 
d’une  bande  continue,  qui  s’allonge  sur  une  table  munie  de  galets  rapprochés  enveloppés 
de  buffle;  A0  un  découpeur,  ou  cadre  à  charnière  horizontale,  muni  de  fils  métalliques 
parallèles,  que  l’on  rabat  pour  diviser  la  bande  de  terre  par  longueurs  égales. 

Tous  les  mouvements,  à  l’exception  de  celui  du  découpeur,  se  font  automatiquement 
au  moyen  d’engrenages  reliés  à  la  commande  générale  et  actionnant  les  arbres  des 
cylindres  et  ceux  des  hélices. 


MACHINES-OUTILS. 


271 


LISTE 

DES  EXPOSANTS  HORS  CONCOURS  ET  RÉCOMPENSÉS 

AVEC 

INDICATION  DE  LA  NATURE  DES  OBJETS  EXPOSÉS. 


HORSICONCOURS. 

MM.  Gotendorf  et  Cie ,  quai  Jemmapes,  166,  à  Paris  (France).  —  1  petit  tour,  3  machines  a 
décolleter  à  levier,  1  machine  à  percer  à  pédale  à  4  broches,  1  machine  double  à  percer  et  à  mor- 
taiser,  1  petite  machine  à  tarauder,  1  petite  machine  à  fraiser  horizontale. 

MM.  Hurtu  et  Hautin,  rue  Saint-Maur,  54  ,  à  Paris  (France).  —  1  petit  tour,  1  machine  h  percer, 
1  petite  machine  à  tarauder,  4  machines  à  fraiser,  1  machine  à  tailler  et  affûter  les  fraises,  1  machine 
h  tailler  les  forets  en  hélice ,  1  machine  à  redresser  les  pièces  trempées. 

MM.  Panhard  et  Levassor,  avenue  d’fvry,  19,0  Paris  (France).  —  5  scies  à  ruban  pour  métaux, 
1  scie  circulaire  pour  métaux,  1  machine  à  affûter  les  scies  à  ruban. 

M.  Piat  (A.),  rue  Saint-Maur,  85,  à  Paris  (France).  —  3  riveuses  hydrauliques. 

GRANDS  PRIX. 

MM.  Bariquand  et  fils,  rue  Oberkampf,  127,  à  Paris  (France).  —  4  tours,  2  machines  à  décolle¬ 
ter,  2  machines  automatiques  à  faire  les  vis  à  métaux,  3  machines  à  percer,  1  machine  à  aléser, 
1  machine  h  mortaiser,  8  machines  à  fraiser,  1  machine  à  tailler  les  fraises,  1  machine  à  fraiser  les 
lames  d’épées-baïonnettes,  1  série  d’appareils  diviseurs  et  h  reproduire  pour  machines  h  fraiser, 
3  lapidaires,  1  machine  à  dresser  les  barres,  1  machine  à  extraire  l’huile  des  copeaux,  1  série  d’in¬ 
struments  de  mesure  au  1/100  et  au  1/1000  de  millimètre,  1  micromètre-étalon  avec  comparateur. 

MM.  Boühet  fils  ( E .  et  P.),  avenue  Daumesnil,  43,  à  Paris  (France).  —  4  tours,  dont  1  à  repro¬ 
duire,  4  machines  à  percer,  dont  2  radiales  très  puissantes,  1  machine  à  tarauder,  2  étaux-limeurs, 
1  machine  à  raboter  les  chanfreins  des  tôles,  1  grande  machine  h  mortaiser,  5  machines  à  fraiser  et 
à  reproduire,  dont  2  très  puissantes,  1  machine  à  tailler  les  fraises,  1  forte  cisaille,  1  marteau-pilon 
à  ressort. 

Brown  and  Sharpe  Manüfagturing  C° ,  à  Providence  (Etats-Unis).  —  1  petit  tour  à  main,  1  tour 
h  charioter  et  à  lïleter,  3  machines  à  décolleter,  1  machine  à  percer  et  à  aléser,  1  petite  machine  à 
tarauder,  7  machines  h  fraiser,  1  machine  automatique  à  tailler  les  roues  d’engrenage,  2  machines 
à  rectifier  les  surfaces  planes,  2  machines  à  rectifier  les  surfaces  cylindriques  ou  coniques,  1  machine 
à  affûter  les  fraises  et  les  outils  de  tour,  1  collection  d’instruments  de  mesure  et  de  vérification. 

MM.  Selle rs  (  Wm)  et  0e,  à  Philadelphie  (Etats-Unis).  —  1  machine  à  percer,  2  machines  à 
rabotera  retour  très  rapide,  1  machine  à  affûter  les  outils  de  tour,  1  machine  à  affûter  les  forets. 


272 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


MM.  Steinlen  et  Cie  ( anciens  ateliers  Ducommun) ,  à  Mulhouse  (Alsace).  —  2  tours  k  charioter, 
3  tours  à  charioter  et  à  copier,  12  tours  à  charioter  et  à  fileter,  dont  1  de  0  m.  575  de  hauteur  de 
pointes,  1  tour  à  banc  mobile,  3  machines  à  de'colleter,  8  machines  k  percer,  dont  4  radiales,  1  ma¬ 
chine  k  percer  k  4  forets,  1  machine  double  k  aléser  et  k  fraiser  horizontalement,  1  machine  k  alé¬ 
ser  k  8  broches,  2  machines  k  tarauder,  3  machines  k  raboter,  1  grande  machine  k  raboter  et  k  frai¬ 
ser,  4  étaux-limeurs,  2  machines  k  raboter  les  roues  d’angle,  3  machines  k  mortaiser,  12  machines 
k  fraiser  de  toutes  grandeurs,  1  machine  k  reproduire  k  battant,  1  machine  k  tailler  les  fraises, 
2  machines  k  tailler  les  roues  d’engrenages ,  dont  1  automatique,  2  meules  d’affûtage,  2  machines  k 
affûter  les  forets,  1  machine  k  affûter  les  fraises,  3  machines  k  rectifier  les  pièces  cylindriques  ou 
coniques,  1  marbre,  1  série  d’instruments  de  traçage,  1  collection  de  poinçons  et  de  lunettes  de 
vérification. 

MÉDAILLES  D’OR. 

American  Screw  C°,  k  Providence  (États-Unis).  —  2  machines  k  faire  k  froid  les  vis  k  bois, 

1  machine  k  extraire  l’huile  des  copeaux. 

Ateliers  de  construction  d’Oerlikon ,  près  Zurich  (Suisse).  —  2  tours,  1  machine  k  décolleter, 

2  machines  k  raboter  les  roues  d’angle,  dont  1  pour  roues  ayant  jusqu’à  3  mètres  de  diamètre, 

1  machine  k  fraiser,  1  machine  k  rectifier  les  cylindres  en  fonte  de  moulins. 

MM.  Cualigny  et  Clc  y  rue  Philip  pe-d  e-Girard ,  54,  k  Paris  (France).  —  1  tour,  2  machines  k  per¬ 
cer,  dont  1  radiale,  1  machine  k  raboter,  1  étau-limeur. 

MM.  Dandoy-Mailliabd ,  Lucq  et  0%  k  Maubeuge  (France).  —  6  tours,  18  machines  k  percer  de 
toutes  grandeurs  k  bras  et  au  moteur,  dont  1  radiale  et  1  portative  avec  transmission  par  corde, 

2  machines  k  tarauder,  3  machines  à  raboter,  3  étaux-limeurs,  3  machines  k  mortaiser,  4  machines 
k  fraiser,  dont  1  puissante  en  forme  de  machine  k  raboter,  2  cisailles  k  levier,  12  machines  à  poin¬ 
çonner  et  à  cisailler  diverses,  2  machines  à  cintrer,  1  machine  k  refouler,  2  étaux  d’établi. 

il/.  Dard  ( Louis ),  rue  Pérignon,  34,  à  Paris  (France).  — •  4  machines  k  percer,  6  machines  k 
poinçonner,  1  machine  k  poinçonner  et  k  cisailler  k  5  outils,  1  appareil  k  enrouler  les  fils  de  fer  en 
volute,  3  machines  k  rouler  les  tôles,  4  machines  k  cintrer  les  fers,  1  machine  k  cintrer  les  cercles 
de  tonneaux ,  1  machine  à  refouler  et  k  souder. 

MM.  Demoor  (J.  et  M.),  k  Bruxelles  (Belgique).  —  1  tour,  2  machines  k  percer,  2  machines  k 
tarauder,  3  filières  universelles  k  main  et  pour  tour,  1  machine  à  fraiser,  1  machine  k  tailler  et  affû¬ 
ter  les  fraises,  1  machine  k  affûter  les  forets;  des  accessoires  de  machines,  tels  que  plateaux  de  tour, 
plateaux  circulaires,  étau  pivotant,  mandrins  et  alésoirs  expansibles,  porte-meule  émeri,  collection 
de  porte-outil  et  d’outils,  trusquin;  1  jeu  spécial  pour  la  fabrication  des  boulons  et  des  écrous  com¬ 
prenant  2  machines  à  décolleter,  1  machine  k  chanfreiner  les  têtes,  1  machine  k  tailler  les  pans, 
2  machines  k  tarauder;  1  machine  automatique  k  faire  la  ronce  artificielle. 

M.  Duval-Pihet ,  rue  Neuve-Popincourt,  8,  k  Paris  (France).  —  1  tour  pour  l’ogive  des  projec¬ 
tiles,  1  machine  k  décolleter,  1  machine  à  tarauder,  2  machines  à  mortaiser,  3  machines  k  tailler 
les  fraises,  1  cisaille  circulaire. 

M.  Fétu-Defize  ( Ant .)  et  Cie,  à  Liège  (Belgique).  —  2  tours,  dont  1  pour  roues  de  wagons, 
1  machine  à  décolleter,  4  machines  à  percer,  dont  2  radiales ,  1  machine  k  aléser,  1  machine  k  rabo¬ 
ter,  2  étaux-limeurs,  1  scie  circulaire  k  métaux,  3  machines  k  rectifier  des  surfaces  diverses  k  la 
meule  d’émeri,  1  machine  k  poinçonner. 

MM.  Guenwood  et  Batley ,  k  Leed?  (Grande-Bretagne).  —  1  petit  tour,  1  tour  très  puissant  pour 
dégrossir  les  lingots,  1  machine  k  fraiser. 


MACHINES-OUTILS. 


273 


M.  Hure  (P.),  rue  Lafayette,  218,  à  Paris  (France).  —  3  tours,  3  machines  à  de'colleter,  2  ma¬ 
chines  à  percer,  dont  1  radiale,  1  machine  à  centrer,  1  machine  à  aléser  et  à  fraiser,  2  machines  à 
fraiser,  2  machines  à  tailler  les  fraises,  1  scie  circulaire  à  métaux,  1  machine  à  poinçonner,  des 
porte-outils  divers. 

Hydraulig  Enginneering  C°,  àChester  (Grande-Bretagne).  —  2  machines  à  percer  portatives,  l’une 
montée  directement  sur  une  machine  Brotherhood  à  3  cylindres,  l’autre  adaptée  à  un  flexible;  1  dé- 
coupoir  hydraulique,  1  appareil  pour  l’essai  des  tuyaux. 

M.  Jeansaume  (Antoine),  rue  des  Immeubles-Industriels,  10,  à  Paris  (France). —  1  scie  à 
découper  et  chantourner  le  marbre. 

M.  Kircheis  ( Erdmann ),  à  Aue  (Saxe)  [Allemagne].  —  3  machines  à  poinçonner,  1  machine  à 
emboutir,  1  balancier,  1  machine  à  perforer  automatiquement  les  filtres,  3  cisailles  circulaires  dont 
1  pour  découper  des  ellipses,  4  cisailles  à  levier,  2  cisailles  à  guillotine,  3  machines  à  plier  les  tôles, 
3  machines  à  border,  4  machines  à  serrer  les  agrafures,  2  machines  à  rouler  les  tôles,  1  machine  à 
plier,  rouler  et  agrafer,  2  bancs  à  étirer,  2  machines  à  canneler  en  hélice  les  chapeaux  débouchons, 
1  machine  à  essayer  les  fontes  à  la  flexion. 

M.  Kreutzberger  (F.-G),  à  Puteaux  (Seine)  [France].  —  3  machines  à  affûter  les  fraises,  1  ap¬ 
pareil  à  affûter  les  forets ,  1  appareil  à  dresser  les  meules  en  grès ,  1  appareil  à  calculer  les  éléments 
des  triangles  rectangles. 

M.  Prétot  ( E .),  rue  des  Immeubles-Industriels,  1 3 ,  à  Paris  (France).  —  4  machines  à  fraiser, 
1  appareil  à  tailler  les  fraises,  1  appareil  à  mortaiser,  2  machines  à  percer,  dont  1  à  3  broches, 
1  machine  à  décolleter,  1  machine  à  fraiser  les  pans  des  écrous. 

M.  Sgbultz  (Frédéric),  à  Mulhouse  (Alsace).  —  2  tours,  2  machines  à  décolleter,  3  machines  à 
percer,  1  machine  à  raboter,  3  machines  à  fraiser. 

MM.  Smith  et  Coventry,  à  Manchester  (Grande-Bretagne).  —  3  machines  à  décolleter,  1  machine 
h  percer  radiale,  4  machines  à  fraiser,  dont  1  en  forme  de  machine  à  raboter,  1  machine  à  affûter  les 
fraises.,  2  machines  à  affûter  les  forets,  une  collection  de  porte-outils  et  d’outils. 

M.  Simonds  (G. -F.),  à  Fitchburg  (Massachusetts)  [Etats-Unis].  —  1  machine  à  laminer  a  chaud 
les  objets  de  toutes  formes. 

Secrétariat  de  la  guerre ,  à  Mexico  (Mexique). —  1  machine  à  rayer  automatiquement  les  ca¬ 
nons  de  fusils,  1  machine  à  fraiser. 

Société  alsacienne  de  constructions  mécaniques  ,  rue  Drouot,  7,  à  Paris  (France).  —  3  tours, 
dont  1  pour  bandages  de  roues,  1  machine  à  décolleter,  1  machine  à  percer,  2  machines  à  aléser, 
dont  1  pour  paliers,  2  machines  à  tarauder,  1  machine  à  raboter,  1  étau-limeur,  2  machines  à  mor¬ 
taiser,  4  machines  à  fraiser,  dont  1  pour  les  pans  des  écrous,  1  machine  à  tailler  les  roues  d’engre¬ 
nages,  1  machine  automatique  à  tailler  les  fraises,  1  machine  d’affûtage,  1  machine  à  affûter  les 
fraises  et  les  forets,  1  machine  à  rectifier  les  pièces  cylindriques  ne  tournant  pas,  1  machine  à  poin¬ 
çonner,  1  machine  à  essayer  les  métaux  à  la  traction. 

Société  anonyme  internationale  du  fil  hélicoïdal ,  à  Bruxelles  (Belgique).  —  1  installation 
complète  pour  le  débitage  des  pierres  en  carrière  et  suc  chantier,  1  perforatrice  tubulaire,  1  machine 
)  à  polir  les  plaques  de  marbre. 

Société  de  construction  de  machines-outils ,  à  Albert  (Somme)  [France].  —  3  tours,  1  tour  h 
aléser  pour  poulies,  4  machines  à  percer,  dont  2  radiales,  1  étau-limeur,  6  machines  à  fraiser, 


18 


I 


Groupe  VI.  —  iv. 


IMPRIMERIE  NATIONALE. 


274 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


i  machine  à  percer,  aléser  et  fraiser  verticalement  et  horizontalement,  î  machine  à  poinçonner, 
î  marteau-pilon  atmosphérique. 

MM.  Sterne  et  Cie,  à  Glasgow  (Grande-Bretagne).  —  4  machines  à  meules  d’émeri,  pour  meu- 
lage  et  affûtage,  î  machine  à  affûter  les  fraises,  î  machine  à  affûter  les  forets,  2  machines  à  affûter 
les  scies,  1  machine  à  polir  à  meules  multiples. 

MM.  Stiles  and  Parker  Press  C%  à  Middletown  (Connecticut)  [États-Unis].  —  4  presses  et  ma¬ 
chines  à  emboutir,  1  machine  à  emboutir  a  double  poinçon,  1  marteau-pilon  à  tige  de  friction. 


MÉDAILLES  D’ARGENT. 

American  Tools  and  Machine  C°,  à  Boston  (Etats-Unis).  —  1  machine  à  décolleter. 

MM.  Aemmer  et  Cle,  à  Bâle  (Suisse).  —  1  tour,  1  machine  à  raboter. 

MM.  Bliss  ( E.-W .)  et  Cie,  à  Brooklyn  (New-York)  [États-Unis].  —  3  presses  à  découper  et  à  em¬ 
boutir,  1  marteau-pilon  à  tige  de  friction. 

MM.  Capitain  Gény  et  C'e,  à  Bussy  (Haute-Marne)  [France].  —  1  riveuse  hydraulique. 

MM.  Deplanque fils,  rue  des  Boulets,  54,  à  Paris  (France).  —  1  série  de  machines  à  meulcr  avec 
meules  d’émeri,  1  machine  à  affûter  les  lames  de  cisaille,  1  machine  à  affûter  les  scies. 

MM.  d’Espine ,  Achard  et  0e,  quai  de  la  Marne,  52,  à  Paris  (France). —  1  scie  circulaire  double 
diamantée  pour  débiter  les  pierres. 

MM.  Dosme  et  Cie,  à  Saint-Amand  (Cher)  [France].  —  1  machine  à  couder,  2  machines  à  couder 
et  à  refouler. 

M.  Dumortier  (H. -L.),  à  Bruxelles  (Belgique).  —  1  série  de  machines  à  meuler  avec  meules 
d’émeri,  1  machine  à  affûter  les  lames  de  cisaille,  1  machine  à  affûter  les  scies,  1  machine  à  polir  à 
meules  multiples. 

MM.  Fielding  et  Platt,  à  Glowcesler  (Grande-Bretagne).  —  Modèles  de  riveuses  Twedell  et  de 
machines  à  plier  d’équerre. 

MM.  Frey  et  C‘%  rue  de  l’Atlas,  2  3,  à  Paris  (France).  —  1  machine  à  percer  portative,  1  grande 
machine  à  aléser  et  à  fraiser,  2  machines  à  fraiser,  2  machines  à  tailler  les  fraises. 

M.  Gérard ,  place  Daumesnil,  3,  à  Paris  (France).  —  1  scie  à  ruban  à  débiter  les  pierres,  1  scie 
circulaire  diamantée,  1  machine  à  dresser  les  tôles. 

MM.  Hulse  et  C‘%  à  Manchester  (Grande-Bretagne).  —  1  tour,  1  machine  à  décolleter,  3  machines 
apercer,  dont  1  radiale,  2  machines  à  fraiser,  1  machine  à  fraiser  les  coulisses  de  bielles,  1  machine 
à  affûter  les  fraises. 

M.  Janssens  ( Adolphe ),  rue  Alibert,  10,  à  Paris  (France).  —  1  tour,  1  machine  à  tronçonner  les 
barres,  2  machines  à  percer,  2  machines  à  raboter  latérales,  1  étau-limeur,  1  machine  h  rectifier  les 
tiges  de  pistons,  1  machine  à  emmandriner. 

MM.  Joly  et  Foucart,  à  Blois  (Loir-et-Cher)  [France].  —  1  machine  à  étirer  pour  briques, 
tuiles,  tuyaux,  etc. 

M.  Le  Blanc  ( J .),  rue  du  Rendez-Vous,  52,  à  Paris  (France).  —  1  tour,  1  machine  à  fraiser, 

1  machine  à  frapper  les  têtes  de  boulons,  1  balancier  à  main,  3  machines  à  poinçonner  ou  à  ci¬ 
sailler,  1  cisaille  circulaire. 


MACHINES-OUTILS. 


275 


M.  Lomont  (€.),  à  Albert  (Somme)  [Fronce].  —  1  tour,  1  machine  à  percer  radiale,  1  machine 
à  aléser  et  à  fraiser,  1  machine  à  raboter,  1  étau-limeur,  1  machine  à  mortaiser. 

M.  Mabille  (  Valère ),  à  Mariemont  (Belgique).  —  1  machine  à  essayer  les  métaux  à  la  traction. 

M.  Morisseau  ( Auguste ),  à  Nantes  (France).  —  Série  de  tarauds,  de  filières,  d’alésoirs  et  de 
forets. 

M.  Rémond  (A.),  à  Saint-Hyppolite  (Doubs)  [France].  —  1  machine  à  faire  automatiquement  les 
rivets. 

M.  Robelet,  rue  Pastourelle,  25,  à  Paris  [France].  —  1  machine  à  découper  et  à  emboutir, 
3  marteaux-pilons  à  courroie. 

MM.  SU  eu  et  Cie,  à  Lyon  (France).  —  -  0  machines  à  plier  les  tôles,  3  machines  à  moletter  et  à 
border,  î  cisaille  circulaire. 

MM.  Sainte -Kahn  et  Cie,  rue  Oberkampf,  io4,  à  Paris  (France). —  Série  de  machines  à  meuler 
avec  meules  d’émeri  et  de  machines  à  polir. 

MM.  Sainte  (A.)  et  March  ( L .),  rue  Oberkampf,  93,  à  Paris  (France).  —  2  machines  à  décol¬ 
leter,  1  machine  à  percer,  1  machine  à  tailler  les  roues  d’engrenages. 

M.  Sayn ,  avenue  Philippe- Auguste ,  84,  à  Paris  (France).  —  1  tour,  1  machine  à  percer,  2  ma¬ 
chines  à  fraiser  les  têtes  de  boulons  et  les  écrous ,  2  balanciers  à  frapper  les  têtes  de  boulons ,  1  ba¬ 
lancier  à  main,  1  cisaille,  1  machine  à  forger  automatiquement  les  écrous,  1  machine  à  faire  auto¬ 
matiquement  les  rivets. 

MM.  Sculfort-Malliar  et  Meurige,  à  Maubeuge  (France).  —  i4  tours  divers,  i4  machines  à 
percer  à  la  main  ou  au  moteur,  dont  1  radiale,  3  machines  à  tarauder,  3  machines  à  raboter,  3  étaux- 
limeurs,  1  machine  à  mortaiser,  8  machines  à  poinçonner  ou  à  cisailler,  2  cisailles,  3  découpoirs  hy¬ 
drauliques,  3  machines  à  cintrer,  1  machine  à  refouler  et  à  souder,  1  série  d’outils,  1  marbre. 

Société  générale  des  agglomérés  magnésiens,  rue  Louis-Blanc,  4o,  à  Paris  (France).  —  Série 
de  machines  à  meuler  et  de  meules  d’émeri. 

Société  générale  meulière,  à  la  Ferté-sous-Jouarre  (Seine-et-Marne)  [France].  —  Série  de 
meules  à  broyer  d’Epernon. 

M.  Spüül  (Henri),  à  Saint-Fiden,  près  Saint-Gall  (Suisse).  —  1  machine  à  percer  et  river  les 
tuyaux ,  1  machine  a  presser  les  ressorts  de  sommiers ,  1  machine  à  nouer  les  ressorts. 

MM.  Sternbergh  (J. -H.)  and  son ,  à  Reading  (Pensylvanie)  [Etats-Unis].  —  1  machine  à  ta¬ 
rauder  les  boulons,  des  tournevis. 

Tanite  C'e,  à  Stroudsburg  (Pa)  [Etats-Unis].  —  Série  de  machines  à  meuler  avec  meules  d’émeri, 
1  machine  à  dresser  les  surfaces ,  1  machine  à  polir,  1  machine  à  affûter  les  scies. 

MM.  Warner  et  Swasey,  à  Cleveland  (Ohio)  [Etats-Unis].  —  Série  de  machines  pour  robinetterie 
comprenant  3  tours ,  6  machines  à  décolleter,  3  machines  à  fraiser. 

MÉDAILLES  DE  BRONZE. 

Ateliers  de  construction  de  machines ,  à  Saint-George,  près  Saint-Gall  (Suisse).  —  1  machine  à 
enrouler  les  ressorts  de  sommiers. 

MAL  Avoyne  et  Ronamy ,  rue  de  l’Arbalète ,  89,  à  Paris  (France).  —  1  série  de  cisailles  à  levier, 
1  cisaille  h  guillotine ,  2  lames  de  cisailles. 


276 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


M.  Bocuze  (Antoine),  rue  du  Rocher,  101,  à  Paris  (France).  —  1  tour  à  commande  par  friction  , 

4  machines  à  affûter  les  scies. 

M.  Bombled  (L.),  rue  de  Montreuil,  94,  à  Paris  (France).  —  2  machines  à  plier  les  tôles,  1  ci¬ 
saille  à  levier. 

M.  Bordier  ( E .),  rue  Vineuse,  i4,  à  Paris  (France).  —  2  broyeurs  Vapart,  1  broyeur  à  meules 
en  fonte. 

M.  Charles  ( J.-E .),  rue  Championnet,  34,  à  Paris  (France).  —  Modèles  de  machines  divers  s. 

M.  Christophe ,  à  Angerville  (Seine-et-Oise)  [France].  —  1  tour  à  copier  pour  embouchures  d’in¬ 
struments  de  musique. 

M.  Cuizinier  ( Alexandre ),  à  Nantes  (France).  —  1  modèle  de  machines  à  équerrer  les  cornières 
de  membrure  des  navires. 

MM.  Cürtis  et  Curtis,  à  Bridgeport  (Conn.)  [Etats-Unis].  —  3  machines  à  fileter  les  bouts  de 
tuyaux. 

M.  Dejouy  ( E.-H .),  rue  Saint- Charles,  i3y,  à  Paris  (France).  —  Modèles  de  machines  di¬ 
verses. 

MM.  Delinotte  ( Charles )  et  fils  aîné,  rue  d’Allemagne,  56,  à  Paris  (France).  —  2  marteaux- 
pilons  à  tige  de  friction. 

MM.  Dunand  frères ,  à  Carouge  (Genève)  [Suisse].  —  1  perforatrice  pour  trous  de  mine. 

M.  Durozoi  (Marcel),  rue  Riblette,  1  3,  à  Paris  (France).  —  5  machines  à  plier  les  tôles,  1  ma¬ 
chine  à  moulurer,  1  machine  à  rouler,  1  cisaille  à  levier. 

M.  Durrsghmidt  (G.),  à  Lyon  (France).  —  Série  de  meules  d’e'meri,  d’émeri  en  grain  et  de  pa¬ 
pier  d’émeri. 

M.  Esparza  ( Isaac ),  Etat  de  Nuevo-Leon  (Mexique).  —  1  machine  à  percer. 

M.  Gauthier  (S.),  rue  Popincourt,  28,  à  Paris  (France).  —  Série  de  meules  montées  en  grès. 

Gouvernement  de  Puebla  (Fehuacan)  [Mexique].  —  Meules  en  grès. 

Gouvernement  de  Puebla  (Xocliitan)  [Mexique].  —  Meules  en  grès. 

M.  Jackson  (Th.) ,  à  New-York  (Etats-Unis).  —  Modèle  de  scie  alternative  diamantée  pour  débi¬ 
ter  les  pierres. 

M.  J ame lin  (Ch.),  rue  Saint-Maur,  99,  à  Paris  (France).  —  1  tour  à  mouvements  multiples. 

M.  Lapointe  (G.),  boulevard  Richard-Lenoir,  77,  Paris  (France).  —  1  machine  à  décolleter  à 
levier,  2  machines  à  percer. 

M.  Legoux  (M.) ,  rue  Popincourt,  37,  à  Paris  (France).  —  Modèle  de  machine  automatique  a  faire 
les  vis  à  métaux. 

M.  Moreau  (G.-L.),  rue  des  Graviiliers,  24,  à  Paris  (France).  —  4  petits  tours,  1  tour  ovale, 

5  petites  machines  à  percer. 

M.  Mou  la  rd  (L.),  à  Tours  (France).  —  2  machines  à  poinçonner. 

M.  Parkinson  (J.),  à  Bradford  (Grande-Bretagne).  —  Série  d’étaux  parallèles. 


MACHINES-OUTILS. 


277 


M.  Petot  ( P.-J .),  rue  des  Amandiers,  95,  Paris  (France).  —  3  machines  à  border,  1  machine  à 
rouler  les  tôles. 

M.  Perrin  (Louis),  à  Lyon  (France).  —  Série  de  laminoirs  en  acier  trempé. 

M.  Quentin ,  quai  de  la  Râpée,  18,  à  Paris  (France).  —  Série  de  machines  à  meuler. 

M.  Ricbourg  (Albert),  boulevard  de  Sébastopol,  20,  à  Paris  (France).  —  1  marteau-pilon  à  main. 

M.  Rosso  (A.),  à  Anvers  (Belgique).  —  4  machines  à  polir  les  verres  d’optique. 

M.  Scunider  (C.-L.),  à  Neuveville  (Berne)  [Suisse].  —  Série  de  plateaux  de  tour  et  de  man¬ 
drins  universels. 

Société  anonyme  des  émeris  de  l’Ouest,  à  Redon  (Ille-et-Vilaine)  [France].  —  Série  de  meules 
d’émeri. 

MM.  Soyer  (B.)  et  fils ,  rue  des  Pyrénées,  82,  à  Paris  (France).  —  1  machine  a  percer  les  cor¬ 
nières,  2  machines  à  plier  les  tôles,  1  machine  à  serrer  les  agrafures,  1  machine  à  envelopper  de 
caoutchouc  les  fils  électriques. 

M.  Strube  (H.),  rue  Campagne-Première,  23,  à  Paris  (France).  —  4  tours,  1  machine  à  percer. 

M.  Thivet-Hanctin  (A.-E.),  à  Saint-Denis  (Seine)  [France].  —  1  broyeur  à  boulets,  1  malaxeur 
à  cages  sphériques. 

M.  Van  der  Stegen  (Jules),  à  Gand  (Belgique),  —  1  modèle  de  machine  à  raboter  les  roues 
d’angle. 

MM.  Wright  (Peter)  and  sons,  à  Dudley  (Grande-Bretagne).  —  Série  d’étaux  et  d’outil»  de 
forge. 

MENTIONS  HONORABLES. 

M.  Balland ,  rue  des  Vertus,  19,  à  Paris  (France).  —  2  tours,  1  mandrin  universel,  1  ma¬ 
chine  à  rouler  les  rivures ,  1  scie  alternative ,  1  appareil  pour  strier  les  bandes  des  canons ,  1  appareil 
pour  strier  les  cannes  de  parapluies. 

M.  Bédoin  (A.),  à  Sorgues  (Vaucluse)  [France].  —  Collection  de  meules  en  pierres  du  Levant 
et  de  poudres  à  polir. 

M.  Briaült  (Fernand),  rue  du  Pressoir,  16,  à  Paris  (France).  —  2  machines  à  percer,  séries  de 
mandrins  pour  forets  et  d’instruments  de  mesure. 

M.  Chevalier  (J.-B.),  à  Marseille  (France).  —  Série  de  brosses  à  polir. 

MM.  Chouanard  (J.)  et  fis,  rue  Saint-Denis,  3,  à  Paris  (France).  —  6  tours,  2  machines  à  percer, 
1  étau-limeur,  1  machine  à  fraiser,  outils  divers. 

MM.  Costa  (M.  F.  da)  et  0e  (Portugal).  —  Outils  divers. 

M.  Delahaye  (A.-V.),  rue  Championnet,  23 1,  à  Paris  (France).  —  1  tour  à  tailler  des  roues 
de  montres. 

MM.  Delaunay  et  Tronchon,  rue  Saint-Ambroise,  29,  à  Paris  (France).  —  Série  de  meules 
d’émeri ,  1  machine  à  affûter  les  scies. 

M.  Deplanque  aîné,  à  Maisons-Alforl  (Seine)  (France).  —  Série  de  meules  d’émeri. 

MM.  Garrard  and  son,  à  Londres  (Grande-Bretagne).  —  Série  de  machines  à  brosses  garnies 
d’émeri  pour  nettoyer  les  couteaux. 


278 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


M.  Gruhier,  rue  de  Belleville,  5i,  à  Paris  (France).  —  1  machine  à  doler  les  pelleteries. 

M.  Gut  ( Henri ),  à  Wicdikon,  près  Zurich  (Suisse).  —  Papiers  et  toiles  d’émeri. 

Héritiers  de  P.  Henri  (Les),  passage  des  Favorites,  ai,  à  Paris  (France).  —  Série  de  meules 
d’émeri. 

M.  Herlin  fils  (A.-N.),  quai  de  Jemmapes,  108,  à  Paris  (France).  —  Série  de  montures  de 
meules  et  de  polissoires. 

MM.  Horton  ( E .)  and  son ,  à  Windsor  Locks  (Conn.)  (Etats-Unis).  —  Série  de  mandrins  uni¬ 
versels  pour  tours. 

M.  Huard,  rue  des  Cévennes,  38,  à  Paris  (France).  —  Série  de  meules  d’émeri. 

M.  Inoüge  ( Kiubei )  [Japon].  —  Appareil  à  soufflet  pour  ventiler. 

MM.  Jown  et  Lyon  ,  à  New-York  (États-Unis).  —  Série  d’étaux  parallèles. 

M.  Legras-Langelier fils ,  rue  du  Chemin-Vert,  189,  à  Paris  (France).  —  1  tour,  1  machine  à 
décolleter  à  levier. 

M.  Mills  (Exors  of  James),  près  Stockport  (Grande-Bretagne).  —  Série  de  clavettes,  cales,  etc., 
en  acier. 

M.  Nury  (Eugène),  à  Tarnos  (Landes)  [France].  —  Gabarit  pour  poinçonner  les  rails. 

M.  Pietra  Schiappa  (Portugal).  —  Outils  divers. 

M.  Richard  (P.-A.),  rue  des  Boulangers,  22,  à  Paris  (France).  —  3  machines  apercer. 

M.  Saludes  (Jules),  à  Levallois-Perret  (Seine)  [France].  —  1  appareil  à  affûter  les  scies,  1  vile¬ 
brequin  pour  percer. 

M.  Upton  (Geo),  k  Boston  (Etats-Unis).  —  Papiers  et  toiles  d’émeri,  de  quartz  et  de  grenat. 

M.  W hit  on  (D.-E.),  Machine  C°,  à  New  London  (Conn.)  [Etats-Unis].  —  2  machines  à  centrer, 
1  machine  à  tailler  les  roues  d’engrenage. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Pages. 

Composition  m;  j dry .  3 

Introduction .  5 

Division  du  matériel  de  la  classe .  7 

CHAPITRE  PREMIER. 

Observations  générales  : 

Distinction  entre  le  matériel  de  construction  et  le  matériel  de  fabrication .  8 

Importance  de  la  précision  dans  l’exécution  du  matériel . to 

Etude  des  machines .  12 

Arbres  principaux .  1 5 

Surfaces  de  frottement .  21 

De  la  masse  dans  les  machines .  21 

Outils . 22 

Machine  à  extraire  l’huile  des  copeaux .  26 

Transmission  de  la  force  motrice  aux  machines-outils  portatives .  27 

CHAPITRE  II. 

TOURS. 

Dispositions  générales  : 

Banc .  3  0 

Poupée .  3 1 

Contre-poupée .  32 

Chariotage  et  filetage  : 

Tours  h  cliarioter  à  la  main .  32 

Tours  h  cliarioter  et  à  fileter  automatiquement .  34 

Tours  à  fileter  divers .  38 

Tours  divers  : 

Tours  en  l’air,  à  banc  séparé .  3q 

Tours  à  poulies .  39 

Tours  h  roues .  4o 

Tours  h  reproduire .  4o 

Accessoires  de  tours  : 

Plateaux  et  mandrins .  4 1 

Lunettes .  42 

Dispositions  spéciales  des  chariots .  42 

Supports  d’outils . 43 

Dispositions  pour  tourner  sphérique .  44 

Appareils  de  fraisage .  44 

Grand  tour  universel  de  M.  Steinlen .  45 


280 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Outils  de  tour .  47 

Machines  à  décolleter . 49 

Machine  à  tronçonner  les  barres,  exposée  par  M.  Janssens .  54 

Machines  automatiques  à  faire  les  vis  à  métaux .  55 

CHAPITRE  III. 

MACHINES  À  PERCER  ET  A  ALESER. 

Dispositions  générales . . .  5  9 

Machines  à  percer . 61 

Machines  radiales .  65 

Outils  de  perçage .  66 

Machine  à  centrer .  67 

Machines  à  aléser. . . f .  67 

Outils  d’alésage .  72 

CHAPITRE  IV. 

MACHINES  A  TARAUDER. 

Considérations  générales .  78 

Machines  à  tarauder . 74 

Outils  de  taraudage .  77 

CHAPITRE  V. 

MACHINES  À  RABOTER. 

Considérations  générales .  79 

Machines  à  raboter  proprement  dites .  79 

Etaux-limeurs .  83 

Machines  mixtes  : 

Machine  à  raboter  de  M.  Steinlen  avec  commande  de  la  table  par  bielle .  86 

Machine  à  raboter  latérale,  système  Richards .  86 

Etau-limeur  à  vis,  système  Richards .  87 

Machines  spéciales  : 

Machine  de  MM.  Bouliey  à  chanfreiner  les  tôles .  87 

Machines  à  tailler  les  roues  d’angle .  88 

Outils  de  rabotage .  92 

Machine  à  rayer  automatiquement  les  canons  de  fusils .  9 4 

CHAPITRE  VI. 

MACHINES  À  MORTAISER. 

Revue  des  machines  exposées . . . 96 

Machine  de  M.  Fétu-Defize  à  faire  les  rainures  de  clavettes  dans  les  poulies,  volants,  etc.  98 

Machine  h  queue  d’aigle  de  M.  Demoor  à  faire  les  pans  des  têtes  de  boulons  et  des  écrous.  99 

Outils  de  mortaisage.  . . 99 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


*281 


CHAPITRE  VII. 

MACHINES  À  FRAISER. 

Considérations  générales .  101 

Caractères  applicables  à  tous  les  modèles  de  machines  à  fraiser  : 

Arbres  porte-fraise .  io5 

Montage  de  la  fraise . . .  108 

Clïariots .  108 

Montages  accessoires .  1 1 3 

Machines  horizontales .  n5 

Machines  verticales .  118 

Machines  à  orientation  variable  de  l’arbre  de  la  fraise .  121 

Machines  à  reproduire .  1 2  5 

Machines  spéciales  : 

Machines  à  tailler  les  fraises .  i3o 

Machine  à  tailler  les  forets  en  hélice .  1 37 

Machines  à  tailler  les  roues  d’engrenages . .  .  .  .  *  .  . .  187 

Machines  à  fraiser  les  têtes  de  boulons  et  les  écrous .  1 4 1 

Machine  à  fraiser  les  lames  d’épées-baïonnettes .  1 43 

Outils  de  fraisage . .  1  44 

CHAPITRE  VIII. 

MACHINES  À  SCIER  LES  METAUX. 

Des  diverses  catégories  de  machines  à  scier  : 

Scies  circulaires .  1 5  o 

Scies  h  ruban  sans  fin .  1 5o 

Scies  alternatives .  1 5 1 

Outils  à  scier . . . .  i5a 

CHAPITRE  IX. 

MEULES  ET  MACHINES  À  MEULER. 

Généralités  sur  les  mordants  naturels .  1  55 

Des  meules  en  général . . . . . .  1 56 

Meules  de  grès . .  ; . . . . .  1 58 

Meules  d’émeri.  .**  .........  . . . . .  159 

Procédés  de  fabrication  des  meules  d’émeri .  160 

Formes  diverses  de  meules .  1 63 

Instructions  pour  l’emploi  et  l’entretien  des  meules .  166 

Considérations  générales  sur  les  machines  à  meuler..  . . . .  167 

Machines  à  meuler  d’usage  général .  169 

Machines  à  dresser  les  surfaces  planes . .  . .  171 

Machines  à  rectifier  les  surfaces  cylindriques  ou  coniques. . .  174 

Machines  à  affûter  les  outils  simples . . . . .  177 

Machines  à  affûter  les  forets  héliçoïdaux  et  les  forets  à  langue  d’aspic  . . . .  180 


282  EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1880. 


Machines  à  affûter  les  fraises .  189 

Machines  à  affûter  les  scies .  1  97 

CHAPITRE  X. 

PRESSES. 

Classification  des  presses .  200 

Presses  d’usage  général  servant  à  découper,  à  poinçonner,  à  cisailler . . .  200 

Outils .  2o5 

Presses  à  découper  et  à  emboutir .  206 

Balanciers .  211 

Machines  à  emmandriner  et  a  démandriner .  21 3 

Machines  à  dresser .  2 1 4 

Découpoirs  et  presses  hydrauliques .  216 

Machines  à  river . .  217 

Machines  à  faire  par  compression  les  écrous,  les  rivets  et  les  vis .  221 

CHAPITRE  XI. 

MARTEAUX-PILONS  MECANIQUES  ET  A  AI  AIN. 

Marteau-pilon  à  main  de  M.  Ricbourg .  225 

Marteaux-pilons  à  courroie  de  friction  de  M.  Robelet .  225 

Marteau-pilon  à  courroie  et  à  ressort  exposé  par  MM.  Bouhey .  226 

Marteau-pilon  atmosphérique,  système  Chenot .  227 

Marteaux-pilons  à  tige  de  friction .  227 

CHAPITRE  XII. 

MACHINES  À  TRAVAILLER  LES  TOLES  ET  LES  FERS  EN  BANDES. 

Cisailles  pour  tôles  :  cisailles  droites . . .  23i 

Cisailles  circulaires .  2  33 

Machines  à  border,  à  moulurer  et  à  agrafer .  2  36 

Machines  à  plier .  237 

Machines  à  rouler  et  à  cintrer .  289 

Machines  à  couder,  à  refouler  et  à  souder . .  2  42 

Machines  à  dresser .  244 

Machines  à  laminer .  245 

Machines  diverses:  machines  h  faire  les  ressorts  à  boudins  de  sommiers .  246 

Machine  à  faire  automatiquement  la  ronce  artificielle .  247 

CHAPITRE  XIII. 

MATÉRIEL  D’AJUSTAGE,  DE  TRAÇAGE,  DE  MESURE,  DE  VERIFICATION  ET  D’ESSAI  DES  AIATIERES. 

Matériel  d’ajustage  et  de  traçage  :  étaux  d’ajusteurs . .  .  248 

Instruments  de  traçage . .  249 

Moyens  de  mesure  et  de  vérification  h  l’usage  des  ateliers  de  conslruction . 1  .  .  .  .  249 

Machines  à  essayer  les  métaux .  254 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


283 


CHAPITRE  XIV. 

MACHINES  SERVANT  À  L’EXPLOITATION  DE  LA  PIERRE  ET  DES  MATERIAUX  PIERREUX. 

Machines  à  perforer . . .  ü58 

Machines  à  débiter  les  blocs  :  scies  diamantées . .  260 

Scies  au  sable .  261 

Fil  héliçoïdal .  262 

Machines  à  travailler  les  plaques  de  marbre .  263 

Machines  à  polir  et  à  user  la  pierre  ou  le  verre  : 

Polissage  du  marbre  par  la  Société  du  fil  héliçoïdal .  265 

Machines  de  M.  Rosso  pour  le  polissage  des  verres  d’optique .  265 

Machine  à  graver  le  verre  au  jet  de  sable .  266 

Machines  à  broyer  et  à  malaxer  : 

Meules  d’Epernon .  264 

Broyeur  à  meules  en  fonte .  267 

Broyeur  Vapart . 267 

Broyeur  à  boulets  de  M.  Thivet-Hanctin .  268 

Malaxeur  à  cages  sphériques  de  M.  Thivet-Hanctin .  269 

Machine  à  étirer  de  MM.  Joly  et  Foucart  pour  briques,  tuiles,  tuyaux,  etc .  269 

Liste  des  exposants  hors  concours  et  récompensés  avec  indication  des  objets  exposés .  271 


■ 


■ 

■ 

. 


/ 


! 


' 


CLASSE  54 


Matériel  et  procédés  de  la  filature  et  de  la  corderie 


RAPPORT  DU  JURY  INTERNATIONAL 


PAR 

M.  IMBS 

PROFESSEUR  AU  CONSERVATOIRE  NATIONAL  DES  ARTS  ET  METIERS 


Avec  la  collaboration  de  M.  BESSONNEAU,  pour  la  corderie 


COMPOSITION  DU  JURY. 


MM.  Max-Richard,  Président ,  manufacturier,  vice- pre'si dent  de  la  Chambre  de 

commerce  d’Angers,  membre  du  jury  à  l’Exposition  de  Paris  en  1878. .  France. 

Bède  (E.),  Vice-Président,  ingénieur,  conseiller  communal .  Belgique. 

Imbs,  Rapporteur,  ingénieur  civil,  professeur  au  Conservatoire  national  des 

arts  et  métiers .  France. 

Bessonneau,  Secrétaire,  fabricant  de  cordages,  médaille  d’or  à  l’Exposition 

de  Paris  en  1878 .  France. 

Paraf,  suppléant,  membre  du  jury  des  récompenses  à  l’Exposition  d’Anvers 

en  188  5 .  Colonies. 

Le  Coustellier  ,  suppléant,  manufacturier,  médaille  d’or  à  l’Exposition  de 

Paris  en  1878 .  France. 


.  ; 


- 

■ 

MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS 

DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE. 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES. 

Nous  n’avons  pas  besoin  d’insister  ici,  par  de  longues  considérations  et  de  minu¬ 
tieuses  statistiques,  sur  l’importance  de  ce  champ  particulier  de  l’industrie  moderne 
que  constitue  la  filature.  Non  seulement  la  filature  et  toutes  les  industries  textiles  qui 
en  dépendent  forment,  avec  l’agriculture,  le  champ  le  plus  considérable  de  l’activité 
humaine,  mais  on  peut  dire  que  c’est  la  filature  qui,  en  commençant  à  se  développer, 
a  décidé  la  transformation  du  monde  moderne. 

Papin  restait  un  précurseur  sans  force  d’impulsion.  L’œuvre  ébauchée  de  Newcomen 
restait  sans  développement.  Celle  de  Yaucanson  serait  restée  sans  utilisation.  A  quoi 
bon  tisser  mécaniquement  le  peu  de  filés  dont  on  disposait!  C’est  le  besoin  de  pro¬ 
duction  du  fil  et  du  tissu,  c’est  l’appoint  qu’était  venu  ajouter,  à  cette  production, 
l’utilisation  encore  rudimentaire  de  la  fibre  du  coton  dans  le  Lancashire,  qui  ont 
produit,  à  partir  du  milieu  du  siècle  dernier,  les  grands,  les  merveilleux  efforts, 
éternel  honneur  de  l’Angleterre,  source  et  fondement  de  tout  le  mouvement  industriel 
moderne. 

Jusque-la,  les  antiques  méthodes  de  production  du  fer,  d’extraction  du  charbon  et 
les  moteurs  naturels  suffisaient  au  besoin  des  petites  industries  de  toutes  sortes  et 
aux  ressources  de  l’ingénieur.  A  partir  de  ce  moment,  l’équilibre  était  rompu,  et  les 
besoins  et  les  moyens  croissant  parallèlement,  les  découvertes  et  les  progrès  pratiques 
et  réels  se  sont  succédés,  avec  une  rapidité  continue  et  solidaire,  dans  toutes  les 
branches  d’activité  industrielle. 

Si  l’on  étudie  la  machine  de  filature  en  elle-même,  on  voit  qu’elle  a  été  le  terrain 
où  se  sont  posés  les  problèmes  les  plus  difficiles  et  les  plus  compliqués  de  la  cinéma¬ 
tique  et  qu’elle  a  toujours  constitué,  en  ce  sens,  la  meilleure  école  ayant  aidé  au 
progrès  de  toutes  les  autres  industries  devenues  mécaniques.  On  la  voit  nécessitant 
en  outre,  pour  ses  créations  ou  ses  perfectionnements,  toutes  les  facultés  du  véritable 
ingénieur,  tant  par  la  délicatesse  des  observations  expérimentales,  par  les  difficultés 
géométriques  et  par  la  précision  des  calculs,  que  par  le  sentiment  intime  qu’elle  exige 
des  actions  et  des  réactions  réciproques  exercées  par  les  fonctions  simultanées  et  par 
les  organes  combinés,  soit  sur  eux-mêmes,  soit  sur  le  produit  si  sensible  et  soumis  a 
de  si  extrêmes  vitesses. 

•  0 


Groupe  VI.  —  iv. 


IMPRIMERIE  NATION  A 


290 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


On  ne  peut  donc  s’étonner  si,  après  plus  d’un  siècle  d’efforts  accumulés,  et  cpioiquc 
aucune  matière  n’ait  attiré  le  concours  continu  d’un  aussi  grand  nombre  d’esprits 
ingénieux,  la  machine  de  filature  est  encore  un  champ  de  perfectionnement  non 
épuisé.  Et  cependant,  la  machine  de  filature  et,  avec  elle,  celle  de  tissage  ont  atteint 
aujourd’hui-  une  perfection  telle,  que  si  leur  production  actuelle,  en  fil  et  en  tissu, 
devait  être  encore  réalisée  par  les  procédés  de  1760,  le  labeur  continu  de  la  popula¬ 
tion  entière  du  globe  n’y  pourrait  suffire. 

C’est  avec  regret,  nous  le  disons  hautement,  que  nous  avons  vu  l’abstention  com¬ 
plète  des  constructeurs  anglais  dans  la  classe  54.  Car  si  les  noms  illustres  de  Ph.  de 
Girard  et  de  Heilmann  ont  bien  marqué  la  part  prise  par  la  France  dans  l’évolution 
de  la  machine  de  filature,  si  le  nom  de  Whitney  y  marque  pour  l’Amérique  une  part 
d’une  portée  exceptionnelle,  l’œuvre  prépondérante,  dans  les  créations  et  les  transfor¬ 
mations  qui  s’v  rapportent,  est,  on  le  sait,  celle  des  inventeurs  du  Lancashire  et, 
en  particulier,  de  ceux  qui  ont  poursuivi  sans  relâche  les  progrès  de  la  machine  a 
coton. 

Cette  absence  de  l’Angleterre,  dans  la  classe  54,  en  1889,  menaçait  d’ôler  à  cette 
classe  son  principal  attrait.  On  se  souvient,  en  effet,  que  c’est  par  le  concours  de  l’An¬ 
gleterre  que  l’Exposition  universelle  de  1878  avait  pu  présenter,  sous  un  développe¬ 
ment  brillant  et  considérable,  le  matériel  et  les  procédés  de  la  filature  et  de  la  cor- 
derie,  à  côté  des  produits  de  cette  dernière  industrie,  que  l’on  a  pris  l’habitude  de 
joindre  au  programme  de  la  même  classe,  bien  que  ces  produits  fassent  réellement 
une  partie  naturelle  du  groupe  IV  dont  on  les  sépare  â  tort.  D’importantes  maisons 
anglaises,  dont  la  réputation  est  des  plus  anciennes,  avaient  apporté  et  présenté  â 
cette  époque,  pour  la  filature  du  lin  et  surtout  pour  celle  du  coton,  des  assortiments 
de  machines  dont  la  perfection  et  le  fonctionnement  irréprochables  frappaient  parti¬ 
culièrement  l’attention  des  visiteurs,  et  dont  le  groupement  semblait,  autant  par  son 
importance  que  par  son  éclat,  défier  toute  rivalité  possible  dans  l’avenir,  pour  des 
expositions  futures  et  pour  cette  même  classe. 

On  peut  donc  se  demander,  à  juste  titre,  comment,  malgré  l’absence  complète  des 
constructeurs  anglais,  la  classe  54,  comme  presque  toutes  les  autres  dans  l’Exposition 
universelle  de  1889,  a  pu  égaler  pleinement  et  même  dépasser  de  beaucoup,  en 
développement  et  en  haut  intérêt,  les  souvenirs  laissés  par  l’Exposition  de  1878. 

Mais  cette  abstention  des  constructeurs  anglais  11’a  été  préjudiciable ,  pour  l’Exposi¬ 
tion  de  1889,  que  pour  une  seule  branche  de  la  filature,  pour  celle  du  lin  et  de  ses 
succédanés.  Pour  cette  branche,  il  n’existe  en  effet,  actuellement,  de  constructeurs 
sérieux  et  complets  qu’en  Angleterre.  C’est  là  qu’ont  été  reprises  en  sous-œuvre  les 
inventions  de  Pli.  de  Girard,  c’est  là  que  ces  inventions  ont  pris  leur  forme  industrielle 
et  quelles  se  sont  perfectionnées  dans  un  vaste  champ  d’application.  11  est  vrai  que  ce 
matériel  perfectionné  se  construisait  aussi  autrefois  à  Lille  et  en  Alsace.  Les  doyens  de 
nos  grands  industriels  de  la  filature  du  lin  et  du  chanvre  peuvent  encore  témoigner 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDER1E.  291 


que  les  machines  de  ce  genre,  construites  il  y  a  une  trentaine  d’années  à  Guebwiilcr, 
ne  le  cédaient  en  rien,  quant  à  la  bonne  entente  générale  de  la  construction,  quant 
aux  bonnes  proportions  et  à  la  perfection  de  l’exécution  des  pièces,  et  quant  à  l’ingé¬ 
niosité  des  détails,  aux  métiers  anglais  construits  à  la  même  date.  Il  en  a  été  de  même 
pour  certaines  machines  de  préparations  construites  à  Lille  à  cette  époque.  Mais  en  lin 
comme  en  coton,  le  filateur  français  n’a  jamais  apporté  la  persistance  suffisante  à 
soutenir  ses  relations  avec  ses  constructeurs  naturels.  En  outre,  le  prestige  des 
constructeurs  anglais  subsistait  par  le  seul  fait  de  la  priorité  qu’ils  avaient  eue  a  un 
moment  donné. 

Le  préjugé  en  faveur  de  la  construction  anglaise,  favorisé  dans  son  influence  par 
les  droits  d’entrée  trop  faibles  établis  par  les  traités  de  1860,  ont  accompli  leur  œuvre 
néfaste.  Les  ateliers  français  de  construction  pour  filatures  de  lin  et  de  chanvre,  qui 
existaient  il  y  a  trente  ans  et  qui  eussent  pu  se  développer  pour  le  bien  réel  de  nos 
industries,  ont  du  renoncer  à  continuer  cette  construction,  qu’ils  n’eussent  pu  pro¬ 
longer  qu’à  des  prix  ruineux,  que  leur  imposaient  ces  préjugés  de  nos  filateurs  et  ces 
circonstances  fatales  de  nos  tarifs. 

En  coton,  la  machine,  un  peu  plus  ouvrageuse  et  moins  onéreuse  quant  à  la  quan¬ 
tité  proportionnelle  de  matière  première  à  bas  prix  qu’elle  exige,  a  rendu  le  coup 
moins  subit  dans  ses  conséquences.  Les  petits  constructeurs  français  pour  coton  ont 
péri.  Presque  seuls,  les  grands  constructeurs  alsaciens  ont  pu  résister;  mais  la  guerre 
franco-allemande  est  venue  les  séparer  de  nous  et  nous  priver  des  plus  solides  élé¬ 
ments  que  nous  possédions  comme  construction  de  filature  en  général.  Sauf  certaines 
spécialités  restreintes,  la  construction  courante  de  filature  a  reçu  un  coup  mortel  en 
France;  elle  n’y  renaîtra  sérieusement  que  si  des  circonstances  exceptionnelles  et  des 
tarifs  défensifs  efficaces  le  permettent  ultérieurement. 

En  ce  qui  concerne  la  construction  pour  lin  et  chanvre,  Lille  et  Guebn illcr  étaient 
les  seuls  points  du  continent  où  elle  était  pratiquée.  C’est  donc  en  Angleterre  unique¬ 
ment  qu’est  concentré  actuellement  tout  ce  qui  concerne  l’exécution  du  matériel  prin¬ 
cipal,  aussi  bien  que  du  matériel  secondaire  de  cette  branche  de  la  filature,  et 
l’abstention  des  constructeurs  anglais  a  donc  privé  l’Exposition  de  i88q  de  tout  ce 
qui  se  réfère  à  ces  grandes  et  fortes  fibres. 

Mais,  pour  les  autres  branches  de  la  filature  et  pour  toutes  les  autres  fibres,  fines 
et  délicates,  comme  par  une  préméditation  ou  par  un  mot  d’ordre  donné,  les  construc¬ 
teurs  du  continent,  alsaciens,  belges,  suisses,  français,  ont  remplacé  grandement  et 
avantageusement  leurs  puissants  concurrents  absents.  Des  maisons  qui,  depuis  long¬ 
temps,  n’avaient  pas  paru  aux  expositions  successives,  se  sont  subitement  réveillées, 
désireuses  de  montrer  leur  importance  et  leur  perfection,  ou  leur  originalité  et  leurs 
qualités  spéciales.  Des  maisons  nouvelles  se  sont  jointes  à  celles-là. 

Il  en  est  résulté  que,  sauf  ce  matériel  du  lin  et  celui  de  la  corderie,  la  classe  54  a 
présenté  un  ensemble  aussi  complet  qu’il  était  possible  de  le  souhaiter  et,  en  même 


292 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


temps,  une  physionomie  plus  brillante  et  plus  intéressante  encore  qu’en  1878.  Car 
toutes  les  parties  des  autres  branches  du  matériel  général  de  la  filature  se  sont 
trouvées  représentées  dans  des  proportions  et  dans  des  conditions  d’éclatante  per¬ 
fection  qui  n’ont  jamais  été  atteintes  dans  aucune  exposition  antérieure,  même  spé¬ 
ciale. 

On  conservera  certes  longtemps  encore  le  souvenir  des  expositions  de  MM.  Platt 
brothers,  d’Oldham,  et  Dobson  Barlow,  de  Bolton,  de  1878.  Mais,  en  1889,  celles 
de  l’excellente  filature  de  coton  de  MM.  Rieter,  du  puissant  matériel  des  deux  maisons 
verviétoises,  ne  leur  cèdent  en  rien.  Et  on  ne  reverra  peut-être  jamais,  comme  en 
1889,  ni  un  groupe  de  nouveautés  aussi  original  que  celui  de  M.  Grün,  ni  le  sédui¬ 
sant  fonctionnement  présenté  par  les  Chantiers  de  la  Buire,  ni  la  merveilleuse  et 
grandiose  exhibition  de  la  Société  alsacienne. 

Et  à  côté  de  ceux  que  nous  nommons  ici,  combien  d’autres,  grands  ou  petits,  par 
un  ensemble  ou  par  une  machine  spéciale,  sont  venus  contribuer  à  faire  ressortir  le 
caractère  complet  et  harmonieux  qu’a  présenté  la  classe  54,  en  1889,  Pour  f°ut  ce 
qui  est  fin,  soigné  et  difficile. 

Ainsi,  en  réalité,  la  classe  54  a  été  des  [dus  remarquables  en  1889,  malgré  l’ab¬ 
sence  absolue  de  l’Angleterre .  .  « 

Les  produits  de  la  corderie,  et  notamment  ceux  de  la  corderie  métallique,  ont 
figuré  non  seulement  en  pyramides  plus  majestueuses  que  l’on  n’en  vit  jamais,  mais 
encore  en  produits  intrinsèques  d’une  supériorité,  d’une  égalité  et  d’une  puissance  qui 
marquent  d’un  jour  très  vif  les  progrès  du  matériel  mécanique  que  leur  production 
utilise,  et  des  industriels  eux-mêmes  qui  les  réalisent. 

Le  matériel  général  de  la  filature  du  coton  a  montré,  sur  une  échelle  considérable, 
ses  derniers  modèles  les  plus  perfectionnés,  dans  toutes  les  parties  du  travail  de  cette 
industrie  d’importance  prépondérante.  Le  matériel  de  la  filature  de  la  laine  peignée, 
du  système  français,  a  figuré  au  complet,  par  des  expositions  diverses  de  grandes  pro¬ 
portions  et  par  des  spécimens  de  haute  valeur  de  nature  à  consolider  encore  la  juste 
réputation  de  supériorité  qu’il  s’est  acquise.  Le  matériel  général  de  filature  de  laine 
cardée,  grandement  exposé  par  plusieurs  maisons,  s’est  présenté  de  même  dans  des 
conditions  de  puissance  économique  nouvelles.  Enfin,  celui  de  la  filature  de  la  soie 
grège  est  venu  compléter  de  la  manière  la  plus  heureuse  l’ensemble  des  expositions  de 
procédés  de  filature,  en  montrant  les  charmantes  ingéniosités  mécaniques  qui  concou¬ 
rent  au  progrès  actuel  que  subit  cette  industrie,  demeurée  trop  longtemps  et  trop 
exclusivement  manuelle. 

A  côté  des  industries  principales,  les  industries  secondaires  restent  en  valeur  relative 
parallèle.  Pièces  détachées,  garnitures  de  cardes,  machines  accessoires  se  sont  mon¬ 
trées  avec  le  même  développement  en  extension,  en  variétés  et  en  améliorations  résul¬ 
tant  d’un  progrès  continu. 

Ce  progrès  bien  marqué  est  beaucoup  plus  considérable,  en  général,  qu’il  n’était 


MATERIEL  ET  PROCEDES  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  293 


possible  de  le  prévoir.  Toutes  ces  industries  sont  en  effet,  depuis  bien  des  années,  por¬ 
tées  à  un  degré  de  perfection  extrême  et  tel  que,  au  premier  abord,  on  ne  saurait 
entrevoir  presque  aucune  direction  dans  laquelle  de  nouvelles  améliorations  pourraient 
être  introduites.  Malgré  tout,  et  la  plupart  du  temps,  sans  aucune  altération  des  prin¬ 
cipes  généraux  qui  constituent  les  machines  en  usage,  celles-ci  ne  restent  pas  immua¬ 
bles,  tant  s’en  faut.  Ce  sont  tantôt  des  modifications  de  détails  qui  rendent  la  machine 
plus  exacte,  tantôt  des  simplifications  qui  la  rendent  plus  pratique  et  plus  économique, 
ou  bien  des  changements  de  proportions  ou  d’exécution,  qui,  par  une  faculté  de  vi¬ 
tesse  supérieure  ou  par  une  diminution  des  temps  perdus,  la  rendent  plus  productive. 
Toutes  ces  conditions  concourent  naturellement  vers  un  but  principal,  qui  est  la  réduc¬ 
tion  de  plus  en  plus  grande  de  la  main-d’œuvre  et  des  frais  nécessités  par  le  service  du 
matériel.  Parfois  aussi,  une  machine  nouvelle  ou  partiellement  nouvelle  vient  combler 
quelque  lacune,  en  répondant  à  un  but  spécial  négligé  jusqu’ici. 

De  ces  transformations  continues  découle  un  résultat  qui  dépasse  de  loin  celui  que 
pourrait  concevoir  un  observateur  superficiel,  et  tandis  que,  au  premier  aspect,  le  ma¬ 
tériel  en  général  semble  rester  à  peu  de  chose  près  le  même,  il  se  modifie  en  réalité 
avec  une  rapidité  telle,  que,  dans  le  court  espace  d’une  dizaine  d’années,  la  machine 
ancienne  se  trouve  complètement  distancée  par  la  machine  nouvelle,  au  point  de  vue 
de  l’économie  d’exploitation. 

Ce  résultat  mérite  la  considération  la  plus  attentive,  de  la  part  de  l’industriel  et  de 
l’homme  d’Etat,  en  tous  pays.  Pour  le  premier,  ce  n’est  pas  seulement  son  intérêt  per¬ 
sonnel  d’économie  et  de  bénéfice  qui  est  mis  enjeu  par  ce  progrès  continu,  c’est  son 
existence  même  qui  est  mise  en  question  à  brève  échéance  par  l’extrême  concurrence 
actuelle,  s’il  ne  suit  pas  le  courant.  Pour  le  second,  ce  progrès  si  rapide  a  pour  consé¬ 
quence  impérieuse  la  nécessité  de  veiller  sans  arrêt  à  tout  ce  qui  peut  assurer,  sans 
aucune  perturbation,  une  solide  assise  économique  à  l’industrie  de  son  pays;  car  par¬ 
tout  où,  ne  fut-ce  que  pendant  quelques  années,  une  industrie  de  cette  nature  ne 
pourrait  réussir  à  amortir  rapidement  et  régulièrement  ses  importantes  immobilisations 
en  matériel,  cette  industrie  serait,  par  cela  même,  hors  d’état  de  lutte  et  vouée  à  l’in¬ 
fériorité  et  à  une  ruine  certaine,  si  des  conditions  défavorables  se  prolongeaient. 

Il  sera  facile  de  se  rendre  compte  des  progrès  mis  en  évidence  à  ce  sujet  par  l’Ex¬ 
position  de  1889,  quand  nous  aurons  décrit  les  principales  expositions  partielles  qui 
composaient  la  classe  5  U  ;  nous  résumerons  alors  et  préciserons  nous-même  les 
points  principaux  qui  caractérisent  ces  progrès. 

Pour  la  description  que  nous  avons  à  faire,  nous  croyons  devoir  n’établir  qu’un 
petit  nombre  de  subdivisions  ou  chapitres  très  larges,  et  non  suivre  isolément  ce  qui 
se  réfère  à  chaque  industrie  spéciale.  Cette  méthode  s’impose  a  nous  par  la  nature 
même  d’un  grand  nombre  d’expositions  individuelles  faisant  partie  de  la  classe  5  A  et 
se  rattachant  souvent  à  plusieurs  branches  simultanément,  de  telle  sorte  que,  sans 
cette  méthode,  le  caractère  particulier  de  ces  expositions  ne  pourrait,  en  aucune  ma- 


294 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


nière,  apparaître  sous  son  vrai  jour,  leur  description  se  trouvant  fractionnée  dans  des 
chapitres  nombreux,  distincts  et  parfois  fort  distants  les  uns  des  autres. 

Nous  suivrons,  en  conséquence,  la  division  suivante  : 

Matériel  principal  de  la  filature; 

Matériel  accessoire  de  la  filature; 

Matériel  secondaire  de  la  filature; 

Produits  de  la  corderie. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  295 


CHAPITRE  PREMIER. 

MATÉRIEL  PRINCIPAL  DE  LA  FILATURE. 


Société  alsacienne  de  constructions  méca¬ 
niques. 

Société  de  Bitschwiller. 

P.-T.  Grün. 

E.  Meunier. 

G.  Riche. 

P.  Heilmànn  fils. 

Parfait-Durois. 

Mérelle. 

J.  Rieter  et  C‘\ 

G.  Rissler. 


Aug.  Vimont. 

Célestin  Martin. 

Société  Verviétoise. 
Alexandre  père  et  fils. 
Compagnie  de  Fives-Lille. 
J.  Barbier. 

Delantsheer. 

La  Ramie  française. 
Chantiers  de  la  Buire. 
Battaglia. 

Grant. 


Nous  rassemblons,  sous  le  titre  «Matériel  principal  de  la  filature»,  toutes  les  expo¬ 
sitions  qui  concernent  l’outillage  visant  les  opérations  habituelles  des  différentes  bran¬ 
ches  de  la  production  du  (il  simple. 

Nous  rapprocherons  d’ailleurs,  autant  que  possible,  les  unes  des  autres  dans  notre 
description,  les  expositions  ayant  une  analogie  ou  une  connexité  relative,  par  leur  na¬ 
ture  ou  par  la  destination  de  leurs  appareils. 


Société  alsacienne  de  constructions  mécaniques  (Mulhouse,  Belfort, 

Graffenstaden). 

Cette  puissante  et  ancienne  maison  a  tenu  à  jeter  la  pleine  lumière  sur  ses  moyens,  sur  ses  produits 
et  sur  leurs  mérites.  Son  exposition,  comme  brillant  développement  et  comme  perfection  d’exécution, 
a  été  la  plus  remarcpiable  qu’il  y  ait  jamais  eu  en  machines  courantes  de  filature,  et  nous  ne  serons 
pas  taxé  d’exagération  en  disant  que  les  spécimens  d’usines  modèles  que  cette  maison  a  développés 
sur  un  espace  de  900  mètres  carrés,  avec  sa  propre  machine  à  vapeur  au  centre,  ont  eu  un  caractère 
absolument  grandiose,  unique  et  en  rapport  avec  le  magnifique  cadre  qui  les  contenait. 

En  fait,  la  Société  alsacienne  a  présenté,  dans  la  classe  54,  deux  assortiments  de  machines  abso¬ 
lument  complets,  l’un  pour  la  filature  du  coton  en  peigné  ou  en  cardé,  l’autre  pour  les  préparations 
et  la  filature  de  la  laine  peignée,  d’après  le  système  généralement  connu  sous  le  nom  de  système  fran¬ 
çais,  et  qui  s’est  acquis  une  si  grande  réputation  de  supériorité  pour  les  laines  fines,  et  ces  deux  as¬ 
sortiments  se  présentaient  avec  les  derniers  progrès  réalisés  et  dans  des  conditions  d’insurpassable 
perfection  d’exécution. 

L’assortiment  pour  coton  comprenait  les  machines  suivantes  : 

Un  batteur  simple  extrêmement  soigné,  dans  lequel  il  convient  de  remarquer  une  disposition  spé- 


296 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


cia’e  pour  régler  la  vitesse  d’entrée  de  l’air  dans  la  grille,  tout  en  fournissant  toujours  la  quantité 
d’air  voulue  pour  l’entraînement  régulier;  le  régulateur  d’alimentation,  h  cônes  de  grandes  mesures 
et  commandé  directement  par  l’enroulage,  est  aussi  une  amélioration  des  dispositions  habituelles. 

Une  carde  à  hérissons,  à  1  chapeau  tournant  et  7  travailleurs,  avec  1  volant  débourreur  placé  sous 
le  briseur  et  fort  bien  entendu  aussi  bien  que  conditionné. 

Une  carde  à  chapeaux  en  chaîne  sans  fin,  d’après  les  types  les  plus  parfaits,  actuellement  et  si  juste¬ 
ment  préférés  pour  leur  grande  puissance,  leur  bon  produit  et  leur  extrême  économie  de  service, 
d’entretien  et  de  réglage.  Dans  cette  belle  machine,  la  Société  alsacienne  a  adopté,  pour  le  réglage 
concentrique  des  chapeaux  autour  du  tambour,  un  système  de  doubles  cintres  superposés,  formant 
coins  l’un  sur  l’autre,  et  dont  le  glissement  circulaire,  réservé  au  cintre  inférieur,  offre  un  moyen 
aussi  simple  que  précis  de  dilatation  ou  de  contraction  concentrique  d’une  quantité  voulue,  même  infi¬ 
nitésimale.  Dans  ce  système  de  cardes ,  les  chapeaux  en  travail  se  déplacent  d’un  mouvement  insen¬ 
sible,  et  qui  est  habituellement  donné  dans  le  sens  correspondant  à  celui  du  tambour  et  du  coton 
lui-même.  La  Société  alsacienne  a  pensé  plus  rationnel  d’adopter  un  sens  opposé,  afin  d’amener  con¬ 
stamment  des  chapeaux  frais  et  nets  au  point  où  le  travail  se  termine  et  afin  d’extraire  les  boutons 
volumineux  avant  qu’ils  aient  été  réduits  en  menus  fragments.  Il  est  vrai  que,  d’une  autre  part, 
quelques  flocons  livrés  par  l’alimentation  et  qui  viennent  s’accrocher  aux  premiers  chapeaux,  sont 
aussi  forcément  ramenés  au  dehors,  avant  d’avoir  pu  être  complètement  divisés,  et  si  on  épure  mieux , 
si  l’on  rejette  ainsi  de  suite  certains  gros  boutons,  par  contre,  il  doit  en  résulter  forcément  une  cer¬ 
taine  augmentation  de  déchet.  Il  est  évident  toutefois  que  la  belle  carde  de  la  Société  alsacienne  peut 
être  exécutée,  au  gré  des  acheteurs,  pour  l’un  ou  l’autre  des  sens  de  marche  de  la  chaîne  des  cha¬ 
peaux,  selon  que  l’on  préférera  soit  plus  de  pureté,  soit  moins  de  déchet. 

Une  peigneuse  du  système  Hübner,  dont  le  mérite  n’a  plus  besoin  d’être  mis  en  évidence  depuis  que 
de  longues  années  de  succès  l’ont  consacrée.  Cette  machine  est  d’ailleurs  une  ancienne  et  heureuse 
création  de  la  Société  alsacienne.  Beaucoup  plus  simple  que  la  peigneuse  Heilmann  colon,  elle  se  pré¬ 
sentait  en  outre  dans  celte  exposition  avec  des  perfectionnements  récents.  L’organe  refouleur  de 
M.  Baudoin,  qui  y  est  appliqué,  sans  compliquer  la  machine,  améliore  considérablement  la  mèche 
peignée.  Un  peu  trop  d’entretien,  nécessité  par  le  remplacement  et  l’usure  des  manchons,  est  la  seule 
légère  critique  qu’on  puisse  se  permettre  à  son  sujet;  mais  la  peigneuse  Heilmann  a  de  bien  plus 
graves  et  de  plus  délicates  causes  d’entretien  que  ce  détail  de  la  peigneuse  Heibner.  Toutefois,  et  bien 
que  ce  point  de  vue  paraisse  présenter  actuellement  moins  d’intérêt  que  par  le  passé,  il  est  évident 
que  l’organe  arracheur  et  celui  de  retenue,  dans  cette  machine,  ne  permettent  pas  bien  le  travail  des 
courtes  soies,  pas  mieux  que  pour  la  peigneuse  Heilmann.  Ces  observations  n’ont  d’ailleurs  aucune¬ 
ment  pour  but  d’abaisser,  en  quoi  que  ce  soit,  la  grande  valeur  de  cette  belle  machine,  dans  son  véri¬ 
table  champ  d’application. 

Des  bancs  d’étirage,  à  h  et  5  rangs  de  cylindres,  admirablement  soignés  dans  tous  leurs  détails, 
munis  de  tous  les  appareils  de  sûreté  et  d’arrêt,  dans  lesquels  nous  remarquerons  l’heureuse  disposi¬ 
tion  par  laquelle  le  mouvement  des  pots,  placé  dans  le  sol,  abaisse  notablement  la  hauteur  de  la  ma¬ 
chine  généralement  gênante. 

De  magnifiques  bancs  à  broches  en  gros,  intermédiaire  et  finisseur,  à  bobines  atteignant  les  plus 
grandes  dimensions  réalisées,  h  longs  cônes  commandé?  par  de  larges  courroies,  dont  la  marche  par¬ 
faite  est  rendue  aussi  peu  bruyante  que  possible  par  le  soin  extrême  d’exécution  des  roues  d’engre¬ 
nages. 

Un  métier  continu  h  anneau  à  filer  sur  tubes  en  papier  côniques,  à  broches  libres,  du  genre  le  plus 
moderne,  susceptibles  de  marcher  à  9,000  ou  10,000  tours  par  minute,  à  double  tambour  moteur 
et  mouvement  des  chariots  sur  traverses,  h  commande  du  second  tambour  par  courroie  ou  par  corde  et 
à  cylindres  inclinés. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  297 


Un  métier  à  retordre  du  même  type,  avec  freins  d’arrêt  à  chaque  broche,  muni  d’un  système  de 
brise-mariage,  précieux  pour  tous  genres  de  retors  à  2  bouts. 

L’assortiment  pour  la  laine  peignée  comprenait ,  de  son  côté,  les  machines  suivantes  : 

Une  machine  à  laver  les  laines  brutes,  à  bacs  à  injecteurs,  h  chaînes  en  barres  métalliques  articu¬ 
lant  sans  rivures  ni  mailles,  h  puissantes  presses  et  à  mouvement  de  râteaux  ou  de  fourches  habituel, 
dont  les  belles  proportions  sont  à  remarquer. 

Une  grande  et  puissante  carde  double  avec  avant-train,  de  1  m.  5 5o  d’arasement.,  la  partie  d’arrière 
montée  mobile  sur  galets  sur  rails.  La  sortie  de  cette  machine  présente,  avant  l’appareil  bobineur  ha¬ 
bituel,  un  nouvel  appareil  briseur  de  chardons  du  sys'.ème  Offermann.  Cet  appareil  consiste  en  2  forts 
cylindres  à  cannelure  très  vive  et  ayant  toute  la  largeur  du  voile.  Entre  les  deux  cylindres,  une 
traverse  à  arêtes  vives,  placée  en  dessous,  se  règle  presque  au  contact  des  cylindres  qui,  étirant  le 
voile  cardé  sur  les  angles  de  cette  traverse,  mâchurent  les  brins  chardonneux  sans  toucher  aux 
fibres.  Le  peigne  détacheur  de  cette  large  carde  est  monté  sous  une  traverse  formant  supports  inter¬ 
médiaires  et  permettant  d  '  donner  au  peigne  toute  la  vitesse  nécessaire ,  sans  aucun  fouettement 

Une  grande  carde  simple,  de  même  arasement  que  la  précédente,  avec  briseurs  en  lame  de  scie, 
sortie  en  bobine  et  peigne  détacheur  identiques.  Avant  la  sortie,  cette  machine  comprend  l’orgam; 
briseur  de  chardons  employé  depuis  quelques  années  et  connu  sous  les  noms  de  MM.  Harmel  et 
Offermann ,  qui  est  composé  d’un  cylindre  supérieur  à  lamelles  d’acier  tournant  presque  au  contact 
d’un  cylindre  inférieur  en  acier  lisse.  C’est  en  agissant  sur  le  ruban  aplati  fourni  par  le  voile  cardé, 
que  cet  organe  casse  le  chardon  sans  nuire  aux  fibres  et  rend  tant  de  services  depuis  son  introduction. 

Une  grande  et  belle  lisseuse  à  2  bacs  étagés,  à  2  presses  et  à  8  cylindres  sécheurs,  munie  à  sa  sortie 
de  2  larges  têtes  étireuses  à  manchons  supérieurs,  desservies  par  4  frottoirs  et  fournissant  à  4  appa¬ 
reils  bobineurs. 

Un  étirage  avant  peignage,  à  4  têtes,  à  manchons  en  dessus  (disposition  Bazilier)  et  à  4  bobines 
sans  frottoirs. 

Un  étirage  h  hérissons,  pour  laines  longues,  à  2  volumineux  pots  tournants,  bien  proportionnés 
au  produit  voulu  de  la  machine. 

Une  peigneuse  nouvelle,  système  Ziegler  et  Offermvm,  fort  remarquable  par  ses  dispositions  et  sa 
belle  exécution.  Dans  cette  machine,  l’appareil  arracheur  reste  fixe,  solidement  établi  sur  les  bâtis, 
et  son  développement  d’arrachage  est  complété  par  le  jeu  vertical  opposé  de  deux  lames  qui  achèvent 
d’extraire  la  queue  de  mèche  en  la  rabattant.  L’appareil  alimentaire  est  seul  en  balancement,  s’écar¬ 
tant  et  s’abaissant  pour  opérer  le  peignage,  et  se  portant  en  avant,  en  continuant  avec  le  peigne  fixe 
son  rapprochement  pendant  l’arrachage,  afin  d’échelonner  les  tôles  de  fibres  dans  le  ruban  peigné.  Le 
tambour  peigneurest  fait  d’une  manière  toute  spéciale  et  porte,  au  lieu  de  barrettes  parallèles  à  l’axe 
et  formant  génératrices,  des  lamelles  méplates  et  arquées,  placées  côte  h  côte  transversalement  et 
formant  des  lignes  circulaires  parallèles,  fournies  d’aiguilles  s°rrées  et  graduées,  avec  ruelles  étroites 
séparant  ces  lignes.  D’autre  part,  le  tambour,  tout  en  faisant  sa  révolution,  se  transporte  latérale¬ 
ment  et  alternativement ,  de  la  quantité  nécessaire  pour  faire  agir  ces  lignes  d’aiguilles  en  tous  les 
points  de  la  tête  à  peigner.  Une  brosse  méplate  transversale  force  la  pénétration  parfaite  de  celte  tête, 
qui  se  trouve  ainsi  travaillée  très  à  fond ,  quoique  avec  une  grande  douceur.  Les  mouvements  du 
double  balancement  de  l’appareil  alimentaire  sont  très  heureusement  et  harmonieusement  réalisés,  sans 
aucun  excentrique,  et  uniquement  par  des  manivelles  et  bielles  combinant  leurs  points  morts.  Le 
trava’l  effectué  par  celte  belle  machine  est  des  plus  remarquables,  et  si  le  tambour  peigneur  n’est 
pas  d’un  p  ix  excessif,  comme  exécution  et  comme  entretien,  elle  peut  assurément  compter  parmi 
les  meilleures  peigneuses  existantes  pour  laines  fines,  et  fondées  sur  les  principes  de  Heilmann,  aux¬ 
quels  on  est  toujours  obligé  de  revenir  pour  un  travail  soigné  de  ces  matières. 


208 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


Un  étirage  vide-pots  à  2  têtes,  avec  manchons  en  dessus,  à  2  frottoirs  à  grande  course  et  à  2  bobines, 
avec  rouleaux  dérouleurs  à  l’arrière  mus  par  engrenages. 

Un  étirage  de  deuxième  passage  en  gill-box-double,  à  manchons  Bazilier  et  à  2  bobines. 

Un  étirage  de  troisième  passage  à  4  frottoirs  et  4  bobines,  avec  gros  rouleaux  de  pression  sur  double 
rang  de  cannelés.  Dans  cette  machine  comme  dans  toutes  les  suivantes,  l’axe  des  hérissons  est  muni 
d’un  frein  en  deux  pièces,  à  charge  variable  et  à  frottement  gras,  qui  assure  à  la  perfection  la  régula¬ 
rité  de  rotation  de  cet  axe. 

Un  bobinoir  intermédiaire,  faisant  des  bobines  croisées  à  double  mèche ,  avec  casse-fils  et  débrayage 
électrique  par  un  barbin  indépendant  pour  chaque  fil  entrant,  disposition  éminemment  précieuse,  en 
raison  des  doublages  par  4  mèches  indépendantes,  qu’il  est  nécessaire  de  pratiquer  dans  les  prépara¬ 
tions  de  ce  genre  de  matières. 

Un  bobinoir  finisseur  faisant  des  bobines  coniques  en  double  rangée,  avec  casse-fils  à  débrayage 
électrique,  comme  au  précédent,  dont  la  disposition  du  double  rang  de  bobines  sur  3  rouleaux  d’ap¬ 
pel  est  des  plus  heureuses  et  d’un  service  commode,  et  dont  le  mouvement  de  raccourcissement  des 
couches  est  d’une  combinaison  aussi  simple  qu'ingénieuse. 

Un  métier  renvideur  qui  servait  à  la  fois  de  spécimen  pour  laine  et  pour  coton,  bien  que  fait  pour 
laine,  et  qui  témoignait  d’une  admirable  perfection  dans  tous  ses  détails.  Gomme  tous  les  bons  mo¬ 
dèles  actuels,  ce  métier  a  la  commande  indépendante  pour  le  dépointage  et  la  rentrée,  avec  anticipa¬ 
tion  des  déplacements  de  la  courroie  principale.  Il  est  à  baguettes  articulées ,  à  régulateur  de  secteur 
du  système  Ruher  agissant  pendant  la  sortie  du  char  d’une  manière  très  heureuse ,  à  secteur  réglant 
automatiquement  la  traction  de  sa  chaîne  pour  le  serrage  des  pointes.  Il  faut  y  remarquer,  pour  la 
laine,  le  brise-mariage  spécial  qui  y  est  appliqué  et  qui  est  d’un  mouvement  d’extrême  douceur  et  en 
même  temps  d’une  disposition  si  peu  encombrante  comparativement  a  d’aulres  en  usage.  11  faut  y 
noter  encore,  comme  très  important  pour  le  coton,  pour  lequel  on  use  actuellement  de  vitesses  attei¬ 
gnant  1 0,000  tours  de  broche  par  minute,  le  système  de  rigoles  et  de  mèches,  pratiqué  dans  les  plates- 
bandes  de  collets  et  de  crapaudines,  et  qui  réalise  un  graissage  presque  continu  évitant  l’échauffe  ment. 
Nous  ne  pouvons  énumérer  bien  d’autres  détails  de  ce  bon  métier. 

Enfin,  un  métier  continu  à  anneaux.,  a  filer  sur  broches  inclinées  dans  un  plan  tangent  à  la  cir¬ 
conférence  du  cylindre  pour  obtenir  la  torsion  jusque  dans  l’angle  de  débit  du  fil,  sans  recourir  aux 
inconvénients  d’un  plan  de  laminage  presque  vertical.  Cette  condition ,  nécessaire  pour  pouvoir  pro¬ 
duire  au  continu  des  fils  floches ,  n’empêche  pas  la  machine  de  fournir  a  volonté  des  fils  tors ,  et  c’est 
très  utilement,  dans  ce  cas,  quelle  a  été  pourvue  d’un  débrayage  indépendant  des  cylindres  qui,  aux 
arrêts  et  aux  remises  en  route,  les  fait  s’arrêter  un  peu  avant  et  reprendre  un  peu  après  les  broches, 
évitant  ainsi  toute  formation  de  vrilles. 

Cette  longue  énumération  du  matériel  exposé  par  la  Société  alsacienne,  dans  la  classe  54,  suffit  à 
montrer  que  son  développement  présentait  un  ensemble  grandiose  et  unique  dans  les  annales  des 
Expositions.  Mais  nous  ajoutons,  en  désirant  le  répéter,  que  tout  ce  matériel  était  en  outre  d’une  ad¬ 
mirable  perfection  d’exécution,  qu’aucun  constructeur  similaire  du  monde  n’a  encore  monlrée  aussi 
complète  et  aussi  attentivement  réfléchie. 

Il  est  un  autre  point  de  vue  au  sujet  duquel  on  ne  saurait  trop  prodiguer  d’éloges  a  la  Société  alsa¬ 
cienne,  et  pour  lequel  il  faut  la  citer  à  tout  constructeur  comme  modèle  à  imiter.  Nous  voulons  parler 
ici  du  soin  quelle  prend  d’éviter  toute  cause  d’accidents  pour  le  personnel  ouvrier  pouvant  avoir  à 
desservir  ses  machines.  Tout  constructeur  un  peu  soigneux  est  certes,  aujourd’hui,  habitué  à  munir 
ses  machines ,  aux  points  les  plus  découverts ,  de  couvre-engrenages  ou  d’organes  protecteurs  autour 
des  organes  actifs  dangereux. 

On  ne  sait  que  trop  que  cette  précaution  ne  suffit  pas  toujours  et  n’a  pas  mis  fin  aux  pénibles 
éventualités  d’accident.  Aussi  la  Société  alsacienne  va-t-elle  beaucoup  plus  loin.  Elle  sait  prévoir  l’im- 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  299 


prévu  qui,  le  plus  souvent,  occasionne  les  cas  les  plus  graves.  Nous  citerons  en  ce  sens,  dans  ses  ma¬ 
chines,  deux  exemples  pris  au  hasard. 

Dans  un  banc  à  broches,  la  partie  du  mouvement  qui  comprend  les  roues  différentielles  et  d'autres 
organes  rapides,  est  trop  souvent  laissée  à  découvert  par  bien  des  constructeurs,  parce  que,  étant  h 
l'arrière  et  en  dessous ,  on  la  croit  à  l’abri ,  et  de  fréquents  accidents  en  sont  la  conséquence.  Les  con¬ 
structeurs  les  plus  soigneux  se  contentent  d’envelopper  ces  mouvements  par  une  fermeture  mobile, 
et  l’ouvrier  venant  visiter  ou  entretenir  ces  organes,  même  s’il  le  fait  toujours  dans  un  moment  d’arrêt 
de  la  machine,  se  trouve  encore  exposé  à  ce  que  l’inadvertance  d’un  ouvrier  voisin,  poussant  à  ce 
moment  la  détente,  le  mette  en  péril  h  son  insu.  La  Société  alsacienne  munit  cette  fermeture  de  portes 
et  relie  ensemble  ces  portes  et  la  détente  de  la  machine,,  de  telle  sorte  que  ces  portes  ne  peuvent  pas 
s’ouvrir  tant  que  la  détente  n’est  pas  au  cran  d’arrêt,  et  que  la  détente  ne  peut  pas  quitter  son  cran 
d’arrêt  sans  que  ces  portes  soient  fermées.  De  même,  dans  les  batteurs  de  la  Société  alsacienne,  le 
couvercle  d’une  batte  ne  peut  pas  être  soulevé  tant  que  la  batte  marche,  et  réciproquement,  la  batte 
ne  peut  pas  être  remise  en  marche  tant  que  le  couvercle  n’est  pas  rabattu. 


Société  de  Bitschwiller  (Alsace). 

La  Société  des  ateliers  de  Bitschwiller  (autrefois  usines  Stehelin  et  Cie)  a  présenté  une  fort  belle 
exposition  de  machines  courantes  de  préparation  et  de  filature  de  coton  et  de  laine  peignée,  qui  ne 
dément  pas  son  ancienne  réputation  et  sa  situation  au  nombre  des  grands  établissements  d’Alsace. 

Cette  exposition  comprenait  : 

Un  gill-box  double,  dans  lequel  nous  remarquons  la  bonne  disposition  d'indépendance  des  têtes, 
qui  permet  d’utiliser  le  mouvement  général  formant  têtière,  pour  autant  de  têtes  qu’on  le  désire. 

Un  étirage  double  pour  laine,  à  frottoirs  solidement  établis  et  dans  lequel  nous  remarquons  les 
emboîtements  coniques  très  heureusement  imaginés,  pour  compenser  l’usure  dans  les  attaches  des  frot¬ 
toirs  et  éviter  les  chocs  trop  fréquemment  habituels  dans  ces  organes. 

Un  étirage  double  sans  frottoirs,  où  l’on  a  fort  utilement  adopté  la  belle  méthode  de  renversement 
des  rubans  sur  eux-mêmes,  en  vue  de  leur  jonction,  telle  qu’elle  est  en  usage  dans  les  machines 
à  lin. 

Un  étirage  finisseur  à  frottoirs,  toujours  à  emmanchements  coniques,  comme  tous  ceux  qu’exécute 
cette  bonne  maison,  qui  a  contribué  en  bien  des  points  aux  progrès  successifs  qui  ont  fait  atteindre 
au  matériel  de  préparation  de  laine  peignée  du  système  français  sa  grande  réputation. 

Un  bobinoir  intermédiaire,  à  bobines  croisées,  qui  peut  être  établi  à  volonté  pour  simple  ou  double 
mèche  et  qui  nous  amène  à  remarquer  le  frein  en  deux  pièces  à  charge  variable,  que  celte  maison 
a  été  la  première  à  appliquer,  dans  toutes  ses  machines,  aux  axes  des  hérissons,  pour  éviter  toute 
vibration  de  leur  part  pouvant  provoquer  des  inégalités  dans  la  mèche. 

Un  bobinoir  finisseur  faisant  les  bobines  cylindro-coniques,  tel  qu’on  le  désire  fréquemment  pour 
les  laines  moyennes,  quand  la  finesse  de  la  préparation  n’amène  pas  à  préférer  la  bobine  croisée  à 
double  mèche,  plus  douce  au  dévidage  derrière  le  métier  à  filer. 

Un  banc  à  broches  pour  les  laines  longues  et  lisses,  que  l’on  préfère  tordre  légèrement  d’après  le 
système  du  lin,  parce  que,  par  leur  nature,  elles  ne  prendraient  pas  une  cohésion  suffisante  par  le 
frottage.  Un  des  écueils  de  cette  machine,  dans  cette  application,  est  l’allongement  que  la  mèche  d’une 
le'le  matière  est  susceptible  de  subir  dans  son  parcours  du  cylindre  à  l’ailette.  La  sensibilité  de  la 
mèche  à  ce  sujet  est  telle,  que,  si  l’on  exécute  la  machine  à  deux  rangs  de  broches,  l’un  étant  alors 
plus  distant  du  cylindre  que  l’autre,  il  est  impossible  d’obtenir  le  même  numéro  sur  les  deux  rangs. 


V 


300 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


D’autre  part,  cet  allongement  est  toujours  un  danger  d’irrégularités  pouvant  se  produire.  Ces  con¬ 
structeurs  ont  fort  habilement  paré  au  danger  de  l’allongement  en  employant  des  broches  brisées  qui 
permettent  de  rapprocher  considérablement  le  sommet  de  la  broche  du  cylindre  étireur. 

Un  métier  ren videur,  que  la  disposition  de  la  transmission  de  leur  emplacement  n’avait  pas  per¬ 
mis  à  ces  constructeurs  d’établir  h  commande  indépendante  pour  le  dépointage  et  la  rentrée.  Ce 
métier  est  à  broches  à  engrenages  du  système  Peters,  spécial  à  cette  maison  et  qui,  par  l’emploi 
d’un  vigoureux  ressort  de  frein,  assure  aux  broches  une  exactitude  de  rotation  précieuse,  surtout 
en  laine,  en  même  temps  qu’un  débrayage  facile  et  une  grande  légèreté  de  marche.  Le  chariot  est  à 
section  décroissante  vers  les  extrémités,  soit  de  forme  parabolique  et  tel  que  cette  maison  a  ingénieu¬ 
sement  imaginé  de  le  faire,  depuis  quelle  emploie  ce  genre  de  broches.  La  commande  des  broches 
permet  ici  d’adopter  cette  forme  très  légère  du  chariot,  puisque  cette  commande  ne  nécessite  qu’un 
arbre  longitudinal  placé  tout  près  des  broches.  Ce  métier  comprend  encore  un  fort  bon  régulateur  de 
secteur  du  système  Gullv. 

Un  continu  à  filer  à  anneaux,  dans  lequel  il  faut  signaler  les  cylindres  étireurs  dans  un  plan  presque 
vertical  et  à  l’aplomb  des  broches,  pour  amener  la  torsion  sur  le  fil  en  ligne  droite  jusque  dans  l’angle 
des  cylindres.  Les  inconvénients  habituels  de  cette  position  du  plan  de  laminage  sont  d’empêcher  les 
rouleaux  de  pression  libres,  employés  sur  les  rangs  de  cylindres  intermédiaires,  de  remplir  leur  office 
convenablement,  leur  poids  se  reportant  sur  les  coulisseaux,  au  lieu  d’agir  sur  le  fil.  La  Société  de 
Biîschwiller  évite  cet  inconvénient  en  appliquant  à  ces  petits  rouleaux  dépréssion  une  cannelure  égale 
a  celle  du  cylindre  inférieur,  ce  qui  les  rend  bien  plus  actifs  comme  organes  de  retenue.  La  pression 
des  cylindres  d’avant  et  d’arrière  est  aussi  munie  de  ressorts.  Le  guide-fil  est  très  abaissé  et  évite  par¬ 
faitement  les  mariages. 

Un  continu  à  anneaux  pour  retordage,  qui  est  muni  de  broches  Peters  mues  par  engrenages  et 
dont  l’exactitude  de  torsion  a  une  utilité  très  réelle  pour  des  retors  soignés.  Le  continu  précédent 
étant  à  broches  genre  Rabeth,  mues  par  cordes  et  tambours,  ces  deux  machines  servaient  ensemble 
de  spécimens  pour  les  deux  systèmes  de  broches  et  de  commande  que  cette  maison  fait  à  volonté, 
soit  pour  filage,  soit  pour  retordage. 

Un  détail  d’exécution  fort  ingénieux  et  susceptible  d’amener  une  économie  assez  sensible  dans  les 
machines  de  filature,  s’il  est  utilisé  avec  soin,  est  celui  que  cetle  maison  a  imaginé  pour  l’exécution 
des  cylindres  cannelés  qui,  jusqu’à  présent,  étaient  des  pièces  fort  ouvrageuses,  exécutées  minutieu¬ 
sement  par  des  machines  à  raboter  spéciales,  puis  polies  et  finies,  comme  il  convient  pour  toute 
pièce  métallique  qui  a  été  entamée  par  un  outil  et  qui  doit  toucher  des  fibres  textiles.  La  Société  de 
Bitschwiller  a  imaginé  d’obtenir  des  barres  toutes  cannelées  et  d’un  finissage  relativement  bien  plus 
aisé.  Elle  obtient  ces  barres  par  le  procédé  de  l’étirage  en  filières,  et  les  spécimens  qu’elle  produit 
ainsi  exécutés  sont,  il  faut  le  reconnaître ,  remarquablement  bien  réussis,  de  prix  très  bas  et  n’exigeant 
plus  que  l’exécution  des  décolletages  et  des  emmanchements  qui  peuvent  devenir  eux-mêmes  beaucoup 
moins  nombreux. 

La  Société  de  Bitschwiller  avait  entendu  exposer  des  produits  tels  qu’ils  sortent  journellement  de 
ses  ateliers  et  sans  aucun  apprêt  additionnel.  Malgré  cela ,  tout  l’ensemble  de  son  matériel  a  présenté 
le  caractère  d’une  exécution  solide  et  soignée  et  fait  honneur  à  la  réputation  de  cette  habile  maison 
qui,  d’ailleurs,  ne  fait  pas  uniquement  les  machines  de  filature,  mais  dont  l’important  établissement 
fait  en  outre  les  moteurs  hydrauliques  et  à  vapeur,  les  générateurs,  transmissions,  matériel  de  che¬ 
min  de  fer  et,  en  général,  toute  la  grande  construction  se  rapportant  à  des  usines  complètes  de  dif¬ 
férents  genres. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  301 


M.  F.-J.  Grün,  à  Lure  (Haute-Saône). 

La  maison  F.-J.  Griin  possédait  depuis  longtemps,  à  Guebwiller,  un  important  établissement  où 
elle  s’était  acquis  une  renommée  excellente  qui  la  mettait  au  nombre  des  bons  constructeurs  d’Alsace, 
notamment  pour  le  matériel  de  préparation  et  de  filature  de  laine  peignée.'  En  1871,  après  la  guerre 
franco-allemande,  elle  n’a  pas  hésité  à  venir  fonder  un  second  établissement  complet  à  Lure.  C’est  de 
cet  établissement  qu’elle  a  envoyé  un  certain  nombre  de  produits  à  l’Exposition  de  1889. 

Son  exposition,  quoique  d’une  mesure  modérée,  avait,  il  faut  le  reconnaître,  un  caractère  absolu¬ 
ment  exceptionnel.  Ici,  les  quelques  machines  de  nature  ou  de  type  ordinaire  que  Ton  rencontrait,  11e 
figuraient  en  quelque  sorte  que  pour  remplir  des  espaces  vides.  L’exposant  n’avait  évidemment  pas 
eu  pour  but  de  montrer  les  produits  ou  machines  vulgaires  qu’il  exécute  journellement,  comme  tous 
ses  collègues.  Il  avait  tenu  à  montrer  ce  qu’à  coup  sûr  aucun  autre  n’eût  pu  produire,  c’est-à-dire 
une  série  extrêmement  remarquable  de  créations  originales,  toutes  de  date  récente,  toutes  d’une 
valeur  réelle,  lesquelles  ont  reçu  son  concours  comme  élude,  comme  exécution,  comme  propagation , 
et  dont  quelques-unes  sont  son  œuvre  entière. 

Cette  exposition  comprenait,  pour  la  classe  54  : 

U11  métier  renvideur  à  filer  la  laine  cardée ,  dont  l’irréprochable  exécution  montrait  bien  ce  que 
peut  ce  constructeur  dans  les  machines  courantes  de  sa  production; 

U11  continu  diviseur,  pour  cordes  fileuses  de  laine  cardée  ou  de  coton,  du  système  dit  à  lames  voya¬ 
geuses,  et  cpii  était  présenté  comme  second  spécimen  du  matériel  courant  de  laine  cardée,  dont  cette 
maison  fait  sur  une  forte  échelle  toutes  les  machines,  à  côté  de  celles  de  la  laine  peignée; 

Un  continu  à  anneaux,  monté  pour  retordage,  mais  présenté  comme  spécimen  général,  soit  pour 
retordre,  soit  pour  filer,  et  dont  la  belle  exécution  mettait  bien  en  évidence  la  remarqaable  têtière  du 
système  Grün,  qui  comprend  toutes  les  commandes  de  la  machine.  Ce  continu  est  à  broches  à  grande 
vitesse  et  à  deux  tambours,  comme  toutes  les  bonnes  machines  de  ce  genre  actuellement.  La  broche 
a  un  frein  en  pédale  des  plus  commodes.  Mais  il  faut  louer  particulièrement  l’élégante  simplicité  qui 
a  fait  grouper  si  bien  le  mouvement  des  chariots  avec  tous  les  accessoires  les  plus  pratiques  et  les 
plus  exacts  pour  la  manœuvre  de  levée,  et  la  commande  générale  des  tambours  par  un  arbre  moteur 
indépendant  ,  actionnant  les  deux  tambours  par  un  volant  à  gorges  et  une  corde  de  grand  développe¬ 
ment,  d’une  disposition  très  heureusement  imaginée.  C’est  la  meilleure  têtière  de  continu  que  nous 
connaissions  ; 

Une  carde  à  hérissons ,  présentée  comme  spécimen  de  carde  briseuse  ou  repasseuse ,  soit  pour 
laine  cardée,  soit  pour  cotons  (ou  pour  autres  fibres  à  filer  directement),  et  très  intéressante  dans  le 
cas  de  mélanges  de  couleurs  ou  de  qualités  de  matières.  Cette  carde,  outre  plusieurs  particularités 
utiles,  comprend  en  effet  un  remarquable  appareil  de  sortie  du  système  Blamire,  comblant  une  lacune 
réelle  qui  subsistait  jusqu’à  ce  jour  dans  le  matériel  de  la  filature  directe  en  cardé.  On  sait  combien 
est  important  (dans  la  filature  pour  draperie,  par  exemple)  le  traitement  de  couleurs  mélangées  ou 
de  matières  mélangées.  Ce  mélange  doit,  dans  ce  travail,  être  réalisé,  par  le  cardage  seul,  d’une 
manière  absolument  intime  et  régulière,  soit  pour  la  bonne  qualité  du  fil,  soit  pour  éviter  le  défaut 
grave  des  barres  teintées  différemment  dans  les  tissus.  On  n’avait  pu  jusqu’ici  réussir  ce  mélange 
intime  et  régulier  que  par  une  opération  manuelle  consistant  à  retourner  d’équerre  sur  elle-même, 
en  la  plaçant  derrière  la  carde  de  second  passage,  la  nappe  formée  au  premier,  de  manière  à  obtenir 
à  ce  second  passage,  pour  la  seconde  nappe,  des  couches  superposées  dans  un  sens  croisé  par  rapport 
au  sens  des  couches  de  la  première  nappe.  Outre  la  main-d’œuvre  nécessitée  par  cette  opération ,  la 
dislocation  ou  distension  des  nappes  et  les  fréquentes  jonctions  qui  en  résultent  sont  une  cause  sé¬ 
rieuse  d’irrégularités.  L’appareil  de  sortie  présenté  par  Al.  Grün,  à  la  carde  qu’il  expose,  effectue 


302 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


automatiquement ,  de  la  manière  la  plus  heureuse ,  un  pliage  méthodique  et  continu  du  voile  carde' 
et  à  la  largeur  exacte  désirée  pour  ia  carde  suivante.  Ce  pliage  a  lieu  sur  une  chaîne  sans  fin  hori¬ 
zontale,  se  déplaçant  transversalement  avec  une  vitesse  réglée  selon  l’épaisseur  voulue  et  amenant  la 
nappe  croisée  et  continue  à  un  appareil  enrouleur  qui  en  forme  une  volumineuse  bobine  analogue 
aux  rouleaux  produits  sur  des  batteurs  à  coton.  Toute  main-d’œuvre  et  toute  cause  d’irrégularités 
sont  supprimées,  ce  qui  est  déjà  fort  important.  Mais,  en  outre,  la  croisure  étant  effectuée,  non  plus 
absolument  d’équerre,  mais  avec  une  obliquité  continue  qui  répartit  d’elle-même  les  veines  de  ma¬ 
tière  ou  de  couleur  variée  sur  un  large  espace,  il  est  permis  de  préjuger  que  la  carde  intermédiaire, 
qui  jusqu’ici  était  indispensable  entre  la  carde  briseuse  et  la  carde  fileuse,  deviendra  inutile  dans  la 
plupart  des  cas,  surtout  si  l’on  a  le  soin  de  faire  les  nappes  minces  et  de  les  doubler  derrière  la  carde 
fileuse; 

Un  continu  diviseur,  à  lames  fixes,  d’un  système  particulier  à  M.  Grün,  et  qui  est  en  concordance 
avec  la  carde  ci-dessus  décrite,  pour  en  former  l’appareil  de  sortie,  quand  elle  est  exécutée  en  carde 
fileuse.  Ce  système  est  appelé  à  lames  fixes  et  tambours  voyageurs.  Les  lames  croisées  y  sont  en  effet 
fixes,  parce  que,  au  lieu  d’être  en  relation,  comme  d’habitude,  avec  des  manchons  dont  le  cuir  est 
lâche  et  inégal,  elles  opèrent  contre  deux  tambours  ou  rouleaux  garnis  de  cuir  tendu  et  égalisé  sur  le 
tour,  qui  les  dépouillent  beaucoup  mieux.  Il  n’est  plus  nécessaire  de  faire  avancer  et  reculer  les  lames , 
pour  éviter  leur  encrassement;  il  suffit  de  donner  un  léger  mouvement  de  lent  va-et-vient  au  tam¬ 
bour,  dans  le  sens  de  leur  axe.  11  en  résulte  en  outre  une  notable  simplification  dans  l’appareil; 

Une  express-carde  Rissler,  que  la  maison  Grün  construit  presque  seule  bien ,  dont  elle  a  considéra¬ 
blement  développé  la  propagation  et  qui,  comme  batteur  finisseur,  fournit  pour  les  cotons  des  Indes 
une  si  bonne  préparation  et  rend  de  si  bons  services ,  quand  l’exécution  de  la  machine  est  ainsi  soi¬ 
gnée; 

Un  continu  fîleur  du  système  Max  Chapon,  pour  filer,  en  fibres  les  plus  courtes,  les  grosses  trames 
presque  sans  torsion ,  telles  que  la  fabrication  des  couvertures  de  coton  ou  de  laine  les  emploie  si 
avantageusement,  et  pour  laquelle  cette  machine  a  été  un  sérieux  progrès.  Cet  ingénieux  continu, 
nécessitant  d’ailleurs  une  parfaite  exécution,  emploie  une  broche  à  godet,  dont  les  deux  éléments 
effectuent  l’envidage  par  leur  différence  de  vitesse  de  rotation.  L’organe  alimentaire  se  balance  verti¬ 
calement  et  alternativement,  pour  suivre  l’absorption  inégale  du  fil  de  la  pointe  à  la  base  du  cône 
et  pour  rendre  la  torsion  parfaitement  égale,  et,  en  même  temps,  rendre  les  bobines  parfaitement 
solides  malgré  la  fragilité  du  fil;  l’envidage  est  fait  sous  une  forte  pente  de  croisure  et  par  aiguilles 
très  courtes.  11  en  résulte  de  volumineuses  canettes ,  qui  se  dévident  par  leur  fond  et  par  l’intérieur  à 
la  perfection,  et  une  qualité  de  fil  particulièrement  bien  appropriée  au  but  désiré.  M.  Grün  a  été  le 
premier  à  entreprendre  et  à  propager  cette  machine  qui  a  été  depuis  quelque  lemps  et  à  la  suite 
adoptée  en  Angleterre. 

Une  nouvelle  peigneuse  à  coton,  système  Jos.  Imbs,  pour  le  travail  de  toutes  soies,  courtes  ou 
longues,  qui  résume,  dans  une  solution  simple  et  unanimement  jugée  comme  très  heureuse,  toutes 
les  difficultés  d’un  peignage  parfait  appliqué  aux  fibres  courtes  et  fines.  Nous  ne  pouvons  faire  ici  une 
description  et  parler  de  cette  machine  autrement  que  pour  dire  que,  malgré  son  extrême  simplicité, 
son  exécution  exige  un  constructeur  de  premier  ordre ,  et  que  le  spécimen  qui  a  été  sous  les  yeux  du 
public  peut,  sous  ce  rapport,  être  jugé  comme  irréprochable  ; 

Une  machine  d’étude,  du  système  Jos.  Imbs,  destinée  aux  préparations  intermédiaires,  machine 
dont  la  maison  Grün  entreprend  la  construction  et  la  propagation,  et  qui  consiste  dans  une  série  de 
dispositions  calculées  pour  permettre,  sans  aucun  des  inconvénients  antérieurement  objectés,  l’appli¬ 
cation,  au  coton,  des  principes  de  consolidation  par  frottage  qui  ont  procuré  en  laine  des  avantages 
si  importants  à  l’industrie  française.  Dans  cette  machine,  le  mécanisme  frotteur  rationnellement  étudié 
en  vue  d’une  extrême  légèreté  et  d’une  grande  vitesse  de  marche  pour  une  grande  douceur  d’action. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDER1E.  303 


les  organes  étireurs  établis  pour  une  indépendance  complète  des  fils  voisins  et  le  pot  récepteur  et  tas- 
seur,  combiné  pour  n’exercer  aucune  tension  sur  le  produit  délicat  et  le  recueillir  en  puissantes 
bobines  bien  dévidables  ,  ont  généralement  frappé  l’attention  par  les  importantes  conséquences  d’éco¬ 
nomie  que  l’on  peut  espérer  d’une  machine  d’affinage  ainsi  combinée; 

Enfin,  une  peigneuse  pour  laines  mérinos,  nouvellement  perfectionnée,  du  système  Grün  et  Offer- 
mana,  et  du  genre  dérivé  de  Heilmann,  genre  de  machines  dans  lequel  la  maison  Grün  excelle 
depuis  bien  des  années.  Le  succès  exceptionnel  de  cette  remarquable  machine,  dont  la  vente  pendant 
les  quelques  mois  d’Exposition  s’est  comptée  par  centaines,  est  justifié  par  sa  puissance  spéciale 
d’épuration  et  par  sa  propriété  particulière  d’élimination  des  chardons  que  contiennent  beaucoup 
des  laines  les  plus  fines,  et  qui,  en  s’allongeant  comme  des  fibres,  passent  trop  facilement  au  tra¬ 
vers  des  peigneuses  habituelles.  Nous  ne  pensons  pas  que  d’autres  machines  similaires  eussent  per¬ 
mis  de  tenter  l’expérience  que  cet  exposant  a  faite  journellement,  devant  le  public,  dans  l’atmosphère 
défectueuse  d’une  exposition,  en  prenant  une  laine  de  première  finesse,  choisie  aussi  chargée  d’or¬ 
dures  et  de  boutons,  pailles  et  gratterons  qu’il  soit  possible  de  la  trouver,  et  en  faisant  sortir  de  la 
machine,  h  grande  production,  un  peigné  idéalement  pur  avec  un  minimum  de  déchet.  Il  existe 
aujourd’hui  plusieurs  procédés  de  préparation  des  laines  chardonnruses,  en  vue  de  faciliter  l’élimina¬ 
tion  au  peignage  de  ce  corps  nuisible.  Nous  avons  déjà  eu  l’occasion  de  parler  de  cette  question  et 
nous  aurons  encore  celle  d’y  revenir.  Ces  procédés  sont  encore  assez  onéreux,  par  suite  des  préten¬ 
tions  excessives  de  leurs  détenteurs  et ,  d’autre  part,  même  en  y  recourant,  leurs  fragments  subsistent 
dans  la  fibre  à  peigner,  et  il  faut  encore  une  très  grande  puissance  d’épuration  dans  la  peigneuse 
employée  pour  que  l’on  puisse  compter  sur  une  élimination  convenable  de  tous  ces  résidus.  Poul¬ 
ies  laines  moyennement  entarées  par  ce  défaut,  la  machine  Grün-Offermann  ne  nécessite  pas  de  pré¬ 
paration  spéciale,  parce  quelle  possède  un  organe  échardonneur  propre  et,  dans  le  cas  de  laines 
ayant  subi  ces  préparations,  elle  a  la  puissance  d’épuration  voulue,  et  son  organe  échardonneur  com¬ 
plète  encore  l’action  désirée  en  vue  de  la  perfection  du  peigné.  Le  tambour  peigneur  porte ,  après  les 
dernières  barrettes  fines,  un  intervalle  vide  de  la  largeur  d’une  barrette,  puis  de  nouveau  deux  bar¬ 
rettes  fines  supplémentaires  le  suivant.  Dans  cet  intervalle ,  pendant  que  la  mèche  est  tendue  en  avant 
par  le  passage  des  dernières  rangées  fines  dans  la  pointe,  un  peigne  fin,  dit  peigne  frappeur ,  vient 
s’abattre  sur  la  mèche  et  remonte  inmlédiatement.  La  fibre  élastique  et  nerveuse  de  laine  cède  en 
s’enfonçant,  la  fibre  chardonneuse,  sèche,  rugueuse  et  friable,  rompt,  et  les  deux  peignes  supplé¬ 
mentaires,  forcés  de  pénétrer  à  fond,  enlèvent  sans  effort  le  fragment  chardonneux,  rompu  dans  sa 
partie  qui  dépassait  la  pince.  Tout  le  mécanisme  de  cette  belle  machine,  dont  nous  ne  pouvons 
décrire  tous  les  détails,  a  été  admirablement  étudié  par  cet  habile  constructeur,  et  son  exécution, 
onnne  celle  de  toutes  les  machines  précédentes,  était  excellente. 

Tant  par  son  habileté,  en  accueillant  les  inventeurs  de  mérite,  que  par  ses  propres  et  fertiles  res¬ 
sources,  celte  maison  s’est  montrée  dans  l’œuvre  quelle  a  présentée  sous  un  jour  tout  spécial.  Sa 
belle  exposition  a  révélé  plus  qu’un  bon  constructeur  ordinaire.  Elle  dénotait  incontestablement  une 
activité  de  recherche,  une  énergie  à  poursuivre  le  progrès  et  une  force  d’organisation  d’étude  qui, 
malgré  l’aide  d’une  longue  tradition  acquise,  sont  d’un  mérite  exceptionnel  et  de  premier  ordre. 


M.  E.  Meunier,  à  Tourcoing. 

M.  Meunier,  dont  on  se  rappelle  la  belle  peigneuse  (à  l’exécution  de  laquelle  la  maison  Grün  a 
pris  une  si  large  part),  avait  eu  avec  cette  machine  le  succès  le  plus  marquant  de  l’Exposition 
de  1878,  en  ce  qui  concerne  le  matériel  de  laine  peignée.  M.  Meunier  avait  annoncé  l’envoi,  à  l’Ex¬ 
position  de  1889,  d’une  nouvelle  peigneuse  à  laine,  ainsi  que  d’une  machine  préparatoire.  Par  des 


30/i 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


raisons  vraisemblablement  indépendantes  de  sa  volonté,  et  à  notre  grand  regret,  son  envoi  a  dû  se 
borner  à  celui  de  celle  dernière  machine  qui  ne  saurait,  par  elle-même,  offrir  qu’un  intérêt  secon¬ 
daire,  tandis  que  la  première,  à  en  juger  par  les  précédents  que  nous  rappelons  ici,  nous  donnait  à 
bon  droit  les  plus  sérieuses  espérances  d’une  importance  réelle. 

La  machine  prépartoire  de  M.  Meunier,  qui  a  figuré  dans  la  classe  54 ,  est  un  étirage  à  deux  têtes 
fournissant  chacuns  un  large  ruban.  Par  un  renversement  transversal  comme  ceux  des  étirages  à  lin, 
ces  deux  rubans  viennent  se  superposer  et  alimenter  un  enrouleur  à  bascule  du  genre  usité  en  coton. 

La  particularité  principale  de  cette  disposition  consiste  dans  l’addition,  avant  l’enrouleur,  de  deux 
larges  bagues,  cannelées  à  l’intérieur  et  traversées  par  la  nappe.  Ces  bagues,  placées  un  peu  excen¬ 
triquement,  l’une  à  gauche,  l’autre  à  droite,  tournent  par  l’entraînement  de  cordes  dans  des  supports 
formant  colliers ,  et  leur  rotation  est  inverse  de  l’une  à  l’autre ,  de  telle  sorte  que  chacune  ait  à  rabattre 
et  à  replier  en  dessous  le  bord  de  la  nappe  contre  lequel  l’appuie  son  excentricité.  Cette  disposition  a 
pour  but  la  formation  de  rouleaux  de  nappes  dont  les  bords  ne  soient  pas  plus  minces  que  le  corps  et 
ne  provoquent  aucun  collage  au  cléviclage,  comme  cela  n’a  lieu  que  trop  souvent  dans  les  rouleaux 
habituels.  Les  rouleaux  faits  par  cette  machine  conviennent  évidemment  pour  alimenter  toutes  espèces 
dî  peigneuses,  en  adaptant  la  largeur  de  l’appareil  à  celle  des  peigneuses. 


M.  G.  Biche,  à  Roubaix. 

M.  G.  Riche,  de  Roubaix,  nous  a  présenté  un  giîl-box  pour  laine  peignée,  qui  contient  des  modi¬ 
fications  de  détail  utiles  et  inspirées  par  un  sentiment  pratique  des  plus  justes. 

Le  mécanisme  des  gills,  actuellement  usité  pour  lin  et  pour  laine,  est  des  plus  ingénieux  et  des 
plus  précis,  et  a  été,  en  son  temps,  un  perfectionnement  très  important  apporté  parla  maison  Fair- 
bairn,  de  Leeds,  à  l’invention  de  Pli.  de  Girard,  concernant  l’emploi  d’un  organe  de  soutien  et  de 
retenue  muni  de  peignes,  cheminant  avec  la  nappe  alimentaire  derrière  une  paire  de  cylindres  éli- 
renrs.  De  cet  organe  de  soutien,  imaginé  pour  l’étirage  du  lin  par  Ph.  de  Girard,  est  résulté  à  la  fois, 
avec  de  simples  modifications  d’exécution,  le  gills-screw-box  des  longues  fibres,  et  le  hérisson  des 
fibres  moyennes,  tous  deux  depuis  longtemps  employés  à  titre  indispensable  pour  les  étirages  de  ces 
madères. 

Dans  le  giil-box,  la  chute  des  barrettes  à  peignes  (ou  gills),  des  vis  supérieures  d’aller  aux  vis  infé¬ 
rieures  de  retour,  et  leur  remontée  inverse,  des  vis  inférieures  aux  vis  supérieures,  constitue  un  mou¬ 
vement  par  chocs  brusques,  réalisé  par  cames,  d’exécution  très  délicate,  provoquant  des  usures 
rapides,  d’une  réparation  d’autant  plus  difficile  que  tout  ce  mécanisme  exige  une  parfaite  précision. 
M.  Riche,  par  une  simplification  des  plus  avantageuses,  fait  mouler  ou  descendre  ses  dernières  bar¬ 
rettes  d’un  demi-étage  seulement  à  la  fois,  et  deux  barrettes  successives  se  poussent  l’une  l’autre  pour 
franchir  l’étage  entier  en  deux  mouvements  successifs.  Les  vis  directrices  deviennent  plus  grosses  et  à 
pas  plus  doux,  les  cames  disparaissent,  remplacées  par  de  simples  goupilles,  les  chocs  surtout  dispa¬ 
raissent  complètement  et,  avec  eux,  l’usure,  et  le  beau  mécanisme  de  Fairbairn  devient  parfait 
comme  simplicité. 

M.  Riche  perfectionne  encore  son  gill-box  dans  l’appareil  bobineur,  par  la  disposition  d’un  avertis¬ 
seur  qui  déclanche  avec  bruit  quand  la  bobine  est  pleine,  tout  en  l’empêchant  de  tomber  soit  en  dehors , 
soit  en  dedans  de  la  machine.  Enfin  M.  Riche  adopte  un  système  de  pression  à  ressort  et  sans  contre¬ 
poids,  sur  le  cylindre  étireur,  système  cpii  offre  une  extrême  commodité  pour  régler  la  pression,  la 
décrocher  entièrement  ou  la  remettre  intégralement  telle  quelle  était  réglée,  le  tout  se  manœuvrant 
instantanément,  sans  effort,  par  la  main  d’un  enfant,  bien  que  ces  manœuvres  s’appliquent  à  une 
pression  de  plus  d 1  3oo  kilogrammes. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  COR  DERIE.  305 


M.  Paul  Heilmann,  à  Mulhouse. 

M.  Paul  Heilmaim,  fils  du  célèbre  inventeur,  nous  a  présenté  une  peigneuse  de  grandes  proportions 
pour  le  peignage  des  laines  effectué  sur  les  principes  cpi’a  si  nettement  établis  son  illustre  père,  et 
dont  une  période  de  quarante-cinq  ans  et  des  applications  constantes,  en  quantités  innombrables,  ont 
si  solidement  justifié  l’admirable  supériorité.  M.  Paul  Heilmann  a  surtout  modifié  les  dispositions 
devenues  traditionnelles  dans  la  machine  dont  il  a  l’honneur  de  porter  le  nom,  en  substituant  à  l’or¬ 
gane  arracheur  composé  de  cylindres  une  pince  arracheuse  à  mouvement  de  balancement  horizontal 
alternatif. 

L’emploi  de  cylindres  comme  organes  de  prise  et  d’extraction  a,  en  effet,  l’inconvénient  de  laisser  un 
espace  égal  au  rayon  des  cylindres  employés,  perdu  pour  le  rapprochement.  La  tête  à  peigner  est 
forcément  allongée  d’une  quantité  égale  à  cet  espace,  puisqu’elle  ne  se  laisse  dépouiller  qu’à  une 
position  d’autant  plus  écartée.  Non  seulement  on  élimine  ainsi,  en  les  rejetant  dans  le  déchet,  des 
fibres  plus  longues  que  celles  qu’il  serait  réellement  utile  d’éliminer,  mais  cet  espace  perdu  a  des 
inconvénients  plus  graves  au  point  de  vue  de  la  perfection  du  peigné. 

Le  peigne  fixe  ou  nacteur,  qui  a  pour  mission  d’assurer  la  propreté  de  la  queue  de  mèche  et  d’en 
effectuer  le  peignage  réel,  est  nécessairement  tenu  lui-même  à  une  distance  du  point  de  prise  de  la 
tète  égale  à  toute  la  protubérance  des  parties  inactives  de  cet  organe  arracheur  cylindrique.  Au  lieu 
que  ce  peigne  fixe  puisse  agir  en  une  partie  voisine  de  la  pointe  de  la  tête  (partie  parfaitement  tra¬ 
vaillée,  parce  que  cette  pointe  a  reçu  l’action  du  pied  des  aiguilles  du  tambour),  il  ne  peut  agir  que 
dans  une  partie  avoisinant  la  base  de  la  tête  peignée,  base  imparfaitement  travaillée  parce  qu’elle  l’a 
été  seulement  par  le  sommet  des  aiguilles  du  tambour.  Toute  la  réserve  de  partie  réellement  et  par¬ 
faitement  pure,  comprise  dans  la  tête  peignée,  se  trouve  inutilement  absorbée  dans  cet  espace  nuisible 
produit  par  les  cylindres  arracheurs,  dont  on  ne  peut  réduire  le  diamètre  au-dessous  des  mesures 
nécessaires  à  leur  parfaite  rigidité.  11  en  résulte  qu’avec  leur  emploi  il  y  a  toujours  insuffisance  de  ce 
que,  dans  tout  peignage  quelconque,  nous  définissons  par  le  mot  de  recouvrement  du  peignage'de 
queue  sur  le  peignage  de  tête. En  pratique,  les  cylindres,  tendant  à  occasionner  par  eux-mêmes  trop 
de  déchet,  amènent  à  réduire  encore  par  le  réglage  ce  qui  peut  subsister  de  ce  recouvrement  néces¬ 
saire. 

Dans  de  telles  conditions,  il  ne  peut  que  difficilement  y  avoir  sécurité  quant  à  la  perfection  du  tra¬ 
vail,  et  c’est  précisément  en  mieux  affinant  la  base  et  ainsi  en  allongeant  la  réserve  et  en  rendant  un 
certain  recouvrement  possible,  que  le  peigne  frappeur  qui,  dans  la  machine  Grün-Offermann ,  joue 
le  rôle  d’enfonceur  puissant  en  même  temps  que  d’échardonneur,  rend  un  service  si  utile  pour  la 
perfection  du  produit. 

Nous  devons  donc  louer  sans  réserves  M.  Paul  Heilmann  pour  l’emploi  bien  logique  de  sa  pince 
arracheuse  au  lieu  de  cylindres,  et  nous  avons  nous-même  suffisamment  indiqué  les  avantages  de  cette 
disposition  dans  nos  propres  travaux  sur  cette  matière  délicate  et  difficile. 

Dans  le  cas  de  grands  filaments  comme  les  laines,  celte  pince  arracheuse,  obligée  de  fournir  une 
grande  course,  apporte  une  certaine  lenteur  de  marche  dans  la  machine,  mais  permet  une  certaine 
progression  très  favorable  dans  la  vitesse  d’extraction  de  la  queue.  Nous  sommes  donc  loin  d’objecter 
à  cette  lenteur  relative  du  travail,  qui  est  d’ailleurs  compensée  largement  comme  production  par  la 
proportion  de  la  machine  même. 

Nous  signalons  encore  ici  l’ingénieux  enfonceur  dans  les  peignes  du  tambour,  imaginé  sous  la  forme 
d’un  cylindre  cannelé  engrenant  eu  quelque  sorte  avec  les  barrettes  d’aiguilles  du  tambour  peigneur. 
Cette  disposition  exige  évidemment  une  grande  précision ,  mais  ce  n’est  pas  l’ancien  chef  de  la  maison 
Heiîmann-Ducommun  qui  pourrait  être  embarrassé  par  une  question  de  précision  d’exécution.  Sa 

Gkolpe  VI. - IV.  90 


IMPRIMERIE  NATIONALE, 


306 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


belle  machine  est  peut-être  un  peu  plus  chère  que  les  machines  courantes  de  ce  genre,  mais  elle  ne 
peut  être  qu’excellente  pour  un  parfait  travail  des  produits  les  plus  fins. 


Les  diverses  expositions  dont  nous  venons  de  nous  occuper,  et  notamment  les  der¬ 
nières  que  nous  venons  de  décrire,  se  réfèrent,  au  moins  en  partie,  au  travail  de  la 
laine  peignée;  nous  ne  quittons  donc  pas  ce  sujet  en  parlant  ici  de  deux  exposants 
qui  ont  présenté  deux  appareils  presque  identiques  pour  la  préparation  des  laines 
chardonneuses. 

Nous  avons  décrit  les  appareils  que  MM.  Harmel  et  Offermann  (surtout  ce  dernier) 
appliquent  à  la  carde  pour  préparer  ces  sortes  de  laines  au  peignage,  et  nous  avons 
décrit  aussi  la  peigneuse  Grün-Offermann ,  qui  peut  le  plus  souvent  traiter  convena¬ 
blement  ces  laines  sans  aucune  préparation.  M.  Parfait-Dubois  et  Al.  Mérelle,  con¬ 
jointement,  ont  pensé  qu’il  était  possible  d’attaquer  ce  problème  dans  une  troisième 
direction,  consistant  à  établir  une  machine  de  grande  production  et  indépendante  qui 
permettrait  ensuite  l’emploi  de  cardes  ordinaires  sans  appendice  spécial  et  de  peigneuses 
ordinaires  aussi.  Au  point  de  vue  d’établissements  de  peignage  existants,  on  pouvait 
arriver  ainsi  à  éviter  à  la  fois  soit  la  transformation  des  cardes,  soit  celle  des  peigneuses 
utilisées  auparavant,  la  première  étant  assez  onéreuse  à  cause  des  redevances  à  payer 
aux  détenteurs  de  procédé  breveté ,  la  seconde  l’étant  aussi ,  si  le  matériel  de  peigneuses 
existantes  n’est  pas  usé  et  à  renouveler  par  lui-même.  Au  lieu  de  mâcburer  ou  de  briser 
le  chardon  ou  gratteron  a  la  carde  ou  à  la  peigneuse,  quand  il  a  été  déroulé  par  la 
carde  et  mis  à  l’état  de  corps  fibrillàire  végétal  mêlé  aux  fibres  de  laine,  ces  inventeurs 
ont  pensé  qu’on  pourrait  aisément  le  réduire  en  fragments  inoffensifs  par  une  com¬ 
pression  convenable  exercée  quand,  encore  intact  et  enroulé,  il  forme  une  sorte  de 
lentille  compacte,  mêlée  ou  accrochée  aux  fibres.  Ils  ont  trouvé  en  outre  que  cet 
écrasement,  déjà  praticable  à  sec,  était  encore  mieux  réalisé  immédiatement  après  le 
lavage,  quand  la  cellulose  bien  ramollie  du  gratteron  encore  humide  n’offrait  aucune 
résistance  à  se  laisser  désagréger.  Dans  ces  dernières  conditions,  en  outre,  des  cylindres 
lisses ,  réglés  à  une  grande  proximité ,  pouvaient  être  substitués  à  l’emploi  de  cylindres 
lisses  opposés  à  des  cannelés,  breveté  par  Harmel  et  Offermann.  Il  suffisait  ainsi  de 
faire  passer  la  laine,  à  l’état  de  flocons  encore  humides,  entre  de  tels  cylindres  lisses, 
assez  rapprochés  pour  écraser  le  chardon  sans  écraser  la  laine.  C’est,  en  outre,  pour 
éviter  ce  dernier  écueil  que  ces  inventeurs  ont  jugé  utile  de  faire  précéder  ce  broyage 
par  une  action  d’étirage. 


M.  Parfait-Dubois. 

M.  Parfait-Dubois  nous  a  présenté,  en  ce  sens,  une  étireuse-broyeuse  qui  est  une  machine  des  plus 
simples.  Une  table  sans  fin  pour  étaler  la  laine ,  deux  hérissons  alimentaires ,  trois  paires  successives 
de  rouleaux  étireurs  à  garniture  de  caoutchouc  et  quatre  rouleaux  en  fonte  de  gros  diamètre,  formant 
par  leurs  positions  relatives  trois  passages  d’écrasement,  enfin  deux  moulinets  à  la  sortie  pour  détacher 
régulièrement  les  flocons  de  laine  composent  toute  la  machine,  et  tous  ces  organes  sont  à  simple 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  307 


rotation  continue  de  vitesse  convenable.  Les  petites  boules  des  gratterons  se  présentent  à  la  sortie  en 
petites  masses  aplaties  qui  ne  sont  plus  qu’une  pâte  désagrégée ,  qu’un  très  bon  peignage  ordinaire 
peut  extraire  sans  en  laisser  de  traces.  Dans  cette  machine,  le  rôle  des  cylindres  étireurs  est  assez 
illusoire,  en  ce  que  les  flocons,  insuffisamment  divisés,  ne  peuvent  subir  presque  aucun  effet  utile  fie 
ce  soi-disant  étirage ,  auquel  un  étalage  un  peu  mince  sur  la  table  alimentaire  équivaudrait  pleinement. 
La  machine  peut  traiter  1,000  kilogrammes  par  jour,  mais  il  reste  à  savoir  si,  parmi  ces  flocons  ou 
ces  mèches  encore  compactes  et  brutes  qui  traversent  isolément  la  machine  et  passent  entre  des  rou¬ 
leaux  réglés  à  1/10  de  millimètre,  aucune  n’a  subi  une  action  dommageable  pour  la  fibre. 


M.  F.  Mérelle. 

M.  F.  Mérelle  nous  a  présenté  de  même,  en  ce  sens,  une  machine  analogue,  de  mêmes  principes 
écraseurs  du  chardon,  mais  différant  de  la  précédente  par  quelques  détails,  et  dans  laquelle  la  marche 
de  la  matière  se  fait  plus  logiquement  dans  une  direction  verticale  au  lieu  d’horizontale.  La  table  sans 
fin  montante  est  pourvue  d’un  organe  à  dents,  animé  d’une  vitesse  suffisante  pour  démêler  les  flocons 
et  les  fournir  mieux  divisés  h  deux  paires  d’étireurs  de  plus  petit  diamètre,  placées  l’une  au-dessous 
de  l’autre  et  au-dessous  desquelles  se  trouve  une  paire  de  gros  rouleaux  écraseurs  à  proximité  infini¬ 
tésimale.  La  production  de  la  machine  est  la  même  que  pour  la  précédente.  Le  résultat,  quant  à 
l’écrasement  des  chardons,  est  le  même  aussi,  et  les  réserves  à  formuler,  quant  à  certains  dégâts  qui 
pourraient  se  produire  sur  des  flocons  trop  volumineux,  sont  à  renouveler  ici. 

A  ce  sujet  et  en  constatant  que,  dans  la  machine  Mérelle,  les  passages  en  contact  d’écrasement  sont 
moins  nombreux  et  suffisent  à  assurer  l’exactitude  de  l’opération,  on  peut  se  demander  pourquoi 
M.  Parfait-Dubois  augmente  le  nombre  des  organes  et  avec  lui  le  danger  que  peuvent  courir  les  fibres. 

Ce  dernier  se  donne  en  outre  une  infériorité  relative  par  des  prétentions  exagérées  pour  le  prix  de 
ses  machines.  11  faut  désirer  qu’il  le  réduise  raisonnablement,  comme  son  collègue,  et  que  le  service 
réel  rendu  par  les  appareils  Dubois  et  Mérelle  à  l’industrie  de  la  laine  peignée  soit  ainsi  rendu  promp¬ 
tement  et  largement  utilisable. 

Ces  procédés  laissent  d’ailleurs,  évidemment,  tous  les  résidus  de  ces  corps  étrangers  dans  la 
blousse  du  peignage. 


MM.  J.  Ri  et  er  et  0e ,  h  Winterthur. 

Cette  importante  et  honorable  maison  est  très  ancienne  (1789)  et  s’est  depuis  longtemps  acquis 
une  réputation  de  premier  ordre  et  bien  méritée  pour  le  matériel  de  filature  du  coton  et  les  moteurs 
hydrauliques. 

Son  exposition,  quoique  limitée,  était  fort  remarquable  et  comprenait  : 

Un  batteur  finisseur,  avec  appareil  régulateur,  totalisant  les  mouvements  des  pédales  par  une  dis¬ 
position  particulière  et  heureuse,  réalisant  une  combinaison  à  plusieurs  degrés  successifs  de  balances 
soumises  à  deux  éléments  conjoints  ; 

Une  carde  à  chaîne,  dont  le  réglage  des  chapeaux  présente  une  disposition  originale  et  remarqua¬ 
blement  simple  et  favorable,  par  6  secteurs  indépendants,  de  circonférence  moyenne  et  munis  de  re¬ 
gards  permettant  de  faire,  avec  toute  facilité  de  contrôle,  le  réglage  total  en  6  degrés  successifs  de 
rapprochement  ; 

Un  banc  d’étirage  à  casse-mèches  mécaniques,  h  compteur  de  longueur  déterminant  l’arrêt  pour  la 
levée,  comprenant  divers  détails  ingénieux; 


20. 


308 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Un  banc  k  broches  en  gros  et  un  à  fin ,  présentant  des  particularités  intéressantes  dans  les  cha¬ 
peaux  de  propreté,  dans  le  montage  libre  des  pignons  de  broches  k  emmanchement  k  quadruple  en¬ 
taille  ,  dans  le  cône  inférieur,  monté  en  tendeur,  dans  le  déclic  commandant  les  déplacements  de  la 
courroie  des  cônes  et  les  courses  du  char,  dans  le  dispositif  pour  régler  le  char  en  position,  dans  la 
manœuvre  de  la  détente; 

Un  métier  renvideur,  présentant  des  particularités  très  avantageuses,  dans  la  manière  d’exécuter 
la  têtière  en  deux  blocs  de  large  assise,  réunis  par  les  jumelles  déterminant  l’aiguillée,  et  portant 
tout  le  mécanisme,  y  compris  les  rails  largement  écartés;  dans  les  proportions  du  cône  de  dépointage 
et  du  volant;  dans  la  double  commande  du  filage  et  du  renvidage  avec  avance  des  mouvements  de  la 
courroie  principale;  dans  le  régulateur  du  secteur;  dans  les  collets  de  broches  k  saignée  intérieure, 
pour  graissage  k  circulation  continue  ;  dans  le  dispositif  arrêteur  k  fin  de  la  levée  et  dans  une  série 
de  nombreux  détails  extrêmement  bien  étudiés  pour  le  parfait  service  de  la  machine  aux  plus 
grandes  vitesses. 

L’excellente  et  solide  exécution  de  tout  le  matériel  exposé  en  plein  fonctionnement,  par  MM.  Rieter, 
les  maintient  assurément  k-la  tête  des  meilleurs  constructeurs  similaires,  et  les  prix  très  modérés  de 
leurs  livraisons  consciencieuses  ne  peuvent  que  leur  attacher  et  développer  encore  leur  nombreuse 
clientèle.  Un  siècle  entier  de  précieux  services  rendus  k  l’industrie  est  pour  cette  grande  maison  un 
juste  titre  de  fierté  et  en  même  temps  une  tradition  de  devoirs,  car  noblesse  oblige,  et  la  maison 
Rieter  reste  digne  d'elle -même.  L’intéressant  appareil  d’essai  du  pouvoir  lubréfiant  comparatif  des 
huiles  dégraissage,  quelle  présentait  en  outre,  montre  qu’elle  sait  porter  son  attention  et  trouver 
des  solutions  heureuses  sur  tout  point  utile  aux  industriels  qu'elle  pourvoit  de  ses  machines. 


M.  G.  Rissler ,  à  Cernay  (Alsace). 

V Express-carde ,  de  M.  G.  Rissler,  de  Cernay,  remplit  un  but  qui  a  été  poursuivi  plusieurs  fois, 
notamment,  il  y  a  une  trentaine  d’années,  par  M.  Leyher.  Ce  but  consiste  k  rendre  le  batteur  finis¬ 
seur  susceptible  d’une  action  diviseuse  réelle,  qui  prépare  celle  de  la  carde  et  qui  permette  k  la 
ventilation  d’exercer,  sur  des  flocons  très  menus,  une  influence  plus  complète,  en  vue  de  la  sépara¬ 
tion  de  tous  les  corps  étrangers,  résidus  de  feuilles,  de  graines,  etc.  La  batte  ordinaire,  usitée  dans 
tous  les  batteurs,  n’a  pas  par  elle-même  une  action  diviseuse  réelle  et,  pour  obtenir  cette  action,  il 
faut  recourir  k  un  organe  muni  de  pointes  multipliées  en  nombre  suffisant,  comme  l’avait  fait 
M.  Leyher.  Mais  la  difficulté  de  faire  fonctionner  cet  organe,  avec  une  forge  centrifuge  suffisante  pour 
éviter  ses  engorgements ,  et  cependant  sans  qu’il  devienne  fatigant  pour  la  matière  en  réalisant  une 
sorte  d’effilochage,  avait  fait  renoncer  k  ces  tentatives.  M.  Rissler  a  beaucoup  mieux  réussi,  en  adop¬ 
tant  deux  organes  successifs,  l’un  fonctionnant  avec  le  cylindre  alimentaire,  le  second  fonctionnant  en 
reprise  et  dans  le  même  sens  au  contact  du  premier.  Les  pointes ,  tout  en  restant  claires  ou  bien  es¬ 
pacées  et  sans  propriétés  brutales  dans  les  deux  organes ,  peuvent  atteindre  ainsi  le  degré  d’action 
désiré,  sans  le  dépasser.  Des  grilles,  rationnellement  établies  autour  de  ces  deux  organes,  laissent 
passer  k  la  perfection  les  corps  étrangers  k  éliminer,  et  le  produit  de  la  machine,  beaucoup  mieux 
nettoyé  que  par  un  batteur  ordinaire,  fournit  des  nappes  dont  le  moelleux  état  de  division  facilite 
l’action  ultérieure  de  la  carde  et  sa  meilleure  et  plus  grande  production. 

Le  batteur  finisseur  Rissler  peut  atteindre  une  production  journalière  de  5oo  kilogrammes.  IJ  s’est 
répandu  sur  une  échelle  sérieuse  dans  presque  tous  les  pays.  Il  convient,  cela  s’entend,  surtout  aux 
cotons  des  Indes  ou  courtes  soies,  généralement  assez  chargés  d’orelures.  Cependant  de  petits  cotons 
Louisiane  se  trouvent,  au  besoin,  également  bien  de  son  intervention,  M.  Risfler  munissant  sa  ma- 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  309 


chine,  dans  ce  cas,  d’un  organe  alimentaire  composé  de  deux  paires  de  cylindres  cannelés,  étirant 
quelque  peu  la  nappe  alimentée ,  avant  de  la  présenter  au  premier  tambour. 


M.  A.  V im ont,  a  Vire. 

M.  Augustin  Vimont  est  un  inventeur  ingénieux,  réfléchi,  persévérant  et  d’autant  plus  méritant 
que  sa  situation  ne  lui  fournit  pas  les  occasions  naturelles  d’expérimentations  et  d’exécution  de  ses 
idées  mécaniques.  Depuis  que  le  continu  à  anneau  a  été  appliqué  à  la  filature,  d’abord  sous  une 
forme  très  discutable  et  susceptible  d’une  utilisation  restreinte,  on  peut  dire  que  M.  Vimont  a  entrevu, 
étudié  et  indiqué  au  monde  des  constructeurs  presque  tous  les  perfectionnements  essentiels  qui  en 
ont  développé  successivement  les  facultés.  Il  a  fait  cette  œuvre  réelle  sans  jamais  en  tirer  aucun  pro¬ 
fit  susceptible  de  compenser  son  travail  et  ses  dépenses. 

L’invention,  en  général,  telle  que  les  lois  de  presque  tous  les  pays  l’ont  organisée,  est,  il  faut  le 
dire,  une  voie  précaire ,  onéreuse,  exigeant  des  mises  de  fonds  sérieuses,  pour  la  garantie  souvent 
illusoire  d’une  propriété  si  éphémère  que  sa  durée  suffit  à  peine  parfois  à  la  terminaison  de  l’étude 
qui  en  forme  l’objet  et  qui  exige  aussi  des  sacrifices  importants.  L’exploitation  d’une  invention  exige 
à  son  lourdes  forces  matérielles  et  morales  sérieuses.  Enfin,  son  succès,  à  temps  pour  rémunérer 
l’inventeur,  est  fort  difficile  à  atteindre. 

Par  suite  du  peu  de  durée  de  la  propriété  industrielle ,  cette  propriété  fût-elle  la  plus  évidemment 
fondée  par  l’utilité  et  la  valeur  de  l’invention ,  un  succès  rémunérateur  est  toujours  sous  la  dépendance 
d’influences  adverses  trop  souvent  victorieuses.  L’intérêt  des  industriels  qui  utiliseraient  les  machines 
nouvelles,  intérêt  pour  lequel  l’inventeur  fait  son  œuvre,  a  bien  souvent,  pour  opposant,  celui  du 
constructeur  même,  intermédiaire  obligé  entre  ces  industriels  et  l’inventeur.  Ce  n’est  presque  jamais 
de  son  plein  gré  que  le  constructeur  accepte ,  de  la  part  d’hommes  étrangers  à  sa  maison ,  certains 
progrès  encore  incomplets ,  qui  l’obligent  à  des  efforts,  à  des  frais  d’étude  et  de  transformation;  du 
moment  que  l’invention  n’est  pas  celle  du  constructeur  lui-même,  elle  n’est  pas  non  plus  son  intérêt 
naturel.  Pourquoi  se  presserait-il,  dans  ce  cas,  pour  arriver  à  des  machines  plus  économiques,  dont 
il  aura  la  peine,  dont  l’inventeur  et  l’industriel  auront  le  profit,  et  dont  le  premier  effet  menace  d’être 
dans  l’avenir,  et  de  fait,  une  réduction  de  ses  affaires?  Encore  si  l’industriel,  pouvant  utiliser  les  ma¬ 
chines,  voyait  toujours  ou  voulait  voir  clairement  son  intérêt  à  lui,  et  intervenait  efficacement!  Le 
plus  souvent,  loin  de  se  rendre  compte  par  lui-même,  il  s’en  remet  à  son  constructeur,  dont  le  pres¬ 
tige  sur  lui  est  plus  fort  que  toute  preuve. 

Ces  considérations  sont  d’ordre  général,  mais  combien  ne  sont-elles  pas  plus  effectives  s’il  s’agit 
de  filature  et  de  filature  de  coton  surtout!  Une  invention  française,  des  filateurs  français,  n’ont  guère 
en  face  d’eux  que  des  constructeurs  anglais. 

Qui  ne  se  souvient  de  l’invention  de  Dannery,  délaissée  pendant  de  longues  années  dans  la  région 
normande,  sa  propre  patrie,  adoptée  avec  rapidité  plus  tard,  quand  elle  revenait  d’Amérique  et 
d’Angleterre,  sous  le  nom  de  Wellmann.  Et  cependant  l’invention  de  Dannery  était  une  œuvre  bien 
terminée.  Il  ne  faut  pas,  dans  ces  conditions,  s’étonner  absolument  si  les  inventions  encore  incom¬ 
plètes  de  M.  Augustin  Vimont  ont  eu  le  sort  de  celle  de  Dannery. 

Sa  broche  libre  et  plongeant  dans  l’huile,  son  continu  à  laine  cardée,  nous  reviennent  sous  des 
formes  modifiées  d’Angleterre  et  de  Belgique.  Son  curseur-traverse  formant  palette  sur  la  bobine, 
exposé  par  lui  en  1878  sans  succès  pratique,  s’est  trouvé,  sous  une  forme  modifiée,  breveté  à  nou¬ 
veau  en  Angleterre  et  vient  de  figurer,  sous  son  nom  anglais  et  tout  à  côté  de  M.  Vimont,  lui-même, 
à  l’Exposition  de  1889.  Son  succès  est  désormais  certain  sous  ce  nouveau  nom,  la  modification  de 
forme  effectuée  n’étant  d’ailleurs  pas  sans  être  avantageuse. 


310 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


M.  Vimont  a  exposé  cette  année  un  spécimen  de  continu  à  anneau  qui  résume  ses  inventions  pré¬ 
cédentes,  avec  plusieurs  dispositions  additionnelies.  Sa  broche  est  restée  conforme  à  son  type  anté¬ 
rieur,  comme  pour  témoigner,  aux  yeux  du  monde  spécial  (aujourd’hui  familiarisé  avec  les  diverses 
broches  usitées  sous  des  noms  divers),  de  la  paternité  qui  lui  appartient  à  l’égard  de  toutes.  Son 
curseur- traverse  a  été  modifié  de  forme  et  a  une  grande  analogie  de  constitution  avec  celui  de  son 
heureux  imitateur  et  concurrent  anglais.  Son  anneau  rappelle  aussi  certaines  dispositions  récentes , 
mais  l’ensemble  de  l’anneau  et  du  curseur  est  assurément  excellent  pour  le  but  en  permettant  un  en- 
vidage  des  plus  doux,  des  plus  réguliers,  sur  des  diamètres  très  réduits,  et  évitant  l’encrassement  par 
les  duvets  ou  les  poussières. 

Le  plan  presque  vertical  des  cylindres  lamineurs,  combiné  à  des  pressions  par  ressorts,  tend  à 
éviter  les  inconvénients  qui,  trop  souvent,  compensent  les  avantages  de  cette  verticalité.  Enfin  le 
métier  de  M.  Vimont  se  caractérise  par  une  commande  particulière  des  broches  qui  sont  munies  de 
poulies  cylindriques  et  qui  appuient ,  deux  par  deux ,  contre  une  courroie  sans  fin ,  courant  intérieu¬ 
rement  le  long  des  broches  en  prenant  son  impulsion,  à  chaque  intervalle  de  deux  broches,  sur  des 
poulies  motrices  dont  les  axes  verticaux  sont  commandés  par  roues  d’angle  par  un  arbre  horizontal 
inférieur.  La  courroie  sans  fin  commandant  les  deux  faces  et  n’exigeant  qu’un  faible  diamètre  de 
ses  nombreuses  poulies  motrices,  M.  Vimont  a  pu  rapprocher  étonnamment  les  deux  faces  du  métier 
qui  n’a  guère  que  o  m.  4o  de  largeur  totale. 

Aux  autres  avantages  du  métier  s’ajouterait  donc  une  extrême  économie  de  place.  Sans  doute,  il 
faut  que  la  mise  en  pratique  vérifie  ces  conditions  et  montre  si  une  machine  de  grande  longueur  et 
d’une  dimension  transversale  si  restreinte  aura  la  stabilité  nécessaire  pour  résister  aux  vibrations 
résultant  de  l’extrême  vitesse  de  ses  nombreux  organes.  Il  faut  qu’elle  montre  si  les  nombreux  axes 
verticaux  commandant  les  broches,  à  raison  de  1  pour  4  broches,  ne  compliquent  pas  à  l’excès 
l’ exécution  et  l’entretien.  S’il  y  a  quelques  incertitudes  sur  ces  points,  il  n’y  en  a  aucune  sur  la  bonne 
disposition  de  l’organe  fileur  proprement  dit,  sur  son  aptitude  à  fder  tous  les  genres  :  chaîne,  demi- 
chaîne  ou  trame,  et  cela  sous  la  meilleure  forme,  celle  du  self-acting. 

11  n’y  a  non  plus  aucune  incertitude  sur  les  mérites  exceptionnels  de  M.  Vimont  et  de  son  œuvre 
persévérante. 


M.  Martin  (Ce/esfm),  à  Verviers. 

De  même  que  l’Angleterre  contient  les  constructeurs  qui  sont  à  la  tête  de  l’industrie  du  coton  et 
du  lin,  de  même  que  la  France  et  l’Alsace  comprennent  ceux  qui  ont  créé  et  développé  le  matériel  de 
la  laine  peignée  mérinos,  de  même  la  Belgique  est  depuis  assez  longtemps  à  la  tête  de  l’industrie 
de  la  laine  cardée,  soit  par  sa  fabrication  puissante  et  active  de  produits  fdés  et  tissés,  soit  par  ses 
constructeurs  de  matériel  spécial.  Parmi  ces  derniers,  la  maison  Gélestin  Martin  est  au  premier  rang, 
et  elle  a  présenté  une  exposition  des  plus  brillantes,  tant  par  les  soins  d’exécution  et  les  bonnes 
combinaisons  que  par  les  grandes  proportions  de  ses  belles  machines.  Dans  celles-ci,  il  est  nécessaire 
de  louer  hautement  non  seulement  leur  perfection,  mais  encore  les  prix  extraordinairement  modérés 
auxquels  ces  constructeurs  les  fournissent  journellement.  Ce  point  de  vue,  dans  un  concours  industriel, 
ne  saurait  être  négligé.  Car  faire  bien  à  prix  excessif  n’est  plus  obtenir  un  résultat  valable,  et  faire 
très  bien  à  très  bas  prix  c’est  faire  preuve  du  vrai  mérite  industriel. 

La  maison  Gélestin  Martin  a  présenté  : 

Une  réduction  du  système  très  avantageux  de  séchoirs  automatiques  qu’elle  établit  pour  de  grands 
établissements  à  production  journalière  considérable; 

Une  échardonneuse,  pour  le  travail  spécial  en  draperie  des  laines  chardonneuses.  Cette  machine , 
sans_dilférer  absolument  de  celles  en  usage  pour  ce  but,  présente  quelques  particularités  favorables, 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  311 


noiammant  clans  les  tambours  à  peignes,  dont  les  dents  sont  séparées  par  une  rainure  d’une  profon¬ 
deur  convenable  et  laissent  ou  ménagent  les  espaces  utiles  pour  rendre  moins  dure  l’action  du  frot¬ 
tement  exercé  sur  la  masse  fibreuse  ; 

Un  loup  avec  chargeur  automatique  et  appareil  huileur  ou  ensimeur  automatique  très  apprécié; 

Un  superbe  assortiment  de  trois  cardes  de  1  m.  800  d’arasement.  La  carde  briseuse  est  munie 
d’un  chargeur  mécanique  fort  simple;  son  tambour  nappeur  est  d’un  diamètre  fournissant  la  nappe 
carrée  nécessaire  pour  le  renversement  d’équerre  derrière  la  deuxième  carde,  et  il  est  à  joint  en 
charnière  et  à  déchireur  automatique.  La  carde  repasseuse  est  à  sortie  nappeuse  de  long  développe¬ 
ment  en  circuits  et  à  appareil  enrouleur  de  nappe.  La  carde  fileuse  est  à  continu  diviseur  à  lanières, 
à  deux  frotteurs  et  quatre  canneliers.  L’ensemble  de  ces  trois  magnifiques  machines  est  le  dernier 
mot  de  ce  genre  ; 

Un  continu  à  filer,  genre  Vimont,  du  système  particulier  adopté  par  la  maison  G.  Martin,  avec 
cylindres  étireurs  et  bobinots  tordeurs  et  détordeurs  entre  les  deux  rangs  de  cylindres,  broches  à 
anneaux  et  curseurs; 

Un  continu  à  retordre  les  fils  de  fantaisie  qui  se  combinent  de  mille  manières.  Dans  cette  machine, 
outre  les  cylindres  alimentaires  qui  fournissent  le  retors  habituel  formant  fil  d’âme,  une  deuxième 
paire  de  cylindres  fournit  le  fil  de  guimpe,  et  sa  commande  est  disposée  pour  varier,  à  la  fantaisie 
de  chacun,  la  vitesse  et  les  intermittences  de  vitesse  de  ce  fil  de  guimpe  qui,  lui-même,  pris  d’avance 
en  qualités  capricieuses,  permet  des  combinaisons  illimitées  et  des  effets  extrêmement  variés  pour 
l’emploi  en  tissus  de  fantaisie. 


Société  Verviétoise,  a  Verviers. 

Les  importants  ateliers  de  la  Société  Verviétoise  marchent  de  pair  avec  ceux  de  la  maison  Gélestin 
Martin.  La  ville  de  Verviers ,  qui  est  la  première  du  monde  comme  importance  industrielle  concernant 
toute  la  fabrication  de  la  laine  cardée,  possède  ainsi  les  deux  établissements  de  premier  ordre  qui 
construisent  tout  le  matériel  des  industries  de  cette  branche.  L’exposition  de  la  Société  Verviétoise, 
par  son  développement  et  la  beauté  de  ses  machines,  a  été  la  digne  rivale  de  sa  voisine  et  compatriote, 
et ,  pour  cette  maison  aussi ,  il  faut  citer,  comme  extraordinaire  et  très  méritoire ,  les  prix  si  modérés 
auxquels  elle  parvient  h  livrer  toutes  les  parties  de  ce  beau  matériel. 

Nous  trouvons  dans  cette  exposition  : 

Une  grande  essoreuse  à  panier,  établie  dans  des  conditions  parfaites,  avec  pivot  mobile  et  vis  de 
rappel  pour  l’embrayage  des  cônes  et  pour  leur  débrayage ,  amenant  le  panier  à  former  frein  d’arrêt 
sur  le  fond  extérieur  ; 

Une  grande  échardonneuse  de  très  belle  construction,  pour  le  traitement  des  laines  à  gratterons, 
telles  que  celles  du  Maroc,  du  Gap,  de  la  Plata,  etc.  .  .  Cette  échardonneuse  est  munie  d’une  char- 
geuse  automatique  fort  utile  à  l’opération,  en  ce  quelle  charge  la  table  alimentaire  en  ouvrant  la  laine 
par  une  sorte  de  peignage  ; 

Un  loup  ou  brisoir,  avec  un  distributeur  automatique,  étalant  la  laine  en  nappe  régulière  sur  la 
table  d’entrée,  et  avec  un  appareil  huileur  fournissant  régulièrement  le  mélange  ensimeur  dont  la 
masse  fibreuse  doit  être  intimement  chargée  pour  le  cardage  ultérieur,  et  qu’un  agitateur  maintient 
en  mouvement  incessant  et  en  état  d’émulsion  parfaite; 

Une  carde  briseuse  de  1  m.  800  d’arasement  avec  chargeuse  automatique  réglant  la  régularité  de 
l’alimentation.  Le  tambour  nappeur  de  diamètre  ou  de  circonférence  calculée  pour  âccorder  avec  la 
largeur  de  la  seconde  carde  est  à  appareil  coupeur  automatique.  Quand  le  matelas  a  atteint  une 
épaisseur  prévue  et  réglable,  deux  douves  mobiles  s’entr’ouvrent  et  déchirent  la  nappe  sur  toute  sa 
largeur  et  en  amorcent  le  bout  dans  une  paire  de  rouleaux  extracteurs; 


31*2 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Une  carde  repasseuse,  de  mêmes  et  puissantes  proportions,  suit  la  pre'cédente  et  est  munie  d’un 
appareil  nappeur  de  grand  développement,  avec  dispositif  pour  détacher  et  enrouler  en  bobine  la 
nappe  de  1 5  ou  1 6  mètres  de  longueur  entièrement  formée. 

La  carde  fileuse,  de  même  arasement,  est  à  continu  diviseur  à  lames  d’acier  voyageuses,  du  type 
bien  connu  sous  le  nom  de  système  Bolette,  propre  h  la  Société  Verviétoise  et  des  plus  avantageux. 
L’appareil  est  à  deux  frotteurs  et  quatre  canneliers.  Toutes  les  cardes  de  ce  puissant  assortiment, 
d’une  large  et  superbe  exécution,  sont  à  cylindres  en  fer,  axes  en  acier,  à  6  travailleurs  portés  sur 
des  supports  h  larges  assises,  avec  couvercles  à  charnières; 

Un  métier  renvideur,  à  double  vitesse  de  broches  et  à  une  seule  corde  motrice  passant  à  double 
tour  sur  les  poulies  à  gorge,  commandant  tous  les  mouvements  sans  engrenages.  Ce  beau  métier  est 
à  deux  poulies  motrices,  l’une  pour  la  sortie,  l’autre  pour  la  rentrée  du  char.  Les  cordes  à  broches 
y  sont  à  tendeur  du  système  Jenny,  et  le  fonctionnement  du  métier  entier  est  d’une  remarquable 
douceur,  quoique  très  rapide. 

La  beauté  d’exécution  de  ce  matériel,  de  grandes  et  économiques  proportions,  n’est  égalée  que  par 
le  merveilleux  bas  prix  auquel  il  est  établi,  et  les  grands  constructeurs  anglais  eux-mêmes,  sous  ce 
dernier  rapport,  n’ont  pas  encore  atteint  une  telle  réduction  du  prix  de  revient  des  machines  de 
filature. 


MM.  Alexandre  père  et  fils,  à  Haraucourt  (Ardennes). 

Placée  dans  une  région  où  l’industrie  de  la  draperie  est  très  importante,  cette  honorable  et 
ancienne  maison  s’est  toujours  occupée  avec  distinction  de  la  construction  du  matériel  pour  laine 
cardée,  dont  elle  a  fait  sa  spécialité.  Son  exposition  nous  l’a  montrée  poursuivant  avec  succès  cdte 
branche  et  sachant  y  apporter  parfois  des  modifications  originales  de  bon  aloi.  Cette  exposition 
comprenait  surtout  un  bel  assorlissement  de  cardes  de  î  m.  5o  d’arasement,  machines  d’une  bonne 
et  solide  exécution,  avec  travailleurs  en  acier  bien  conditionnés  pour  un  service  bon  et  commode. 

La  carde  briseuse  comprend  une  fort  belle  cliargeuse  peseuse,  formée  d’un  tambour  hérisson 
amorçant  et  entraînant  la  matière  contenue  dans  une  caisse  supérieure  et  la  déversant  par  flocons 
dans  une  auge,  par  un  mouvement  excentré  de  rentrée  de  la  denture  dans  la  surface  du  tambour. 
L’auge  forme  balance  et,  par  un  ingénieux  mécanisme,  quand  la  charge  est  complète  et  que  la 
balance  fléchit,  le  mouvement  du  distributeur  s’arrête,  l’auge  bascule  vidant  sa  charge  sur  la  table 
sans  fin  de  la  carde  où  un  râteau  alternatif  se  charge  de  l’égaliser.  Le  fonctionnement  de  cette  étaleuse 
est  des  meilleurs. 

La  carde  fileuse  comprend  un  continu  diviseur  à  lanières.  Ce  jeu  de  lanières,  fort  bien  disposé, 
est  quadruple,  pour  fournir  à  quaire  manchons  frotteurs  et  quatre  cannelles.  Cet  appareil,  solidement 
établi,  est  susceptible  d’une  bonne  vitesse  et,  avec  l’écartement  d’un  fil  sur  quatre,  on  peut  faire  une 
division  fine  et  être  assuré  de  pouvoir  frotter  énergiquement  les  laines  les  plus  difficiles,  et  cela  sans 
mariages. 

Un  loup  d’une  bonne  exécution  complétait  cette  exposition  intéressante. 


Compagnie  de  Fives-Lille. 

La  Compagnie  de  Fives-Lille,  s’attaquant  aux  arts  textiles,  a  exposé,  outre  une  remarquable  ma¬ 
chine  à  faire  les  filets  de  pêche,  qui  concerne  le  programme  de  la  classe  55,  une  fort  belle  machine  h 
teiller  le  lin. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  313 


Les  procédés  habituels  d’extraction  du  lin  ou  du  chanvre  recourent,  après  le  rouissage,  h  l’emploi 
d’appareils  broyeurs  qui  reposent  sur  .l’action  de  rouleaux  cannelés  superposés,  opérant  le  broyage 
par  le  brisement  et  l’écrasement  que  subissent  les  tiges  de  lin  sous  ces  cannelures  opposées  se  péné¬ 
trant,  et  sous  la  pression  dont  sont  munis  les  rouleaux  supérieurs.  Ce  n’est  qu’après  ce  broyage  qu’a 
lieu  le  teillage  proprement  dit  qui ,  dans  les  moulins  irlandais  ou  dans  les  appareils  à  palettes  s’en¬ 
tre- crois  ant ,  agit  à  la  fois  par  secousses  et  par  friction,  pour  faire  tomber  la  chènevotte  ou  les  résidus 
du  broyage. 

M.  Cardon,  dans  sa  peigneuse-teilleuse ,  avait  déjà  cherché  à  éviter  ce  broyage  préalable  assez 
brutal  et  à  le  remplacer  par  un  piquetage.  Sa  tentative,  d’abord  jugée  favorablement,  a  été  ensuite 
condamnée  par  la  pratique.  Mais  si  la  méthode  de  piquetage  qu’il  proposait  n’a  pas  rempli  le  but 
voulu,  il  ne  s’en  suit  pas  que  le  broyage,  par  écrasement  par  cannelures  vives,  ne  puisse  utilement 
être  remplacé  par  une  méthode  plus  modérée  et  plus  progressive.  La  Compagnie  de  Fives-Lille  l’a 
pensé  et  a  considéré  en  outre  que  ce  broyage  et  le  teillage  qui  le  suit  pouvaient  être  le  résultat 
d’une  seule  action  répétée,  à  des  degrés  successifs  d’intensité  et  de  finesse,  comme  l’est  le  peignage 
lui-même  qui  termine  les  opérations  préparatoires.  Elle  a  en  outre,  non  sans  raison,  été  frappée  de 
la  méthode  parfaitement  rationnelle  qui  règle  l’aclion  du  peignage  du  lin ,  méthode  qu’on  peut  quali¬ 
fier  d’indispensable  et  qui  consiste  dans  un  travail  progressif  commencé  à  la  pointe  d’une  gerbe  de 
lin  et  pénétrant  graduellement,  en  allongeant  l’action  vers  le  cœur  de  cette  gerbe.  Elle  a  pensé  que 
ces  mêmes  principes  seraient  utilement  applicables  à  une  action  bien  étudiée,  dont  les  degrés  suc¬ 
cessifs  transformeraient  les  tiges  brutes  en  filasse  teillée. 

Elle  prend  deux  tambours  horizontaux  parallèles,  tournant  tangentiellement  à  vitesse  égale  dans 
une  direction  commune,  de  haut  en  bas.  Elle  munit  ces  tambours  de  rangées  hélicoïdales  de  dents 
arrondies  qui  forment  chacune  un  arceau  ou  un  très  petit  segment  saillant  dans  son  plan  respectif. 
D’un  tambour  à  l’autre,  les  dents  opposées  s’entre-croisent  et  les  tambours  entiers  sont,  sur  leur  lon¬ 
gueur,  partagés  en  quatre  divisions  munies  de  telles  dents,  plus  minces,  plus  serrées  et  plus  nom¬ 
breuses  d’une  division  à  l’autre.  Au-dessus  de  ces  tambours,  un  véritable  chariot  porte-mordaches 
effectue  ses  descentes  et  remontées  successives,  avec  déplacement  des  mordaches  d’une  division  à 
l’autre  après  chaque  remontée,  comme  cela  a  lieu  dans  toutes  les  peigneuses-lin  modernes  à  doubles 
chaînes  verticales.  Le  lin  brut,  serré  dans  la  mordache,  est  travaillé  ainsi  par  pénétration  progressive, 
à  chaque  descente  dans  les  quatre  divisions  graduées.  L’action  efficace  est  le  résultat  d’une  sorte  de 
froissement,  en  même  temps  que  d’un  frottement,  toujours  modérés  et  d’ailleurs  réglables  par  la  vi¬ 
tesse  des  tambours. 

L’expérience  faite  devant  le  jury  a  fourni  un  produit  teille'  très  satisfaisant:  le  déchet  en  chènevotte 
ne  contenait  que  fort  peu  de  fibres  brisées ,  et  celles-ci  eussent  sans  doute  été  moindres  encore  si  un 
défaut  de  ventilation  nuisible,  produite  par  les  tambours  et  empêchant  les  gerbes  descendantes  de 
s’engager  régulièrement  entre  eux,  dès  le  commencement  du  contact,  eût  pu  être  évité,  ce  que  les 
constructeurs  réussiront  à  faire  selon  toute  probabilité.  La  machine  est  d’ailleurs  très  productive. 
Celle  qui  a  travaillé  les  tiges  par  leur  pied  est  suivie  d’une  seconde  faisant  le  travail  des  têtes,  et 
celle-ci  peut  fournir  ses  mordaches  toutes  garnies  à  la  première  peigneuse  qui  suivrait  immédiatement. 


MACHINES  À  DECORTIQUER  LA  RAMIE. 

Le  teillage  du  lin,  dont  nous  venons  de  nous  occuper  à  propos  de  la  Compagnie 
de  Fives-Lille,  nous  amène  à  parler  de  suite  des  exposants  qui  ont  présenté  des  ma¬ 
chines  a  décortiquer  les  tiges,  si  difficiles  à  traiter,  qui  fournissent  la  ramie. 

Ce  qui  fait  la  difficulté  particulière  de  l’extraction  delà  ramie,  c’est  la  grosseur  extra- 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


3 1  h 


ordinaire  de  la  tige  fibreuse,  l’épaisseur  exceptionnelle  du  corps  ligneux  central  et 
l’impossibilité  de  dissocier,  par  un  rouissage  préalable,  les  deux  couches,  fibreuse  et 
tégumentaire ,  qui  recouvrent  ce  corps  ligneux.  Soit  à  l’état  vert,  soit  à  l’état  sec,  l’opé¬ 
ration  exécutée  par  la  plupart  des  machines  essayées  jusqu’ici  consiste  en  un  broyage 
effectué  sur  les  tiges  brutes  et  en  un  secouage  convenable  pour  faire  tomber  les  frag¬ 
ments  du  corps  ligneux,  et,  évidemment,  la  nature  de  la  tige  exige  une  grande  énergie 
pour  ces  opérations,  et  ces  fragments  volumineux  ne  peuvent  que  difficilement  être  ex¬ 
traits  de  l’enveloppe  fibreuse,  sans  détériorer  cette  dernière  plus  ou  moins  gravement. 


M.  Barbier ,  à  Paris. 

M.  Barbier  exposait  la  machine,  dite  machine  Armand,  composée  d’un  cannelé  inférieur  muni  de 
trois  cannelés  de  pression  formant  l’organe  broyeur,  et  suivi  de  deux  battes  à  grande  vitesse  rotative. 
La  rotation  des  battes  secoueuses  est  continue  ;  celle  des  cannelés  broyeurs  se  renverse  en  sens  alter¬ 
natif  et  à  volonté,  pour  faire  entrer  et  retirer  ensuite  les  tiges',  et  travailler  les  tiges  entières  en  deux 
opérations,  l’une  pour  les  têtes,  l’autre  pour  les  pieds. 

Dans  ces  machines ,  il  conviendrait  de  rendre  la  vitesse  rotative  du  train  broyeur  et  alimentaire 
facilement  rechangeable ,  selon  l’état  des  tiges.  Ces  machines  conviennent  mieux  au  travail  en  vert 
qu’à  celui  effectué  à  sec,  et  plus  les  tiges  sont  vertes  et  fraîches,  mieux  se  fait  l’élimination  du  bois 
et  moins  est  abîmée  la  lanière  fibreuse  obtenue. 


M.  Delantsheer,  à  Paris. 

M.  Delantsheer  exposait  la  machine  presque  semblable  qui  porte  son  nom.  Les  cannelés  broyeurs 
sont  quelque  peu  différents ,  étant  chacun  à  une  demi-circonférence  lisse  et  une  demi-circonférence 
cannelée.  Le  mécanisme  de  renversement  de  leur  marche  est  aussi  différent  et  procure  une  accéléra¬ 
tion  du  mouvement  de  recul.  D’ailleurs,  comme  la  précédente,  cette  machine  convient  beaucoup 
mieux  aux  tiges  vertes  qu’aux  sèches.  La  production  d’une  telle  machine  peut  atteindre  par  jour, 
au  maximum,  80  à  100  kilogrammes  de  lanières  séchées  après  l’opération,  et  cette  quantité  de  pro¬ 
duit  résulte  du  traitement  de  1,600  à  2,000  kilogrammes  de  tiges  vertes  effeuillées. 


Société  «La  Ramie  française  ». 

La  société  «La  Ramie  française  «  qui,  depuis  quelques  années,  a  fait  tant  d’efforts  pour  la  pro¬ 
duction  et  l’emploi  de  cette  fibre,  exposait  la  machine  qu’elle  emploie  et  qui  est  connue  sous  le  nom 
de  machine  Favier. 

Cette  machine  comprend  une  succession  horizontale  de  groupes  semblables  d’organes  travailleurs , 
chaque  groupe  étant  composé  d’une  paire  de  cannelés  broyeurs ,  d’une  paire  de  racleurs  et  d’un  petit 
arbre  carré  dégageant  les  racleurs.  Ces  groupes  se  succèdent,  munis  d’une  vitesse  légèrement  crois¬ 
sante,  et  les  tiges  traversent  entièrement  la  machine  qui,  divisée  en  deux  parties  dans  sa  largeur, 
permet  un  travail  continu  à  deux  introducteurs  et  à  deux  receveurs ,  d’ailleurs  fort  occupés ,  car  la 
vitesse  des  organes  et  des  tiges  est  considérable. 

La  société  rrLa  Ramie  française  *  présentait  deux  machines  semblables  :  l’une  d’environ  douze 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  315 


groupes,  pour  le  travail  au  sec;  l’autre  d’un  nombre  moindre,  pour  le  travail  en  vert.  Pour  l’un  ou 
l’autre,  ces  machines  respectives,  malgré  des  engorgements  trop  fréquents,  paraissent  pouvoir 
atteindre  par  jour  environ  i5o  à  200  kilogrammes  de  produit,  en  lanières  soit  sèches,  soit  séchées 
après  l’opération.  Le  produit  n’est  pas  trop  brisé;  le  déchet  ne  contient  absolument  point  de  fibres 
perdues.  Par  contre ,  ces  machines  sont  certes  un  peu  compliquées ,  par  le  nombre  d’organes  qu’amène 
le  désir  d’obtenir  une  action  graduée.  Elles  sont,  par  cela  même,  d’un  prix  assez  élevé  et  n’ont  en 
outre  pas  le  caractère  agricole  des  précédentes.  Il  est  à  désirer  que  la  commande  des  organes  puisse 
y  être  ultérieurement  réalisée  autrement  que  par  les  nombreux  pignons  d’angle  qui  y  sont  employés 
actuellement.  De  tels  pignons,  de  petite  mesure,  à  grande  vitesse  et  très  nombreux,  et  sous  un  effort 
encore  assez  sérieux ,  sont  toujours  d’un  service  pratique  défectueux. 


Chantier  de  la  Buire. 

Cette  Compagnie ,  dont  les  importants  ateliers  n’avaient ,  il  y  quelques  années  encore,  été  appliqués 
qu’à  des  travaux  d’ordre  général  et  de  grande  dimension,  s’est  attaquée  récemment  à  l’exécution  de 
machines  pour  la  filature  et  le  tissage  de  la  soie,  but  que  sa  situation  à  Lyon  justifiait  pleinement. 
Sous  l’influence  d’ingénieurs  spéciaux  de  grand  mérite ,  M.  Léon  Camel  pour  la  filature  de  la  soie , 
MM.  Leaserson  et  Wilke  pour  le  tisssage  mécanique  des  soieries,  et  quelques  autres,  et  au  prix  des 
plus  méritoires  efforts  de  sa  part,  elle  est  arrivée  à  des  résultats  remarquables,  atteints  en  un  temps 
très  court. 

En  ce  qüi  concerne  la  filature,  elle  avait  organisé,  dans  son  pavillon  particulier  de  l’avenue 
La  Bourdonnais,  une  petite  filature  complète  de  soie  grège,  qui  était  un  des  charmes  les  plus  at¬ 
trayants  parmi  tous  ceux  que  renfermait  la  classe  54  ,  et  qui,  pour  des  hommes  spéciaux,  présentait 
des  particularités  dignes  d’un  intérêt  beaucoup  plus  sérieux  que  celui  d’une  simple  curiosité  super¬ 
ficielle. 

La  filature  de  la  soie  grège,  qui  n’est  autre  chose  que  le  dévidage  des  cocons  de  vers  à  soie  sous 
forme  d’un  fil  continu  et  combiné  par  agglutination ,  exige  trois  opérations  principales  :  la  cuisson 
destinée  à  ramollir  les  cocons ,  le  battage  et  le  débavage  destiné  à  trouver  les  bons  bouts ,  et  le  filage 
proprement  dit  ou  tirage.  Les  deux  premières  opérations  sont,  le  plus  souvent,  exécutées  en  se  sui¬ 
vant  et  dans  la  même  bassine,  et  l’introduction  des  batteuses  mécaniques,  qui  commencent  à  se 
propager,  ne  rend  pas  un  autre  mode  préférable,  bien  que  la  batteuse  mécanique  ne  puisse  ainsi 
atteindre  son  maximum  de  rendement.  Cet  inconvénient  doit  être  préféré  à  celui  d’un  ramollissement 
excessif  des  cocons  qui  résulte  trop  souvent  d’une  cuisson  faite  à  part  et  laissant  les  cocons  détrempés 
attendre  en  cet  état  leur  battage ,  au  risque  de  devenir  plongeurs.  C’est  vraisemblablement  pour  ces 
motifs  que  les  Chantiers  delà  Buire,  dans  leur  spécimen  de  filature,  ne  présentaient  aucun  des  appa¬ 
reils  spéciaux  de  cuisson ,  dont  on  a  tenté  fréquemment  l’introduction.  Leur  exposition  ne  compre¬ 
nait  ainsi  que  les  batteuses  mécaniques  et  le  tirage. 

Les  batteuses  présentées  par  les  Chantiers  de  la  Buire  sont  de  deux  types,  l’un  à  plateau  d’escou- 
beltes  carré  et  couvrant  une  bassine  carrée,  l’autre  à  plateau  d’escoubettes  tournant  et  sur  bassine 
ronde.  L’un  et  l’autre  sont  d’un  fonctionnement  qui  est  bon,  quoique  un  peu  lourd  pour  le  but  dé¬ 
licat  qu’ils  ont  à  remplir.  Ces  machines  sont,  d’ailleurs,  comme  exécution  et  comme  mécanisme,  à  la 
hauteur  des  exigences  modernes  et  remplissant  le  programme  complet  qu’on  peut  attendre  d’elles; 
elles  battent,  comptent  leurs  coups  au  nombre  facultatif  désiré,  s’arrêtent  et  relèvent  automatique¬ 
ment  leurs  brosses-escoubettes  pour  permettre  l’enlèvement  des  cocons  à  débaver.  On  retrouve  dans 
ces  machines,  avec  une  meilleure  exécution,  les  principes  des  appareils  antérieurs  de  Nourrit,  de 
Coren ,  de  Sée  et  autres  inventeurs. 


316 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Ce  sont  les  appareils  de  tirage  cpii,  dans  l’installation  de  la  Buire,  offrent  les  parties  les  plus  inté¬ 
ressantes.  Dans  ces  appareils ,  le  tirage  est  effectué  sous  la  méthode  de  croisure  de  deux  fils  voisins , 
et  dite  française  ou  a  la  Chambon,  généralement  reconnue  préférable,  pour  la  qualité  du  fil,  à  la 
méthode  de  croisure  du  fil  sur  lui-même ,  dite  méthode  italienne.  Il  faut  louer  certainement  la  bonne 
disposition  des  asples  et  des  barbins ,  établie  par  M.  Léon  Camel  et  qui  satisfait  à  toutes  les  nécessités 
pratiques  du  service  :  ménagement  de  l’espace,  rejet  latéral  du  fil  en  cas  de  mariage,  facilité  de 
levée ,  etc.  Les  asples  sont  d’ailleurs ,  comme  cela  se  pratique  dans  les  installations  modernes ,  en¬ 
fermés  autant  que  possible  dans  un  espace  clos  et  chauffé,  pour  faciliter  et  activer  le  séchage  des 
écheveaux,  au  fur  et  à  mesure  de  leur  formation.  Mais  ces  dispositions  ne  sortent  pas  du  cercle  de 
celles  qu’on  peut  appeler  de  bonne  exécution.  Ce  qu’il  faut  louer  particulièrement,  c’est  l’excellent 
jette-bout  imaginé  par  M.  Léon  Camel  et  adopté  par  les  Chantiers  de  la  Buire.  Il  y  a  longtemps  que 
cette  petite  et  précieuse  toupie,  destinée  à  attacher,  au  fil  grège  ou  aux  brins  en  marche,  un  brin 
nouveau  en  remplacement  d’un  brin  épuisé  ou  rompu,  était  l’objet  de  recherches  et  de  tentatives  de 
la  part  des  praticiens. 

En  effet,  le  bout  jeté  à  la  main  exige  une  ouvrière  adroite  et  manque  souvent  son  effet,  laissant 
trop  longtemps  durer  la  formation  d’ùn  fil  trop  fin.  Mais  son  plus  grave  défaut  est  de  s’accrocher 
irrégulièrement  aux  brins  en  marche,  d’y  former  un  bousillage  défectueux  et  peu  solide  qui  provoque 
les  mariages  dans  le  parcours  croisé,  et  par  suite  le  déchet  et  les  arrêts,  et  qui  enfin,  ultérieurement, 
est  la  cause,  au  moulinage,  des  bouchons  et  défauts  superficiels  dépréciant  le  produit. 

Si  l’on  tient  compte  que  dans  un  tirage,  même  en  titre  fin  à  quatre  ou  cinq  brins,  ces  jetées  se 
succèdent  sur  le  fil  grège  à  moins  de  80  ou  60  mètres  d’espacement ,  et  qu’un  fil  de  trame  comprend 
habituellement  au  moins  quatre  fils  grèges ,  et  un  organsin  au  moins  huit ,  on  comprend  facilement 
l’extrême  importance  d’une  jetée  bien  ou  mal  réalisée,  et  cette  précieuse  toupie  ou  tournette,  jetteuse 
et  noueuse,  avait  été  tentée,  modifiée  de  bien  des  manières,  sans  réussir  à  devenir  pratiquement 
utile  et  à  se  généraliser.  M.  Léon  Camel  a  réussi  à  la  rendre  parfaite.  Au  lieu  de  munir  le  tube  fixe 
enveloppant  le  tube  tournant  où  passe  le  fil  grège,  ou  ce  tube  tournant,  de  couteaux  ou  autres  dis¬ 
positifs  altérables  et  même  dangereux  pour  le  doigt  de  l’ouvrière,  il  le  forme  en  cisaille  dentée  à  sa 
partie  inférieure. 

La  toupie  de  M.  Léon  Camel ,  tournant  entraînée  par  la  corde  qui  embrasse  sa  petite  noix ,  accroche 
le  brin  présenté  par  une  novice,  l’entraîne,  le  jette  autour  du  fil  grège  en  marche  avec  une  précision 
parfaite,  et,  quand  on  examine  au  microscope  la  rattache  faite  par  elle,  on  trouve  le  brin  rattaché, 
méthodiquement  enroulé  et  cravaté  autour  du  fil,  et  son  faux-bout  méthodiquement  coupé  au  ras  de 
ce  nœud ,  solide ,  indéfaisable  et  sans  aucun  bout  flottant  pouvant  former  duvet.  C’est  un  sérieux  ser¬ 
vice  rendu,  en  économie  et  en  perfection,  à  la  production  du  précieux  textile,  que  celui  qu’a  ainsi 
amené  à  point  M.  Léon  Camel  et  que  propagent  les  Chantiers  de  la  Buire,  qui  exécutent  d’ailleurs 
tous  les  détails  de  leurs  installations  de  tirage  de  soie  avec  les  soins  et  la  bonne  entente  les  plus 
complets. 


M.  J.  Battaglia  (Italie). 

Dans  la  même  branche  d’industrie,  M.  Battaglia,  de  Luino,  exposait,  sans  les  faire  fonctionner, 
ses  appareils  à  battre  et  à  tirer  la  soie. 

La  batteuse  de  M.  Battaglia  est  une  petite  machine  à  main,  montée  pour  donner  à  l’escoubette  un 
mouvement  rotatif  alternatif;  elle  ne  paraît  susceptible  que  d’une  faible  production,  et,  bien  que 
petite,  légère  et  bon  marché,  on  doit  lui  objecter  de  ne  diminuer  en  rien  la  main-d’œuvre  absorbée. 
Les  bancs  de  tirage  de  cette  maison  sont  bien  établis ,  mais  ne  présentent  pas  de  particularités  carac¬ 
téristiques  autres  que  le  jette-bout  Camel. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  317 


M.  Grant ,  à  New- York. 

A  ces  opérations  se  rattache  le  mode  de  llottage  exposé  par  M.  Grant.  Le  flottage  le  plus  habituel¬ 
lement  usité  en  soie  est  le  simple  croisé  continu  et  sans  subdivisions  de  la  flotte  ou  de  l’écheveau.  Ce 
mode  croisé  est  indispensable  en  soie  grège  pour  éviter  le  collage  des  fils,  et  il  est,  en  général,  pré¬ 
férable  à  celui  qui  constitue  l’écheveau  par  plusieurs  échevettes  juxtaposées ,  dans  chacune  desquelles 
le  fil  se  superpose  sur  lui-même  en  position  fixe,  et  qui  sont  séparées  par  une  ou  deux  ligatures  que 
Ton  enlève  au  dévidage  ultérieur  pour  étaler  l’écheveau  sur  la  tournette.  M.  Grant  a  imaginé  une 
croisure  qui,  tout  en  étant  continue  sur  toute  la  longueur  de  la  flotte,  repasse  constamment  en  un 
certain  nombre  de  points  fixes,  amenant  la  formation  d’un  groupe  de  vides  subdivisant  la  largeur  de 
la  flotte  à  une  position  donnée.  Cette  subdivision  se  répète  deux  ou  trois  fois  sur  le  périmètre  de 
Tasple.  Une  fois  la  flotte  terminée,  on  peut  alors  passer  des  ligatures  évitant  l’einmêlage  ultérieur, 
comme  on  le  ferait  pour  des  flottes  composées  d’échevettes  droites,  et  ces  flottes,  à  la  fois  croisées  et 
liées,  sont  dans  d’excellentes  conditions  pour  faciliter  leur  dévidage  ultérieur.  Ce  mode  de  flottage 
prend  une  extension  sérieuse. 


31 8 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1 880 


CHAPITRE  IL 

MATÉRIEL  ACCESSOIRE. 


Garnitures  de  cardes. 
Pièces  détachées. 
Tubes. 

Cuirs. 


Appareils  de  titrage,  d’épreuves. 
Conditionnement. 

Ventilation,  humidification. 


Nous  réunissons  dans  ce  chapitre  les  expositions  qui  concernent  tous  les  accessoires 
de  filature,  accessoires  qui,  par  leur  nature  et  leur  intervention,  sont,  la  plupart  du 
temps,  de  première  nécessité  et  qui ,  parfois  aussi,  n’ont  qu’un  caractère  adjuvant. 


CARDES. 

La  garniture  de  cardes  est  un  de  ces  accessoires  indispensables  qui  jouent  souvent, 
dans  la  filature,  un  rôle  fondamental.  Si  la  filature  du  lin  et  du  chanvre,  en  ce  qui 
concerne  les  longs  brins,  peut  préparer  la  fibre  et  procéder  au  peignage  presque 
directement,  en  raison  de  l’état  d’ordre  parallèle  que  Ton  a  soin  de  maintenir  dans  les 
tiges  brutes  et  dans  leur  produit  ultérieur,  elle  est  la  seule  qui  puisse  opérer  ainsi  et 
qui  ne  comporte  pas  le  carclage.  Les  déchets  de  soie  eux-mêmes  (nous  entendons  ici 
ceux  du  premier  degré),  sans  subir  Top.ération  du  cardage,  sont  soumis,  pour  leur 
peignage,  à  l’action  de  garnitures  de  cardes.  En  général,  toutes  les  autres  fibres,  qui 
se  présentent  en  masse  confuse ,  nécessitent  une  division  qui  exige  actuellement  l’em¬ 
ploi  de  3a  carde  et  de  ses  garnitures.  Et  si  Ton  considère  que,  dans  toute  carde,  chaque 
organe  doit  avoir  une  garniture  appropriée  à  sa  fonction,  et  que  chaque  qualité  de 
matière  amène  des  combinaisons  particulières  des  garnitures  des  divers  organes,  et 
qu’enfin  il  y  a  bien  des  variétés  dans  les  divers  genres  de  machines  à  carder,  on 
comprend  que  la  production  des  garnitures  de  cardes  embrasse  des  types  très  nom¬ 
breux  et  variant  chacun  dans  des  limites  très  étendues. 

La  garniture  de  cardes  varie  d’abord  par  le  tissu  qui  lui  sert  de  base  :  cuirs,  feutres, 
tissus  feutrés,  tissus  caoutchoutés,  tissus  en  plusieurs  couches  combinées,  de  natures 
différentes.  Elle  varie  par  le  fil,  rond,  plat,  triangulaire;  parla  longueur  des  dents; 
par  la  pente  du  crochet;  par  la  position  de  ce  crochet  qui  peut  être  a  la  base,  au  tiers, 
à  la  moitié,  etc.,  de  la  hauteur;  parla  nature  du  fil,  fer,  acier,  laiton;  par  la  grosseur 
ou  le  numéro  du  fil;  par  le  nombre  des  dents,  parfois  très  claires  et  espacées,  parfois 
très  serrées;  par  la  forme  de  la  pointe  parfois  affûtée  comme  celle  d’une  aiguille;  par 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  319 


la  forme  du  produit  fini,  qui  est  tantôt  celle  d’un  ruban  continu,  tantôt  celle  d’une 
plaque  large  ou  étroite,  tantôt  celle  d’un  anneau  fermé. 

Bien  que  les  ingénieuses  machines  à  bouter  les  cardes,  généralement  d’origine  an¬ 
glaise,  soient  produites,  le  plus  souvent,  par  des  constructeurs  spéciaux  et  non  par  le 
fabricant  de  cardes,  ce  dernier,  on  le  voit  par  cet  exposé,  n’en  a  pas  moins  une  indus¬ 
trie  fort  compliquée,  et  le  choix  de  ses  matières  premières,  aussi  bien  que  la  variété 
et  le  détail  de  soins  que  comportent  sa  fabrication  et  sa  vente,  ont  des  exigences  des 
plus  changeantes  et  des  plus  minutieuses. 

Cette  industrie  était  largement  représentée  à  l’Exposition  de  1889,  et  9  maisons 
françaises  et  1 1  maisons  étrangères  avaient  soumis  au  jury  des  collections  de  spéci¬ 
mens  de  leur  fabrication,  spécimens  offrant  une  perfection  d’exécution  et  une  régula¬ 
rité  assez  uniforme  et  ne  laissant  pas  sans  embarras  des  juges  chargés  d’une  mission 
de  classement  et  de  récompenses.  En  France,  beaucoup  de  ces  maisons  sont  impor¬ 
tantes  et  fort  anciennes;  d’autres,  plus  modernes,  se  signalent  par  leur  initiative  à 
adopter  des  perfectionnements  de  valeur.  Nous  citerons  ainsi  :  MM.  Beaumont,  Bour- 
geois-Botz,  Crignon,  Gadeau  de  Kerville,  Ledran,  Metealfe-Courant,  dont  les  maisons, 
pour  quelques-uns,  remontent  aux  origines  de  notre  industrie  nationale,  et  pour  les 
autres,  sont  plus  récentes,  mais  aussi  pleines  de  zèle  pour  alimenter  notre  industrie 
des  meilleurs  produits.  En  seconde  ligne,  les  maisons  :  Vve  Fortin,  Gottmann  et  Le¬ 
comte,  et  S.  Platt,  moins  importantes  et  moins  anciennes,  représentent  encore  très 
honorablement  cette  industrie. 

L’Autriche  ne  comprend, pour  cette  industrie,  qu’une  seule  mais  fort  bonne  maison, 
M.  K.  Goldschmidt,  de  Brünn. 

La  Belgique  était  largement  représentée  par  de  fort  importants  fabricants  de  ce 
genre  :  M.  Duesberg-Delrez,  M.  Despa,  M.  Ed.  George,  M.  Houget,  toutes  maisons  de 
Verviers,  produisant  des  spécimens  nombreux  et  variés. 

L’Espagne  a  introduit  aussi  chez  elle  cette  fabrication,  dans  laquelle  l’Angleterre 
fait  cependant,  en  tous  pays,  une  puissante  concurrence,  par  l’action  de  ses  grandes 
maisons  en  ce  genre.  Trois  exposants  espagnols,  MM.  Mirapéis,  Taule  et  Cie,  et  Soler 
y  Figueras,  présentaient  de  jolies  collections. 

La  Suisse,  de  son  côté,  figurait  sous  les  noms  de  la  Manufacture  de  cardes  de  Ruti, 
et  de  M.  Honegger-Amsler,  de  Ruti,  dans  les  expositions  desquels  on  remarquait  de 
superbes  plaques  à  longues  pointes  d’aiguilles,  pour  le  peignage  de  la  schappe,  indus¬ 
trie  si  importante  en  Suisse. 

Il  y  a  peu  de  produits  aussi  ingrats  que  la  garniture  de  cardes  pour  mettre  en  relief 
les  mérites  réels  d’un  exposant.  Si  ces  vitrines  fermées,  installées  au  début,  puis  en¬ 
levées  à  la  fin  d’une  Exposition,  constituent,  pour  ce  genre  de  producteurs,  une  très 
commode  et  très  économique  méthode  d’exposition,  elles  ne  permettent,  il  faut  le  dire, 
qu’un  jugement  des  plus  sommaires  et  des  plus  superficiels.  Aussi,  devons-nous  louer 
M.  Duesberg-Delrez,  M.  Honegger-Amsler,  M.  Ed.  George,  de  nous  avoir  montré  leurs 


320 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


garnitures  en  fort  bon  fonctionnement  sur  les  machines  de  la  Société  verviétoise,  cle 
MM.  Rieter  et  Cie,  cle  M.  GéJ.  Martin.  Il  est  très  regrettable  qu’aucun  de  nos  produc¬ 
teurs  français  ne  juge  devoir  prendre  la  peine  de  présenter  de  meme  une  carde  garnie 
et  en  activité.  De  tels  produits  se  jugent  seulement  dans  de  telles  conditions,  et  des 
maisons  importantes  de  ce  genre  devraient  tenir  à  honneur  de  se  mettre  ainsi  en  pleine 
lumière. 

La  méthode  des  vitrines,  trop  généralement  adoptée,  ne  nous  permet,  par  suite, 
que  de  parler  à  titre  général  des  progrès  introduits  dans  la  fabrication  des  cardes.  Ces 
progrès  reposent,  en  tant  que  se  rapportant  à  la  fdature,  sur  deux  points  principaux: 
l’emploi  du  fd  d’acier  trempé  au  lieu  de  fd  de  fer,  et  l’affûtage  latéral  de  la  dent. 
L’emploi  du  fd  d’acier,  en  donnant  à  la  garniture  une  solidité  supérieure,  en  permet¬ 
tant  l’emploi  de  fils  plus  fins  et  en  assurant  une  beaucoup  plus  longue  durée  au  mor¬ 
dant  obtenu  par  l’aiguisage,  a  été  un  progrès  fécond  en  conséquences  utiles,  et  que 
l’Angleterre  a  provoqué  et  introduit.  D’un  autre  côté,  l’aiguisage  latéral  du  crochet 
tend  à  fournir  une  pointe  bien  plus  effilée  et,  par  conséquent,  bien  plus  favorable  au 
travail  de  division  voulu  dans  la  carde.  M.  Ashworth,  de  Manchester,  a  rendu  en  ce 
séns  un  utile  service,  car,  si  l’emploi  de  fds  triangulaires  approche  difficilement  du 
même  résultat,  si  celui  du  fd  méplat  peut  le  fournir,  ce  dernier  a  toujours,  par  sa 
forme ,  une  tendance  à  cisailler  le  tissu  de  base ,  tandis  qu’un  fd  rond ,  affûté  latérale¬ 
ment  dans  la  partie  du  crochet  seulement,  fournit  la  plus  grande  somme  d’avantages. 
Il  est  toutefois  bien  clair  que  tous  ces  procédés  sont  improprement  désignés  comme 
fournissant  une  pointe  cl’aiguille.  Mais  leur  valeur  n’en  est  pas  moins  réelle  et  leur  em¬ 
ploi  s’impose  aujourd’hui  d’une  manière  générale  dans  la  garniture  courante. 


PIECES  DETACHEES. 


On  désigne  habituellement,  sous  ce  nom,  certains  organes  principaux  des  machines 
de  fdature  qui  offrent  des  difficultés  particulières  d’exécution  et  forment  l’objet  de  l’in¬ 
dustrie  de  constructeurs  spéciaux  y  appliquant,  pour  une  production  en  grand,  toutes 
les  ressources  d’un  outillage  spécial.  Les  broches,  les  ailettes,  les  anneaux  et  leurs  cur¬ 
seurs,  les  cylindres  cannelés,  etc.,  sont  les  principaux  organes  de  ce  genre  qui,  d’ail¬ 
leurs,  présente  des  variétés  sans  nombre. 

Dans  cette  industrie  spéciale,  la  France  possède  la  maison  qui  peut  être  citée 
comme  modèle  entre  toutes  Ses  similaires  du  monde,  tant  comme  importance  que 
comme  qualité  de  produits  et  perfection  d’organisation.  Les  usines  O  Peugeot  et  Ce,  à 
Audincourt,  sont  en  effet  trop  bien  et  depuis  trop  longtemps  connues,  pour  qu’il  nous 
soit  possible  d’ajouter  aux  éloges  qu’elles  ont  obtenus  en  toute  occasion.  Cette  maison, 
d’ailleurs  placée  hors  concours  (l’un  de  ses  chefs  étant  membre  du  jury  dans  une 
autre  classe),  a  présenté,  dans  une  grande  vitrine,  une  superbe  collection  des  princi¬ 
paux  types  de  ses  pièces  de  filature.  Mais  nous  ajoutons  que  cette  précaution  de  sa 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  321 


part  était  presque  inutile,  puisque  les  plus  belles  expositions  de  la  classe  54  représen¬ 
taient  d’elles-mêmes  et  sur  une  large  échelle,  dans  les  organes  spéciaux  de  leurs  ma¬ 
chines,  la  production  des  usines  C*  Peugeot.  C’est  cette  maison,  en  effet,  qui,  pour 
tout  constructeur  de  filature,  est  le  fournisseur  naturellement  indiqué  du  plus  grand 
nombre  de  ces  genres  de  pièces,  quand  on  tient  a  faire  passer  la  précision  et  la  qua¬ 
lité  avant  un  excessif  bas  prix,  dont  n’est  compatible  qu’une  livraison  défectueuse  ou 
inférieure. 

Malgré  ces  faits  bien  connus,  et  qui  rendraient  inutile  tout  autre  développement 
de  notre  part,  nous  signalerons  ici  le  nouvel  et  ingénieux  emmanchement  excentré 
pour  accouplement  de  cylindres  cannelés  dont  cette  maison  a  imaginé  la  disposition. 

Cet  emmanchement,  beaucoup  plus  simple  et  plus  facilement  démontable,  évite 
bien  des  inconvénients  connus,  des  emmanchements  à  carrés  et  assure  en  outre  la  liai¬ 
son  longitudinale  des  lignes  de  cylindres,  comme  le  ferait  un  emmanchement  à  vis, 
sans  produire  le  serrage  forcé  qui  rend  si  difficile  le  démontage  de  ces  derniers,  après 
un  certain  temps  de  marche. 

On  sait  encore  que  les  usines  Cl  Peugeot  excellent  en  outre  dans  la  fabrication 
des  machines  à  coudre  et  d’autres  machines  se  rapportant  à  l’industrie  de  la  couture, 
machines  a  ourler  les  gants,  etc. 


MM.  J.  Hattersley  and  son ,  à  Leeds. 

La  maison  J.  Hattersley  and  son  qui  exposait  dans  la  section  anglaise  est  à  peu  près,  pour  les 
pièces  spéciales  au  lin  et  au  chanvre ,  ce  qu’est  la  maison  précédente  pour  la  filature  de  la  laine  et 
du  coton.  C’est  le  plus  bel  éloge  que  nous  puissions  faire  d’elle.  Elle  fournit  les  plus  grands  construc¬ 
teurs  de  Leeds.  ville  où  s’est  concentré  (surtout  dans  les  deux  maisons  Fairbairn,  N.  M.  et  Cie,  et 
S.  Lawson  and  sons)  le  plus  grand  courant  de  construction  pour  toutes  les  machines  destinées  à  la 
filature,  au  retordage  ,  au  polissage  du  chanvre,  du  lin,  du  jute,  etc.  Indirectement  et  par  suite,  elle 
est  amenée  à  fournir  ses  produits ,  à  titre  d’entretien ,  à  un  grand  nombre  de  filateurs  de  cette  caté¬ 
gorie,  dans  le  monde  entier.  Ses  broches  et  ses  ailettes,  en  particulier,  soit  pour  bancs  à  broches, 
soit  pour  métiers  à  filer,  sont  d’une  exécution  parfaite. 


MM.  Mahon  frères ,  a  Roubaix. 

Ni  M .  Mahon  frères  sont  aussi  d’habiles  spécialistes  que  nous  avons  plaisir  à  citer.  Ils  font  particu¬ 
lièrement  bien  le  cylindre  cannelé  et  rendent  d’utiles  services  a  la  filature  du  Nord.  Leur  expérience 
en  ce  genre  leur  a  permis  d’aborder  avec  succès  le  cannelage  des  cylindres  en  fonte  dure  pour  la 
meunerie  moderne ,  dont  l’Allemagne  avait  le  monopole.  Ils  se  distinguent  encore  utilement  par  leurs 
machines  à  chiner  la  laine  en  rubans  avant  filature,  machines  réalisant  un  procédé  qui  fournit  très 
économiquement  les  fils  de  teintes  mélangées.  Ils  font  ces  machines  à  chiner  à  une  ou  deux  couleurs 
simultanées.  La  machine  exposée  par  eux  est  des  meilleures  pour  ce  but  et  reçoit  de  fréquentes  ap¬ 
plications.  Mais  nous  ne  pouvons  insister  plus  longuement  sur  cette  intéressante  maison,  dont  les  mé¬ 
rites  11e  se  rattachent  évidemment  que  partiellement  à  la  classe  5 h. 

Groupe  VI  w.  21 


IMPRIMERIE  NATIONALE. 


322 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


M.  Harding  Cocker  fils ,  à  Lille. 

M.  Harding  Cocker  est  un  spécialiste  dans  un  genre  qui  est  différent ,  mais  égal  à  aucun  autre  en 
importance,  pour  certaines  branches  de  la  filature.  Aucune  maison  n’excelle,  comme  cet  éminent  pra¬ 
ticien,  dans  l’exécution  des  peignes,  des  hérissons,  des  gills  de  toutes  sortes,  qui  jouent  dans  la  fila¬ 
ture  de  la  laine  peignée,  du  lin,  du  chanvre,  du  jute,  de  la  soie,  etc.,  un  rôle  si  essentiel.  La  bonne 
exécution  de  tous  ces  accessoires  est  des  plus  délicates  et  exige  un  outillage  d’une  finesse  et  d’une 
précision  extrêmes,  que  de  telles  maisons  ont,  pour  la  partie  la  plus  difficile,  à  faire  elles-mêmes.  En 
dehors  des  articles  de  grande  production,  comme  les  hérissons  et  les  gills,  M.  Harding  Cocker  a  ex¬ 
posé  de  superbes  spécimens  des  pièces  les  plus  difficiles  en  ce  genre,  comme  les  grands  et  moyens 
peignes  des  grandes  peigneuses  circulaires,  les  peignes  concaves  pour  peigneuses  Hübner,  etc.  Par¬ 
tout,  dans  les  grandes  ou  petites  pièces,  se  retrouve  la  même  perfection. 


TUBES. 

La  fabrication  des  tubes  rend  à  la  filature  un  service  accessoire  qui,  sans  avoir  L im¬ 
portance  delà  fourniture  des  cardes,  des  pièces  détachées  et  des  peignes,  n’en  a  pas 
moins  un  caractère  indispensable  et  provoque  l’intervention  d’industries  mécaniques 
fort  actives  et  fort  intéressantes. 

Le  tube  qui  sert  de  support  au  fil,  est  de  deux  sortes  principales.  Il  y  a  les  tubes  de 
service  qui  ne  quittent  guère  la  filature ,  servent  aux  préparations  et  même  parfois  au 
fil  fini,  mais  ne  se  renouvellent  qu’après  usure;  ceux-ci  sont  le  plus  souvent  en  bois.  Il 
y  a,  d’autre  part,  le  tube  de  vente  destiné  au  fil  expédié  à  l’état  de  bobines  ou  de  can- 
nettes,  qui  est  perdu  le  plus  souvent;  celui-là  est  en  papier,  et  l’énorme  consommation 
qui  s’en  fait  exige  qu’il  soit  produit  avec  les  moyens  les  plus  économiques.  Ce  dernier, 
dans  ses  diverses  variétés,  a  provoqué,  pour  sa  production,  la  création  de  très  ingé¬ 
nieuses  machines  spéciales  qui  amorcent  la  bande  de  papier,  l’impriment,  la  roulent, 
la  collent,  la  coupent,  lissent  le  tube,  le  rejettent  fini,  le  tout  avec  une  merveilleuse 
rapidité  de  production  et  sur  toutes  les  mesures  précises  que  peuvent  exiger  les  besoins. 
Le  tube  ou  la  bobine  en  bois,  au  contraire,  est  d’une  production  bien  plus  restreinte  et 
qui  ne  rentre  guère  que  dans  Tordre  des  travaux  habituels  de  tournage  en  bois. 

M.  Eugène  Defraiteur,  à  Verviers. 

M.  Defraiteur  est  un  producteur  important  de  tubes  en  papier  et  a  exposé  une  collection  complète 
de  tous  les  genres  usités  pour  laine,  coton,  soie.  La  fabrication  annuelle  s’élève  à  200,000  kilo¬ 
grammes  ,  en  tubes  ou  bussettes  de  toutes  mesures.  Ses  produits  sont  excellents  et  d’une  grande  régu¬ 
larité. 

M.  Defraiteur  fait  et  fournit  aussi  aux  filateurs  des  machines  pour  faire  eux-mêmes  leurs  tubes, 
et  s’est  fait  breveter  pour  divers  perfectionnements  apportés  à  ces  machines.  Il  est  à  regretter  qu’il  n’ait 
pu  en  exposer  une  qui  n’eut  pas  manqué  d’être  intéressante  et  eut  mieux  édifié  le  jury  sur  ses  mé¬ 
rites. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  323 


M.  A.  Lonhienne  fils ,  à  Verviers. 

M.  Lonhienne  a  aussi  présenté  une  collection  de  toutes  les  variétés  imaginables  de  tubes  en  papier 
irréprochables  comme  perfection  et  régularité;  sa  production  est  des  plus  importantes  et  s’élève 
annuellement  à  45o  millions  de  tubes,  correspondant  à  plus  de  5oo,ooo  kilogrammes  et  employant 
environ  1 10  machines  à  tubes  et  un  très  important  matériel  accessoire.  M.  Lonhienne  fait  aussi  ses 
machines  lui-même  et  y  a  apporté  de  nombreux  perfectionnements.  Il  a  obtenu  depuis  1878,  époque  à 
laquelle  il  a  fondé  son  industrie,  des  récompenses  de  premier  ordre  et  bien  méritées,  aux  Expositions 
d’Anvers,  de  Liverpool,  de  Barcelone  et  de  Bruxelles. 


MM.  Wilson  brolhers,  a  Todmorden  (Angleterre). 

MM.  Wilson  brothers  sont  des  plus  honorablement  connus  et  fort  importants  pour  la  production 
de  tous  les  genres  de  tubes  et  bobines  en  bois.  C’est  la  maison  de  ce  genre  la  plus  considérable  qui 
existe.  Leur  exposition  faisait,  en  particulier,  remarquer  des  tubes  de  banc  à  broches,  de  métiers  con¬ 
tinus,  etc.,  garnis,  par  un  procédé  breveté,  d’un  revêtement  métallique  aux  points  où  la  pièce  se 
fatigue  dans  son  service.  Cette  excellente  disposition,  sans  trop  renchérir,  ni  alourdir  la  pièce,  la  rend 
bien  supérieure  en  durée  et  lui  permet  d’être  en  rapport,  comme  solidité,  avec  les  énormes  vitesses 
d’organes  usitées  actuellement. 


M.  A.  Debargve ,  de  Fourmies. 

M.  Debargue  a  imaginé,  pour  le  cas  où  l’on  file  sur  bussettes  très  coniques,  ou  même  sur  tubes 
ordinaires ,  un  ingénieux  genre  de  support  métallique  à  ressort  qui  se  fixe  sur  la  broche  et  reçoit  le 
tube  en  le  maintenant  solidement  et  parfaitement  centré,  quel  que  soit  le  calibre  du  tube.  On  évite 
ainsi  l’emploi  de  billots  en  bois  appliqués  sur  la  broche,  billots  qui  sont  onéreux,  alourdissent  la 
broche  et  fixent  mal  les  tubes  qu’ils  laissent  trop  souvent  se  déplacer  pendant  le  filage.  Ce  ressort, 
formé  par  un  mince  tube  conique  refendu  à  plusieurs  places  en  branches  entrouvertes,  est  très  avan¬ 
tageux  et  s’est  considérablement  répandu ,  soit  pour  continus ,  soit  pour  renvideurs. 


CUIRS. 

Il  est  inutile  d’insister  sur  le  rôle  indispensable  que  jouent  les  cuirs,  convenablement 
préparés  et  utilisés,  sous  formes  diverses,  dans  les  machines  de  filature.  Le  garnissage 
des  cylindres  de  pression  exige  des  peaux  de  veau  d’un  grand  moelleux  et  d’un  lustre 
parfait,  et  cet  article  de  première  importance  est  fait  en  France  mieux  que  partout 
ailleurs.  Les  manchons  en  buffle,  pour  frotteurs  de  laine  peignée,  sont  un  autre  article 
important  aussi.  Beaucoup  d’autres  machines ,  les  gills— box ,  certaines  peigneuses,  etc., 
utilisent  aussi  des  cuirs  forts  et  égalisés,  sous  la  forme  de  manchons  de  longueur  et  de 
largeur  très  variées. 

En  tannerie  et  corroierie,  le  cuir  de  filature  est  une  spécialité  exigeant  des  soins 
particuliers. 


32/i 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


MM.  Poullain  frères,  à  Paris. 

(Hors  concours  comme  membre  du  jury  de  la  classe  47.) 

MM.  Poullain  sont  depuis  longtemps  connus  comme  excellant  dans  cette  spécialité  et  comme  y  ayant 
une  importance  majeure.  Leurs  cuirs  à  cylindres,  en  particulier,  sont  appréciés  et  recherchés  dans 
le  monde  entier,  et  leurs  produits  exposés  en  1 889  maintiennent  entièrement  la  situation  que  s’est 
acquise  cette  maison  depuis  sa  fondation  remontant  à  1807. 


M.  J.  de  Tayrac,  à  Lille. 

M.  de  Tayrac  est  aussi  un  fabricant  consciencieux  et  expérimenté,  mais  plus  spécial  aux  articles  de 
tissage  qu’à  ceux  de  la  filature. 


M.  Rochatte,  à  la  Petite-Raon  (Vosges). 

M.  Rochatte  est  un  habile  couvreur  de  cylindres ,  ce  qui  est  une  industrie  fort  utile  à  pratiquer  en 
grand  et  à  façon ,  en  ce  que  des  filatures  peuvent  rarement  réussir  individuellement  celte  opération 
dans  des  conditions  de  régularité  parfaite.  Les  cuirs  meulés  de  M.  Rochatte  sont  fort  bien  régularisés. 


APPAREILS  D  ÉPREUVES,  DE  TITRAGE,  DE  CONDITIONNEMENT. 

Mme  veuve  A  LE  AN. 

Mme  veuve  Alean  exposait  le  dynamomètre  construit  par  M.  Perreaux  sur  les  dispositions  de  feu 
M.  Michel  Alean.  On  sait  cpie  ce  regretté  professeur  avait  été  le  premier  à  préconiser  et  à  introduire, 
dans  la  pratique  des  filatures,  l’usage  d’un  appareil  d’épreuve  de  résistance  des  fils,  et  on  sait  aussi 
combien  de  services  a  rendu  celui  qu’il  a  fait  établir  pour  ce  but. 


M.  Storay,  à  Tourcoing. 

M.  Storay  a  présenté  également  un  appareil  fort  bien  entendu  pour  ces  épreuves  de  résistance  des 
fils;  mais  le  côté  le  plus  intéressant  de  son  exposition  est  bien  certainement  la  présentation  des  plans 
d’installation  générale  et  des  étuves  de  dessiccation  de  la  Condition  publique  de  Tourcoing,  dont  il 
est  le  directeur,  et  qui  mérite  des  éloges  complets.  L’importance  du  mouvement  des  textiles ,  dans 
une  place  comme  Tourcoing,  est  tel  que  les  opérations  de  la  Condition  publique,  malgré  la  modicité 
de  leurs  prix,  sont  la  source  d’un  revenu  annuel  de  près  de  200,000  francs  pour  la  ville. 


M.  J.  Testenoire. 

M.  J.  Testenoire,  au  nom  de  la  Chambre  de  commerce  de  Lyon,  ne  s’est  pas  contenté  de  nous  pré¬ 
senter  les  plans  généraux  de  la  Condition  publique  de  Lyon,  dont  il  est  le  directeur,  il  y  a  joint  des 
modèles  d’une  exécution  parfaite,  représentant,  de  la  manière  la  plus  instructive,  une  installation 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  325 


complète  de  douze  étuves ,  telle  qu’il  en  établit  dans  l’important  service  qu’il  dirige  et  dont  le  mou¬ 
vement  annuel,  rien  qu’en  soie,  s’élève  a  5  millions  de  kilogrammes.  Nous  n’avons  pas  besoin  de  dire 
que  ces  installations  sont  admirablement  bien  entendues  pour  la  commodité,  la  rapidité  et- l’économie 
de  vérifications  précises,  comme  conditionnement  et  comme  titrage.  La  Chambre  de  commerce  de 
Lyon,  qui  a  inauguré,  la  première,  à  titre  de  service  public,  un  établissement  de  ce  genre  en  i8o5, 
lui  a  toujours  consacré  les  efforts  les  plus  continus,  et  bien  quelle  soit  habituée  à  intervenir  constam¬ 
ment  dans  tout  ce  qui  concerne  les  intérêts  généraux  de  l’industrie  si  importante  de  sa  région,  on 
peut  dire  qu’elle  n’a  jamais  rendu  à  celle-ci  un  service  plus  efficace  que  celui  de  cette  institution, 
imaginée  par  elle  et  développée  graduellement  avec  toutes  les  améliorations  utiles.  C’est  à  Lyon  cfue 
l’on  a  adopté  d’abord  la  méthode  de  dessiccation  absolue  de  M.  Talabot,  qui  est  adoptée  aujourd’hui 
partout. 


M.  Jametel,  a  Verviers. 

M.  Jametel  présentait  aussi  une  étuve  à  gaz,  fort  bien  combinée  pour  le  conditionnement  des 
laines. 


M.  J.  Uhmann ,  a  Zurich. 

M.  J.  Uhmann  a  exposé  une  très  remarquable  collection  de  tous  les  instruments  de  précision  qu’il 
construit  pour  les  pesées,  le  titrage,  les  vérifications  de  qualité,  de  résistance,  de  torsion,  etc.,  des 
filés.  Tous  ses  appareils  sont  établis  sur  des  dispositions  originales,  extrêmement  bien  conçues. 

Sa  balance  de  précision ,  son  grand  dynamomètre  vertical  pour  échevettes ,  ses  petits  dynamomètres 
à  cadrans  pour  fils  simples  ou  même  pour  fibres,  ses  appareils  à  planchettes,  se  font  surtout  remar¬ 
quer  et  témoignent  d’une  exécution  très  soignée,  aussi  bien  que  d’un  très  juste  sentiment  pratique 
des  conditions  voulues,  pour  rendre  les  opérations  commodes,  rapides  et  exactes. 

APPAREILS  DE  VENTILATION  ET  D’HUMIDIFICATION. 

Ces  appareils  sont  des  adjuvants  au  point  de  vue  de  la  filature,  mais  leur  rôle  pour 
certains  genres  et  dans  certains  milieux  n’est  pas  sans  importance.  On  a  dit  bien  sou¬ 
vent  que  l’Angleterre  devait  une  partie  de  sa  force  économique,  quant  à  la  production 
du  filé  et  du  tissu  de  coton,  a  l’humidité  habituelle  de  son  climat.  11  est  certain  que  ce 
climat  est  tel  que,  avec  l’intervention  de  chauffages  à  vapeur  convenables,  le  fdateur  y 
obtient  tout  naturellement  l’ensemble  des  conditions  atmosphériques  qui  ont  été  celles 
des  pays  de  croissance  de  la  fibre  et  qui  sont  celles  qui  lui  donnent  la  plus  grande  ré¬ 
sistance  et  la  plus  grande  souplesse.  L’intérêt  qu’il  y  a  à  créer  artificiellement,  dans 
beaucoup  de  pays  et  dans  certaines  saisons,  un  milieu  atmosphérique  convenable,  dans 
les  salles  de  filature,  n’a,  en  tous  cas,  plus  besoin  d’être  démontré. 

MM.  Cuaü  et  jils,  à  Paris. 

MM.  Cuau  et  fils  ont  présenté  un  appareil  humidificateur  qui  est  simple  et  fournit  de  l’air  saturé 
d’humidité  en  quantité  proportionnée  à  la  puissance  du  ventilateur  employé.  L’air  insufflé  par  le 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


326 


ventilateur  dans  un  double  fond  en  sort  par  une  paroi  supe'rieure  horizontale,  en  tôle  perforée,  sur 
laquelle  un  robinet  entretient  une  nappe  d’eau  de  quelques  millimètres  d’épaisseur,  à  travers  laquelle 
l’air  insufflé  barbotte  forcément.  Des  cloisons  en  tissus  a  claire-voie  empêchent  l’entraînement  de  toute 
poussière  d’eau. 


M.  A.  Petit . 

L’appareil  de  M.  A.  Petit  est  assez  analogue,  mais  faible,  et  comprend  un  filet  d’eau  rencontrant 
un  organe  en  brosses  qui  le  brise  et  un  courant  d’air  ascendant  qui  se  charge  ainsi  à  saturation. 


Société  kL’Aérophore  ». 

Cette  Société  a  présenté  une  série  d’appareils  qui  reposent  sur  le  principe  de  l’injecteur  et  de  l’en¬ 
traînement  de  l’air  dans  une  colonne,  parle  moyen  d’un  jet  vigoureux  d’eau  très  divisée.  Tous  ces 
appareils  recourent  à  l’emploi  d’ingénieux  pulvérisateurs,  fonctionnant  sous  une  pression  d’eau  suffi¬ 
sante  et  parfois  considérable.  On  ne  peut  que  reconnaître  la  puissance  de  plusieurs  de  ces  dispositions, 
et  cette  Société  a  fait  de  nombreuses  applications  bien  réussies.  Mais  il  faut  exprimer  ses  réserves,  en 
ce  qui  concerne  l’excès  d’eau  entraînée  en  poussière ,  auquel  exposent  ces  appareils  et  qui  peut  se 
traduire  par  des  condensations  nuisibles.  Ces  appareils  auraient  une  utilité  particulière  pour  rem¬ 
placer  le  vaporisage  pratiqué  dans  des  chambres  ou  caisses  pour  fixer  la  torsion  des  fds  de  coton. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  327 


CHAPITRE  III. 

MATÉRIEL  SECONDAIRE. 


MM.  Offroy  et  Pfeiffer.  MM.  Mouchère. 

Martin.  Ryo-Cotteau. 

Gaüchot. 

Il  convient  de  classer  sous  ce  titre  les  expositions  qui  comprennent  surtout  des  ma¬ 
chines  ou  appareils  qui  se  rattachent  à  des  opérations  complémentaires  transformant  le 
fil  à  des  degrés  divers.  Nous  réunissons  donc  ici  les  expositions  qui  concernent  le  retor¬ 
dage,  le  bobinage,  dévidage,  pelotage,  etc. 

Les  métiers  à  retordre  en  eux-mêmes  sont  le  plus  souvent  exécutés  par  les  construc¬ 
teurs  du  matériel  principal,  et  nous  avons  cité  de  beaux  spécimens  de  ce  genre  dans 
les  expositions  de  la  Société  alsacienne,  de  M.  Grün,  de  la  Société  de  Bitschwiiier. 
Mais  ils  font  aussi  souvent  partie  du  matériel  varié  qu’exécutent  des  spécialistes  s’oc¬ 
cupant  particulièrement  de  tout  ce  qui  se  reporte  aux  combinaisons  et  aux  transforma¬ 
tions  que  subissent  un  grand  nombre  de  filés  de  genres  variés,  avant  d’arriver  à  la 
consommation. 

Parmi  ces  exposants,  il  y  en  a  eu  de  fort  importants  comme  production  et  comme 
variété  de  machines  exposées;  d’autres  ne  présentaient,  au  contraire,  qu’un  genre  par¬ 
ticulier  isolé. 

MM.  Offroy  et  Pfeiffer. 

MM.  Offroy  et  Pfeiffer  avaient  exposé  des  dévidoirs  munis  d’un  organe  purgeur  de  leur  inven¬ 
tion  ,  organe  fort  intéressant  et  fort  bien  fait.  Le  fil  passe  entre  deux  petites  plaquettes  planes  et  bien 
polies,  accouplées  à  charnière  et  formant  pince  plate,  dont  une  pièce  est  fixe  et  l’autre  sollicitée  à 
exercer  sur  la  première  une  pression  réglable  à  volonté.  Un  petit  contrepoids  se  déplace  à  cet  effet 
sur  un  levier.  Un  distributeur  alternatif  déplace  successivement,  de  quelques  millimètres,  le  fil  entrant 
entre  les  plaquettes,  afin  que  l’accumulation  des  duvets  et  ordures  qu’il  abandonne  ne  puisse  l'em- 
barrer,  et  que  celles-ci  se  détachent  au  contraire  et  tombent  librement.  Le  fil  est  ainsi  soumis  à  une 
tension  réglable  et  constante  en  tous  ses  points,  et  tout  point  présentant  une  résistance  moindre  est 
obligé  de  rompre.  En  même  temps,  l’organe  forme  obstacle  à  laisser  passer  des  ordures  ou  des  gros¬ 
seurs  faisant  partie  inhérente  du  fil  et  non  susceptibles  de  s’en  détacher  à  l’entrée  des  plaquettes  affû¬ 
tées  en  biseau  et  serrées  l’une  sur  l’autre.  Il  force  encore  le  fil  à  rompre  en  ce  cas.  Cet  organe  est  un 
excellent  obstacle ,  de  la  nature  de  ceux  que  l’on  place  habituellement  sur  le  parcours  du  fil,  aux  bobi- 
noirs  de  chaîne  de  tissage  mécanique,  sous  forme  de  tringles  de  tension,  de  pannes,  de  plaques  à 
fentes  étroites,  ou  de  crochets  à  étranglement,  et  on  peut  dire  que,  à  lui  seul,  il  reproduit,  au  degré 
réglable  qu’on  désire,  l’effet  de  tous  ces  genres  d’obstacles  réunis.  Mais  si  l’application  de  cet  obstacle 
est  rationnelle  à  un  dévidoir  échantillonne!!!*,  qui  ne  sert  au  filateur  que  d’appareil  de  vérification  de 


328 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


S3S  produits,  elle  ne  l’est  nullement  aux  dévidoirs  qui  doivent  pratiquement  mettre  en  écheveaux  la 
production  journalière  de  la  filature.  Gomme  usage  courant,  cet  organe  ne  peut  rendre  avantageuse¬ 
ment  ses  services  qu’au  bobinoir  de  tissage,  où  chaque  fil  fonctionne  h  titre  indépendant  et  où  la 
rupture  d’un  fil  n’arrête  que  ce  fil  et  non  en  même  temps  5o  ou  60  fils  voisins.  Il  faut  plaindre  le  (da¬ 
teur  maladroit  que  sa  mauvaise  fabrication  obligerait  à  recourir  a  ce  correctif  onéreux,  placé  à  la  fin 
de  ses  opérations;  mais  il  faut  encourager  le  tisseur  bien  avisé  qui  le  placera,  très  utilement  et  sans 
frais,  au  début  des  siennes,  pour  les  protéger  toutes  contre  l’influence  éventuelle  d’une  mauvaise 
veine  de  fils. 

M.  Martin  ,  à  Paris. 

Cette  maison  avait  exposé  des  machines  h  peloter  les  gros  fils,  machines  ne  présentant  point  d’in¬ 
térêt  particulier. 


M.  Gavchot. 

M.  Gauchot  exposait,  au  contraire,  une  machine  à  peloter  en  petites  bobines  pour  les  fils  fins, 
machine  dans  laquelle  les  fonctions  ont  des  exigences  infiniment  plus  complexes,  et  qui  forme  une 
étude  intéressante.  Pour  arriver  h  une  production  un  peu  sérieuse  (dans  ce  cas,  des  fils  fins  en  petites 
pelotes),  il  faut  que  la  vitesse  du  fil  absorbé  soit  un  maximum  et  maintenue  à  peu  près  constante, 
depuis  le  début  de  la  formation  de  la  pelote  sur  un  diamètre  insignifiant  jusqu’au  gros  diamètre  de 
la  pelote  pleine.  11  faut  pour  cela  faire  varier,  incessamment  et  graduellement,  la  pente  des  broches, 
la  vitesse  de  rotation  des  broches  et  celle  des  ailettes.  M.  Gauchot  prend  l’origine  des  variations  h 
effectuer  sur  un  tendeur  oscillant  que  les  fils  enveloppent  en  commun  et  qui  est  sollicité  à  se  balan- 
cer  en  sens  opposé  par  un  contrepoids  à  action,  variant  selon  que  le  levier  qui  le  porte  est  plus  ou 
moins  écarté  de  sa  position  horizontale.  Tous  les  mouvements  des  organes  sont  commandés  par  des 
plateaux  de  friction  agissant  contre  des  poulies  ou  barillets  en  cuir,  se  déplaçant  plus  ou  moins 
excentriquement  sur  leurs  plateaux.  Les  bobines  fournissant  les  fils  se  déroulent  tirées  par  eux 
et  forment  un  frein  qui  devient  d’autant  plus  énergique  que  leur  vitesse  augmente  par  l’accroisse¬ 
ment  des  pelotes.  La  tension  croissante  des  fils  modifie  ainsi  la  position  du  tendeur,  en  se  mettant  en 
équilibre  avec  l’action  du  contrepoids  et,  enfin,  c’est  ce  tendeur  qui,  en  se  déplaçant,  déplace  les 
poulies  ou  barillets  sur  leurs  plateaux ,  pour  réduire  la  vitesse  des  organes  et  empêcher  la  vitesse  des 
fils  de  croître  plus  qu’il  ne  convient.  Un  dispositif  accessoire  permet,  quand  un  compteur  arrête  le 
mouvement,  de  couper  à  la  fois  tous  les  fils  et  de  projeter  dans  une  auge  toutes  les  pelotes  finies 
hors  de  leurs  broche. 

Dans  la  préparation  des  bobines  ou  pelotes  de  filés  de  laine  moulinée,  pour  bonne¬ 
terie  à  la  main,  la  pelote  doit  être  établie  sur  un  poids  exact  et  déterminé  du  produit 
utile.  L’opération  destinée  à  fractionner  le  fil  en  longueurs  de  poids  constant  est  fort 
délicate  :  le  mesurage  de  la  longueur  ne  peut  pas  la  remplacer,  à  cause  de  l’extrême 
extensibilité  du  fil. 


M.  Mouche re,  à  Angoulême. 

M.  Mouchère  a  imaginé,  pour  cette  production  qui  est  beaucoup  plus  considérable  qu’on  ne  le 
supposerait,  de  faire  une  machine  à  peser  automatique,  et  il  a  trouvé,  à  ce  sujet,  par  une  très  heu¬ 
reuse  application  de  l’électricité,  une  solution  et  des  dispositions  qui  sont  non  seulement  charmantes, 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  329 


mais  qui  sont  la  perfection  même  en  ce  genre,  au  point  de  vue  de  la  précision.  Un  des  fléaux  d’une 
balance  porte  un  récipient  pour  le  fil;  l’autre  fléau,  taré  et  portant  le  poids  voulu,  se  termine  par 
deux  pointes  formant  vis  de  pression  réglables,  plongeant  dans  deux  godets  de  mercure  et  les 
reliant  pour  fermer  le  circuit  d’une  pile  mettant  en  activité  un  électro-aimant  placé  à  l’arrière  et  en 
haut  de  la  machine.  Cet  électro-aimant  maintient  en  contact  la  branche  d’arrière  d’un  levier  horizon¬ 
tal  dont  le  hras  d’avant  remonte  si  le  levier,  abandonné  à  son  poids  naturel  par  l’interruption  du  cou¬ 
rant,  vient  à  fléchir.  Ce  bras  d’avant  tient  ouverte,  pendant  la  marche,  une  petite  pince  où  passe  le 
fil  venant  d’un  écheveau  monté  sur  une  tournette.  11  laisse  en  outre  abaissé,  sur  un  tambour  en  rota¬ 
tion  continue,  le  rouleau  de  pression  qui  appelle  le  fil  et  le  fait  tomber  dans  le  récipient.  Au  moment 
précis  où  la  balance  arrive  à  son  point  d’équilibre ,  les  pointes  sortent  du  mercure ,  le  courant  s’inter¬ 
rompt  et  le  levier  fléchit,  fermant  la  pince  et  soulevant  le  rouleau  de  pression  et  le  fil  s’arrête  net.  Ce 
dispositif  est  infiniment  meilleur  que  ne  peut  être  un  déclanchement%écanique  quelconque,  parce 
que  la  balance  n’a  à  accomplir  aucune  fonction  qui  puisse  nuire  à  sa  sensibilité.  En  outre,  dans  un 
dispositif  mécanique  quelconque ,  la  résistance ,  variant  selon  l’état  des  surfaces  de  contact  des  organes 
déclanclieurs,  introduit  toujours  une  cause  capricieuse  d’irrégularités. 

M.  Mouchère  complète,  quand  on  le  désire,  son  excellente  machine  à  peser  par  une  parfaite  instal¬ 
lation  de  l’appareil  peloteur  correspondant  à  l’opération  qui  suit  le  pesage. 

L’exposition  la  plus  importante  de  beaucoup,  parmi  celles  qui  concernent  le  maté¬ 
riel  secondaire  de  la  fdature,  a  été  celle  de  MM.  Ryo-Catteau. 


MM.  Ryo-Catteau ,  à  Roubaix. 

C’est  assurément  une  maison  habile  et  industrieuse  que  celle  qui  a  su  trouver  un  champ  d’exploi¬ 
tation  important  dans  une  spécialité  d’apparence  restreinte,  celle  des  opérations  intermédiaires  entre 
la  filature  et  le  tissage. 

MM.  Ryo-Catteau  exposaient  : 

i°  Un  bobinoir  assembleur  pour  moulinage  floche  et  pour  fils  floches,  assemblant  jusqu’à  seizé 
fils  rendus  solidaires  par  l’entraînement  en  commun  d’un  même  léger  rouleau- panne.  Les  casse-fils, 
fort  ingénieux,  font  basculer  ce  rouleau  de  manière  à  présenter  en  avant  et  commodément  le  barbin 
du  fil  à  rattacher.  Le  débrayage  de  la  bobine,  en  cas  de  casse,  a  lieu  par  une  palette  en  cuir  s’intro¬ 
duisant  entre  le  tambour  moteur  et  la  bobine; 

2°  Un  moulinier  diviseur  travaillant  les  bobines  du  dévidoir  ci-dessus,  à  broches  verticales,  sans 
ailettes,  à  deux  asples  indépendants  pour  abréger  les  arrêts  de  levée; 

3°  Un  remarquable  bobinoir  d’écheveaux  pour  tissage ,  ou  retordage ,  ou  cannetage ,  faisant  des 
bobines  croisées,  cylindriques,  de  faible  hauteur,  de  grand  diamètre  et  sans  fonds,  susceptibles  de 
fuser  au  dévidage  ultérieur  sans  tourner.  On  y  remarque  des  casse-fils  arrêtant  isolément  le  tambour 
moteur  de  chaque  bobine,  un  rouleau  entraîneur  en  bois  lisse,  soulageant  le  fil  de  l’écheveau;  le  dis¬ 
tributeur-croiseur  formé  par  l’évidement  hélicoïdal  à  retour  qui  coupe  chaque  tambour  moteur 
en  deux  pièces;  enfin,  un  double  système  de  leviers  à  pression  réglable,  l’un  portant  la  bobine 
qui,  arrivée  à  un  diamètre  facultativement  déterminé,  fait  arrêter  le  tambour-moteur,  l’autre  portant 
un  rouleau  compresseur  qui  serre  l’en  vidage  sans  fatiguer  le  fil; 

k°  Un  dévidoir  à  casse-fds,  avec  râteliers  dans  le  haut,  asples  dans  le  bas,  à  deux  faces  et  en  deux 
moitiés  indépendantes,  à  envidage  en  croisure-soie ,  à  bras  extensibles ,  compteurs  de  rechange,  frein 
d’arrêt ,  etc. ,  utilisable  pour  tous  titrages  ; 

5°  Un  bobinoir  assembleur  pour  retordage,  etc.,  faisant  les  bobines  cylindriques  croisées  et  sans 


330 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


fond,  ayant  les  mêmes  ingénieux  dispositifs  de  solidarisation  et  de  casse-fds  que  le  bobinoir  assem¬ 
bleur  pour  moulinage; 

6°  Une  cannettière  ordinaire  travaillant  les  bobines  du  bobinoir  numéro  3,  avec  un  ingénieux 
frein  de  tension  ou  de  friction  sur  la  bobine  alimentaire  ; 

7°  Une  intéressante  cannettière,  à  barbin  voyageant  en  formant  écrou  sur  une  tige  filetée,  dont 
la  rotation  déplace  les  renvidées  et  finit  par  arrêter  automatiquement  et  isolément  le  fil  de  la  cannette 
pleine  ; 

8°  Un  retordeur  à  6  fils  pour  fils  forts ,  à  casse-fds  soulevant  les  rouleaux  de  pression  alimentaires 
et  dégrénant  la  broclie; 

9°  Un  excellent  bobinoir  pour  lin,  à  tambour  conducteur  du  fil; 

io°  Un  continu  à  retordre,  système  Lancaster,  bien  exécuté; 

1 1°  Une  peloteuse  avantageuse  faisant  à  volonté  la  croisure  à  carreau  ou  ordinaire; 

1 2°  Une  peseuse  à  débrayage  mécanique  assez  satisfaisante. 

Ce  nombreux  matériel,  d’une  bonne  exécution  générale,  témoignait  de  la  fertilité  de  combinaisons 
et  de  l’ingénieuse  activité  de  ses  auteurs,  dont  le  mérite  est  bien  apprécié  dans  le  centre  industriel  de 
premier  ordre  où  ils  rendent  d’utiles  services. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDER IE.  331 


CHAPITRE  IV. 

PRODUITS  DE  LA  CORDERIE. 


Nous  disions  que,  de  la  comparaison  qu’on  est  naturellement  amené  à  faire  entre 
les  Expositions  de  1867,  1878  et  1889,  il  ressort  un  progrès  constant. 

Pour  la  corderie,  ce  progrès  est  réalisé  par  le  détail  des  procédés  simplifiant  les 
moyens  de  production  et  substituant,  presque  partout,  la  machine  au  travail  manuel 
plus  coûteux  et  plus  lent. 

En  tout,  aujourd’hui,  le  programme  nécessaire  consiste  à  faire  vite,  à  bon  mar¬ 
ché  et  bien;  la  machine  peut  seule  remplir  ces  conditions,  et  toute  industrie  est  amenée 
à  des  efforts  constants  pour  rendre  son  travail  complètement  mécanique. 

Cette  transformation,  devenue  une  loi  générale,  est  bien  mise  en  évidence  par  les 
expositions  de  la  corderie  de  la  classe  5A;  depuis  l’énorme  câble  des  mines  jusqu’au 
fil  de  pêche  le  plus  fin,  depuis  le  cordage  goudronné  destiné  au  service  de  la  marine 
jusqu’au  fil  à  voile,  en  passant  par  les  câbles  en  fer,  en  acier,  en  laiton  et  en  cuivre, 
tout  recourt  aujourd’hui  de  plus  en  plus  au  travail  des  machines.  Mais  la  machine  ne 
suffit  pas  seule;  si  la  science  a  créé  ces  admirables  outils  de  production,  elle  devait 
en  combiner  les  pièces,  en  prévoyant,  pour  chacune  d’elles,  un  rôle  élastique  et  va¬ 
riable,  en  vue  des  produits  variables  eux-mêmes.  Avec  la  machine,  le  hasard  ou 
l’instinct  de  l’ouvrier,  qui  entrait  jadis  pour  une  large  part  dans  les  résultats,  ne  doit 
plus  être  pour  rien  dans  les  méthodes  suivies.  Aussi,  la  résistance,  les  tensions,  le 
degré  exact  de  torsion  qui  fournit  un  maximum  de  force,  l’art  des  mélanges  destinés 
à  faire  un  tout  homogène,  les  moindres  détails  enfin  de  la  fabrication,  doivent-ils 
être  mathématiquement  prévus,  et  ce  sont  tous  ces  progrès  réunis  qui  ont  porté  la 
corderie,  et  en  particulier  la  corderie  française,  à  un  point  si  avancé  aujourd’hui, 

PROGRÈS  DE  LA  CORDERIE  EN  FRANCE. 

La  corderie,  dont  la  fabrication  prépondérante  a  appartenu  pendant  longtemps  a  la 
Russie,  à  l’Allemagne,  à  l’Angleterre,  tend  actuellement  à  devenir  en  France  l’objet  d’un 
art  approfondi  et,  si  rien  ne  vient  entraver  la  marche  de  sa  production,  l’industrie  fran¬ 
çaise  en  ce  genre  peut,  dans  un  avenir  prochain,  atteindre  une  véritable  supériorité. 

Déjà  la  Russie  a  renoncé  à  la  lutte  sur  le  marché  français;  seules,  l’Allemagne, 
l’Italie,  l’Angleterre  soutiennent  encore  une  comparaison  et  une  concurrence  qui  de¬ 
viennent  plus  difficiles  pour  elles,  à  mesure  que  le  perfectionnement  de  l’outillage  et 
la  facilité  d’approvisionnement  de  la  matière  première  abaissent  les  prix  de  revient. 


33*2 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Si  le  progrès  de  la  corderie  française  et  son  développement  sont  bien  visibles,  il 
convient  clen  rapporter  le  mérite,  d’abord  à  l’outillage  moderne  créé  en  Angleterre, 
ensuite  aussi  aux  grands  industriels  qui  ont  su,  par  une  initiative  intelligente,  monter 
cet  outillage,  le  perfectionner,  en  étudier  judicieusement  les  méthodes  d’utilisation  et, 
enfin,  conquérir  la  place  qu’ils  occupent.  Leur  mérite  est  d’autant  plus  réel,  que  le 
prix  de  la  matière  ouvrée  subissait  une  diminution  importante  qui,  depuis  1878,  pré¬ 
sente  les  écarts  suivants  : 


Cordes  de  marine,  en  chanvre  goudronné .  10  p.  0/0 

Cordages  blancs ,  pour  l’industrie .  12 

Gréements  en  fil  de  fer  galvanisé .  1 5 

Ficelles  d’emballage .  20 


En  même  temps  que  cette  baisse  se  produisait,  la  qualité  des  produits  livrés  pro¬ 
gressait  en  général  en  raison  inverse. 

De  son  côté,  le  consommateur  devenait  plus  exigeant.  Il  y  a  quelques  années,  on 
achetait  sans  se  préoccuper  de  la  résistance  de  la  corde,  de  la  garantie  de  sa  durée, 
tandis  qu’aujour d’hui,  ces  questions  importantes  font  la  base  des  marchés. 

La  maison  Bessonneau,  d’Angers,  a  contribué  dans  une  large  mesure  à  introduire 
ces  changements  dans  les  conditions  de  vente.  S’appuyant  sur  des  données  précises 
fournies  par  cette  maison,  toutes  les  compagnies  françaises  de  chemins  de  fer  ont 
dressé  des  cahiers  de  charges,  dont  les  conditions  rigoureuses  leur  assurent  des  quali¬ 
tés  uniformes  et  leur  donnent  la  plus  grande  sécurité. 

C’est  aussi  sous  ces  inspirations  que  le  comité  d’artillerie  français,  après  une  minu¬ 
tieuse  étude  de  la  fabrication  et  de  la  qualité  comparative  des  chanvres  de  chaque 
pays,  a  dressé  récemment  un  cahier  de  charges  portant  au  double  la  force  de  résis¬ 
tance  des  cordages  nécessaires  à  ses  besoins,  de  sorte  que,  depuis  cette  époque,  l’ar¬ 
tillerie  et  le  génie  s’approvisionnent  d’un  produit  deux  fois  supérieur  à  l’ancien,  sans 
majoration  sensible  dans  les  prix. 

Cet  exemple  a  trouvé  des  imitateurs  qui,  à  leur  tour,  exigent  des  câbles  ayant  une 
force  de  résistance  d’un  tiers  plus  élevée  que  par  le  passé  :  ainsi  font  quelques  compa¬ 
gnies  minières.  C’est  par  suite  d’une  routine  blâmable,  que  d’autres  mines  achètent 
des  câbles  (à  la  solidité  desquels  est  confiée  la  vie  des  ouvriers)  sans  éprouver  au 
préalable  leur  force  de  résistance. 

Il  est  étrange,  en  effet,  que  des  compagnies  dépensant  annuellement,  pour  leurs 
puits  d’extraction  et  leurs  descenderies,  plus  de  100,000  francs  de  cordages,  puissent 
en  prendre  livraison  sans  même  vérifier  leur  qualité.  Si  le  guidage  est  en  bon  état, 
le  danger  n’est  pas  grand;  mais,  lorsque  l’usure  ou  l’humidité  rendent  ce  guidage  dé¬ 
fectueux  et  décuplent,  par  ie  frottement,  l’effort  de  la  traction,  les  risques  de  rupture 
deviennent  menaçants. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  333 


CÂBLES  TEXTILES. 

11  se  fabrique  aujourd’hui  une  grande  quantité  de  ficelles  de  jute  pour  l’usage  des 
raffineries,  des  faïenceries,  des  salines,  etc.;  cette  matière  est  de  3o  à  4o  p.  o/o 
moins  chère  que  le  chanvre,  et  elle  peut  suffire  à  certains  emplois. 

Malgré  l’apport  du  jute,  de  l’alfa  et  d’autres  matières  employées  dans  la  corderie, 
la  production  du  chanvre  en  France  est  bien  loin  de  répondre  aux  demandes  de  l’in¬ 
dustrie  française.  En  1878,  la  totalité  du  chanvre  récolté  suffisait  à  peu  près  aux  deux 
tiers  de  la  consommation;  aujourd’hui,  c’est  à  peine  si,  demeurée  sensiblement  la 
même,  elle  satisfait  à  la  moitié.  Cette  insuffisance  est  due  à  l’augmentation  constante 
de  la  fabrication. 

Les  pays  producteurs  de  chanvre  sont  actuellement  et  par  ordre  d’importance  : 


La  Russie,  production  annuelle . 

L’Italie . 

La  France . 

L’Autriche . 

La  Serbie . 

L’Espagne . 

La  Belgique . 

Total . .  248, 000, 000 


La  France  importe  des  chanvres  de  ces  divers  pays  et,  en  outre,  de  Bombay 
(Indes),  de  Manille  (lies  Philippines),  de  Sisal  (Mexique),  enfin  de  la  Nouvelle-Zé¬ 
lande. 

La  production  de  la  Francé  même  se  répartit  comme  suit  : 


Sartlie . 

Maine-et-Loire . 

Indre-et-Loire . 

Loire-Inférieure.  .  .  . 
Lot-et-Garonne.  .  .  . 

Somme . 

Isère . 

Ain . 

Côtes-du-Nord . 

Haute-Vienne.  .  .  .  . 

Ille-et-Vilaine . 

Mayenne . 

Morbihan . 

Autres  départements. 


1 2,000,000  kilog. 
8,000,000 
3,ooo,ooo 
i,5oo,ooo 
1 ,5oo,ooo 
i,5oo,ooo 
1 ,000,000 
5oo,ooo 
5oo,ooo 
5oo,ooo 
5oo,ooo 
5oo,ooo 
5oo,ooo 
8,5oo,ooo 


Total 


4o,  000, 000 


334 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Par  ^contre,  la  consommation  de  la  corderie  française  est  de  : 


En  chanvre .  80,000,000  kilo#. 

En  manille . ; .  2,000,000 

E11  sisal .  5oo,ooo 

En  chanvre  de  la  Nouvelle-Zélande .  5oo,ooo 

Total  général .  83, 000, 000 


D’où  il  suit  que  l’industrie  française  est  tributaire  de  l’étranger  pour  la  moitié  de  sa 
consommation  de  chanvres  bruts  qui,  fort  heureusement  pour  elle,  entrent  en  franchise. 

Toutefois  il  n’entre  pas  du  dehors  que  des  chanvres  bruts;  en  effet,  grâce  au  bas 
prix  de  la  main-d’œuvre  et  de  la  force  motrice  qu’elle  emprunte  à  ses  nombreux  cours 
d’eau,  l’Allemagne  parvient  à  importer,  dans  l’est  de  la  France  et  à  Paris,  des  quan¬ 
tités  considérables  de  ficelles  et  de  cordages. 

De  son  côté,  l’Italie  approvisionne  presque  exclusivement  la  Savoie  et  les  départe¬ 
ments  frontières  du  Midi. 

Enfin  l’Angleterre,  par  ses  services  maritimes  fréquents  et  réguliers,  exporte  dans 
les  colonies  françaises  une  assez  grande  quantité  de  ficelles  et  cordages. 

La  fabrication  française  a  donc  à  lutter  non  seulement  à  l’étranger,  mais  encore  en 
France,  contre  une  concurrence  redoutable  qu’elle  soutient  uniquement  par  cette  cir¬ 
constance,  que  ses  produits  sont  supérieurs  et  qu’elle  reçoit  franc  de  tous  droits 
l’important  appoint  de  matières  premières  qu’elle  est  contrainte  de  demander  au 
dehors.  Ce  dernier  point  n’est  pas  d’ailleurs  pour  l’industrie  française  un  privilège, 
mais  une  condition  indispensable  et  similaire  à  celles  dont  jouissent  ses  voisines  et 
concurrentes.  L’Angleterre  et  l’Allemagne  ont,  toutes  deux,  la  franchise  d’importation 
pour  leurs  matières  brutes.  Quant  à  l’Italie,  sa  production  en  chanvre  brut  dépasse  de 
beaucoup  sa  consommation. 

La  consommation  des  cordes  en  chanvre  est  relativement  restreinte  en  Algérie ,  en 
Tunisie  et  en  Cochinchine,  et  dans  beaucoup  de  pays  chauds;  ces  contrées  fabriquent 
des  cordes  en  alfa,  désignées  sous  le  nom  de  spartes,  dont  le  prix  de  revient  est  bas 
et  qui  ont  l’avantage  de  résister  plus  que  le  chanvre  à  l’humidité.  Par  contre,  la  sou¬ 
plesse  de  ces  cordages  et  leur  faculté  de  tension  sont  bien  moindres,  et  leur  service, 
dans  bien  des  cas,  serait  inutilisable  ailleurs. 

En  Cochinchine,  on  ne  se  sert  que  de  cordes  de  bambous  qui  sont  souples  et  offrent 
une  grande  résistance.  On  a  pu  voir  à  l’Exposition,  dans  le  pavillon  de  l’Annam-Ton- 
kin,  un  modèle  de  pont  en  bambou  assujetti  par  des  cordes  de  même  matière.  Ces 
ponts,  qui  mesurent  ordinairement  8  à  10  mètres  de  longueur,  sont  facilement  trans¬ 
portés  par  quatre  hommes,  ce  qui,  étant  donnée  la  nature  du  sol  de  ces  contrées 
privées  de  routes,  mais  sillonnées  par  de  nombreux  cours  d’eau,  constitue  une  grande 
facilité  pour  les  communications. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  335 


La  corderie  emploie  les  chanvres  blancs  pour  la  fabrication  des  câbles  destinés  aux 
chemins  de  fer,  à  l’industrie  et  à  la  transmission  de  la  force  motrice. 

Les  câbles  goudronnés  sont  demandés  par  la  marine  et  par  l’industrie  minière;  ils 
ont,  sur  les  cordages  de  chanvre  blanc,  l’avantage  d’être  moins  sujets  aux  influences 
hygrométriques. 

Nous  rappellerons,  pour  mémoire,  que  le  rapport  de  1878  mentionnait  la  pré¬ 
sence  de  chanvres  non  rouis,  qui  se  produisaient  à  cette  époque  â  Vaugenlieu  (France) 
et  à  Padoue  (Italie).  Ces  chanvres  ne  figurent  plus  à  l’Exposition  de  1889;  étaient 
loin,  en  effet,  de  présenter  un  progrès,  et  leur  adoption  n’aurait  eu  d’autres  résultats 
que  de  déprécier  les  produits. 

Le  manille  blanc  est  employé  pour  le  service  des  navires  et  pour  la  transmission  de 
la  force  motrice.  Lorsqu’il  est  goudronné,  il  sert  à  la  fabrication  de  câbles  plats  pour 
les  mines.  Le  manille  est  léger;  il  flotte  sur  l’eau,  mais  sa  force  de  résistance  est 
moindre  que  celle  des  bons  chanvres  d’Europe.  Il  rachète  ce  désavantage  par  une 
qualité  précieuse  :  il  11’est  pas  attaqué  par  l’eau,  alors  que  le  chanvre  mouillé  pourrit. 
L’humidité  est,  pour  le  manille,  une  condition  de  durée,  puisque,  dans  les  puits  des 
mines  qui  sont  secs  ou  chauffés,  les  câbles  fabriqués  avec  ce  textile  doivent  être 
constamment  arrosés. 

Le  sisal  et  de  même  aussi  le  coco  ne  trouvent  leur  application  qu’à  bord  des  navires. 

Le  bambou,  dont  la  Cochinchine  fait  usage,  n’est  jusqu’ici  aucunement  employé  en 
Europe.  Le  coton,  malgré  un  prix  plus  élevé,  est  souvent  préféré  au  chanvre  ou  au 
manille,  pour  transmissions  de  mouvement,  à  cause  de  sa  souplesse  et  de  son  adhé¬ 
rence  supérieures. 

Quant  à  la  ramie,  nous  ne  pouvons  que  faire  des  vœux  pour  son  utilisation.  Sa 
filasse,  par  sa  force  et  sa  finesse,  deviendrait  un  jour  un  sérieux  auxiliaire  pour  les 
corderies  si  l’on  parvenait  à  l’obtenir  à  bon  marché.  Il  serait  donc  à  désirer  qu’un  pro¬ 
duit  précieux  à  tant  de  titres,  et  qui  serait  cultivé  si  facilement  dans  les  pays  colo¬ 
niaux,  pût  enfin  entrer  dans  la  production  courante  et  apporter  un  nouvel  appoint  à 
la  richesse  publique. 

Le  jute,  en  corderie,  ne  fournit,  comme  nous  l’avons  dit,  que  des  produits  infé¬ 
rieurs  et  accessoires. 

LES  CÂBLES  MÉTALLIQUES. 

Jusqu’en  1878,  la  France  ne  fabriquait  que  le  fil  de  fer,  et  ses  corderies  étaient 
tributaires  de  l’Angleterre  et  de  l’Allemagne  pour  la  fourniture  des  fils  d’acier.  Depuis 
quelques  années,  nos  industriels  ont  entrepris  cette  fabrication,  de  sorte  qu’ils  pro¬ 
duisent  maintenant,  pour  les  corderies,  le  fd  d’acier  dans  des  conditions  de  fini,  de 
solidité  et  d’économie  qui  écartent  la  concurrence  étrangère. 

La  corderie  métallique  tient  à  présent  une  large  place  dans  la  fabrication  et  répond 
à  des  besoins  spéciaux  soit  de  l’industrie,  soit  des  grands  services  publics. 


336 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Les  câbles  métalliques  ont  des  propriétés  différentes  de  celles  des  câbles  textiles  et 
des  applications  infinies.  Le  fil  de  fer  sert  à  la  confection  des  gréements  des  navires 
et  particulièrement  des  manœuvres  dormantes.  Il  présente  des  conditions  de  résistance 
et  d’élasticité  qui  le  font  rechercher  par  le  service  des  mines.  Avec  le  fil  d’acier,  se 
préparent  les  aussières,  les  drosses,  les  chaînes  d’ancre.  Il  est  employé  en  câbles  de 
traction  dans  les  chemins  de  fer,  pour  les  défonçages  à  la  vapeur  dans  les  pays  du 
Midi  et  en  Algérie.  Il  forme,  dans  le  service  des  mines,  d’excellents  câbles  de  traction 
sur  les  plans  inclinés. 

Les  câbles  en  fil  d’acier  ont,  sur  ceux  en  fil  de  fer,  l’avantage  fort  appréciable  de 
fournir  une  résistance  plus  grande  sous  un  volume  moindre;  ils  sont,  à  ce  titre,  em¬ 
ployés  presque  exclusivement  pour  les  chemins  de  fer  aériens  et,  en  fin  d’analyse,  leur 
prix  de  revient  est  généralement  plus  avantageux. 

Les  fils  de  cuivre  et  de  laiton  trouvent  leur  application  dans  l’industrie.  Sans  nous 
attarder  à  rechercher  les  spécialités  qui  les  emploient  de  préférence,  il  nous  suffira  de 
rappeler  qu’ils  servent  à  la  confection  des  chaînes  de  paratonnerres  et  des  conducteurs 
d’électricité. 

La  crainte  de  donner  à  notre  rapport  de  trop  grands  développements  nous  oblige  à 
exposer  sommairement  ces  considérations.  En  les  terminant,  nous  rappelons  qu’en 
1867,  la  presque  totalité  des  cordages  présentés  étaient  encore  des  produits  à  la 
main,  mais  que,  onze  ans  plus  tard,  en  1878,  la  corderie  mécanique  prenait  déjà 
une  large  place  et  annonçait  ce  qu’elle  devait  être  aujourd’hui,  c’est-à-dire  prédomi¬ 
nante.  Le  préjugé  s’est  d’abord  refusé  à  admettre  ce  genre  de  fabrication,  dont 
l’adoption  a  été  lente.  Ce  n’est,  par  exemple,  qu’à  la  suite  de  nombreuses  expériences 
et  cl’essais  comparatifs  souvent  renouvelés,  que  la  marine  de  l’Etat  s’est  décidée  à 
accepter  les  produits  mécaniques;  mais,  depuis  bientôt  cinq  ans,  elle  s’est  rendue 
à  l’évidence  et,  aujourd’hui,  ne  fait  plus  usage  que  de  cordages  de  fabrication  méca¬ 
nique.  C’est,  nous  l’avons  dit,  que  la  machine  ne  saurait  dispenser  d’une  méthode 
raisonnée,  mais,  la  supposant  bonne  et  bien  employée,  elle  assure  au  produit  une 
qualité  capitale  en  corderie,  la  régularité.  Aussi,  pour  de  tels  produits,  et  pour  être 
dans  la  vérité,  faut-il  dire  que  la  main  peut  rarement  faire  aussi  bien  que  la  ma¬ 
chine. 

A  ce  sujet,  il  nous  sera  permis  de  rendre  justice  à  un  absent,  quoiqu’il  ait  été 
absent  volontairement.  L’Angleterre  s’est  abstenue  presque  totalement  de  participer  à 
l’Exposition  de  1889,  dans  la  classe  5ô.  Mais  elle  nous  apparaît  de  loin,  dans  cette 
belle  exposition  de  la  corderie  qui  est  le  produit  de  ses  outils.  C’est  elle  qui  a  créé 
presque  toutes  ces  belles  machines  qu’utilise  cette  industrie.  Peut-être  l’emploi  en 
est-il  fait  parfois  aujourd’hui  plus  habilement  en  France  que  chez  elle-même.  Mais  ce 
matériel  est  le  sien;  elle  seule  le  fait,  et  c’est  chez  elle  qu’il  faut  le  chercher.  Nous  la 
saluons  en  passant  devant  ces  câbles  magnifiques  et  en  lui  reportant  une  juste  part  de 
notre  admiration. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  337 


EXPOSANTS. 

Les  exposants  hors  concours,  qui  se  rapportent  à  la  corclerie,  sont  :  MM.  Besson¬ 
neau,  d’Angers;  La  Commission  des  Ardoisières  d’Angers;  MM.  Le  Coustellier,  d’Abbe¬ 
ville;  Saint  frères,  de  Paris. 

M.  Bessonneau  (/.),  à  Angers. 

Cette  maison  a  été  la  première  en  France  à  fabriquer  mécaniquement  les  ficelles  et  les  cordages. 
En  1 856 ,  M.  Besnard,  son  fondateur,  montait  divers  métiers  pour  la  filature  et  la  fabrication  des 
ficelles;  quinze  années  plus  tard,  en  1871,  M.  Bessonneau  installait  les  premiers  métiers  h  faire  le  fil 
de  caret  et,  depuis,  cette  maison  a  constamment  développé  son  outillage  et  ses  perfectionnements. 
On  voit  aujourd’hui  les  parfaits  résultats  de  ses  efforts  continus. 

L’exposition  de  M.  Bessonneau  s’est  montrée  de  première  importance  par  le  nombre,  la  variété  el 
la  qualité  des  produits,  et  cet  habile  industriel  sait  baser  son  travail  sur  les  principes  mathématiques 
qui  peuvent  donner  à  la  matière  première  son  maximum  de  qualité. 

M.  Bessonneau  fabrique  les  câbles  ronds  et  plats,  en  chanvre,  en  aloès,  fil  de  fer  et  acier,  pour 
l’industrie,  les  chemins  de  fer,  la  marine  et  les  mines,  les  filets  pare-torpilles ,  etc.  Il  fait  en  outre 
les  fils  pour  la  cordonnerie,  le  tissage  et  la  pêche,  les  ficelles  de  toutes  sortes  et  les  articles  de  gym¬ 
nastique. 

Cette  maison  fournit  depuis  sa  fondation,  c’est-à-dire  depuis  plus  de  cinquante  ans,  la  plus  grande 
partie  des  chanvres  et  fils  employés  dans  la  marine  nationale. 


La  Commission  des  Ardoisières  d'Angers . 

La  Commission  des  Ardoisières  d’Angers  a  ajouté  à  son  industrie  extractive  la  fabrication  des 
câbles  métalliques  spécialement  réservés  au  service  des  carrières,  des  mines  et  de  la  marine,  et  s’est 
outillée  puissamment  à  cet  effet  depuis  plus  de  vingt  ans.  Elle  possède  une  tréfilerie  mécanique , 
fondée  par  M.  Ch.  Larivière,  ancien  gérant  des  Ardoisières  d’Angers.  Elle  fabrique  grandement  et 
supérieurement  bien  les  câbles  métalliques  ronds  et  plats  pour  la  marine  de  l’État,  ainsi  que  les 
filets  pare-torpilles;  elle  a  exposé  de  superbes  spécimens  de  câbles  plats  décroissants,  de  câbles  ronds 
coniques  et  de  filets;  sachant  aussi  appliquer  à  son  travail  des  méthodes  scientifiques,  elle  a  pu 
réaliser  notamment  d’importants  progrès  dans  la  manière  de  pratiquer  la  couture  des  câbles  plats 
sous  tension  convenable,  de  manière  à  assurer  leur  stabilité  et  à  empêcher  les  effets  de  raccourcisse¬ 
ment  inégal  de  leurs  éléments. 


M.  Le  Coustellier,  à  Abbeville. 

M.  Le  Coustellier  a  présenté,  avec  goût,  une  très  belle  vitrine;  la  spécialité  de  ce  fabricant  est  la 
ficelle  à  la  main,  dite  ficelle  (V  Abbeville. 

Le  prix  modéré  de  la  main-d’œuvre  dans  la  Somme  et  aussi  une  fabrication  très  soignée  et  très 
intelligente  permettent  à  M.  Le  Coustellier  de  soutenir  la  réputation  de  ses  produits  et  la  concur¬ 
rence  avec  la  ficelle  mécanique. 

M.  Le  Coustellier  occupe  3oo  ouvriers,  presque  tous  anciens  et  formés  dans  son  établissement;  il 
obtient  ainsi  une  fabrication  très  belle  et  des  produits  d’une  régularité  exceptionnelle. 


Groupe  VI.  —  iv. 


IMPRIMERIE  NATIONALE. 


338 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


Les  plus  hautes  récompenses  ont  été  obtenues  par  celte  maison ,  qui  a  pleinement  conservé  la 
supériorité  déjà  constatée  par  le  jury  de  1878. 


MM.  Saint  frères ,  à  Paris. 

MM.  Saint  frères  ont,  à  Saint-Ouen  (Somme),  un  établissement  considérable  de  corderie  méca¬ 
nique  qui  occupe  un  nombreux  personnel  et  met  en  mouvement  de  nombreux  métiers. 

L’exposition  de  MM.  Saint  s’est  fait  remarquer  comme  très  importante  et  se  composait  de  cables 
plats  en  manille  blanc  et  goudronné  pour  mines ,  de  cordages  en  chanvre  pour  le  commerce  et  l’in¬ 
dustrie,  ainsi  que  de  ficelles  pour  l’emballage. 

Le  tout  était  bien  présenté  et  d’une  fabrication  très  régulière,  irréprochable  depuis  le  fil  jusqu’au 
produit  fini.  L’éloge  de  cette  habile  et  grande  maison  n’est  plus  à  faire;  elle  avait  en  outre  une 
exposition  très  complète  et  très  brillante  dans  la  classe  61,  où  M.  Saint  était  membre  du  jury. 

Les  exposants  français  sont  les  suivants  : 

M.  Albert ,  a  Granville. 

M.  Albert  a  succédé  à  M.  Aubert  dans  l’exploitation  de  la  corderie  fondée  autrefois,  dans  celte 
ville,  par  la  Compagnie  générale  transatlantique. 

M.  Albert  a  conservé  les  bonnes  traditions  de  fabrication  de  son  prédécesseur;  comme  lui,  d’ail¬ 
leurs,  il  fabrique  surtout  à  la  main  et  utilise  le  secours  de  la  machine  surtout  pour  retordre  les  fils, 
les  goudronner  et  les  câbler. 

La  maison  Albert  a  présenté  une  belle  collection  de  spécimens  pour  la  marine  et  la  pêche;  sa 
fabrication  est  bien  appréciée  et  son  exposition  a  paru  très  soignée. 


MM.  L.  Benet  et  Duboul  et  0%  à  Marseille. 

Cette  maison  a  exposé  surlout  des  articles  employés  par  la  marine,  des  aussières  fabriquées  avec 
des  fils  d’acier  résistants  et  conservant  cependant  une  grande  souplesse,  des  câbles  ronds  et  plats  en 
fer  et  en  acier  présentant  une  résistance  de  75,  1^5  et  jusqu’à  180  kilogrammes  par  millimètre  carré 
de  section. 

Les  cordages  sont  fabriqués,  partie  à  la  main,  partie  à  la  machine,  et  forts  beaux;  c’est  aussi  une 
maison  réglant  sa  fabrication  sur  des  données  scientifiques  et  expérimentales  bien  étudiées. 

MM.  Benet  et  Duboul  et  C‘e  emploient  une  force  de  a  00  chevaux-vapeur  et  occupent  plus  de 
3oo  ouvriers.  Ils  fournissent  les  compagnies  maritimes,  les  armateurs  du  port  de  Marseille,  des  exploi¬ 
tations  minières,  et  exportent,  dans  les  colonies  françaises  et  dans  le  Levant,  de  grandes  quantités 
de  produits  manufacturés. 

Cette  maison  a  monté,  en  1886,  un  outillage  important  pour  la  fabrication  du  fil  de  caret  et  de 
la  ficelle. 


MM.  Bisson  et  Guilbert,  à  Paris. 

MM.  Bisson  et  Guilbert  fabriquent  exclusivement  les  ficelles  en  couleur,  en  lin  et  en  chanvre,  à 
l’usage  des  confiseurs ,  des  parfumeurs  et  des  épiciers. 

Les  spécimens  exposés  étaient  d’une  bonne  fabrication. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  339 


M.  Bodin ,  à  Paris. 

Cette  maison  possède  une  fabrique  à  Ivry-sur-Seine ,  où  elle  produit  des  câbles  eu  chanvre,  en  fil 
de  fer,  en  acier,  en  cuivre,  des  articles  de  gymnastique,  des  ficelles,  le  tout  fait  à  la  main. 

Les  câbles  exposés  par  elle  sont  ourdis  à  la  main,  et  leur  régularité  est  complète,  ce  qui  dénote  le 
grand  soin  apporté  à  la  fabrication.  Mais  ce  système  enlève  à  la  matière  une  partie  de  sa  force,  aussi 
l’a-t-on  remplacé  par  le  tirage  au  tube. 


M.  Ch.  Carue ,  à  Paris. 

M.  Carue  s’occupe  tout  particulièrement  des  fournitures  de  gymnastique  et  y  réussit  très  bien ,  ce 
qui  lui  a  valu  de  nombreuses  récompenses.  11  livre  de  confiance  des  cordages  en  coton,  en  chanvre, 
en  métal,  ainsique  les  ficelles  à  la  main,  dites  ficelles  d’Abbeville. 


M.  Chafaroux ,  a  Paris. 

M.  Chafaroux  est  à  la  tête  d’une  maison  réputée  justement  pour  la  qualité  de  ses  cordages  spécia¬ 
lement  destinés  aux  entrepreneurs  de  constructions. 

Ses  cordes  et  ficelles  sont  fabriquées  à  la  main ,  dans  rétablissement  qu’il  possède  au  Mans.  L’expo¬ 
sition  de  M.  Chafaroux  a  été  assurément  une  des  plus  variées  et  des  plus  soignées. 


MM.  Frété  et  C'e,  à  Paris. 

MM.  Frété  et  C,e  possèdent,  depuis  quelques  années,  un  établissement  à  Courbevoie.  Ils  y  ont 
monté  un  grand  nombre  de  machines  à  câbler  les  fils  métalliques  et,  en  général,  une  installation  im¬ 
portante,  avec  toutes  les  ressources  nécessaires  en  force  motrice  a  vapeur.  Ils  y  ont  en  outre  un 
retordage,  un  polissage  et  un  commettage,  pour  le  tirage  et  le  câblage  mécanique  des  cordages.  Cette 
maison  fournit  un  certain  nombre  d’administrations  et  possède  une  nombreuse  clientèle,  et  son 
exposition  a  été  bien  complète  et  présentée  d’une  façon  très  satisfaisante,  bien  digne  de  son  impor¬ 
tance. 


.  MM.  Guérin  et  Vallée,  a  Paris. 

MM.  Guérin  et  Vallée  ont  la  spécialité  des  fournitures  pour  les  entrepreneurs  de  constructions. 
Leur  exposition  est  d’une  belle  fabrication  et  comprend  les  cordages,  les  élingues  et  les  cordes  à 
nœuds.  Cette  maison  importante  fabrique  aussi  les  ficelles  d’emballage  et  a,  à  Ivry  (Seine),  une  cor- 
derie  mécanique.  En  1878,  M.  Guérin  père,  fondateur  de  la  maison,  avait  été  choisi  comme  expert 
par  le  jury  de  la  classe  56. 


M.  Hubinet,  à  Glageon. 

Cette  maison  fabrique  spécialement  des  cordes  de  coton  pour  l’usage  des  fila  leurs  et  des  câbles 
également  en  coton  pour  la  transmission  de  la  force  motrice. 

Les  produits  de  cette  maison  sont  soignés  et  offrent  une  très  grande  régularité. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


3/i  0 


M.  Lan  due  at,  à  Blacy. 

M.  Landréat  présente  une  série  de  petits  cordages  en  métal  pour  l’horlogerie  et  les  paratonnerres. 


M.  Lebreton  ,  à  Paris. 

M.  Lebreton  a  succédé,  il  y  a  peu  d’années,  à  M.  Dufrien,  dont  la  maison  très  ancienne  jouissait 
d’une  excellente  renommée. 

Le  meilleur  éloge  que  nous  puissions  faire  de  M.  Lebreton  est  de  dire  qu’il  soutient  la  réputation 
de  son  prédécesseur,  ainsi  que  le  jury  a  pu  en  juger  par  la  petite  exposition  soumise  à  son  examen. 


M.  Niquet ,  à  Allery. 

Cette  maison  n’a  présenté  qu’une  petite  exposition  de  ficelles  fabriquées  à  la  main;  du  type  d’Ab¬ 
beville. 


M.  Noizevx,  à  Paris. 

M.  Noizeux  a  figuré  également  par  une  petite  vitrine  de  ficelles. 


M.  Pelletier ,  à  Corbeil  (Seine-et-Oise). 

M.  Pelletier  a  montré  au  jury  ses  câbles  pour  transmission,  pour  traits  de  charriage,  le  lout  en 
manille,  puis  des  ficelles  et  surtout  des  liens  de  gerbes  en  rotin,  bien  confectionnés,  qui  sont  une 
spécialité  fort  bien  imaginée  par  lui  et  qui  ont  l’avantage  de  ne  pas  être  attaqués  par  les  rongeurs. 


Mme  veuve  Alphonse  Stein ,  à  Mulhouse. 

Cette  maison  est  venue  fonder  une  seconde  usine  à  Danjoutin,  près  Belfort,  en  1871. 

Elle  s’occupe  plus  particulièrement  de  la  fabrication  des  câbles  et  des  cordages  pour  l’industrie, 
les  mines  et  la  marine ,  ce  qui  forme  trois  branches  bien  distinctes. 

Mme  veuve  Stein  fabrique  surtout  les  câbles  métalliques  pour  les  mines  et  pour  transmission  de 
force  motrice;  nous  devons  rappeler  que  cette  maison  est  la  première  qui  ait  contribué  à  introduire 
ce  précieux  genre  de  transmission  pour  les  grandes  forces.  Son  exposition  considérable  était  préparée 
avec  soin  et  présentée  très  avantageusement,  et  répondait  bien  à  l’importance  de  l’exposant.  Cette 
maison  travaille  h  la  fois  mécaniquement  et  à  la  main;  elle  tréfile  elle-même  les  fils  nécessaires  à  son 
emploi  et  tresse  en  outre,  sur  une  très  grande  échelle,  des  cordes  à  broches,  des  drisses  de  pavillons 
et  des  ficelles  de  fouet.  Sa  production  est  considérable  et  ses  produits  sont  forts  beaux. 

Les  expositions  coloniales  ont  été  très  peu  importantes;  elles  étaient  composées  sur¬ 
tout  de  lianes,  d’écorces,  de  textiles  pour  la  plupart  inconnus  et  de  produits  sur  le 
mérite  desquels  le  jury  aurait  quelque  difficulté  à  se  prononcer,  s’il  se  plaçait  â  un 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  341 


point  de  vue  commun,  mais  pour  lequel  il  faut  tenir  compte  du  degré  de  ressources 
et  du  caractère  ingrat  des  matières  qui,  la  plupart,  seraient  sans  application  en  Europe. 

Les  produits  qui  méritent  en  particulier  d’être  signalés  sont  des  filets  généralement 
bien  fabriqués  et,  parfois,  avec  des  fils  très  fins  et  très  réguliers. 

Nous  mentionnerons  encore,  avant  dépasser  outre,  la  collection  d’excellents  émeril- 
lons  et  molettes  pour  ficelles  et  cordes  de  toutes  sortes,  exposée  par  M.  Coulon,  de 
Paris. 

Les  exposants  étrangers  sont  les  suivants  : 

M.  J -B.  Lygny,  à  Gilly  (Belgique). 

M.  Lygny  a  exposé  des  échantillons  de  câbles  métalliques  ronds  et  plats,  à  l’usage  des  mines. 

La  fabrication  est  bonne;  elle  justifie  la  médaille  d’argent  décernée  à  cet  industriel  en  1888,  à 
l’ Exposition  de  Barcelone. 


M.  Vermeire-Hellebavt,  h  Hamme  (Belgique). 

Cette  maison  fabrique  spécialement  les  grelins  blancs  et  goudronnés,  en  chanvre  et  en  manille. 
Ceux  qui  ont  été  soumis  à  l’examen  du  jury  étaient  d’une  bonne  fabrication  et  d’une  régularité  d’au¬ 
tant  plus  méritoire  que  les  fils  sont  faits  à  la  main. 


M.  Vertongen-Goens,  à  Termonde. 

Cette  maison  est  la  plus  importante  et  l’une  des  plus  anciennes  de  la  Belgique;  elle  a  tenu  a 
figurer  dignement  à  l’Exposition  de  1889,  où  ses  produits  étaient  présentés  de  la  façon  la  plus  heu¬ 
reuse. 

Sa  fabrication  comprend  :  les  cordages  pour  la  marine  et  les  mines;  les  câbles  plats  et  ronds,  en 
chanvre  des  Flandres,  en  manille,  en  fer,  en  acier;  les  câbles  pour  les  transports  aériens,  les  ficelles 
et  les  filets. 

En  1886,  cette  maison  a  monté  des  métiers  pour  la  fabrication  du  fil  de  caret  et  de  la  ficelle. 

A  la  suite  d’épreuves  faites  sur  le  banc  de  l’arsenal  de  Malines,  M.  Vertongen-Goens  garantit  à  sa 
clientèle  une  résistance  de  900  kilogrammes  par  centimètre  carré  de  section,  pour  ses  cordes  en 
chanvre  des  Flandres  et  en  aloès  de  Manille. 

Le  jury  de  l’Exposition  de  1878  signalait  avec  raison  les  câbles  plats  à  section  décroissante  et  à 
huit  aussières  fabriqués  par  cette  maison ,  et  les  estimait  comparables  aux  meilleurs  produits  simi¬ 
laires  de  la  section  française. 


La  Belfast  Bopework  and  C°,  à  Belfast. 

La  Belfast  Ropework  and  G0,  à  Belfast,  est  une  puissante  maison  de  corderie  textile,  de  proportions 
colossales  et  dépassant  les  plus  considérables  qui  existent  au  monde.  Les  produits  exposés  par  elle 
sont  des  plus  soignés;  ils  étaient  présentés  avec  art  et  formaient  un  ensemble  très  complet.  On  y  trou¬ 
vait  :  les  câbles  de  chanvre,  de  manille,  de  sisal;  les  ficelles  de  toutes  grosseurs,  les  lignes  câblées 
en  lin .  les  drisses  de  pavillons  et  les  ficelles  de  couleur,  le  tout  en  magnifique  qualité. 


342 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


Cette  maison  hors  ligne  a  obtenu  partout  de  nombreuses  premières  médailles  qui  sont  justifiées 
par  les  mérites  de  sa  fabrication.  Elle  produit  d’ailleurs  énormément  et  pratique  l’exportation  sur  une 
grande  échelle,  Il  nous  suffit  de  dire  quelle  possède  une  force  motrice  de  plus  de  2,000  chevaux, 
qu’elle  occupe  1,600  ouvriers  et  que  ses  bâtiments  d’usine  couvrent  plus  de  5  hectares. 


La  Nationale  Cordage  and  C°,  à  New- York. 

Cette  Compagnie  ne  doit  pas  être  oubliée  par  nous ,  dans  notre  énumération ,  tant  pour  son  impor¬ 
tance  que  pour  les  beaux  produits  qu’elle  nous  a  présentés. 

Il  nous  reste  à  examiner  l’exposition  de  l’Espagne  et  aussi  celles  du  Portugal,  de 
la  Grèce,  de  la  Roumanie  et  de  la  Serbie;  ces  dernières  n’ont  qu’une  valeur  bien 
moindre,  et  parfois  secondaire. 

L’exposition  d’Espagne,  et  celle  en  particulier  de  la  Cordeleria  Hiberica,  sont  re¬ 
marquables  :  il  y  figurait  des  cordages  en  manille  et  en  chanvre,  des  ficelles  et  des 
fils  très  bien  fabriqués;  les  industriels  espagnols  ont  fait,  depuis  1878,  des  progrès 
sensibles  dont  il  convient  de  les  louer  :  nous  citerons  parmi  eux  la  maison  Puche  et 
Perez  et  aussi  MM.  Ramis  et  Garau. 

En  Portugal,  le  Musée  des  colonies,  de  Lisbonne,  était  représenté  par  un  collection 
de  petites  cordes  n’offrant  que  peu  d’intérêt,  mais  les  expositions  de  M.  Arreu  et  de 
M.  Azevedo  étaient  soignées. 

L’arsenal  de  Salamine  n’avait  envoyé  que  quelques  spécimens  de  gréements  à  l’usage 
de  la  flotte.  Quoique  peu  important,  cet  envoi,  présenté  avec  l’art  particulier  a  la 
Grèce,  suffisait  pour  nous  montrer  la  bonne  qualité  de  la  fabrication. 

La  Roumanie  possédait  une  exposition  plus  variée  et  plus  complète,  qui  se  compo¬ 
sait  surtout  de  cordes  tressées,  de  longes  et  traits  pour  les  harnachements,  tous  ar¬ 
ticles  artistement  fabriqués. 

L’exposition  mexicaine  contenait  aussi  des  lassos  et  des  longes  fort  soignés. 

Un  certain  nombre  d’exposants  et  de  municipalités  serbes  ont  tenu  à  figurer  à 
l’Exposition  de  1889;  ils  avaient  envoyé  une  série  de  cordages  préparés  à  la  main. 
Parmi  ces  produits,  il  faut  distinguer  ceux  de  la  Manufacture  royale  de  Serbie.  Ces 
exposants  avaient  joint  à  leur  envoi  des  échantillons  d’un  chanvre  gris-perle,  de  belle 
qualité,  ressemblant  beaucoup  au  chanvre  d’Autriche. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  343 


RÉSUMÉ. 


PROGRÈS  PRINCIPAUX. 

Après  la  description  détaillée  que  nous  venons  de  faire  des  principales  expositions 
que  contenait  la  classe  54,  il  nous  est  facile  d’affirmer  le  caractère  brillant  qu’a  pré¬ 
senté  cette  classe  dans  son  ensemble,  ainsi  que*  de  résumer  les  faits  capitaux  qui  s’y 
rencontrent  et  les  progrès  principaux  qu’elle  a  mis  en  évidence.  En  le  faisant,  nous 
suivrons  cette  fois  les  grandes  divisions  naturelles  se  rattachant  aux  principales  opé¬ 
rations  dans  lesquelles  se  subdivise  le  matériel  qui  forme  les  attributions  de  la 
classe  54. 

Nous  ne  reviendrons  pas  sur  les  produits  de  la  corderie  qui,  formant  une  attribu¬ 
tion  bien  distincte  du  matériel  général,  ont  été,  de  notre  part,  dans  le  chapitre  qui  les 
concerne,  l’objet  de  considérations  mettant  en  pleine  lumière  les  progrès  considé¬ 
rables  de  la  corderie  mécanique,  et  en  particulier  ceux  de  la  corderie  française.  Le 
matériel  de  ces  industries  de  corderie  ne  s’est  pas  présenté;  mais  les  produits  eux- 
mêmes  suffisent  à  donner  l’idée  de  l’extension  en  développement  quantitatif  et  en 
puissance  que  ce  matériel  a  subi,  et  de  l’habileté  croissante  avec  laquelle  il  est 
utilisé. 

En  ce  qui  concerne  le  matériel  général  de  la  filature,  et  sous  réserve  de  quelques 
faits  spéciaux  qui  ne  concernent  pas  la  généralité  des  exposants,  on  constate  un  en¬ 
semble  de  progrès  persistant  et  d’une  importance  considérable,  à  la  fois  dans  les  opé¬ 
rations  préparatoires  et  dans  les  opérations  finales  de  la  filature,  tandis  que  les  opéra¬ 
tions  intermédiaires  sont  restées,  à  peu  de  chose  près,  stationnaires  chez  presque  tous 
les  constructeurs. 

OPÉRATIONS  EXTRACTIVES. 

Dans  cette  catégorie,  nous  avons  à  mentionner  les  décortiqueuses  de  ramie  et  la 
teilleuse  de  la  Compagnie  de  Fives-Lille. 

La  machine  de  Landtsheer,  à  renversement  d’action,  et  la  machine  Barbier,  en  en 
accélérant  les  cylindres,  sont  des  solutions  semblables,  simples  et  pratiques,  mais 
lentes,  du  problème  de  la  décortication  de  la  ramie.  Elles  peuvent  convenir  au  travail 
en  vert  et  peuvent  être  utilisées  pour  ce  but,  en  attendant  mieux,  dans  les  pays  com¬ 
plètement  propres  à  la  culture  de  ce  textile,  c’est-à-dire  dans  les  régions  où  cette  cul¬ 
ture  et  la  coupe  des  tiges  peuvent  être  presque  continues. 

La  machine  Favier,  de  la  Compagnie  «La  Ramie  française»,  est  sensiblement  plus 
productive  et  peut  convenir  en  outre  au  travail  à  sec,  mais  elle  est  plus  délicate  et 


344 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


dun  caractère  moins  agricole,  en  raison  des  nombreuses  pièces  et  des  nombreux  en¬ 
grenages  qu’elle  comprend,  et  son  prix  de  revient  demande  à  être  considérablement 
réduit  pour  être  en  rapport  avec  son  but. 

La  teilleuse  à  lin  de  la  Compagnie  de  Fives-Lille  est  aussi  digne  d’intérêt,  sous  ré¬ 
serve  de  quelques  détails  encore  imparfaits;  et  bien  que  ce  travail  extractif  du  lin  ne 
laisse  pas  de  lacunes  absolument  essentielles,  elle  peut,  pour  de  grandes  installations 
industrielles,  mener  à  une  économie  réelle  et  à  une  meilleure  utilisation  du  textile, 
en  supprimant  le  broyage  assez  brutal  qui  est  habituel. 

OPÉRATIONS  PRÉPARATOIRES. 

Dans  cette  cette  catégorie  d’opérations,  de  grands  progrès  ont  été,  nous  l’avons  dit, 
réalisés  dans  plusieurs  branches. 

Coton .  —  Dans  la  préparation  du  coton,  nous  devons  signaler  à  la  fois  les  progrès 
réalisés  dans  le  battage,  dans  le  cardage  et  dans  le  peignage. 

Le  battage  a  subi  une  amélioration  assez  sérieuse  dans  un  système  d’installation  qui 
est  devenu  d’usage  et  qu’une  exposition  ne  permettait  pas  aux  constructeurs  spéciaux 
de  nous  montrer.  Cette  disposition  d’installation  consiste  dans  la  ventilation  circulant 
dans  des  conduits  à  grilles  closes,  que  l’on  applique  entre  l’ouvreuse  et  le  batteur.  Elle 
est  fort  avantageuse  pour  le  bon  nettoyage  et  le  conditionnement  hygrométrique  régu¬ 
lier  du  coton  mis  en  œuvre.  D’autre  part,  le  batteur  finisseur  Rissler,  exposé  par 
M.  Grün,  est  un  utile  adjuvant  à  signaler  pour  les  cotons  des  Indes. 

Le  cardage  du  coton  a  fait  des  progrès  très  importants.  D’une  part,  l’emploi  du  fil 
d’acier  bien  affûté  a  des  conséquences  sérieuses  en  durée  de  la  garniture  et  en  réduc¬ 
tion  de  son  entretien  d’aiguisage,  comme  aussi  en  meilleur  et  plus  productif  travail  de 
la  machine.  D’une  autre  part  surtout,  les  perfectionnements  apportés  au  type  de  cardes 
dit  revolvmg Jlats ,  ou  à  chapeaux  en  chaîne  sans  fin,  sont  venus  modifier  considérable¬ 
ment  l’économie  du  cardage.  Ce  genre  de  machines,  introduit  depuis  vingt-cinq  ans 
par  la  maison  Platt,  d’Oldam,  sur  le  système  d’Evan  Leigh,  était  loin  d’être  satisfaisant 
à  son  origine,  bien  que  déjà  fort  employé  en  Angleterre  et  exposé  en  1878.  Ce  n’est 
que  par  des  perfectionnements  récents,  dus  surtout  à  M.  Ashworth,  de  Manchester, 
qu’il  est  devenu  complètement  favorable ,  quand  cet  habile  constructeur  y  a  appliqué 
un  système  de  compensation  concentrique  rigoureuse,  pour  le  réglage  à  proximité  in¬ 
finitésimale  des  chapeaux  et  du  tambour.  Plusieurs  systèmes  analogues  ont  été  depuis 
imaginés  par  d’autres  constructeurs,  et  les  cardes  de  ce  type,  de  la  Société  alsacienne 
et  de  MM.  Rieter  et  Cie,  ont  montré  chacune  un  excellent  dispositif  de  ce  genre.  Ces 
cardes  à  chaîne,  ainsi  établies  et  soignées  dans  tous  leurs  détails  d’exécution  et  de  • 
montage,  constituent  des  machines  dont  aucun  modèle  ou  type  antérieur  n’atteint  ni 
la  grande  production,  ni  la  qualité  de  travail,  ni  l’extrême  simplicité  d’entretien  et 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  345 


l’extrême  réduction  de  main-d’œuvre  exigée.  Ces  résultats  sont  obtenus  par  suite  des 
qualités  de  garnitures  mentionnées  ci-dessus  et  surtout,  en  outre,  par  suite  de  l’aigui¬ 
sage  des  chapeaux,  qui  se  fait  sans  transport,  sans  démontage,  sur  la  machine  même, 
pendant  sa  marche  en  travail,  et  par  suite  de  la  perfection  du  réglage,  devenu  des 
plus  simples  et  des  plus  précis,  au  lieu  de  minutieux  et  difficile  qu’il  était. 

Le  peignage  des  cotons  marque,  de  son  côté,  un  progrès  que  l’opinion  générale  a 
jugé  sérieux  et  important  autant  que  bien  conçu  et  bien  réalisé,  et  qui  réside  dans  la 
peigneuse  du  nouveau  système  Imbs,  exposée  par  M.  Grün.  L’extrême  simplicité  de 
cette  machine  et  son  aptitude  à  faire  un  travail  soigné  pour  tous  les  cotons,  même  les 
plus  courts,  fait  prévoir  qu’elle  prendra  une  place  sérieuse  et  étendra  considérablement 
l’action  exercée  déjà  par  la  machine  qui  l’a  précédée.  D’autre  part,  le  perfectionnement 
apporté  par  M.  Baudoin  à  la  peigneuse  Hubner  exposée  par  la  Société  alsacienne  com¬ 
plète  très  heureusement  les  qualités  bien  connues  de  cette  machine,  qui  rend,  dans  le 
peignage  des  longues  soies,  des  services  si  appréciés  depuis  longtemps. 

Laine  peignée.  —  Dans  la  préparation  de  la  laine  peignée,  sans  parler  de  l’économie 
que  procurent  les  puissantes  cardes  de  grande  largeur  que  l’on  fait  actuellement  ,  les 
machines  à  peigner  et  les  méthodes  d’échardonnage  présentent  d’importants  progrès. 

M.  Paul  Heilmann  fils  et  la  Société  alsacienne,  pour  MM.  Ziegler  et  Offermann,  ont 
présenté  de  nouveaux  modèles  de  peigneuses  à  laine  des  plus  intéressants,  mais  c’est 
la  maison  Grün  qui,  sous  ce  rapport,  parait  exceller  d’une  manière  continue.  Sa 
peigneuse,  du  système  Meunier,  si  remarquée  en  1870,  est  revenue,  en  1889,  avec 
de  nouveaux  perfectionnements  dus  à  MM.  Grün  et  Offermann,  et  qui  en  accroissent 
considérablement  la  puissance  et  les  facultés  pour  tous  les  genres  de  laines. 

D’autre  part,  les  procédés  spéciaux  d’échardonnage  présentent,  dans  leur  ensemble, 
un  pas  d’une  grande  portée.  M.  Offermann,  en  Allemagne,  et  M.  Harmel,  en  France, 
ont  d’abord  presque  simultanément  introduit  une  première  méthode  pour  ce  but ,  par 
l’emploi,  à  la  carde,  d’un  appendice  qui  rend  le  chardon  éliminable  au  peignage.  Un 
second  appendice  de  ce  genre  et  plus  complet,  du  à  M.  Offermann,  est  présenté  avec 
le  précédent  par  la  Société  alsacienne.  Inspirés  par  ces  antécédents,  AI.  Parfait-Dubois 
et  AL  Mérelle  ont  imaginé  d’étirer  la  laine  et  d’écraser  le  chardon  dans  une  machine 
préalable  de  grande  production  et  qui  permet  l’emploi  des  cardes  et  des  peigneuses 
ordinaires.  Enfin  MAI.  Grün  et  Offermann,  dans  leur  peigneuse,  donnent  à  celle-ci 
la  faculté  de  se  passer,  le  plus  souvent,  d’aucun  préparatif  spécial,  et  toujours,  si  ces 
préparatifs  ont  été  nécessaires  par  exception,  la  faculté  d’assurer,  mieux  qu’aucune 
autre,  l’élimination  complète. 

Laine  cardée.  —  Dans  cette  branche  et  pour  les  opérations  préparatoires,  il  faut 
signaler  les  énormes  et  puissantes  proportions  des  assortiments  de  cardes  de  la  Société 
verviétoise  et  de  M.  Gélestin  AIartin,  ainsi  que  leur  progrès  comme  fonctionnement 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


3/iG 


automatique  réalisé  clans  les  tambours  nappeurs  de  la  brise  use  et  la  chaîne  nappeuse 
de  la  repasseuse.  Les  appareils  chargeurs  automatiques  de  ces  deux  maisons  et  celui  de 
MM.  Alexandre  sont  absolument  satisfaisants,  et  l’emploi  de  tels  appareils  devient  au¬ 
jourd’hui  obligatoire. 

Les  appareils  à  lames  diviseuses  de  la  carde  fdeuse  de  la  Société  verviétoise  et  de 
M.  Grün  sont,  pour  cette  dernière  opération,  des  progrès  en  simplicité  et  en  éco¬ 
nomie. 

L’appareil  nappeur  du  système  Blamire,  exposé  par  M.  Grün,  est  encore  un  pro¬ 
grès  sérieux  cpii,  bien  qu’applicable  aussi  au  coton,  aura  des  conséquences  d’économie 
plus  importantes  en  laine  cardée,  a  cause  de  la  suppression  du  cardage  intermédiaire 
qui  peut  en  résulter  souvent. 

OPÉRATIONS  INTERMÉDIAIRES. 

Nous  avons  dit  que  cette  catégorie  d’opérations  ne  présente,  en  général,  pas  de 
modifications  sensibles  dans  les  machines  courantes.  Les  étirages,  soit  de  laine,  soit 
de  coton,  sont  restés  sans  changements  sérieux.  Les  manchons  Bazilier,  placés  en 
dessus,  pour  les  étirages  de  laine,  les  vis  de  translation  des  fils  sans  cames  de  re¬ 
levée,  de  M.  Biche,  pour  étirages  de  laine  ou  de  lin  sont  des  détails  d’exécution  avan¬ 
tageux,  mais  sans  grande  importance.  L’admirable  machine,  connue  sous  le  nom  de 
banc  à  broches,  n’a  pas  subi  de  modification  essentielle  et  la  tendance  à  accroître  les 
dimensions  des  bobines  pour  augmenter  leur  capacité,  et  tout  ce  qu’on  peut  y  re¬ 
marquer. 

Les  bobinoirs  de  laine  n’ont  pas  varié  davantage  et  nous  n’avons  vraiment  à  signaler 
pour  eux  que  les  très  utiles  casse-fils  électriques  appliqués  par  la  Société  alsacienne. 

Dans  cette  catégorie  de  machines,  nous  devons  mentionner  comme  seule  nouveauté 
réelle  le  banc  d’affinage,  système  Imbs,  que  M.  Grün  a  montré  sous  la  forme  d’une 
machine  d’étude ,  de  son  auteur.  Ce  banc  paraît  généralement  faire  espérer  des  appli¬ 
cations  importantes  et  des  économies  sérieuses,  en  promettant  de  bonnes  machines 
très  simples,  très  légères  et  très  productives,  pour  la  réalisation  des  opérations  in¬ 
termédiaires.  En  coton  notamment,  ou  pour  les  courtes  soies,  la  consolidation  des 
mèches  par  torsion  constitue  une  méthode  fort  dispendieuse;  on  doit  présumer  que 
ces  machines  combleront  utilement  le  vide  laissé  par  la  disparition  de  l’ancien  frotteur, 
trop  grossièment  conçu,  et  dont  cependant  bien  des  praticiens  habiles  n’avaient  aban¬ 
donné  qu’à  regret  les  avantages  sérieux. 


FILAGE. 


Les  métiers  à  filer  n’ont  pas  besoin  d’être  considérés  à  part,  selon  leur  application 
à  un  textile  particulier.  Leurs  principes  et  leur  fonctionnement  sont  communs  à  tous 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  347 


les  textiles.  On  sait  qu’ils  sont  de  trois  types  distincts,  reposant  sur  l’emploi  de  trois 
genres  de  broches  :  la  broche  continue  à  ailette ,  la  broche  continue  à  anneau  et  cur¬ 
seur,  et  la  broche  dite  mull-jenny  ou  à  renvidage  intermittent. 

Depuis  que  le  continu  à  anneau  s’est  introduit,  il  tend  de  plus  en  plus  (sauf  cer¬ 
tains  emplois  spéciaux,  tels  que  la  fdature  du  lin,  du  chanvre)  a  se  substituer  au 
continu  à  ailette,  dont  la  broche  est  beaucoup  moins  commode  et  ne  se  prête  qu’à  des 
vitesses  très  limitées.  Mais  le  continu  à  anneau,  par  suite  de  ses  facultés  intermédiaires, 
empiète  en  même  temps  sur  le  terrain  qu’occupait  autrefois  exclusivement  le  mull- 
jenny  devenu,  par  la  merveilleuse  étude  poursuivie  pendant  cinquante  ans  par  les 
constructeurs  anglais,  le  métier  self-acting  ou  le  renvideur  absolument  automatique 
actuel.  Il  en  résulte  que,  depuis  une  vingtaine  d’années,  le  monde  de  la  filature  assiste 
à  une  véritable  lutte  entre  ces  deux  derniers  types  de  machines  si  différentes,  chacune 
d’elles,  par  l’action  persistante  de  ses  constructeurs  et  de  ses  partisans,  poursuivant 
sans  relâche  le  développement  de  ses  facultés  naturelles  et  cherchant  à  compenser 
ou  à  effacer  ses  infériorités  relatives.  Depuis  1878,  cette  lutte  a  continué  au  plus  haut 
degré. 

Le  type  mull-jenny  a  pour  lui  son  aptitude  à  produire  tous  les  genres  de  fil ,  même 
les  plus  délicats,  sa  broche  légère  et  rapide,  sa  bobine  toute  spéciale  faite  sur  la 
broche  nue  et  ayant  atteint,  dans  le  self-acting,  les  conditions  parfaites.  Il  a  contre 
lui  son  intermittence  d’action,  la  perte  de  temps  et  de  production  qui  en  résulte,  sa 
complication  de  mécanisme  et  l’espace  qu’il  nécessite.  D’une  part,  il  a  été  perfectionné 
sans  relâche,  jusqu’à  ce  qu’il  fût  complètement  automatique  et  que  ses  mouvements 
automatiques  fussent  aussi  doux,  pour  les  fils  délicats,  que  la  main  du  meilleur  fileur 
de  Mull-Jenny.  A  cet  effet,  la  période  de  1878  à  1889  montre  encore  de  nombreux 
progrès  accomplis  sur  des  points  de  détails  qui  étaient  incomplets.  Les  régulateurs  de 
secteurs,  remplaçant  la  main  du  conducteur  de  métier  pour  régler  la  réserve  du  fil  à 
envider,  ont  été  l’objet  de  perfectionnements  utiles  et  se  présentent  actuellement  avec 
une  efficacité  réelle,  comme  le  montrent  les  métiers  de  la  Société  alsacienne  et  de 
MM.  Rieter  et  Cie. 

Pour  la  douceur  des  mouvements  et  la  sensibilité  du  fil  à  cet  égard,  les  baguettes 
articulées  et  les  dispositions  de  suspension  de  leurs  contrepoids  se  montrent  ,  dans  les 
mêmes  métiers,  avec  des  progrès  réels.  D’autre  part,  la  solidité  et  la  simplification  du 
mécanisme,  dans  les  limites  possibles,  eu  égard  à  la  complexité  des  fonctions,  sont 
constamment  l’objet  d’améliorations,  comme  aussi  la  bonne  assise  des  têtières  et  les 
relations  exactes  et  rationnelles  des  diverses  parties  du  mécanisme,  en  vue  de  sa  pré¬ 
cision  et  de  sa  persistance  en  bon  état. 

Mais  c’est  surtout  au  point  de  vue  de  son  rendement  que  le  self-acting  a  été,  depuis 
1878,  l’objet  de  progrès  très  importants.  Ne  pouvant  changer  son  principe,  qui  est 
l’intermittence  des  fonctions  et  exige  un  temps  supplémentaire,  perdu  pour  la  pro¬ 
duction  et  nécessité  pour  le  renvidage,  on  cherche  et  on  réussit  à  obvier  à  cet  incon- 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


348 


vénient,  d’une  part,  en  réduisant  ce  temps  perdu  à  un  minimum,  d’autre  part,  en  le 
compensant  par  une  plus  grande  vitesse  pendant  le  temps  utile.  Le  second  de  ces 
deux  buts  semble  n’offrir  aucune  difficulté,  et  il  est  cependant  fort  complexe.  Non 
seulement  il  faut  que  les  broches  soient  mises  en  état  de  supporter  une  vitesse  effective 
de  10,000  tours  par  minute,  suffisante  par  exemple  pour  obtenir,  avec  l’intermittence, 
le  rendement  que  pourrait  donner  une  vitesse  continue  de  7,000,  mais  il  faut  encore 
que  toutes  les  autres  fonctions  simultanées  du  métier  croissent  en  vitesse  comme  les 
broches  memes,  et  qu’il  n’en  résulte  aucun  tort  pour  le  métier  ni  pour  le  produit  en 
fil.  Un  mouvement  intermittent  a  une  reprise  et  une  fin  qui  se  renouvellent  incessam¬ 
ment.  Plus  est  grande  la  vitesse  des  broches,  plus  est  brusque  le  départ  du  chariot, 
rapide  sa  sortie  et  brusque  de  nouveau  son  arrêt.  De  là  résultent  la  tendance  à  l’accrois¬ 
sement  de  secousses  dangereuses  pour  le  fil  et  la  nécessité  d’étudier  de  plus  près  et 
jusque  dans  des  détails  qui  eussent  paru  minutieux  dans  d’autres  conditions,  tous  ]es 
organes  d’entraînement  et  de  retenue  du  chariot,  et  ces  changements  se  répercutent 
jusque  dans  la  têtière  qu’il  faut  constamment  perfectionner;  car,  dans  une  machine 
complexe,  il  est  rare  qu’une  altération  d’un  seul  point  n’entraîne  pas  toute  une  série 
d’autres  altérations  et  ne  mène  à  changer  souvent,  d’une  façon  très  notable,  les 
formes,  la  combinaison  et  le  groupement  des  organes  d’impulsion.  Ainsi,  à  cette  occa¬ 
sion  comme  à  d’autres  que  nous  verrons  plus  loin,  s’explique  le  travail  sans  fin,  de 
remaniement  constant,  qu’effectuent  les  constructeurs  dans  la  têtière  et  dans  les  diffé¬ 
rentes  parties  du  self-acting.  Il  faut  que  tout  soit  en  harmonie  avec  cette  vitesse  supé¬ 
rieure  des  broches  et  des  fonctions  que  l’on  désire  atteindre.  Quant  aux  broches  elles- 
mêmes,  éviter  leur  échauffement  et  leurs  vibrations  à  ces  grandes  vitesses  est  une 
nécessité  conséquente  du  but.  Les  collets  mobiles  à  saignée  hélicoïdale  intérieure, 
faisant  remonter  l’huile  pendant  la  rotation  inverse  des  broches,  de  MM.  Rieter ,  les 
plates-bandes  à  mèches  produisant  un  graissage  continu,  de  la  Société  alsacienne, 
montrent  les  modifications  directes  qu’exige  la  grande  vitesse  désirée. 

Le  progrès  réalisé,  d’autre  part,  dans  la  réduction  à  un  minimum  du  temps  perdu 
pour  le  renvidage  a  amené  à  des  études  très  importantes.  Ce  temps  perdu  comprend 
l’arrêt  des  broches,  leur  détournement  pour  le  dépointage,  la  rentrée  du  char  en 
renvidant,  et  la  reprise.  Pour  accélérer  toutes  ces  opérations,  des  considérations  ana¬ 
logues  aux  précédentes  se  posaient  et  exigeaient  de  nouveaux  changements.  Parmi 
eux,  se  trouve  la  commande  indépendante,  adoptée  généralement  aujourd’hui  pour 
cette  période  d’action  du  métier  self-acting  et  qui  a  été  introduite  d’abord  par  la 
maison  Asa  Lees,  de  Oldham.  Cette  commande  indépendante  et  permettant  de  donner 
une  avance  de  déplacement  aux  courroies  qui  doivent  passer  d’une  poulie  fixe  à  une 
poulie  folle,  rend  les  changements  d’action  des  broches  presque  instantanés.  Pour 
arrêter  instantanément  700,  800  ou  1,000  broches  lancées  à  10,000  tours,  pour  les 
faire  passer  instantanément  de  l’état  de  repos  à  cette  vitesse  prodigieuse,  des  courroies 
mi  plein  contact  de  leurs  poulies  motrices  sont,  on  le  comprend,  nécessaires,  et  cette 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  349 


commande  indépendante  permet  de  faire  agir  instantanément,  avec  sa  pleine  puis¬ 
sance,  chacune  des  courroies  à  rôle  opposé. 

Le  self-acting  marche  aujourd’hui,  non  plus  à  7,600,  mais  à  10,000  et  11,000 
tours  de  broches  et  avec  une  réduction  sérieuse  du  temps  perdu  par  l’intermittence. 
Il  atteint  presque  le  rendement  du  continu  à  anneau  marchant  à  7,000  ou  7,600 
tours,  et  il  paraît  même  avoir  à  peu  près  atteint  ses  dernières  limites  comme  rende¬ 
ment.  Car,  dans  le  self-acting,  la  progression  sous  ce  rapport  est  bornée  et  n’a  pas  la 
faculté  d’extension  de  son  concurrent,  le  continu  à  anneau,  puisqu’on  ne  peut  dépasser 
la  vitesse  permettant  les  rattaches  et  que  l’écartement  ou  la  sortie  du  char  ne  permet 
ces  rattaches  que  par  intermittence  et  dans  une  position  limitée.  Mais  les  prodigieux 
efforts  incessamment  accumulés  par  les  constructeurs  anglais  et  autres  pour  rendre  le 
self-acting  supérieur  à  lui-même  ont  leur  raison  d’être  ailleurs  que  dans  cette  lutte 
de  deux  types  de  machines  d’aussi  grande  importance.  En  effet,  le  fil  de  chacune  de 
ces  machines  a  ses  propriétés,  ses  qualités  et  ses  aptitudes  spéciales  et,  en  dehors  des 
numéros  fins  qui  resteront  longtemps  encore  le  domaine  exclusif  du  self-acting,  le 
continu  à  anneau,  malgré  l’extension  sérieuse  qu’il  prendra  encore,  ne  le  remplacera 
jamais  pour  bien  des  genres  de  filés. 

Le  continu  à  anneau,  comme  tout  continu,  exige  une  solidité  convenable  du  fil,  parce 
qu’il  laisse  le  fil  en  tension  pendant  sa  formation;  il  produit  aussi,  par  suite,  un  fil 
moins  élastique,  mais  par  contre  moins  duveteux.  Tout  continu  constitue  une  machine 
relativement  très  simple,  bien  réduite  en  dimensions  et  débarrassée  de  tout  cet  attirail 
de  fonctions  complexes  qui  encombre  le  self-acting.  Par  contre,  le  continu  a  anneau 
présentait  des  difficultés  d’un  autre  genre. 

L’anneau,  avec  sa  broche  au  centre  et  son  curseur  ordinaire,  est  impropre  à  per¬ 
mettre  de  renvider  sur  de  petits  diamètres.  La  broche  est  mise  en  rotation;  le  fil,  par¬ 
tant  de  la  périphérie  de  la  bobine,  doit  tirer  le  curseur  et  le  faire  glisser  sur  l’anneau. 
La  traction  exercée  par  le  fil  sur  le  curseur  se  traduit  par  une  composante  utile  tan- 
gentielle  à  l’anneau  et  entraînant  le  curseur,  et  une  composante  nuisible  normale  à 
l’anneau  et  serrant  le  curseur  sur  l’anneau.  La  première  composante  décroît  et  la 
seconde  augmente  au  fur  et  à  mesure  que  la  traction  du  fil  est  exercée  dans  une 
direction  plus  voisine  du  centre  du  système.  De  là,  nécessité  d’employer  des  broches 
a  gros  corps. 

Ces  broches,  naturellement  lourdes,  ont  été  très  perfectionnées  depuis  une  douzaine 
d’années,  et  les  types  Rabbeth,  et  surtout  celui  dit  within  gravity,  admirablement  bien 
étudiés,  permettent  des  vitesses  de  1 1,000  et  12,000  tours.  Avec  l’adoption  du  mode 
de  construction  de  1  &  bobine  par  couches  coniques  sur  tubes  en  papier  et  avec  l’emploi 
de  ces  broches  perfectionnées,  on  a  rendu  le  continu  à  anneau  susceptible  de  produire 
sous  une  meilleure  forme  qu’à  son  origine  et,  en  outre,  avec  un  rendement  extrême¬ 
ment  supérieur. 

Enfin  il  était  intéressant  de  rendre  le  continu  à  anneau  capable  de  produire  exacte- 


350 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


ment  la  bobine  ou  la  cannette  si  parfaitement  commode  et  si  commerciale  du  self— 
acting,  c’est-à-dire  l’envidage  par  couches  coniques  se  superposant  sur  une  broche 
mince  et  nue  et  fournissant  la  bobine  tout-fd  qui  est  désirable.  Pour  cela,  il  fallait 
pouvoir  faire  franchir  au  fil,  sans  effort,  les  passages  d’envidage  sur  petits  diamètres, 
c’est-à-dire  sur  la  broche  mince  et  nue;  M.  Vimont  avait  présenté  pour  ce  but,  en 
1878,  l’emploi  de  son  curseur-traverse.  Mais  la  manière  d’exécuter  un  tel  curseur, 
pour  le  rendre  bon  en  vue  d’un  service  pratique,  était  importante,  et  le  curseur  pré¬ 
senté  alors  par  M.  Vimont  laissait  des  doutes  à  ce  sujet. 

M.  Lancaster,  de  Manchester,  et  plusieurs  autres  ont  appliqué,  depuis  cette  époque, 
l’idée  de  M.  Vimont,  en  en  mieux  étudiant  l’exécution,  et  M.  Vimont  lui-même  pré¬ 
sente  aujourd’hui  une  forme  analogue  d’exécution  de  son  principe.  On  peut  donc  con¬ 
sidérer  ainsi  ce  dernier  problème  comme  résolu,  et  le  continu  à  anneau  comme  pou¬ 
vant  entrer  dans  une  nouvelle  phase  d’extension  par  ce  fait  qui  le  rend  applicable  à  la 
véritable  forme  de  collection  des  filés  et,  en  outre,  à  l’exécution  de  fils  plus  délicats, 
soit  par  leur  finesse,  soit  par  leur  moindre  torsion. 

En  réalité,  il  devient  ainsi  apte  à  produire,  à  une  vitesse  contenue  de  1 0,000  tours, 
en  bobines  et  en  cannettes,  toutes  les  chaînes  et  trames  qui  n’exigent  ni  l’absence 
complète  de  tension  du  self-acting,  ni  à  l’inverse  la  forte  tension  du  continu  à  ailette, 
Par  contre,  ce  fait  rendra  par  lui-même  beaucoup  moins  intéressantes  qu’on  ne  le 
supposait  les  nombreuses  broches  à  graissage  continu  dont  nous  venons  de  parler, 
telles  que  les  broches  Vimont,  Rabbeth,  Dobson-Marsh,  celles  dites  within  gravity .  Toutes 
ces  dispositions  n’auront  plus  qu’une  utilité  très  secondaire  du  moment  que  l’on  sera 
débarrassé  de  la  broche  à  gros  corps  et  lourde,  et  que  la  broche  Mull-Jenny,  effilée  et 
légère,  sera  celle  à  adopter  aussi  et  naturellement  pour  le  continu  à  anneau. 

L’application  à  la  laine  cardée  du  continu  h  anneau,  avec  l’organe  étireur  du  genre 
Vimont,  à  torsion  et  détorsion,  telle  que  la  maison  Célestin  Martin  Ta  présentée  en 
1878  et  1889,  ne  s’est  pas  étendue  à  d’autres  constructeurs.  Cette  machine  et  cette 
disposition  présentent  une  assez  sérieuse  complication  d’organes  actifs,  qui  rendent  la 
machine  dispendieuse  et  lourde.  D’ailleurs  le  métier  self-acting  ou  renvideur  pour 
laine  cardée  a  fait  de  tels  progrès  et  a  atteint  une  telle  perfection,  qu’il  ôte  beaucoup 
de  son  intérêt  au  continu  C.  Martin.  Le  self-acting  laine  cardée  est  arrivé  à  sa  com¬ 
plète  perfection  plus  tard  que  celui  de  coton  et  de  laine  peignée,  car  il  offrait  des  diffi¬ 
cultés  particulières,  le  fil  y  étant  étiré  par  le  chariot  et  s’amincissant  pendant  la  course 
de  ce  chariot,  dont  les  broches  doivent  être  pourvues  d’une  faculté  de  torsion  croissante, 
que  l’on  obtient  par  deux  vitesses  successives  qu’on  leur  imprime.  La  grande  maison 
Platt,  cTOldam,  a  le  plus  contribué  à  perfectionner  ce  genre  de  renvideurs  dont  la 
Société  verviétoise  et  la  maison  Grün  ont  présenté  de  superbes  types 

Cette  question  du  filage  automatique  de  la  laine  cardée  ou  d’autres  filaments  à 
filer  par  tirage  du  chariot  est  donc  aujourd’hui  entièrement  résolue  et  sous  sa  meilleure 
forme. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FILATURE  ET  DE  LA  CORDERIE.  351 


OPÉRATIONS  ET  INDUSTRIES  ACCESSOIRES. 

Le  bobinage,  l’assemblage,  le  retordage  et  le  moulinage,  le  cannetage,  le  dévidage, 
les  apprêts,  etc.,  constituent  des  opérations  complémentaires  de  la  fdature,  lesquelles 
jouent,  dans  certains  genres,  un  rôle  assez  important,  mais  sont  relativement  fort 
simples  et  pour  lesquelles  il  est  difficile  qu’il  se  rencontre  des  progrès  d’une  grande 
portée. 

L’Exposition  de  1889  a  cependant  montré  pour  ces  opérations  divers  appareils  fort 
intéressants. 

Le  métier  de  la  maison  C.  Martin,  pour  la  production  par  retordage  des  fils  de  fan¬ 
taisie,  est  une  idée  heureuse  et  une  création  bien  conçue,  et  rend  d’utiles  services  pour 
les  combinaisons  des  tissus  de  nouveautés,  dont  les  exigences  de  nos  modes  provoquent 
les  variations  incessantes,  au  point  de  mettre  aux  abois  les  tisseurs  dont  l’imagination 
est  la  plus  inventive. 

Le  bobinoir  de  M.  Ryo-Catteau  est  extrêmement  bien  conçu,  comme  forme  et  mode 
de  confection  de  la  bobine,  et  procure  des  avantages  sérieux  dont  nous  avons  indiqué 
nous-même,  il  y  a  une  quinzaine  d’années,  des  moyens  analogues  de  réalisation,  ainsi 
que  leur  utilité. 

L’appareil  purgeur  de  MM.  Offroy  et  Pfeiffr  est  aussi  un  organisme  accessoire 
nouveau,  utile  et  bien  étudié.  Mais  ses  auteurs  se  trompent  évidemment  en  l’appliquant 
ou  proposant  de  l’appliquer  dans  la  filature  et  au  dévidoir.  Sa  place  toute  indiquée 
est  au  bobinoir  de  tissage. 

La  peseuse  de  fil  de  M.  Mouchere  est  une  charmante  application  de  l’électricité  et 
est  la  perfection  en  son  genre.  Elle  fait  regretter  que  le  champ  d’utilisation  d’une  telle 
machine  soit  si  restreint. 

Parmi  les  industries  accessoires  qui  se  rattachent  a  la  filature,  nous  devons  insister 
sur  les  progrès  sérieux  faits  par  la  fabrication  des  garnitures  de  cardes,  dont  la  va¬ 
riété  est  considérable,  et  pour  lesquelles  l’emploi  du  fil  d’acier,  qui  devient  général,  et 
l’affûtage  latéral  ont  été  des  difficultés,  mais  présentent  au  iilateur  de  très  importants 
avantages. 

Les  appareils  propres  à  corriger  les  conditions  éventuellement  défavorables  de  l’at¬ 
mosphère  et  à  humidifier  l’air  des  ateliers  sont  des  adjuvants  utiles,  et  la  classe  54 
contenait  ,  sous  ce  rapport  ,  de  bons  procédés  présentés.  Ceux  de  MM.  Cuau  et  fils  et 
surtout  ceux  de  la  Société  L’Aérophore  sont  à  signaler. 

Dans  un  ordre  d’idées  inverse,  l’Exposition  de  1889  a  très  heureusement  attiré 
l’attention  sur  les  opérations  de  conditionnement  des  produits  textiles,  filés,  peignés,  etc. 
Les  beaux  modèles  de  la  Condition  des  soies  de  Lyon,  les  plans  de  M.  Storay  pour  la 
Condition  publique  de  Tourcoing,  sont  la  représentation  d’excellentes  dispositions.  Il 
est  à  désirer  vivement  que  de  telles  installations  d’intérêt  public  se  multiplient,  et  que 


352 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


leur  utilisation  commerciale  se  généralise.  On  y  recourt  trop  peu  pour  des  produits  de 
moindre  valeur,  comme  le  coton,  pour  lesquels  le  plus  souvent  on  ne  prête  pas  atten¬ 
tion  à  l’état  hygrométrique  du  produit.  C’est  ainsi  que  nos  tisseurs  achètent  sans  con¬ 
trôle,  et  que  notre  douane  laisse  de  même  entrer  d’assez  grandes  quantités  de  filés 
anglais  en  coton  qui  ne  rendent  pas  leur  poids  et  n’ont  payé  qu’un  droit  d’entrée  infé¬ 
rieur  à  celui  qui  était  dû. 

Soie.  —  La  production  si  minutieuse  du  précieux  textile  que  nous  fournit  le  bombyx 
a  trouvé,  depuis  quelques  années,  d’utiles  dispositifs  adjuvants,  et  la  Société  des  chan¬ 
tiers  de  la  Ruire  a  présenté  sous  leur  forme  pratique  et  en  activité  de  fonctionnement 
les  résultats  résumés  du  travail  de  perfectionnement  qui  s’est  fait  un  peu  partout  pour 
ce  textile.  Les  batteuses  mécaniques  bien  établies  sont  une  économie  en  main-d’œuvre 
et  en  déchet.  Mais  le  progrès  le  plus  sérieux  se  rattachant  à  la  production  de  la  soie 
grège  est  certainement  celui  que  cette  Société  nous  montre  dans  ses  excellents  bancs 
de  tirage,  sous  la  forme  du  jette-bout  perfectionné  de  AI.  Léon  Camel.  Les  nombreux 
tâtonnements  qu’a  provoqués,  en  France  et  en  Italie,  la  recherche  de  ce  petit  organe, 
sont  aujourd’hui  terminés,  et  il  peut  actuellement  se  généraliser  dans  les  filatures  de 
soie  grège,  avec  les  avantages  en  économie  de  main-d’œuvre  et  de  déchet  et  en  per¬ 
fection  du  fd  qui  en  sont  la  conséquence. 

Nous  devons  une  mention  ici  au  mode  de  flottage  présenté  et  propagé  par  M.  Grant, 
qui  a  des  avantages  reconnus.  Quand  il  s’agit  d’un  produit  aussi  précieux  et  aussi  fin 
que  la  soie,  l’utilité  des  minuties  devient  réelle. 

Mais  cela  ne  veut  toutefois  pas  dire  qu’il  soit  à  conseiller  d’aller  au-devant  et  de 
provoquer,  en  quelque  sorte,  de  telles  minuties,  comme  paraît  le  proposer  l’auteur  de 
la  soie  artificielle. 

Il  n’y  a  aucun  intérêt  à  reproduire  les  minuties  qui  résultent  de  la  finesse  primitive 
de  la  soie ,  qui  en  font  le  prix  de  revient  élevé  et  qui  ne  sont  acceptables  que  par  suite 
de  l’ensemble  des  merveilleuses  qualités  de  ce  textile. 

L’auteur  de  la  soie  artificielle  aura  rendu  un  service  utilisable  par  l’industrie,  s’il 
peut  employer  des  orifices  non  capillaires  et  obtenir  un  produit  qui  possède,  outre 
toutes  les  propriétés  intrinsèques  voulues,  la  grosseur  immédiate  d’un  fil,  et  non  la 
finesse  d’un  filament.  Mais  la  soie,  la  vraie  soie  seule,  peut  justifier  les  manutentions 
dispendieuses  qu’entraîne  la  continuité  sous  un  état  filamentaire. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Pages. 

Composition  du  jury .  287 

Considérations  générales .  289 

Chapitre  I.  Matériel  principal  de  la  filature .  295 

Chapitre  11.  Matériel  accessoire .  3 1 8 

Chapitre  III.  Matériel  secondaire .  327 

Chapitre  IV.  Produits  de  la  corderie .  33 1 

Résumé .  343 


Groupe  VI.  —  iv.  2 3 

IMPRIMERIE  NATIONALE. 


CLASSE  55 


Matériel  et  procédés  du  tissage 


RAPPORT  DU  JURY  INTERNATIONAL 

PAR 

M.  ESCHER 

PROFESSEUR  À  L’ECOLE  POLYTECHNIQUE  DE  ZURICH 


COMPOSITION  DU  JURY. 


MM.  Denis  (Gustave),  Président,  filateur  et  tisseur  de  coton,  conseiller  général 

de  la  Mayenne . 

Lee  (Sir  Joseph),  Vice-Président . 

Esche r  (Rud),  Rapporteur-Secrétaire ,  professeur . 

Buxtorf  (Emmanuel),  ingénieur-constructeur  de  métiers  à  bonneterie, 

membre  du  jury  des  récompenses  à  l’Exposition  de  Paris  en  1878 . 

Guérin  (Louis),  de  la  maison  Pinon  et  Guérin,  fabricant  de  draps,  membre 
de  la  Commission  permanente  des  valeurs  de  douanes,  médaille  d’or  à 

l’Exposition  de  Paris  en  1878 . 

Pépin  (Alfred),  suppléant,  fabricant  de  couvertures . 

Danzer  (Henry) . 


France. 

Grande-Bretagi 

Suisse. 

~  France. 

France. 

France. 

France. 


■ 

•  ■  Vi.  .  ... 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


INTRODUCTION. 

Avec  toutes  ses  dépendances,  l’industrie  textile  est  sans  doute  la  plus  importante  de 
toutes  les  industries  mécaniques,  c’est-à-dire  celle  qui  emploie  le  plus  de  capitaux  et  le 
plus  de  main-d’œuvre. 

C’est  elle  qui  occupe  pour  la  plus  grande  partie,  soit  directement,  soit  indirectement, 
les  ateliers  de  construction  mécanique,  les  chemins  de  fer  et  la  navigation.  Elle  dispose 
d’un  matériel  d’une  diversité  et  d’un  développement  qui  ne  se  rencontrent  dans  aucune 
autre  branche  de  l’industrie. 

Cependant  sa  représentation  à  une  exposition  universelle  jouera  toujours  un  rôle 
secondaire.  Le  visiteur  d’un  grand  établissement  ,  où  des  rangées  de  métiers  renvideurs 
et  des  centaines  de  métiers  à  tisser  sont  réunis  dans  de  vastes  locaux  bien  éclairés,  ne 
pourra  pas  se  soustraire  à  une  impression  puissante;  mais,  à  l’Exposition,  ces  machines 
isolées  ou  en  très  petit  nombre  font  peu  d’effet  à  côté  des  grandes  machines  à  vapeur, 
des  machines-outils,  locomotives  et  autres  qui,  par  leurs  dimensions  et  par  leurs  masses 
serrées,  s’imposent  à  l’esprit  d’une  manière  particulièrement  saisissante. 

Les  métiers  à  filer  ou  à  tisser  ont,  au  contraire,  des  dimensions  relativement  res¬ 
treintes;  leurs  organes  multipliés  et  délicats  ainsi  que  leur  mécanisme  compliqué,  à 
mouvements  brusques  et  rapides,  ne  sont  pas  compris  par  le  public  qui,  par  suite,  ne 
leur  accorde  qu’une  attention  distraite. 

La  nature  du  produit  y  est  aussi  pour  quelque  chose  :  on  admirera  un  métier  fabri¬ 
quant  de  beaux  tapis  ou  de  magnifiques  chasubles,  mais  on  trouvera  presque  ridicule 
un  métier  qui  produit  des  camisoles  ou  des  caleçons  ! 

Ces  sensations  ne  sont  pas  seulement  celles  du  grand  public,  l’ingénieur  lui-même 
est  obligé  de  se  souvenir  que,  dans  la  plupart  des  cas,  l’aspect  extérieur  est  hors  de 
proportion  avec  l’importance  industrielle ,  et  ce  n’est  pas  sans  raison  que  l’excellent  rap¬ 
porteur  de  la  classe  54  a  rappelé  ces  faits  à  la  mémoire  de  MM.  les  membres  du  jury 
du  groupe  VI. 

En  1878,  la  filature  et  le  tissage  avec  toutes  leurs  dépendances  n’ont  formé  qu’une 
seule  classe,  et  cette  réunion  était  logique,  car  ces  deux  domaines  se  touchent  de  fort 
près  et  l’un  ne  peut  exister  sans  l’autre.  En  1889,  cependant,  on  les  a  divisés  en  deux 
classes  distinctes,  l’expérience  ayant  démontré  que  la  tâche  était  trop  grande  pour  un 
seul  jury.  Il  n’est  pas  très  facile  de  tracer  nettement  les  limites  entre  les  deux  branches, 
les  machines  finisseuses  de  la  filature  et  les  machines  préparatoires  du  tissage  se  mêlant 


360 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


assez  étroitement;  en  effet,  nous  avons  vu  des  machines  de  caractère  semblable  adjointes 
sans  raison  visible  tantôt  à  l’une,  tantôt  à  l’autre  des  deux  classes.  Il  n’y  a  pas  grand 
mal  à  cela,  et  nos  voisins  ne  se  plaindront  pas  si,  par  hasard,  nous  dépassions  les  fron¬ 
tières  déterminées  par  le  catalogue. 


I 

DÉVIDOIRS,  MACHINES  À  DOUBLER  ET  A  RÉUNIR,  À  RETORDRE, 

À  PELOTONNER,  ETC. 

Les  constructeurs  de  métiers  à  tisser  ne  s’occupent  guère  de  ce  genre  de  machines  qui 
constitue  plutôt  une  annexe  de  la  construction  des  machines  pour  filature.  Seule  parmi 
les  constructeurs  de  métiers  à  tisser,  Mms  veuve  Mathieu  Snoeck,  d’Ensival-Verviers, 
exposait  un  dévidoir  mécanique  avec  casse-fil  pour  laine,  lin,  coton,  etc.  Une  maison 
de  construction  de  machines  pour  filature,  la  Société  des  ateliers  de  construction  de 
Bitschwiller  (Haute-Alsace)  a  exposé  un  métier  à  retordre  a  anneaux,  qui  présente  des 
dispositions  nouvelles.  La  commande  des  broches  se  fait  par  des  roues  d’engrenage 
hyperboliques ,  le  pignon  sur  la  broche  étant  en  ébonite;  on  veut,  par  ce  moyen,  éviter 
le  glissement  des  cordes  dont  on  se  sert  ordinairement  pour  la  commande  des  broches, 
et  donner  une  torsion  absolument  identique  a  chaque  fil.  Le  pignon  n’est  pas  fixe  sur 
la  broche  :  il  l’entraîne  par  une  friction  qui  se  débraye  sous  la  pression  du  genou 
en  cas  de  rupture  du  fil.  Pour  allonger  les  vrilles  qui  se  produisent  facilement,  lors¬ 
qu’on  arrête  le  métier,  les  cylindres  de  rappel  se  remettent  en  marche  quelques  instants 
après  les  broches.  Les  deux  côtés  de  la  machine  sont  indépendants  l’un  de  l’autre;  on 
peut  donc  tordre  des  fils  différents  sur  les  deux  moitiés.  Dans  la  machine  exposée,  fun 
des  deux  côtés  était  même  transformé  en  métier  à  filer. 

Dans  les  métiers  à  retordre,  le  tambour  à  cordes  est,  d’ordinaire,  commandé  directe¬ 
ment  par  la  courroie,  et  la  vitesse  des  broches  est  constante.  Une  disposition  différente 
se  trouve  dans  le  métier  exposé  par  M.  F.-J.  Grün,  de  Lure;  le  tambour,  calé  sur  un 
arbre  indépendant,  est  commandé  par  une  corde;  celle-ci  est  entraînée  par  une  poulie 
disposée  de  manière  à  être  remplacée  facilement  par  d’autres  poulies  de  diamètre  dif¬ 
férent.  A  l’aide  de  cette  disposition ,  on  peut  faire  varier  dans  des  limites  très  étendues 
le  rapport  entre  la  torsion  et  la  vitesse  de  l’alimentation.  Pour  rattacher  les  fils  cassés, 
la  broche  est  munie  d’un  frein  qu’on  actionne  avec  la  pointe  du  pied. 

La  maison  Ryo-Catteau,  à  Roubaix,  a  fait  une  étude  spéciale  des  machines  prépara¬ 
toires  et  a  réussi  à  créer  un  nombre  de  types  très  remarquables.  Toutes  ces  machines 
sont  étudiées  et  construites  avec  beaucoup  de  soin  pour  obtenir  à  la  fois  une  grande 
vitesse ,  une  manipulation  facile  et  une  grande  sûreté  dans  la  marche.  La  plupart  des 
métiers  exposés  par  cette  maison  sont  destinés  au  travail  du  coton.  De  ce  nombre  sont 
plusieurs  machines  a  doubler  pour  l’alimentation  des  métiers  à  mouliner  et  à  retordre. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


361 


Elles  sont  munies  de  casse-fils  d’une  action  prompte  et  faciles  à  manier;  le  plus  grand 
soin  est  pris  pour  égaliser  la  tension  des  fils  et  les  ménager.  Une  de  ces  doubleuses 
pour  fils  de  bonneterie  peut  réunir  18  bouts  aussi  floches  que  Ton  veut.  La  machine 
servant  à  mouliner  ces  fils  est  pourvue  de  4  dévidoirs  indépendants  travaillant  al¬ 
ternativement;  pendant  que  l’un  entre  en  fonction,  l’autre  est  déchargé.  Parmi  les 
machines  à  retordre  à  anneaux,  nous  avons  remarqué  une  machine  établie  d’après  le 
système  de  M.  W.  Lancaster,  à  Accrington,  renvidant  sur  la  broche  nue  avec  un  cur¬ 
seur  se  basant  sur  le  principe  de  M.  Vimont.  En  cas  de  rupture  du  fil,  le  rouleau 
d’appel  supérieur  de  cette  machine  tombe  en  arrière  et  ne  se  trouve  plus  en  contact 
avec  le  rouleau  inférieur,  ce  qui  interrompt  l’alimentation. 

Une  machine  à  peser  la  laine  pour  bonneterie  laisse  tomber  le  fil  dans  un  pot  établi 
sur  une  balance  qui,  après  avoir  reçu  le  poids  déterminé,  arrête  l’alimentation  par 
l’introduction  d’une  bande  de  cuir  entre  les  deux  rouleaux  d’appel. 

M.  Mouchère,  à  Angoulême,  qui,  le  premier,  a  appliqué  le  principe  du  pesage  auto¬ 
matique,  s’est  servi  de  l’électricité  pour  l’écartement  des  rouleaux  d’appel.  Les  quan¬ 
tités  pesées  de  laine  passent  sur  une  machine  à  pelotonner,  qui  est  disposée  pour  faire 
les  pelotes  ordinaires  et  les  pelotes-carreaux. 

II 

MACHINES  À  BORINER. 

Il  arrive  très  souvent  que  les  fils,  se  présentant  en  forme  d’écheveaux  ou  de  petites 
bobines  de  forme  quelconque,  doivent  être  enroulés  en  grosses  bobines  contenant  des 
quantités  considérables.  L’enroulement  se  fait,  ou  en  couches  coniques  sur  des  bobines 
à  base  conique  ou  en  couches  cylindriques  sur  des  bobines  à  joues  latérales.  Le  pre¬ 
mier  mode  a  été  représenté  par  les  bobinoirs  de  M.  Büxtorf,  de  Troyes,  et  de  M.  Dé- 
gageux,  de  la  même  ville,  à  l’usage  de  la  bonneterie.  Les  bobines  à  joues  ont  quelques 
graves  inconvénients  :  le  fil  se  détériore  facilement  par  le  contact  avec  les  joues.  Pour 
éviter  ce  défaut,  on  a  changé  ce  mode;  en  donnant  au  fil  un  fort  croisement  pendant 
l’enroulage,  on  parvient  à  donner  au  corps  de  la  bobine  une  telle  solidité,  qu’on 
peut  se  passer  des  joues,  tout  en  lui  donnant  un  diamètre  qui  dépasse  de  beaucoup  sa 
largeur. 

Dans  les  bobinoirs  des  Tissages  Diederichs,  de  Bourgoin,  et  de  MM.  Alexandre 
père  et  fils,  de  Haraucourt,  le  croisement  se  produit  de  la  manière  suivante  :  les  bo¬ 
bines  en  bois  servant  de  base  reposent  librement,  par  leur  propre  poids,  sur  des 
tambours  entraîneurs  à  axe  horizontal.  Les  fils  sont  guidés  par  une  barre  guide-fil  à 
laquelle  on  donne  un  mouvement  rapide  de  va-et-vient,  au  moyen  d’un  tambour  à 
chemin.  Quand  le  diamètre  de  la  bobine  augmente,  le  fil  s’enroulant  obéit  de  moins 
en  moins  au  mouvement  du  guide-fil,  et,  pour  ne  pas  avoir  des  bobines  trop  minces  sur 


362 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


les  bords,  il  faut  leur  donner  à  la  base  une  largeur  assez  considérable.  Si  Ton  veut, 
comme  c’est  le  cas  ordinaire,  défiler  ces  bobines  sans  les  faire  tourner  en  tirant  le  fil 
dans  la  direction  de  Taxe,  il  faut  faciliter  le  dévidage  par  une  forme  légèrement  co¬ 
nique  de  la  bobine,  ce  qui,  d’un  autre  côté,  a  l’inconvénient  de  faire  frotter  le  fil  sur 
les  tambours  entraîneurs  du  bobinoir. 

MM.  Ryo-Cotteau  sont  parvenus  à  produire  des  bobines  à  fils  croisés,  en  forme  de 
disques  plats  ou  de  meules  de  o  m.  2  5  de  diamètre  et  de  6  mètres  de  largeur.  On  a 
obtenu  ce  résultat  en  rapprochant  le  guide-fil  le  plus  possible  du  point  d’enroule¬ 
ment.  Le  tambour  entraîneur  est  fendu  sur  tout  son  pourtour  suivant  une  courbe  com¬ 
posée  de  deux  demi-tours  d’hélices  à  sens  opposé.  Le  fil  qui  traverse  le  tambour 
presque  diamétralement,  en  entrant  et  en  sortant  par  la  fente,  est  forcé  de  faire  un 
mouvement  de  va-et-vient  complet,  par  chaque  tour  du  cylindre,  ce  qui  produit  le 
croisement;  et  comme  le  point  de  sortie  se  trouve  tout  près  de  la  circonférence  de  la 
bobine,  le  guidage  est  plus  exact  que  dans  les  machines  précédentes.  Ce  mode  de  croi¬ 
sement  a  été  imaginé  par  MM.  Hill  et  Brown;  MM.  Ryo-Catteau  font  perfectionné  par 
l’application  d’un  petit  rouleau,  nommé  pince ,  légèrement  pressé  contre  la  bobine,  le 
plus  près  possible  du  point  de  contact  avec  le  tambour  entraîneur,  et  sur  lequel  le  fil 
passe  avant  d’enrouler  sur  la  bobine.  La  vitesse  avec  laquelle  le  fil  obéit  au  mouve¬ 
ment  latéral  du  guide-fil  dépend  du  diamètre  du  cylindre  enrouleur  et  de  la  distance 
entre  le  point  d’enroulement  et  le  guide-fil.  Or,  comme  c’est  le  petit  rouleau  seul  qu’il 
faut  considérer  et  non  le  diamètre  de  la  bobine,  Tun  des  deux  facteurs  est  constant, 
l’autre  ne  varie  pas  beaucoup,  et  il  en  résulte  que  la  diminution  de  la  largeur  vers  les 
bords  est  presque  insensible.  La  petite  largeur  de  ces  bobines,  en  forme  de  meules, 
permet  de  les  dévider  dans  le  sens  de  leur  axe,  sans  avoir  besoin  de  les  faire  coniques. 
La  vitesse  du  bobinage  peut  s’élever  jusqu’à  î  o  mètres  par  seconde. 

Les  machines  à  bobiner,  etc.,  de  M.  Gallet,  de  Fiers  (Orne),  ainsi  que  les  dévi¬ 
doirs,  doubleuses,  etc.,  de  M.  Turguès,  de  Paris,  sont,  il  est  vrai,  de  construction  et 
d’exécution  très  primitives.  Cependant,  en  raison  de  leur  prix  très  peu  élevé,  elles  ré¬ 
pondent  aux  besoins  d’une  nombreuse  clientèle,  et  on  ne  s’étonnera  pas  que  le  jury  ait 
accordé  aux  noms  de  ces  deux  exposants  une  modeste  place  dans  la  liste  des  récom¬ 
penses. 

III 

MACHINES  À  OURDIR. 

Le  râtelier  de  l’ourdissoir  pour  coton,  de  MM.  Ryo-Catteau,  est  disposé  à  recevoir  les 
bobines  en  forme  de  meules.  Il  forme  un  double  cadre  rectangulaire  vertical,  dont  la 
direction  est  perpendiculaire  à  la  machine  à  ourdir;  les  bobines  y  sont  fixées  sur  des 
chevilles  de  manière  à  présenter  leur  côté  étroit  à  la  machine.  Les  fils,  dirigés  par  des 
guide-fils,  se  dévident  dans  le  sens  de  Taxe,  et  comme  ce  dévidage  se  fait  très  facile- 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


363 


ment,  la  vitesse  du  bobinoir  peut  être  augmentée  de  beaucoup,  comparativement  à 
une  machine  alimentée  par  les  bobines  tournantes.  La  machine  peut  se  passer  d’un 
casse-fil.  La  tension  du  fil  est  petite  et  ne  varie  pas;  l’ourdissage  se  fait  d’une  manière 
très  régulière  et  économique. 

L’ourdissoir  que  nous  venons  de  décrire  était  muni  d’un  tambour  extensible  de 
M.  Waroquier,  de  Lille,  pour  l’entraînement  de  l’ensouple.  Ce  tambour  se  distingue 
de  la  construction  courante  par  sa  coupe  hélicoïdale  qui  a  pour  but  de  répartir  les 
vides  sur  une  plus  grande  largeur  et  de  donner  une  pression  plus  uniforme  sur  l’en¬ 
souple. 

L’ourdissage  de  la  soie  se  fait,  comme  on  le  sait,  par  portées.  Pour  donner  une  lon¬ 
gueur  et  une  tension  égale  a  tous  les  fils,  il  faut  faire  appuyer  la  première  portée 
contre  la  partie  conique  du  cylindre  de  l’ourdissoir;  la  première  portée  sert  de  base 
conique  à  la  seconde  et  ainsi  de  suite.  La  conicité  peut  être  variée  selon  la  grosseur 
des  fils.  Ce  type  d’ourdissoir  qui  a  été  introduit  dans  le  tissage  mécanique  de  la  soie, 
par  M.  Gaspard  Houegger,  se  trouvait  représenté,  à  l’Exposition,  par  une  machine  de 
MM.  Benninger  frères,  d’Uzwyl  (Suisse). 

L’ourdissoir  pour  soie  des  Tissages  Diederichs  se  distingue  par  ses  dimensions  très 
considérables,  la  circonférence  du  tambour  étant  de  5  mètres.  Ce  grand  diamètre  per¬ 
met  de  supprimer  la  partie  conique  du  tambour  sans  que  l’on  risque  d’avoir  de  trop 
grandes  différences  dans  la  longueur  et  la  tension  des  fils. 

L’ourdissage  mécanique  de  la  laine  se  fait  de  même  par  portée.  L’enroulement  sur 
le  tambour  se  produit  en  spires  planes  et ,  pour  empêcher  les  fils  de  tomber  et  de  s’em¬ 
mêler,  le  tambour  est  garni  de  chevilles  en  gros  fil  de  fer. 

Mme  Vve  Mathieu-Snoeck ,  d’Ensival-Vervier,  cependant,  a  imité  dans  son  ourdissoir 
exposé  le  procédé  de  l’ourdissage  de  la  soie,  en  employant  un  enroulement  en  spires 
coniques.  La  conicité  est  du  reste  invariable.  L’ourdissoir  Snoeck  est  pourvu  d’un  casse- 
fil;  chaque  fil  porte  un  petit  cavalier  en  forme  d’épingle  à  cheveux;  au  moment  où  le 
fil  casse ,  le  cavalier  tombe  entre  deux  rouleaux  en  forçant  l’un  d’eux  de  s’écarter  u  n 
peu  de  l’autre.  C’est  ce  petit  mouvement  qui  débraye  la  commande  de  la  machine. 

IV 

ÉNCOLLEUSES. 

L’Exposition  contenait  deux  encolleuses  pour  coton.  L’une  est  construite  par  la  So¬ 
ciété  alsacienne  de  constructions  mécaniques,  la  seconde  est  un  modèle  au  cinquième, 
fait  par  les  Ateliers  de  constructions  de  Rüti  (Suisse)  [succession  de  Gaspard 
Houegger]  pour  le  Conservatoire  des  arts  et  métiers. 

Toutes  les  deux  ont  la  commande  directe  des  cylindres  sécheurs,  soit  par  des  galets 
à  friction  qui  portent  le  cylindre,  comme  dans  la  machine  de  la  Société  alsacienne, 


3f>4 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


soit  directement  par  des  engrenages,  comme  dans  la  machine  de  Rüti.  Il  en  résulte,  par 
opposition  au  vieux  système  dans  lequel  les  sécheurs  étaient  entraînés  par  les  fils  de 
chaîne,  l’avantage  qu’on  peut  réduire  la  tension  des  fils  au  degré  voulu.  Avant  d’ar¬ 
river  sur  le  grand  cylindre,  la  chaîne  peut  être  soumise  à  un  brossage  fait  au  moyen 
de  brosses  circulaires.  Pour  des  chaînes  encollées  à  petite  vitesse ,  la  Société  alsacienne 
peut  remplacer  ces  brosses  circulaires  par  des  brosses  à  mouvement  de  va-et-vient  imi¬ 
tant  le  brossage  de  la  machine  écossaise.  Les  deux  machines  sont  munies  d’un  appa¬ 
reil  qui  exerce  une  pression  sur  l’ensouple  et  donne  des  rouleaux  durs,  malgré  la 
petite  tension  de  la  chaîne.  Les  deux  machines  sont  pourvues  d’une  commande  à  petite 
vitesse  qui  permet  de  ralentir  la  marche  de  la  machine,  afin  qu’on  puisse  changer  les 
ensouples  sans  arrêter  la  machine.  On  évite  ainsi  que  les  fils  ne  se  collent  sur  les  tam¬ 
bours  sécheurs,  ce  qui  aurait  lieu  s’il  fallait  interrompre  la  marche.  Ce  qui  distingue 
la  machine  de  la  Société  alsacienne  de  l’autre,  c’est  d’abord  une  enveloppe  en  bois  qui 
enferme  complètement  les  sécheurs.  La  buée  qui  se  produit  est  aspirée  et  enlevée  par 
deux  ventilateurs  latéraux.  Il  résulte  de  cet  arrangement  un  séchage  accéléré.  Ensuite 
nous  avons  à  mentionner  la  construction  de  la  bâche  à  colle.  Elle  est  à  deux  comparti¬ 
ments.  Dans  le  premier,  la  colle  crue  reçoit  une  première  cuisson;  deux  injecteurs  l’en¬ 
voient  dans  la  seconde  partie  ou  elle  est  maintenue  en  ébullition  par  des  tubes  à  va¬ 
peur.  Au  moyen  d’un  déversoir  qui  ramène  l’excès  de  colle  au  premier  compartiment, 
on  maintient  un  niveau  constant  dans  la  seconde  moitié,  et  les  cylindres  encolleurs 
plongent  toujours  dans  la  colle  à  la  même  profondeur.  En  cas  d’arrêt,  un  tiroir  que 
l’on  ouvre  permet  à  la  colle  de  retourner  au  premier  compartiment,  de  sorte  que  les 
rouleaux  encolleurs  ne  plongent  plus.  Pour  la  chaîne  28,  la  vitesse  dépasse  Ao  mètres 
par  minute. 

Une  troisième  encolleuse,  pour  laine,  a  été  exposée  par  Mmc  Suoeck.  Le  séchage 
de  la  chaîne  encollée  se  fait  dans  une  chambre  chauffée  par  le  bas  au  moyen  d’un 
système  de  tubes  à  vapeur.  L’air  humide  est  enlevé  par  le  haut,  au  moyen  d’un  ven¬ 
tilateur;  l’air  froid  entre  par  le  bas  et  se  chauffe  en  passant  autour  des  tubes  à  vapeur. 
La  chaîne  entre  par  le  haut  et,  par  un  système  de  rouleaux  en  bois  munis  de  petites 
saillies,  elle  est  menée  horizontalement  en  zigzag,  avec  un  développement  de  72  mètres, 
à  travers  la  chambre  pour  en  sortir  par  le  bas  et  passer  à  l’appareil  enrouleur.  La  vi¬ 
tesse  de  la  chaîne  s’élève  jusqu’à  200  mètres  par  heure. 

La  Sâchsische  Webstuhlfabrik  (succession  de  Louis  Schônherr),  de  Ghemnitz  (Saxe), 
a  présenté  un  appareil  sécheur  pour  des  chaînes  de  laine  encollées.  L’air  de  la  chambre 
à  sécher  est  vivement  remué  par  un  agitateur  à  mouvement  rotatif.  Le  rendement  de 
cet  appareil  dont  les  dimensions  sont  extrêmement  petites  nous  a  été  déclaré  comme 
s’élevant  à  2,000  mètres  par  jour. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


365 


V 

CANNETIÈRES. 

Toutes  les  cannetières  exposées  faisaient  des  bobines  destinées  au  dévidage  par  le 
bout,  dans  lesquelles  le  fil  est  donc  enroulé  par  couches  coniques.  Parmi  ces  machines  , 
nous  pouvons  distinguer  deux  types  différents.  Dans  le  premier  type,  la  bobine  n’opère 
qu’un  mouvement  de  rotation  et  le  renvidage  est  réglé  par  un  guide-fil  qui,  outre  son 
mouvement  montant  et  descendant,  reçoit  encore  un  mouvement  ascendant  continu  de 
très  petite  vitesse.  Dans  le  second  type ,  le  guide-fil  ne  fait  qu’un  simple  mouvement  alter¬ 
natif  dans  le  sens  vertical,  et  c’est  le  corps  de  la  bobine  qui  fait  le  mouvement  ascen¬ 
dant.  La  pointe  des  couches  coniques  est  tournée  vers  le  has;  le  corps  de  la  bobine 
s’appuie  sur  un  cône  creux  fixe,  dans  lequel  est  pratiquée  une  fente  où  passe  le  fil  à 
enrouler.  Ce  cône  creux  sert  de  coussinet  à  la  broche  et  la  couche  de  fil  récemment  en¬ 
roulée  sert  de  pivot.  On  pourrait  appeler  ces  machines  :  cannetières  à  entonnoirs. 

Le  premier  type  est  d’abord  représenté  par  trois  machines  exposées  par  les  Tissages 
Diederichs,  les  Ateliers  de  Ricti  et  MM.  Ryo-Catteau.  Le  guide-fil  consiste  en  un  fil  de 
fer  tendu  et  disposé  de  la  même  manière  que  la  baguette  dans  le  métier  a  filer  renvi- 
deur.  Une  autre  machine  de  ce  genre  de  MM.  Ryo-Catteau,  dite  à  broches  indépen¬ 
dantes,  a  des  guide-fils  d’une  construction  différente.  Chaque  broche  a  son  guide-fil;  il 
est  en  forme  de  crochet  et  fixé  sur  l’écrou  d’une  vis  verticale  placée  derrière  la  broche. 
Ces  vis  reçoivent  un  mouvement  alternatif  vertical  et  en  outre  un  mouvement  lent  de 
rotation.  Tant  que  le  guide-fil  sera  retenu  par  le  fil,  il  sera  mené  vers  le  haut  par  la 
rotation  de  la  vis;  mais  aussitôt  que  le  fil  casse,  le  crochet  devient  libre,  l’écrou  prend 
part  à  la  rotation  de  la  vis  et  le  guide-fil  cesse  de  monter.  En  rattachant  le  fil,  on  est 
donc  sûr  de  trouver  le  guide-fil  à  sa  place  et  d’avoir  le  reste  de  la  bobine  bien  posé 
sur  le  commencement.  On  comprend  que,  par  cet  arrangement,  les  différentes  bobines 
d’une  même  machine  peuvent  se  trouver,  à  un  moment  donné,  dans  toutes  les  phases 
de  leur  formation  et  qu’en  vérité,  les  broches  sont  indépendantes  l’une  de  l’autre. 
Quand  la  bobine  est  finie,  l’écrou  du  guide-fil  bute  contre  un  anneau  fixé  sur  le  bout 
supérieur  delà  vis;  il  est  ainsi  forcé  de  suivre  le  mouvement  de  rotation,  le  fil  se  dé¬ 
croche,  l’enroulement  cesse  et  le  fil,  tordu  à  outrance,  se  brise  de  lui-même. 

Une  machine  du  second  type  a  été  exposé  par  MM.  Alexandre  père  et  fils  :  elle  est 
destinée  à  faire  des  bobines  de  gros  fils  de  laine  a  dévider  par  l’intérieur.  En  cas  de 
rupture  du  fil,  la  bobine  pivote  sur  la  même  couche  de  fil  jusqu’à  ce  que  la  rattache 
soit  faite.  Ces  fils  subissent  donc  une  friction  assez  considérable  qui  leur  donne  un 
certain  lustre.  Gela  n’a  pas  d’inconvénient  dans  les  étoffes  qui  subissent  ensuite  un 
traitement  à  l’eau;  mais  ce  serait  inadmissible  pour  la  soie.  Dans  une  cannetière  des 
ateliers  de  Ricti,  qui  fait  des  cannettes  pour  soie,  un  galet  de  forme  conique  est  substi- 


366 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


tué  au  cône  creux.  Le  frottement  est  donc  remplacé  par  le  roulement  et  la  trame  est 
très  ménagée.  La  commande  des  broches  se  fait  du  reste  comme  d’habitude,  dans  ce 
type  de  machines,  par  une  noix  fixe;  lorsque  la  cannette  a  atteint  la  longueur  voulue, 
la  partie  carrée  de  la  broche,  qui  est  engagée  dans  le  trou  de  forme  correspondante 
de  la  noix,  sort  de  celle-ci,  et  le  mouvement  est  interrompu. 

Dans  toutes  les  machines  qui  enroulent  un  fil  en  couches  coniques,  la  vitesse  de 
l’enroulement  est  proportionnelle  à  la  vitesse  de  la  broche  et  au  diamètre  du  cône.  Or, 
celui-ci  étant  variable,  il  faut  faire  varier  en  sens  inverse  le  nombre  de  tours  de  la 
broche  pour  obtenir  une  vitesse  constante  de  l’enroulement  et  pour  avoir  une  tension 
égale  dans  la  trame.  MM.  Ryo-Catteau  y  sont  parvenus  en  donnant  au  tambour  mo¬ 
teur  d’une  de  leurs  machines  à  retordre  un  mouvement  variable  au  moyen  de  deux 
cônes  commandés  l’un  par  l’autre;  dans  leur  cannetière  pour  soie,  les  Ateliers  de  Ricti 
ont  appliqué  dans  le  même  but  des  engrenages  excentriques. 

VI 

MÉTIERS  À  TISSER. 

Le  tissage  mécanique  date  déjà  de  plus  de  soixante  ans.  Durant  cette  longue  pé¬ 
riode  ,  les  principes  fondamentaux  des  métiers  se  sont  développés  de  manière  à  prendre 
des  formes  assez  stables.  Les  efforts  des  constructeurs  se  bornent  à  perfectionner  les 
détails,  pendant  que  la  disposition  générale  est  restée  presque  la  même.  Cependant  on 
aurait  tort  de  nier  que  la  construction  des  métiers  à  tisser  ait  fait  des  progrès  très  réels. 
Les  petits  perfectionnements  se  totalisent  par  une  somme  très  considérable.  Grâce  aux 
soins  apportés  aux  détails  de  construction,  on  obtient  aujourd’hui  des  vitesses  qui  ont 
porté  la  production  à  des  chiffres  inconnus  il  y  a  peu  d’années,  et  en  même  temps  la 
qualité  n’en  a  pas  souffert,  car  tous  les  soins  ont  été  pris  pour  assurer  la  régularité  et 
la  sécurité  de  la  marche,  pour  faciliter  la  manipulation  et  pour  éviter  les  erreurs. 
L’application  des  appareils  pour  surveiller  la  trame  et  les  navettes  est  tout  à  fait  géné¬ 
rale.  Les  mécanismes  pour  le  mouvement  des  lames  et  pour  le  changement  des  na¬ 
vettes  multiples  sont,  d’ordinaire,  rendus  solidaires  pour  éviter  toute  confusion,  la  chaîne 
se  déroule  automatiquement,  etc.  Tous  ces  perfectionnements  et  d’autres  sont  si  géné¬ 
ralement  répandus,  que  nous  pouvons  nous  passer  de  les  noter  expressément  dans  les 
différents  métiers  que  nous  allons  examiner. 

En  dépit  de  la  stabilité  des  principes,  qui  s’est  manifestée  en  général,  nous  avons  à 
nous  occuper  de  quelques  nouvelles  dispositions,  dont  les  auteurs,  en  quittant  la 
grande  route,  cherchent  à  frayer  de  nouvelles  voies. 

Nous  avons  d’abord  à  parler  d’un  métier  circulaire  :  ces  métiers  ne  sont  pas  du  tout 
de  dernière  date.  Quoique,  jusqu’ici,  aucun  n’ait  obtenu  quelque  succès,  l’idée  en 
semble  présenter  de  si  grands  avantages,  que  les  inventeurs  sont  toujours  de  nouveau 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


367 


tentés  d’en  essayer  la  réalisation.  Les  avantages  consistent  en  ce  que  Ton  pourrait 
obtenir  des  tissus  de  grande  largeur  par  des  mouvements  doux  et  continus  permettant 
une  grande  vitesse  et  ne  consommant  qu’une  petite  force. 

Le  progrès  réalisé  par  le  métier  circulaire  de  M.  Georges  Wassermann,  de  Baden 
(Suisse),  est  basé  surtout  sur  les  moyens  employés  pour  faire  mouvoir  la  navette  et 
serrer  la  trame  du  tissu.  La  chaîne  est  disposée  en  forme  de  cylindre  à  axe  vertical  ; 
elle  est  enroulée  sur  vingt  petites  ensouples  dans  le  bas  de  la  machine;  l’enroulement 
du  tissu  se  fait  par  le  haut.  La  remise  se  compose  de  vingt  secteurs  chacun  à  quatre 
petites  lames  disposées  radialement.  Le  peigne  circulaire  a  des  dent  radiales;  la  na¬ 
vette  munie  de  galets  repose  librement  sur  le  peigne  en  s’appuyant  contre  le  bord  qui 
est  relevé.  En  imprimant  au  peigne  une  inclinaison  dont  on  fait  successivement  varier 
le  sens,  on  fera  rouler  la  navette  le  long  de  la  circonférence.  Les  lames  s’ouvrent  et  se 
referment  pour  donner  passage  à  la  navette.  Le  serrage  de  la  nouvelle  duite  se  fait  au 
point  le  plus  élevé  du  peigne  par  une  douce  pression  et  sans  choc.  Comme  cette  action 
est  concentrée  sur  un  seul  point,  elle  donne  une  pression  suffisante.  La  construction 
des  lames  doit  être  l’objet  d’une  mention  spéciale.  Les  lisses  sont  formées  par  des  fils 
d’acier  avec  un  chas  dans  le  milieu  qui  sert  d’œillet.  Les  lisses  sont  tenues  à  l’interieur 
par  des  pinces  qui  leur  laissent  une  certaine  liberté;  extérieurement,  elles  reposent  sur 
des  bagues  en  fer  et,  latéralement,  elles  sont  guidées  par  les  fils  de  chaîne  adjacents. 

Tous  les  mouvements  sont  commandés  par  un  axe  central.  Chaque  secteur  de  la 
remisse  a  sa  petite  mécanique  d’armure  à  lui;  on  peut  donc  faire  avec  les  différents 
secteurs  à  la  fois  tous  les  liages  qui  peuvent  s’obtenir  avec  quatre  lames. 

Le  métier  exposé  marchait  à  la  main;  cependant  il  n’y  aurait  pas  de  difficulté  a 
en  adapter  les  principes  au  tissage  mécanique.  Il  est  commandé  au  moyen  d’un  volant 
horizontal  concentrique  qui,  par  des  engrenages,  imprime  un  mouvement  accéléré  à 
l’arbre  central.  L’ouvrier,  tout  en  faisant  tourner  le  volant,  peut  faire  le  tour  du  mé¬ 
tier  pour  le  surveiller  de  tous  les  côtés. 

L’inventeur,  tout  d’abord,  avait  l’intention  de  créer  un  métier  pour  le  tissage  de  la 
soie  à  domicile;  mais  il  a  rencontré  des  difficultés  dans  l’installation  d’un  nombre 
suffisant  de  lisses.  Le  métier  exposé  travaillait  avec  des  fils  de  coton  assez  gros. 

Le  jury,  tout  en  rendant  justice  aux  progrès  présentés  par  le  métier  que  nous  venons 
de  décrire,  n’a  pu  se  dissimuler  que  l’invention  n’avait  pas  encore  fourni  des  preuves 
pratiques  de  sa  valeur  industrielle,  le  métier  exposé  ayant  été  le  premier  de  son  type 
réellement  capable  de  tisser.  Il  y  aura  encore  beaucoup  de  difficultés  à  surmonter. 
Ces  difficultés  ne  sont  pas  de  nature  purement  techniques,  et  elles  ne  tiennent  pas 
seulement  au  système  dont  nous  parlons.  Le  métier  circulaire  produit  un  tissu  en 
forme  de  tube  ou  de  boyau.  Il  pourrait  être  mis  sur  le  marché  ou  dans  cette  forme  ou 
en  bandes  découpées,  l’apprêt  pouvant,  sous  certaines  restrictions,  s’appliquer  aux 
deux  formes.  En  tout  cas,  le  tissu  circulaire  sans  lisière  présente  un  aspect  bien  diffé¬ 
rent  du  tissu  rectiligne,  dont  les  lisières  serrées  ne  pourront  pas  être  remplacées  d’une 


368 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


manière  suffisante  par  des  fausses  lisières  faites  avec  des  fils  de  tour,  et  on  aura  beau¬ 
coup  de  peine  à  familiariser  le  public  avec  les  bords  coupés. 

Tout  en  se  rendant  compte  qu’il  restait  beaucoup  à  faire,  le  jury  a  attribué  assez 
d’importance  a  ce  métier  et  a  décerné  à  son  inventeur  une  récompense  sérieuse  pour 
l’encourager  à  poursuivre  sa  voie. 

Le  jury  a  eu  a  s’occuper  encore  d’un  second  métier  s’éloignant  plus  ou  moins  du 
type  généralement  adopté.  C’était  un  métier  double  à  chaînes  horizontales.  Le  jury 
n’y  a  pu  trouver  aucun  avantage  réel  et  n’a  pas  cru  devoir  donner  un  encouragement 
à  l’inventeur. 

Avant  de  passer  aux  métiers  normaux,  citons  encore  le  métier  spécial  pour  fabri¬ 
quer  les  tuyaux  a  incendie,  qui  a  été  exposé  par  I’Eureka  Firehose  C°,  de  Brooklin 
(Etats-Unis).  C’est  un  métier  circulaire  qui  produit  un  boyau  de  petit  diamètre  autour 
d’un  tube  de  caoutchouc.  Ce  tube  est  gonflé  après  avec  de  la  vapeur  et  se  joint  intime¬ 
ment  au  tissu.  Le  caoutchouc  procure  l’étanchéité,  et  le  tissu,  fait  en  fils  de  coton  très 
forts,  donne  la  solidité.  L’avantage  de  ce  tube  consiste  en  ce  que  le  tissu  est  placé 
extérieurement  et  non  entre  deux  couches  de  caoutchouc  comme  d’ordinaire.  Si,  dans 
ce  dernier  cas,  l’eau  trouve  accès  au  tissu,  celui-ci  se  détruira  rapidement,  puisqu’il  ne 
peut  plus  sécher.  Dans  le  nouveau  tube,  au  contraire,  le  tissu  peut  sécher  très  facile¬ 
ment.  Les  fils  de  chaîne  enroulés  sur  un  certain  nombre  de  bobines  placées  dans  le 
bas  de  la  machine  sont  guidés  de  manière  à  rejoindre,  suivant  le  rayon,  le  tissu  en 
formation  qui  se  trouve  au  centre  du  métier. 

Les  lames  divisées  en  plusieurs  secteurs  reçoivent  un  mouvement  vertical.  Il  y  a 
deux  navettes  travaillant  en  même  temps.  Ces  navettes,  de  dimensions  gigantesques, 
ressemblent  beaucoup,  par  leur  forme,  aux  navettes  à  mouvement  circulaire  de  cer¬ 
taines  machines  à  coudre. 

Enfermées  dans  une  espèce  de  cage,  elles  sont  guidées  dans  leur  mouvement  par 
des  galets;  leur  mise  en  train  se  produit  par  des  secteurs  dentés  fixés  sur  les  navettes 
qui  engrènent  avec  des  pignons.  La  cage  et  les  galets  sont  disposés  de  manière  a 
donner  passage  aux  fils  de  chaîne.  Le  métier  ne  possède  point  de  peigne;  le  rappro¬ 
chement  des  duites  s’opère  par  une  saillie  de  la  navette  en  forme  de  corne,  qui  entre 
dans  l’angle  formé  par  le  pas.  Le  tube  est  enroulé  dans  le  bas  sur  une  bobine  à 
mesure  de  sa  fabrication. 

A  côté  de  cette  machine,  est  placée  une  machine  pour  recouvrir  les  tubes  d’une 
hélice  de  fil  de  fer  recuit.  Le  principe  est  celui  appliqué  dans  les  appareils  à  guimper 
les  fils  de  cuivre.  La  difficulté  à  surmonter  était  de  maintenir  la  section  circulaire  du 
boyau  pendant  l’enroulement  du  fil  de  fer.  Gela  se  produit  à  l’aide  d’un  mandrin  en 
fer  qui  est  suspendu  entre  les  deux  rouleaux  d’appel  amenant  le  boyau. 

Les  métiers  du  type  normal,  à  l’examen  desquels  nous  allons  procéder,  ont  été 
exposés  en  très  grand  nombre. 

Nous  avons  compté  5 1  métiers  mécaniques  et  î  métier  à  bras  pour  étoffes  unies, 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  TISSAGE. 


369 


façonnées,  damassées,  veloutées,  dont  9  étaient  munis  de  mécaniques  Jacquart; 

2  métiers  mécaniques  et  2  métiers  à  bras  pour  tapis;  2  métiers  mécaniques  et  1  mé¬ 
tier  à  bras  pour  passementerie;  en  total,  58  métiers  exposés. 

Nous  ne  saurions,  dans  ce  rapport,  donner  les  détails  extrêmement  variés  de  tous 
ces  métiers,  ce  qui,  d’ailleurs,  ne  pourrait  se  faire  qu’au  moyen  de  nombreux  croquis. 
Nous  devons  nous  borner  à  en  indiquer  sommairement  les  points  principaux. 

Depuis  l’Exposition  de  1878,  le  tissage  mécanique  de  la  soie  a  fait  des  progrès  consi¬ 
dérables;  ce  développement  s’est  manifesté  par  le  nombre  des  métiers  pour  le  tissage 
de  cette  matière  :  l’Exposition  de  1889  contenait  21  métiers  destinés  spécialement  au 
travail  de  la  soie.  On  est  parvenu  à  produire  mécaniquement  un  grand  nombre  d’ar¬ 
ticles  pour  lesquels,  il  y  a  peu  de  temps,  on  ne  pouvait  pas  se  passer  du  métier  à 
bras.  Il  est  vrai  qu’aujour d’hui  encore,  il  n’existe  pas,  pour  certains  articles,  les  taffetas 
forts,  par  exemple,  de  meilleur  système  que  le  métier  a  bras  dirigé  par  une  ouvrière 
expérimentée.  Il  serait  impossible  de  produire  sur  un  métier  mécanique  une  faille 
ayant  autant  de  main  que  l’article  fabriqué  avec  le  même  organisme  sur  un  métier  à 
bras;  en  d’autres  termes,  pour  faire  la  même  qualité,  le  métier  mécanique  exige  une 
matière  première  de  qualité  supérieure.  Mais  le  tissage  mécanique  ne  cessera  pas  de 
progresser  et  le  domaine  du  tissage  a  bras  se  trouvera  de  jour  en  jour  plus  réduit. 
Le  recul  du  tissage  a  bras  ou  plus  exactement  du  tissage  à  domicile  est  un  fait  déplo¬ 
rable  au  point  de  vue  social,  mais  il  est  un  fait  incontestable  et  la  révolution  est 
irrésistible.  Tout  le  monde  se  rappellera  les  efforts  faits,  il  y  a  cinq  ou  six  ans.  pour 
sauver  le  tissage  à  domicile;  on  croyait  en  avoir  trouvé  les  moyens  dans  le  métier 
Laeserson  et  Wilke  et  d’autres  types  analogues,  mais  toutes  ces  tentatives  n’on  abouti 
qu’à  donner  une  nouvelle  impulsion  au  développement  du  tissage  mécanique.  Les 
chantiers  de  la  Buire  qui,  alors,  entreprenaient  la  fabrication  des  métiers  Laeserson 
et  Wilke,  ont  fait  leur  apparition  au  Champ  de  Mars  avec  un  assortiment  des  plus 
beaux  métiers  mécaniques  ayant  le  métier  Laeserson  pour  type.  Parmi  ces  métiers  en 
pleine  activité,  se  trouvait  un  métier  Laeserson,  nu  et  immobile  comme  un  document 
historique  dans  un  musée  ! 

Les  métiers  pour  soie  ont  un  caractère  qui  leur  est  propre.  D’abord,  ils  sont  d’une 
construction  fine  et  soignée  correspondant  à  la  délicatesse  de  la  matière.  La  largeur  est 
restreinte,  les  tissus  de  soie  ne  dépassant  que  de  peu  une  largeur  de  0  m.  60.  La  partie 
de  la  chaîne  tendue  horizontalement  entre  Tensouple  et  la  poitrinière  occupe  un  grand 
espace  pour  le  ménagement  des  fils  de  chaîne;  l’ensouple  se  trouve  souvent  placé  sur 
un  chevalet  indépendant  qui  peut  être  plus  ou  moins  éloigné.  Les  lisses  et  peignes  sont 
d’une  grande  finesse.  Le  battant  a  le  plus  souvent,  surtout  pour  les  fortes  étoffes,  des 
mouvements  particuliers  dont  le  but  est  d’imiter  le  coup  sec  du  métier  à  bras.  Les  régu¬ 
lateurs  sont  spécialement  soignés.  Dans  les  métiers  pour  coton,  etc. ,  l’enroulement 
s’opère  par  le  moyen  d’un  cylindre  à  surface  rugueuse  contre  lequel  l’enrouleur  s’appuie. 
La  soie  n’en  pourrait  pas  subir  le  contact;  il  faut  donc  commander  l’enrouleur  direcle- 
Groupe  VI.  —  iv.  26 


1*P«IM£R(E  NATIONALE. 


370 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


ment  et  lui  imprimer  une  vitesse  d’entraînement  constante,  c’est-à-dire  diminuer  sa 
vitesse  de  rotation  à  mesure  que  son  diamètre  augmente  et  dans  la  même  proportion. 
Cela  s’opère  au  moyen  d’un  rouleau  flotteur  légèrement  pressé  contre  l’enrouleur.  Ce 
rouleau,  étant  renvoyé  de  plus  en  plus,  déplace  la  tringle  agissant  sur  le  cliquet  le  long 
d’un  levier  à  coulisse.  Il  faut  avoir  soin  de  construire  le  cliquet  de  manière  qu’il  puisse 
transmettre  la  moindre  variation  de  son  mouvement  au  rochet.  Cela  se  fait  d’ordinaire 
en  disposant  plusieurs  cliquets  de  telle  sorte  que  leurs  extrémités  se  répartissent  uni¬ 
formément  sur  la  longueur  d’un  pas  du  rochet.  Toutefois  l’avancement  du  rochet  ne 
s’établit  qu’autant  qu’il  a  dépassé  la  quantité  égale  à  la  fraction  du  pas  correspondant 
au  nombre  des  cliquets;  il  en  résulte  une  légère  irrégularité  dans  le  mouvement  de 
l’enrouleur. 

Pour  supprimer  cette  imperfection,  les  Chantiers  de  la  Buire,  les  Tissages  Diederichs 
et  la  Société  alsacienne  ont  appliqué  avec  le  plus  grand  succès  le  cliquet  à  friction  ou 
cliquet  muet,  mécanisme  bien  connu  et  employé  depuis  longtemps,  par  exemple  pour 
le  mouvement  des  chariots  dans  les  grandes  scieries  à  bois.  Pour  des  étoffes  fortes  et 
serrées,  le  régulateur  différentiel,  tel  que  nous  venons  de  le  décrire,  ne  suffit  pas, 
puisqu’il  faut  que  le  serrage,  et  non  la  distance  d’une  duite  à  l’autre,  soit  uniforme.  En 
ce  cas,  il  faut  compenser  les  inégalités  inévitables  de  la  trame.  Pour  obtenir  cette 
compensation,  on  a  recours  au  peigne  mobile  agissant  sur  le  régulateur  de  manière 
que  celui-ci  ne  fonctionne  que  quand  le  peigne,  au  moment  de  la  frappe,  est  repoussé 
jusqu’à  un  certain  point.  Le  peigne  mobile  simple,  sans  action  sur  le  régulateur,  s’em¬ 
ploie  souvent  quand  il  s’agit  d’avoir  un  coup  élastique.  Le  chasse-navette  est  toujours 
à  sabre,  l’étoffe  étant  plus  à  T  abri  des  taches  d’huile  qu’avec  le  chasse-navette  à  fouet 
horizontal.  On  est  arrivé  à  donner  aux  métiers  à  soie  des  vitesses  très  considérables. 
Cependant  le  nombre  de  aho  à  3oo  coups  fournis  par  un  métier  des  Chantiers  de  la 
Buire  n’est  qu’un  tour  de  force  qu’on  se  gardera  bien  d’imiter.  La  production  n’aug¬ 
mente  pas  en  raison  directe  de  la  vitesse  du  métier,  et  la  qualité  n’y  gagne  rien.  Cette 
vitesse,  du  reste,  a  été  dépassée  sur  un  métier  de  M.  George  Hodgson,  de  Bradford, 
faisant  des  articles  de  Roubaix  avec  plus  de  A20  coups  par  minute. 

Les  métiers  à  drap  de  provenance  belge  et  allemande  constituent  un  autre  type  de 
caractère  distinct.  Le  rétrécissement  considérable  se  produisant  à  la  suite  du  foulage 
exige  une  grande  largeur  du  tissu  brut,  qui  s’élève  à  deux  mètres  et  davantage.  Comme 
la  trame  employée  est  toujours  assez  grosse,  il  faut  que  les  navettes  soient  grandes 
pour  en  recevoir  une  quantité  suffisante.  Pour  faire  accomplir  à  ces  grosses  navettes 
leur  long  parcours,  il  est  nécessaire  de  leur  imprimer  une  grande  vitesse  initiale  au 
moyen  de  chasse-navettes  très  puissants.  Les  métiers  doivent  être  de  dimensions  très 
considérables  et  de  construction  extrêmement  robuste.  La  commande  ne  se  fait  pas 
directement  sur  l’arbre  à  vilebrequin  par  une  simple  paire  de  poulies;  la  courroie  im¬ 
prime  son  mouvement,  au  moyen  d’une  poulie  munie  d’un  embrayage  à  friction,  à  un 
arbre  de  commande  situé  latéralement  et  parallèlement  à  la  direction  de  la  chaîne.  Cet 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


371 


arbre,  par  des  engrenages  ralentissant  le  mouvement,  transmet  son  action  à  Tarbre  a 
vilebrequin.  Une  tige  en  bois,  allant  le  long  de  la  poitrinière,  permet  à  l’ouvrier  de 
diriger  l’embrayage  sans  se  déplacer.  Le  manchon  à  friction  donne  un  embrayage  et 
un  débrayage  beaucoup  plus  rapides  et  plus  exacts  qu’on  ne  peut  les  obtenir  avec 
une  paire  de  poulies.  L’arbre  à  vilebrequin ,  pour  plus  de  rigidité ,  est  soutenu  par  quatre 
paliers.  Le  chasse-navette  est  généralement  à  sabre.  Le  casse-trame  se  trouve  sur  le 
milieu  du  battant.  L’usage  des  lisses  métalliques  est  adopté  partout.  La  mode  actuelle 
est  aux  dessins  variés  et  compliqués;  les  métiers  pour  nouveautés  sont  donc  pourvus 
des  organes  permettant  de  satisfaire  à  ses  exigences.  D’abord,  le  nombre  des  lames  est 
augmenté  de  beaucoup  ;  le  plus  grand  nombre  que  nous  ayons  compté  dans  l’Exposition 
était  de  36.  La  mécanique  à  armure  généralement  employée  était  celle  de  Crampton. 
Ensuite,  ces  métiers  travaillent  tous  avec  plusieurs  navettes  dont  le  nombre  s’élève  jus¬ 
qu’à  9  ;  un  métier  pour  ameublement  de  Mœe  Snoeck  en  avait  jusqu’à  î  5.  Sauf  de  rares 
exceptions,  nous  n’avons  vu  que  des  boîtes  montantes.  Les  boîtes  sont  également  ré¬ 
parties  sur  les  deux  côtés  du  battant;  cela  permet  d’avoir  des  boîtes  moins  grandes  et, 
de  plus,  on  a  l’avantage  de  pouvoir  lancer  un  nombre  pair  ou  impair  de  duites.  Les 
chasse -navettes  peuvent  battre  dans  un  ordre  quelconque;  un  appareil  de  sûreté  dé¬ 
braye  le  chasse -navette  qui  doit  fonctionner  quand  la  boîte  opposée  ne  se  trouve 
pas  vide.  Le  changement  des  boîtes  se  fait  par  un  mécanisme  dont  voici  le  principe  : 
deux  ou  plusieurs  cames  ou  excentriques  reçoivent  le  mouvement  d’une  mécanique  Jac- 
quart  et  le  transmettent  indépendamment  l’une  de  l’autre  à  la  boîte  par  un  système  de 
leviers  combinés.  En  tirant  ces  cames  séparément  ou  simultanément,  on  pourra  com¬ 
biner  leurs  actions  de  manière  à  donner  à  la  boîte  toutes  les  positions  voulues.  En  em¬ 
ployant  deux  éléments,  on  pourra,  ou  n’en  tirer  aucun  ou  les  tirer  chacun  séparément, 
ou  finalement  tous  les  deux  à  la  fois,  ce  qui  donne  quatre  combinaisons  différentes. 
Avec  trois  éléments,  on  obtiendra  huit  combinaisons  et  Ton  pourra,  avec  une  boite  de 
8  navettes  sur  chaque  côté,  travailler  avec  î  5  navettes  au  maximum.  Les  mécaniques 
pour  les  deux  boîtes  se  trouvent  à  côté  de  la  mécanique  à  armure  et  les  cylindres  pour 
les  deux  chaînes  sont  placés  sur  le  même  axe.  Quand  on  fait  tourner  le  métier  en 
arrière,  on  est  toujours  sûr  d’avoir  les  boîtes  en  correspondance  avec  la  mécanique  à 
armure. 

Nous  allons  faire  aussi  brièvement  que  possible  une  revue  détaillée  des  métiers 
exposés. 

Les  Chantiers  de  la  Buire,  à  Lyon,  avaient  installé  dans  un  pavillon  spécial  dix  mé¬ 
tiers  à  soie.  Ce  n’est  que  depuis  environ  cinq  ans  que  cet  établissement  s’occupe  de  la 
construction  des  métiers  à  tisser;  les  moyens  techniques  et  financiers  dont  ces  ateliers 
disposent  leur  ont  permis  d’atteindre  dans  ce  court  laps  de  temps  une  perfection  sur¬ 
prenante,  et,  si  l’exposition  des  Chantiers  de  la  Buire  doit  être  désignée  comme  étant 
la  plus  belle  de  la  classe  55,  ce  n’est  pas  seulement  à  cause  de  son  extérieur  el  du 
grand  nombre  de  ses  métiers,  mais  aussi  à  cause  de  la  qualité  des  objets  exposés. 


372 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Alors  même  qu’on  n’approuverait  pas  tous  les  principes  qui  y  sont  appliqués,  il  faut 
reconnaître  que  toutes  les  constructions  sont  étudiées  avec  autant  de  soin  que  d’habileté , 
et  leur  exécution  fait  preuve  d’un  bon  outillage  ainsi  que  d’une  excellente  main-d’œuvre. 

Comme  nous  venons  de  le  dire,  c’est  le  métier  mécanique  à  bras  de  MM.  Laeserson 
et  Wilke  qui  a  servi  de  point  de  départ  à  ces  métiers.  Les  lames  forment  des  cadres 
métalliques  rigides;  elles  sont  guidées  latéralement  dans  des  coulisses  du  bâti  pour 
obvier  à  tout  balancement  et  pour  diminuer  le  frottement  des  fds  de  chaîne  dans  les 
œillets.  Cette  rigidité  absolue  étant  gênante  pour  la  rattache  des  fils,  on  a  modifié  cette 
disposition  en  suspendant  les  lames  en  forme  ordinaire  dans  de  grands  cadres  métal¬ 
liques  qui,  â  leur  tour,  sont  guidés  dans  les  rainures  latérales  du  bâti.  Cette  disposition 
des  lames  a  conduit  le  constructeur  à  disposer  tous  les  autres  mécanismes  extérieure¬ 
ment  au  bâti.  L’arbre  de  commande  porte  â  ses  deux  extrémités  deux  manivelles  en  fer 
forge  en  forme  de  disques  élargis  par  des  cercles  en  fonte  et  servant  en  même  temps 
comme  volant  et  comme  poulie  motrice.  Ces  manivelles  en  porte-à-faux  actionnent  le 
battant  par  deux  bielles,  ou  directement  ou  par  l’intermédiaire  de  deux  leviers  à  cou¬ 
lisses  courbés  de  manière  à  donner  un  coup  sec  pour  les  étoffes  serrées.  L’arbre  de 
commande ,  par  des  engrenages  au  rapport  de  1  à  k ,  entraîne  un  axe  placé  dans  le  bas 
du  métier  et  portant  à  l’intérieur  des  bâtis  les  cames  pour  la  commande  directe  des 
cadres  à  lames.  Le  même  arbre  porte  deux  autres  excentriques  placés  en  dehors  des 
bâtis  et  actionnant  les  chasse-navettes.  En  déplaçant  de  quelques  dents  les  engrenages 
qui  relient  les  deux  arbres  ,  on  peut  avancer  ou  retarder  facilement  le  moment  du  lan¬ 
çage  de  la  navette  et  de  la  fermeture  du  pas.  Le  point  d’appui  du  levier,  transmettant 
le  mouvement  de  la  came  au  chasse-navette  à  sabre ,  peut  être  haussé  ou  abaissé  pen¬ 
dant  la  marche  pour  changer  l’intensité  du  coup  de  la  navette.  Grâce  à  cette  disposition 
extérieure  du  mécanisme,  tout  le  réglage  se  fait  donc  avec  beaucoup  de  facilité;  mais, 
d’un  autre  côté,  ce  sont  justement  ces  porte-à-faux  qui  peuvent  présenter  des  inconvé¬ 
nients  quant  à  la  solidité  et  à  la  rigidité.  En  observant  le  métier  faisant  de  la  surah 
grège  à  raison  de  2Ôo  à  3oo  coups  par  minute,  on  a  pu  remarquer  surtout  des  fouet- 
temenls  très  violents  de  l’arbre  à  manivelles  qui  ne  tarderaient  pas  à  détériorer  tout  le 
métier. 

Le  régulateur  forme  un  point  tout  particulier  de  ces  métiers.  Dans  le  régulateur  or¬ 
dinaire  des  métiers  à  soie,  le  mouvement  du  rocliet  est  en  raison  inverse  mais  con¬ 
stante  du  diamètre  de  l’enrouleur,  et,  pour  avoir  la  réduction  de  l’étoffe,  il  faut  se  servir 
de  roues  de  rechange  pour  la  commande  de  l’enrouleur.  Les  Chantiers  de  la  Buire  se 
sont  proposé  d’éviter  les  roues  de  rechange.  Le  cliquet  à  friction  est  commandé  par 
une  tige  dont  l’autre  bout  peut  se  déplacer  le  long  d’un  levier  qui  porte  une  échelle 
graduée  donnant  immédiatement  la  réduction.  Ce  levier  est  actionné  par  un  excentrique 
placé  sur  l’arbre  à  cames.  Pour  faire  diminuer  sa  course  en  raison  inverse  du  diamètre 
augmentant  de  l’enrouleur,  son  mouvement  de  retour  imprimé  par  un  ressort  à  boudin 
est  interrompu  de  plus  en  plus  tôt  par  une  came  tournant  lentement  sous  l’action  d’une 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  TISSAGE. 


373 


crémaillère  reliée  au  rouleau  flotteur.  La  courbure  de  cette  came  d’arrêt  est  déterminée 
par  le  mouvement  que  doit  faire  le  levier;  cette  courbe  serait  donc  une  hyperbole  équi- 
latérale  transformée  en  coordonnées  polaires.  Pour  avoir  un  mouvement  sûr  du  régu¬ 
lateur,  même  avec  de  grandes  vitesses  du  métier,  on  a  appliqué  deux  systèmes  de  le¬ 
viers  et  de  rochets  agissant  alternativement  et  avec  une  vitesse  deux  fois  plus  petite  que 
celle  du  battant. 

Les  boîtes  à  navettes  possèdent  une  longueur  extraordinaire  ;  on  veut  obtenir  par  la 
un  ralentissement  graduel  du  mouvement  de  la  navette,  ce  qui  évite  tout  déroulement 
superflu  de  la  trame.  Les  ensouples  de  derrière  sont  montées  sur  des  chevalets  indé¬ 
pendants;  les  freins  qui  les  maintiennent  sont  serrés  par  des  poids  à  action  directe. 
Tous  les  métiers  sont  pourvus  d’un  index  mobile  pour  mettre  a  point  le  tissu,  s’il  a  fallu 
le  dérouler. 

Comme  chacun  des  dix  métiers  présente  des  particularités  dignes  d’être  mentionnées, 
nous  allons  en  donner  une  liste  complète  : 

Un  métier  avec  mécanique  Jacquart,  du  système  Verdol,  produisant  du  damas  fa¬ 
çonné.  Ce  métier  est  à  deux  navettes  lancées  pick  and  pick,  c’est-à-dire  deux  fois  de 
suite  du  même  côté.  Le  mouvement  simultané  des  boîtes  se  fait  au  moyen  d’une  came 
à  chemin  ; 

Deux  métiers  identiques  entre  eux  produisant  ,  l’un  de  la  surah  grège  à  raison  de  2Ôo 
à  3oo  coups,  l’autre  de  la  faille  et  ne  battant  que  70  coups  par  minute; 

Un  métier  à  quatre  navettes  à  boîtes  sautantes  avec  papier  continu  pour  le  change¬ 
ment  des  navettes; 

Un  métier  à  peigne  renversé  pour  gaze  jumelle.  Le  peigne  étant  renversé  au  moment 
de  la  frappe ,  la  chaîne  peut  fuir  un  peu  sous  l’action  du  coup  oblique  et  l’insertion  de 
la  trame  se  fait  avec  une  pression  très  douce.  Les  fausses  lisières  des  deux  pièces  se 
produisent  par  deux  fils  de  tour  commandés  par  une  fourchette; 

Un  métier  à  velours  double  pièce.  Le  battant  est  commandé  par  un  arbre  à  vilebre¬ 
quin  qui  se  trouve  situé  sous  la  poitrinière,  disposition  qui  laisse  complètement  libre 
l’espace  derrière  le  battant  pour  le  montage  des  lames; 

Un  métier  du  même  type  à  triple  largeur  (1  m.  ôo),  battant  120  coups  par  mi¬ 
nute.  Les  rouleaux  à  pointes  d’aiguilles  sont  en  papier  comprimé; 

Un  métier  à  grande  largeur  (1  m.  16)  pour  pékin  jumel; 

Un  métier  pour  foulard,  dit  china  tissé  en  soie  mouillée.  La  fabrication  de  cetto 
étoffe  exige  l’emploi  d’un  templet.  Il  consiste  en  une  paire  de  pinces  s’ouvrant  automa¬ 
tiquement  au  moment  de  la  frappe  pour  se  refermer  aussitôt  que  le  battant  recule; 

Un  métier  Laeserson  et  Wilke. 

M.  George  Hodgson,  à  Bradford,  était  le  seul  représentant  des  constructeurs  anglais 
de  métiers  à  tisser.  Les  huit  métiers  exposés  renfermaient  une  assez  grande  multitude 
de  types  différents,  destinés,  pour  la  plus  grande  partie,  au  tissage  de  la  laine.  Ce  que 
ces  métiers  ont  de  commun,  c’est  la  construction  soignée  et  solide,  cherchant  surtout 


374 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


à  faciliter  la  main-d’œuvre.  La  meilleure  preuve  de  la  solidité  de  ces  constructions  a  été 
donnée  par  un  métier  pour  articles  de  Roubaix  de  3 2  pouces  (0  m.  81 3)  de  largeur, 
battant  plus  de  42  0  coups  par  minute  sans  trépidation  sensible. 

Pour  le  mouvement  des  lames,  les  mécaniques  à  armure  sont  pourvues  d’éléments 
formés  chacun  d’un  disque  portant  un  boulon  excentrique  qui  commande  la  lame  au 
moyen  d’une  bielle.  Aux  deux  points  morts  qui  correspondent  aux  positions  extrêmes  de 
la  lame,  le  mécanisme  reste  immobile  et  n’a  donc  pas  besoin  d’un  arrêt  spécial  pendant 
la  frappe.  Ces  disques  reçoivent  le  mouvement  d’un  secteur  denté  mû  par  une  crémail¬ 
lère,  qui  est  elle-même  commandée  soit  par  un  double  crochet  actionné  alternativement 
par  deux  griffes  à  mouvement  divergent,  soit  par  une  double  crémaillère  formant 
cadre  autour  d’un  pignon  et  qui,  étant  soulevée  ou  abaissée  au  moyen  d’une  chaîne  à 
grains,  y  engrène  tantôt  d’un  côté  et  tantôt  de  l’autre. 

Des  éléments  semblables,  agissant  sur  un  système  de  leviers  combinés,  sont  em¬ 
ployés  pour  la  commande  des  boîtes  montantes  dans  les  métiers  à  plusieurs  navettes. 
M.  Hodgson  est  le  seul  qui,  a  côté  de  la  boîte  montante,  ait  employé  la  boîte  revolver, 
mais  seulement  pour  pick  and pick.  Il  est  évident  que,  pour  des  boîtes  sautantes,  la  con¬ 
struction  du  mécanisme  du  revolver  est  moins  commode  que  pour  les  boîtes  montantes. 
A  l’exception  de  deux  métiers  pour  drap  de  grande  largeur,  tous  les  chasse-navettes 
sont  à  fouets.  La  commande  de  ces  métiers  à  drap  est  établie  directement  sur  l’arbre  à 
vilebrequin. 

Les  Ateliers  de  construction  de  Rüti  (succession  de  Gaspard  Houegger),  en  Suisse, 
ont  pris,  comme  on  le  sait,  une  part  très  importante  au  développement  du  tissage  mé¬ 
canique  de  la  soie.  Cette  maison  a  exposé  quatre  métiers.  Les  deux  premiers  sont  des¬ 
tinés  au  tissage  des  étoffes  damassées  en  soie  et  en  coton;  ils  marchent  à  grande 
vitesse  (i5o  à  170  tours  par  minute).  Pour  éviter  les  trépidations,  on  a  monté  les  mé¬ 
caniques  Jacquart  sur  un  châssis  indépendant,  formé  par  des  poutrelles  de  fer.  Ces 
mécaniques  sont  à  lève  et  baisse,  et  l’une  d’elles  fait  en  outre  le  pas  oblique;  à  cause 
de  la  grande  vitesse,  elles  sont  pourvues  de  deux  cylindres  à  carter  agissant  alternati¬ 
vement.  Les  crochets  (au  nombre  de  8,800  ^ ms  le  métier  à  soie)  sont  en  bois  artifi¬ 
ciellement  séché;  ils  sont  plus  légers  que  le^  crochets  en  fil  de  fer,  et,  à  ces  grandes 
vitesses,  l’usure  est  moindre  au  point  cl’attaque  de  la  griffe. 

Un  métier  pour  soie,  tissant  de  la  faille,  possède  un  peigne  mobile  à  mouvement 
particulier.  Immédiatement  avant  la  frappe,  le  peigne  est  retenu  par  un  loquet  pour 
en  être  abandonné  un  moment  plus  tard.  Le  peigne,  devenu  libre,  donne,  sous  l’action 
d’un  ressort,  un  coup  très  énergique;  pour  en  augmenter  l’intensité,  le  frein  de  l’en- 
souple  de  derrière  est  serré  en  même  temps.  Les  bielles  sont  brisées  ;  cependant 
l’articulation  en  peut  être  suspendue  en  cas  de  nécessité.  Le  régulateur  est  à  compensa¬ 
tion,  c’est-à-dire  que  si  la  trame  est  trop  mince  et  si,  par  conséquent,  le  peigne  ne  ren¬ 
contre  pas  une  résistance  suffisante  au  moment  de  la  frappe,  le  régulateur  se  débraye 
et  ne  recommence  à  fonctionner  que  lorsque  la  résistance  normale  s’est  rétablie. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE 


375 


Un  métier  à  quatre  navettes  pour  coton  est  pourvu  d’un  nouveau  mécanisme  de 
changement.  Un  disque  mobile  sur  un  axe  porte  deux  buttoirs  diamétralement  opposés; 
une  tringle  verticale  en  forme  de  T  vient  faire  face  au  disque.  Si  cette  tringle  est  mue 
de  bas  en  haut,  les  deux  buttoirs,  quelle  que  soit  leur  position  initiale,  seront  rame¬ 
nés  par  les  bras  du  T  sur  une  même  horizontale.  Ce  système  de  disque  et  de  tringle 
se  répète  quatre  fois;  les  quatre  disques  sont  réunis  sur  le  même  axe  qui,  par  un 
engrenage  et  un  levier  à  secteur  denté,  commande  la  boîte  montante.  Comme  la  posi¬ 
tion  des  buttoirs  est  différente  sur  chacun  des  quatre  disques,  chaque  tringle  soulevée 
a  son  tour  par  une  petite  mécanique  Jacquart  va  porter  une  autre  navette  sur  la  hau¬ 
teur  du  battant. 

Le  mouvement  de  la  boîte  est  positif  pour  la  descente  aussi  bien  que  pour  la 
montée. 

Dans  l’ancien  mécanisme  Honegger,  la  descente  se  fait  seulement  sous  l’action  de 
la  pesanteur;  ce  qui,  pour  des  vitesses  considérables,  ne  donne  plus  une  sûreté  abso¬ 
lue.  Le  nouveau  mécanisme  fonctionne  parfaitement  bien  à  la  vitesse  de  160  tours. 

Les  quatre  métiers  pour  laine  de  M,ne  veuve  Mathieu  Snoeck,  d’Ensival  (Belgique), 
étaient  sans  doute  les  meilleurs  de  leur  genre.  Ils  se  distinguaient  par  une  grande 
élégance  de  style.  Un  métier  avec  mécanique  Jacquart,  pour  ameublement,  mérite 
surtout  d’être  cité  comme  chef-d’œuvre  de  construction.  Le  métier  a  5  ensouples  et 
i5  navettes;  le  passage  de  la  première  boîte  à  la  dernière,  et  vice  versa ,  se  fait 
très  bien  à  la  vitesse  de  90  tours  par  minute.  En  dehors  de  ce  métier,  nous  avons  à 
noter  deux  métiers  à  7  navettes  pour  nouveauté,  l’un  avec  3a  lames  et  1  ensouple, 
l’autre  avec  36  lames  et  5  ensouples.  Le  mécanisme  pour  le  changement  des  boîtes 
ressemble  à  celui  de  M.  Hodgson,  que  nous  venons  de  décrire.  La  mécanique  à  ar¬ 
mure  est  celle  de  Crompton;  le  pas  oblique  s’obtient  en  renvoyant  de  plus  en  plus 
le  point  d’attache  des  lames  sur  les  leviers.  Un  métier  à  3  navettes  tisse  du  drap  de 
2  m.  5 00  de  laize. 

La  Société  alsacienne  de  constructions  mécaniques  de  Mulhouse  a  exposé  trois  mé¬ 
tiers,  l’un  pour  la  soie,  le  second  pour  le  coton  et  le  troisième  pour  la  laine  peignée. 

Le  métier  à  soie  est  disposé  pour  travailler  à  peigne  fixe ,  renversé  ou  mobile  avec 
compensation.  Le  régulateur  est  à  friction  ou  à  rochet  muet.  Le  métier  est  muni  d’un 
mouvement  à  taffetas  et  d’une  mécanique  à  armure  avec  chaîne  à  cames,  placée  laté¬ 
ralement  sur  un  chevalet  indépendant.  Le  battant  est  garni  de  cuivre  à  sa  surface. 

Le  métier  pour  coton  est  à  quatre  navettes.  Le  changement  des  boîtes  s’opère  au 
moyen  de  deux  excentriques  superposés,  auxquels  une  petite  mécanique  Jacquart  im¬ 
prime  un  mouvement  soit  indépendant,  soit  combiné. 

Le  troisième  métier  est  à  marches  extérieures.  Les  excentriques  pour  les  marches 
sont  montées  sur  un  arbre  spécial  qui  remplace  la  longue  douille  tournant  folle  sur 
un  pivot  fixe. 

Le  garde-navette  appliqué  dans  ces  métiers  consiste  en  une  double  tringle  en  fer 


37  G 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


fixée  au  chapeau  du  battant  de  manière  à  former  un  couvercle  mobile  sur  le  chemin 
de  la  navette. 

M.  Louis  Schônherr,  le  fondateur  de  la  Sàcheische  Webstuhlfabrik,  de  Chemnitz  (Saxe), 
est  un  des  premiers  promoteurs  du  tissage  mécanique  du  drap  ;  sa  maison  a  eu  sur  le 
continent,  pendant  des  années,  le  monopole  des  métiers  mécaniques  pour  drap.  Il 
n’est  pas  sans  intérêt  de  savoir  que  ses  premières  tentatives  avaient  pour  but  de  four¬ 
nir  un  outil  perfectionné  au  tissage  à  domicile;  de  là  vient  l’arbre  de  commande  placé 
sur  le  côté  droit  du  métier  dans  une  direction  parallèle  à  la  chaîne,  cet  arbre  recevant 
alors  son  mouvement  par  la  main  droite  de  l’ouvrier  au  moyen  d’une  manivelle.  Ces 
tentatives  n’ont  abouti,  comme  on  le  sait,  qu’à  faire  progresser  le  tissage  mécanique, 
et  il  serait  d’autant  plus  facile  de  prédire  un  pareil  sort  aux  efforts  faits  pour  la  soie 
par  MM.  Laeserson  et  Wiike  et  autres,  si  ce  n’était  déjà  un  fait  accompli. 

Dans  le  vieux  type  Schônerr,  qui  a  été  représenté  à  l’Exposition  par  un  métier,  tous 
les  mouvements,  même  celui  du  battant,  partaient  directement  de  l’arbre  de  com¬ 
mande.  Cependant  ce  type,  ne  permettant  que  des  vitesses  très  modérées,  fut  aban¬ 
donné,  et  les  métiers  actuels  appartiennent  complètement  au  type  que  nous  avons  fait 
connaître  en  décrivant  le  métier  à  drap.  Dans  les  deux  métiers  pour  nouveauté,  un 
mouvement  oblique  des  griffes  de  la  mécanique  Crompton  donne  un  pas  oblique. 
Le  mécanisme  pour  le  changement  des  boîtes  est  à  leviers  combinés;  la  descente  se 
fait  sous  l’action  de  la  pesanteur,  ce  qui  est  un  défaut  pour  les  métiers  étroits  pour 
coton,  etc.,  à  cause  de  leur  grande  vitesse,  mais  n’a  pas  d’inconvénient  pour  les 
vitesses  moins  considérables  des  métiers  à  drap.  Nous  avons  vu  fonctionner  un  métier 
à  neuf  navettes  avec  une  parfaite  régularité  en  sautant  de  la  première  boîte  à  la  der¬ 
nière,  et  réciproquement  à  une  vitesse  de  plus  de  80  tours.  On  a  soigneusement  étudié 
les  régulateurs  pour  donner  des  tensions  égales  à  tous  les  fds  de  chaîne. 

Un  métier  pour  ameublement,  à  1 1  navettes,  est  monté  d’une  mécanique  Jacquart 
de  M.  Olivier,  de  Roubaix.  Un  métier  pour  soie,  à  2 A  lames  et  1  1  navettes,  a  la  par¬ 
ticularité  que  le  pas  ne  se  referme  pas  complètement  pendant  la  frappe;  en  le  tenant 
demi-ouvert,  on  veut  éviter  que,  par  un  contact  trop  intime,  les  fds  de  chaîne  ne  s’ac¬ 
crochent  l’un  à  l’autre.  Un  dernier  métier  fait  la  peluche  double  pièce  en  coton,  laine 
ou  soie. 

La  Société  des  tissages  et  ateliers  de  construction  Diederichs,  à  Bourgoin,  a  pris 
largement  part  à  la  propagation  du  tissage  mécanique  en  France,  d’abord  en  colla¬ 
boration  avec  M.  Honegger,  plus  tard  à  son  propre  compte. 

Deux  des  six  métiers  exposés  étaient  pour  le  travail  du  coton,  l’un  pour  étoffes 
légères,  l’autre,  de  construction  plus  robuste,  pour  toile  à  matelas,  etc.  Us  étaient 
munis  d’une  boîte  montante  à  quatre  navettes,  commandée  par  le  mécanisme  Honegger. 
Dans  le  second  de  ces  métiers,  le  mécanisme  de  changement  était  pourvu  d’un  appa¬ 
reil  pour  réduire  le  nombre  des  cartons  jusqu’à  quatre,  lorsqu’il  s’agit  de  tisser  des 
carreaux  dont  le  nombre  de  duites  ne  dépasse  pas  5o. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


377 

Les  quatre  métiers  à  soie  avaient  des  régulateurs  à  friction.  Ils  étaient  tous  du 
même  type,  mais  montés  de  différentes  manières.  Un  métier  pour  étoffes  écrues  était 
muni  d’une  mécanique  a  armure  avec  chaîne  pour  1 2  lames.  Un  second  métier 
avec  mouvement  de  taffetas  et  des  bielles  brisées  faisait  de  la  faille.  Un  troisième  por¬ 
tait  une  ratière  de  2 A  lames  à  action  directe;  il  était  muni  d’une  boite  montante  a 
quatre  navettes,  commandée  directement  par  une  chaîne  à  cames  sur  laquelle  se  repo¬ 
sait  le  levier  portant  la  boîte.  La  chaîne  était  entraînée  par  une  roue  à  étoile  qui 
s’embravait  au  moyen  d’une  chaîne  a  cartons  spéciale  pour  opérer  le  changement.  Le 
dernier  métier  faisait  du  damas  avec  une  mécanique  de  1,200  crochets. 

Les  trois  métiers  exposés  par  MM.  Deneox  frères  et  C'e,  d’Amiens,  sont  destinés  à  la 
fabrication  du  linge  de  table  et  de  toilette.  Le  battant  d’un  métier  faisant  la  serviette 
éponge  reçoit  son  mouvement  par  deux  bielles  brisées  dont  les  coudes  sont  alternati¬ 
vement  pliés  ou  redressés.  Les  fils  de  chaîne  sont  répartis  sur  deux  ensouples  dont 
l’une  n’a  presque  pas  de  tension.  Si,  après  avoir  frappé  a  bielles  redressées,  on  lance 
quelques  duites  a  bielles  pliées,  ces  duites  se  placent  à  une  certaine  distance  des  pré¬ 
cédentes.  En  frappant  ensuite  à  bielles  redressées,  ces  duites  se  rapprocheront  tout  a 
fait  des  autres  en  glissant  le  long  des  fils  de  chaîne  tendus  et  en  entraînant  les  fils 
sans  tension;  ceux-ci  sortiront  de  la  surface  du  tissu  en  formant  des  boucles. 

Ce  qu’il  y  avait  de  plus  intéressant  dans  l’exposition  de  MM.  Deneux,  c’était  le  bat¬ 
tant  brocheur  automatique  adapté  à  un  métier  monté  d’une  mécanique  Verdol.  Le  bro¬ 
cheur  produisait  des  initiales  en  fil  de  couleur  dans  des  serviettes  à  table;  il  ne  tra¬ 
vaillait  qu’à  une  seule  navette.  La  commande  se  fait  par  un  arbre  spécial  placé  dans 
le  bas  du  bâti  et  embrayé  par  la  mécanique  Jacquart  aussitôt  que  le  brocheur  doit  agir. 
Celui-ci  est  retenu  d’ordinaire  par  des  ressorts  sur  le  chapeau  du  battant.  Aussitôt  que 
l’arbre  auxiliaire  est  embrayé,  il  donne  lieu,  par  le  moyen  de  trois  cames,  aux  mouve¬ 
ments  suivants  :  i°  débrayage  du  chasse-navette;  20  descente  du  brocheur  au  niveau 
du  tissu;  3°  après  que  le  pas  est  fait,  translation  latérale  de  la  navette  du  brocheur  au 
moyen  d’une  crémaillère;  A°  ascension  du  brocheur;  5°  embrayage  du  chasse-navette 
pour  donner  une  duite  dans  le  fond  et  ainsi  de  suite. 

Un  métier  pour  soie  de  MM.  Benxinger  frères,  d’Uzwyl  (Suisse),  à  quatre  navettes, 
est  muni  d’un  appareil  pour  réduire  le  nombre  des  cartons  en  supprimant  ceux  qui 
sont  vides.  Le  cliquet  commandant  le  cylindre  à  cartons  est  sous  l’influence  d’un  tam¬ 
bour  en  fonte  contenant  à  sa  surface  une  série  de  i,5oo  trous  rangés  en  hélice  et  pou¬ 
vant  recevoir  de  petites  chevilles.  Ce  cylindre  faisant  un  pas  sur  deux  coups  du  métier, 
les  chevilles  viennent  à  leur  tour  soulever  un  levier  qui,  dans  cette  position,  permet 
au  cliquet  d’agir  sur  le  cylindre  à  cartes.  Pour  les  dessins  symétriques,  le  mouvement 
du  tambour  à  chevilles  peut  se  renverser  au  moment  voulu,  et  Ton  pourra  exécuter  de 
cette  manière  des  dessins  composés  d’un  nombre  de  duites  allant  jusqu’à  G, 000.  Ce 
métier  a  une  ratière  à  action  directe.  Les  cartons  sont  percés  de  deux  rangées  de  trous; 
en  déplaçant  le  cylindre  à  cartes,  on  peut  faire  agir  à  volonté  Tune  ou  l’autre  des  deu\ 


378 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


séries  sur  les  pointes  des  aiguilles  pour  obtenir  alternativement  deux  armures  diffé¬ 
rentes. 

Deux  autres  métiers,  également  pour  soie,  sont  montés  d’une  mécanique  a  chaîne 
pour  le  mouvement  des  lisses.  Pour  obtenir  un  mouvement  de  hausse  et  baisse  dans 
l’un  de  ces  deux  métiers,  un  mouvement  oscillant  est  donné  au  plateau  contre  lequel 
s’appuient  les  leviers  laissés  libres  par  la  chaîne. 

Les  régulateurs  de  ces  trois  métiers  sont  à  compensation;  ils  travaillent  a  cliquet 
multiple  comme  d’ordinaire.  Ce  qu’il  y  a  de  particulier,  c’est  que  l’autre  bout  de  la 
tringle,  agissant  sur  le  levier  à  cliquets,  peut  se  déplacer  le  long  d’un  levier  portant 
une  échelle,  pour  obtenir  les  diverses  réductions  sans  pignons  de  rechange. 

Il  nous  reste  encore  a  mentionner  les  trois  métiers  pour  draperie  de  la  Société  ver- 
vietoise  pour  la  construction  des  machines  et  un  métier  du  même  genre  de  i\l.  F.-I.  Grün, 
de  Lure.  Parmi  les  premiers,  nous  faisons  remarquer  un  métier  à  36  lames  et  9  na¬ 
vettes;  du  reste,  ils  sont  du  type  général  des  métiers  à  draperie;  le  dernier  est  une 
copie  d’un  métier  saxon. 

Les  métiers  à  tapis  forment  un  groupe  a  part.  L’Exposition  en  comptait  trois ,  cha¬ 
cun  remarquable  dans  son  genre. 

Le  métier  mécanique  de  M.  E.  Neveu,  de  Paris,  faisait  automatiquement  le  tapis  a 
velours  dit  la  moquette.  Les  verges  en  acier  sont  forgées  à  Tune  des  extrémités,  de  ma¬ 
nière  à  former  un  couteau  saillant;  à  l’autre  bout,  elles  sont  garnies  d’un  anneau;  une 
trentaine  de  ces  verges  sont  à  la  fois  en  service.  La  verge  posée  la  première  est  prise  et 
tirée  par  son  anneau  au  moyen  d’un  organe  placé  au  côté  droit  du  métier  pour  être 
aussitôt  replacée  dans  le  pas  nouvellement  formé.  En  tirant  les  verges,  les  boucles  sont 
coupées  par  le  tranchant  du  couteau.  Le  métier  pose  1 8  à  1 9  verges  par  minute. 

Les  deux  autres  métiers  ont  pour  but  d’imiter  les  tapis  de  Smyrne.  Le  métier  de 
MM.  Sallandrouze  frères,  d’Aubusson,  obtient  cette  imitation  par  des  moyens  tout  par¬ 
ticuliers.  Les  fils,  destinés  à  former  une  rangée  de  nappes  dans  le  sens  des  duites,  sont 
enroulés  l’un  à  côté  de  l’autre  sur  une  bobine  dont  la  longueur  est  égale  à  la  largeur  du 
tapis;  les  bouts  des  fils  sont  engagés  chacun  dans  un  guide.  Ces  bobines,  dont  le 
nombre  correspond  à  celui  des  différentes  rangées  de  nappes  que  le  dessin  contient, 
sont  fixées  avec  leurs  guides  sur  une  chaîne  sans  fin  qui  les  amène  l’une  après  l’autre 
devant  le  battant.  La  bobine  est  sortie  de  la  chaîne,  les  fils  sont  introduits  par  leur 
extrémité  dans  le  pas  au  moyen  d’un  peigne  spécial  à  mouvement  latéral  et,  après 
avoir  été  pincés  par  les  duites  suivantes,  ils  sont  coupés  à  égale  hauteur  par  un  cou¬ 
teau  circulaire  fonctionnant  le  long  de  la  poitrinière.  La  bobine  est  remise  sur  la  chaîne, 
et  ainsi  de  suite.  Le  tout  se  fait  automatiquement. 

Le  tapis  de  MM.  Sallandrouze  a  le  revers  sec  et  dur,  le  pinçage  des  boucles  n’est 
pas  bien  solide,  mais  le  produit  est  très  bon  marché. 

L’imitation  présentée  par  M.  Duquesne,  de  Paris,  sous  le  nom  de  tapis  parisien ,  est 
plus  parfaite  :  le  serrage  des  boucles  est  aussi  fort  que  dans  les  vrais  tapis  (l’Orient;  les 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


379 


fils  de  poil,  apparaissant  au  revers,  y  reproduisent  le  dessin  tout  en  donnant  du  moel¬ 
leux  au  tissu. 

Les  fils  de  poil  font  un  mouvement  pareil  à  celui  des  fils  de  soie  de  la  gaze.  Ce 
mouvement  est  donné  par  une  barre  portant  des  aiguilles  métalliques  plates,  dans  les 
chas  desquelles  les  fils  de  poil  sont  engagés  par  groupes.  La  barre  portant  les  aiguilles, 
placée  en  dessous  de  la  chaîne,  est  animée  d’un  mouvement  latéral  et  ascendant  au 
moyen  d’un  excentrique  et  d’une  pédale,  et  c’est  grâce  à  ce  mouvement  que  les  fils  de 
poil  sont  menés  tantôt  à  gauche,  tantôt  à  droite  des  fils  de  chaîne.  Les  chas  ont  une 
forme  allongée  d’une  dimension  égale  à  la  hauteur  du  pas;  quand  la  barre  est  levée, 
les  fils  Reposant  au  fond  du  chas  se  trouvent  seulement  à  la  hauteur  de  la  partie  infé¬ 
rieure  du  pas.  Les  fils  appelés  à  faire  les  nappes  par  une  mécanique  Jacquart  peuvent 
suivre  ce  mouvement  grâce  à  la  longueur  des  chas.  Dès  que  la  verge  est  posée,  les 
aiguilles  repassent  par-dessous  les  fils  de  chaîne  sur  l’autre  côté;  les  fils  passifs,  n’étant 
pas  retenus  par  la  verge,  sont  libres  de  suivre  ce  mouvement,  et  ils  se  disposent  en  forme 
rectiligne  dans  le  fond,  malgré  le  mouvement  ondulé  qui  leur  est  imprimé  par  les  ai¬ 
guilles. 

M.  Duquesne  a  adapté  son  invention  à  un  métier  à  bras.  Dès  qu’il  serai  parvenu  à 
l’appliquer  au  tissage  mécanique,  et  il  n’y  aura  pas  de  difficultés  insurmontables,  il 
pourra  être  sûr  du  succès,  vu  la  belle  qualité  du  produit. 

Dans  le  pavillon  de  l’Algérie,  sur  l’Esplanade  des  Invalides,  MM.  Magne  et  Clc,  de 
Tlemcen,  ont  exposé  un  métier  à  bras  sur  lequel  des  tisserands  indigènes  produisaient 
des  tapis  à  dessins  géométriques  en  laine  multicolore.  Les  duites  formant  le  dessin  y 
étaient  posées  à  la  main  et  sans  patron,  les  ouvriers  n’ayant  d’autre  guide  que  leurs 
yeux. 

passementerie  était  représentée  par  quatre  métiers.  MM.  Mary  et  fils  aîné,  de 
Paris,  avaient  exposé  un  métier  mécanique  à  quatre  sections  produisant  des  galons 
pour  voitures  en  velours  non  coupé,  dans  lequel  nous  avons  surtout  remarqué  le  méca¬ 
nisme  des  verges.  Le  métier  mécanique  de  M.  Fribourg,  de  Paris,  était  à  trois  sections 
indépendantes,  dont  deux  à  un  ruban  et  une  à  deux  rubans.  L’avantage  de  cette  dis¬ 
position  est  que ,  si  l’on  arrête  une  section  pour  cause  de  rupture  de  fils ,  de  montage ,  etc. , 
les  autres  peuvent  continuer  à  fonctionner.  Ce  métier  marchait  à  3oo  coups  par  minute. 
M.  J. -B.  Foulfoin,  de  Nantes,  avait  perfectionné  le  métier  a  hautes  lisses  des  passe¬ 
mentiers  en  remplaçant  les  contrepoids  en  ardoise  par  des  ressorts  â  boudin.  Nous 
citerons,  pour  terminer,  un  modèle  au  cinquième  d’un  métier  à  barre  pour  rubans  de 
soie  exécuté  et  exposé  par  M.  Fleuret,  à  Lyon. 

En  dehors  des  métiers  que  nous  venons  de  passer  en  revue,  le  jury  avait  encore  à 
visiter  un  certain  nombre  d’objets  qui  faisaient  partie  des  expositions  coloniales  soit 
dans  les  collections  ethnographiques ,  soit  dans  les  habitations  des  indigènes.  Ces 
métiers,  si  intéressants  qu’ils  fussent,  —  nous  étions  frappés  d’y  rencontrer  le  métier 
des  stations  lacustres  avec  sa  chaîne  verticale  et  sa  remisse  composée  d’une  verge  à 


380 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


envergeurs  et  d’une  demi-lame,  —  n’ont  pas  de  valeur  industrielle,  et  nous  nous  bor¬ 
nons  à  les  mentionner. 


VII 

ACCESSOIRES  POUR  TISSAGE. 

Mécaniques  Jacquart.  —  Celle  qui  mérite  d’être  citée  en  première  ligne  est  la  méca¬ 
nique  de  MM.  Verdol  et  G‘c,  de  Paris,  que  nous  avons  eu  l’occasion  de  mentionner 
déjà  plusieurs  fois.  On  sait  que  le  point  principal  dans  cette  mécanique  consiste  dans 
la  substitution  du  papier  continu  ou  sans  fin  aux  cartons  enlacés  des  mécaniques  ordi¬ 
naires.  Les  aiguilles  qui  dirigent  les  crochets  ne  sont  pas  commandées  directement  par 
le  papier  perforé  qui,  à  la  longue,  n’aurait  pas  assez  de  résistance  pour  repousser  les 
pointes  des  aiguilles.  La  sélection  des  crochets  qui  doivent  prendre  part  au  mouvement 
ascendant  de  la  griffe  se  produit  au  moyen  d’un  système  auxiliaire  d’aiguilles  verti¬ 
cales,  qui  agissent  sur  des  prolongements  des  aiguilles  primaires.  Selon  que  ces  aiguilles 
auxiliaires  sont  soulevées  ou  laissées  en  place  par  le  cylindre  portant  le  papier  continu, 
les  prolongements  et,  par  leur  intermédiaire,  les  aiguilles  primaires  sont  repoussés 
ou  non  par  une  grille  oscillante  en  sens  horizontal.  Ces  aiguilles  secondaires,  qui 
peuvent  être  très  légères,  n’occupent  que  peu  de  place.  Dans  une  mécanique  de 
!  fi  X  8 4  =  1 344  crochets,  par  exemple,  l’espace  occupé  dans  le  sens  du  mouvement 
du  papier  ne  mesure  que  o  m.  0  2  4.  Le  papier  continu  de  AL  Verdol  donne,  pour 
des  dessins  importants,  une  économie  très  considérable  sur  les  frais  d’installation  et 
d’emmagasinage. 

MM.  Verdol  et  C,e  ont  installé  quatre  de  leurs  mécaniques  en  même  temps  sur  un 
métier  à  bras  produisant  de  magnifiques  chasubles.  Une  autre  mécanique  était  montée 
sur  leur  machine  automatique  à  repiquer  faisant  5o,ooo  cartons  par  jour. 

M.  I  jEtellier  a  exposé  une  autre  mécanique  à  papier  continu,  ou  le  papier  reçoit 
directement  le  choc  des  aiguilles  des  crochets.  Pour  soutenir  le  papier  pendant  qu’il 
repousse  les  aiguilles,  il  est  pincé  entre  deux  plaques  de  fer  perforées.  L’inventeur  a 
donc  suivi  un  chemin  essayé  et  abandonné  avant  lui  par  AI.  Verdol.  Cependant  le 
renouvellement  de  cet  essai  a  paru  au  jury  être  assez  important  pour  mériter  un  encou¬ 
ragement  à  AI.  Letellier. 

Le  type  ordinaire  des  mécaniques  Jacquart  a  été  représenté  par  un  assez  grand 
nombre  de  mécaniques  en  fer  et  en  bois,  à  simple  action  et  à  hausse  et  baisse,  expo¬ 
sées  par  Al.  Olivier,  de  Roubaix,  AI.  Gadel,  de  Bohain  (Aisne),  et  AI  AI.  Mary  et  fils 
aîné,  de  Paris,  que  nous  devons  nous  borner  à  énumérer. 

La  machine  pour  lisage  et  perçage  simultané  de  AL  de  Lessert  est  une  invention 
toute  nouvelle  qui  n’est  pas  encore  entrée  dans  l’industrie.  Elle  nous  a  paru  avoir  assez 
d’importance  pour  mériter  une  récompense  sérieuse.  En  voici  le  principe.  Les  clefs 
des  poinçons  sont  commandées  par  un  sytème  de  leviers  et  de  petites  bielles  au  moyen 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  TISSAGE. 


381 


de  tringles  disposées  en  un  même  plan  horizontal.  Le  papier  quadrillé,  qui  porte  le 
dessin,  s’applique  sur  la  surface  d’un  cylindre  horizontal,  de  manière  que  les  duites 
soient  parallèles  aux  génératrices.  Un  petit  chariot  qui,  par  l’action  d’une  touche, 
se  déplace  pas  a  pas  le  long  du  cylindre,  permet  de  suivre,  au  moyen  d’un  index,  la 
duite,  dont  le  lisage  doit  se  faire.  A  chaque  point  blanc  rencontré  sur  le  dessin  par 
l’index,  on  presse  sur  une  seconde  touche  du  chariot  et,  par  ce  mouvement,  on  repousse 
une  des  tringles  dont  les  bouts  se  trouvent  en  une  ligne  droite  sous  le  chemin  du  cha¬ 
riot.  Le  poinçon  correspondant  est  donc  fermé  et  si,  le  lisage  de  la  duite  fait,  on  perce 
le  carton,  on  obtiendra  des  trous  au  moyen  des  poinçons  correspondant  aux  tringles 
qui  ont  été  repoussées.  En  ramenant  le  chariot  et  les  tringles  a  la  position  primitive, 
on  pourra  procéder  au  lisage  de  la  duite  suivante,  après  avoir  fait  tourner  le  cylindre 
de  l’intervalle  d’une  duite  à  l’autre. 

AL  Mennecke,  de  Paris,  a  exposé  une  petite  machine  remplaçant  utilement  le  perçage 
a  la  main  des  cartes  pour  mécaniques  à  armure  des  métiers  a  tisser. 

AI.  le  comte  de  Sparre,  de  Paris,  a  construit  une  nouvelle  machine  automatique  à 
lacer  les  cartons  Jacquart.  C’est,  dans  le  principe,  une  machine  à  coudre  multiple  et  a 
navettes.  Elle  peut  lacer  plus  de  i5,ooo  cartons  par  jour. 

Al.  Feder,  de  Saint-Dié,  remplace  le  laçage  ordinaire  des  cartons  par  des  charnières 
métalliques  fixées  aux  cartons  au  moyen  d’œillets.  Ce  mode  de  laçage,  revenant  assez 
cher,  ne  pourra  guère  s’appliquer  aux  chaînes  contenant  un  grand  nombre  de  cartes, 
mais  il  sera  utile  pour  les  courtes  chaînes  dont  la  ligature  ordinaire  s’userait  prompte¬ 
ment. 

Parmi  les  expositions  de  navettes,  nous  avons  à  mentionner  en  première  ligne  une 
collection  splendide  de  AL  Orelle,  de  Lyon,  aussi  remarquable  par  la  variété  des  172  mo¬ 
dèles  exposés  que  par  la  qualité  du  travail.  Des  navettes,  de  très  bonne  qualité  aussi, 
ont  été  exposées  par  AL  Ferlât  et  AI.  Coint-Bavarot,  tous  deux  de  Lyon,  et  AL  Emery, 
de  Bolbec. 

La  fabrication  des  taquets  a  été  représentée  par  AL  de  Tayrac,  de  Lille,  et  par  AL  De- 
pïerre,  de  Remiremont.  Les  taquets  en  buffle  pour  haute  chasse  de  ce  dernier  sont  munis 
d’une  attache  métallique  disposée  de  manière  que  le  point  ou  elle  est  fixée  se  trouve  le 
plus  près  possible  du  point  d’attaque  de  la  navette.  En  évitant,  par  ces  arrangements, 
les  coincements  du  taquet  sur  sa  tringle,  on  peut  obtenir  une  marche  plus  douce  et 
plus  sure. 

Parmi  les  fabricants  qui  ont  exposé  des  peignes  et  lisses,  nous  citons  en  première 
ligne  la  maison  Vve  et  fils  de  J.  Carreras,  de  Barcelone,  et  AL  Dinouard,  d’Amiens; 
ensuite  AI.  Fetloyv,  de  Bolbec,  et  AI.  Coint-Bavarot,  de  Lvon.  AL  A^alvis,  de  Lisieux, 
dont  le  nom  se  trouvait  sur  le  catalogue,  n’a  pu  exposer  par  suite  de  l’incendie  de  son 
atelier.  AIAI.  Wuiirman  et  Cie,  a  Zurich,  ont  exposé  des  dents  de  peigne.  MAL  Chaize 
frères,  de  Saint-Etienne,  ont  présenté  au  jury  une  lisse  sans  nœud  formée  par  une 
petite  tresse  de  quatre  bouts  qui,  pour  former  le  maillon,  se  divisent  en  deux  parties 


38*2 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


indépendantes  pour  se  réunir  ensuite  de  nouveau.  Cette  lisse  sans  nœud  a  une  haute 
importance  industrielle ,  et  nous  ne  ferons  que  rendre  justice  à  MM.  Chaize  en  rappelant 
ici  les  témoignages  que  nous  avons  recueillis  en  faveur  de  leur  invention  des  personnes 
les  plus  autorisées,  et  notamment  du  président  de  la  classe  33,  M.  Natalis  Rondot. 

Les  lisses  sans  nœud  ont  seules  permis  l’exécution  des  articles  chargés  en  chaîne ,  et 
elles  s’emploient  également  dans  les  articles  courants,  en  raison  de  l’économie  de  soie 
qu’elles  procurent. 

M.  Dorez,  de  Reims,  a  exposé  un  échantillon  de  lisses  préparées  avec  un  vernis  de 
son  invention,  qui,  d’après  les  certificats  présentés,  possède  des  qualités  appréciables. 

Des  bobines  en  bois  ont  été  exposées  par  MM.  Wilson  brothers,  de  Todmorden 
(Angleterre),  et  par  MM.  Charpillon  père  et  fils,  d’Azincourt.  Si  la  première  maison, 
dont  l’importance  est  généralement  connue,  ne  figure  pas  sur  la  liste  des  récompenses 
de  notre  classe,  c’est  parce  que  le  jury  de  la  classe  54  s’est  chargé  de  l’examen  des 
produits  de  MM.  Wilson ,  les  spécimens  exposés  étant  destinés  en  grande  majorité  au 
service  de  la  filature. 

M.  Papst,  de  Sue,  en  Saxe,  a  exposé  des  bobines  et  cannettes  en  fer-blanc  destinées 
au  tissage  de  la  draperie. 

Dans  le  frein  d’ensouple  de  M.  Lamouret,  à  Fourmies,  l’action  des  leviers  chargés 
de  poids  est  transmise,  directement  et  sans  l’intermédiaire  de  la  friction,  à  l’ensouple, 
par  un  système  assez  ingénieux  de  chaînes  sans  fin.  Pendant  que  l’ensouple  se  déroule, 
les  leviers  restent  toujours  à  leur  place  en  exerçant  une  torsion  constante  sur  l’en- 
souple. 

Nous  terminerons  l’examen  des  pièces  accessoires  pour  tissage  en  citant  le  régula¬ 
teur-compensateur  pour  métiers  a  bras  de  M.  Joubert,  les  ensouples  en  fonte  mince 
de  MM.  Elmering  et  Cie,  de  Rouen,  que  nous  avions  déjà  rencontrés  à  l’Exposition 
de  1878;  les  tambours  extensibles  pour  ourdissoirs  et  encolieuses  de  M.  Waroquier, 
de  Lille,  dont  la  nouveauté  consiste  en  leur  coupe  oblique;  enfin  les  papiers  quadrillés 
pour  la  mise  en  carte,  de  M.  Bellavoine,  de  Paris,  préparés  de  manière  qu’011  puisse 
enlever  le  dessin  avec  une  éponge  mouillée. 


Y III 

MÉTIERS  À  MAILLES. 

O11  a  l’habitude  d’appliquer  l’expression  maille  à  tous  les  orifices  de  quelque  gran¬ 
deur  formés  par  les  fils  d’un  tissu,  et,  suivant  cette  habitude,  on  pourrait  réunir  sous 
la  désignation  tissus  à  mailles ,  les  tulles,  fonds  et  dentelles,  filets  de  pêche,  etc.,  aussi 
bien  que  les  tricots.  Cependant,  en  étudiant  la  constitution  des  mailles,  on  trouvera 
qu’il  faut  distinguer  ces  tissus.  Dans  le  tricot,  la  maille  est  formée  par  un  seul  fil  replié 
sur  lui-même  en  forme  de  boucle,  ce  qui  donne  l’extrême  élasticité  caractéristique  de 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


383 


ce  genre  de  tissu.  Dans  les  autres  tissus  que  nous  venons  d’énumérer,  la  maille  est,  au 
contraire,  constituée  par  deux  ou  plusieurs  fds  qui  se  rencontrent  et  s’enlacent  tout  en 
gardant  une  forme  rectiligne  entre  les  points  de  contact,  et  produisent  des  mailles  po¬ 
lygonales  dont  l’élasticité  n’est  que  très  restreinte.  La  différence  typique  des  deux 
classes  reparaît  dans  l’outillage  servant  à  leur  fabrication.  Nous  les  maintiendrons  sé¬ 
parées  en  réservant  la  désignation  tissus  à  mailles  aux  tricots. 

L’usage  des  tissus  à  mailles  paraît  se  généraliser  de  plus  en  plus.  On  ne  s’en  servait 
naguère  que  pour  les  habillements  de  dessous,  pour  les  chaussettes,  caleçons,  cami¬ 
soles,  etc.;  le  métier  à  mailles  s’était  borné  jusqu’alors  à  remplacer  l’aiguille  à  tricoter. 
Mais,  depuis  quelques  années,  les  tissus  à  mailles  favorisés  par  la  mode  sont  entrés 
dans  des  rayons  qui,  jusque-là,  avaient  appartenu  sans  partage  aux  tissus  à  fils  recti¬ 
lignes.  Leur  qualité  saillante,  l’élasticité,  les  rend  particulièrement  propres  à  la  con¬ 
fection  des  vêtements  collants.  D’un  autre  côté,  en  raison  même  de  cette  élasticité, 
ces  tissus  ne  drapent  pas,  leurs  plis  manquent  de  fermeté.  L’avenir  de  ces  tissus  dé¬ 
pend  exclusivement  de  la  mode.  Cependant  il  y  a  des  genres  où  les  tissus  à  mailles 
conserveront  le  terrain  conquis,  notamment  les  tissus  forts  en  laine,  qui,  après  avoir 
subi  le  foulage,  le  lainage  et  le  tondage,  parviennent  à  se  substituer  au  drap.  La  pro¬ 
pagation  de  ces  étoffes  sera  facilitée  par  un  perfectionnement  de  l’outillage  s’apprêtant 
de  plus  en  plus  à  suffire  aux  exigences  et  au  caprice  de  la  mode. 

L’exposition  la  plus  intéressante  était  incontestablement  celle  de  M.  Emmanuel  Brx- 
torf,  de  Troyes,  membre  du  jury  de  la  classe  55.  Deux  métiers  à  mailleuses  grandes 
et  ordinaires  et  à  excentrique  indépendant  pour  la  reproduction  de  dessins  dans  le 
tissu  à  mailles  unies  ont  particulièrement  attiré  l’attention.  Le  tissu  est  produit  par 
deux  fds  de  couleur  différente,  introduits  simultanément  par  deux  guide-fils,  fixés  l’un 
à  côté  de  l’autre  à  l’extrémité  de  deux  leviers ,  de  manière  à  présenter  les  deux  fils  bien 
parallèlement  sous  les  dents  de  la  mailleuse.  Chaque  fil  n’est  visible  que  sur  l’un  des 
deux  côtés  du  tissu.  Par  un  mouvement  en  sens  contraire  des  deux  leviers,  on  peut 
changer  la  position  des  deux  tubes  guide-fils.  Les  fils  se  mettant  l’un  à  la  place  de 
l’autre,  le  tissu  changera  de  couleur,  et  il  suffit  de  produire  ce  changement  à  des  pé¬ 
riodes  voulues  pour  obtenir  un  dessin  apparaissant  sur  les  deux  faces  en  couleurs  dif¬ 
férentes.  La  commande  des  deux  guide-fils  peut  se  faire  par  un  compteur  ou  tout 
autre  moyen  purement  mécanique.  Le  moyen  le  plus  automatique  et  le  plus  précis 
consiste  à  les  commander  par  un  électro-aimant  dont  le  courant  est  fermé  ou  inter¬ 
rompu  par  le  contact  d’un  style  dont  l’extrémité  repose  sur  un  tambour  métallique 
portant  le  dessin  en  matière  isolante.  Le  cylindre  est  animé  d’un  mouvement  de  rota¬ 
tion,  et  le  style  se  meut  parallèlement  aux  génératrices  du  cylindre.  De  ces  deux  mou¬ 
vements,  l’un  correspond  aux  abscisses  et  l’autre  aux  ordonnées  du  dessin,  c’est-à-dire, 
l’un,  à  grande  vitesse,  dirige  la  formation  des  mailles  consécutives,  et  l’autre,  à  vitesse 
réduite,  celle  des  différentes  rangées.  En  répartissant  ces  deux  mouvements  de  diffé¬ 
rentes  manières  sur  les  deux  organes,  on  obtient  deux  combinaisons  que  nous  avons 


38A 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


vues  appliquées  sur  deux  métiers  différents.  Dans  l’un,  la  rotation  du  cylindre  donne 
les  abscisses;  le  style  est  promené  lentement  le  long  du  cylindre  au  moyen  d’une  vis  à 
pas  croisé;  en  faisant  un  mouvement  de  va-et-vient  correspondant  aux  ordonnées,  il 
produira  les  dessins  se  répétant  symétriquement  le  long  du  tissu.  Dans  l’autre  métier, 
c’est  le  cylindre  qui  donne  les  ordonnées,  et  le  style,  traîné  le  long  du  cylindre  au 
moyen  d’une  chaîne  sans  fin,  fait  le  mouvement  rapide  correspondant  aux  abscisses. 
La  chaîne  doit  être  pourvue  de  plusieurs  styles;  avant  que  le  premier  style  ait  quitté  le 
cylindre,  le  second  doit  être  rentré  par  l’autre  bout,  car  il  faut  toujours  en  avoir  un 
en  contact  avec  le  cylindre.  Cette  combinaison  donne  des  dessins  continus  et  sans  in¬ 
version. 

Ce  principe  est  susceptible  de  beaucoup  de  modifications  intéressantes.  En  chan¬ 
geant  la  vitesse  des  deux  mouvements  simultanément  ou  indépendamment,  on  pourra 
amplifier  ou  réduire  les  deux  dimensions  à  volonté.  En  appliquant  plusieurs  chutes  et 
plusieurs  cylindres  au  même  métier,  on  pourra  obtenir  des  dessins  combinés  et  multico¬ 
lores  aussi  bien  que  les  rayures  verticales  et  horizontales  qui  sont  les  plus  élémentaires. 

Deux  grands  métiers,  ayant  chacun  quatre  grandes  mailleuses  pour  l’emploi  à  sec  de 
la  laine,  sont  pourvus  de  deux  chaîneuses  chacun.  Ces  appareils  sont  destinés  à  intro¬ 
duire  dans  les  jerseys  et  draps  des  fils  auxiliaires  qui,  tout  en  n’étant  attachés  dans  le 
tissu  que  toutes  les  deux  à  quatre  mailles,  sJy  amalgament  plus  ou  moins  étroitement 
par  le  foulage,  en  lui  donnant  de  l’épaisseur.  L’introduction  du  fil  auxiliaire  dans  les 
aiguilles  se  fait  aisément  en  pressant,  non  sur  le  bec,  mais  sur  le  corps  des  aiguilles, 
au  moyen  d’une  roue  dentée  et  en  abaissant  ainsi  l’aiguille  entière  au-dessous  du  ni¬ 
veau  des  autres.  En  coupant  les  boucles  formées  par  le  fil  auxiliaire  au  moyen  de  ci¬ 
sailles  circulaires,  au  fur  et  à  mesure  de  la  fabrication  sur  le  métier  même,  on  obtient 
une  espèce  de  velours  à  l’envers  du  tricot. 

Ces  métiers  sont  pourvus  d’un  avertisseur  pour  les  mailles  coulées.  Une  roue  dentée 
est  disposée  à  la  suite  de  l’abatage,  de  manière  cpie  ses  dents  entrent  dans  les  in¬ 
terstices  des  aiguilles.  En  s’appuyant  sur  le  tricot,  elles  abaissent  les  aiguilles  a  l’ex¬ 
ception  de  celles  dont  les  mailles  sont  coulées;  celles-ci  resteront  par  conséquent  en 
dessus  du  niveau  des  autres  aiguilles  et,  en  les  faisant  lutter  contre  un  levier  très 
léger,  elles  débrayeront  la  mise  en  train  aussi  facilement  qu’un  fil  cassé.  Le  débrayage 
appliqué  par  M.  Buxtorf  dans  ses  métiers  est  complètement  mécanique;  il  ne  laisse 
rien  à  désirer  par  rapport  à  la  promptitude  et  à  la  sûreté  de  son  fonctionnement. 

Un  autre  métier  est  muni  d’un  appareil  automatique  pour  faire  des  rayures  hori¬ 
zontales.  Deux  fils  de  couleur  différente  sont  présentés  alternativement  au  cueillage 
au  moyen  de  deux  guide-fils  mobiles.  A  chaque  changement,  le  fil  qui  ne  fonctionne 
plus  est  coupé  automatiquement  par  une  paire  de  ciseaux. 

Le  même  problème  a  été  résolu  d’une  autre  manière  par  M.  Terrot,  de  Dijon.  Au 
moment  ou  le  changement  doit  ce  faire,  le  fil  coupé  est  noué  avec  le  fil  suivant.  En 
réunissant  plusieurs  bobines  sur  un  revolver  et  en  les  présentant  successivement  au 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  TISSAGE. 


385 


nouage,  on  peut  obtenir  du  rayé  multicolore.  Tous  ces  mouvements  se  font  automati¬ 
quement  pendant  la  marche  et  sans  arrêter  le  métier,  au  moyen  d’un  mécanisme  très 
ingénieux  mais  assez  compliqué.  Si  méritant  que  soit  cet  appareil  au  point  de  vue  de 
la  mécanique,  nous  avons  à  lui  faire,  outre  son  prix  élevé,  un  reproche  assez  grave. 
Quand  le  nœud  tombera  dans  l’interstice  de  deux  aiguilles,  tout  ira  bien;  mais,  toutes 
les  fois  qu’il  entrera  sous  l’aiguille,  celle-ci  risquera  d’être  cassée.  Parmi  les  autres 
métiers  de  M.  Terrot,  nous  mentionnons  encore  un  métier  de  5a  centimètres,  n°  3 G 
en  lin,  comme  remarquable  par  sa  grande  finesse. 

M.  Arthur  Paget,  de  Loughborough  (Angleterre),  inventeur  du  métier  dit  hollan¬ 
dais ,  exposait  deux  métiers  rectilignes.  Un  métier  à  chaîne  attirait  surtout  l’attention. 
Les  passettes  sont  formées  par  de  petites  pièces  de  tôle  d’acier  repliées;  étant  ouvertes 
du  côté  de  devant,  l’introduction  des  fils  de  chaîne  y  est  très  facile,  et  il  en  résulte  une 
économie  de  temps  considérable  pour  le  montage  d’une  nouvelle  chaîne.  La  barre 
portant  les  passettes  ne  fait  qu’un  mouvement  de  va-et-vient  dans  le  sens  de  sa  lon¬ 
gueur,  les  passettes  restant  toujours  en  dessus  des  aiguilles. 

Pour  forcer  les  fils  a  passer  sous  les  aiguilles,  ils  sont,  au  moment  de  l’abatage,  tirés 
en  bas  par  un  système  de  platines  auxiliaires  en  forme  de  crochets.  11  résulte  de  ce 
mouvement  simple  de  la  barre  que  Ton  peut  donner  au  métier  une  très  grande  vitesse. 
La  longueur  des  mailles  dépend  de  la  course  des  aiguilles  et  de  celle  des  crochets 
qu’on  peut  faire  varier  de  manière  a  obtenir  des  mailles  plus  ou  moins  serrées  et  un 
tricot  plus  ou  moins  large.  En  faisant  exécuter  cette  variation  automatiquement  par  la 
machine  elle-même,  on  obtiendra  des  articles  proportionnés  non  par  diminution  ou 
augmentation  du  nombre  des  mailles,  mais  par  serrage  ou  élargissement  des  mailles, 
et  c’est  là  le  point  le  plus  important  de  la  nouvelle  machine.  Le  métier  contenait 
i  ,008  aiguilles  sur  une  largeur  de  2  m.  îo  et  il  faisait  120  tours  par  minute. 

Le  second  métier,  du  type  ordinaire,  se  distinguait  par  de  nouveaux  organes  indé¬ 
pendants  pour  obtenir  des  mailles  ordinaires  ou  fixes  dans  des  proportions  plus  éten¬ 
dues  comme  longueur  et  variété  qu’avec  les  platines  et  les  aiguilles  seules  ordinaire¬ 
ment  employées.  Il  était  disposé  pour  faire  automatiquement  les  diminutions,  travailler 
avec  des  fils  de  grosseur  très  différents  et  renforcer  par  un  fil  auxiliaire  les  parties  des 
articles  qui  s’usent  le  plus  vile. 

Parmi  les  métiers  de  M.  A.  Bonamy,  de  Saint-Just-en-Chaussée,  nous  avons  à  men¬ 
tionner  d’abord  un  métier  rectiligne  pour  fabriquer  les  bas  et  les  chaussettes.  Le 
mouvement  du  cueillage  est  opéré  par  des  chaînes  en  acier  ou  en  fer  qui  remplacent 
les  cordes.  La  vitesse,  qui  est  considérable,  est  ralentie  durant  les  diminutions  au 
moyen  d’un  organisme  très  simple.  Un  métier  rectiligne  à  côtes  pour  tricot  très  fin 
montrait  l’emploi  heureux  des  aiguilles  automatiques  ou  self-acting  sur  la  fonture  ver¬ 
ticale,  ce  qui  simplifie  le  mécanisme  et  permet  de  faire  des  mailles  variées.  Le  comp¬ 
teur  mobile  est  très  complet  et,  entre  autres  avantages,  il  permet  de  faire  de  grands 
ourlets  repliés  d’une  longueur  indéfinie. 

a  5 


G  «ou  p  k  VI.  —  IV. 


386 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Dans  une  série  de  métiers  à  côtes  circulaires  pour  la  fabrication  des  camisoles,  des 
manches,  des  bas,  etc.,  nous  remarquons,  au  double  point  de  vue  de  la  nouveauté 
et  de  Futilité,  l’appareil  pour  produire  automatiquement  de  grands  ourlets  repliés 
d’une  longueur  indéfinie,  aussi  bien  sur  la  côte  deux  et  deux  que  sur  la  côte  ordinaire. 
La  partie  essentielle  consiste  dans  la  diposition  de  petites  platines  auxiliaires  appli¬ 
quées  sur  la  fonture  verticale.  Ce  sont  elles  qui  retiennent  le  tissu  en  maille  unie  pro¬ 
duit  par  la  fonture  verticale  pour  la  confection  des  ourlets  pendant  que  l’action  de 
la  fonture  horizontale  est  supprimée.  Les  compteurs  automatiques  des  métiers  de 
M.  Bonamy  sont  à  mouvement  alternatif  sous  Faction  directe  d’une  came;  il  en  résulte 
une  précision  parfaite  et  une  puissance  pour  ainsi  dire  illimitée  pour  produire  tous  les 
mouvements  désirables. 

M.  Lemaire,  de  Puteaux,  a  exposé  un  certain  nombre  de  métiers  rectilignes.  Le 
mouvement  du  chevalet  de  tous  ces  métiers  se  fait  de  la  manière  ordinaire,  c’est-à-dire 
au  moyen  de  deux  cordes  qui  s’engagent  alternativement  dans  les  encoches  d’un 
disque  tournant.  Nous  devons  surtout  citer  un  métier  3  a  fin  9),  comme  étant  des  plus 
fins  qui  aient  été  faits  jusqu’à  présent.  Si  l’on  voulait  faire  le  cueillage  de  la  manière 
ordinaire  en  appliquant  une  platine  par  aiguille,  il  faudrait,  à  cause  de  la  grande 
finesse  du  métier,  des  platines  très  minces  et  par  conséquent  très  délicates.  M.  Lemaire 
en  a  diminué  le  nombre  de  moitié  en  ne  donnant  qu’une  platine  sur  deux  aiguilles; 
les  platines  peuvent  donc  être  plus  épaisses.  En  formant  les  mailles  en  raison  d’une 
maille  sur  deux  aiguilles,  il  faut  leur  donner  une  longueur  de  fil  double;  au  moment 
de  l’abatage,  la  boucle  se  répartit  très  bien  sur  les  deux  mailles.  Ce  mode  présente 
en  outre  des  avantages,  quand  il  s’agit  de  travailler  des  fils  rigides  comme  certaines 
laines  peignées.  Avec  le  mode  ordinaire,  il  arrive  assez  souvent  que  les  petites  boucles 
s’échappent  au  moment  où  elles  sont  laissées  libres  par  les  platines;  en  les  faisant 
deux  fois  plus  grandes,  elles  se  trouvent  plus  sûrement  pincées  entre  les  aiguilles. 

Un  autre  métier  était  muni  d’un  appareil  permettant  de  broder  et  de  tricoter  en 
même  temps. 

Dans  les  métiers  circulaires  à  mailleuses  ordinaires  de  MM.  Grammont  et  Sirodot,  de 
Troyes,  il  y  a  deux  points  qui  méritent  l’attention.  La  roue  de  presse  est  placée  à 
l’intérieur  de  la  mailleuse;  l’abatage  s’accomplit  donc  presque  aussitôt  que  les  dents 
de  la  mailleuse  abandonnent  le  fil,  ce  qui  garantit  la  régularité  même  dans  le  cas  où 
l’on  travaille  des  fils  très  raides  et  très  élastiques.  Cet  arrangement  a  en  même  temps 
l’avantage  d’occuper  moins  de  place;  on  pourra  donc  monter  un  plus  grand  nombre  de 
mailleuses.  En  second  lieu,  nous  avons  remarqué  un  mécanisme  avec  deux  roues  de 
presse  façonnées  qui  sont  changées  automatiquement  pour  articles  de  fantaisie. 

:l)  Ce  chiffre,  indiquant  la  finesse  des  métiers,  ex-  cren  gros»  en  a  deux.  La  distance  d’une  aiguille  à 

prime  le  nombre  de  aplombs»  contenus  dans  lajauge  l’autre  serait  donc  de  (3  x  1,000  :  36)  :  (3  x  3â) 

do  trois  pouces  métriques  (à  i/36  d’un  mètre).  Le  =  o  m.  087. 
plomb  cren  fin»  contient  trois  aiguilles  et  le  plomb 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


387 


M.  Dégageux,  de  Troyes,  a  exposé  un  certain  nombre  de  métiers  circulaires  qui, 
s’ils  ne  présentent  pas  de  détails  originaux  de  construction,  ont  le  mérite  de  la  variété. 
M.  Dégageux,  dans  ses  métiers,  a  appliqué  le  casse-fd  électrique  de  M.  Richard  dont  la 
particularité  saillante  consiste  dans  les  bains  de  mercure  opérant  les  contacts. 

Le  métier  rectiligne  à  deux  fontures  exposé  par  M.  Gourdin,  de  Montigny,  est  des¬ 
tiné  spécialement  à  la  fabrication  des  gilets  de  chasse.  Les  ressorts  à  boudin  pour  rete¬ 
nir  les  platines  de  cueillement  sont  remplacés  par  de  longs  ressorts  pliants  et  enfour¬ 
chés  sur  les  platines,  leur  donnant  dans  toutes  les  positions  une  grande  sécurité.  Au 
moyen  d’excentriques  latéraux  avec  bossages,  on  peut  donner  un  mouvement  de  droite 
à  gauche  et  vice  versa  à  la  fonture  de  devant  pour  obtenir  automatiquement  des  dessins 
très  variés.  La  diminution  et  l’augmentation  se  font  automatiquement.  Au  moyen  d’un 
guide-fil  articulé ,  ramenant  le  fil  entre  la  première  et  la  seconde  aiguille  de  la  fonture 
mécanique,  on  obtient  des  lisières  régulières  et  correctes  facilitant  la  couture  même 
dans  les  parties  diminuées  ou  augmentées. 

M.  Argellier,  de  Paris,  a  adapté  le  métier  français  à  bras  à  la  fabrication  des  bas 
élastiques  pour  varices.  Toutes  les  trois  rangées,  on  forme  une  série  de  mailles  plus 
longues,  qui,  au  lieu  d’être  abattues  immédiatement  sur  la  rangée  suivante,  sont  en¬ 
levées  des  aiguilles  au  moyen  d’un  peigne  pour  envelopper  le  fil  de  caoutchouc,  ce 
qu’on  ne  pourrait  faire  avec  la  rangée  de  mailles  ordinaires.  Après  avoir  passé  le  fil 
de  caoutchouc,  on  remet  les  longues  mailles  sur  les  aiguilles;  les  deux  rangées  étant 
abattues  simultanément  par-dessus  la  rangée  suivante,  le  fil  de  caoutchouc  se  trouve 
enfermé  entre  elles  sans  déformation  de  la  maille  de  fond. 

Les  machines  à  tricoter,  bien  qu’on  y  retrouve  les  mêmes  principes,  ont  cependant 
un  caractère  spécial,  qui  les  distingue  des  autres  métiers  à  mailles,  ce  qui  n’est  pas 
toujours  facile  a  déterminer  avec  une  précision  mathématique.  Elles  ont  toujours  deux 
fontures  opposées  à  aiguilles  selfactings,  l’écartement  d’une  fonture  à  l’autre  devant 
être  sensiblement  égale  à  la  distance  d’une  aiguille  à  une  autre  de  la  même  fonture. 
L’abatage  se  fait  immédiatement  après  le  cueillage,  maille  par  maille.  La  forme  la 
plus  répandue  est  celle  a  fontures  droites;  les  deux  fontures  travaillent,  ou  simultané- 
|  ment  en  produisant  un  tissu  à  côtes,  ou  alternativement  en  faisant  un  tube  de  tricot 
uni.  G’est  cette  dernière  application,  complétée  par  la  faculté  de  faire  des  diminutions 
I  au  poinçon  a  la  main,  qui  offre  le  plus  d’importance,  puisqu’elle  permet  de  finir  cer- 
!  taines  pièces  d’habillement,  comme  les  bas  et  les  chaussettes,  presque  entièrement  sur 
la  machine.  De  plus,  les  machines  à  tricoter  possèdent,  toutes,  un  caractère  domestique 
(jui  résulte  de  leurs  petites  dimensions  et  de  la  commande  à  la  main.  Cependant  la 
machine  à  tricoter  n’est  pas  devenue,  en  dépit  des  espérances  de  ses  inventeurs,  une 
machine  de  ménage  comme  la  machine  à  coudre.  Son  prix  est  trop  élevé,  puis  sa  ma¬ 
nipulation  demande  beaucoup  d’exercice  et  sa  grande  production  dépasse  de  beaucoup 
les  besoins  d’un  ménage. 

La  ménagère  qui  voudrait  satisfaire  elle-même  aux  besoins  de  sa  famille  n’obtiendra 


388 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


([Lie  des  produits  moins  bien  proportionnés  et  revenant  plus  chers  que  les  articles  de 
fabriques  vendus  même  au  détail. 

Les  machines  de  MAL  Dubied  et  C'e,  de  Couvet  (Suisse),  se  distinguent  parla  con¬ 
struction  et  l’exécution  soignée;  les  organes  sont  interchangeables.  Nous  mentionne¬ 
rons  d’abord  une  grande  machine  marchant  au  moteur,  avec  débrayage  électrique 
agissant  quand  le  fil  casse  ou  lorsque  sa  tension  devient  trop  grande  ou  encore  lors¬ 
qu’un  nœud  se  présente.  Un  compteur  agit  également  sur  ce  débrayage,  après  un 
nombre  de  tours  déterminé  d’avance.  Le  mouvement  du  chariot  se  fait,  comme  dans 
certaines  raboteuses,  au  moyen  d’une  vis  à  grand  pas  et  de  deux  courroies,  dont  l’une 
croisée,  l’autre  ouverte.  Une  autre  machine,  munie  d’une  chaîne  de  cartes  Jacquart 
métalliques,  repoussant  certaines  aiguilles  de  la  fonture  de  derrière  produisait  des 
dessins  sur  des  étoffes  pour  gilets  de  chasse.  Pour  produire  la  côte  avec  des  fdés  de 
qualité  inférieure,  une  autre  machine  est  disposée  pour  le  formage  de  la  maille  dans 
le  crochet  de  l’aiguille,  laquelle  a  conservé  son  ancienne  maille,  sans  la  faire  passer 
derrière  la  bascule.  Cette  maille  se  prête  plus  facilement  au  passage  de  l’aiguille  et  le 
fil  est  moins  fatigué. 

Une  particularité  de  ces  machines  mérite  d’être  signalée  :  les  faces  de  glissement  du 
chariot  sont  indépendantes  des  fontures,  l’huile  de  graissage  ne  peut  donc  pas  monter, 
jusqu’au  tricot  ,  le  long  des  aiguilles. 

Pour  ouvrir  les  bascules  des  aiguilles,  MM.  Dubied  ont  appliqué  récemment,  à 
l’instar  de  ce  qui  s’est  fait  sur  les  métiers  circulaires,  une  petite  brosse  flexible  qui  agit 
avec  autant  de  sûreté  et  plus  de  ménagement  que  le  couteau  métallique  remplissant 
ordinairement  cette  fonction. 

Dans  les  machines  de  la  Hakrisox  Patent  Knitting  Machiné  C°,  de  Manchester,  nous 
avons  remarqué  surtout  de  nombreuses  dispositions  spéciales,  ayant  généralement 
pour  but  de  fabriquer  des  articles  de  fantaisie.  Un  appareil  à  broder  fonctionnait  de 
la  manière  suivante  :  une  barre  portant  des  cames  ou  taquets  pousse  en  haut  cer¬ 
taines  aiguilles,  de  la  fonture  de  devant,  pendant  qu’une  barre  à  passettes  fournit  aux 
aiguilles  ainsi  repoussées  les  fils  a  broder  qui  entreront  dans  le  tricot  aussitôt  que  ces 
aiguilles  seront  abaissées  avec  les  autres  aiguilles  de  la  fonture  de  devant  par  le  cha¬ 
riot.  La  barre  repoussant  les  aiguilles  peut  se  transporter  latéralement  de  la  distance, 
correspondant  a  une  aiguille,  ainsi  que  la  fonture  de  devant.  En  combinant  les  mouve¬ 
ments  de  ces  deux  pièces,  on  pourra  donc  broder  de  petits  dessins  continus  ou  inter¬ 
rompus  de  trois  mailles  de  largeur. 

Une  grande  machine  marchant  au  moteur  possédait  une  double  alimentation  :  les 
deux  chutes  se  suivaient,  soit  dans  le  même  ordre,  soit  alternativement,  de  manière  à 
produire  avec  deux  fds  de  différentes  couleurs  des  rayures  d’une  ou  de  deux  mailles. 

M.  de  Haenens-Gathier,  de  Gand  (Belgique),  a  exposé  plusieurs  machines  courantes 
a  fonture  de  devant  fixe  et  mobile.  A  côté  de  celles-là,  nous  avons  remarqué  une 
machine  à  revolver  à  quatre  couleurs  bien  agencée. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


389 


Une  autre  machine  est  munie  d’un  mécanisme  permettant  de  faire  monter  on  des¬ 
cendre  les  cames  d’ascension  dans  chaque  position  du  chariot  au  moyen  d’un  levier  à 
main.  Avec  cet  appareil,  on  n’a  plus  besoin  de  faire  faire  au  chariot  sa  course  entière 
jusqu’au  contact  avec  les  buttoirs;  en  imprimant  à  la  manivelle  un  mouvement  d’oscil¬ 
lation  de  courte  amplitude,  on  peut  faire  les  tricots  de  largeur  réduite  avec  une  plus 
grande  économie  de  temps  que  par  les  mécanismes  ordinairement  employés. 

M.  Hantz-Nass,  de  Rechesy,  a  tenté  d’économiser  les  frais  de  filature  pour  la  fabri¬ 
cation  des  chaussettes  de  qualité  inférieure  et  de  bas  prix.  Le  filé  est  appliqué  en  forme 
de  mèche,  et,  avant  d’être  cueilli,  il  passe  par  un  rotafrotteur.  Comme  on  ne  peut 
obtenir  par  ce  moyen  qu’une  fausse  torsion  ne  donnant  qu’un  serrement  incomplet  des 
filaments,  le  tricot  produit  ne  sera  pas  très  solide.  De  plus,  le  mouvement,  tout  en 
chargeant  ce  métier  à  la  main,  se  fatiguerait  trop  vite  dans  la  pratique.  Cette  tentative 
est  seulement  ingénieuse,  comme  les  porte-poinçons  extensibles,  de  M.  Hantz-Nass, 
pour  reporter  les  mailles  plus  rapidement,  quelle  que  soit  la  jauge  du  métier. 

M.  Roumegas,  fabricant  de  bonneterie  a  Albi.  a  exposé  une  machine  d’essai.  La 
particularité  la  plus  saillante  de  cette  machine  consiste  à  faire  descendre  complète¬ 
ment,  en  sens  vertical,  la  fonture  de  devant  pour  faciliter  certains  travaux,  comme  par 
exemple  la  rattache  des  talons.  Le  chariot  est  muni  d’une  saillie  appelée  trieur,  ser¬ 
vant  à  ramener  les  aiguilles  dérangées  de  leur  place  dans  une  position  où  leurs  ta¬ 
lons  ne  peuvent  pas  être  brisés'par  les  cames. 

M.  Roumégas  a  réalisé  lui-même  plusieurs  perfectionnements  avantageux  sur  les 
tricoteuses  pour  l’obtention  rapide  des  articles  forts  et  a  mailles  serrées. 

Pièces  détachées  et  fournitures.  —  Les  métiers  à  bonneterie  contiennent  une  quantité 
d’organes  qui,  comme  les  platines,  les  aiguilles,  etc.,  s’y  trouvent  toujours  en  très 
grand  nombre  et  doivent  être  absolument  égaux  entre  eux.  La  fabrication  de  ces 
objets  demande  un  outillage  à  part  et  certains  fabricants  en  ont  fait  une  spécialité. 
Parmi  les  maisons  qui  ont  exposé,  nous  citons  d’abord  MM.  Tatham  et  Ellis,  d’Ilkes- 
tone  (Angleterre)  et  Mmc  veuve  Roger-Dürand,  de  Villeneuve-Saint-Georges,  ensuite 
M.  Godard,  de  Troyes,  dont  les  vitrines  montraient  des  assortiments  très  complets  de 
tous  ces  accessoires. 

M.  R  rochox,  de  Troyes,  s’occupe  principalement  du  découpage  de  précision  des 
platines  et  des  dents  de  mailleuses,  pendant  que  Al.  Vallée,  de  Romilly-sur-Seine,  a 
pour  spécialité  la  fabrication  des  aiguilles  a  chas  fraisés  et  estampés. 

U  serait  inutile  d’appuyer  ici  sur  l’importance  des  appareils  de  sûreté  qui  arrêtent 
automatiquement  le  métier  en  cas  d’irrégularité.  Aussi  le  jury  de  classe  n’a  pas  hésité 
a  proposer  une  haute  récompense  pour  les  débrayages  électriques  de  M.  Radiguet,  d^ 
Paris,  qui,  depuis  leur  première  apparition,  ont  pris  une  grande  extension.  Le  dernier 
perfectionnement  consiste  clans  l’application  d’une  machine  magnéto- électrique  de 
construction  simple  pour  remplacer  les  piles,  dont  l’entretien  cause  toujours  -quelques 


390 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


embarras.  Si  le  jury  de  groupe  n’est  pas  entré  tout  à  fait  clans  les  intentions  du  jury 
de  classe,  c’est  peut-être  parce  cpie  l’on  a  pu  obtenir  aujourd’hui  un  débrayage  très 
susceptible  et  très  sur  par  des  moyens  purement  mécaniques. 

IX 

MÉTIERS  À  DENTELLES. 

MM.  Teniqüe,  Piquet  et  Cie,  de  Calais,  ont  le  mérite  d’avoir  installé  et  fait  fonc¬ 
tionner,  pour  la  première  fois,  un  métier  de  ce  genre  dans  une  exposition.  Il  est,  en 
effet,  très  difficile  de  faire  marcher  une  machine  aussi  complexe  et  aussi  délicate  dans 
les  conditions  défavorables  inhérentes  à  une  exposition,  surtout  au  point  de  vue  de  la 
poussière,  et,  pour  y  parvenir,  il  a  fallu [l'installer  sous  une  grande  vitrine.  Le  métier 
exposé,  du  type  Leavers,  est  un  des  premiers  qui  aient  été  faits,  sur  des  modèles  an¬ 
glais,  en  France;  certaines  pièces  détachées  sont  seulement  de  provenance  anglaise. 
L’innovation  la  plus  importante  se  trouve  dans  le  mécanisme  d’enroulement  qui, 
jusqu’ici,  se  faisait  au  moyen  d’un  rouleau  à  pointes  d’aiguille.  On  comprendra  que, 
pour  un  tissu  de  la  nature  de  la  dentelle,  ce  mécanisme  ne  pouvait  pas  donner  un 
mouvement  très  exact.  Il  était  donc  fort  difficile  de  rabouter  deux  pièces  de  dentelles 
faites  séparément,  le  rapport  entre  les  mailles  et  les  dessins  des  deux  pièces  se  trou¬ 
vant  être  toujours  assez  imparfait.  Le  nouveau  mécanisme  agit  directement  sur  i’en- 
souple  au  moyen  d’un  rochet  à  cliquet  multiple,  dont  le  mouvement  est  changé  en 
raison  inverse  du  diamètre  de  l’ensouple  par  l’intermédiaire  d’un  rouleau  touchant  à 
la  circonférence  de  Fensouple.  On  voit  que  c’est  le  même  principe  que  dans  les  régu¬ 
lateurs  des  métiers  à  soie.  L’égalité  des  mailles  obtenues  par  ce  mécanisme  permet  un 
raboutage  parfait  dont  la  couture  n’est  guère  visible. 

Pour  faire  les  cartes  Jacquart  pour  les  métiers  à  dentelle,  il  faut  que  le  pointeur 
fasse  d’abord  un  barême  d’après  la  mise  en  carte  du  dessin ,  et  c’est  sur  les  indications, 
du  barême  que  les  cartes  sont  percées  au  moyen  d’un  appareil  dit  piano.  Ce  travail, 
assez  délicat  et  pénible,  cause  des  frais  très  considérables  pour  la  mise  en  carte. 
MM.  Cahbonelli  et  Cie,  de  Calais,  se  sont  posé  le  problème  de  les  diminuer  en  con¬ 
struisant  un  appareil  qui  fasse  le  perçage  d’une  manière  économique,  et  évitant 
presque  entièrement  la  possibilité  d’erreurs  en  basant  ce  travail  directement  sur  le 
dessin.  Le  a  pointeur  mécanique  et  perceur  imprimeur?)  exposé  est  le  résultat  de  ces 
efforts.  Le  travail  se  fait  dans  l’ordre  suivant  :  toutes  les  cartes  sont  percées  l’une  après 
l’autre  pour  le  même  fil,  puis  on  recommence  pour  le  second  fd  et  ainsi  de  suite.  Un 
index  est  promené  sur  le  dessin  le  long  du  fil;  son  mouvement  latéral  est  transmis  à 
un  cylindre  qui,  à  sa  conférence,  porte,  dans  un  ordre  déterminé,  différentes  combi¬ 
naisons  de  trous.  En  arrêtant  l’index  sur  un  point  de  liage  et  en  avançant  le  cylindre 
vers  une  rangée  de  poinçons,  ceux  de  ces  derniers  qui  correspondent  aux  trous  du 


391 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


cylindre  sont  laissés  en  place  pendant  que  les  autres  opèrent  le  perçage.  Quand  le 
carton  percé  a  été  remplacé  automatiquement  par  le  suivant,  on  procède  au  perçage 
de  la  nouvelle  carte  en  plaçant  l’index  sur  le  point  de  liage  suivant,  etc.  Lorsque 
toutes  les  cartes  sont  percées  pour  le  premier  fil,  on  déplace  le  cylindre  latéralement 
de  la  distance  qui  existe  entre  deux  rangées  de  trous  sur  la  carte  pour  suivre  de  même 
manière  le  mouvement  du  second  fil.  Le  cylindre  est  surmonté  d’un  disque  portant 
des  caractères  sur  la  circonférence.  Chaque  fois  que  le  cylindre  est  amené  contre  les 
poinçons,  ces  caractères  viennent  s’imprimer  sur  une  feuille  de  papier  se  déroulant 
pas  a  pas.  Ce  barême,  imprimé  par  la  machine  elle-même  pendant  l’opération,  n’a 
d’autre  but  que  de  servir  de  contrôle. 

X 

MACHINES  À  FARRIQUER  LES  FILETS  DE  PÊCHE. 

Deux  de  ces  métiers  figuraient  à  l’Exposition.  Le  montage  de  l’un  d’eux  n’était  pas 
encore  fait,  quand  le  jury  eut  terminé  ses  visites;  nous  n’avons  donc  qu’à  nous  occu¬ 
per  d’un  seul  métier  qui  a  été  exposé  par  la  Compagnie  de  Fives-Lille.  Ce  métier  est 
construit  d’après  les  principes  de  MM.  Galland  et  Chaunier;  il  travaille  avec  des  na¬ 
vettes  pareilles  à  celles  des  métiers  à  dentelles.  Le  mouvement  des  navettes,  cependant, 
est  produit  d’une  manière  différente  :  dentées  à  leur  circonférence  inférieure,  elles 
sont  commandées  par  deux  cylindres  cannelés  à  mouvement  oscillant,  servant  de 
pignons.  Après  l’exécution  de  chaque  rangée  de  mailles,  le  filet  est  entraîné  par  deux 
rouleaux  recouverts  de  caoutchouc  qui  le  font  avancer  de  la  quantité  voulue.  C’est  ce 
qui  détermine  la  longueur  des  mailles.  Pour  faire  varier  cette  dimension,  on  déplace 
un  coulisseau  le  long  du  levier  du  cliquet  qui  commande  par  un  rochet  les  deux  rou¬ 
leaux.  Le  métier  étant  destiné  à  la  fabrication  des  gros  filets,  sa  construction  est 
extrêmement  robuste.  Il  contient  i  5o  navettes;  à  la  vitesse  de  12  tours  par  minute, 
il  produira  donc  108,000  mailles  par  heure,  non  compris  les  arrêts.  La  dimension 
des  mailles  varie  entre  0  m.  20  et  0  m.  70.  La  largeur  des  nappes  varie  dans  la  même 
proportion. 

XI 

MÉTIERS  A  LACETS. 

Quoique  le  produit  de  ces  métiers  se  rapproche  beaucoup  par  sa  contexture  du  tissu 
rectiligne,  il  convient  pourtant  de  les  mentionner  à  cette  place;  car  les  moyens  em¬ 
ployés  dans  ces  métiers  ressemblent  beaucoup,  en  principe,  à  ceux  de  la  fabrication 
des  tulles  et  dentelles,  lacets  et  dentelles  n’étant  au  fond  que  des  formes  différentes  de 
tresses. 


392 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Le  métier  le  plus  intéressant  était  incontestablement  celui  de  l\I.  Sarron,  de  Saint- 
Chamond.  11  est  de  construction  tout  à  fait  métallique.  Les  fuseaux,  au  lieu  d’être 
guidés  par  les  chemins  de  la  table  et  les  pattes  d’oie  comme  d’ordinaire,  sont  fixés  par 
un  verrou  mobile  sur  un  axe  vertical  et  sont  cédés,  après  un  demi-tour,  à  un  axe  voisin. 
Le  frottement  est  presque  nul  et  le  mouvement  très  doux,  ce  qui  permet  d’augmenter  la 
vitesse  jusqu’à  àoo  fuseaux  par  minute. 

M.  I  jAcroix,  d’Arcis-sur-Aube,  qui  dans  ses  établissements  occupe  des  jeunes  filles 
moralement  abandonnées,  à  lui  confiées  par  l’assistance  publique  du  département  de  la 
Seine,  a  fait  fonctionner  un  métier  du  type  ordinaire  adapté  à  la  fabrication  des  lacets 
à  caoutchouc  pour  jarretières. 

M.  Transberger,  de  Paris,  a  exposé  à  côté  d’une  machine  à  lacets  une  machine  pour 
faire  des  bracelets  et  une  autre  pour  tondre  les  pompons. 

M.  Touill  eux,  de  la  même  ville,  avait  installé  un  gros  métier  pour  fabriquer  les 
nattes  pour  semelles  d’espadrille,  un  métier  à  soutaches  et  un  métier  à  tresses  de 
chaussures. 


XII 

MACHINES  POUR  L’APPRET  DES  TISSUS. 

Les  machines  de  cette  catégorie  soumises  à  notre  examen  sont  destinées,  à  peu  d’ex¬ 
ceptions  près,  au  service  de  la  draperie. 

Essoreuses.  —  Un  appareil  de  ce  genre,  exposé  par  AI'1"  veuve  Mathieu  Snoeck,  se 
faisait  remarquer  par  le  mécanisme  de  sa  commande.  Après  un  certain  nombre  de 
tours,  la  courroie  est  renvoyée  automatiquement  sur  la  poulie  folle,  puis,  quelques  ins¬ 
tants  plus  tard,  un  plateau  garni  de  cuir  vient  s’appuyer,  par-dessous,  contre  le  panier 
et  l’arrête  en  quelques  secondes.  MM.  Leclère  et  Damuzeau  père  et  fds,  de  Sedan,  ont 
exposé  une  grande  essoreuse  avec  un  panier  de  î  m.  àoo  de  diamètre. 

Les  fouleuses  ont  été  exposées  en  assez  grand  nombre  par  MM.  Barette  frères,  de 
Romilly-sur-Audelle ,  MM.  Grosselin  père  et  fds,  de  Sedan,  MM.  Leclère  et  Damuzeau 
et  MM.  Crosset  et  Debatisse,  d’Hadimont-Verviers  (Belgique).  Il  y  avait  aussi  des 
foulons  à  maillets  de  formes  diverses.  MM.  Leclère  et  Damuzeau  ont  exposé  un  foulon 
à  chute  libre,  c’est-à-dire  où  les  maillets  étaient  alternativement  levés  par  des  cames 
pour  retomber  ensuite  par  leur  propre  poids.  Un  second  modèle,  où  les  maillets  étaient 
commandés  par  un  arbre  coudé,  avait  une  disposition  spéciale  pour  la  suspension  des 
maillets.  Au  lieu  d’être  fixé  sur  un  levier  dirigé  de  haut  en  bas,  le  maillet  est  guidé 
par  deux  leviers  articulés  fonctionnant  en  dessous,  de  manière  à  ce  que  le  bord  anté¬ 
rieur  de  l’auge  reste  libre  pour  l’entrée  et  la  sortie  des  pièces  de  drap. 

MM.  Grosselin  père  et  fils  ont  exposé  une  fouleuse  à  maillets  de  type  ordinaire,  avec 
cetie  différence  que  les  maillets  sont  au  nombre  de  trois;  les  deux  maillets  extérieurs, 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  1)1  TISSAGE. 


393 


ayant  seulement  la  moitié  de  la  largeur  du  maillet  placé  au  milieu,  marchent  toujours 
dans  le  même  sens,  et  celui  du  milieu  marche  en  sens  inverse;  il  en  résulte  une  action 
complètement  symétrique,  et  la  pièce  ne  peut  jamais  se  placer  obliquement.  Les  mail¬ 
lets  d’une  seconde  fouleuse  de  la  même  maison  sont  pourvus  de  cylindres  pneumatiques 
servant  de  ressorts  comme  ceux  employés  dans  certains  marteaux-pilons. 

Parmi  les  fouleuses  à  cylindres,  nous  mentionnerons  tout  d’abord,  comme  représen¬ 
tant  le  progrès  le  plus  remarquable,  celle  de  M.  Barette.  Il  arrive  assez  souvent  que,  par 
l’irrégularité  de  l’action  du  foulage  sur  les  différentes  parties  du  tissu,  les  duites  soient 
déformées  et  perdent  leur  parallélisme,  ce  qui  est  un  grave  inconvénient  dans  les 
étoffes  à  carreaux  et  autres.  Pour  éviter  ce  défaut,  on  détache  la  pièce  après  quelque 
temps  de  foulage  pour  l’introduire  en  sens  inverse.  La  machine  de  MM.  Barette  permet 
de  produire  ce  changement  de  direction  du  foulage  sens  perte  de  temps  et  de  manœuvre, 
en  changeant  le  sens  de  rotation  du  foulon  même.  La  construction  de  la  machine  est 
complètement  symétrique;  la  commande  se  fait  par  deux  courroies,  l’une  ouverte, 
l’autre  croisée.  Par  une  seule  manivelle,  on  opère  le  déplacement  des  courroies  et  le 
changement  de  marche  des  divers  organes. 

Des  deux  fouleuses  à  cylindres  de  MM.  Grosselin,  l’une,  qui  est  destinée  au  foulage 
des  draps,  est  munie  de  cylindres  en  caoutchouc  durci,  dont  la  surface  se  conserve  en 
bon  état  beaucoup  plus  longtemps  que  celle  des  cylindres  garnis  de  bois.  A  ces  fou- 
leuscs  sont  appliqués  des  compteurs  automatiques  qui  permettent  de  métrer  la  pièce 
sans  interrompre  la  marche  de  la  machine.  L’appareil  Lombard,  exposé  par  la  même 
maison,  sert  pour  le  déplissage  des  draps  en  cours  de  foulage.  Les  draps  doivent  être 
mis  en  forme  de  tubes  au  moyen  de  la  couture  des  deux  lisières,  quand  ils  n’ont  pas 
déjà  cette  forme,  comme  les  jerseys  et  autres  tissus  analogues.  L’appareil  ressemble  à 
un  régulateur  Watt  à  quatre  bras,  dont  l’axe  serait  horizontal.  Les  boules  sont  rem¬ 
placées  par  des  galets.  Le  tube  formé  par  le  tissu  est  retroussé  sur  les  bras  fermés  de 
l’appareil.  Ceux-ci  s’ouvrent  jusqu’à  ce  que  le  tissu  appelé  dans  le  foulon  subisse  une 
certaine  résistance.  La  pression  exercée  par  les  galets  sur  le  drap  produit  un  déplissage 
parfait  à  mesure  que  la  pièce  d’étoffe  entre  dans  l’appareil. 

MM.  Leclère  et  Damuzeau  ont  exposé  une  fouleuse  à  deux  cylindres  pour  articles  de 
Reims  et  une  autre  pour  draps.  Cette  dernière  est  pourvue  de  deux  paires  de  rouleaux 
garnis  de  bois;  la  première  paire,  sans  commande  directe,  est  entraînée  par  la  pièce 
de  drap.  A  l’entrée  se  trouvent  un  rouleau  à  déplisser  et  un  appareil  pour  le  débrayage 
automatique,  pour  le  cas  où  la  pièce  serait  entortillée. 

La  fouleuse  de  MM.  Crosset  et  Debatisse  est  munie  d’un  régulateur  Watt  qui  débraye 
la  machine  quand  sa  vitesse,  en  raison  d’une  trop  grande  résistance  à  la  suite  d’une 
marche  irrégulière,  descend  au-dessous  d’un  certain  point. 

Les  laineuses  exposées  en  assez  grand  nombre  par  AIM.  Grosselin,  MM.  Leclère  et 
Dam  izeae,  et  MM.  P.  et  H.  Bauche,  de  Reims,  étaient  toutes  à  chardons  métalliques. 
Dans  l’espace  de  quelques  années,  un  changement  complet  s’est  fait,  et  le  chardon  vé- 


394 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


gétal  qui,  de  mémoire  d’homme,  a  toujours  servi  au  lainage  des  draps,  a  été  presque 
généralement  remplacé  par  des  garnitures  à  dents  de  bronze.  Ce  remplacement  n’a  pas 
été  sans  difficultés  :  il  a  fallu  notamment  trouver  la  forme  permettant  l’application  de  la 
dent  métallique.  Les  visiteurs  de  l’Exposition  de  1878  se  rappelleront  les  chardons 
métalliques  de  M.  Würth;  c’était  pour  ainsi  dire  une  copie  exacte  des  chardons  végé¬ 
taux.  La  forme  sous  laquelle  le  chardon  métallique  s’emploie  maintenant  est  celle 
d’une  garniture  de  cardes  en  fil  de  bronze  appliquée  sur  des  cylindres.  Si  l’on  voulait 
traiter  le  drap  au  moyen  d’un  cylindre  unique  revêtu  de  cette  garniture ,  on  obtiendrait , 
sous  l’influence  d’une  vitesse  quelque  peu  considérable,  une  action  violente  et  destruc¬ 
tive  pour  la  fibre.  Il  s’agissait  de  rendre  l’attaque  douce  et  élastique  sans  toutefois  di¬ 
minuer  la  vitesse  des  tambours  laineurs  et  en  même  temps  la  production  de  la  machine. 
Le  moyen  ordinairement  employé  pour  résoudre  le  problème  consiste  à  monter  les 
garnitures  sur  des  rouleaux  ou  hérissons  de  petit  diamètre  fixés  sur  la  circonférence 
d’un  grand  tambour  laineur.  En  imprimant  à  ces  hérissons  ou  travailleurs  un  mouve¬ 
ment  de  rotation  indépendant  de  celui  du  grand  tambour,  le  grattage  s’opère  avec  une 
vitesse  égale  à  la  différence  des  vitesses  des  circonférences.  En  diminuant  cette  diffé¬ 
rence  à  volonté,  on  peut  réduire  l’intensité  de  l’attaque  au  degré  voulu,  tout  en  conser¬ 
vant  une  vitesse  considérable  à  l’ensemble  du  système. 

La  laineuse  de  MM.  Bauche  est  a  deux  tambours.  Les  travailleurs,  pouvant  tourner 
librement  autour  de  leur  axe,  reçoivent  leur  mouvement  de  rotation  en  sens  contraire 
à  celui  du  tambour  par  le  contact  de  l’étoffe.  Si  les  travailleurs  étaient  complètement 
libres,  leur  effet  serait  nul;  mais  en  exerçant  sur  leurs  coussinets,  au  moyen  de  ressorts, 
une  pression  réglable  pendant  la  marche,  on  obtient  un  grattage  plus  ou  moins  énergique. 

La  laineuse  exposée  par  MM.  Leclère  et  Damuzeau  est  également  pourvue  de  deux 
tambours.  Le  premier  tambour  est  entouré  de  quatre  paires  de  travailleurs  dont  la  ro¬ 
tation  est  plus  ou  moins  entravée  par  le  serrage  des  travailleurs  de  chaque  paire  l’un 
contre  l’autre.  Le  second  tambour  contient  1 6  secteurs  garnis  alternativement  de  dents 
de  cardes  et  de  plaques  lisses.  En  faisant  varier  la  distance  du  centre  aux  segments  a 
plaques  lisses,  on  peut  diminuer  ou  augmenter  à  volonté  l’action  des  cardes. 

Le  mécanisme  le  plus  parfait  pour  le  réglage  de  travailleurs  est  celui  adopté  par 
MM.  Grosselin  et  appliqué  à  la  plupart  des  laineuses  qu’ils  ont  exposées.  Les  tra¬ 
vailleurs  portent  chacun  une  poulie  à  l’extrémité  de  leur  axe;  l’ensemble  de  ces  poulies 
est  commandé  par  une  courroie  qui  imprime  aux  travailleurs  la  vitesse  voulue.  Dans 
l  un  des  modèles  exposés,  les  i4  travailleurs  sont  commandés  alternativement  par  les 
deux  bouts  au  moyen  de  deux  courroies  indépendantes.  L’une  d’elles  pouvant  donner 
aux  hérissons  une  vitesse  linéaire  plus  grande  que  celle  du  grand  tambour,  et  l’autre 
courroie  leur  imprimant  au  contraire  une  vitesse  plus  faible,  on  obtient  un  lainage  à 
poil  et  à  contre-poil.  Les  vitesses  et  par  suite  l’énergie  du  lainage  peuvent  être  réglées 
au  moyen  de  cônes  à  courroies  permettant  d’obtenir  des  effets  différents. 

La  machine  a  aiguiser  les  garnitures  est  un  accessoire  indispensable  aux  laineuses  à 


.  MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


395 


chardons  métalliques.  Un  appareil  de  ce  genre,  construit  par  MM.  Bauche,  aiguise  les 
travailleurs  au  moyen  d’un  rouleau  à  émeri  animé  d’un  mouvement  de  va-et-vient 
comme  dans  l’appareil  Horsfall.  La  machine  de  MM.  Grosselin,  pour  obtenir  l’aiguisage 
en  pointes  d’aiguille,  procède  de  la  manière  suivante  :  deux  travailleurs,  dont  les 
pointes  sont  enduites  d’un  mélange  d’huile  et  d’émeri  fin,  tournent  l’un  contre  l’autre; 
les  dents  de  l’un  pénétrant  légèrement  dans  l’autre,  elles  s’aiguisent  mutuellement  par 
les  flancs  des  pointes. 

Les  quatre  tondeuses  exposées  (trois  par  MM.  Grosselin  et  une  par  la  Société  vervié- 
toise)  sont  toutes  du  système  longitudinal  ;  il  semble  en  effet  que  le  système  transversal 
soit  sur  le  point  d’être  abandonné. 

La  machine  à  élargir  les  tissus  de  coton  et  de  lin  de  M.  Marcadier,  de  Paris,  imite 
le  travail  à  la  main.  Les  deux  lisières  du  tissu  sont  saisies  par  deux  pinces  garnies  de 
cuir  qui,  en  s’écartant,  produisent  une  tension  dans  le  sens  de  la  trame.  Pendant  que 
les  pinces  s’ouvrent  et  reprennent  leur  première  position,  le  tissu  s’avance  d’une  dis¬ 
tance  un  peu  moindre  que  la  largeur  des  pinces.  On  peut  régler  la  course  des  pinces 
dans  des  limites  étendues  pour  obtenir  des  tensions  plus  ou  moins  fortes.  L’élargisse¬ 
ment  d’une  pièce  de  coton  que  nous  avons  vu  traiter  sur  la  machine  a  été  de  o  m.  o5 
sur  une  largeur  de  o  m.  81,  soit  de  6.2  p.  100;  le  débit  de  la  machine  est  de 
1 0  mètres  par  minute. 

M.  Messmer,  de  Paris,  a  exposé  une  machine  à  humecter  les  tissus  (système  de 
M.  Kron).  Un  grand  nombre  de  jets  d’eau  sont  projetés  contre  une  plaque  inclinée  en 
tôle  de  cuivre  jaune;  l’eau  rejaillit  comme  pulvérisée  et  tombe  sur  le  tissu  pendant  que 
les  grosses  gouttes  sont  recueillies  dans  une  auge.  Le  tissu  passe  a  vitesse  constante 
devant  le  pulvérisateur  qui,  pour  égaliser  son  action,  est  animé  d’un  mouvement  laté¬ 
ral  de  va-et-vient.  Le  réglage  se  fait  d’abord  pour  chaque  jet  d’eau  au  moyen  d’un 
petit  robinet,  ensuite  par  le  conduit  principal  et  finalement  en  faisant  varier  l’angle 
sous  lequel  les  jets  d’eau  viennent  rencontrer  la  plaque  pulvérisatrice. 

Nous  terminons  la  revue  des  machines  pour  les  apprêts  par  la  presse  continue  de 
MM.  Crosset  et  Debatisse.  Cette  presse  est  destinée  à  lustrer  toutes  sortes  de  tissus, 
surtout  les  étoffes  de  laine.  On  produit  cet  effet  en  faisant  passer  le  tissu  entre  un 
cylindre  et  une  auge  chauffés  tous  deux  à  la  vapeur.  Cette  presse  se  distingue  des  appa¬ 
reils  ordinaires  en  ce  que  le  cylindre  tourne  dans  des  paliers  fixes;  de  plus,  c’est  l’auge 
qui,  par  un  mouvement  ascensionnel,  s’approche  du  cylindre.  La  cuvette  repose  sur  un 
sommier  qui  reçoit  son  mouvement  ascendant  de  deux  cames  calées  sur  un  même  arbre 
et  de  deux  bielles  de  longueur  variable  à  volonté.  Par  le  réglage  des  bielles,  on  peut 
facilement  changer  la  distance  entre  l’auge  et  le  cylindre  selon  l’épaisseur  du  tissu  et 
la  pression  que  l’on  veut  obtenir.  En  déplaçant  la  cuvette  latéralement  sur  le  sommier, 
on  proportionne  la  longueur  du  contact  entre  le  cylindre  et  l’auge  à  la  largeur  du  tissu 
et,  au  besoin,  comme  pour  les  draps;  les  lisières  peuvent  être  soustraites  à  l’action  de 
la  presse. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


890 


XIII 

MACHINES  À  BRODER. 

Les  machines  à  broder  étaient  au  nombre  de  six.  Le  type  ordinaire,  créé  par  M.  Heil- 
mann,  était  représenté  par  deux  machines,  Tune  de  M.  0.  Tritscheller,  d’Arbon  (Suisse), 
et  l’autre  de  MM.  Benninger  frères,  d’Uvvyl,  dans  le  canton  de  Saint-Gall.  Cette  der¬ 
nière  est  pourvue  d’un  appareil  pour  faire  le  point  de  mousse.  L’organe  principal  est 
un  peigne  qu’on  peut  avancer  ou  retirer  à  volonté  et  au  moyen  duquel  une  partie  du 
lil  est  retenue  en  forme  de  boucle  sur  l’endroit  du  tissu.  Ces  boucles,  dans  leur  ensemble, 
produisent  un  effet  de  mousse  qui,  appliqué  avec  discrétion,  peut  rendre  de  bons  ser¬ 
vices  pour  des  dessins  riches. 

Une  troisième  machine  de  MM.  Wiesendanger  et  Cie,  de  Bruggen  (Suisse),  appar¬ 
tient  au  même  type;  mais  elle  se  distingue  de  la  machine  ordinaire  en  ce  que  presque 
tous  les  mouvements  se  produisent  automatiquement  :  l’ouvrier  n’a  plus  que  le  panto- 
graphe  a  manier.  C’est  le  mouvement  des  chariots  qui,  dans  le  type  ordinaire,  rend  le 
travail  assez  pénible,  parce  qu’il  est  exécuté  par  l’ouvrier.  La  nouvelle  machine,  au  con¬ 
traire,  pourra  être  conduite  par  des  jeunes  gens  ou  par  des  femmes,  et,  n’ayant  plus  à 
compter  avec  les  forces  de  l’ouvrier,  on  pourra  augmenter  de  beaucoup  la  largeur  de  la 
machine.  D’un  autre  côté,  ces  nouvelles  machines,  exigeant  une  force  motrice,  ne  pour¬ 
ront  plus  être  installées  au  domicile  de  l’ouvrier  :  ce  sont  des  machines  d’atelier.  Le 
problème  à  résoudre  était  assez  difficile;  le  mécanisme  est  très  compliqué,  et  il  serait 
impossible  d’en  donner  une  idée  sans  le  secours  d’un  dessin.  Nous  nous  bornerons  «à 
faire  remarquer  que  la  course  du  chariot  ,  dont  la  longueur  doit  diminuer  avec  celle  du 
fil,  est  limitée  par  la  tension  du  fil  qui  agit  sur  le  mécanisme  au  moyen  d’un  organe 
semblable  a  la  contre-baguette  d’un  métier  renvideur.  C’est  sans  doute  en  raison  de  la 
complication  du  mécanisme  que  la  machine  marche  plus  lentement  que  la  machine 
ordinaire;  il  serait  donc  urgent  de  le  simplifier  pour  augmenter  la  vitesse,  et  par  suite 
la  production  de  la  machine. 

Les  deux  machines  exposées  par  MM.  Saurer  et  fils,  d’Arbon  (Suisse),  étaient  a  fd 
continu,  c’est-à-dire  ffis  aiguilles  travaillent  avec  le  concours  de  navettes  comme  dans 
les  machines  à  coudre.  Elles  étaient  complètement  automatiques.  Au  lieu  d’être  dirigé 
par  un  pantographe,  le  cadre  portant  le  tissu  reçoit  son  mouvement  par  deux  disques 
à  contours  découpés  qui,  par  le  moyen  de  deux  systèmes  de  leviers,  lui  impriment  le 
déplacement,  l’un  pour  les  abscisses  et  l’autre  pour  les  ordonnées  du  dessin.  Quand  ce 
dernier  est  fini,  l’étoffe  est  enroulée  automatiquement  d’une  quantité  égale  à  la  lon¬ 
gueur  du  dessin  et  le  travail  recommence.  Il  va  de  soi  que  ces  machines,  ne  pouvant 
exécuter  que  des  dessins  d’un  nombre  de  points  très  restreint,  ne  sont  pas  appelées  à 
remplacer  les  métiers  ordinaires;  elles  sont  destinées  à  faire  des  genres  assez  étroits, 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE.  397 


entre  autres  certains  articles  qui  se  font  actuellement  sur  le  métier  à  tisser  avec  bro¬ 
cheur. 

L’objet  le  plus  intéressant  de  l’exposition  de  MM.  Sacrer  était  incontestablement  la 
machine  automatique  à  enfiler  les  aiguilles  pour  les  métiers  Heilmann.  Les  aiguilles, 
déposées  dans  une  trémie,  en  sortent  une  à  une  par  le  bas,  le  fil  est  introduit  et  noué 
dans  l’œillet,  coupé  à  la  longueur  de  l’aiguillée ,  puis  les  aiguilles  sont  piquées  sur  un 
plateau  en  bois  garni  de  Hanelle  et  viennent  y  former  des  rangées  comptées.  Le  méca¬ 
nisme  qui  exécute  tous  ces  mouvements  est  des  plus  ingénieux.  La  machine  marche  à 
raison  de  plus  de  5o  tours  à  la  minute  et  son  travail  équivaut  à  celui  de  6  ouvrières. 
(Jette  petite  machine  n’a  pas  seulement  une  valeur  industrielle  :  elle  a  une  certaine 
importance  au  point  de  vue  social.  Dans  les  petits  ateliers,  qui  ne  sont  pas  soumis  a  la 
surveillance  de  l’autorité  publique,  l’enfilage  est  fait  d’ordinaire  par  des  enfants  qui 
sont  attachés  à  ce  travail  monotone  aussi  longtemps  que  les  métiers  à  broder  sont  en 
fonction.  Il  en  résulte  souvent  un  surmenage  des  plus  fâcheux.  La  nouvelle  machine 
pourra  y  porter  remède.  Il  ne  sera  pas  possible  d’en  adjoindre  une  â  tous  ces  petits 
ateliers,  car  la  machine  serait  trop  chère  pour  être  â  la  portée  des  petits  brodeurs.  Ce 
seront  les  fabricants  qui  établiront  ces  machines  et  qui  fourniront  aux  ouvriers  tra¬ 
vaillant  â  domicile  le  fil  déjà  enfilé  dans  les  aiguilles. 

Une  dernière  machine  à  broder  dont  nous  avons  à  parler  est  celle  de  M.  Jules  Deh- 
riey,  de  Paris.  Elle  est  faite  d’après  les  brevets  de  M.  Th.  Klaus  et  représente  un  type 
très  différent  des  autres  machines  à  broder.  Elle  ressemble,  pour  les  principes,  à  celle 
exposée  en  1878  par  M.  Ebneser,  de  Saint-Gall,  mais  elle  en  diffère  beaucoup  par  sa 
disposition.  La  machine  de  M.  Derriey  fait  le  point  de  chaînette  au  moyen  d’aiguilles  â 
crochet,  comme  le  cousobrodeur  Bonnaz.  Les  quatorze  tissus  brodés  à  la  fois  par  les 
quatorze  aiguilles  sont  tendus  horizontalement  sur  des  cadres  disposés  en  trois  étages 
sur  un  chariot.  Les  rails  sur  lesquels  se  meut  ce  chariot  sont  établis  sur  la  plate-forme 
d’un  second  chariot  pouvant  faire  un  mouvement  perpendiculaire  â  celui  du  premier. 
Grâce  à  cette  disposition,  le  chariot  supérieur  peut  être  conduit  dans  toutes  les  direc¬ 
tions  du  plan  horizontal.  L’étage  inférieur  ne  porte  que  quatre  tissus;  la  place  du  cin¬ 
quième  est  occupée  par  une  plaque  de  tôle.  Cette  plaque  se  trouve  pincée  entre  deux 
galets  qui,  par  leur  mouvement  rotatif,  entraînent  la  plaque  et  le  chariot  tout  entier 
dans  la  direction  de  leur  plan  commun.  En  changeant  cette  direction  â  volonté  par  le 
moyen  d’une  manivelle,  l’ouvrier  dirige  le  mouvement  du  chariot  suivant  le  dessin. 
Celui-ci  se  trouve  en  grandeur  d’exécution  sur  une  feuille  de  papier  suspendue  verti¬ 
calement,  qui,  en  passant  au-dessus  d’un  rouleau  porté  par  le  chariot  inférieur,  va  se 
joindre  au  chariot  supérieur.  Le  mouvement  de  ce  dernier  communique  â  la  feuille  un 
mouvement  vertical,  et  en  même  temps  celle-ci  suit  le  mouvement  horizontal  du  chariot 
inférieur.  En  faisant  tourner  la  manivelle  servant  â  diriger  le  chariot,  011  imprime  un 
mouvement  de  rotation  correspondant  â  une  pointe  traversée  par  une  aiguille  et  placée 
vis-à-vis  du  dessin.  La  pointe  marque  la  position  du  chariot  sous  l’appareil  brodeur 


398 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


et  l’aiguille  indique  la  direction  du  mouvement.  En  tournant  la  manivelle  de  manière 
que  l’aiguille  prenne  toujours  la  direction  des  tangentes,  on  parvient  à  faire  passer  les 
lignes  du  dessin  sous  la  pointe  ,  et  les  tissus  sont  animés  d’un  mouvement  correspondant 
sous  les  aiguilles  à  broder. 

La  machine  exposée,  qui  était  la  troisième  construite  sur  ce  système,  ne  travaillait 
pas  régulièrement;  le  jury  n’a  donc  pas  eu  l’occasion  de  s’assurer  de  la  qualité  du 
travail ,  et  il  a  dû  montrer  quelque  réserve  à  l’égard  de  cette  machine  dont  la  construc¬ 
tion  ingénieuse  a  attiré  son  attention. 

M.  Théodore  Fisch,  de  Frogen  (Suisse),  a  exposé  une  série  de  navettes  pour  ma¬ 
chines  à  broder.  Les  constructeurs  ayant  chacun  un  modèle  spécial,  la  fabrication  de 
ces  accessoires  est  assez  variée.  Les  échantillons  exposés  étaient  d’une  bonne  facture. 


XIV 

DYNAMOMÈTRES. 

L’usage  de  constater  par  des  expériences  rationnelles  et  exactes  les  qualités  d’élas¬ 
ticité  et  de  résistance  des  matières  premières  et  des  produits  du  tissage  se  répand  de 
plus  en  plus,  et  c’est  surtout  à  l’initiative  des  administrations  publiques,  les  plus  grands 
consommateurs,  que  nous  devons  le  développement  de  ces  méthodes,  La  nécessité  de 
ces  essais  se  fait  plus  sentir  depuis  que  le  perfectionnement  de  l’outillage  permet  d’em¬ 
ployer  des  matières  premières  d’une  qualité  de  plus  en  plus  inférieure,  sans  nuire  à 
l’apparence  du  produit. 

MM.  Piat  et  Pierrel ,  de  Presle-Saint-Maurice  (Vosges),  avaient  exposé  un  exami¬ 
nateur  mathématique  de  fils.  L’examen  que  le  fil  doit  subir  se  rapporte  tout  bonnement 
a  sa  résistance  et  à  son  élasticité.  L’appareil  nous  a  paru  un  peu  trop  délicat  et  trop 
compliqué  pour  se  bien  prêter  à  un  usage  industriel. 

Le  dynamomètre  de  M.  Perreaux  (Foussard  suce1'),  de  Paris,  sert  à  essayer  les 
tissus,  cordages,  fils  métalliques,  etc.  Il  appartient  à  ce  type  d’appareils  où  l’objet  est 
fixé  par  les  deux  bouts  dans  deux  pinces  ,  dont  l’une  est  entraînée  par  l’écrou  d’une  vis 
pendant  que  l’autre  est  retenue  par  un  ressort.  La  particularité  de  cet  appareil  consiste 
dans  un  mécanisme  qui  remplace  le  coussin  pneumatique  servant  à  adoucir  le  choc  au 
moment  de  la  rupture.  Le  ressort,  retournant  à  sa  position  initiale,  imprime,  au  moyen 
d’une  crémaillère,  de  plusieurs  engrenages  et  d’un  cliquet,  un  mouvement  assez  rapide 
à  un  petit  volant  qui  emmagasine  la  force  produite  par  la  tension  du  ressort  et  ramène 
celui-ci  assez  doucement  à  son  point  de  départ. 

Les  instruments  pour  mesurer  la  résistance  des  tissus  exposés  par  M.  H.  Danzer,  de 
Paris,  sont  fondés  sur  un  autre  principe.  Une  petite  pièce  du  tissu  à  essayer,  mesurant 
seulement  quelques  centimètres  carrés,  est  tendue  entre  deux  disques  annulaires.  Un 
poinçon,  qui  vient  s’appuyer  sur  le  milieu,  exerce  une  pression  de  plus  en  plus  forte 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


399 


sous 


is  l’action  d’un  écrou  et  par  l’intermédiaire  d’un  ressort  à  boudin,  jusqu’à  ce  que  la 
rupture  se  produise.  La  déformation  du  ressort  et  l’avancement  du  poinçon  mesurent 
la  résistance  et  l’élasticité.  Les  chiffres  obtenus  ne  possèdent,  il  est  vrai,  qu’une  valeur 
relative  et  ne  peuvent  pas  être  comparés  à  ceux  obtenus  par  les  dynamomètres  à  traction 
directe.  C’est  un  défaut  théorique  qui  est  contrebalancé  par  des  avantages  pratiques 
très  réels  :  la  manipulation  est  simple  et  n’exige  que  peu  de  temps;  l’essai  peut  se  faire 
avec  les  plus  petits  échantillons;  l’appareil  est  portatif  (le  petit  modèle  se  met  dans  la 
poche)  et  son  prix  est  peu  élevé. 


XV 

LITTÉRATURE  TECHNIQUE. 

Le  jury  du  groupe  VI  a  décliné  de  donner  des  récompenses  aux  publications  techni¬ 
ques.  Nous  n’avons  pas  à  nous  étendre  sur  les  raisons  de  cette  décision.  Cependant 
nous  ne  pouvons  pas  nous  empêcher  de  citer  M.  Edouard  Simon,  rapporteur  du  jury 
des  classes  56  et  5 7  (filature  et  tissage),  en  1878,  qui,  dans  une  occasion  semblable, 
s’exprimait  ainsi  :  «  ...  Il  semblerait  plus  conforme  aux  principes  mêmes  de  l’Exposi¬ 
tion  de  n’exclure  des  récompenses  aucune  œuvre  admise,  lorsque  le  produit,  quelle 
qu’en  soit  l’espèce,  n’est  pas  placé  hors  concours.  » 

Nous  citerons  en  première  ligne  les  Traités  sur  la  fabrication  des  étoffes,  par  M.  Michel 
Alcan,  exposés  par  Mme  veuve  Alcan.  Ces  œuvres  classiques  sont  si  bien  connues  dans 
le  monde  technique  entier,  que  nous  n’avons  pas  besoin  d’insister  sur  leur  mérite. 

Nous  avons  ensuite  à  mentionner  trois  publications  périodiques  :  Le  Moniteur  des 
Jils  et  tissus  et  Le  Moniteur  de  la  teinture ,  de  l’impression  et  du  blanchiment ,  de  la  Société 
anonyme  des  Publications  industrielles,  de  Paris;  puis  le  journal  L’Industrie  textile 
(Société  anonyme) ,  de  Paris,  dont  nous  avons  remarqué  la  collection  complète  depuis 
sa  fondation  en  1 88 5.  Cette  dernière  publication  nous  a  paru  mériter  tout  particulière¬ 
ment  l’attention  du  public  industriel  par  l’abondance  et  la  variété  de  sa  rédaction. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


/i00 


CONCLUSION. 


Arrivé  à  la  fin  de  notre  rapport  ,  il  nous  reste  à  établir  en  quelque  sorte  le  bilan  de 
la  classe  55. 

Avons-nous  besoin  de  rappeler  la  splendeur  inouïe  de  cette  Exposition  dont  l’éclat 
a  rejailli  sur  toutes  ses  parties,  sur  chacun  des  objets  exposés,  et  redirons-nous  l’admi¬ 
ration  ressentie  par  le  monde  entier  pour  une  œuvre  qui,  sans  pareille  jusqu’ici,  ne 
sera  dépassée  que  par  une  prochaine  exposition  à  Paris?  Nous  préférons  rester  dans  le 
cadre  étroit  qui  nous  a  été  tracé  et  rechercher  les  progrès  accomplis  dans  notre  classe 
depuis  1878. 

L’appréciation  en  est  difficile  à  faire  exactement.  Nous  ne  suivrons  pas  les  pessimistes 
qui  prétendent  que  rien  n’a  été  fait,  et  si  le  chemin  parcouru  depuis  la  dernière  étape 
semble  relativement  peu  considérable,  loin  de  nous  en  prendre  a  nos  contemporains, 
nous  aimons  mieux  reconnaître  que  l’héritage  du  passé  est  trop  riche  pour  qu’on  puisse 
l’agrandir  beaucoup  en  dix  ans. 

N’oublions  pas,  d’ailleurs,  qu’une  invention  en  germe  n’est  jamais  appréciée  à  sa 
juste  valeur  par  cela  même  qu’elle  n’a  pas  la  sanction  de  l’expérience  ni  du  temps,  et 
que,  plus  tard,  lorsqu’elle  a  grandi,  quand  elle  a  donné  sa  mesure  par  une  foule  d’ap¬ 
plications  utiles,  la  critique  ne  manque  pas  de  rappeler  que  l’idée  n’est  pas  neuve  et 
qu’il  n’y  a  pas  là  un  véritable  progrès. 

Nous  avons  signalé  dans  noire  rapport  les  innovations  et  nous  ne  voulons  pas  y  re¬ 
venir;  il  est  impossible,  au  moment  actuel,  de  savoir  jusqu’à  quel  point  elles  repré¬ 
sentent  de  vrais  progrès,  c’est  l’avenir  seul  qui  pourra  nous  l’apprendre;  cependant 
nous  sommes  convaincu  que  le  nombre  de  celles  qui  survivront  est  assez  considé¬ 
rable. 

Nous  avons  remarqué  un  progrès  manifeste  en  ce  qui  concerne  la  qualité  des  objets 
exposés;  la  moyenne  de  la  qualité  s’est  élevée.  Tandis  qu’autrefois  la  perfection  sem¬ 
blait  être  le  monopole  d’un  petit  nombre  de  maisons  de  premier  ordre,  nous  avons  vu 
une  série  d’ateliers,  de  dimensions  moyennes  et  même  petites,  entrer  dans  l’arène  avec 
des  produits  de  première  qualité.  Il  va  sans  dire  que  les  grands  ateliers  qui  disposent 
de  plus  larges  moyens  sont  favorisés  sous  bien  des  rapports.  Mais  il  y  a  d’autres  fac¬ 
teurs  dont  il  faut  tenir  compte,  notamment  les  qualités  personnelles  des  chefs;  c’est 
ce  qui  permettra  encore  aux  petits  établissements  d’exister  et  de  prospérer  à  côté  des 
grands.  Il  est  vrai  qu’il  faut  savoir  choisir  son  champ  d’opération  et  se  rappeler  que  les 
buissons  ne  prospèrent  pas  dans  la  haute  forêt.  Les  genres  où  la  quantité  a  une  in¬ 
fluence  prédominante  ne  pourront  être  avantageusement  cultivés  que  par  les  grands 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DU  TISSAGE. 


401 


établissements;  les  spécialités,  au  contraire,  et  les  articles  qui  demandent  des  soins 
particuliers  fourniront  les  débouchés  les  plus  avantageux  aux  petits  ateliers. 

Il  nous  est  souvent  arrivé  qu’on  nous  ait  signalé  comme  innovations  des  mécanismes 
qui,  dans  d’autres  branches  de  l’industrie  mécanique,  étaient  connus  et  appréciés  de¬ 
puis  longtemps.  Si  l’on  suivait  avec  plus  d’attention  les  travaux  et  les  études  de  ses 
voisins,  on  trouverait  souvent  l’occasion  d’apprendre  des  choses  qu’on  pourrait  appli¬ 
quer  utilement  chez  soi.  Rien  ne  peut  mieux  favoriser  cet  échange  entre  les  différentes 
branches  de  l’industrie  que  les  grandes  Expositions,  et  nous  n’hésiterons  pas  à  dire  que 
cette  fécondation  mutuelle  des  idées  est  un  de  leurs  meilleurs  et  de  leurs  plus  im¬ 
portants  résultats. 

Avant  de  poser  la  plume,  nous  avons  encore  à  accomplir  un  devoir  en  exprimant 
nos  sincères  remerciements,  pour  le  concours  qu’ils  nous  ont  prêté  dans  l’exécution  de 
ce  travail,  a  M.  Gustave  Denis,  président  du  jury  de  la  classe  55,  et  à  M.  Buxtorf, 
membre  du  jury,  ainsi  qu’à  M.  Hoffet,  assistant  à  l’Ecole  polytechnique  de  Zurich. 


af> 


fjRODPE  VI. —  IV. 


IMPRIMERIE  NATIONALE. 


' 


■ 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Pages. 

Composition  du  jüry .  35y 

Introduction .  359 

I.  Dévidoirs,  machines  à  doubler  et  à  réunir,  à  retordre,  à  pelotonner,  etc .  36o 

IL  Machines  à  bobiner .  36 1 

III.  Machines  à  ourdir .  362 

IV.  Encolleuses .  363 

V.  Canne  tières .  365 

VI.  Métiers  à  tisser .  366 

VII.  Accessoires  pour  tissage .  38o 

VIII.  Métiers  à  mailles . 382 

IX.  Métiers  à  dentelles .  390 

X.  Machines  à  fabriquer  les  filets  de  pêche .  3gi 

XI.  Métiers  à  lacets . 391 

XII.  Machines  pour  l’apprêt  des  tissus .  392 

XIII.  Machines  à  broder .  396 

XIV.  Dynamomètres . 398 

XV.  Littérature  technique .  399 

Conclusion . .  4  00 


26. 


. 


' 


CLASSE  56 


Matériel  et  procédés  de  la  couture  et  de  la  confection 

des  vêtements 


RAPPORT  DU  JURY  INTERNATIONAL 

PAR 

M.  G.  ALEXIS-GODILLOT 

INGENIEUR  CIVIL 


.  .  '  . 


. 


_  - 


COMPOSITION  DU  JURY. 


MM.  Agnellet  (Parfait),  Président,  fabricant  de  chapeaux  de  pailie  et  de  feutre, 
de  tulles,  crêpes  et  fournitures  pour  modes,  conseiller  général  de  la 

Haute-Savoie . 

Gotendorf  (S.  N.),  Vice-Président ,  constructeur-mécanicien . 

Godillot-Alexis  (G.),  Rapporteur-Secrétaire,  ingénieur  civil ,  médaille  d’or 

h  l’Exposition  d’Anvers  en  i885 . 

Hürtu,  de  la  maison  Hurtu  et  Hautin,  médaille  d’or  h  l’Exposition  de  Paris 

en  1878  . 

Peugeot  (Benjamin),  constructeur-mécanicien,  médaille  d’or  à  l’Exposition 

de  Paris  en  1878 . 

Légat,  suppléant,  ingénieur  civil,  constructeur-mécanicien,  médaille  d’or  à 
l’Exposition  de  Paris  en  1878 . 


France. 

États-Unis. 

France. 

France. 

France. 

France. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  COUTURE 


ET 


DE  LA  CONFECTION  DES  VÊTEMENTS. 

- «aton... - 


La  classe  56  comprend  1 36  exposants,  1 07  Français  et  29  étrangers,  dont  1  h  Amé¬ 
ricains.  Les  exposants  sont  aussi  nombreux  qu’en  1878;  mais  les  machines  à  coudre, 
qui  représentaient  en  1878  le  groupement  le  plus  important,  sont  plus  clairse¬ 
mées. 

Pour  examiner  sans  confusion  ces  objets  si  divers,  nous  suivrons  les  quatre  grandes 
divisions  du  vêtement  :  chapeaux,  gants,  habillements,  chaussures. 

Nous  avons  compris  dans  rhabillement  toutes  les  machines  à  fil  ciré,  poissé,  huilé, 
ne  réservant  à  la  division  suivante  que  les  machines  spéciales  à  la  chaussure. 

MACHINES  POUR  LA  FABRICATION  DES  CHAPEAUX. 

En  1889,  les  exposants  de  machines  pour  la  chapellerie  étaient  peu  nombreux, 
leurs  appareils  ne  présentaient  que  des  perfectionnements  de  détails  sur  les  spécimens 
présentés  en  1878. 

Il  faut  cependant  citer  M.  Chertemps,  de  Paris,  qui  a  envoyé  une  machine  à  couper 
les  poils  de  lapins  bien  combinée. 

L’exposition  de  MM.  Coq  fils  et  Simon,  d’Aix,  renferme  la  collection  complète  des 
machines  employées  dans  la  fabrication  des  chapeaux  de  laine  de  feutre,  bastisseuses , 
sémousseuses,  foulons,  dresseuses,  etc.;  l’emplacement  au  premier  étage  n’a  malheu¬ 
reusement  pas  permis  de  faire  fonctionner  ces  machines,  qui  eussent  plus  vivement 
intéressé  le  public. 

M.  Magaud,  de  Lyon,  présente  une  machine  à  repasser  supprimant  l’ovale  ;  MM.  Lé¬ 
gat  et  Herbet  (France),  la  jolie  machine  à  coudre  les  chapeaux  de  paille  si  remarquée 
à  l’Exposition  de  1878.  Cette  machine  a  été  encore  améliorée  par  l’inventeur,  M.  Légat; 
au  milieu  des  centaines  de  machines  exposées,  c’est  la  seule  machine  à  navette  cousant 
avec  un  seul  fil;  elle  remplit  admirablement  son  objet;  il  semble  impossible  de  la  dé¬ 
passer. 

M.  Durozoi  (France),  MM.  Légat  et  Herbet  produisent  des  presses  hydrauliques 
pour  chapeaux  de  paille  du  même  genre  que  celles  de  1878. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


MO 


OUTILLAGE,  MACHINES  POUR  LA  FABRICATION  DES  GANTS. 

Nous  n’avons  pas  à  signaler  de  grandes  nouveautés  dans  cette  branche. 

Il  faut  citer  cependant  les  emporte-pièces  de  M.  Bonnot  (France),  qui  sont  exé¬ 
cutés  avec  soin. 

Les  machines  à  coudre  les  gants  avaient  fait  leur  apparition  en  1867  avec  l’horloger 
danois  Henricksen;  en  1878,  dix  concurrents  se  présentaient;  cette  fois,  on  relève  deux 
exposants  seulement  :  MM.  Constant  Peugeot  et  C,J  (France),  avec  une  machine  à  coudre 
lés  gants  à  point  de  surjet,  et  M.  Cornely,  avec  une  machine  à  canon  pour  broder  les 
gants.  Ces  deux  machines  font  un  travail  excellent. 

MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  CONFECTION  DE  L’HABILLEMENT. 

Nous  avons  réparti  cet  outillage  en  cinq  classes  : 

i°  Appareils  pour  faciliter  la  prise  des  mesures; 

20  Appareils  pour  réaliser  le  tracé  de  coupe; 

3°  Outils,  machines  pour  la  coupe; 

lx°  Bustes-mannequins  pour  essayer  les  effets; 

5°  Machines  à  coudre; 

6°  Outillage  pour  repasser,  presser  (fers,  carreaux); 

70  Outillage  accessoire,  machines  à  faire  les  boutons,  etc. 

Dans  chaque  groupe,  nous  trouvons  des  perfectionnements  nombreux;  mais  les  trois 
derniers  surtout  présentent  des  innovations  intéressantes. 


APPAREILS  POUR  FACILITER  LA  PRISE  DES  MESURES. 

Trois  exposants  parisiens  :  MM.  Emile  Carnoy,  Couteau,  Trochu,  ont  présenté  des 
appareils  conformateurs  destinés  à  permettre  au  tailleur  de  relever  avec  sûreté  les 
mesures;  M.  Laroutis  expose  un  centimètre  perfectionné. 

appareils  pour  réaliser  le  tracé  de  coupe. 

Les  ouvriers  tailleurs  et  les  professeurs  de  coupe  ont  toujours  figuré  en  grand 
nombre  à  toutes  les  Expositions  depuis  1827.  En  1889,  on  remarque  surtout  des 
tracés  de  coupe  et  des  patronomètres,  c’est-à-dire  des  pistolets  en  bois  ou  en  métal 
permettant  de  dessiner  sur  l’étoffe  les  pièces  du  vêtement  suivant  les  dimensions  données 
par  la  mesure;  huit  concurrents  :  MM.  Couteau,  Delgry,  Fabre,  Farcé,  Gérente,  Nowy, 
Monjou,  Pion,  Vachez,  Vareille. 

MM.  Bentayou,  Fabre,  Serre  (France),  Mme  Dirieckx,  de  Bruxelles,  Mmc  Wingate,  de 


COUTURE  ET  CONFECTION  DES  VÊTEMENTS 


411 


New-York,  présentent  des  méthodes  de  coupe;  MM.  Minister  (Grande-Bretagne)  et 
Taire  (France),  des  publications  périodiques. 

Nous  devons  signaler  une  innovation  :  M.  Michau  et  Mme  Perreard  ont  imaginé  de 
distribuer  à  leurs  abonnés,  non  plus  seulement  des  tracés,  des  patrons,  mais  encore 
des  modèles  en  papier  figurant,  à  une  échelle  réduite,  la  robe,  le  manteau;  de  là 
une  grande  facilité  pour  comprendre,  pour  reproduire  les  toilettes  les  plus  compli¬ 
quées. 

OUTILS-MACHINES  POUR  LA  COUPE. 

Depuis  l’apparition  de  la  scie  à  ruban  (1867),  peu  de  perfectionnements  à  signaler 
dans  cette  industrie. 

Il  y  a  cependant  les  ciseaux  de  coupeur  de  MM.  Bisch,  Ruger  père  et  fils  (France), 
et  les  machines  à  lames  sans  fin,  à  deux  ou  à  trois  poulies,  de  MM.  Bisch,  Lotz, 
Mauny  et  Tiersot  (France). 

Une  combinaison  nouvelle  s’est  produite  dans  les  emporte-pièces  :  M.  Philippe,  de 
Clermont-Ferrand,  au  lieu  de  faire  ses  outils  avec  une  lame  forgée  d’une  pièce,  les 
constitue  avec  des  lames  ingénieusement  agrafées  ensemble. 

MACHINES  À  COUDRE. 

Il  est  difficile  de  décrire  les  machines  à  coudre  sans  rappeler  que  cet  outil  précieux 
est  d’invention  française. 

François  Thimonnier,  né  à  Arbresle  (Rhône)  en  1793,  invente  sa  mécanique  à 
coudre  en  i83o.  Cet  outil,  bien  primitif,  fait  cependant  une  couture  en  point  de  chaî¬ 
nette  très  convenable;  en  1 8 3 1 ,  80  machines  à  coudre  fonctionnent  rue  de  Sèvres, 
1 5 5 ,  à  Paris,  chez  Germain  Petit  et  Cie,  confectionneurs  militaires. 

Ce  n’est  que  quatorze  ans  après  le  brevet  Thimonnier,  que  les  Américains  Fisher  et 
Gibbons  d’une  part,  Elias  Howe  de  l’autre,  entrent  dans  la  voie  tracée  et  créent  les 
premières  machines  à  navette. 

Les  Américains  devaient  développer  rapidement  cette  nouvelle  industrie,  tandis  que, 
dans  le  pays  où  l’idée  avait  pris  naissance,  les  progrès  étaient  extrêmement  lents. 

En  1 8 5 5 ,  en  1867,  l’industrie  française  des  machines  à  coudre  ne  comptait  pour 
ainsi  dire  pas;  mais,  en  1878,  elle  brillait  de  son  plus  vif  éclat. 

A  cette  époque,  on  estimait  que  la  production  française  annuelle  était  de  60,000  ma¬ 
chines,  la  production  totale  du  monde  étant  de  800,000  machines;  mais  bientôt  la 
crise  industrielle  réduisait  singulièrement  cette  industrie  (188 3- 1886),  de  nombreux 
fabricants  abandonnaient  la  partie.  Les  maisons  les  plus  solides,  seules,  résistent; 
la  production  diminue  et  actuellement  nous  ne  pouvons  pas  estimer  à  plus  de  5 0,0 00 
le  nombre  des  machines  fabriquées  annuellement  en  France,  alors  que  la  production 
totale  du  monde  dépasse  largement  le  million. 


412 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Les  maisons  américaines,  les  maisons  anglaises  fondées  par  les  Américains  ont  atteint 
une  puissance  énorme.  Ainsi,  la  Compagnie  Singer  annonce  une  fabrication  annuelle 
de  700,000  machines,  tandis  qu’il  n’y  a  pas  une  fabrique  française  dépassant 
1 0,000  machines. 

Les  fabriques  de  France,  avec  une  production  restreinte,  n’arrivent  à  se  maintenir 
devant  cette  concurrence  formidable  que  grâce  aux  soins  qu’elles  apportent  à  satisfaire 
leur  clientèle,  en  lui  offrant  des  machines  spécialement  étudiées  pour  les  travaux  qu’il 
s’agit  d’exécuter. 

La  cherté  de  la  main-d’œuvre  place  nos  industriels  dans  une  situation  tout  à  fait  défa¬ 
vorable,  vis-à-vis  de  nos  voisins,  dans  la  fabrication  d’articles  où  la  main-d’œuvre  repré¬ 
sente  80  p.  100  de  la  valeur  de  l’objet,  les  droits  de  douane  ou  droits  protecteurs 
étant  d’ailleurs  insignifiants  :  6  francs  par  100  kilogrammes,  soit  0  fr.  60  par  tête  de 
machine. 

Cependant  la  consommation  va  sans  cesse  en  augmentant,  les  machines  se  répandent 
de  plus  en  plus,  les  prix  devenant  plus  bas;  et,  d’un  autre  côté,  des  combinaisons  de 
payement  par  abonnement  permettent  aux  petites  bourses  d’acquérir  cet  outil  indispen¬ 
sable. 

On  estime  la  consommation  de  la  France  à  1  5 0,0 00  machines  par  an;  la  fabrica¬ 
tion  française  représenterait  donc  le  tiers  de  ce  nombre. 

Si,  pour  le  nombre,  nous  sommes  écrasés  par  la  concurrence  étrangère,  nous  pou¬ 
vons  certainement  prétendre  lutter  à  armes  égales  pour  la  qualité  des  produits,  et 
surtout  grâce  à  l’ingéniosité  de  nos  mécaniciens. 

Les  machines  à  coudre  ont  été  perfectionnées  dans  tous  les  détails;  la  forme  du 
bâti  col-de-cygne  est  abandonnée  pour  celle  dite  haut-bras;  les  cylindres  ou  cames  sont 
moins  en  faveur;  les  mouvements  sont  généralement  donnés  par  des  bielles,  par  des 
leviers  à  rotule  ;  le  porte-aiguille  est  encore  fréquemment  actionné  par  un  cœur,  cepen¬ 
dant  la  transmission  par  excentrique  et  bielle  se  répand  de  plus  en  plus.  Les  machines 
à  point  de  chaînette  ne  sont  plus  employées  que  pour  les  coutures  spéciales  (jerseys). 
La  navette  circulaire  au  centre  d’un  crochet  rotatif  triomphe  définitivement.  L’entraî¬ 
nement  a  fait  l’objet  de  recherches  nombreuses;  les  fabricants  sont  arrivés  à  combiner 
des  organes  extrêmement  bien  agencés;  ainsi  la  Compagnie  Wheeler  et  Wilson  a  ima¬ 
giné  un  système  de  coulisse  permettant  les  variations  du  point  et  même  le  changement 
de  marche  comme  dans  les  locomotives.  L’entraînement  par-dessus,  moins  répandu 
que  l’entraînement  à  griffe,  a  donné  lieu,  de  la  part  de  la  Compagnie  Davis,  à  une  créa¬ 
tion  fort  intéressante  :  l’aiguille  elle-même  concourt  à  l’entraînement. 

Les  organes  de  l’embrayage,  les  dévidoirs  sont  commodément  disposés.  Les  tensions 
du  fil  de  dessus,  comme  celui  du  dessous,  sont  mieux  réglées.  Certains  ont  relié  le 
mouvement  du  relèvement  du  pied-de-biche  avec  les  organes  de  la  tension;  lorsqu’on 
relève  le  pied-de-biche,  la  tension  se  desserre  et  Ton  peut  ainsi  retirer  l’ouvrage  sans 
crainte  de  casser  les  fils;  ils  commandent,  d’autre  part,  le  mouvement  de  relèvement  du 


COUTURE  ET  CONFECTION  DES  VÊTEMENTS. 


413 


pied-de-biche  par  un  léger  déplacement  du  genou,  laissant  ainsi  à  l’ouvrière  la  liberté 
de  ses  mains. 

Parmi  les  maisons  étrangères,  la  Compagnie  Wheeler  et  Wilson  tient  toujours  le 
premier  rang;  depuis  1878,  ses  machines  ont  été  perfectionnées  dans  tous  les  détails. 
La  puissante  Compagnie  Singer  produit  maintenant  plus  de  2,000  machines  par  jour; 
viennent  ensuite  les  compagnies  américaines,  New  Home,  White,  Davis,  et  la  compagnie 
anglaise  Howe. 

La  maison  Hurtu  et  Hautin,  avec  la  diversité  de  ses  modèles  sans  cesse  améliorés, 
porte  haut  le  renom  de  la  fabrication  française.  MM.  Constant  Peugeot  et  Cie,  d’Audin- 
court,  présentent  d’excellentes  machines  constituées  avec  des  pièces  interchangeables 
Nous  devons  encore  citer  les  expositions  de  deux  fabricants  parisiens,  la  Compagnie 
française  de  machines  À  coudre  (Vigneron)  et  M.  Leconte. 

La  classe  56  renfermait  un  nombre  considérable  de  machines  pour  travaux  spéciaux; 
les  couseuses  se  rapprochant  de  la  perfection,  les  inventeurs  se  sont  appliqués  a  réa¬ 
liser  des  appareils  exécutant  une  opération  déterminée;  ces  machines  étaient  bien  plus 
nombreuses  qu’à  l’Exposition  précédente,  et  c’est  parmi  elles  que  se  trouvaient  les  mer¬ 
veilles  de  la  classe  56. 


machines  à  point  de  chaînette  simple. 

La  Compagnie  Singer,  de  New-York,  MM.  Hurtu  et  Hautin  ont  envoyé  des  machines 
à  pédale  destinées  à  coudre  la  bonneterie;  ces  machines  ont  une  production  fabuleuse, 
2,000  points  à  la  minute. 

Nous  ne  trouvons  plus  le  point  de  chaînette  que  dans  les  petites  machines  fonction¬ 
nant  à  la  main,  exposées  par  M.  Souchay,  la  Compagnie  française  de  machines  à  coudre, 
de  Paris,  et  par  la  maison  Isidor  Nash,  de  Londres. 

MACHINES  À  POINT  DE  CHAINETTE  DOUBLE. 

MM.  Gotendorf  et  C'e  (France),  continuant  l’excellente  fabrication  de  M.  Goodwin, 
M.  Thomas  (France),  présentent  des  couseuses  système  Grovver  et  Baker,  destinées  à 
coudre  les  jerseys  (couture  élastique). 

MACHINES  À  NAVETTE  ORDINAIRE. 

Plusieurs  exposants  produisent  le  type  bien  connu  de  machine,  la  navette  ayant  la 
forme  d’un  sabot,  le  mouvement  étant  rectiligne,  alternatif,  soit  parallèlement,  soit 
normalement  au  bras.  La  Compagnie  Howe,  MM.  Hurtu  et  Hautin,  M.  Ariol  (Brésil), 
machines  à  pédale;  MM.  Brion  frères,  MM.  Constant  Peugeot  et  Cie,  la  Compagnie  fran¬ 
çaise  de  machines  à  coudre,  machines  à  la  main. 


414 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


La  navette  en  forme  de  sabot  ayant  un  mouvement  alternatif  suivant  un  arc  de 
cercle  est  adoptée  par  de  nombreux  fabricants  :  M.  Garnier  (France),  MM.  Hurtu  et 
Hautin,  la  Compagnie  Patent  manufacturing  (Dorman),  de  Londres,  offrent  des  ma¬ 
chines  genre  Berthier,  Taxe  de  rotation  de  la  navette  étant  parallèle  au  bras,  l'entraî¬ 
nement  étant  généralement  par-dessus. 

La  Compagnie  Howe  (Grande-Bretagne),  dans  sa  dernière  création,  MM.  Brion 
frères  (France),  MM.  Hurtu  et  Hautin,  la  Compagnie  White  (Etats-Unis),  donnent  à 
la  navette  un  mouvement  en  arc  de  cercle  alternatif,  Taxe  étant  vertical. 

Certains  fabricants  :  MM.  Thabourin  (France),  la  Compagnie  française  de  machines 
a  coudre,  la  Compagnie  américaine  de  New  Home,  ont  adopté  le  même  mouvement, 
mais  ils  ont  légèrement  modifié  la  forme  de  la  navette  qui,  au  lieu  de  figurer  un  sabot 
avec  ouverture  sur  le  dessus,  devient  une  sorte  d’obus  cylindroconique,  le  chargement 
se  faisant  par  le  fond.  Cette  disposition  est  empruntée  à  la  célèbre  machine  à  fil  poissé 
de  MM.  Hurtu  et  Hautin  (1878). 

La  Compagnie  Davis  expose  un  nouveau  type  où  l’entraînement  par-dessus  se  produit 
par  une  combinaison  fort  remarquable.  Le  pied-de-biche  existe  toujours,  mais  il  ne  sert 
qu’à  presser  l’étoffe  ;  il  n’est  doué  que  du  mouvement  de  monte  et  baisse ,  tandis  qu’à 
côté  de  lui,  un  pied  vertical  spécial  entraîne  l’étoffe,  et,  d’un  autre  côté,  l’aiguille  elle- 
même  vient  contribuer  à  l’entraînement;  le  porte-aiguille,  subissant  le  mouvement  la¬ 
téral  du  pied  spécial,  fait  avancer  horizontalement  l’aiguille  lorsqu’elle  est  plongée  dans 
l’étoffe;  l’entraînement  est  donc  assuré  d’une  façon  complète,  irrésistible. 

MACHINES  À  NAVETTE  CIRCULAIRE  SUR  CROCHET  OSCILLANT. 

M.  Victor  Lecomte  (France)  est  le  seul  à  produire  ce  genre  de  machine,  Taxe  de  ro¬ 
tation  étant  vertical.  Sa  machine,  bien  connue  sous  le  titre  de  La  Comtesse ,  est  une 
amélioration  du  type  qu’il  exposait  en  1878. 

La  disposition  avec  Taxe  horizontal  réunissait  plusieurs  concurrents  : 

MM.  Brion  frères,  M.  Onfray,  de  Paris,  avec  des  machines  genre  Reimann,  entraî¬ 
nement  par-dessus,  précieuses  pour  la  lingerie;  M.  Isidore  Nash,  de  Londres,  avec 
une  petite  machine  à  main.  La  Compagnie  Singer  a  appliqué  cette  disposition  à  son 
dernier  type,  ainsi  que  la  Compagnie  New  Home  (Etats-Unis),  mais  celle-ci  donne  à  sa 
navette  une  position  tout  à  fait  excentrée  par  rapport  au  crochet. 


MACHINES  À  NAVETTE  CIRCULAIRE  SUR  CROCHET  ROTATIF  (ROTATION  CONTINUE). 

La  navette  circulaire  a  été  le  plus  grand  progrès  depuis  l’invention  de  la  machine  al¬ 
ternative  (Howe,  i846).  Ces  machines  contiennent  plus  de  fil  (économie  de  temps),  les 
mouvements  sont  plus  doux  (économie  dans  la  force  dépensée),  les  aiguilles  sont  plus 
courtes  (moins  de  chances  de  casse).  Enfin  la  navette  circulaire  produit  1 , 5 0 0  points, 


COUTURE  ET  CONFECTION  DES  VÊTEMENTS. 


415 


tandis  que  la  navette  à  mouvement  alternatif  ne  pouvait  dépasser  800  points  à  la 
minute. 

Les  machines  de  la  Compagnie  Wheeler  et  Wilson  dépassent  toutes  les  autres. 

M.  Wilson,  le  fondateur  de  cette  société,  inventeur  de  la  navette  circulaire  (1  85 1), 
créa  dès  le  début  des  machines  parfaites,  et,  grâce  à  l’ingéniosité  des  éminents  méca¬ 
niciens  qui  la  dirigent,  grâce  à  la  perfection  sa  de  fabrication,  cette  maison  est  toujours 
la  première  du  monde. 

En  France,  MM.  Hurtu  et  Hautin  brillent  au  premier  rang;  leur  machine  à  navette 
circulaire  est  digne  de  figurer  à  côté  de  la  machine  précédente  :  le  mouvement  de  dessus 
(porte-aiguille  tendeur)  est  donné  par  une  came.  MM.  Hurtu  et  Hautin  revendiquent 
la  priorité  de  l’invention  du  ressort  de  tension  fixé  à  la  navette  circulaire. 

MM.  Constant  Peugeot  et  C,e  présentent  leur  dernière  création,  rivale  redoutable  de 
la  machine  précédente  ;  un  cylindre  donne  le  mouvement  aux  organes  de  dessous  et  du 
dessus;  le  crochet  qui  porte  la  navette  est  doué  d’un  mouvement  planétaire  destiné  a 
réduire  la  longueur  de  la  bouche. 

La  Compagnie  française  de  machines  à  coudre  a  combiné  un  type  également  bien 
réussi.  M.  Léon  Hachée  produit  une  machine  du  même  genre. 

machines  faisant  le  point  de  zigzag. 

M.  Isidore  Nash,  de  Londres  :  machines  à  zigzag  à  chaînette  ou  à  navette. 

La  Compagnie  Singer  et  la  Compagnie  Wheeler  et  Wilson  :  machines  à  zigzag  à  na¬ 
vette  à  une  ou  deux  aiguilles. 

La  Compagnie  Wheeler  et  Wilson  :  une  jolie  machine  à  faire  les  jours  (zigzag  en 
croix  sur  fils  tirés  à  jour). 

machines  à  boutonnières. 

Ces  outils  firent  leur  apparition  en  1867.  A  cette  époque  déjà,  la  maison  Wheeler 
et  Wilson  offrait  une  combinaison  fort  intéressante  qui  attira  l’attention  du  jury,  mais 
cette  machine,  due  à  l’invention  de  l’habile  mécanicien  J.-A.  House,  était  tellement 
compliquée,  que  la  Compagnie  jugea  inutile  de  la  répandre,  craignant  qu’aucun  ouvrier 
ne  fût  à  même  de  la  réparer,  et,  chose  curieuse,  elle  renfermait  le  principe  des  mouve¬ 
ments  que  nous  allons  retrouver  dans  la  machine  Reece. 

M.  Léon  Hachée  (France),  M.  Isidore  Nash,  la  Compagnie  Singer,  la  Compagnie 
Wheeler  et  Wilson  exposent  des  machines  à  faire  les  boutonnières  pour  la  lingerie. 

La  machine  à  boutonnières  de  la  Compagnie  Singer  travaillait  sur  le  drap,  sur  le 
cuir  :  l’étoffe  est  fixée  sur  une  platine  mobile  qui  se  déplace ,  la  couture  se  fait  tout  au¬ 
tour  de  la  fente,  commençant  par  une  branche  tournant  autour  de  l’œil,  revenant  à 
l’autre  branche.  La  couture  est  à  deux  fils,  l’un  venant  du  dessus  passe  dans  l’aiguille, 
l’autre  en  dessous,  venant  d’un  des  deux  crochets  dont  les  mouvements,  combinés  avec 


416 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


deux  détenteurs,  réalisent  une  sorte  de  point  de  chaînette  double.  Cette  machine  sem¬ 
blerait  parfaite  sans  la  présence  de  la  suivante. 

La  machine  système  Reece  est  fabriquée  par  la  Compagnie  américaine  Interna¬ 
tional  Button  Hole.  La  fente  étant  découpée,  la  couture  commence  aussitôt,  l’étoffe 
reste  fixe,  les  organes  cousants  se  déplacent.  Le  point  est  une  sorte  de  chaînette  double 
croisée  a  deux  fils.  L’aiguille  du  dessus  est  droite;  celle  du  dessous,  courbe,  traverse  la 
fente,  présente  au-dessus  une  boucle  que  traverse  l’aiguille  droite  en  descendant.  Cette 
aiguille  traversant  l’étoffe  présente  à  son  tour  une  boucle  à  un  crochet  logé  en  dessous, 
ayant  un  mouvement  horizontal;  l’aiguille  courbe  vient  également  traverser  cette  boucle, 
et  ainsi  de  suite.  Un  troisième  fil  plus  gros,  fourni  par  une  bobine  placée  sur  la  table, 
sert  de  fil  de  garnissage  (milanaise)  autour  de  la  fente,  pour  donner  du  relief. 

Cette  admirable  machine  fait  un  ouvrage  irréprochable,  malgré  la  complication  des 
organes;  elle  est  solide  et  pratique,  elle  fait  6  boutonnières  à  la  minute;  une  ouvrière 
conduisant  deux  outils  produit  3,ooo  boutonnières  (dessus  de  bottines  de  femme)  en 
dix  heures,  c’est-à-dire  le  travail  de  dix-huit  ouvrières. 


EVENTAILLEUSE-BRODEUSE  AUTOMATIQUE  DE  DARRACQ  (p.-ALEXANDRe). 

Il  s’agit  de  réaliser  l’espèce  de  broderie,  en  forme  de  palmette,  qui  retient  le  bout 
des  baleines  des  corsets;  c’est  une  sorte  de  zigzag,  le  point  ayant  une  longueur  décrois¬ 
sante. 

Les  organes  de  la  couture  sont  ceux  d’une  machine  à  coudre  ordinaire,  à  navette 
circulaire,  sur  crochet  oscillant,  l’axe  de  rotation  étant  horizontal. 

Le  bâti,  comme  celui  de  toutes  les  machines,  se  compose  d’un  bras  supérieur  por¬ 
tant  l’aiguille,  d’un  bras  inférieur  portant  la  navette;  ces  deux  bras  reliés  par  une  sorte 
de  colonne.  Mais,  ici,  cette  colonne  est  traversée  par  un  axe  vertical  autour  duquel  elle 
peut  prendre  un  mouvement  d’oscillation  ;  d’un  autre  côté ,  le  bâti  se  prolonge  à  l’arrière 
par  une  sorte  de  queue ,  laquelle  subit  l’action  d’une  came  à  axe  horizontal  normal  à  la 
position  moyenne  du  bâti.  Cette  came,  portée  parla  table,  présente  une  rainure  creusée 
dans  sa  surface  cylindrique,  figurant  des  ondulations  étudiées.  On  conçoit  que  la  rota¬ 
tion  de  la  came  donne  à  l’avant  de  la  machine,  c’est-à-dire  aux  organes  cousants,  le  dé¬ 
placement  en  zigzag  désiré. 

L’entraînement  se  fait  dans  le  sens  normal  au  zigzag,  c’est-à-dire  dans  le  sens  de  la 
position  moyenne  du  bras,  grâce  à  deux  roues  d’entraînement  séparées  l’une  de  l’autre, 
actionnées  toutes  deux,  laissant  entre  elles  le  passage  des  organes  de  la  couture. 

Tous  ces  mouvements  sont  automatiques;  on  obtient  à  volonté  des  points  longs  ou 
courts  par  le  réglage  du  mouvement  horizontal  d’oscillation,  en  faisant  varier  la  lon¬ 
gueur  du  bras  de  levier. 

On  réalise  l’écartement  variable  des  points  d’éventail  en  réglant  l’entraînement. 
L’appareil  s’arrête  dès  que  l’éventail  est  terminé.  Pour  broder  des  éventails  inverses,  il 


COUTURE  ET  CONFECTION  DES  VETEMENTS. 


U\1 


suffit  de  tourner  dans  l’autre  sens  :  on  produit  donc  à  volonté  des  éventails  à  droite  et  a 
gauche.  Le  changement  de  la  came  permet  de  modifier  le  dessin.  Cette  machine  rem¬ 
place  dix  ouvrières;  elle  fait  le  plus  grand  honneur  à  M.  Alexandre  Darracq. 

MACHINES  À  BRODER. 

A  l’Exposition  de  1867,  apparaissent  les  premières  machines  a  broder;  c’est  l’in¬ 
vention  du  célèbre  entraîneur  universel  de  Bonnaz  (1 863)  qui  ouvrit  cette  voie  féconde, 
où  les  fabricants  français  ont  conservé  la  suprématie. 

M.  Bonnaz  présente  son  couso-brodeur  ;  MM.  Hurtu  et  Haütin,  leur  bras  brodeur, 
suspendu  en  l’air,  permettant  de  réaliser  des  dessins  sur  une  étoffe  tendue  (appareil 
déjà  produit  en  1878). 

M.  Godart,  de  Lyon,  imite  «la  Bonnaz  »,  mais  avec  le  mouvement  en  dessous. 

La  Société  mercantile  (Paris)  a  acccompagné  la  machine  d’un  pantographe  :  l’ou¬ 
vrière,  suivant  le  dessin  avec  une  pointe,  déplace  une  sorte  de  tambourin  sur  lequel 
est  tendue  l’étoffe;  la  couture  se  trouve  ainsi  reproduire  le  modèle. 

M.  Cornely  avait  une  collection  absolument  remarquable.  M.  Cornely,  autrefois  le 
concessionnaire  de  Wilcox  et  Gibs,  de  Bonnaz,  a  créé,  a  Paris,  un  atelier  exécutant  les 
pièces  mécaniques  avec  une  précision  mathématique. 

Son  génie  inventif  Ta  conduit  à  adapter  au  couso-brodeur  des  combinaisons  nou¬ 
velles,  réalisant  tous  les  points  de  broderie  imaginables,  de  telle  sorte  qu’on  ne  peut 
croire  que  c’est  une  machine  à  coudre  qui  produit  ces  dispositions  savantes ,  ces  reliefs , 
les  imitations  de  velours  de  Gênes,  etc. 

Les  principales  brodeuses  de  M.  Cornely  sont  des  machines  à  soutacher,  en  dessous , 
en  dessus;  la  festonneuse  Cornely  (sorte  de  zigzag);  la  machine  a  festonner  à  plusieurs 
aiguilles  produit,  avec  un  seul  fil  et  trois  aiguilles,  trois  rangs  de  chaînettes  parallèles. 

La  machine  a  ciseaux  fait  une  couture  imitant  la  peluche  (la  boucle  est  coupée  à 
chaque  point  par  une  paire  de  ciseaux). 

La  machine  à  deux  fils  produit  le  point  de  ganse  ou  de  cordonnet  (la  ganse  tourne 
autour  de  la  couture  et  cache  la  chaînette). 

Dans  la  machine  à  trois  fils,  un  troisième  fil  arrive  par  un  tube  central;  on  obtient 
les  effets  les  plus  variés  en  modifiant  les  trois  éléments  de  la  couture. 

Ces  trois  combinaisons  sont  nouvelles;  elles  ont  valu  à  M.  Cornely  les  félicitations 
unanimes  du  jury. 

machines  a  découper  la  broderie. 

Nous  devons  ranger,  parmi  les  machines  accessoires  à  la  broderie,  la  nouvelle  ma¬ 
chine  de  MM.  Constant  Peugeot  et  C'e,  découpant  la  broderie  de  Saint-Gall.  Un  petit 
ciseau  droit,  battant  2,000  oscillations  a  la  minute,  vient  croiser  une  lame  fixe.  Ces 
organes  de  coupage  sont  fixés  à  l’extrémité  d’une  tige,  suspendue  au  sommet  d’une 


Groupe  VI.  —  iv. 


IMPRIMERIE  NATIONALE, 


418 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


colonne,  de  sorte  qu’on  peut  promener  le  ciseau  tout  autour  du  dessin,  pendant  que 
les  oscillations  données  par  la  pédale  produisent  le  découpage;  le  bout  de  l’outil  est 
arrondi,  et,  par  surcroît  de  ménagement,  la  table  sur  laquelle  est  tendu  le  tulle  est 
recouverte  d’une  feuille  épaisse  de  caoutchouc. 

MACHINES  EXÉCUTANT  DIVERS  TRAVAUX. 

MM.  Hurtu  et  Hautin  présentent  à  nouveau  leur  machine  à  piquer  les  couvre-pieds 
déjà  aperçue  en  1878; 

M.  Onfray,  une  machine  à  bras  d’équerre  pour  coudre  les  devants  de  chemise  ; 

La  Compagnie  Lachman  Overseaming,  de  Londres,  une  machine  à  coudre  les  sacs 
(surjeteuse  cousant  avec  un  très  gros  fil); 

M.  Rothenburger,  de  Troyes,  une  surjeteuse  pour  la  bonneterie; 

La  Compagnie  américaine  Tillinghast  Supply,  une  machine  à  faufiler  les  toiles  (chaî¬ 
nette  grossière)  avant  leur  immersion  dans  les  cuves  pour  la  teinture  ou  le  blanchiment; 

La  Compagnie  Singer,  une  machine  à  assembler  les  lés  de  moquette  (brevet  Grisel). 

La  collection  de  la  Compagnie  Wheeler  et  Wilson  était  complétée  par  des  machines 
étudiées  pour  les  travaux  de  lingerie,  telles  que  machines  à  deux  aiguilles  faisant  des 
coutures  parallèles,  machine  à  rabattre  la  couture,  la  manche  étant  déjà  fermée,  etc. 


MACHINES  À  COUDRE  AU  FIL  CIRE,  POISSE,  HUILÉ. 

MM.  Hachée,  Constant  Peugeot  et  Cie,  Singer,  Hurtu  et  Hautin  exposent  de  fortes 
machines  pour  coudre,  au  fil  ciré,  au  fil  poissé,  les  articles  de  sellerie  ou  d’équipe¬ 
ment  militaire,  les  dessus  de  chaussure.  Généralement,  le  fil  se  poisse  sur  la  machine 
même  en  passant  dans  un  bassin  chauffé  au  gaz  contenant  la  poix  additionnée  de  ma¬ 
tière  grasse,  ou,  si  le  fil  est  poissé  à  l’avance,  il  traverse  un  bain  de  graisse  destiné  à  le 
rendre  plus  souple.  L’intervention  de  cette  matière  grasse  est  fort  nuisible  :  elle  favorise 
l’absorption  par  le  cuir  de  la  poix  destinée  à  protéger  le  fil. 

La  forte  machine  de  MM.  Hurtu  et  Hautin ,  destinée  à  coudre  des  épaisseurs  de  cuir 
atteignant  27  millimètres,  si  remarquée  à  l’Exposition  de  1878,  est  la  seule  où  le  fil 
poissé  à  l’avance  soit  employé  tel  quel ,  sans  addition  de  matière  grasse.  Cette  machine 
n’a  pas  été  dépassée.  Une  alêne  perce  le  trou  dans  lequel  l’aiguille  vient  pénétrer;  le  fil 
remplit  bien  le  vide  (une  aiguille  crochet  ferait  un  trou  plus  gros);  la  navette  a  la  forme 
d’un  obus  sans  pointe;  elle  a  un  mouvement  rectiligne  alternatif  dans  un  tube  (coulis¬ 
seau)  parallèle  au  bras.  Le  tube,  dont  le  bord  forme  un  crochet,  est  animé  d’un  mouve¬ 
ment  oscillant;  le  coulisseau  isole  complètement  la  navette  du  contact  de  la  poix,  et 
évite  ainsi  l’encrassement.  Le  serrage  du  fil  parfaitement  réglé  est  bien  plus  énergique 
qu’à  la  main. 

M.  Victor  Leconte,  de  Paris,  présente  à  nouveau  sa  machine  à  fil  huilé  pour  coudre 


COUTURE  ET  CONFECTION  DES  VÊTEMENTS. 


419 


les  bâches;  les  deux  aiguilles  réalisent  deux  coutures  parallèles  (deux  navettes  circu¬ 
laires,  mouvement  oscillant  autour  d’un  axe  vertical). 

DISPOSITIONS  DE  PEDALES  POUR  EVITER  LA  FATIGUE. 

MM.  Constant  Peugeot  et  C'c,  M.  Guitteau  se  rencontrent  dans  une  combinaison  du 
meme  genre  :  le  mouvement  est  donné  par  le  déplacement  horizontal  de  chaque  pied 
agissant  séparément  en  sens  contraire  (mouvement  de  balancière). 

M.  Bâcle,  de  Paris,  nous  montre  une  pédale  magique,  invention  de  Bourdin,  déjà 
vue  en  1 878  ;  un  volant  emmagasine  la  force  vive. 

M.  Dohis  emmagasine  la  force  vive  dans  un  ressort  en  spirale. 

Ces  combinaisons  ingénieuses  n’ont  pas  eu,  jusqu’à  présent,  le  succès  qu’on  en  atten¬ 
dait  :  l’interposition  de  nouveaux  organes  donne  lieu  à  de  nouveaux  frottements  qui 
font  perdre  une  partie  des  avantages  cherchés. 

M.  Dupont  (Camille)  [France],  a  imaginé  un  banc  de  machine  pour  marcher  au  moteur. 

Nous  devons  remarquer  que,  généralement,  les  machines  françaises  sont  munies  de 
deux  pédales  à  mouvement  alternatif,  tandis  que  les  machines  étrangères  introduites, 
probablement  par  raison  d’économie,  sont  généralement  munies  d’une  pédale  unique. 

BUSTES  ET  MANNEQUINS  POUR  ESSAYER  LES  EFFETS. 

C’est  à  l’Exposition  de  1849  qu’apparaît  le  premier  mannequin;  depuis  lors,  cette 
industrie  s’est  largement  développée,  surtout  depuis  l’exposition  dernière.  Il  n’est  pas 
de  ménagère  qui  n’ait  son  buste,  accessoire  presque  obligé  de  la  machine  à  coudre. 

Une  grande  ingéniosité  a  été  dépensée  pour  combiner  des  mannequins  articulés  ex¬ 
tensibles,  permettant  avec  un  seul  appareil  de  suivre  les  variations  du  corsage.  Certains 
mêmes  permettaient  de  suivre  les  modifications  dues  à  la  grossesse. 

Cinq  exposants  se  présentaient  : 

M.  Boussut  (de  Bruxelles); 

MM.  Martins  et  Torres  (Brésil); 

M.  Monier,  Mme  veuve  Lavigne,  Ml!e  Merle,  M.  Stocoian  (de  Paris). 

Ces  deux  derniers  avec  les  collections  les  plus  remarquables. 


OUTILLAGE  POUR  REPASSER,  PRESSER  LES  ETOFFES  (fERS,  CARREAüx). 

Des  fers,  des  carreaux  chauffés  au  bois,  au  gaz,  au  pétrole,  étaient  présentés  par 
six  fabricants  français  : 

MM.  Grino,  Huguenin; 

MM.  Hürtu  et  Hautin; 

Mmc  veuve  Jay; 


27. 


420 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


MM.  Ruger  père  et  fils; 

M.  Victor  Sarriot. 

Le  fer  de  MM.  Hurtu  et  Hautin  chauffé  au  charbon  de  bois  est  le  mieux  étudié. 

M.  Sarriot  présentait  une  innovation;  son  carreau  est  fixé  à  l’extrémité  d’une  longue 
bielle  suspendue  à  un  point  fixe  élevé  (potence).  L’étoffe  se  trouve  pressée  entre  le  car¬ 
reau  et  la  table.  Cette  dernière  étant  remontée  par  le  mouvement  du  pied  (pédale) 
produit  un  serrage  énergique,  sans  fatigue  pour  l’ouvrier. 


OUTILLAGE  ACCESSOIRE. 

La  Compagnie  française  de  machines  à  coudre  exposait  une  machine  à  plisser; 
MM.  Hurtu  et  Hautin,  M.  Notelle,  des  machines  à  plier  des  biais  de  laine  pour  la 
fabrication  des  corsets;  M.  Eaton  (Etats-Unis),  un  cadre  a  plisser;  M.  Kerby  Beard 
(Grande-Bretagne),  MM.  Mercier-Leclerc,  Krumnow (France),  des  petits  outils ,  aiguilles, 
enfile-aiguille ,  etc.;  M.  Rubatto,  une  machine  à  enfiler  les  perles,  dont  la  création  a 
certainement  donné  beaucoup  de  peine  à  son  inventeur. 

MM.  James  Gotendorf,  M.  Scherding,  se  sont  rencontrés  en  étudiant  un  petit 
outillage  pour  faire  soi-même  les  boutons  d’étoffe. 

Grâce  à  cette  innovation,  la  fabrication  des  boutons  d’étoffe  qui  se  trouvait  être  l’apa¬ 
nage  du  fabricant  de  boutons  va  passer  entre  les  mains  du  tailleur;  le  consommateur  y 
trouvera  son  compte  en  ayant  plus  de  facilité  pour  rassortir  un  bouton  manquant. 

MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  FABRICATION  DES  CHAUSSURES. 

Il  y  a  une  quarantaine  d’années  que  des  machines  sont  intervenues  dans  la  fabrica¬ 
tion  des  chaussures.  Les  Américains  prennent  une  part  considérable  dans  la  création 
de  cet  outillage.  Dès  i  834,  ils  imaginent  une  machine  à  cheviller,  peahing  machine,  qui 
apparaît  à  l’Exposition  de  1 8  5  5  ;  Lyman  Reed  Blake  invente  sa  machine  à  coudre  les 
semelles  en  1859.  En  1878,  ils  présentent  une  collection  complète  de  machines  pour 
faire  la  chaussure  de  toutes  pièces;  les  machines  du  finissage  sont  particulièrement  in¬ 
téressantes. 

Les  inventions  françaises  sont  également  nombreuses  : 

La  machine  à  cambrer  les  tiges  fut  produite- en  1 8 3 6  par  Simon,  corroyeur  à  Paris; 
en  1 85 6 ,  Sellier  combine  la  machine  à  visser  qui  a  servi  de  type  aux  machines  ac¬ 
tuelles;  en  1 8 5 5  ,  J. -P.  Mollière,  de  Lyon,  prend  un  brevet  pour  un  appareil  à  dresser 
et  à  polir  les  lisses  et  les  talons;  la  machine  à  dresser  les  lisses  était  une  fraise;  la  ma¬ 
chine  à  polir,  un  disque  en  métal  tournant  rapidement  et  chauffé  intérieurement. 
Dès  1860,  tout  un  outillage  mécanique  était  en  fonctionnement  dans  les  ateliers  de 
M.  Alexis  Godillot  pour  la  préparation  des  pièces,  l’estampage  des  semelles  et  pour  le 
finissage  (fraise,  toupie),  dans  la  fabrication  des  chaussures  militaires. 


COUTURE  ET  CONFECTION  DES  VÊTEMENTS. 


m 


A  l’Exposition  dernière,  nous  retrouvons  les  mêmes  outils  déjà  exposés  en  1878, 
mais  améliorés,  et  deux  nouveautés  :  les  machines  à  monter  et  les  machines  à  coudre 
les  semelles  en  trépointes. 

Nous  étudierons  les  objets  exposés  suivant  la  classification  ci-après  : 

Patrons,  tracés  de  coupe. 

Petit  outillage. 

Outils  pour  découper,  emboutir. 

Formes. 

Machines  à  cambrer. 

Machines  à  apprêter,  à  assembler,  à  piquer  les  dessus. 

Machines  à  monter. 

Machines  à  coudre  les  semelles  :  i°  couture  de  part  en  part;  q°  deux  coutures  (tré- 

Machines  à  visser. 

Machines  à  estamper,  à  poser  les  talons,  à  poser  les  bons  bouts. 

Machines  du  finissage  :  à  fraiser,  à  verrer,  à  polir  (déformer)  les  lisses  et  les  ta¬ 
lons,  etc. 

Opérations  sur  la  chaussure  presque  terminée  :  machines  à  faire  des  coutures  (border, 
réparer),  machine  à  poser  les  œillets,  etc. 

Objets  accessoires. 

PATRONS. -  TRACÉS  DE  COUPE. 

Trois  exposants  présentent  des  séries  de  patrons,  de  tracés  pour  la  chaussure: 
MM.  Olender,  Quantin,  Ratouis  ;  ce  dernier  est  le  vétéran  des  patronniers  de  Paris. 


PETIT  OUTILLAGE. 

MM.  G  urtat  et  Guespin,  Hurtu  et  Hautin,  Raynal,  Salarnié,  Segaut  (France),  Jans- 
sens  (Belgique),  Ullathorne  (Grande-Bretagne),  exposent  des  petits  outils,  tels  que 
fers,  alênes,  limes-râpes. 

OUTILS  POUR  DÉCOUPER,  EMROUTIR. 

Neuf  exposants  présentent  des  outils  ou  machines  pour  découper  ou  emboutir  le 
cuir. 

MM.  Godât,  Pernet,  Delvert,  Peyrot  (France)  produisent  des  emporte-pièces; 

MM.  Keats  et  Batley,  Dailloux,  Fourmentin,  Delvert,  Godât,  Pernet,  Pinède, 
Mrac  veuve  Clément,  des  balanciers  (découpoirs,  presses). 

M.  Moüchot  expose  une  machine  découpant  dans  une  feuille  trois  sous-bouts  de 
front  et  redressant  le  bord. 

La  presse  de  M.  Peyrot  renferme  une  combinaison  nouvelle  :  le  mouvement  de  pé- 


422 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


dale  par  l’intermédiaire  d’un  train  d’engrenages  retardateurs  fait  avancer  lentement  un 
long  piston  plein  de  presse  hydraulique  renfermé  dans  le  bâti  en  forme  de  col  de 
cygne  de  la  presse.  L’eau  transmet  ce  mouvement  à  un  autre  piston  vertical  qui  porte 
le  patin  de  la  presse. 

Cette  combinaison  est  fort  intéressante,  mais  il  est  difficile  de  juger  le  succès  que 
l’avenir  lui  réserve. 

FORMES. 

Les  fabricants  de  formes  sont  nombreux  : 

MM.  Abadie  (République  Argentine); 

Anapliotis  (Roumanie); 

Bittencourt,  Francisco  Martins  (Brésil); 

Brice,  Devost,  Renaud-Damidand,  Renard  (France); 

Gestas,  Lehmann,  Alois  et  fils  (Suisse); 

Robert  Victor  (Espagne); 

Salarnie  (France). 

La  maison  des  fils  Renaud-Damidand  et  fils,  d’Aillevillers  (Vosges),  fabrique 
1,000  paires  par  jour  et  tient  la  tête  de  cette  industrie. 


machines  à  cambrer. 

Les  machines  à  cambrer  les  tiges  sont  fabriquées  par  M.  Manin  et  par  M.  Nardi; 
ce  dernier  a  modifié  sa  cambreuse  bien  connue  :  l’addition  d’un  ressort  donne  un  ser¬ 
rage  mieux  réglé  et  permet  de  passer  deux  tiges  à  la  fois. 


machines  à  apprêter,  à  assembler,  à  piquer  les  dessus. 

MM.  Souche  et  Paul  Lavigne  exposent  un  petit  outillage  pour  apprêter  les  tiges  et 
préparer  la  pose  des  élastiques. 

MM.  Hachée  (Léon),  Hurtu  et  Hautin,  Howe,  Compagnie  Singer  présentent  des  ma¬ 
chines  à  piquer  les  dessus;  la  Compagnie  Singer,  une  machine  à  canon,  une  machine 
à  poser  les  biribis  (couture  parallèle  à  deux  aiguilles,  deux  navettes);  la  Compagnie 
Wheeler  et  Wilson,  machine  à  coudre  les  tiges  de  femme,  en  coupant  en  même 
temps  le  feston. 

Nous  devons  citer  également  les  machines  faisant  les  boutonnières,  déjà  décrites  aux 
machines,  de  l’habillement  :  Compagnie  Singer,  International  Button  hole  S.  M.  C° 
(système  Reece),  et  la  machine  américaine  à  coudre  les  boutons  de  I’Union  Button, 
de  Boston,  qui  a  tout  au  moins  le  mérite  de]  poser  les  boutons  avec  une  rapidité  ex¬ 
trême. 


COUTURE  ET  CONFECTION  DES  VÊTEMENTS. 


m 


MACHINE  À  MONTER. 

A  l’Exposition  de  1867,  figurait  déjà  une  machine  à  monter  la  chaussure  (Sylvain 
Dupuis)  bien  dépassée  par  les  deux  machines  de  la  section  américaine  de  l’Exposition 
actuelle  (à  l’Exposition  de  1878,  aucun  spécimen). 

La  machine  exposée  par  la  Compagnie  Mackay  et  Copeland  Lasting  (Etats-Unis) 
montait  des  chaussures  d’homme.  Son  travail  était  complété  par  la  pose  de  petites 
pointes  avec  le  marteau  à  ensemencer,  outil  américain  bien  connu.  L’ouvrier  inexpé¬ 
rimenté  qui  manœuvra  la  machine  devant  le  jury  fit  un  travail  médiocre,  et  d’ailleurs 
il  s’agissait  de  montrer  une  tige  de  bottine  d’homme  cambrée  en  veau  assez  épais;  sur 
marchandises  plus  minces,  plus  souples,  un  ouvrier  plus  habile  eût  probablement 
obtenu  un  résultat  meilleur. 

La  machine  à  monter  de  la  Compagnie  Paine  shoe  lasting,  de  Rochester  (Etats-Unis), 
était  conduite  par  M.  0.  Balger,  qui,  lui-même,  a  collaboré  à  la  machine.  Il  montait 
des  dessus  de  femme,  vernis,  claqués  chevreau;  la  réussite  fut  complète. 

La  première  et  le  bord  de  la  tige  sont,  au  préalable,  enduits  d’une  colle  à  base  de 
caoutchouc,  la  première  et  le  dessus  sont  fixés  sur  la  forme  par  quelques  pointes.  La 
forme  étant  maintenue  au  centre  de  la  machine  par  des  mâchoires  serrant  le  bout  et 
le  talon,  de  nombreuses  pinces  articulées  viennent  prendre  le  bord  de  la  tige,  la 
tendre;  d’autres  mâchoires  viennent  ensuite  rabattre  la  tige  sur  la  première;  ce  ser¬ 
rage  fait  adhérer  les  deux  cuirs  en  contact,  grâce  à  l’interposition  du  caoutchouc,  puis 
les  pinces  se  desserrent;  l’ouvrier  n’a  plus  à  intervenir,  le  montage  est  parfait. 

Cette  machine  fait  un  travail  remarquable  :  elle  représente  des  combinaisons  mé¬ 
caniques  extrêmement  compliquées  pour  mettre  en  mouvement  ces  pinces  et  ces 
mâchoires;  cependant  l’ouvrier  n’intervient  que  pour  toucher  un  très  petit  nombre  de 
leviers.  La  machine  monte  ko  paires  à  l’heure. 

MACHINES  À  COUDRE  LES  SEMELLES  ( COUTURE  DE  PART  EN  PART). 

C’est  en  imitant  la  couture  double,  cousant  de  part,  traversant  première,  empeigne, 
semelle  (pas  de  trépointe),  que  l’américain  Leyman  Reed  Blake  créa  sa  première 
machine  en  1869.  En  1862,  il  ajouta  la  bigorne  tournante  et  donna  à  son  appareil 
la  forme  qu’il  a  encore  aujourd’hui. 

MM.  Fourmentin,  Pinède,  Dailloux,  la  Socie'tè  anonyme  d’exploitation  de  brevets 
(France)  exposent  des  machines  à  coudre  les  semelles,  au  fil  poissé,  à  un  fil  faisant 
la  chaînette;  la  couture  de  part  en  part,  genre  Blake. 

La  forme  a  été  enlevée,  la  chaussure  est  posée  sur  une  bigorne,  la  semelle  se  trouve 
tournée  en  l’air. 

Cette  machine  fait  un  excellent  travail,  et  elle  est  aujourd’hui  très  répandue.  On  lui 


m  EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


reproche  toutefois  d’exiger  une  profonde  gravure  pour  loger  la  chaînette,  et,  d’un  autre 
côté,  la  couture  de  part  en  part  donne  une  chaussure  plus  dure  au  marcher  que  la 
combinaison  des  coutures  ordinaires  avec. interposition  dune  trépointe. 

La  Société  pour  l’exploitation  de  brevets  (France)  expose  une  machine  faisant  la 
piqûre  sur  le  hord  de  l’entre-deux  ou  de  la  semelle,  donnant  l’image  de  la  couture  en 
trépointe  au  point  jaune. 

MM.  Keats  et  Batley  (France)  présentent  l’excellente  machine  inventée  par 
M.  Keats,  admirée  en  1878,  à  deux  fils  poissés,  à  navette,  cousant  de  part  en  part 
sur  bigorne  la  semelle  tournée  en  l’air. 

Tout  le  mouvement  est  en  dessus;  dans  la  bigorne  se  trouve  un  crochet  qui  accroche 
le  fil  du  dessous  dans  le  chas  de  l’aiguille  formant  crochet.  La  boucle  du  fil  de  dessous, 
entraînée  par  raiguille-crochet ,  remonte  au-dessus  de  la  navette;  un  petit  bras  vient 
ouvrir  la  boucle,  la  décrocher  de  l’aiguille-crochet  pendant  que  la  navette  entre  dans 
la  boucle.  La  navette  est  un  disque  circulaire  évidé  suivant  un  secteur  égal  au  quart 
environ  de  la  surface  du  cercle;  une  extrémité  de  disque  se  termine  en  pointe  plus  ai¬ 
guë.  Le  mouvement  est  rotatif,  axe  vertical. 

M.  Keats  a  perfectionné  sa  machine  et  combiné  un  nouveau  tendeur  placé  sur  la 
bigorne,  vers  l’axe  de  rotation. 

MACHINES  À  COUDRE  LES  SEMELLES  (DEUX  COUTURES,  TREPOINTE  ). 

C’est  à  l’Exposition  du  Centenaire  qu’apparaissent  ces  premières  machines  cousant 
pratiquement  en  trépointe. 

Nous  devons  reconnaître  que  les  efforts  pour  réaliser  la  couture  première  (assem¬ 
blage  de  la  première  à  la  trépointe)  ne  semblent  pas  encore  avoir  abouti. 

A  l’Exposition  1878  cependant,  la  maison  Goodyear  avait  envoyé  une  machine  de 
l’invention  du  français  Destouy,  perfectionnée  par  l’américain  Mills.  Cette  machine 
avait  l’aiguille  courbe  et  faisait  le  point  de  chaînette. 

A  l’Exposition  dernière,  les  grands  constructeurs  anglais  Greenwood  et  Batley,  à 
côté  de  leur  tour  colossal,  montraient  une  machine  à  navette  à  fil  poissé,  faisant  la 
couture  première,  système  Ramsden  et  Ellis.  Malheureusement,  cet  appareil  arriva 
trop  tard  pour  être  soumis  à  l’examen  du  jury. 

La  couture  deuxième  (assemblage  de  la  trépointe  et  de  la  semelle)  était  représentée 
en  1878  par  une  machine  de  Destouy  à  point  de  chaînette,  promptement  abondonnée. 

Trois  concurrents  entrent  en  lice  à  l’Exposition  dernière  : 

M.  Pinède  produit  une  machine,  système  Phuelin,  à  deux  fils  poissés,  à  navette 
s’écartant  tant  soit  peu  de  la  forme  ordinaire  du  sabot,  ayant  plutôt  la  forme  d’un 
segment  de  cercle,  sur  un  crochet  circulaire  mouvement  oscillant,  axe  vertical.  Une 
alêne  agissant  en  dessous  fait  le  trou  avant  le  passage  de  l’aiguille  et  produit  l’entraî¬ 
nement. 


COUTURE  ET  CONFECTION  DES  VÊTEMENTS.  â‘25 


La  machine  Campbell,  de  Pawtucket  RI  (Etats-Unis),  a  une  navette  toute  particu¬ 
lière  :  une  forme  cylindrique  avec  des  nervures  dans  ce  sens  de  deux  diamètres  en  croix , 
ces  nervures  tracées  suivant  l’arc  de  cercle  que  décrit  la  navette  dans  son  mouvement 
de  rotation  alternatif  autour  de  Taxe  horizontal.  L?alène  donne  le  mouvement  entraî¬ 
nement  par-dessus.  L’aiguille  droite  à  chas  crochet  vient  du  dessous. 

Les  deux  machines  que  nous  venons  de  décrire  ont  l’inconvénient  de  coudre  la 
semelle  tournée  en  bas;  comme  l’ouvrier  ne  voit  pas,  en  cousant,  comment  se  place  le 
fil  en  dessous,  il  faut  une  gravure  très  large  qui  compromet  la  solidité  de  la  semelle. 

MM.  Keats  et  Batley  exposent  une  machine  cousant  la  trépointe  à  deux  fds  à  na¬ 
vette,  la  semelle  tournée  en  l’air. 

Pour  coudre  le  plus  loin  du  bord  de  la  semelle,  l’alène,  l’aiguille  ne  sont  séparées 
de  l’empeigne  que  par  une  tôle  mince,  cette  tôle  servant  en  même  temps  de  guide. 
L’entraînement  se  fait  par  alêne  en  dessous.  La  navette  est  au-dessus,  tout  à  fait  visible; 
elle  a  une  forme  curieuse  :  un  cylindre  surmonté  de  deux  nervures,  deux  sortes 
de  lèvres  qui,  se  réunissant,  forment  en  avant  une  pointe,  puis,  s’écartant,  laissent 
entre  elles  une  rainure  qui  va  s’élargissant  suivant  un  angle  très  aigu.  En  arrière, 
l’autre  extrémité  des  nervures  se  termine  brusquement  par  un  angle  vif.  Ces  nervures 
ont  un  contour  en  arc  de  cercle  dont  le  centre  est  voisin  de  l’axe  de  rotation  de  la 
navette. 

La  navette  a  un  mouvement  tout  à  fait  original  :  elle  fait  une  sorte  de  culbutage  en 
avant,  rotation  d’un  quart  de  tour  autour  d’un  axe  normal  à  l’axe  de  la  navette;  l’axe 
de  rotation  est  horizontal,  parallèle  à  la  couture. 

L’aiguille  est  en  dessus;  elle  est  droite,  le  chas  formant  crochet. 

L’aiguille  ayant  remonté  au-dessus  la  boucle  du  fil  du  dessous,  la  navette  tourne, 
la  pointe  antérieure  des  nervures  ouvre  la  boucle  pendant  que  l’aiguijle  pénètre  dans 
la  rainure,  le  mouvement  de  rotation  se  continuant,  les  nervures  décrochent  la  boucle 
qui,  arrivée  à  l’extrémité  arrière,  échappe  et  passe  autour  de  la  navette.  Pendant  le 
passage  de  la  boucle ,  la  navette  est  suspendue  en  l’air,  grâce  à  une  goupille  horizontale 
qui  intervient  à  ce  moment,  en  pénétrant  dans  un  trou  percé  au  sommet  de  la  navette, 
dans  la  portion  comprise  entre  la  partie  cylindrique  et  les  nervures;  la  boucle  peut 
ainsi  s’échapper  librement. 

La  rotation  de  la  navette  est  donnée  par  deux  mâchoires  qui  la  serrent  et  lui  im¬ 
priment  ce  mouvement  de  culbutage.  Quand  le  mouvement  est  terminé,  les  mâchoires 
se  desserrent  pour  laisser  échapper  la  boucle,  tandis  que  la  goupille  intervient.  Un 
seul  cylindre  portant  une  série  de  rainures  (cames)  donne  tous  ces  mouvements  si 
compliqués. 

Cette  machine  est  de  beaucoup  supérieure  à  tout  ce  qui  a  été  fait  dans  cette  voie. 
Elle  présente  des  combinaisons  de  mouvement  absolument  originales,  dues  à  l’ingé^ 
nieux  M.  Keats,  citoyen  des  Etats-Unis,  que  nous  avons  la  bonne  fortune  d’avoir  à  la 
tête  d’une  maison  française. 


426 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


MACHINES  À  VISSER. 

Ces  appareils  sont  de  deux  sortes  :  à  filière  ou  à  burin;  ces  derniers  sont  préférés, 
parce  que  le  filet  de  vis  produit,  présentant  une  saillie  plus  mordante,  réalise  un 
assemblage  plus  solide  des  pièces  de  cuir  qu’il  s’agit  de  réunir. 

MM.  Halma,  Maquaire,  Mayer  (France)  présentent  des  outils  imités  de  la  machine 
Lemercier  (1878). 

M.  Fourmentin  a  disposé  son  appareil  pour  marcher  au  moteur. 

Le  type  Standard  de  la  Société  pour  l’exploitation  de  brevets  produit  une  vis  à  deux 
filets. 

machines  à  estamper,  a  poser  les  talons,  à  clouer  les  bons  bouts. 

M.  Dailloux  et  la  Société  pour  l’exploitation  de  brevets  produisent  des  outils  déjà 
connus  (1878). 

M.  Pinède  fixe  ses  talons  avec  un  clou  à  crochet  deux  fois  recourbé  et  obtient  ainsi 
une  plus  grande  solidité. 

MM.  Keats  et  Ratley  ont  imaginé  un  pied  extensible  permettant  sur  le  même  outil 
de  faire  toutes  les  grandeurs  de  talons. 

MACHINES  À  FRAISER  LES  TALONS  ,  LES  LISSES. 

M.  Delvert  expose  une  fraise  marchant  à  pédale; 

M.  Fourmentin,  une  fraise  au  moteur.  Les  axes  sont  verticaux. 

MM.  Keats  et  Batle y,  Dailloux,  Pinède  et  la  Société  anonyme  pour  l’exploitation  de 
brevets  exposent  des  fraises  de  grand  diamètre  composées  de  trois  à  quatre  lames 
rapportées,  Taxe  de  rotation  étant  horizontal. 

L’appareil  de  M.  Mouchot  contient  une  combinaison  nouvelle  :  l’outil  est  un  simple 
crochet  monté  sur  un  arbre  horizontal  faisant  2,000  tours.  La  chaussure  étant  placée 
verticalement,  le  talon  se  déplace  comme  dans  les  machines  à  produire,  occupant  par 
rapport  à  l’outil  toutes  les  positions  déterminées  par  le  modèle  placé  en  dessous  de  la 
table. 

MACHINES  À  VERRER,  PASSER  AU  PAPIER  DE  VERRE,  LES  TALONS,  LES  LISSES. 

MM.  Keats  et  Batle  y,  M.  Dailloux,  disposent  de  la  toile  de  verre,  soit  sur  des  poulies, 
une  couronne  en  feutre  ou  caoutchouc  étant  interposée  pour  donner  élasticité,  soit  sur 
des  plateaux  rotatifs,  soit  en  constituant  une  toile  sans  fin,  une  sorte  de  courroie 
enroulée  sur  deux  poulies. 


COUTURE  ET  CONFECTION  DES  VÊTEMENTS. 


IxTl 


MACHINES  À  POLIR  (dÉFORMEr)  LES  LISSES,  LES  TALONS. 

Les  machines  avec  mouvement  rotatif  continu  (toupies),  imitées  de  l’invention  de 
Mollière,  de  Lyon  (  1 8 5 5 ) ,  ne  sont  plus  en  faveur  comme  en  1878. 

Le  mouvement  alternatif  d’un  fer  chauffé  au  moyen  d’un  jet  de  gaz,  imitant  le 
travail  de  l’ouvrier,  agissant  à  la  main ,  est  adopté  par  tous  les  concurrents. 

Le  Tapley  hsel  Burnischer  est  le  plus  ancien  des  appareils  (antérieur  à  1878). 
Une  machine  double  avec  mouvement  automatique  figurait  à  la  section  américaine. 

MM.  Pinède,  Dailloux,  Fourmentin,  Société  pour  l’exploitation  de  brevets  et  Johnson 
offrent  des  spécimens  du  même  genre. 

L’appareil  de  MM.  Keats  et  Batley  est  le  mieux  combiné  :  le  fer  bat  4,ooo  oscilla¬ 
tions  à  la  minute;  pour  suivre  toutes  les  courbures  des  talons,  il  est  composé  d’élé¬ 
ments  séparés  montés  à  ressort.  La  chaussure  est  tenue  sur  un  pied  à  mouvement  uni¬ 
versel  (le  même  existe  à  la  machine  à  fraiser  les  talons). 


MACHINES  ACCESSOIRES. 

D’autres  outils  accessoires,  tels  que  les  machines  à  coucher  la  gravure,  à  astiquer 
les  semelles,  etc.,  fabriqués  par  les  exposants  cités  précédemment,  complétaient  la 
collection  de  l’outillage  du  finissage  de  la  chaussure. 

OPÉRATIONS  SUR  LA  CHAUSSURE  PRESQUE  TERMINÉE. 

Une  machine  à  border  la  chaussure  toute  faite ,  sans  avoir  à  bâtir  le  galon ,  a  été 
produite  par  MM.  Hurtu  et  Hautin  (machine  à  champignon,  navette  circulaire  à  mou¬ 
vement  oscillant).  Les  machines  polytypes  destinées  à  coudre  dans  l’intérieur  des  chaus¬ 
sures  sont  indispensables  pour  certaines  réparations.  Le  pied-de-biche  est  combiné 
pour  produire  l’entraînement  dans  toutes  les  directions.  Trois  concurrents  étaient  en 
présence  :  Compagnie  Howe,  M.  Pinède  (polytype,  système  Phuelin),  Compagnie  Singer 
(bras  remplaçant  la  polytype). 

MM.  Daudée,  Hurtu  et  Hautin,  machines  à  poser  les  œillets. 

MM.  Lavigne  Paul,  machine  à  poser  les  crochets. 

OBJETS  ACCESSOIRES. 

MM.  Roger  Durand,  boutons,  agrafes  invisibles. 

MM.  Martin  et  C‘e  (Grande-Bretagne),  attache,  crochet  pour  chaussure. 

M.  Martin  Paul,  ferrements  pour  talons,  semelles. 

M.  Paravicinivi,  cuir  articulé  pour  ressemelage. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


A  28 


CONCLUSIONS. 


L’Exposition  de  1867  a  montré  les  débuts  des  machines  françaises  pour  la  confec¬ 
tion  des  vêtements  ;  l’Exposition  de  1878  a  coïncidé  avec  leur  complet  épanouissement. 

A  cette  époque,  Légat  expose  sa  jolie  machine  à  assembler  les  tresses  des  chapeaux 
de  paille;  Henricksen,  le  dernier  modèle  de  sa  surjeteuse  pour  coudre  les  gants. 

Pour  la  première  fois,  on  rencontre  les  machines  à  couper  les  étoffes  imitées  de  la 
scie  a  ruban. 

Dans  les  couseuses,  MM.  Barriquant,  Constant  Peugeot  et  Gie,  Hurtu  et  Hautin 
tiennent  tête  aux  grandes  compagnies  américaines  :  Wheeler  et  Wilson,  Singer,  Howe. 

L’attention  des  visiteurs  est  attirée  par  la  machine  à  fil  poissé,  la  belle  création  de 
1  habile  mécanicien,  fondateur  de  la  maison  Hurtu  et  Hautin. 

C’est  Tannée  où  l’apparition  du  couso-brodeur  Bonnaz  va  révolutionner  l’industrie 
de  la  broderie. 

Enfin  Goodyear*  présente  l'outillage  mécanique  américain  faisant  la  chaussure  de 
toutes  pièces,  et  Keats  sa  première  machine  à  navette  à  coudre  les  semelles. 

Toutes  ces  créations  et  celles  qui  ont  précédé  ont  singulièrement  diminué  le  champ 
laissé  aux  inventeurs.  Dès  lors,  il  ne  peut  plus  être  question  que  de  perfectionner  les 
appareils  ou  d’imaginer  des  outils  spéciaux  exécutant  un  travail  déterminé;  c’est  sur¬ 
tout  dans  cette  dernière  voie  que  s’est  manifestée  l’activité  des  exposants  de  la  classe  56 
a  l’Exposition  de  1889. 

L’outillage  de  la  chapellerie  présente  quelques  perfectionnements  dus  à  MM.  Coq 
fils  et  Simon,  et  à  MM.  Légat  et  Herbet. 

Les  procédés  de  là  fabrication  des  gants  semblent  stationnaires. 

Les  outils  pour  la  confection  des  habillements  forment  un  groupement  considé¬ 
rable.  Les  professeurs  de  coupe,  les  inventeurs  de  patronomètres  se  pressent,  plus 
nombreux. 

Les  machines  à  couper  les  étoffes  ne  sont  pas  sensiblement  modifiées. 

La  fabrication  des  bustes,  des  mannequins  suit  un  développement  rapide.  Ces 
objets  se  sont  vulgarisés,  et  des  exposants  belges,  brésiliens,  se  mettent  de  la  partie, 
faisant  aussi  concurrence  à  nos  fabricants  dans  une  industrie  autrefois  absolument 
française. 

La  crise  commerciale,  de  1 883— 1 886 ,  a  sévi  durement  sur  l’industrie  des  ma¬ 
chines  à  coudre.  Les  maisons  qui  ont  résisté,  voient  maintenant  leurs  affaires  pros¬ 
pérer,  mais  la  production  de  la  France  qu’on  estimait,  en  1878,  à  60,000  machines 
par  an,  a  diminué,  alors  que  la  consommation  de  notre  pays  continue  à  croître. 


429 


COUTURE  ET  CONFECTION  DES  VETEMENTS. 


Les  colossales  fabriques  américaines  enflent  sans  cesse  le  flot  débordant  de  leur 
fabrication;  témoins,  les  chiffres  de  la  production  annuelle  donnés  par  la  Compagnie 
Singer  : 

1855 .  2,000  1878 .  4oo,ooo 

1867 .  5o,ooo  1889 .  700,000 

Les  fabricants  français  ne  peuvent  lutter  qu’en  offrant  à  leur  clientèle  des  oulils 
étudiés  pour  tous  les  cas  particuliers  qui  se  présentent.  Aussi  les  voyons-nous  s’efforcer 
de  réunir  une  grande  diversité  de  machines  aptes  à  tous  les  travaux,  tandis  que  les 
maisons  étrangères  s’appliquent  à  l’exploitation  d’un  petit  nombre  de  types. 

Dans  les  couseuses,  MM.  Hurtu  et  Hautin,  Constant  Peugeot  et  Cie,  Leconte  et  la 
Compagnie  française  de  machines  à  coudre  (Vigneron)  tiennent  une  place  fort  hono¬ 
rable  à  côté  des  puissantes  compagnies  étrangères  :  Davis,  Howe,  New  Home,  Singer, 
Wheeler  et  Wilson,  et  White. 

La  Compagnie  Wheeler  et  Wilson  occupe  toujours  le  premier  rang,  par  la  supé¬ 
riorité  de  ses  produits  et  par  ses  perfectionnements  toujours  renouvelés. 

D’ailleurs,  les  machines  a  coudre  ont  été  améliorées  dans  tous  leurs  organes;  la 
couture  est  plus  belle,  l’ouvrière  peut  produire  davantage;  et,  d’un  autre  côté,  le  fd 
étant  moins  fatigué  par  son  passage  dans  la  machine,  on  arrive  a  employer  du  fil 
meilleur  marché;  de  là  une  cause  d’économie  fort  appréciée. 

Les  brodeuses  de  M.  Cornely,  la  machine  à  boutonnières  de  Reece,  étaient  les  joyaux 
de  la  classe. 

Nous  devons  citer  également  la  machine  à  éventailler  de  A.  Darracq,  appelée  à 
rendre  les  plus  grands  services  à  l’industrie  des  corsets. 

Dans  la  catégorie  des  appareils  de  la  fabrication  de  la  chaussure,  la  Société  ano¬ 
nyme  pour  l’exploitation  des  brevets  (Pocock)  présentait  des  spécimens  sensiblement 
améliorés  de  l’outillage  américain,  déjà  connu;  mais  la  maison  Keats  et  Batlcy  offrait 
la  collection  la  plus  intéressante,  au  milieu  de  laquelle  il  faut  mentionner  la  machine 
à  coudre  les  semelles  à  navette  culbutante,  l’outil  le  plus  original,  sorti  du  cerveau  de 
l’ingénieux  M.  Keats. 

Enfin  nous  11e  pouvons  pas  oublier  la  machine  Paine  exposée  par  la  Compagnie 
américaine  Paine  Shoe  Lasting,  qui  réalise  pratiquement  l’opération  si  compliquée  du 
montage  des  chaussures. 

L’examen  détaillé  que  nous  avons  fait  dans  ce  rapport  du  matériel  et  des  procédés 
de  la  couture  et  de  la  confection  des  vêtements  nous  a  permis  de  constater  des  amélio¬ 
rations  nombreuses  et  l’apparition  de  machines  nouvelles  dans  la  création  desquelles 
une  large  part  revient  aux  inventeurs  français. 

En  résumé,  la  classe  56  occupait  une  place  fort  honorable  dans  le  Palais  des 
chines;  elle  égalait  en  nombre,  en  éclat,  les  Expositions  précédentes. 


ma- 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Pages. 

Composition  du  jury .  ...  407 

Machines  pour  la  fabrication  des  chapeaux . .  409 

Outillage,  machines  pour  la  fabrication  des  gants . . .  4io 

Matériel  et  procédés  de  la  confection  de  l’habillement .  4io 

Matériel  et  procédés  de  la  fabrication  des  chaussures . . .  4  20 

Conclusions .  4  28 


.  .  .  •' .  •*...•  ' 


. 

. 


. 


CLASSE  57 


Matériel  et  procédés  de  la  confection  des  objets  de  mobilier 

et  d’habitation 


RAPPORT  DU  JURY  INTERNATIONAL 

PAR 

M.  COUSTÉ 

PRÉSIDENT  DE  LA  CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  PARIS 


Groupe  VI.  —  iv. 


28 


COMPOSITION  DU  JURY. 


MM.  Haret  (Pierre-Jean-Louis),  Président ,  membre  du  jury  des  recompenses  à 

l’Exposition  de  Paris  en  1878 . 

Serrel  (E.  VV.  J01),  Vice-Président . 

Coüsté  (J.-D.),  Rapporteur,  ancien  juge  au  Tribunal  de  commerce,  prési¬ 
dent  de  la  Chambre  de  commerce  de  Paris,  membre  du  jury  des  ré¬ 
compenses  à  l’Exposition  de  Paris  en  1878 . 

Pànhard  ,  Secrétaire ,  constructeur-mécanicien ,  grande  médaille  à  l’Exposi¬ 
tion  de  Paris  en  1 878 . 

A  collaboré  au  Rapport. 

Radot,  expert . . . 


France. 

Etats-Unis. 

France. 

France. 


France. 


. 

. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS 

DE  LA  CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER 

ET  D’HABITATION. 


Les  machines-outils  présentées  dans  la  classe  57  peuvent  être  divisées  en  trois  séries 
bien  distinctes  : 

i°  Les  machines-outils  à  travailler  le  bois,  cpii  sont  en  grand  nombre; 

20  Les  machines  à  faire  la  porcelaine,  à  fabriquer  les  briques,  les  tuiles,  les  car¬ 
reaux,  ainsi  que  les  appareils  préparatoires  de  cette  fabrication; 

3°  Les  machines  diverses  et  appareils  pour  graver  et  sculpter  les  bois,  les  métaux, 
le  verre. 

Le  nombre  des  exposants  de  cette  classe  est  de  92,  en  diminution  de  29  sur  l’Ex¬ 
position  de  1878. 

Ils  se  décomposent  en  7/1  français  au  lieu  de  82  en  1878,  et  18  étrangers  au  lieu 
de  45. 

Les  exposants  étrangers  appartiennent  aux  nationalités  suivantes  :  Etats-Unis,  An¬ 
gleterre,  Suisse,  Belgique,  Italie. 

MACHINES-OUTILS  À  TRAVAILLER  LE  BOIS. 

Nous  trouvons  chez  tous  les  exposants  une  machine  à  dégauchir  le  bois  à  la  main. 
Cette  machine,  dont  l’usage  est  général,  n’existait  en  1878  que  chez  un  ou  deux  expo¬ 
sants.  Son  utilité,  sa  simplicité  et  son  bon  marché  l’ont  bien  vite  répandue  partout. 

Les  scies  à  ruban,  très  bien  faites  et  remplissant  des  buts  déterminés,  sont  en  grand 
nombre.  En  général,  on  cherche  à  augmenter  la  production  tout  en  conservant  le  bon 
sciage.  Les  bâtis  des  machines  ont  été  changés  et  se  rapprochent  plus  du  type  nouveau 
de  la  bonne  construction  mécanique. 

Les  scies  à  lames  multiples,  moins  nombreuses  qu’en  1878,  prouvent  qu’elles  ont 
été  remplacées,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  par  les  scies  à  ruban  et  qu’elles  ne  sont 
plus  guère  employées  que  dans  des  cas  spéciaux. 

Les  menuisiers  universels,  ou  machines  multiples,  ont  été  abandonnés  par  les  con¬ 
structeurs  français  dès  que  leur  usage  a  été  reconnu  défectueux  et  sans  utilité  pratique. 
Ils  sont  remplacés,  pour  les  petits  ateliers,  par  des  machines  qui  sont  en  groupement 
de  deux  machines  au  plus,  travaillant  ensemble  ou  séparément. 


438 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Les  grandes  scies  circulaires  sont  de  moins  en  moins  employées  et  aussi  remplacées 
par  la  scie  à  ruban. 

La  tendance  générale  est  l’augmentation  du  diamètre  des  poulies  des  scies  à  ruban , 
ce  qui  est  meilleur  pour  éviter  la  fatigue  des  lames. 

L’affûtage  mécanique  des  lames  de  scies  à  ruban  a  fait  de  grands  progrès  depuis 
1878.  On  emploie  à  cet  usage  deux  types  de  machines  très  distinctes  :  celles  qui 
affûtent  avec  le  tiers-point,  et  celles  qui  affûtent  à  la  meule.  Les  premières  sont  bonnes 
pour  les  lames  étroites  et  dans  les  petits  ateliers  de  découpages,  mais  le  vrai  affûtage 
mécanique  se  fait  par  la  meule,  qui,  seule,  permet  l’affûtage  des  scies  à  ruban  à  scier 
le  fer  à  froid. 

Les  machines  des  pays  étrangers  ne  sont  pas  conçues  d’après  les  idées  que  l’on  a 
dans  notre  pays  :  ce  sont  généralement  des  machines  spéciales  faites  dans  le  but  d’un 
travail  déterminé.  Elles  sont  combinées  pour  produire  beaucoup;  mais  elles  ne  sont  pas 
aussi  simples  que  les  machines  françaises  et  ne  peuvent  se  plier  à  des  travaux  aussi 
variés.  Il  y  a  des  combinaisons  de  mouvement  très  ingénieuses ,  surtout  dans  les  ma¬ 
chines  américaines  ;  mais  leur  construction  n’est  pas  aussi  finie  qu’en  France.  Il  y  a  des 
parties  laissées  brutes,  ce  qu’on  n’oserait  pas  faire  dans  notre  construction  française 
où  tout  ce  qui  est  vu  est  bien  soigné. 

Nous  regrettons  de  n’avoir  vu  qu’une  machine  à  faire  de  la  fibre  de  bois,  cette  in¬ 
dustrie  ayant  pris  un  grand  développement  dans  ces  dernières  années. 

En  dehors  de  cette  machine,  comme  machines  nouvelles  depuis  1878,  il  faut  signa¬ 
ler  une  scie  à  grumes  à  poulies  de  1  m.  5 0  et  à  grande  vitesse,  une  machine  à  parquet 
à  1  6  mètres  d’avancement  à  la  minute,  une  scie  à  cylindres  à  ruban  à  quatre  poulies, 
diverses  machines  à  affûter  les  lames. 

Il  faut  aussi  signaler  un  grand  nombre  de  machines  à  bois  marchant  au  pied  et  à 
la  pédale  ;  mais ,  à  l’exception  de  celles  destinées  à  faire  des  petits  découpages  ou  à 
des  cas  bien  spéciaux,  ces  machines,  en  raison  de  leur  vitesse,  exigent  une  force  supé¬ 
rieure  à  celle  de  l’homme  agissant  à  bras  ou  à  la  pédale,  et  ne  peuvent  pas  être  em¬ 
ployées  industriellement. 

Principalement  pour  les  scies  d’amateurs  qui  ne  veulent  faire  que  de  petits  décou¬ 
pages,  il  y  a  une  quantité  de  dispositions  très  ingénieuses.  Ces  petites  machines  se 
construisent  en  très  grande  quantité. 

MACHINES  À  FABRIQUER  LA  PORCELAINE,  LES  TUILES,  LES  CARREAUX 
ET  APPAREILS  PRÉPARATOIRES  DE  CETTE  FABRICATION. 

Dans  cette  catégorie  de  machines,  nous  n’avons  eu  à  examiner  qu’un  seul  con¬ 
structeur  de  machines  à  faire  la  porcelaine.  Son  exposition  très  remarquable  a  attiré 
l’attention  spéciale  du  jury.  Nous  reviendrons  plus  loin,  avec  plus  de  détails,  sur  ces 
machines. 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION. 


439 


Les  machines  à  faire  les  briques,  tuiles,  carreaux  sont  représentées  en  grand 
nombre  par  plusieurs  exposants.  Les  types  de  machines  sont  analogues  chez  tous  les 
constructeurs.  Ces  machines  sont  bien  construites ,  très  rustiques. 

Les  machines  à  bras  exposées  sont  peu  nombreuses  ;  ce  qui  démontre  que  cette  in¬ 
dustrie  tend  à  se  faire  de  plus  en  plus  dans  de  grandes  usines,  et  que  les  petites  bri¬ 
queteries  travaillant  à  la  main  tendent  à  disparaître. 

Un  des  exposants  a  soumis  au  jury  un  tour  très  intéressant  pour  fabriquer  les  pots 
a  fleurs. 

Les  appareils  préparatoires  a  cette  fabrication  sont  assez  nombreux.  Il  y  a  différents 
modèles  de  broyeurs,  mais  ce  n’est  que  la  Suisse  qui  expose  un  laveur  et  trieur  de 
terre. 

MACHINES  DIVERSES. 

Dans  cette  classe  de  machines  se  trouvent  divers  appareils  très  intéressants  pour 
sculpter  le  bois  et  l’acier. 

Il  faut  accorder  une  mention  spéciale  à  un  outil  américain  qui,  mû  à  très  grande 
vitesse  par  l’air  comprimé ,  permet  de  faire  des  travaux  très  différents. 

Plusieurs  machines  avec  dispositions  ingénieuses  à  faire  les  cadres  et  assemblages 
des  cadres  sous  tous  biais. 

Une  fabrication  mécanique  de  cannes  et  manches  de  parapluies. 

Plusieurs  machines  a  couper  le  liège  et  à  faire  les  bouchons. 

MACHINES  EXPOSÉES  PAR  L’ANGLETERRE. 


MM.  T.  Robinson  et  Jîls. 

La  maison  T.  Robinson  et  fils  expose  une  belle  série  de  machines  : 

i°  Une  scie  à  ruban  en  fonte  à  chantourner,  poulie  de  o  m.  90  de  diamètre.  Les  poulies  porte- 
lames  très  légères  n’ont  pas  de  joues.  La  tension  de  la  lame  sur  les  poulies  est  obtenue  par  un  contre¬ 
poids  ; 

20  Une  machine  à  dégauchir  le  bois  et  le  tirer  d’épaisseur,  au  moyen  du  même  fer  de  rabot,  en 
passant  le  bois  sous  une  deuxième  table  inférieure  mobile  avec  entraînement. 

Ce  système  présente  l’inconvénient  que  tout  le  travail  est  caché  par  la  table  qui  sert  à  dégauchir. 
Le  porte-outil  est  d’un  très  petit  diamètre  et  incliné ,  relativement  à  la  table ,  pour  diminuer  l’écarte¬ 
ment  ; 

3e  Une  machine  à  dégauchir  et  à  faire  les  moulures  droites  ; 

4°  Une  machine  à  raboter  et  à  polir  au  papier  de  verre,  dite  economist.  Cette  machine  porte  deux 
rouleaux ,  l’un  pour  passer  le  bois ,  l’autre  pour  polir  au  papier  de  verre.  Cette  machine  peut  passer 
des  hois  de  0  m.  90  sur  0  m.  12  d’épaisseur.  Le  deuxième  cylindre  est  construit  en  deux  parties  qui 
peuvent  osciller  en  sens  opposés.  Cette  machine  se  fait  sur  quatre  dimensions.  Les  tambours  polis¬ 
seurs  ont  un  mouvement  oscillatoire  dans  le  sens  latéral  pour  agir  comme  la  main  ;  un  ventilateur 
absorbe  la  poussière  ; 


440  EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


5°  Une  machine  à  raboter  et  à  faire  les  moulures  sur  les  quatre  faces,  et  à  faire  le  parquet. 

Cette  machine  fait  o  m.  45  de  largeur  sur  o  m.  12;  elle  peut  aussi  faire  les  grosses  pièces  de  wa¬ 
gonnage  ; 

6°  Une  machine  dite  Armstrong  h  faire  les  queues  d’aronde,  déjà  exposée  en  1867  et  1878; 

70  Une  scie  circulaire  à  amenage  automatique  à  rouleaux.  La  lame  de  scie  est  pleine  d’un  côté  et 
évidée  de  l’autre  pour  faire  les  bois  minces.  L’amenage  se  fait  au  moyen  d’un  rouleau  cannelé  disposé 
au  bout  d’un  bras  radial. 

Le  bras  radial  est  mobile  sur  un  montant  qui  se  trouve  au-devant  de  la  machine  et  peut  s’éloi¬ 
gner  ou  se  rapprocher  plus  ou  moins  de  la  scie,  de  sorte  que  le  rouleau  d’alimentation  peut  être 
ajusté  pour  convenir  à  différents  diamètres  de  scies; 

8°  Une  toupie.  Cette  machine  n’a  de  particulier  qu’un  appareil  supplémentaire  que  l’on  place  sur 
la  table  et  qui  sert  à  faire  les  queues  d’aronde  pour  assemblage  de  l’ébénisterie; 

90  Une  machine  à  faire  les  doubles  tenons  et  les  enfourchements  —  pour  les  tenons  jusqu’à  0  m.  1 5 
de  longueur.  Cette  machine  porte  deux  disques  porte-lames  tournant  verticalement  et  un  troisième 
disque  porte-lames  placé  horizontalement  en  arrière  pour  faire  les  tenons  doubles,  entailler  les  épau- 
lements,  faire  les  plates-bandes.  Quand  cette  machine  ne  sert  qu’à  faire  les  tenons  simples  et  les  en- 
taillements,  on  passe  au  socle  du  porte-outil  tenonneur  de  dessous  un  petit  arbre  vertical,  de  sorte 
qu’il  peut  s’élever  et  s’abaisser  avec  lui  pour  les  tenons  de  diverses  grandeurs  sans  devoir  être  ajusté 
séparément.  On  peut  aussi  adopter  sur  l’arbre  horizontal  un  porte-outil  spécial  pour  faire  les  tran¬ 
chées  des  appuis  et  parties  supérieures  des  fenêtres. 

Par  sa  disposition,  cette  machine  permet  à  l’ouvrier  de  voir  facilement  son  travail; 

io°  Une  scie  à  cylindres  à  ruban  pour  dédoublage  de  madriers,  avec  poulies  de  1  m.  o5  de  dia¬ 
mètre,  pouvant  scier  jusqu'à  0  m.  45  de  hauteur. 

Enfin,  une  machine  à  mortaiser,  horizontale  avec  équarrisseurs,  une  machine  à  affûter  les  fers  de 
raboteuses  jusqu’à  o  m.  90  de  longueur  et  un  travailleur  universel  ou  machine  combinée  à  dégau¬ 
chir,  raboter,  scier  à  la  scie  circulaire  et  à  faire  les  moulures,  complètent  la  belle  exposition  de  cette 
importante  maison. 

MM.  Reynolds  et  Cie. 

Cette  maison  expose  : 

i°  Trois  modèles  de  machines  à  mortaiser  à  bras  avec  machines  à  percer. 

20  Une  machine  à  faire  les  queues  d’aronde  au  moyen  d’une  mèche  placée  sur  l’arbre  d’une  tou¬ 
pie  ordinaire. 

3°  Une  machine  à  faire  le  parquet  (en  trois  opérations),  de  om.  4o  de  longueur  sur  o  m.  12 
d’épaisseur. 

4°  Une  scie  circulaire  à  bras,  lame  de  0  m.  4o;  une  molette  au  petit  rouleau,  qui  tourne  en  même 
temps  que  la  scie,  aide  à  l’avancement  du  bois. 

5°  Une  scie  à  ruban  à  bras,  poulies  porte-lames  de  0  m.  5o. 

6°  Une  scie  mixte  circulaire  et  à  ruban,  poulies  porte-lames  de  0  m.  60. 

70  Toutes  ces  machines  à  bras  n’ont  rien  de  bien  remarquable. 

MM.  Lewis  et  Lewis,  à  Londres. 

Cette  maison  présente  : 

i°  Une  machine  à  mortaiser  et  à  percer  à  la  main;  c’est  le  bédane  qui  fait  la  moulure.  La  ma¬ 
chine  à  percer  est  une  machine  indépendante;  le  bédane  se  retourne  par  un  mouvement  très  simple. 
La  table  permet  de  recevoir  du  bois  jusqu’à  o  m.  20  de  large.  La  course  du  chariot  par  le  bédane  se 
règle  suivant  les  différentes  épaisseurs  de  bois. 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION. 


441 


2°  Une  scie  circulaire  à  bras.  L’avancement  du  bois  se  fait  par  une  molette  qui  tourne  dans  le  sens 
de  la  lame.  La  table  est  mobile ,  ce  qui  permet  de  faire  les  rainures  et  les  feuillures.  Un  petit  appareil 
spécial  permet  de  faire  les  tenons.  La  lame  peut  avoir  jusqu’à  o  m.  38  de  diamètre  et  peut  passer  du 
bois  jusqu’à  o  m.  i5.  Le  guide  et  l’amenage  sont  disposés  pour  se  basculer  au-dessous  de  la  table  et 
laisser  cette  dernière  libre  pour  le  sciage  en  travers  et  tout  autre  travail.  On  peut  aussi  placer  deux 
lames  sur  le  même  arbre  avec  écartement  variable  pour  faire  des  tenons. 

3°  Une  scie  circulaire  et  à  ruban.  La  tension  de  la  poulie  supérieure  de  la  scie  à  ruban  se  fait  par 
un  ressort.  Le  diamètre  des  poulies  est  de  o  m.  5o.  La  lame  de  scie  circulaire  est  de  o  m.  55  au  maxi¬ 
mum. 

Cette  machine  est  mue  par  la  vapeur  ;  mais  nous  estimons  quelle  est  trop  petite  et ,  dans  ce  cas , 
ne  peut  servir  que  dans  de  bien  petits  ateliers. 

4°  Une  machine  à  dégauchir  et  raboter  les  bois  en  les  tirant  d’épaisseur.  C’est  encore  une  machine 
à  deux  tables  superposées.  Sur  la  première,  le  bois  est  dégauchi  et  mis  d’équerre,  et  il  se  tire  d’épais¬ 
seur  en  passant  sur  la  table  du  dessous,  sur  laquelle  il  est  entraîné  par  quatre  cylindres.  Cette  machine 
peut  passer  du  bois  de  o  m.  35  de  large  sur  om.  2 5  et  se  construit  sur  deux  autres  modèles  plus 
grands. 

Nous  ne  pouvons  à  l’égard  de  ces  deux  derniers  constructeurs  que  répéter  notre  manière  de  voir 
au  sujet  des  machines  marchant  au  pied  ou  au  volant  :  il  faut,  pour  que  l’on  puisse  s’en  servir,  n’avoir 
à  travailler  que  des  bois  très  faciles ,  très  beaux ,  et  de  peu  d’épaisseur. 

M.  Evans. 

Cette  maison  expose  une  machine  à  faire  les  formes  de  chaussures  et  permet  d’obtenir,  d’après  un 
seul  modèle,  toutes  les  séries  de  pointures  en  proportions  parfaitement  symétriques.  Elle  façonne  une 
paire  de  formes  à  la  fois  et  ne  nécessite  qu’un  modèle  pour  faire  le  droit  ou  le  gauche. 

Elle  procure  une  économie  en  évitant  la  dépense  des  séries  de  modèles;  elle  permet  d’adopter  plus 
vite  et  à  moins  de  frais  les  changements  de  mode  et  de  genre  et  de  faire  aussi  facilement  de  petites 
commandes  que  de  grandes. 

Le  réglage  de  la  machine  se  fait  sur  des  cadrans  et  avec  des  tables  fournies  avec  la  machine. 


ÉTATS-UNIS. 


MM.  J.  A.  Fay  et  0%  à  Cincinnati. 

Cette  maison,  représentée  par  son  chef  actuel,  M.  Doane,  expose  une  très  importante  série  de 
machines  : 

i°  Une  machine  à  raboter  à  outil  en  dessus,  faisant  o  m.  65  de  largeur  sur  o  m.  i5  d’épaisseur. 
L’amenage  se  fait  par  un  rouleau  placé  à  l’arrière  de  la  machine,  un  rouleau  presseur  placé  devant; 
le  fer  empêche  le  bois  de  se  soulever;  un  presseur  à  biseau  qui  vient  très  près  du  fer  permet  de  faire 
des  bois  très  minces  ou  courts.  Cette  machine  fait  4,ooo  tours; 

20  Une  machine  à  raboter  en  dessus  faisant  0  m.  60  de  hauteur,  rouleau  d’avancement  cannelé 
placé  derrière  le  fer.  Ce  rouleau  cannelé  et  le  guide  qui  vient  appuyer  le  bois  dépendent  l’un  de 
l’autre.  Avec  cette  machine,  nous  avons  vu  enlever  0  m.  01  de  bois  par  passe.  Cette  machine  fait 
1 ,000  tours  à  la  minute; 

3°  Une  machine  à  polir  et  poncer  au  papier  de  verre  avec  trois  numéros  de  papier.  Le  mouve¬ 
ment  est  continu.  Cette  machine  peut  passer  des  bois  de  o  m.  80  sur  0  m.  10  de  hauteur; 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


442 


4°  Une  scie  circulaire  composée  de  deux  scies  circulaires  à  chariot  à  deux  lames  mobiles  pour  cou¬ 
per  les  planches  en  travers  et  d’équerre. 

Ces  quatre  lames  de  scies  sont  mobiles  et  accouplées  deux  à  deux  sur  deux  bâtis  dont  Pun  mobile 
longitudinalement; 

5°  Une  scie  circulaire  dont  on  incline  la  lame  pour  faire  des  coupes  biaises  au  lieu  d’incliner  la 
table  ; 

6°  Une  scie  à  ruban  à  cylindres,  poulies  î  m.  20  de  diamètre,  pouvant  passer  au  maximum  des 
bois  de  0  m.  4o.  Les  cylindres  d’avancement  sont  montés  sur  un  bâti  qui  bascule  sous  la  table  pour 
rendre  cette  dernière  libre  de  tout  organe  et  propre  à  servir  pour  le  cbantournement  ; 

70  Une  scie  circulaire  montée  sur  un  chariot  mobile  verticalement.  Le  bois  est  placé  sur  un  chariot 
horizontal  qui  a  un  mouvement  longitudinal; 

8°  Une  machine  à  percer  horizontale  avec  quatre  mèches  qui  sont  montées  sur  des  rondelles  co¬ 
niques  pour  les  centrer; 

90  Une  scie  circulaire  à  deux  lames  placées  l’une  en  dessus ,  l’autre  en  dessous.  Cette  dernière 
entre  dans  le  bois  et  fait  l’entraînement.  Cette  scie  peut  débiter  à  raison  de  soixante-quinze  pieds  à  la 
minute;  on  peut  aussi  mettre  plusieurs  lames  à  écartement  variable  sur  le  même  arbre; 

io°  Une  scie  à  tronçonner.  La  lame  est  mobile  dans  le  sens  longitudinal  au  moyen  d’une  pédale; 

1 1°  Une  machine  à  faire  le  parquet  de  sapin  sur  quatre  faces  à  la  fois.  Les  toupies  et  le  guide  sont 
montés  sur  le  même  chariot.  La  plus  grande  vitesse  de  cette  machine  est  de  2  5  mètres  à  la  minute. 
Les  toupies  sont  mobiles  ensemble  ou  séparément  ; 

12°  Un  menuisier  universel  composé  d’une  machine  à  dégauchir,  toupie  et  machine  à  mor- 
taiser. 

La  toupie  et  le  fer  à  raboter  dépendent  l’un  de  l’autre,  ce  qui  est  un  inconvénient; 

i3°  Une  machine  à  dégauchir  de  0  m.  4o  de  largeur.  La  table  mobile  et  faite  en  deux  parties  est 
montée  sur  des  plans  inclinés  de  façon  à  laisser  moins  d’ouverture  au  fer  lorsque  l’on  veut  prendre 
peu  de  bois  ; 

i4°  Une  machine  a  faire  les  plates-bandes  et  les  moulures  droites.  Cette  machine  forme  en  réalité 
deux  machines  distinctes  accouplées.  Le  palier  d’entremise  est  mobile  pour  permettre  d’enfiler  sur 
l’arbre  des  profils  différents  de  plateaux  porte-fers  ; 

i5°  Une  machine  à  faire  les  queues  d’aronde  qui  a  déjà  figuré  à  l’Exposition  de  1878.  Les  mou¬ 
vements  se  font  automatiquement.  Plusieurs  ont  été  vendues  pour  faire  les  caisses  d’emballage  du 
vin  de  champagne; 

160  Une  machine  à  mortaiser  horizontale  ;  la  mèche  passe  au  centre  du  bédane.  La  mortaise  se 
trouve  donc  équarrie  en  même  temps  qu’elle  est  faite.  L’inconvénient  est  dans  le  cintrage  et  l’affûtage 
de  ces  mèches  et  bédane  et  dans  leur  prix  élevé;  de  plus,  il  faut,  pour  chaque  dimension  de  mor¬ 
taise,  avoir  un  appareil  spécial,  et  on  ne  peut,  avec  ce  système,  faire  de  petites  mortaises.  Le  chariot 
qui  porte  le  bois  est  mobile  sur  une  coulisse. 

Cette  belle  série  de  machines  est  complétée  par  une  machine  à  faire  les  gros  tenons  et  une  machine 
à  faire  les  petits  tenons  et  plates-bandes. 

Le  mouvement  du  chariot  de  cette  machine  est  placé  sur  un  genou  d’une  combinaison  ingénieuse 
et  qui  paraît  très  solide. 

Et  enfin  une  machine  horizontale  à  mortaiser  pour  les  menuisiers ,  avec  le  même  système  de  mèches- 
bédanes. 

Toutes  ces  machines  nous  ont  paru  robustes  et  de  bonne  construction,  élégantes  de  forme  et  très 
ingénieuses  dans  leurs  dispositions. 

Elles  marchaient  toutes  sous  les  yeux  du  public  dans  des  bois  variés  et  étaient  conduites  par  un 
mécanicien  habile. 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION. 


443 


M.  Schwab ,  a  Chicago. 

La  maison  Schwab,  de  Chicago,  prend  part  pour  la  première  fois  à  une  Exposition  à  Paris. 

Elle  présente  : 

i°  Une  machine  à  raboter  en  dessus  de  o  m.  4o  de  large  suc  o  m.  i  9  de  hauteur; 

20  Un  tour  à  faire  des  boules,  permettant  d’en  faire  2,000  par  jour  au  moyen  d’un  fer  fini  qui 
fait  la  moitié  de  la  boule  et  un  fer  droit  combiné  pour  dégager; 

3°  Une  scie  à  ruban  à  poulies  de  0  m.  90,  avec  guide-lame  métallique  spécial  qui  peut  s’avancer 
ou  se  reculer  suivant  la  largeur  des  lames.  La  poulie  supérieure,  qui  n’a  pas  déjoués,  est  munie  d’un 
mouvement  d’inclinaison. 

La  machine  à  fabriquer  les  boules  est  nouvelle  et  présente  un  certain  intérêt. 

MM .  Silver  et  Deming. 

Cette  maison  expose  une  machine  à  faire  les  broches  rondes  des  rais  de  voitures  et  les  mortaises 
des  jantes.  Cette  machine  marche  à  bras  et  ne  présente  pas  grand  intérêt. 


MACHINES  FRANÇAISES  POUR  LE  TRAVAIL  DU  BOIS. 


MM.  Panhard  et  Levassor. 

La  maison  Panhard  et  Levassor  a  succédé  à  la  maison  Périn,  Panhard  et  Cie,  dès  le  décès  de 
M.  Périn,  l’inventeur  de  la  scie  à  ruban. 

Cette  maison  continue  ses  belles  traditions;  elle  est  restée  à  la  hauteur  où  l’avaient  déjà  placée  les 
Expositions  précédentes  et  présente  une  série  de  très  belles  machines  dont  plusieurs  sont  absolument 
nouvelles  : 

i°  Une  scie  à  ruban  porte-lame  de  2  mètres  de  diamètre,  à  chariot  diviseur  à  agrafes,  à  mouve¬ 
ment  automatique  permettant  de  scier  des  bois  en  grumes,  en  plateaux,  planches  ou  feuillets  jusqu’à 
1  m.  3o  de  diamètre. 

Cette  machine  est  très  puissante;  elle  permet  d’employer  des  lames  larges  et  épaisses;  sa  produc¬ 
tion  est  considérable.  Dans  les  arbres  de  peuplier  d’un  mètre  de  diamètre  par  exemple,  elle  peut  scier 
avec  un  avancement  de  3  mètres  à  la  minute.  Elle  est  fort  employée  en  Amérique  où  elle  remplace 
les  grandes  scies  circulaires  avec  un  avantage  marqué  au  point  de  vue  de  l’économie  du  bois  et  de  la 
force  motrice  ; 

20  Scie  à  ruban,  poulies  de  1  m.  2  5  de  diamètre,  à  chariot  libre  et  à  cylindres.  Le  chariot  libre 
permet  d’équarrir,  de  fendre  en  deux  ou  sur  quartier  des  arbres  ayant  un  mètre  de  diamètre  sur 
une  longueur  quelconque  ;  les  arbres  peuvent  également  être  débités  en  plateaux  ou  en  planches.  Les 
cylindres  peuvent  entraîner  d’une  façon  continue  des  bois  de  5ox5o,  le  débitage  se  faisant  en 
plateaux ,  planches  ou  feuillets. 

L’adjonction  à  cette  machine  de  cylindres  entraîneurs  automatiques  est  nouvelle;  elle  donne  dans 
les  débits  de  bois  de  chêne  une  grande  facilité; 

3°  Scie  à  ruban,  poulie  de  1  mètre  de  diamètre  à  chariot  libre  pour  bois  en  grumes  jusqu’à 
o  m.  55  de  diamètre. 

Cette  machine,  établie  solidement,  est  propre  au  débit  des  bois  pour  traverses  de  chemins  de  fer, 
pour  pièces  de  charpentes,  etc.;  elle  peut  être  employée  éventuellement  pour  le  chantournement; 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


444 


4°  Scie  à  ruban  locomobile  à  cliariot,  poulies  porte-lame  de  1  mètre.  Cette  machine,  qui  est  mon¬ 
tée  sur  roues,  est  employée  pour  le  débit  des  bois  en  grumes  jusqu'à  o  m.  60  de  diamètre. 

La  facilité  de  son  installation,  ses  aptitudes  pour  les  débits  variés,  la  rendent  précieuse  pour  les 
exploitations  en  forêts  et  dans  les  endroits  marécageux.  Habituellement,  les  scies  locomobiles  sont  des 
scies  circulaires.  Ces  dernières  sont,  il  faut  en  convenir,  très  simples;  mais  elles  offrent  des  inconvé- 
nienîs  :  elles  prennent  beaucoup  de  force,  beaucoup  de  bois  et  sont  dangereuses. 

De  plus,  à  moins  d’employer  des  lames  de  très  grands  diamètres,  ce  qui  augmente  encore  les 
inconvénients,  elles  ne  peuvent  aborder  le  sciage  de  bois  dépassant  o  m.  4o  ou  o  m.  5o.  Le  rem¬ 
placement  des  scies  circulaires  locomobiles  par  des  scies  à  ruban,  également  locomobiles,  constitue 
un  progrès  ; 

5°  Scie  à  ruban,  poulies  porte-lame  de  î  mètre  de  diamètre,  à  chariot  et  à  cylindres. 

Machine  mixte  combinée  pour  le  débit  des  bois  en  grumes,  le  dédoublage  des  madriers,  les  bas- 
taings  et  le  chantournement.  Elle  est  donc  munie  d’un  chariot  pour  le  débit  des  grumes,  d’une  table 
pour  les  débits  à  la  main  et  les  chantournements. 

On  passe  en  quelques  minutes  d’un  travail  à  un  autre  ; 

6°  Scie  à  ruban,  à  cylindres  entraîneurs  automatiques,  poulies  de  î  m.  de  diamètre. 

Machine  étudiée  spécialement  pour  obtenir  de  grandes  productions;  elle  permet  en  effet,  dans  les 
madriers  de  sapin  blanc  du  Nord,  d’obtenir  des  avancements  de  16  à  17  mètres  par  minute.  De  telles 
productions  n’ont  pas  encore  été  réalisées.  Cette  machine  permet  de  passer  des  plateaux  jusqu’à 
0  m.  60  de  hauteur; 

70  Scie  à  ruban,  à  cylindres  entraîneurs  automatiques,  poulies  porte-lame  de  1  mètre  de  diamèlre. 
Employée  surtout  pour  le  dédoublage  des  madriers  du  Nord,  bastaings,  quartelots  et  pièces  ana¬ 
logues.  Modèle  tenant  peu  de  place,  d’une  grande  solidité  et  d’une  facile  installation. 

Le  débit  des  madriers  du  Nord  se  fait  avec  une  vitesse  qui  peut  dépasser  6  mètres  par  minute; 

8°  Scie  à  ruban,  à  cylindres  à  quatre  poulies  et  à  deux  lames,  pour  dédoublage  des  madriers. 

Machine  entièrement  nouvelle,  sur  laquelle  nous  devons  insister  et  nous  étendre. 

La  scie  à  cylindres  que  nous  venons  de  voir  précédemment  11e  fait  qu’un  trait  à  la  fois;  mais  elle 
le  fait  avec  une  très  grande  rapidité  et,  comme  production,  elle  est  comparable  aux  meilleures  scies 
alternatives  à  plusieurs  lames  et  même  les  défie  dans  bien  des  cas. 

Cette  rapidité  dans  la  production  peut  encore  être  augmentée  avec  la  scie  dont  nous  nous  occu¬ 
pons;  elle  est  à  deux  lames  et  fait  donc  deux  traits  à  la  fois  ;  elle  est  plus  spéciale  pour  les  débits  de 
madriers,  de  bastaings,  de  quartelots  dans  lesquels  on  n’a  que  deux  traits  à  faire,  et  ce  cas  se  présente 
fréquemment  dans  les  scieries  qui  débitent  les  bois  du  Nord.  Dans  les  madriers,  les  deux  traits 
se  font  à  la  vitesse  de  6  mètres  par  minute,  ce  qui  fait  un  avancement  linéaire  de  plus  de  19  mètres. 
Cette  production  est  d’autant  plus  à  considérer,  qu’elle  est  obtenue  sans  excès  de  fatigue  de  la  part 
des  ouvriers,  le  madrier  étant  débité  d’un  coup  et  ne  devant  plus  revenir  sur  lui-même; 

90  Scie  à  ruban,  poulies  porte-lames  de  1  mètre  de  diamètre,  à  longue  table  pour  le  sciage  recti¬ 
ligne  à  la  main,  remplaçant  avec  avantages  les  scies  circulaires. 

Les  machines  de  ce  genre  sont  nouvelles  et  tendent  à  se  répandre  de  plus  en  plus;  elles  ont  été 
construites  pour  remplacer  les  grandes  scies  circulaires  qui  prennent  beaucoup  de  force,  beaucoup  de 
bois  et  sont  très  dangereuses. 

Le  danger  que  l’on  rencontre  dans  l’emploi  des  scies  circulaires  est  connu  de  tout  le  monde  (les 
statistiques  montrent  qu’il  n’y  a  pas  4  ouvriers  sur  100  conduisant  ces  machines  qui  ne  portent  des 
traces  de  blessures  plus  ou  moins  profondes  causées  par  cet  instrument);  ce  danger  est  tellement 
reconnu,  que  les  sociétés  scientifiques  industrielles  instituent  tous  les  ans  des  prix  pour  les  faire  dis¬ 
paraître. 

Jusqu’à  présent,  aucun  appareil  protecteur  pratique  n’a  été  trouvé,  et  nous  pensons  que  le  mieux 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION. 


A  4  5 


est  de  supprimer  autant  qu’on  Je  pourra  l’emploi  des  scies  circulaires;  c’est  pour  cela  que  celte 
maison  a  crée'  une  série  de  machines  capables  de  les  remplacer  dans  la  plupart  des  cas  ; 

io°  Scie  à  ruban  ordinaire,  poulies  porte-lames  de  o  m.  8o,  pour  sciage  rectiligne  et  curviligne 
à  la  main. 

La  table  inclinable  permet  de  scier  suivant  une  pente  donnée.  Les  arbres  tournent  dans  des  paliers 
graisseurs,  un  frein  permet  l’arrêt  rapide,  des  organes  protecteurs  entourent  la  lame; 

1 1°  Scie  h  ruban,  poulies  porte-lames  de  o  m.  8o,  table  inclinable. 

Ce  modèle  fait  partie  d’une  série  de  modèles  légers,  établis  à  bas  prix  pour  les  mettre  à  la  portée 
des  petits  industriels  et  pour  éviter  l’emploi  des  scies  avec  bâtis  en  bois  ; 

12°  Scie  à  ruban,  poulies  porte-lames  de  o  m.  6o,  table  inclinable  mue  par  un  moteur  ou  à  la 
main.  Ce  modèle  ne  peut  s’employer  que  pour  de  très  petits  travaux; 

i3°  Machine  mixte,  composée  d’une  scie  h  ruban  ayant  des  poulies  porte-lames  de  o  m.  70  et 
d’une  toupie  ordinaire. 

Les  deux  premières  machines  qu’un  menuisier  doit  avoir  sont,  d’une  part,  la  scie  à  ruban, 
d’autre  part,  la  toupie.  Ces  deux  machines  ont  été  réunies  en  une  seule  dans  le  présent  modèle;  cela 
donne  une  économie  de  place  et  une  économie  dans  les  frais  d’acquisition  et  d’installation  ; 

i4°  Scie  verticale  alternative  à  plusieurs  lames  pour  le  débit  des  madriers  du  Nord.  Cette  machine 
est  nouvelle.  On  a  voulu,  en  la  construisant,  réduire  au  minimum  la  perle  de  bois,  afin  de  conserver 
aux  planches  un  excès  d’épaisseur  ou  afin  d’avoir  un  feuillet  de  plus  dans  le  débit;  cela  conduisait 
naturellement  a  adapter  des  lames  aussi  minces  que  possible,  et  par  suite,  afin  de  pouvoir  les  tendre 
aisément,  à  les  prendre  très  courtes. 

O11  ne  pouvait,  dans  ces  conditions,  songer  à  employer  de  longues  courses;  aussi,  pour  obtenir 
une  production  abondante,  a-t-on  dû  augmenter  beaucoup  le  nombre  des  révolutions,  ce  qui  alors 
devenait  possible  sans  inconvénient. 

La  machine,  néanmoins,  a  été  construite  très  solidement  et  sa  stabilité  est  telle  qu’à  une  vile  se 
de  5oo  tours  par  minute,  on  n’observe  pas  la  moindre  vibration. 

On  a  dû  également  employer  un  entraînement  continu  pour  le  bois;  les  cliquets  et  les  leviers  n’au¬ 
raient  pu ,  en  effet ,  résister  à  une  aussi  grande  vitesse. 

Deux  madriers  sont  sciés  à  la  fois;  ils  passent  à  l’extérieur  des  châssis.  L’intérieur  se  trouve  donc 
libre  pour  loger  facilement  le  mécanisme  qui  alors  se  trouve  à  l’abri  de  la  sciure.  Le  graissage  se  fait 
facilement.  La  vitesse  peut  dépasser  4oo  tours  par  minute;  les  lames  ont  de  8  à  10  dixièmes  de  mil¬ 
limètre  d’épaisseur,  et  l’on  peut  en  monter  jusqu’à  8  de  chaque  côté.  Le  sciage  obtenu  est  très  beau; 

i5°  Scie  circulaire  à  axe  mobile,  lame  de  0  m.  60. 

Très  employée  dans  la  menuiserie  pour  scier  en  long,  couper  en  travers,  d’onglet,  etc.  ; 

i6J  Scie  circulaire  mixte,  lame  de  0  m.  4o,  combinée  avec  une  toupie  permettant  de  faire  des 
feuillures  au  moyen  de  deux  lames  ayant  leurs  plans  perpendiculaires. 

Ces  deux  outils  peuvent  être  employés  séparément  et  jouissent  des  avantages  qui  découlent  de  leur 
fonction:  l’un  horizontal  comme  scie  circulaire,  l’autre  vertical  comme  toupie  ; 

170  Machine  à  raboter,  amenage  continu  permettant  de  blanchir  et  de  mettre  d’épaisseur  des  bois 
de  0  m.  60  x  0  m.  i5.  Table  mobile  à  coin,  très  stable;  disposition  d’entraînement  automatique 
des  rouleaux  supérieurs  eti  nférieurs  sans  changement  d’engrenage,  quelle  que  soit  l’épaisseur  du  bois 
à  raboter; 

180  Machine  à  raboter  de  0  m.  35  x  0  m.  11.  Table  mobile,  modèle  simplifié,  à  la  portée  des 
petits  industriels;  possède  une  disposition  pour  le  rabotage  des  planches  minces; 

1 90  Machine  spéciale  à  raboter  les  frises  de  parquet  sur  trois  faces  à  la  fois. 

Dans  les  scieries  qui  traitent  plus  spécialement  les  bois  du  Nord,  on  recherche,  tant  pour  le  sciage 
que  pour  la  fabrication  des  frises  de  parquet,  des  machines  à  très  grandes  productions. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


446 


Pour  le  sciage,  nous  avons  vu  quels  avantages  on  peut  trouver  dans  l’emploi  des  scies  à  ruban  à 
cylindres.  Pour  le  rabotage  des  frises ,  il  convient  d’employer  la  machine  dont  nous  nous  occupons 
actuellement.  Cette  machine ,  établie  dans  le  même  esprit  que  les  parqueteuses  ordinaires ,  en  même 
temps  qu’elle  fait  la  rainure  et  la  languette,  offre  encore  sur  ces  dernières,  au  point  de  vue  de  la 
production,  des  avantages  marqués.  Le  rabotage  de  la  face  de  la  frise  se  fait  simultanément  avec 
deux  outils  rotatifs,  l’un  qui  dégrossit,  l’autre  qui  termine.  La  prise  du  bois  est  donc  partagée,  ce  qui 
diminue  la  fatigue  des  outils  et  permet,  dans  le  cas  de  mauvais  sciage,  de  faire  des  passes  plus  fortes. 
Cette  division  dans  le  travail  offre  en  outre  l’avantage  marqué  d’avoir  un  rabotage  plus  parfait,  en 
même  temps  qu’elle  conduit  à  des  arrêts  moins  fréquents  pour  le  changement  des  fers. 

On  comprend  en  effet  que,  dans  les  bois  sales,  c’est  le  premier  outil  qui  fatigue  et  qui  s’abîme;  mais 
ici,  cela  n’a  qu’un  inconvénient  relatif,  parce  que  le  travail  est  terminé  parle  deuxième  outil,  lequel, 
agissant  sur  une  surface  propre  et  ne  prenant  toujours  qu’une  quantité  limitée  de  bois,  conserve  plus 
longtemps  son  affût  et  produit  un  bon  rabotage.  Les  porte-outils  pour  le  bouvetage  sont  très  faciles  à 
régler;  ils  portent  chacun  6  fers. 

Cette  machine  peut  passer  du  bois  jusqu’à  o  m.  18  de  large  et  o  m.  o45  d’épaisseur.  Son  ame¬ 
nage  est  très  puissant.  Sa  production  dans  les  frises  de  sapin  blanc  pour  parquet  peut  atteindre  et 
même  dépasser  1 5  mètres  par  minute  ; 

20°  Machine  à  raboter  sur  quatre  faces  à  la  fois  pour  bois  de  o  m.  2 4  X  0  m.  11  et  à  faire  des 
moulures  dans  toute  la  longueur  de  la  pièce  à  travailler.  Employée  pour  la  fabrication  du  parquet  des 
wagons,  des  navires,  etc; 

2i°  Machine  à  raboter  et  à  moulurer  sur  les  quatre  faces  à  la  fois  des  bois  de  o  m.  i5  X  0  m.  08  ; 
modèle  plus  faible  que  le  précédent,  tout  en  étant  très  solide;  très  employé  dans  la  menuiserie; 

220  Machine  à  raboter  et  à  moulurer  pour  bois  de  0  m.  18x0  m.  08,  à  double  porte-outils  su¬ 
périeur  ,  spéciale  pour  la  fabrication  des  moulures  ;  grande  et  belle  production. 

L’emploi  des  deux  porte-outils  supérieurs  donne  de  grands  avantages  :  l’un  dégrossit,  l’autre  ter¬ 
mine  le  travail;  ce  dernier,  agissant  toujours  dans  des  bois  propres  et  ne  prenant  que  peu  de  matière, 
conserve  longtemps  son  affût  et  produit  un  beau  fini.  D’un  autre  côté,  cette  division  du  travail  permet 
d’avoir  une  grande  production  ; 

2  3°  Machine  à  bouveter  et  à  moulurer  pour  bois  de  0  m.  2  4  x  0  m.  12  ,  à  deux  outils  latéraux  et 
verticaux;  cette  machine  sert  également  pour  rainer  les  frises  de  parquet  préalablement  rabotées; 

2  4°  Machine  à  raboter  à  outil  rotatif  en  dessous  pour  raboter,  dresser,  dégauchir  à  la  main  les 
bois  relativement  courts;  très  employée  dans  la  menuiserie,  le  modelage,  etc. 

La  plus  grande  largeur  de  bois  à  travailler  est  de  o  m.  4o. 

Une  disposition  simple  permet  de  se  servir  de  cette  machine  pour  percer  et  mortaiser; 

2  5°  Machine  mixte  à  raboter,  à  dégauchir,  à  mortaiser  et  à  percer. 

La  dégauchisseuse  peut  dresser  des  bois  de  20. 

La  raboteuse,  à  avancement  continu,  permet  de  blanchir  des  bois  d’une  largeur  maximum  de 
0  m.  35  X  o  m.  08. 

La  mortaiseuse  sert  à  faire  les  mortaises  et  à  percer  des  trous  pour  les  assemblages. 

Les  trois  outils  peuvent  être  employés  simultanément. 

Machine  construite  pour  les  petits  industriels.  Elle  constitue,  avec  celle  décrite  précédemment  et 
composée  d’une  scie  à  ruban  et  d’une  toupie,  le  matériel  d’un  petit  entrepreneur.  En  effet,  on  pourra 
faire  le  sciage,  le  rabotage,  le  moulurage,  le  dégauchissage ,  le  perçage,  le  mortaisage; 

26°  Machine  verticale  à  moulurer,  dite  toupie  automoteur,  pouvant  faire  les  moulures  reclilignes  et 
curvilignes,  raboter,  dégauchir,  rainer,  etc. 

Machine  d’un  emploi  général  et  indispensable  dans  la  menuiserie,  l'ébénisterie ,  la  carrosserie,  la 
charpente. 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION. 


447 


Sur  l’arbre  de  cette  machine ,  on  peut  monter  facilement  des  porte-outils  pour  travaux  spéciaux; 

2 70  Machine  verticale  à  moulures,  dite  toupie  double,  pour  petits  travaux  d’ébénisterie,  de  fabri¬ 
cation  de  brosses ,  etc. 

Modèle  léger  et  solide ,  d’une  application  spéciale  ; 

28°  Machine  à  mortaiser  verticale  pour  gros  bois,  pouvant  percer  et  mortaiser,  au  moyen  d’une 
mèche  et  d’un  bédane  mus  séparément,  les  bois  de  charpente,  construction  de  wagons,  etc.; 

2 90  Machine  à  mortaiser  horizontale  pour  les  bois  de  menuiserie,  ébénisterie,  etc.;  d’un  emploi 
général  et  indispensable  ; 

3o°  Petite  machine  à  mortaiser  horizontale  pour  les  petits  travaux,  spécialement  faite  pour  les 
assemblages  de  glaces  des  châssis  de  wagons; 

3i°  Machine  à  percer  verticale ,  employée  dans  les  grandes  constructions,  chemins  de  fer,  arsenaux, 
menuiserie,  charpente,  etc.; 

32°  Machine  à  percer  à  quatre  mèches,  spéciale  pour  la  construction  des  wagons.  Avantages  mar¬ 
qués  par  l’emploi  successif  de  mèches  différentes  montées  sur  chaque  arbre  ; 

33°  Machine  à  reproduire  les  bois  de  fusils,  les  rais  et  toutes  les  pièces  qui  peuvent  se  copier. 

Elle  fait  quatre  pièces  à  la  fois. 

Cette  machine,  de  construction  nouvelle,  est  celle  qui  est  employée  dans  les  manufactures  d’armes 
de  l’Etat  pour  le  dégrossissage  des  crosses  et  des  fûts  des  nouveaux  fusils  à  répétition.  Elle  prend  le 
bois  perpendiculairement  aux  fibres,  ce  qui  empêche  les  éclats. 

La  disposition  des  outils  permet  une  production  très  rapide  ;  une  crosse  de  fusil  Lebel  est  dégrossie 
en  deux  minutes,  et,  comme  on  en  fait  quatre  à  la  fois,  on  voit  la  production; 

34°  Machine  automatique  à  aiguiser  les  couteaux  de  raboteuses  au  moyen  de  la  meule  creuse  en 
émeri  pur  et  corindon. 

La  meule  ne  change  jamais  de  diamètre,  ce  qui  ne  change  pas  la  pente  du  biseau;  d’un  autre  côté, 
le  couteau  à  aiguiser  n’est  jamais  en  contact  avec  la  meule  que  par  une  petite  surface,  ce  qui  empêche 
les  échauffements  ; 

35°  Machine  à  défoncer  et  à  façonner  les  fers  à  moulures,  nécessairement  employée  dans  la  me¬ 
nuiserie,  l’ébénisterie ,  la  fabrication  des  roues,  etc.; 

36°  Machine  automatique  à  affûter  les  lames  de  scies  à  ruban  au  moyen  d’une  meule  d’émeri.  La 
voie  se  donne  automatiquement.  L’emploi  de  la  meule  d’émeri  dans  l’affûtage  des  scies  à  ruban  pro¬ 
duit  de  grands  avantages  sur  l’emploi  de  la  lime  :  la  coupe  est  meilleure  et  l’économie  réalisée  est  con¬ 
sidérable.  La  machine  marche  avec  une  précision  absolue  :  elle  a  des  mouvements  spéciaux  brevetés 
qui  n’existent  dans  aucune  autre  et  qui  font  que  la  même  meule  peut  servir  à  l’affûtage  de  dentures 
très  différentes. 

En  terminant  notre  rapport  sur  cette  puissante  maison ,  il  convient  certainement  de  parler  de  ses 
essais  dynamométriques  sur  les  machines  à  travailler  le  bois.  Disons  de  suite  à  son  honneur  que  ces 
essais  ont  été  couronnés  de  succès. 

Pour  faire  ces  expériences ,  la  maison  Panhard  et  Levassor  a  été  amenée  à  construire  un  dynamo¬ 
mètre  spécial,  d’une  installation  et  d’un  emploi  faciles. 

Des  essais  faits  sur  une  scie  alternative  à  plusieurs  lames  pour  bois  en  grumes,  il  ressort  que  la 
force  dépensée  n’est  pas  proportionnelle  à  la  surface  sciée ,  à  cause  d’une  constante  représentant  les 
frottements  de  la  machine ,  mais  qu’il  y  a  avantage ,  au  point  de  vue  de  la  force ,  à  avoir  des  avance¬ 
ments  rapides.  Les  frottements  de  la  machine  à  vide  dans  ces  sortes  de  machines  étant  considérables 
et  indépendants  du  nombre  de  lames ,  il  y  aura  avantage  à  prendre  des  scies  très  robustes  et  capables 
de  faire  un  grand  nombre  de  traits  à  la  fois.  Sur  une  scie  à  cylindres  à  ruban  à  poulies  de  1  m.  2 5  , 
les  essais  dynamométriques  montrent  qu’au  point  de  vue  d’économie  de  force,  il  y  a  avantage  à  avoir 
de  grandes  productions;  que  le  sciage  du  peuplier  ne  prend  pas  plus  de  force  que  celui  du  sapin. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


448 


Avec  une  machine  à  raboter  à  amenage  continu ,  les  essais  prouvent  qu’en  raison  de  la  grande  vi¬ 
tesse  des  outils  (4,3io  tours),  il  faut  une  très  grande  force  pour  la  faire  tourner.  Pour  donner  cette 
force,  il  conviendra  d’employer  des  arbres  en  acier  dur,  d’aussi  petit  diamètre  que  possible,  tournant 
dans  des  coussinets  en  bronze  très  dur  et  avec  des  courroies  très  minces  et  très  souples.  Ces  es¬ 
sais  montrent  qu’il  y  a  proportionnalité'  entre  la  force  prise  par  le  rabotage  et  la  quantité  de  matière 
enlevée.  Ils  montrent  la  grande  force  employée  pour  le  rabotage  lorsqu’on  arrive  à  de  fortes  produc¬ 
tions.  Dans  ce  cas,  pour  des  passes  enlevant  o  m.  001  1/2  de  bois,  on  arrive  à  des  forces  de  huit 
chevaux;  et  que,  dans  le  chêne,  la  force  employée  est  d’environ  20  p.  100  de  la  force  prise  pour  le 
sapin  ou  le  peuplier. 

Dans  une  machine  à  parquet,  les  essais  faits  sur  des  frises  de  0  m.  1 15  sur  0 m.  023  rabotées  d’un 
seul  côté  et  bouvetées  sur  les  deux  rives  démontrent  qu’il  faut  sept  chevaux  pour  entretenir  la  rota¬ 
tion  des  outils  qui  tournent  à  4,2 00  tours.  Celte  constante  de  force  prise  par  la  machine  indique 
encore  qu’il  y  a  avantage,  au  point  de  vue  de  la  force,  à  employer  des  machines  qui  produisent 
beaucoup. 

Nous  ajouterons  que,  depuis  1876,  la  maison  Panhard  et  Levassor  s’est  occupée  de  la  question  des 
apprentis  et  que,  depuis  cette  époque,  plus  de  soixante-deux  ont  déjà  passé  dans  leurs  ateliers.  La 
plupart ,  après  avoir  fini  leur  apprentissage,  sont  devenus  de  bons  ouvriers. 

M.  Arbey. 

i°  La  maison  Arbey  expose  une  machine  nouvelle  à  faire  de  la  fibre  de  bois.  Cette  fabrication  qui 
a  pris  un  grand  essor  depuis  quelques  années  a  été  introduite  en  France  par  la  maison  Périn,  Panhard 
et  Cie.  Depuis  l’expiration  des  brevets,  plusieurs  constructeurs  ont  exécuté  différentes  machines  pour 
faire  ce  travail.  C’est  la  seule  qui  ait  été  exposée.  Elle  produit  900  kilogrammes  de  paille  de  bois  par 
dix  heures  de  travail.  Les  bois  à  travailler  ont  0  m.  65  de  longueur  et  se  placent  par  quatre  madriers 
de  sapin  à  la  fois  sur  la  machine.  Le  couteau  est  cannelé  et  son  affûtage  est  aussi  facile  cpie  celui  des 
couteaux  droits.  Les  couteaux  sont  inclinables.  11  reste  à  la  fin  de  chaque  opération  des  réglettes  de 
0  m.  o4  sur  0  m.  o4.  Le  bois  n’est  pas  griffé  sur  la  machine;  il  est  maintenu  horizontalement  et  ver¬ 
ticalement  par  des  presseurs.  On  peut  facilement  arrêter  la  marche  de  la  machine  et  changer  en 
marche  l’épaisseur  des  copeaux  ; 

20  Une  machine  à  trancher  le  bois.  C’est  aussi  la  seule  machine  à  trancher  que  nous  ayons  eu  à 
examiner.  Celte  machine  peut  trancher  du  bois  de  om.  35  x  om.  35  et  1  mètre  de  longueur.  Elle  a  une 
disposition  particulière  qui  donne  d’une  façon  simple  un  double  mouvement  au  couteau  qui  permet 
de  trancher  jusqu’à  0  m.  00  5  d’épaisseur;  un  système  de  double  bielle,  équilibrant  le  mouvement  du 
chariot,  peut  donner  un  mouvement  très  rapide  et  permet  de  produire  vingt-cinq  feuillets  à  la  mi¬ 
nute; 

3°  Une  toupie  ou  machine  à  moulurer,  à  amenage  automatique  à  cylindres  pouvant  s’enlever  ou  se 
mettre  en  place  facilement.  Les  paliers  du  bas  forment  boîte  à  huile  et  les  paliers  supérieurs  ont  une 
circulation  d’huile  automatique; 

4°  Une  machine  à  blanchir  et  moulurer  passant  0  m.  12  de  hauteur  sur  0  m.  08  d’épaisseur, 
vitesse  de  5  mètres  à  la  minute.  Le  porte-outil  est  mobile  et  fait  d’une  seule  pièce; 

5°  Machine  à  façonner  les  formes  de  sabots,  crosses  de  fusil. 

Cette  machine  peut  aller  jusqu’à  0  m.  4o  de  longueur;  l’embrayage  et  le  débrayage  se  font  auto¬ 
matiquement  ; 

6°  Une  scie  à  ruban  ,  poulies  de  0  m.  80.  Elle  présente  cette  particularité,  qu’elle  a  des  paliers  grais¬ 
seurs  à  réservoir  d’huile  et  que  les  coussinets  à  rotules  déterminent  l’axage  automatique  des  deux 
coussinets  ; 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION. 


449 


70  Un  tour  parallèle  à  touche.  Le  modèle  tourne,  ce  qui  permet  de  faire  des  angles  et  parties  sail¬ 
lantes  très  fines  ; 

8°  Une  meule  en  grès  à  affûter,  chariot  automatique.  Le  travail  d’affûtage  se  fait  en  dessous  pour 
donner  plus  de  mordant  au  fil; 

90  Une  machine  à  tenons  simples  ou  doubles  et  une  machine  #  mortaiser  et  équarrir  complètent 
cette  exposition. 

Dans  la  classe  49,  materiel  agricole  et  forestier,  nous  avons  eu  à  examiner  : 

i°  Une  scie  alternative  à  une  lame  sur  le  côté.  Le  mouvement  d’avance  du  chariot  est  continu.  La 
lame,  affûtée  quatre  dents  dans  un  sens,  quatre  dents  dans  l’autre,  travaille  en  descendant  comme 
en  montant.  Le  chariot  diviseur  est  en  fer  et  placé  en  dehors.  La  bielle  est  attachée  au  milieu  du  cha¬ 
riot  pour  en  diminuer  la  longueur;  elle  peut  faire  1  m.  5o  d’avancement  à  la  minute; 

20  Une  scie  alternative  pour  bois  de  0  m.  5o,  a  plusieurs  lames.  Les  lames  ont  0  m.  55  de  course 
et  font  200  coups  a  la  minute; 

3°  Une  scie  alternative  a  cylindres  a  2  madriers.  Les  lames  font  3 00  coups  à  la  minute;  elles 
11’ont  pas  de  nez.  Leur  affûtage  est  comme  le  précédent.  L’inconvénient  de  ces  lames  est  qu’il  11e 
peut  se  faire  mécaniquement  et  qu’il  faut  un  très  bon  affûteur,  bien  habitué  à  ce  genre  de  denture, 
pour  pouvoir  se  servir  de  ces  machines. 

Dans  le  pavillon  Forestier  nous  avons  examiné  : 

i°  Une  scie  circulaire  transportable,  bâtis  en  bois,  diamètre  de  la  lame  1  m.  20;  l’amenage  du 
bois  se  fait  par  une  corde.  Elle  est  montée  sur  deux  roues.  Les  supports  du  chariot  reliés  à  la  ma¬ 
chine  par  des  coulisses  permettent  de  les  éloigner  a  volonté  suivant  la  longueur  des  bois  à  scier; 

20  Scie  verticale  montée  sur  roues,  chariots  spéciaux  à  griffes  pour  l’entraînement  du  bois  a 
scier,  permettant  de  débiter  les  blocs  dans  toute  leur  longueur,  sans  aucune  reprise. 

Cette  machine  se  fait  sur  deux  modèles,  bois  de  0  m.  5o  ou  de  0  m.  70  de  diamètre.  La  machine 
est  montée  sur  4  roues.  Le  bois  est  porté  sur  2  wagonnets  qui  roulent  sur  une  voie  de  chemin  de 
fer  ;  l’avance  de  ces  wagonnets  se  fait  par  une  chaîne.  Le  bâti  est  en  bois  ; 

3°  Une  machine  à  abattre  les  arbres  et  tronçonner.  La  lame  de  scie  est  montée  directement  sur  la 
tige  du  piston  à  vapeur. 

Cette  machine  a  déjà  été  exposée  en  1878  par  la  maison  Ransonne;  M.  Arbey  est  concession¬ 
naire  en  France  du  brevet  de  cette  machine. 


M.  Guillet. 

La  maison  de  M.  Guillet  père,  secondé  par  ses  trois  fils,  a  fait  de  très  grands  progrès  depuis  1878 , 
comme  construction  de  machines. 

Les  outils  spéciaux,  auxquels  M.  Guillet  père  a  beaucoup  travaillé,  ont  été  un  peu  laissés  de  côté 
et  la  partie  mécanique ,  par  contre ,  beaucoup  améliorée.  Les  machines  sont  mieux  conçues ,  mieux  dé¬ 
finies  et  le  prix  de  vente  est  néanmoins  très  bon  marché.  Nous  avons  retrouvé,  comme  en  1878,  la 
série  de  6  machines  à  faire  les  galoches  et  permettant  de  faire  avec  5  hommes  1,000  paires  de  ga¬ 
loches  par  jour.  Cette  série  de  machines  comprend  : 

i°  Une  machine  à  creuser,  machine  à  raboter  l’intérieur,  machine  à  faire  la  rainure,  deux  tou¬ 
pies  doubles; 

20  Une  machine  à  affûter  les  fers  de  raboteuse  jusqu’à  o  m.  67  de  longueur; 

3°  Une  scie  à  ruban  à  poulie  de  0  m.90  pour  le  chantournement  avec  bâti  d’une  seule  pièce; 

4°  Une  raboteuse  de  o  m.  60  de  large,  0  m.  i4  d’épaisseur,  à  amenage  continu  au  moyen  de 
cylindres  presseurs.  La  vitesse  d’avance  du  bois  est  variable.  La  table  est  mobile.  Le  porte-outil  en 
acier  porte  deux  couteaux  droits  et  tourne  dans  des  paliers  graisseurs  avec  coussinets  en  bronze  ; 


Groupe  VI.  —  iv. 


29 


450 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


5°  Une  machine  à  mortaiser  horizontale,  avec  chariot  porte-bédanes.  Les  mèches  sont  hélicoïdales 
et  coupent  de  côté.  Sur  cette  mortaiseuse  peut  se  placer  un  appareil  pour  mortaiser  les  moyeux  de 
roues  de  voitures; 

6°  Une  machine  k  faire  les  moulures  pour  bois  de  o  m.  12  de  large  sur  o  m.  08  d’épaisseur; 

70  Une  machine  à  raboter  en  dessous  de  0  m.  4o  de  largeur.  La  table  en  deux  pièces  11e  descend 
que  d’un  côté  du  porte-outil  de  l’épaisseur  du  bois  k  enlever  k  chaque  passe; 

8°  Une  machine  k  raboter  k  amenage  continu  pour  bois  de  0  m.  4o  de  largeur  sur  o  m.  i5  d’é¬ 
paisseur  ; 

90  Une  scie  circulaire  k  axe  mobile,  lame  de  o  m.  5o  ; 

io°  Une  machine  k  façonner  4  rais  de  roues  de  voitures  k  la  fois. 

Il  faut  sept  minutes  pour  faire  une  passe  de  o  m.  55  de  longueur.  Un  seul  type  placé  au  milieu 
de  la  machine;  un  débrayage  automatique  arrête  la  machine  en  temps  voulu; 

ii°  Une  scie  k  cylindres  k  ruban,  ayant  des  poulies  de  1  m.  10  pour  dédoublage  des  madriers  et 
autres  pièces  équarries  jusqu’à  0  m.  5o  de  hauteur.  Les  cylindres  cannelés  ont  une  vitesse  variable 
suivant  le  débit.  Un  guide  k  cylindres  est  placé  sur  la  table  k  une  distance  de  la  lame  égale  k  l’épais¬ 
seur  k  obtenir.  Tout  l’appareil  d’entraînement  peut  être  facilement  démontable  pour  laisser  la  table 
libre  pour  les  sciages  et  chantournements  k  la  main; 

12°  Une  scie  k  grume  k  ruban,  chariot  de  0  m.  4o,  poulies  porte-lames  de  1  m.  2  5  de  diamètre. 

L’embrayage  pour  l’avancement  du  chariot  est  k  grilfes  ;  le  retour  du  chariot  est  k  grande  vitesse. 
Le  chariot  est  en  dehors  de  la  lame  et  est  tout  en  fer.  Les  longrines  du  dossier  sont  en  bois  ; 

i3°  Un  tour  parallèle  k  touche  k  reproduire  pour  manches  de  fourches,  de  pelles,  de  balais;  il 
peut  faire  jusqu’à  2  m.  7b  de  longueur.  Sur  le  chariot  est  posée  une  lunette  qui  sert  k  la  fois  à 
tourner  cylindriquement  et  k  maintenir  la  pièce  de  bois.  C’est  derrière  cette  lunette  que  se  trouve 
l’outil  qui,  monté  sur  un  support  oscillant,  termine  le  travail  conforme  k  un  gabarit  en  bois  ou  en 
tôle ,  fixé  par  ses  extrémités  sur  les  poupées  ; 

i4°  Une  machine  k  raboter  k  quatre  faces  pour  bois  de  o  m.  20  X  o  m.  08.  Le  bois  est  entraîné 
d’une  façon  continue  par  quatre  cylindres  mis  en  mouvement  par  des  engrenages.  Ceux  de  dessus 
sont  cannelés  et,  au  moyen  d’un  volant,  peuvent  monter  ou  descendre. 

La  vitesse  d’entraînement  varie  de  3  k  9  mètres  k  la  minute  ;  un  débrayage  permet  l’arrêt  instan¬ 
tané  de  l’avancement.  Toute  la  partie  de  la  table  placée  au  devant  de  l’outil  horizontal  du  dessous 
monte  et  descend  k  volonté  pour  régler  l’épaisseur  du  bois  k  enlever. 

Les  porte-outils  des  toupies  peuvent  recevoir  des  lames  droites  ou  des  outils  circulaires  spéciaux 
k  la  maison  Guillet; 

i5°  Une  machine  k  raboter  sur  trois  faces  pour  bois  de  0  m.  33  sur  0  m.  i4  d’épaisseur. 

Cette  machine  ne  diffère  de  la  précédente  que  par  la  suppression  de  l’arbre  horizontal  porte-outils 
rabotant  les  bois  en  dessous  ; 

160  Une  machine  k  bouveter  de  0  m.  33  de  largeur  sur  0  m.  o4  d’épaisseur,  pour  le  parquet  de 
chêne.  Elle  est  spécialement  destinée  k  faire  !a  languette  et  la  rainure  dans  les  planches  rabotées  sur 
une  ou  deux  faces. 

Les  arbres  verticaux  sont  mobiles  ;  les  outils  employés  sont  des  outils  système  Guillet.  Le  bois  est 
entraîné  par  des  cylindres  presseurs  k  des  vitesses  variables; 

170  Une  machine  k  tenons  et  k  enfourchements  et  k  faire  les  plates-bandes.  Le  travail  est  obtenu 
par  des  plateaux  porte-outils  placés  sur  un  arbre  vertical  et  que  l’on  peut  écarter  k  l’épaisseur  voulue 
par  des  rondelles. 

En  remplaçant  les  outils  droits  par  des  outils  profilés,  on  obtient  des  tenons  dont  les  arasements 
sont  moulurés. 

Une  toupie  termine  la  série  des  machines  exposées  par  la  mais.011  Guillet. 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION. 


/i  5 1 


Enfin  MM.  Guillet  ont  montré  au  jury  des  médaillons  en  bois  sculpté  faits  à  la  machine.  Malheu¬ 
reusement,  cette  machine  qui  devrait  être  très  intéressante,  n’était  pas  exposée,  et  nous  n’avons  pu 
voir  que  les  échantillons  de  son  travail. 

MM.  Despine  et  Achard. 

MM.  Despine  et  Achard  ont  succédé,  en  1882 ,  à  M.  Quétel-Trémois  qui  avait  une  spécialité  pour 
les  machines  à  faire  le  parquet.  Ces  messieurs  ont  augmenté  la  fabrication  de  différents  types  de 
machines  : 

i°  Une  machine  à  raboter  sur  quatre  faces.  C’est  une  ancienne  machine  Quétel  transformée.  Le 
réglage  des  outils  est  simplifié  de  façon  à  passer  rapidement  d’une  dimension  de  bois  à  une  autre. 
Le  tirage  de  la  courroie  appuie  sur  la  traverse  des  bouvets  au  lieu  de  tirer  dessus. 

Les  arbres  sont  munis  de  porte-outils  à  trois  branches  très  courts,  tournant  de  3,5oo  à  4, 000 
tours,  sans  échauffement.  La  production  de  la  machine  est  de  45o  à  600  frises  de  sapin  à  l’heure; 
son  avancement  est  de  5  mètres  à  la  minute  dans  du  chêne.  Elle  peut  passer  des  bois  de  35  x  12. 
Les  engrenages  accouplés  par  paires  pour  la  commande  des  cylindres  d’amenage  permet  de  diminuer 
le  temps  qu’il  fallait  pour  changer  les  engrenages  du  système  Quétel  à  chaque  changement  d’épaisseur 
de  bois. 

Sur  les  toupies,  on  a  adapté  des  porte-outils  a  disques  garnis  de  mollettes  coupantes  d’un  système 
breveté  pour  permettre  d’augmenter  encore  la  production  de  la  machine  ; 

20  Une  raboteuse  pour  grandes  épaisseurs  pouvant  raboter  les  bois  de  0  m.  4o  de  large  sur 
0  m.  27  de  hauteur  et  permettant  de  raboter  les  madriers  sur  champ; 

3°  Dégauchisseuse  rifleuse.  —  La  table  d’entrée  du  bois  est  en  deux  pièces,  formant  ainsi  deux 
tables  à  niveau  variable  et  indépendant  l’un  de  l’autre.  La  table  la  plus  rapprochée  de  l’ouvrier  se 
règle  pour  enlever  d’un  seul  coup  une  forte  épaisseur  de  bois,  0111.002  à  om.  oo3;  quand  le  gauche 
du  bois  a  ainsi  disparu,  on  termine  la  pièce  à  dégauchir  sur  la  table  de  droite  qui  n’a  qu’un  désa- 
fleurement  très  petit  pour  donner  le  dernier  coup  de  planchage.  Cette  machine  fait  passer  du  bois 
de  0  m.  4 o  de  large; 

4°  Moulurière  droite.  —  Cette  machine  peut  passer  du  bois  de  0  m.  20  sur  0  m.  17  d’épaisseur. 
L’arbre  du  porte-outil  est  rond  et  permet  d’employer  des  fers  à  moulures  ordinaires  de  toupie.  L’ame¬ 
nage  du  dessus  et  du  dessous  sont  commandés.  Cette  machine  est  très  bien  étudiée  et  doit  rendre  de 
grands  services; 

5°  Scie  circulaire  à  axe  mobile  n’offrant  aucune  particularité; 

6°  Machine  à  tenons  et  à  moulures  à  trois  faces.  Ces  deux  machines  ont  été  étudiées  en  vue  de  la 
fabrication  des  portes  et  fenêtres.  Les  porte-outils  se  composent  de  disques  en  fonte,  fer,  acier  ou 
bronze  munis  de  trous  a  leur  circonférence.  Les  outils  tranchants  sont  des  mollettes  circulaires  en 
acier  fixés  sur  les  disques  par  un  boulon  central.  Ces  mollettes,  défoncées  à  la  meule  et  affûtées,  sont 
les  outils  tranchants  du  porte-outils.  Faites  au  tour,  elles  peuvent  être  fabriquées  à  tous  les  profils 
usuels,  soit  à  tranchant  rectiligne  ou  profilé,  s’il  s’agit  d’un  tenon  à  arasement,  et  droit  ou  profilé. 

Les  disques  de  tenonneuses  sont  d’un  grand  diamètre  et  ont  un  dévers  suffisant  pour  obtenir  le 
dégagement  immédiat  de  l’outil  aussitôt  que  chaque  mollette  a  travaillé. 

Pour  la  moulurière,  les  disques  sont  plus  petits  et  le  dévers  est  obtenu  par  un  évidement  circu¬ 
laire  oblique  pour  chaque  mollette.  Ceci  permet  de  donner  aux  mollettes  des  dévers  dans  les  deux 
sens.  Le  réglage  du  tranchant  des  mollettes  sur  les  disques  se  fait  au  moyen  d’une  pige  ou  compas 
passant  par  le  centre  du  disque  et  du  boulon  de  serrage  de  la  mollette.  L’extrémité  de  la  pige  porte 
un  talon  contre  lequel  on  peut  faire  buter  le  tranchant  de  la  mollette. 

L’amenage  de  la  moulurière  est  disposé  de  façon  à  pouvoir  faire  du  bois  très  court; 


29. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


452 


t 

70  Machine  à  dérouler  le  bois  de  placage.  —  Cette  machine  sert  a  faire  le  déroulage  du  placage 
destiné  à  remplacer  les  papiers  de  tenture;  mais  elle  a  été  aussi  étudiée  dans  le  but  de  la  fabrication 
des  allumettes  et  des  boîtes  d’allumettes.  Le  porte- couteaux  est  muni  d’un  système  de  traceurs  qui  est 
variable  avec  les  dimensions  des  allumettes  ou  des  boîtes. 

Pour  faire  les  allumettes  qui  ont  o  m.  002  à  0  m.  002  1/2  d’épaisseur,  on  déroule  un  copeau  de 
plusieurs  mètres  de  longueur  ayant  l’épaisseur  voulue.  Ces  bandes  superposées  sont  ensuite  montées 
par  paquets  sur  la  machine  à  débiter  qui,  par  un  mouvement  de  guillotine,  les  coupe  à  leur  dimen¬ 
sion. 

Pour  faire  les  boîtes  d’allumettes,  les  traceurs  divisent  les  copaux  au  déroulage;  des  traceurs 
intermédiaires,  réglés  avec  précision,  tracent  les  arêtes  du  collet  de  la  boîte;  ces  copeaux  vont  ensuite 
a  une  débiteuse  qui  les  guillotine  en  paquets  à  la  longueur  de  ces  boîtes.  Le  mouvement  transversal 
alternatif  du  couteau  donne  un  tranchage  beaucoup  plus  net  lorsqu’on  déroule  des  copeaux  épais. 
Cette  machine,  vendue  déjà  plusieurs  fois,  bien  quelle  n’existe  que  depuis  1888,  paraît  très  bien 
marcher. 

Cette  maison  expose  encore  une  machine  à  dégauchir  le  bois  de  0  m.  60  de  largeur,  dont  l’arbre 
porte-couteaux  est  commandé  aux  deux  extrémités.  Enfin  une  machine  à  mortaiser  horizontale  et  une 
scie  à  ruban  sur  lesquelles  il  n’y  a  pas  de  particularités  à  relever. 


MM.  Pezant  frères ,  à  Maubeuge. 

MM.  Pezant  frères  ont  une  série  de  machines  beaucoup  plus  complète  qu’à  l’Exposition  de  1878. 
Leurs  machines  de  scierie  sont  d’un  prix  extrême  de  bon  marché;  mais,  bien  que  quelques  machines 
soient  assez  bien  traitées,  en  général  la  construction  laisse  à  désirer.  Ces  messieurs  estiment  que  le 
bon  marché  de  leurs  machines  tient  aux  causes  suivantes  :  pas  d’ingénieurs  ni  de  dessinateurs,  ces 
fonctions  étant  remplies  par  les  deux  associés  aidés  de  leurs  fils;  contiguïté  d’une  gare  qui  permet 
d’avoir  peu  de  transport  par  voitures  à  l’arrivée  des  matières  premières  et  à  l’expédition;  outillage 
des  ateliers  très  puissant  et  très  perfectionné  permettant  de  réduire  la  main-d’œuvre;  ouvriers  d’un 
pays  très  industriel  qui  sont  adroits  et  actifs;  fonderie  de  fer  et  de  cuivre  dans  l’établissement,  donnant 
les  pièces  de  fonte  à  un  prix  très  bas  ;  proximité  de  forges  et  laminoirs  et  de  houillères  donnant  les 
matières  premières  à  très  bon  compte. 

Dans  les  machines  à  bon  marché,  la  colonne  ne  porte  pas  directement  l’arbre  porte-poulie  de  la 
scie.  Il  est  placé  à  l’extrémité  d’une  pièce  de  fonte  cylindrique  venant  s’ajuster  dans  le  bâti.  Ces  ma¬ 
chines  sont  très  légères  : 

i°  Une  scie  à  ruban  à  cylindres,  poulie  de  1  m.  10; 

20  Une  scie  à  cylindres,  poulies  de  1  mètre; 

3°  Une  scie  à  ruban,  poulie  de  0  m.  90,  à  chantourner  ou  avec  un  appareil  d’amenage  pour  dé¬ 
doubler  les  madriers  ; 

4°  Une  série  de  scies  à  ruban  avec  poulies  de  0  m.  60  à  1  mètre  de  diamètre; 

5°  Une  machine  à  tenons  et  à  enfourchements.  Cette  machine  peut  faire  des  tenons  simples  de  5 
à  3o  millimètres  et  les  enfourchements  de  25  à  35  millimètres; 

6°  Scie  circulaire  avec  machine  à  quatre  faces;  elle  fait  du  bois  de  0  m.  2  5  de  large  sur  0  m.  12 
de  haut;  la  vitesse  d’avancement  est  de  4  m.  5o  à  la  minute; 

70  Un  menuisier  universel; 

8°  Une  machine  à  raboter  de  0  m.  3o  sur  0  m.  12; 

90  Une  machine  à  dégauchir  ou  raboteuse  au-dessous  de  0  m.  45  de  largeur; 

io°  Une  machine  à  mortaiser; 

ii°  Une  toupie  ordinaire. 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION. 


4  53 


M.  Zang,  à  Paris. 

Cette  maison  expose  pour  la  première  fois  des  machines  à  bois. 

Ces  machines  sont  bien  dessinées;  leur  construction  est  bonne. 

i°  Une  machine  à  mortaiser  qui  présente  la  particularité  d’être  tout  inclinée  pour  que  l’ouvrier 
puisse  mieux  voir  son  travail  sans  être  obligé  de  se  courber  comme  dans  les  machines  horizontales  ; 
l’équarrisseur  est  mû  h  la  main  ou  mécaniquement.  La  pression  sur  une  pédale  ou  sur  un  levier  ver- 
lical  produit  la  mise  en  marche  ou  l’arrêt  instantané  de  cet  équarrisseur.  La  transmission  intermédiaire 
se  trouve  placée  à  l’arrière  du  bâti  pour  éviter  l’emploi  d  une  poulie  toile  sur  l’arbre  porte-outil.  Les 
mèches  à  triples  cuillers  et  les  équarrisseurs  à  six  coupes  sont  brevetés  et  spécialement  disposés  pour 
cette  machine; 

2°  Une  toupie,  arbre  de  o  m.  o4.  La  montée  de  l’arbre  de  la  toupie  se  fait  par  un  volant  placé 
sur  le  côté  de  la  machine.  Le  banc  de  la  toupie,  dans  le  cas  d’amenage  continu,  est  en  fer; 

3°  Une  scie  circulaire  à  axe  mobile.  Le  chariot  porte-lame  se  meut  suivant  une  ligne  inclinée  par 
rapport  à  la  table.  La  direction  moyenne  de  la  courroie  est  donc  oblique,  ce  qui  permet  une  trans¬ 
mission  peu  élevée  du  sol.  La  montée  du  chariot  porte-outil  se  fait  par  un  volant  placé  sur  le  côté 
du  bâti.  Le  guide  parallélogramme  est  à  double  articulation,  ce  qui  assure  le  parallélisme  dans  toutes 
les  dispositions  et  permet  d’utiliser  la  largeur  presque  entière  de  la  table  ; 

4°  Une  scie  alternative  à  découper; 

5°  Deux  scies  à  ruban  à  chantourner.  L’interposition  d’un  ressort  entre  la  tête  du  bâti  et  la  vis  de 
rappel  du  chariot  assure  la  tension  de  la  lame  dans  toutes  les  positions  de  ladite  lame.  Les  guide-lames 
sont  formés  d’ime  petite  poutre  métallique  ; 

6°  Une  machine  à  tenons.  Dans  cette  machine,  le  chariot  vertical  est  équilibré  par  un  contre-poids 
placé  à  l’intérieur  du  bâti.  La  manœuvre  du  chariot  se  fait  par  un  volant  placé  sur  le  côté.  L’arbre 
porte-outils  est  en  acier  et  peut  recevoir  un  ou  plusieurs  couteaux  ou  disques  à  couteaux  ; 

7°  Une  scie  alternative  à  découper,  à  balancier,  termine  cette  intéressante  série  de  machines. 

M.  Marquet ,  à  Paris. 

M.  Marquet,  qui  avait  une  scierie  mécanique  à  Paris,  a  créé  un  atelier  de  construction  de  machines- 
outils  à  travailler  le  bois  comme  annexe  à  son  premier  établissement. 

Pour  la  première  fois,  il  expose  de  ses  machines  dont  suit  la  nomenclature  : 

i°  Une  scie  à  découper,  poulies  de  o  m.  70  de  diamètre; 

2°  Une  scie  à  ruban  ayant  des  poulies  de  1  m.  10  de  diamètre,  pouvant  scier  du  bois  de  0  m.  4o 
de  hauteur; 

3°  Une  scie  à  ruban  de  1  mètre  de  diamètre; 

4°  Une  scie  à  grume,  chariot  à  agrafes,  ayant  des  poulies  de  1  m.  25; 

5°  Une  toupie. 

M .  Messaïn,  a  Vaucouleurs. 

Cette  maison ,  qui  expose  aussi  pour  la  première  fois ,  nous  montre  surtout  des  outils  de  charron¬ 
nage  : 

i°  Une  machine  à  mortaiser.  Sur  cette  machine  se  montent  différents  appareils  pour  les  travaux 
suivants  :  a,  un  appareil  diviseur  pour  faire  les  mortaises  des  moyeux  de  roues  de  voitures;  b,  un 
appareil  pour  raboter  d’équerre  et  au  cintre  voulu  l’intérieur  des  jantes;  c,  un  appareil  à  faire  les 
broches  rondes  ou  carrées  des  rais;  d,  un  appareil  pour  façonner  les  rais  suivant  un  modèle  quel- 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


/i5/i 


conque;  e ,  un  appareil  pour  enlever  complètement  les  tenons,  soit  aux  rais,  soit  à  toute  autre  pièce 
d’équerre  ou  obliques,  d’un  seul  coup.  Cette  machine  peut  trouver  son  emploi  dans  de  petits  ate¬ 
liers; 

2°  Une  toupie,  un  tour  à  bois,  une  machine  à  dégauchir,  une  scie  circulaire  à  axe  mobile,  une 
sauteuse,  une  scie  à  ruban  (poulie  de  o  m.  60),  une  machine  à  tenons  et  à  mortaiser. 


M.  Goin ,  à  Barcelonnette. 

M.  Goin  expose  un  tour  à  bras  pour  faire  les  rais  des  roues  de  voitures. 


M.  Baudouin ,  à  Alger. 

M.  Baudouin  expose,  à  l’esplanade  des  Invalides,  une  machine  en  bois  à  araser  les  lames  de  per- 
siennes  au  moyen  de  deux  lames  de  scies  circulaires  inclinées. 

Il  est  regrettable  que  cette  machine  intelligente  n’ait  pas  fonctionné. 

M.  Mèlis,  d’Algérie. 

M.  Mélis  présente  une  scie  alternative  à  découper  le  bois,  qui  marche  à  la  pédale. 


M.  Tiersot,  à  Paris. 

Les  machines-outils  à  découper  le  bois  h  la  main ,  pour  amateurs  bien  plus  que  d’un  usage  indus¬ 
triel,  sont  exposées  en  grand  nombre;  nous  allons  les  passer  en  revue. 

M.  Tiersot  est  certainement ,  dans  ce  genre  de  spécialité,  celui  qui  a  le  plus  grand  nombre  de 
machines  et  de  modèles  différents.  Tontes  les  machines  que  nous  allons  examiner  sont  mues  à  la 
pédale  ou  au  pied. 

M.  Tiersot  fait  un  chiffre  d’affaires  considérable.  Le  premier,  il  a  édité  un  traité  de  dessin  pour 
découpages  d’amateurs  (environ  2,000  dessins  parus),  qui  se  publie  mensuellement.  Il  a  également 
tarifé  et  lancé  les  bois  polis  de  toute  épaisseur  et  de  toute  essence  pour  les  amateurs  ;  sur  certaines 
machines ,  on  peut  découper  jusqu’à  0  m.  1 0  de  hauteur.  Les  types  des  machines  sont  très  variés  : 
machines  à  bras,  doubles,  pour  éviter  les  déviations  de  la  lame  de  scie  à  droite  ou  à  gauche;  machines 
à  balanciers,  machines  rectilignes  à  glissières,  à  ressorts  ou  à  balanciers,  machines  guéridon  porta¬ 
tives  ,  machines  combinées  avec  tour,  scies  circulaires ,  machines  à  percer,  scies  à  ruban  à  pédale  ou 
à  bras  ;  tours  pour  le  bois  ou  le  fer,  machines  à  découper  démontables  pour  officiers.  Cette  maison 
tient  aussi  un  grand  assortiment  d’outils  pour  les  machines. 

M.  Lemelle,  à  Paris. 

M.  Lemelle  expose  aussi  une  série  de  vingt-six  modèles  différents  de  scies  alternatives.  11  publie 
également  un  journal  de  dessin  intitulé  :  Le  Guide  de  V amateur. 

Pour  un  grand  nombre Jle  ces  machines ,  les  tables  sont  à  coulisses  pour  permettre  au  découpeur 
de  replacer  la  scie  dans  la  mâchoire  inférieure  sans  avoir  à  se  baisser  ou  à  se  déplacer. 

La  pédale  bielle  à  coulisses  mobiles  s’adapte  à  toutes  les  machines  à  main.  Une  machine  nouvelle , 
créée  pour  l’Exposition,  se  compose  d’une  perceuse,  d’une  scie  circulaire,  meule  émeri,  tour  mobile, 
table  inclinable  des  deux  côtés  pour  les  coupes  obliques;  elle  fonctionne  au  moyen  d’un  ressort  dit 
tendeur ,  glissant  sur  galets;  ces  machines  sont  brevetées  et  à  serrage  instantané.  11  fabrique  égale- 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  tYIOBILIER  ET  D’HABITATION. 


455 


ment  un  petit  tour  à  bidet;  hauteur  de  pointes  :  o  m.  09.  Il  vend  35  francs  la  poupée-support  et 
contre-pointe. 

M.  Gaasse,  à  Paris. 

M.  Gaasse  a  présenté  au  jury  plusieurs  types  nouveaux  de  machines  à  découper  qui  présentent 
plusieurs  particularités.  La  lame  de  scie  est  tournante,  ce  qui  permet,  malgré  le  peu  de  volume  de  la 
machine,  de  découper  des  pièces  de  0  m.  90  de  largeur  sur  une  longueur  indéfinie.  La  tension  de  la 
lame  s’établit  par  un  excentrique  et  se  trouve  toujours  régulièrement  forte.  Son  mouvement  est  à 
glissières,  et  la  lame  de  scie  est  toujours  obligée  de  venir  prendre  sa  place  au  centre  des  mâchoires. 

Dans  une  autre  machine,  le  ressort  servant  à  la  tension  de  la  lame  est  réglable;  le  bras  supérieur 
est  à  levier,  ce  qui,  dans  les  grandes  pièces,  facilite  le  placement  de  la  lame. 

La  machine  à  percer  s’arrête  ou  se  met  en  mouvement  à  l’aide  d’un  embrayage  à  cliquet,  sans 
avoir  besoin  de  mettre  ou  de  retirer  la  corde  ou  courroie. 


M.  Chonet,  â  Brioude. 

M.  Chonet  expose  une  série  de  machines  à  découper  à  la  pédale.  Il  édite  aussi  un  ouvrage  intitulé  : 
Les  Récréations  utiles  à  tous. 

Il  expose  encore  un  petit  tour  à  bidet,  des  spécimens  de  bois  débités  pour  découpages  d’amateurs 
en  0  m.  oo3,  0  m.  oo5  et  o  m.  007,  et  une  série  de  lames  de  scies  alternatives. 

MM.  Dubreuil  frères . 

MM.  Dubreuil  frères  exposent  des  scies  à  découper  marchant  à  la  pédale  et  des  outils  d’amateurs 
nickelés ,  plus  une  collection  de  dessins  pour  découpages. 

Une  de  ces  scies  à  découper,  la  puissante,  présente  quelques  nouveautés.  Le  bras  supérieur  de  la 
machine  est  articulé;  le  fonctionnement  des  glissières  se  produit  dans  des  galets  mobiles  en  bronze, 
de  sorte  que,  s’il  se  produit  du  jeu,  il  suffit,  pour  le  gagner,  d’avancer  les  galets.  Les  reports  de 
tension  sont  faits  avec  plusieurs  lames  d’acier  indépendantes;  de  façon  que,  suivant  le  travail  à  exé¬ 
cuter,  011  peut  retirer  une  ou  plusieurs  lames  et  graduer  ainsi  la  tension.  Un  petit  ressort,  placé  à  la 
partie  inférieure  de  la  mâchoire  du  dessus,  permet  d’avoir  toujours  une  tension  de  la  lame  de  scie 
très  régulière,  sans  être  obligé  d’appuyer  avec  la  main  sur  le  ressort  supérieur.  Aussitôt  la  machine 
en  marche  ?  le  ressort  se  déclanche  de  lui-même.  Cette  machine  a  o  m.  07  de  course  et  peut  faire  des 
bois  de  0  m.  oo5  à  0  m.  oh  d’épaisseur. 

Il  expose  aussi  une  petite  meule  double  en  grès  des  Vosges,  et  meule  à  l’émeri.  Ces  meules  ont 
0  m.  10  de  diamètre  et  tournent  à  grande  vitesse. 

M.  Mignot. 

M.  Mignot  expose  une  machine  à  découper  qui  est  exactement  celle  de  MM.  Dubreuil. 

MM.  Douis  et  Robert. 

Ces  messieurs  présentent  un  appareil,  dit  anti-pédale,  s’adaptant  à  toutes  les  machines  h  coudre,  h 
tourner  et  à  scier.  Cet  appareil  se  compose  de  crochets  placés  à  l’extrémité  de  leviers  assez  longs  et 
verticaux.  Sur  ces  crochets  sont  placés  les  pieds  qui  les  poussent  en  avant.  Le  pied  n’exécute  pas  de 
mouvement,  ce  sont  les  genoux  et  la  hanche  qui  font  tout  l’effort  par  l’allongement  de  la  jambe  pour 


456 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


faire  manœuvrer  ces  leviers.  L’action  des  leviers  est  portée  sur  un  ressort  récupérateur  qui  se  tend 
sous  l’influence  du  travail  et  rend  ensuite  à  la  machine  la  force  qu’il  a  reçue. 

L’application  de  cette  pédale  est  surtout  intéressante  pour  les  machines  auxquelles  sont  employées 
des  femmes. 

MM.  Martin  et  Cie. 

Ces  messieurs  ont  apporté  à  l’Exposition  une  machine  à  mortaiser  horizontale,  mue  a  bras.  Sur  la 
même  ligne  que  le  bédane  se  trouve  un  appareil  à  percer  complètement  indépendant  et  servant  au 
passage  du  bédane  dans  le  bois.  Un  dégorgeoir  vient  ensuite  finir  le  travail.  Un  autre  appareil  vient 
aussi  se  placer  sur  la  machine  pour  faire  les  tenons  ;  un  autre  sert  à  faire  les  trous  ovales  dans  les 
lames  de  jalousie.  Par  un  simple  changement  d’outil,  on  peut  araser  les  lames  de  persiennes  et  leur 
donner  le  coup  de  gouge.  Cette  machine  est  bien  dessinée  et  bien  faite. 

Une  machine  à  mortaiser  verticale,  qui  est  la  même  combinaison  d’outils  que  les  premiers:  mais  ils 
sont  tous  réunis  sur  la  même  ligne  et  permettent  de  faire  la  mortaise  d’un  seul  coup. 

Une  scie  alternative  à  découper  à  axes  mobiles.  Dans  ce  système,  c’est  la  lame  de  scie  placée  à 
l’extrémité  d’un  bras  qui  évolue  dans  tous  les  sens.  Le  bois  a  découper  est  fixé  sur  la  table.  Pour  la 
découpure  fine ,  on  adapte  un  support  au  niveau  de  la  table  évoluant  dans  tous  les  sens  et  obéissant 
par  le  plateau  de  commande.  Une  pédale  a  double  articulation  actionne  la  scie. 


Ml.  Brehieii. 

M.  Brehier  expose  des  tables  à  chauffer  le  bois  pour  le  coller  ou  le  sécher.  Ce  sont  des  tables 
creuses  en  tôle  qui  peuvent  résister  à  i3  atmosphères  de  pression  et  qui  sont  chauffées  par  une  cir¬ 
culation  de  vapeur. 

L’inconvénient  de  ces  tables  est  de  n’être  applicable  que  dans  les  grands  ateliers  qui  ont  de  la  va¬ 
peur;  mais  c’est  surtout  dans  les  petits  ateliers,  où  il  y  a  des  sorbonnes  qui  sont  un  danger  constant 
d’incendie,  qu’il  faudrait  qu’on  puisse  les  employer. 

M.  Buisson. 

M.  Buisson  expose  une  série  de  moulures  en  sapin  de  dimensions  différentes,  jusqu’à  o  m.  06 
d’épaisseur. 

M.  Collet. 

M.  Collet  a  montré  une  machine  à  faire  les  chevilles  en  bois,  au  moyen  de  deux  couteaux  hori¬ 
zontaux  et  convergents  qu’un  levier  oscillant  anime  de  déplacements  alternatifs. 

Les  couteaux  sont  à  réglage  facultatif  et  facilement  démontables  pour  l’affiitage  ;  pour  les  chevilles 
carrées,  deux  coups  de  levier  sont  nécessaires ,  puisque,  à  chaque  coup ,  on  fait  a  faces.  Pour  fabriquer 
des  chevilles  à  huit  pans,  on  dispose  sur  la  table  qui  reçoit  le  bois  fendu  à  l’avance  un  V  dont  les 
faces  sont  à  angle  droit  et  dans  lequel  on  vient  placer  la  cheville  par  un  de  ses  angles ,  avec  a  fers 
profilés  au  lieu  de  fers  droits.  On  peut  aussi  faire  par  le  même  procédé  des  coins  de  chemin  de 
fer. 


M.  Deschamps. 

M.  Deschamps  expose  une  machine  mue  à  la  main  pour  faire  les  cadres.  Les  moulures  sont  mon¬ 
tées  sur  un  plateau  et  serrées  sur  ce  plateau  dans  la  situation  que  doit  avoir  la  coupe.  La  lame  de 
scie  circulaire  qui  coupe  est  guidée  par  des  lames  de  caoutchouc. 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION. 


457 


Un  appareil  de  serrage  avec  vis ,  très  bien  imagine' ,  sert  à  maintenir  assemblés  les  bois  collés. 

Une  scie  circulaire  au  pied  avec  guide  inclinable  pour  scier  sur  doutes  pentes. 

M.  Larve. 

M.  Larue  présente  une  machine  avec  bâti  en  bois  pour  scier  les  lames  de  parquet,  soit  à  l’atelier, 
soit  au  bâtiment.  Cette  machine  est  mue  à  bras. 

M.  Rotüenbusler. 

M.  Rothenbusler  expose  une  bondonnière  ou  outil  à  percer  les  trous  circulaires  légèrement  co¬ 
niques  pour  recevoir  les  bondes  de  tonneau.  C’est  une  lame  droite  conique. 

Il  présente  aussi  un  jabloire  à  7  outils,  permettant  d’augmenter  ou  diminuer  très  rapidement  le 
diamètre  et  la  profondeur  des  jables  sans  employer  de  marteau.  Pour  changer  les  7  lames,  il  suffit  de 
défaire  avec  une  clef  la  vis  centrale  de  l’appareil. 

M.  WlSSÉE. 

M.  Wissée  a  fait  fonctionner  sous  les  yeux  du  public  une  fabrication  mécanique  de  bois  de  cannes 
et  de  manches  de  parapluies,  qui  se  compose  : 

D’un  tour  servant  à  faire  les  broches  en  fer  ou  vis;  on  s’en  sert  dans  les  deux  sens,  suivant  qu’on 
emploie  la  corne  ou  le  métal.  On  peut  faire  1,200  cannes  par  jour  sur  ce  tour;  * 

D’un  four  à  redresser  les  bois  bruts,  qui  est  chauffé  au  gaz,  à  la  vapeur  ou  au  charbon.  Ce  four 
est  entouré  de  sable  pour  conserver  sa  chaleur.  Ce  sable  sert  aussi  à  redresser  les  bois  des  îles  les 
plus  durs.  Deux  bouches  d’échappement  de  chaleur  permettent  de  redresser  les  coudes  les  plus 
durs  et  les  jarrets  les  plus  accentués; 

D’une  machine  à  laver,  polir  et  vernir.  Elle  se  compose  d’un  tampon  de  buffle  imbibé  d’eau  et  de 
ponce  qui  a  un  mouvement  de  va-et-vient.  Un  autre  tampon  garni  de  toile  verrée  sert  à  polir  ;  un 
troisième  applique  le  vernis.  C’est  le  système  du  vernis  au  tampon  fait  mécaniquement.  Les  vernis 
employés  sont  formés  de  gomme  laque ,  d’alcool ,  et  ne  s’altèrent  pas  à  l’eau. 

M.  Mougeotte. 

M.  Mougeotte  a  présenté  une  machine  marchant  à  bras  ou  à  la  pédale  et  composée  d’une  scie  à 
ruban  à  poulies  de  o  m.  60,  scie  circulaire. 

Poupée  pour  mortaiser  les  moyeux  se  transformant  en  un  tour,  faisant  les  pattes  et  les  broches 
rondes  ou  carrées  des  rais  de  roues  de  voitures  ;  faisant  la  moulure  et  pouvant  percer. 

Une  autre  machine  semblable,  mais  mue  par  un  moteur.  La  scie  à  ruban  a,  dans  ce  cas,  des 
poulies  de  0  m.  70  et,  de  plus,  une  défonceuse.  Le  débrayage  de  la  défonceuse  se  fait  par  un  cône 
de  friction. 

MACHINES  À  AFFÛTER  LES  LAMES  DE  SCIES. 


Plusieurs  exposants  ont  présenté  des  machines  pour  raffûtage  des  lames  de  scies  : 

.  M.  Berthoin. 

M.  Berthoin  présente  une  machine  fonctionnant  à  la  main  ou  au  moteur.  Elle  affûte  au  moyen  du 
tiers-point.  Elle  donne  la  voie  et  la  rectifie.  La  lime  se  dégage  du  crochet  de  la  dent  comme  à  l’affû- 


458 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


tage  à  la  main.  Elle  peut  affûter  des  lames  de  o  m.  oo5  à  o  m.  090  de  largeur  et  de  o  m.  002  à 
à  0  m.  o3o  d’écartement  de  denture.  Elle  permet  aussi  l’affût  des  lames  de  scies  circulaires  jusqu’à 
0  m.  85  de  diamètre.  Elle  peut  affûter  de  80  à  90  dents  à  la  minute. 

M.  Martinac. 

M.  Martinac,  qui  avait  déjà  exposé  en  1878  une  machine  à  affûter,  en  a  apporté  plusieurs  : 

1 0  Une  machine  à  affûter  au  tiers-point  et  qui  donne  la  voie.  Cette  machine  affûte  de  60  à  80  dents 
à  la  minute;  elle  peut  affûter  des  lames  de  0  m.  002  à  0  m.  120  de  largeur  et  de  0  m.  001  à 
0  m.  025  d’écartement  de  denture.  Cette  machine  corrige  les  mauvaises  divisions  et  reprend  les  dents 
cassées; 

20  Une  machine  à  affûter  les  scies  circulaires  à  la  meule  d’émeri.  Le  support  qui  tient  la  lame 
oscille  sur  lui-même  à  droite  et  à  gauche,  et  donne  ainsi  automatiquement  le  biseau  à  l’affût; 

3°  Une  machine  à  affûter  à  la  meule  les  lames  droites  de  scies; 

4°  Une  machine  à  affûter  les  lames  de  scies  à  ruban  à  la  meule;  dans  cette  machine,  la  voie  est 
donnée  avant  l’affût. 

MM.  P r at  frères. 

MM.  Prat  frères  présentent  une  machine  à  affûter  au  tiers-point  qui  donne  la  voie  en  même  temps. 
Le  tiers-point  touche  la  dent  à  affûter  dans  toute  sa  longueur. 

Ces  messieurs  ont  aussi  exposé  une  scie  à  ruban  à  table  inclinable,  poulies  de  0  m.  60,  bâti  en 
fonte,  marchant  au  bras,  à  la  pédale  ou  au  moteur.  Elle  ne  présente  aucune  particularité. 

M.  Galabrun. 

M.  Galabrun  expose  une  machine  à  affûter  les  lames  de  scies  à  ruban, lames  droites  ou  circulaires 
à  la  meule  d’émeri. 

Cette  machine  est  du  système  Rolland;  elle  a  été  vendue  un  grand  nombre  de  fois,  ce  qui  paraît 
indiquer  un  bon  fonctionnement. 

C’est  une  des  premières  machines  à  affûter  ayant  donné  des  résultats  pour  l’affûtage  des  lames  de 
scie  à  la  meule  d’émeri. 

MM.  Panhard  et  Levassor. 

La  maison  Panhard  et  Levassor  a  exposé  aussi  une  machine  à  affûter  à  la  meule  d’émeri  les  scies 
à  ruban. 

Elle  est  indiquée  dans  la  nomenclature  des  machines  exposées  par  cette  maison. 

M.  Konow. 

M.  Konow  présente  une  affûteuse  de  M.  Hansen,  du  Danemark.  Elle  fait  80  dents  à  la  minute. 
L’affût  est  donné  au  tiers-point;  elle  donne  la  voie. 

Nous  ferons  remarquer  que  nous  croyons  les  affûteuses  à  la  meule  préférables,  comme 
usage,  à  celles  au  tiers-point  pour  les  lames  larges;  mais,  pour  les  lames  étroites, 
l’affûtage  au  tiers-point  est  préférable  et  le  seul  pratique. 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION, 


/i  59 


MACHINES  A  COUPER  LE  LIÈGE  ET  À  FAIRE  LES  BOUCHONS. 


Quatre  exposants  ont  apporté  ce  genre  de  machines  qui  diffèrent  peu  entre  elles  : 

M.  Barbe. 

M.  Barbe  a  envoyé  une  machine  qui  n’a  pas  été  montée.  Cette  machine  est  disposée  pour  pouvoir 
faire  des  bouchons  de  o  m.  001  de  diamètre  à  une  extrémité  et  o  m.  oo5  à  l’autre,  servant  à  fer¬ 
mer  les  tubes  contenant  les  dépêches  par  pigeon  voyageur;  elle  coupe  les  bouchons  de  o  m.  18  de 
diamètre ,  pour  les  grands  bocaux. 

M.  Dalonne. 

M.  Dalonne  emploie  dans  sa  machine  un  porte-lame  permettant  d’employer  une  lame  très  mince 
qui  ne  s’aiguise  jamais;  à  peine  faut-il  la  redresser  de  temps  en  temps. 

Le  guide  à  coulisse,  placé  en  avant  du  porte-lame,  permet  à  l’ouvrier  d’avoir  un  point  d’appui 
pour  placer  son  carré  de  liège.  Ce  guide  est  toujours  placé  de  façon  à  effleurer  les  deux  galets  qui 
tiennent  le  bouchon  pour  un  diamètre  déterminé.  Le  support  dans  lequel  tourne  l’extrémité  de  la 
tige  torse,  où  se  place  le  bouchon,  est  à  coussinet  vertical,  ce  qui  permet,  même  avec  un  diamètre 
très  petit  du  bouchon ,  de  donner  passage  au  guide  à  coulisse. 

Nous  ne  voyons  pas  bien  l’utilité  du  guide  pour  appuyer  le  bouchon. 

M.  Faucuet. 

M.  Fauchet  présente  une  machine  à  couper  le  liège  en  bandes  ou  en  carrés  et  une  machine  à  faire 
les  bouclions.  Il  faut  deux  coups  de  lame  pour  faire  un  bouchon; 

Et ,  enfin ,  une  machine  à  faire  les  petits  bouchons. 

M.  Nove. 

M.  Nove  a  exposé  : 

i°  Une  scie  circulaire  à  bras  pour  débiter  le  liège  en  bandes.  La  lame  de  scie  est  à  biseau  et 
s’affûte  d’elle-même  par  son  frottement  sur  des  meules  émeri. 

Un  guide  sert  à  donner  l’écartement  voulu  à  la  bande  de  liège.  Elle  peut  débiter  1,000  kilo¬ 
grammes  de  liège  par  jour; 

20  Une  machine  à  couper  le  liège  en  carrés.  Par  une  disposition  particulière,  les  carrés  sont  triés 
immédiatement  suivant  leurs  dimensions.  EHe  peut  faire  8,000  carrés  par  jour; 

8°  Un  tour  à  faire  les  bouchons  ayant  déjà  figuré  à  l’Exposition  de  1878,  mais  perfectionné  depuis 
cette  époque  et  pouvant  faire  6,000  bouclions  par  jour; 

4°  Une  machine  à  compter  les  bouchons. 

Cette  machine  en  compte  20  ou  3  4  à  la  fois  et  aussi  bien  les  bouchons  coniques  que  les  cylin¬ 
driques.  Elle  peut  en  compter  5o,ooo  à  l’heure.  Un  compteur  spécial  indique  le  nombre  de  bouclions 
comptés  à  chaque  tour  de  manivelle.  Une  sonnerie  indique  chaque  mille  de  bouchons  comptés  ; 

5°  Une  machine  à  calibrer  les  bouchons ,  c’est-à-dire  à  les  classer  par  grosseur.  De  la  trémie  où  on 
les  jette  pêle-mêle,  les  bouchons  sont  dirigés  dans  des  rigoles  et,  de  là,  viennent  se  placer  sur  des 
rouleaux  en  fer,  divisés  dans  leur  longueur  en  cinq  compartiments;  les  rouleaux  tournent,  tandis  que 


460 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


les  bouclions  descendent.  Les  rouleaux  les  font  tomber  dans  des  compartiments  réservés  à  leur  dia  • 
mètre. 

Cette  machine  peut  calibrer  20,000  bouclions  à  l’heure. 

Les  lames  de  scies  étaient  exposées  par  plusieurs  personnes  :  . 

MM.  Mongin  et  0e . 

La  maison  Mongin  et  Gie  a,  dans  la  classe  67,  une  exposition  très  remarquable  d’outils  en  acier  et 
de  lames  de  scies. 

Nous  avons  remarqué  une  scie  circulaire  de  2  mètres  de  diamètre,  65  dixièmes  d’épaisseur;  des 
scies  circulaires  et  emboutées  pour  tonneliers  ;  scies  circulaires  à  sucre  ;  une  scie  circulaire  é vidée ,  de 
1  mètre ,  pour  le  sciage  des  métaux  ;  des  fraises  emboutées  d’une  pièce  pour  couper  le  carton  ;  des 
outils,  emporte-pièces  et  fraises  à  couper  le  liège;  des  scies  à  ruban;  des  lames  droites;  une  collection 
de  fers  à  raboter  et  à  moulurer;  des  lames  à  quatre  biseaux. 

MM.  Mongin  et  Gie  ont,  de  plus  ,  exposé  un  appareil  à  banc  de  bois  pour  meuler  les  scies  droites  ou 
circulaires.  Un  appareil  semblable  avec  bâti  en  fonte.  Une  machine  à  défoncer  les  scies  circulaires. 
La  meule  est  mobile,  le  chariot  qui  porte  la  lame  est  inclinable.  Elle  peut  affecter  des  lames  jusqu’à 
1  m.  5o  de  diamètre.  Une  forge  à  braser  les  lames  de  scies  à  ruban,  une  autre  machine  à  affûter  la 
meule.  Trois  modèles  de  découpoirs  pour  scie.  Des  étaux  et  mordaches  à  affûter. 

M.  G  MM  AI  N. 

M.  Gramain  a  exposé  un  tableau  de  lames  de  scies  à  ruban. 

M.  COU  RM  ONT. 

M.  Courmont  a  présenté  des  lames  de  scies  circulaires  évidées  de  7  à  8  dixièmes  de  dégraissage, 
qui  n’ont  pas  de  voie.  Ges  lames  font  un  sciage  si  beau  qu’on  dirait  le  bois  raboté.  Elles  ont  l’inconvé¬ 
nient  de  coûter  cher  et  de  n’être  guère  pratiques  à  cause  de  l’excellent  affûtage  qu’il  faut  leur  donner 
pour  obtenir  le  résultat  qu’on  a  en  vue. 

M.  P ag an  1,  à  Milan. 

Cette  maison  présente  un  tableau  de  lames  de  scies  alternatives  très  fines  pour  découpage  et  mar¬ 
queterie. 


MACHINES  POUR  LA  FABRICATION  DES  PRODUITS  CÉRAMIQUES. 


Cette  industrie  a  pris  une  très  grande  extension.  Le  nombre  des  exposants  a  aug¬ 
menté  sur  l’Exposition  de  1878. 

M.  Borie. 

Cette  maison  a  exposé  une  machine  à  percer  les  briques  tubulaires.  La  brique  ainsi  percée  dans  tous 
sens  pèse  3o  p.  100  de  moins  que  la  brique  creuse. 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION. 


461 


Économie  de  transport,  d’octroi,  de  matière  première.  On  fait  le  perçage  dans  la  brique  en  pâle 
sèche. 

La  machine  est  nouvelle,  et  on  ne  peut  encore  dire  quel  résultat  elle  aura  dans  la  pratique. 

MM.  Boulet  et  C,e. 

La  maison  Boulet  et  Gie  présente  une  machine  à  faire  les  tuiles  en  terre  ferme.  Cette  machine  a 
déjà  été  exposée  en  1878 ,  mais  elle  a  subi  des  perfectionnements.  Les  contre-poids  du  rouleau  du  cy¬ 
lindre  ont  été  supprimés.  Les  cylindres  sont  munis  de  vis  de  rappel  permettant  de  régler  leur  écar¬ 
tement. 

Les  malaxeurs  ont  des  hélices  en  acier;  les  hélices  sont  munies  de  palettes  à  leurs  extrémités ,  que 
l’on  peut  changer  par  suite  d’usure.  Une  porte  sur  le  côté  du  bâti  permet  le  nettoyage  ou  le  rempla¬ 
cement  des  couteaux.  Cette  machine  peut  faire  8,000  tuiles  par  jour. 

Fabrication  des  tuiles  en  terre  molle.  —  Le  malaxeur  à  terre  molle,  à  double  commande,  est  armé 
de  couteaux  démontables  d’un  système  particulier  facilitant  la  descente  de  la  terre  dans  la  cave.  La 
presse  est  à  cinq  pans.  Elle  peut  produire  600  tuiles  à  l’heure.  Il  y  a  trois  pressions  successives  sur 
la  terre  au  moyen  d’une  came. 

Machines  à  briques  à  deux  hélices  avec  un  chariot  coupeur  universel.  —  Ce  chariot  permet  de  couper 
les  briques ,  planer  en  long  ou  en  travers.  La  machine  à  un  hélice  exposée  est  destinée  aux  grandes 
productions  :  a, 000  à  2,5oo  briques  à  l’heure. 

Une  machine  à  brique  plane  dite  à  crémaillère  marchant  à  la  main  et  avec  presse  à  rebattre.  Cette 
dernière,  spéciale  pour  les  briqueteries  dont  le  séchage  se  fait  sur  des  séchoirs,  occupe  peu  de  place: 
0  m.  65.  Enfin  un  mouilleur  mélangeur,  sorte  de  malaxeur  horizontal,  employé  pour  la  fabrication 
avec  la  terre  en  poudre. 

*  M.  Cuambrette-Bellon. 

Cette  maison  présente  une  nouvelle  presse ,  dite  presse  mouleuse  universelle.  C’est  une  machine  dans 
laquelle  le  moule  du  haut  est  fixé,  et  c’est  le  pentagone  qui  opère  le  mouvement  ascensionnel;  on 
obtient  ainsi  une  dépression  à  un  moment  donné,  permettant  à  l’air  emprisonné  dans  le  moule  de 
s’échapper.  Sur  l’arbre  principal  de  la  presse  qui  est  en  acier  de  0  m.  120  de  diamètre  sont  calées 
deux  cames  de  forme  spéciale.  Sur  l’arbre  du  pentagone  ou  porte-moule  sont  placés  deux  galets  de 
grande  dimension  correspondant  comme  épaisseur  aux  deux  cames.  L’arbre  principal  se  mettant  en 
mouvement,  les  cames,  par  leur  contact  avec  les  galets,  soulèvent  brusquement  le  pentagone,  qui, 
arrivant  à  une  certaine  distance  du  moule  du  haut,  s’arrête  et  ne  monte  plus  que  très  lentement 
jusqu’à  la  fin  de  la  course.  Il  permet  ainsi  à  la  terre  de  bien  se  placer  dans  le  moule.  Le  pentagone 
suit  alors  les  contours  des  cames  et  laisse  entre  les  deux  moules  un  vide  de  o  m.  010,  remonte 
ensuite  au  point  extrême  de  la  pression,  où  il  est  maintenu  un  temps  assez  long  pour  que  l’achève¬ 
ment  de  la  tuile  soit  parfait.  L’ouvrier  qui  apporte  la  galette  et  celui  qui  retire  la  brique  ont  peu  de 
temps  pour  faire  ces  opérations. 

La  deuxième  machine  exposée  est  destinée  à  la  fabrication  des  tuyaux  à  emboîtage  de  petit  dia¬ 
mètre. 

Cette  machine  est  portative,  montée  sur  deux  roues.  On  peut  faire  200  pièces  par  jour.  Elle  se 
compose  d’un  socle  sur  lequel  repose  tout  le  mécanisme ,  et  d’un  cylindre  dans  lequel  on  place  la 
terre. 

Le  cylindre  est  en  deux  pièces;  la  filière  se  boulonne  sur  la  partie  du  haut  du  cylindre  qui  est 
mobile  sur  deux  colonnes  en  fer  articulées  dans  le  bas  du  cylindre. 

Dans  cette  machine,  le  tuyau  fabriqué  monte  au  lieu  de  descendre. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


im 


M.  Delahaye. 

M.  Delahaye  a  présenté  des  machines  marchant  au  moteur  pour  les  usines  et  des  machines  mar¬ 
chant  à  bras  pour  les  petites  fabrications.  Cette  série  se  compose  de  : 

i°  Un  malaxeur,  pour  travailler  en  terre  molle,  demi-molle  et  demi-ferme.  Deux  portes  sur  les 
côtés ,  pour  la  sortie  de  la  terre;  une  très  grande  porte  pour  le  nettoyage  ; 

2°  Deux  appareils  broyeurs  malaxeurs  pour  la  préparation  des  terres.  Cette  machine  est  munie  de 
cylindres  qui  brovent  la  terre  et  les  pierres  que  cette  dernière  peut  renfermer. 

La  terre  broyée  et  laminée  tombe  dans  une  tonne  en  fonte  placée  sous  les  cylindres ,  où  elle  est 
triturée  et  malaxée  par  des  râteaux  mobiles  travaillant  contre  des  rouleaux  fixes. 

En  terre  demi-ferme,  elle  produit  de  i5  à  18  mètres  cubes  par  jour; 

3°  Une  machine  a  faire  directement  la  brique.  Cette  machine  se  compose  d’un  broyeur  et  d’un 
malaxeur  horizontal  muni  d’une  hélice  d’expulsion  et,  à  la  suite,  d’une  fibère;  de  sorte  que,  la  terre 
entrant  dans  la  machine ,  est  broyée ,  laminée ,  malaxée ,  et  les  briques  pleines  ou  creuses ,  les  ga¬ 
lettes  ,  etc. ,  en  sortent  toutes  fabriquées  par  le  seul  passage  dans  la  machine. 

Cette  machine  produit  de  i,6oo  à  2,000  briques  par  jour; 

k°  Une  machine  à  pâte  molle  pour  briques  creuses,  tuyaux.  Cette  machine  est  à  double  effet; 

5°  Une  petite  machine  pour  faire  à  bras  les  tuiles  mécaniques  et  faîtières. 

Cette  machine  a  un  chariot  à  double  elfet.  Le  moule  se  met  bien  en  place.  La  vis  11e  peut  serrer 
le  moule  que  quand  les  deux  verrous  qui  maintiennent  le  moule  ont  placé  ce  dernier  bien  en  po¬ 
sition. 

Cette  machine  peut  faire  2,000  tuiles  au  moteur  et  i,5oo  à  bras,  par  journée  de  travail; 

6°  Une  presse  à  bras  pour  les  carreaux  de  faïence  estampés  avant  la  cuisson  ; 

70  Une  presse  à  bras  pour  rebattre  les  briques.  Le  guidage  est  parfait  et  le  reperçage  s’obtient 

facilement; 

8°  Une  machine  à  rebattre  à  deux  briques; 

90  Une  machine  faisant  2,000  briques  pleines  ou  creuses  par  jour  et  travaillant  à  bras  ou  au  mo¬ 
teur  ; 

io°  Une  machine  à  faire  la  brique  en  terre  sèche,  dite  brique  belge ; 

ii°  Une  machine  en  fer  et  fonte  pour  faire  la  même  brique,  mais  en  terre  franche  seulement. 

Le  moule  est  graissé  à  l’huile  de  goudron  pour  le  démoulage  ; 

12°  Une  machine  à  laminer  les  carreaux  en  terre  lavée,  comme  les  carreaux  de  Marseille,  L’un 
des  laminoirs  est  en  bronze  poli  et  l’autre  en  fonte  à  rainures  pour  la  prise  du  mortier  ; 

i3°  Une  machine  à  estamper  les  carreaux,  qui  marche  avec  cette  dernière. 

M.  Fleury. 

M.  Fleury  est  successeur  de  l’ancienne  maison  Fauconnier.  Il  présente  : 

Des  machines  à  broyer  et  bluter  toutes  les  matières  sèches; 

Deux  meules  avec  cercles  en  fer  ou  acier.  Les  meules  tournent  sur  un  chemin  en  acier. 

Un  élévateur  particulier  remplace  la  chaîne  à  godet  pour  élever  la  marchandise  dans  le  blutoir. 

M.  le  docteur  François ,  à  Ervy  (Aube). 

M.  le  docteur  François  présente  une  machine  à  tuiles  plates,  petit  modèle.  Elle  marche  a  bras. 
C’est  une  machine  Joly,  avec  des  dispositions  particulières.  Elle  peut  faire  3o,ooo  tuiles  par  joui 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION. 


463 


avec  7  ouvriers,  au  lieu  de  10,000  avec  l’ancienne  machine.  Elle  travaille  en  pâte  duce  ou  demi- 
molle. 

L’innovation  de  cette  machine  est  dans  le  coupeur  distributeur. 

Le  crochet  est  découpé  mécaniquement  dans  une  baguette  venue  de  pilon  et  profilée  à  la  partie 
médiane  de  la  face  intérieure  de  la  galette. 

Le  crochet  se  fait  donc  au  moment  où  passe ,  entre  les  cylindres ,  la  terre  qui  est  coupée ,  par  des 
fds,  en  galette  ayant  la  longueur  nécessaire.  Chaque  galette  se  détache  facilement  de  la  suivante  et, 
sans  quitter  les  rouleaux  sur  lesquels  elle  est  poussée,  se  place  sur  un  petit  chariot,  qui,  par  un 
mouvement  alternatif  les  donne  à  droite  ou  à  gauche  aux  ouvriers  chargés  de  les  emporter. 

Le  mouvement  alternatif  est  donné  par  des  pédales  sur  lesquelles  est  placé  l’homme  qui  reçoit  les 
galettes  et,  en  s’appuyant  sur  une  jambe  ou  sur  une  autre,  la  galette  est  portée  à  droite  ou  à  gauche. 

MM.  Joly  et  Foucart. 

MM.  Joly  et  Foucart  présentent  : 

i°  Une  machine  à  étirer  n°  1,  fabriquant  2,000  briques  à  l’heure;  force  employée  :  10  chevaux. 

Cette  machine  se  compose  de  deux  cylindres  broyant  la  terre  et  les  corps  durs ,  et  distribuant  la 
terre  a  deux  hélices  placées  en  dessous.  Ces  deux  hélices,  de  pas  contraire,  tournent  en  sens  opposé; 
elles  reçoivent  la  terre,  la  divisent,  la  malaxent  et  la  poussent  dans  un  récipient  où  la  terre  se 
masse  peu  a  peu  en  éliminant  les  bulles  d’air. 

Puis,  poussée  par  les  hélices,  cette  terre  passe  à  travers  deux  filières  en  cuivre,  à  injection  d’eau, 
ou  d’autres  dispositions  de  filières ,  suivant  les  produits  à  fabriquer. 

A  la  sortie  de  la  filière ,  un  découpeur  divise  la  baiftle  de  terre  en  longueurs  égales ,  mais  variables 
à  volonté; 

20  Machines  nos  2  et  3 ,  semblables  au  n°  1 ,  mais  plus  petites.  Un  mécanisme  de  toile  sans  fin 
pour  emmener  les  produits  peut  permettre  de  faire  2,5oo  à  3, 000  tuiles  à  l’heure. 

Ces  machines  font  aussi  la  brique  ; 

3°  Une  machine  k  faire  les  tuyaux.  Une  hélice  sert  de  propulseur.  La  machine  est  verticale  et  a 
une  seule  hélice.  Les  cylindres  du  malaxeur  sont  verticaux.  Une  toile  sans  fin  emmène  la  terre  tour¬ 
née  en  pains  par  un  autre  malaxeur. 

La  terre  est  placée  dans  une  trémie  inclinée  vers  les  distributeurs. 

Les  distributeurs  régulateurs  font  pénétrer  la  terre  dans  une  forte  hélice  qui  la  pousse  dans  le 
récipient  suivi  de  la  filière. 

Le  produit  est  reçu  sur  un  plateau  guidé  dans  son  mouvement  de  descente  et  équilibré  par  un 
contrepoids.  Quand  la  longueur  voulue  de  produit  est  sortie ,  le  plateau  rencontre  un  taquet  qui  dé¬ 
clanche  le  débrayeur.  L’avancement  s’arrête;  011  manœuvre  le  coupeur  et  on  enlève  le  produit. 

Pour  les  tuyaux  à  emboîtement,  le  calage  du  plateau  pendant  la  confection  de  la  tulipe  se  fait 
automatiquement  k  la  remonte  dudit  plateau.  Elle  peut  produire  100  tuyaux  k  l’heure  et  pèse 
3,5oo  kilogrammes.  Elle  peut  faire  des  pièces  de  0  m.  5o  de  diamètre  jusqu’à  1  m.  5o  de  lon¬ 
gueur. 

Les  filières  k  tuyaux  k  emboîtement  sont  en  bronze  k  effet  d’eau  ; 

4°  Une  machine  à  rebattre  les  briques  qui  a  déjà  figuré  k  l’Exposition  de  1878 ,  mais  perfectionnée 
dans  ses  organes; 

5°  Une  machine  k  faire  les  briques  de  béton,  chaux  hydraulique  et  sable;  le  sable  se  charge  auto¬ 
matiquement  dans  le  moule; 

6°  Une  machine  k  faire  la  tuile  mécanique  k  trois  pressions  bien  distinctes ,  successives  et  progres¬ 
sives,  suivies  de  dépression  instantanée.  Les  pressions  sont  d’environ  3o,ooo  kilogrammes;  2  ouvriers 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


464 


peuvent  faire  200  tuiles  à  l’heure;  cette  machine  pèse  environ  1,800  kilogrammes;  une  sonnerie 
indique  quand  la  troisième  pression  est  faite. 

Cette  machine  est  très  bien  construite  et  mérite  une  mention  particulière. 

M.  Welii  Konow. 

M.  Welh  Konow  présente  un  concasseur  pulvérisateur  mélangeur;  c’est  un  cylindre  Asling  tournant 
sur  lui-même.  La  garniture  du  cylindre  est  en  porcelaine ,  en  bois  ou  fer  trempé.  Les  matières  placées 
dans  le  cylindre  se  pulvérisent  par  leur  frottement  en  roulant  les  unes  contre  les  autres.  Le  silex  se 
réduit  en  quatre  heures  en  poudre  impalpable.  La  pulvérisation  se  fait  aussi  bien  par  la  voie  sèche 
que  par  la  voie  humide. 

M.  L  API  ERRE. 

M.  Lapierre  a  apporté  une  presse  rebatteuse  marchant  à  bras,  permettant  de  faire  5, 000  briques 
par  jour.  Ce  qui  distingue  cette  machine,  c’est  le  guidage  du  chapeau  supérieur  qui  se  fait  dans  des 
rainures  ménagées  dans  l’intérieur  de  deux  tiges  isolées,  sur  lesquelles  glissent  les  paliers  du  chapeau. 
Cette  disposition  supprime  les  couperets  ou  douilles  et  empêche  la  terre  d’entrer  dans  les  organes  de 
la  machine  qui  est  aussi  disposée  pour  permettre  de  remplacer  toutes  les  pièces  facilement. 

MM.  M ab ille  frères. 

MM.  Mabille  frères  n’ont  exposé  qu’un  modèle  de  broyeur.  La  pulvérisation  se  fait  avec  8  pilons; 
cette  machine  pulvérise  60  mètres  cubes  par  jour  avec  une  force  de  4  chevaux-vapeur.  Les  pilons 
sont  accouplés  deux  à  deux  aux  extrémités  d’une  tige  traversant  l’arbre  principal;  ils  se  font  ainsi 
équilibre  pour  prendre  moins  de  force. 


M.  Ollagnier. 

M.  Ollagnier  expose  : 

i°  Un  malaxeur  broyeur  en  fer  et  fonte,  mu  par  un  manège  et  pouvant  produire  7  à  8  mètres 
cubes  par  jour  ; 

20  Une  presse  rebatteuse  offrant  cette  particularité,  que  la  pression  se  fait  au  centre  de  l’arbre 
actionné  par  le  levier,  de  telle  façon  que  l’effort  est  d’autant  plus  grand  que  l’on  se  rapproche  du 
centre  ;  les  guides  sont  pourvus  de  graisseurs ,  ainsi  que  le  porte-galets  ; 

3°  Une  machine  à  mouler  à  bras  produisant  3, 000  briques  pleines  ou  creuses  avec  un  ouvrier  au 
volant  et  un  enfant. 

M.  Pi  nette. 

M.  Finette  expose  la  plus  importante  série  de  machines  à  travailler  les  terres  et  faire  les  briques. 
Ces  machines,  très  robustes  et  très  bien  faites,  ont  attiré  d’une  façon  spéciale  l’attention  du  jury  : 

i°  Une  presse  à  tuiles  à  terre  molle  produisant  5, 000  tuiles  de  petit  modèle  et  4,5oo  de  grand 
modèle  ; 

20  Une  presse  h  carreaux  en  terre  ferme  marchant  au  bras,  faisant  5, 000  a  7,000  carreaux  par 
jour;  cette  machine,  déjà  exposée  en  1878,  a  été  modifiée  depuis  et  est  desservie  par  un  homme  et 
trois  ou  quatre  enfants  ; 

3°  Une  machine  à  étirer  fonctionnant  à  bras  ou  au  moteur,  travaillant  en  terre  molle;  cette  ma¬ 
chine  fait  1,000  boisseaux  ou  800  tuyaux  de  0  m.  5o  avec  deux  hommes.  L’avantage  de  cette  machine 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION. 


465 


consiste  à  supporter  le  noyau  formant  l’intérieur  des  produits  par  un  grand  boulon  ou  tige  cpii  laisse 
passer  la  terre  tout  autour  sans  la  retenir  plus  d’un  côté  que  de  l’autre,  ce  qui  évite  une  grande 
quantité  de  déchets  au  séchage; 

4°  Une  presse  à  briques  à  rebaltre.  La  machine  est  en  fonte.  Le  moule  vient  se  remettre  en  place 
exactement  pour  empêcher  que,  par  la  pression,  il  ne  vienne  à  se  mâcher; 

5°  Une  machine  à  briques  à  une  seule  hélice  pour  briques  pleines  ou  creuses;  facilité  pour  le  dé¬ 
montage  et  le  nettoyage.  Cette  machine  porte  son  malaxeur;  2  cylindres  servent  de  distributeur  et 
écrasent  les  terres;  elle  permet  d’obtenir  une  pâte  bien  homogène; 

6°  Une  machine  h  galettes ,  briques  pleines  ou  creuses ,  tuyaux.  Cette  machine  peut  produire  16,000 
à  18,000  briques  creuses,  i4,ooo  galettes  ou  briques  pleines.  C’est  une  machine  à  double  effet;  elle 
sert  à  étirer  les  terres  fermes;  la  force  est  de  4  à  5  chevaux. 

En  sortant  du  malaxeur,  les  terres  sont  jetées  dans  les  trémies  de  la  machine  à  galettes;  elles 
tombent  dans  la  caisse  à  terre  derrière  le  piston  pendant  son  mouvement  de  recul  et  sont  poussées 
dans  la  filière  lorsque  ce  piston  revient  en  avant; 

70  Un  malaxeur  se  démontant  par  le  milieu  pour  le  nettoyage;  la  sortie  de  la  terre  se  fait  à  volonté 
par  une  ou  deux  ouvertures  ; 

8°  Une  presse  a  friction  pour  les  fractures,  toutes  produisant  de  3, 000  à  5, 000  tuiles  par  jour; 

90  Une  machine  à  vapeur  demi-fixe  avec  chaudière  verticale  et  machine  horizontale  placée  au- 
dessus; 

io°  Machine  à  faire  les  tuyaux  à  emboîtement,  produisant  800  tuyaux  par  jour,  jusqu’à  0  m.  55 
de  diamètre. 

M.  Rodât. 

M.  Rodât  n’a  apporté  dans  notre  classe  57  qu’une  machine  à  faire  les  pots  à  fleurs;  c’est  un  tour 
sur  lequel  on  place  la  motte  de  terre  sur  un  moule ,  et  avec  un  gabarit  le  pot  se  trouve  fait. 

MM.  Schmerber  frères,  à  Tagolsheim  (Alsace). 

Cette  ancienne  maison,  fondée  en  1847  par  M.  Schmerber,  ancien  élève  de  l’Ecole  Centrale,  pour 
la  conversion  de  la  ferraille  en  pièces  de  forge,  11’a  commencé  à  s’occuper  de  la  construction  des  ma¬ 
chines  à  briques  et  à  tuiles  que  vers  1860. 

En  1 864 ,  elle  installa  pour  son  compte,  à  Hillfurth,  près  Mulhouse,  une  importante  tuilerie  méca¬ 
nique. 

Toutes  les  machines  de  cette  maison  sont  très  bien  faites,  très  bien  construites  et  très  robustes, 
grande  qualité  pour  ce  genre  de  machines  : 

i°  Une  grande  presse  à  tuiles  à  porte-moule  inférieur  pentagonal. 

Cette  machine  est  spécialement  destinée  à  la  fabrication  en  terre  plastique  des  tuiles  à  emboîte¬ 
ment  au  moyen  de  moules  garnis  de  plâtre.  Les  moules  peuvent  être  changés  rapidement.  Elle  fait 
600  tuiles  à  l’heure ,  et  la  force  employée  est  de  1  1/2  cheval-vapeur.  La  pression  est  obtenue  par 
une  came,  de  façon  à  être  graduée,  rapide  au  commencement  et  lente  à  la  fin. 

Le  mouillage  du  moule  se  fait  à  l’eau  au  lieu  d’huile. 

Cette  presse  fonctionne  à  plus  de  cent  exemplaires,  notamment  à  la  briqueterie  Muller,  à  Ivry,  et 
Brault,  à  Choisy-le-Roi; 

20  Petite  presse  à  tuiles  fournissant  jusqu’à  25o  pièces  à  l’heure,  à  pression  par  excentrique  et 
moules  inférieurs  sur  chariots. 

Cette  machine  peut  fonctionner  à  bras  ou  au  moteur.  Après  chaque  pression,  le  moule  supérieur 
s’arrête  automatiquement  en  haut  de  sa  course. 

3o 


Groupe  Vf.  —  iv. 


1MPR] 


CRIE  NATIONALE, 


466 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Les  ouvriers  ont ,  par  suite ,  le  temps  de  retirer  le  chariot  avec  la  tuile  montée  et  de  pousser  dessus 
l’autre  chariot  portant  une  galette. 

L’emhrayage  se  fait  en  marchant  sur  l’une  des  pédales.  Une  disposition  spéciale  ne  permet  cet  em¬ 
brayage  qu’autant  que  l’un  des  chariots  est  exactement  à  sa  place.  Une  fois  l’embrayage  opéré',  il  est 
impossible  de  déranger  ce  chariot  avant  que  la  pression  soit  donnée; 

3°  La  troisième  machine  est  un  laminoir  double  combiné  avec  un  malaxeur. 

Cet  outil  sert  à  la  préparation  de  la  terre  et  à  la  fabrication  des  galettes  à  tuiles  ou  des  briques 
pleines. 

Les  cylindres  supérieurs  sont  lisses  ou  cannelés  obliquement  suivant  la  nature  de  la  terre. 

Les  cylindres  inférieurs  sont  lisses  et  tournent  plus  vite  que  ceux  d’en  haut.  Le  laminoir  est  con¬ 
struit  de  façon  que  la  pression  s’exerce  sur  de  forts  tirants  en  fer,  de  sorte  que  les  bâtis  ne  risquent 
pas  de  rupture. 

La  terre,  après  avoir  passé  entre  les  cylindres,  est  entièrement  mélangée  dans  le  malaxeur  par 
six  palettes  doubles  en  acier,  travaillant  contre  des  cames;  elle  est  ensuite  expulsée  par  une  hélice  à 
travers  un  embouchoir  ou  filière  approprié,  soit  pour  la  fabrication  des  galettes,  soit  pour  celle  des 
briques  pleines. 

L’embouchoir  est  en  bronze  et  lubrifié  au  moyen  d’eau  qui  passe  sous  pression  par  les  pores  de 
bouclions  en  jonc  d’Espagne. 

M.  Scbmerber  a  créé  récemment  un  nouveau  modèle  de  tuiles  mécaniques  à  double  emboîtement 
vers  le  haut  et  à  joint  latéral  recouvert. 

Cette  tuile  a  la  propriété  de  pouvoir  couvrir  en  ligne  droite  ou  à  joints  croisés.  Elle  produit  une 
couverture  très  étanche  et  se  fabrique  déjà  en  France,  à  la  Fer té-Saint- Aubin. 

Cette  machine  fait  de  1,000  à  i,5oo  briques  à  l’heure  ou  6oo  à  700  galettes.  La  force  est  de  8  à 
1 2  chevaux. 

Le  peu  de  place  accordé  à  cette  maison  ne  lui  a  pas  permis  d’exposer  différents  autres  modèles  de 
machines;  mais,  par  celles  exposées,  il  a  été  facile  au  jury  de  reconnaître  son  excellente  fabrication 
et  tous  les  perfectionnements  apportés  par  M.  Scbmerber  dans  les  machines  à  tuiles. 

M.  Bhollet. 

NI .  Brollet  a  présenté  un  système  de  blutage,  par  ventilation,  des  matières  pulvérulentes.  Le  pro¬ 
cédé  repose  sur  l’emploi  d’un  courant  d’air  agissant  dans  un  appareil  spécial  comme  agent  de  sépa¬ 
ration  et  de  classification.  Les  matières  sont  relevées  d’une  façon  continue  par  un  appareil  biuteur 
qui  force  le  courant  d’air  à  les  traverser  autant  de  fois  que  cela  est  nécessaire,  et  à  séparer  sûrement 
les  parties  plus  ou  moins  fines  de  celles  plus  grosses  qui  doivent  être  éliminées.  Le  courant  d’air  est 
proportionné  à  la  densité  de  la  matière  et  à  sa  finesse.  On  varie  la  grosseur  des  produits  suivant  la 
vitesse  du  vent.  Un  appareil  de  0  m.  60  de  diamètre  peut  bluter  1,000  kilogrammes  de  ciment  par 
heure. 

Le  ventilateur  est  aspirant  ou  refoulant,  suivant  la  disposition  des  lieux.  Cet  appareil  permet  de 
bluter  les  matières  humides. 

20  Un  broyeur  à  force  centrifuge  et  à  roulement  vertical.  Cet  appareil  est  construit  avec  4 ,  6  ou 
8  galets  tournant  avec  une  vitesse  déterminée  contre  la  circonférence  d’un  cylindre.  Ces  galets,  en 
métal  dur,  roulent  sur  des  tuiles  de  même  dureté;  ils  sont  démontables  à  volonté  pour  leur  rempla¬ 
cement. 

Ce  broyeur  sert  à  pulvériser  des  matières  déjà  concassées.  Il  est  surtout  employé  pour  les  ciments. 
Les  matières  pulvérisées  sont  enlevées  de  l’appareil  par  l’aspiration  du  biuteur  par  ventilation,  et  ne 
se  répandent  pas  dans  l’atelier. 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION. 


/i67 


M.  Bousquet. 

M.  Bousquet  présente  le  dessin  d’un  malaxeur  appelé'  le  Marcheur\  et  destiné  à  corroyer  les  pâtes 
pour  la  fabrication  des  objets  de  poterie  et  de  céramique.  Cet  appareil  est  très  intéressant,  à  en  ju¬ 
ger  par  les  dessins  présentés. 

M.  Morel. 

M.  Morel  a  présenté  un  broyeur  très  ingénieux  pour  les  ciments,  chaux,  phosphates,  etc. 

L’organe  principal  de  ce  broyeur  est  un  bandage  en  acier  creusé  intérieurement,  suivant  un  arc 
de  cercle,  de  façon  à  présenter  en  creux  le  même  profil  que  les  boulets  sphériques  qui  viennent 
écraser  la  matière  à  broyer.  Ces  boulets,  au  nombre  de  six,  sont  logés  entre  les  bras  d’un  ménard 
calé  sur  l’arbre  vertical  placé  au  centre  de  l’appareil. 

Ils  sont  entraînés  par  celui-ci  à  une  vitesse  de  180  à  200  tours  par  minute.  La  force  centrifuge 
les  appuie  sur  la  gorge  du  bandage ,  où  ils  broient  la  matière  que  cette  force  y  amène  par  le  mouve¬ 
ment  de  rotation  du  ménard.  Sur  le  bandage  se  trouve  un  tamis  circulaire  qui  laisse  passer  la  ma¬ 
tière  broyée  et  rejette  sous  les  boulets  tout  ce  qui  a  échappé  au  broyage. 

Le  dessus  de  la  couche  est  fermé  par  un  couvercle  mobile  portant  une  couverture  centrale  garnie 
d’un  conduit  cylindrique  qui  amène  la  matière  à  broyer  dans  le  ménard. 

Sur  le  même  couvercle  se  trouvent  les  appareils  de  distribution.  Le  ménard  porte  à  sa  partie  supé¬ 
rieure  des  palettes  faisant  office  de  ventilateur.  Lorsque  l’appareil  fonctionne ,  il  y  a  aspiration  d’air 
par  le  trou  central  du  couvercle  et  projection  contre  le  tamis  circulaire. 

La  matière  réduite  en  poudre  est  entraînée,  dans  ce  mouvement,  à  travers  le  tamis  et  vient 
s’échapper  par  les  trous  percés  dans  le  fond  de  la  couche.  La  mouture  peut  alors  être  reçue  dans  un 
entonnoir  sous  le  plafond  de  la  couche,  ou  être  conduite  par  une  racle  dans  un  élévateur  ou  silo,  etc. . 
destiné  à  la  recevoir. 


MACHINES  ÉTRANGÈRES. 


Dans  cette  catégorie  de  machines,  nous  trouvons  plusieurs  constructions  étran¬ 
gères  : 

MM.  Borner  et  O %  à  Rorschach  (Suisse). 

MM.  Borner  et  Cle  exposent  deux  machines  très  bien  faites  : 

i°  Une  machine  a  faire  les  briques  creuses  ou  pleines.  Toute  la  machine  repose  sur  une  plaque 
de  fondation  en  fonte.  Cette  machine  est  très  solide  et  très  rustique.  Elle  peut  faire  10,000  briques 
par  jour.  Son  cylindre  est  en  deux  pièces.  La  vis  sans  fin  et  le  piston  sont  en  acier  fondu.  Il  y  a  deux 
broyeurs  superposés  dont  la  distance  des  cylindres  d’alimentation  est  réglable.  Grande  facilité  de  dé¬ 
montage  du  cylindre.  Elle  porte  un  malaxeur  et  une  hélice; 

20  Une  machine  à  faire  les  tuiles  mécaniques.  C’est  une  machine  nouvelle,  bien  faite  et  perfec¬ 
tionnée. 

M.  Gresly-Oberlin ,  à  Lusberg  (Suisse). 

M.  Gresly-Oberlin  présente  trois  machines  : 

i°  Une  machine  a  laver  les  sables,  petits  graviers  et  minerais.  Cette  machine  est  la  seule  de  ce 
genre  qui  ait  été  à  l’Exposition.  Elle  est  basée  sur  le  principe  des  contre-courants. 


3o . 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


468 


Les  matériaux  à  laver  parcourent  un  chemin  ascendant  dans  une  auge  inclinée,  dans  laquelle  ils  sont 
poussés  par  des  palettes  mobiles.  L’eau  de  lavage  suit  un  courant  descendant,  entraînant  les  matières 
terreuses  dans  le  bas  de  l’appareil ,  tandis  que  les  matières  lavées  se  déversent  en  haut.  La  consom¬ 
mation  d’eau  est  très  faible,  3oo  à  5oo  litres  par  mètre  cube.  Cette  machine,  qui  peut  marcher 
à  la  main  ou  au  moteur,  peut,  dans  des  cas,  laver  2 5  à  3o  mètres  cubes  par  jour;  avec  une  force 
d’un  demi-cheval,  on  peut  laver  60  mètres  cubes  par  jour. 

Les  palettes  sont  espacées  de  0  m.  20  environ  et  se  relèvent  de  0  m.  02  environ  quand  elles  redes¬ 
cendent  dans  leur  mouvement  alternatif,  de  façon  à  11e  pas  toucher  la  matière  en  redescendant  et 
l’élever  en  montant  ; 

20  Un  cylindre  trieur  universel. 

Dans  cet  appareil,  c’est  un  cône  en  tôle  percé  de  trous  ronds  de  diamètre  augmentant  de  milli¬ 
mètre  en  millimètre.  Les  matériaux  à  trier  sont  versés  dans  une  trémie  et  tombent  dans  ce  tronc  de 
cône  qui  tourne.  La  matière  passe  à  travers  les  trous  dans  des  caisses  placées  en  dessous  suivant  la 
grosseur  que  l’on  veut  obtenir. 

M.  Demoor ,  à  Bruxelles. 

M.  Demoor  présente  un  broyeur  à  mortier. 

Ce  sont  deux  moules  en  fonte  indépendants  l’un  de  l’autre,  qui  tournent  verticalement  dans  une 
auge  en  fonte.  Cette  auge  contenant  la  matière  à  broyer  tourne  elle-même  au  moyen  d’un  engre¬ 
nage  placé  au-dessous,  à  raison  de  85  tours  à  la  minute.  Les  meules  sont  pleines  ou  creuses  et 
pèsent  jusqu’à  900  kilogrammes  chaque.  Le  fond  de  la  cave  est  mobile,  pour  être  remplacé  par  suite 
de  l’usure. 

M'ne  veuve  Marie ,  à  Marchiennes-au-Pont  (Belgique). 

M°*e  veuve  Marie  expose  un  broyeur  centrifuge  pour  ciments,  mines  calcaires,  barytes,  etc. 


M.  Renard,  h  Lobbès  (Belgique). 

M.  Renard  a  exposé  un  dessin  d’un  système  de  four  pour  la  céramique. 

M.  Faure. 

M.  Faure  a  exposé  une  série  très  remarquable  de  machines  pour  faire  la  porcelaine.  Ces  machines, 
très  bien  faites,  bien  combinées  et  très  bien  étudiées,  étaient  une  des  parties  les  plus  intéressantes 
des  machines  à  travailler  la  terre. 

i°  Deux  machines  à  faire  les  plats  ovales  au  moyen  d’un  tour  :  Tune,  pour  plats  jusqu’à  0  m.  60, 
et  l’autre,  pour  plats  jusqu’à  0  m.  90.  Le  problème,  très  difficile  à  résoudre,  était  le  suivant  :  fabri¬ 
quer  un  plat  elliptique,  dit  ovale,  dans  les  conditions  suivantes  : 

Le  bord  extérieur  sera  seul  une  ligne  elliptique,  les  autres  lignes  seront  quelconques.  Les  sections 
et  profds  aux  grands  et  petits  axes  seront  essentiellement  variables.  Ces  conditions ,  indiquées  par 
l’empirisme,  devront  être  remplies  pour  qu’à  la  cuisson,  le  plat  ne  se  déforme  pas  et  soit  bien  droit. 
Ce  problème  a  été  résolu  par  un  système  de  double  calibre  :  l’un,  à  mouvement  de  transport  paral¬ 
lèle  ;  l’autre ,  à  mouvement  articulé  qui  empêche  le  talon  de  se  briser.  Leur  commande  est  faite  à 
l’aide  d’un  conducteur  fixé  au  tour  elliptique; 

20  Une  machine  pour  la  fabrication  du  creux  fermé  ;  pots  de  chambre,  cache-pots,  cuvettes. 
Cette  machine,  toute  nouvelle,  était  la  seule  qui  manquait  à  l’industrie  de  la  porcelaine  pour  le  façon¬ 
nage  à  la  machine  des  pièces  à  forme  régulière  ; 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION. 


469 


3°  Un  appareil  pour  le  calibrage  des  tasses; 

4°  Un  monte-charge  à  friction; 

5°  Une  machine  filtre-presse.  La  toile  métallique  est  clans  les  plateaux  en  fonte  ; 

6°  Une  machine  à  marcher  la  pâte  à  porcelaine,  figurant  pour  la  première  fois  à  une  exposi¬ 
tion  ; 

7°  Une  machine  à  faire  les  moules  en  plâtre  ; 

8°  Une  machine  à  broyer  et  mélanger  les  matières  céramiques,  analogue  au  broyeur  Alsing. 

I  ne  nous  reste  plus  qua  examiner  les  outils  divers  : 

M.  Cassey,  à  New-York. 

M.  Cassey  présente  deux  machines  à  clouer  les  boîtes. 

Une  machine  peut  clouer  8  pointes  à  la  fois  et  l’autre  4;  mais  elles  peuvent  marcher  à  une  ou  plu¬ 
sieurs  pointes  jusqu’au  nombre  indiqué  plus  haut. 

Un  mouvement  très  joli  de  secouage  des  pointes  les  fait  toujours  se  présenter  dans  la  position 
voull  e.  La  machine  se  prête  à  des  changements  de  dimensions  de  clous.  Une  combinaison  très 
ingénieuse  de  2  cames  permet  de  clouer  des  bois  minces  ou  épais  et  changer  la  longueur  du  bois  à 
clouer. 

M.  Chapman n ,  à  New-York. 

M.  Ghapmann  a  présenté  une  plume  à  écrire  en  verre  inaltérable,  des  pinceaux  en  verre  filé  pour 
acides,  de  la  laine  de  verre  pour  filtrer  les  acides.  Des  ouvriers  très  habiles  filaient  le  verre  sous  les 
yeux  du  public. 

M.  Manoy,  â  New-York. 

M.  Manoy  a  exposé  un  appareil  marchant  à  l’air  comprimé,  très  intéressant.  C’est  un  piston  mû 
par  l’air  comprimé,  sur  la  tige  duquel  on  monte  un  porte-outil  et  un  outil  quelconque.  L’air  com¬ 
primé  vient  d’un  réservoir  et  est  amené  par  un  tube  en  caoutchouc.  On  tient  l’appareil  à  la  main  et, 
malgré  les  i,5oo  coups  à  la  minute  que  donne  le  piston,  on  ne  sent  qu’un  faible  frémissement  dans 
la  main.  Le  piston  est  organisé  d’une  façon  cpii  permet  de  ne  pas  avoir  d’autres  parties  mobiles.  Les 
valves  font  partie  du  piston,  et  il  y  a  une  couche  d’air  autour  de  celui-ci,  ce  qui  diminue  les  frotte¬ 
ments. 

Cet  appareil  s’emploie  pour  (ailler  le  granit,  boucharder  et  sculpter  le  marbre,  l’acier,  etc.,  en 
un  mot,  dans  tous  les  cas  où  l’on  veut  obtenir  l’effet  du  martellement.  La  vitesse  des  coups  remplace 
la  masse  du  marteau. 

M.  S  aviné,  a  Naples  (Italie). 

M.  Savine  présente  une  boîte  aux  lettres  très  ingénieuse,  adoptée  par  la  ville  de  Naples,  dont  l’in¬ 
convénient  est  de  coûter  très  cher  (200  francs  la  boîte,  i4o  francs  la  bourse  mécanique  et  4o  francs 
la  machine  à  vider).  Le  sac,  qui  reçoit  les  dépêches  déposées  à  la  boite,  est  muni  d’une  partie  métal¬ 
lique  qui  ne  peut  s’ouvrir  que  quand  le  sac  est  placé  dans  une  coulisse  qui  se  trouve  sous  la  boîte 
aux  lettres.  En  même  temps  que  cette  porte  du  sac  aux  lettres  s’ouvre,  elle  fait  ouvrir  le  fond  de  la 
boîte  aux  lettres.  Ce  fond  est  disposé  de  façon  à  ce  qu’il  n’y  ait  aucune  saillie  qui  puisse  arrêter  les 
lettres. 

En  relevant  le  sac  à  dépêches  des  coulisses,  la  porte  du  sac  se  trouve  fermée,  et  le  fond  de  la  boîte 
aux  lettres  a  repris  sa  place. 


470 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


Pour  ouvrir  dans  le  bureau  le  sac  aux  dépêches,  il  faut  placer  la  partie  métallique  dans  une  cou¬ 
lisse  à  claire-voie;  alors  le  boîtier  peut  l’ouvrir.  Dans  ce  système,  le  facteur  ne  touche  en  aucune 
façon  aux  lettres. 

M..  Avril. 

M.  Avril  expose  un  transformateur  de  dessins.  Cet  appareil  a  déjà  figuré  à  l’Exposition  de  1878  et 
n’offre  aucun  nouveauté.  Il  avait  été  exposé  par  un  autre  constructeur. 


*  M.  Coma. 

M.  Coma  présente  : 

Un  appareil  destiné  à  savoir  si  un  bloc  de  marbre  peut  servir  à  faire  une  statue  dont  on  a  la  ma¬ 
quette.  Il  se  compose  d’une  série  de  trusquins  montés  sur  un  parallélépipède  en  tube  creux,  qui ,  une 
fois  repérés  sur  la  maquette,  sont  reportés  sur  le  bloc  de  marbre; 

Un  pantomètre  ou  compas  de  réduction,  et  un  archet  pour  travailler  les  marbres. 

MM.  Damon  et  Cie. 

MM.  Damon  et  Cie  présentent  un  tableau  des  différentes  vues  de  leur  usine  de  fabrication  d’ébé- 
nisterie,  au  faubourg  Saint-Antoine,  à  Paris. 


M.  Dard. 

M.  Dard  a  exposé  un  appareil  bien  compris  pour  enfoncer  les  échalas.  Cet  appareil  s’adapte  sous 
le  pied  et  y  est  maintenu  par  une  courroie.  On  prend  l’échalas  dans  la  machine  de  l’appareil  qui 
forme  griffe,  en  ayant  soin  d’élever  la  jambe.  Puis,  après  un  effet  de  lancement  de  la  machine  sur 
l’échalas ,  on  appuie  sur  celui-ci  de  tout  le  poids  du  corps. 

20  Une  machine  à  cintrer  les  cercles  de  tonneaux  en  bois. 

On  peut  en  cintrer  800  à  900  à  l’heure.  Les  vis,  qui  font  prendre  aux  cylindres  mobiles  leur 
position,  sont  appuyées  sur  un  ressort  qui  laisse  au  cylindre  une  élasticité  pour  ne  pas  casser  les 
bois. 

Cette  machine  peut  cintrer  deux  cercles  à  la  fois. 

3°  Une  machine  à  cintrer  les  cercles  en  fer  des  tonneaux. 

Cette  machine,  en  même  temps  qu’elle  cintre  le  feuillard,  lui  donne  l’éculage  voulu  ou  la  forme 
d’un  tronc  de  cône. 

4°  Une  poinçonneuse,  cisailleuse,  estampeuse.  Cette  machine  peut  poinçonner  jusqu’à  0  m.  020 
et  cisailler  jusqu’à  o  m.  oo5. 

5°  Une  machine  à  poinçonner  et  cisailler,  spéciale  à  la  tonnellerie. 

On  peut  la  faire  travailler  à  un ,  deux  ou  trois  poinçons. 


M.  Devilliers. 

M.  Devilliers  présente  un  trusquin  universel.  La  tige  du  trusquin  est  divisée  en  centimètres  et  milli¬ 
mètres.  La  division  d’un  vernier,  placé  au-dessus  du  mouvement,  correspond  avec  celle  delà  tige; 
une  douille  moletée  verticale,  placée  en  dessus  du  mouvement  et  graduée  en  dixièmes  ou  vingtièmes 
de  millimètre,  permettant  de  monter  ou  de  descendre  d’autant. 


CONFECTION  DES  OBJETS  DE  MOBILIER  ET  D’HABITATION 


/i71 


M.  Ledru. 

M.  Ledru  a  exposé  diverses  machines,  telles  qu'un  étau  limeur  à  main,  une  machine  à  raboter  le 
fer,  une  cisaille.  Nous  n’avons  qu’à  retenir  sa  machine  pour  le  ferrage  des  lacets ,  composée  d’une 
cisaille  marchant  au  moteur,  avec  amenage  automatique  permettant  de  découper  100,000  ferrets  en 
dix  heures;  d’une  cisaille  à  main  gravant  le  nom  sur  le  ferret;  d’une  cisaille  à  main  simple,  coupant, 
cambrant  et  crevant  le  ferret,  et  d’une  machine  ferrant  le  lacet  et  se  séparant  par  moitié. 

Et  enfin  une  machine  ou  tour  à  réduire  et  augmenter  la  gravure  sur  acier. 

La  grandeur  maximum  du  modèle  est  de  o  m.  3oo. 

On  peut  faire  la  réduction  jusqu’au  sixième  du  modèle,  ce  qui  permet  de  faire  un  creux  d’un  relief, 
et  inversement,  et  de  faire  d’une  face  à  gauche  une  face  à  droite.  L’outil  qui  travaille  est  une  fraise. 
L’affûtage  de  la  fraise  se  fait  sur  la  machine  même,  sans  la  démonter.  Un  système  de  cônes  lisses,  sur 
lesquels  se  déplace  la  courroie  de  commande,  fait  qu’il  y  a  ralenlissement  progressif  de  la  vitesse  de 
rotation  du  tour  lorsque  la  fraise  quitte  le  centre  pour  se  porter  sur  la  circonférence,  de  manière  que 
la  fraise  parcourt  toujours  un  chemin  égal  dans  le  même  temps. 

MM.  MÉNARDjt  0e. 

MM.  Ménard  et  Cie  exposent  des  diamants  à  couper  le  verre,  des  diamants  pour  perforation,  une 
machine  à  molettes  en  diamant  pour  rhabiller  les  meules  de  moulin,  une  scie  circulaire  avec  diamant 
sur  les  côtés  pour  couper  les  pierres  dures. 


M.  SlMONET. 

M.  Simonet  a  présenté  un  tableau  indiquant  l’installation  de  son  important  atelier  de  menuiserie. 
11  a  fondé  dans  son  usine  une  école  professionnelle  d’apprentis  comprenant  2  3  élèves. 

M.  Vautier. 

M.  Vautier  a  exposé  une  transmission  flexible  composée  de  quatre  reports  de  mouvement  pour 
actionnera  distance  des  tondeuses,  sculpter  les  façades  de  maisons,  etc. 

MM.  Delbay  et  Lec AISNE. 

MM.  Delbay  et  Lecaisne  ont  inventé  une  machine  à  sculpter  pour  reproduire  des  ouvrages ,  en  les 
augmentant  ou  les  diminuant. 

Elle  peut  produire  2  5  à  3o  décimètres  carrés  par  jour. 

Elle  peut,  comme  modèle,  employer  deshnoules  en  plâtre.  La  touche  est  en  bois. 

M.  Prouvey. 

M.  Prouvey  a  apporté,  dans  l’Exposition  ouvrière,  dans  le  Pavillon  de  la  Ville  de  Paris,  des  scies  à 
chantourner  ou  droites  avec  tendeur  spécial. 

M.  COTILOGNE. 

M.  Gotilogne  a  exposé  des  tourne-à-gauche. 


/ 


.  . 


. 


. 


V 


TABLE  DES  MATIÈRES. 

- «►«-=- - 

Pages . 

Composition  do  jüry .  435 

Machines-outils  à  travailler  le  bois .  437 

Machines  à  fabriquer  la  porcelaine,  les  tuiles,  les  carreaux,  et  appareils  préparatoires  de  cette 
fabrication .  438 

Machines  diverses . 439 

Machines  exposées  par  l’Angleterre .  439 

Machines  françaises  pour  le  travail  du  bois .  443 

Machines  à  affûter  les  laines  de  scies .  457 

Machines  à  couper  le  liège  et  à  faire  les  bouchons .  459 

Machines  pour  la  fabrication  des  produits  céramicpies .  46o 

Machines  étrangères .  467 


.  ..  : . '■  .  '  ■"  Jï  j 

'  ■  ■■  •  ..  ■  . 

.  .  . 

•  Y  •  • . ^  .  .  iiiii.i 

.  .  . 

. 

! 

.  .  .  \‘o<  .  -  '  :  ' 


CLASSE  58 


Matériel  et  procédés  de  la  papeterie,  des  teintures 
et  des  impressions 


RAPPORT  DU  JURY  INTERNATIONAL 

PAR 

M.  DEHAÎTRE 


CONSTRUCTEUR  -  MECANICIEN 


COMPOSITION  DU  JURY. 


MM.  Ermel,  Président ,  ingénieur  civil,  directeur  de  la  fabrication  des  billets  de 
la  Banque  de  France,  membre  du  jury  des  récompenses  à  l’Exposition  de 

Paris  en  1878 . 

Sloan  (Th.  J.),  ingénieur,  Vice-Président . 

Dehaitre  (Fernand),  Secrétaire-Rapporteur,  constructeur-mécanicien,  mé¬ 
daille  d’or  à  l’Exposition  de  Paris  en  1878 . 

Godin  (L.),  fabricant  de  papiers  à  Huy . 

Tostrup,  négociant  en  bois . 

Buffald,  constructeur-mécanicien,  médaille  d’or  à  l’Exposition  de  Paris  en 

1878 . 

L’Huillier  (Louis),  constructeur  de  machines  pour  papeteries,  grande  mé¬ 
daille  à  l’Exposition  de  Paris  en  1878 . 

Marinoni,  constructeur  de  machines  typographiques,  grande  médaille  à 

l’Exposition  de  Paris  en  1878 . 

Corron  (G.),  directeur  de  la  teinturerie  Stéphanoise,  médaille  d’or  à 
l’Exposition  de  Paris  en  1878,  Juré  suppléant . 


France. 

Etats-Unis. 

France. 

Belgique. 

Norvège. 

France. 

France. 

France. 


France. 


- 


■ 


. 

' 

. 


•  >v  ■  '  '■  •:  •  '  'liï.;.: 


‘ 


Rapports  de  l  Exposition _ Clctsse,  oS. 


MATERIEL  ET  PROCEDES  DE  LA  PAPETERIE,  DES  TEINTURES  ET  DES  IMPRESSIONS. 


Imprimerie 


Nationale. 


MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS 

DE  LA  PAPETERIE,  DES  TEINTURES 

ET  DES  IMPRESSIONS. 


La  classe  58  était  la  classe  60  à  l’Exposition  universelle  de  1878,  et  la  classe  59  à 
l’Exposition  universelle  de  1867. 

Le  nombre  des  exposants  était  de  : 


En  1867 .  1 83 

En  1878 .  228 

En  1889 . 217 


Dans  ce  nombre,  figurent,  pour  l’Exposition  universelle  de  1889,  66  exposants 
étrangers  répartis  dans  les  différentes  nationalités. 

Il  est  regrettable,  à  tous  égards,  qu’un  certain  nombre  de  puissances  étrangères 
n’aient  pas  encouragé  leurs  nationaux  à  envoyer  leurs  produits  à  l’Exposition  univer¬ 
selle  de  1889;  fiue  ^es  eff°rts  isolés,  faits  individuellement  par  un  certain  nombre 
d’exposants  étrangers,  n’aient  pas  trouvé  un  appui  plus  efficace  auprès  de  leurs  gou¬ 
vernements.  On  aurait  pu  juger  encore  mieux  des  progrès  considérables  accomplis, 
depuis  dix  ans,  dans  toutes  les  branches  de  l’industrie  et  du  commerce  universels. 

Nous  envoyons  au  delà  des  frontières  et  des  océans  l’expression  de  nos  regrets  à 
nos  confrères  connus  et  inconnus,  avec  lesquels  nous  aurions  été  heureux  et  fiers  de 
nous  mesurer  dans  cette  lutte  pacifique. 

Ils  auraient  trouvé  chez  nous,  quoi  qu’on  ait  pu  leur  en  dire,  l’accueil  sympathique 
et  cordial  que  la  France  a  toujours  su  faire  à  ses  hôtes. 

La  classe  58  comprend,  dit  le  catalogue  officiel,  le  matériel  et  les  procédés  de  la 
papeterie,  des  teintures  et  des  impressions. 

Elle  peut  donc  se  subdiviser  en  trois  sections (1)  : 

1 re  section.  —  Matériel  et  procédés  de  la  papeterie. 

2e  section.  —  Matériel  et  procédés  de  l’imprimerie  et  du  façonnage  des  papiers. 

3e  section.  —  Matériel  et  procédés  de  la  teinture,  des  impressions  sur  étoffes  et  des 
apprêts. 


Les  grandes  lignes  de  cette  classification  sont  empruntées  au  très  intéressant  rapport  fait  par  M.  Ermel , 
en  1878,  sur  la  classe  60. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


/t  80 


Le  nombre  des  exposants,  en  1889,  est  sensiblement  le  même  qu’en  1878;  mais, 
en  raison  des  progrès  réalisés,  du  développement  prodigieux  des  procédés  de  l’impres¬ 
sion,  de  la  teinture  et  des  apprêts,  la  classe  58  n’était  pas  une  des  classes  les  moins 
intéressantes  du  Palais  des  machines,  et  la  foule,  sans  cesse  renouvelée,  qui  se  portait 
devant  ses  machines  en  action,  prouve  surabondamment  tout  l’intérêt  que  le  public  y 
prenait. 

Il  serait  injuste  de  ne  pas  constater  ici  que  la  généreuse  prodigalité  avec  laquelle 
MM.  les  contructeurs  de  machines  à  imprimer  faisaient  distribuer,  dès  le  premier  jour 
de  l’ouverture,  des  impressions  de  toutes  sortes  :  journaux,  gravures,  chromos,  etc., 
contribua  efficacement  a  rendre  des  plus  fréquentées  cette  partie  de  l’admirable  ga¬ 
lerie  des  machines. 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS 


m 


SECTION  I, 

PROCÉDÉS  ET  MATÉRIEL  DE  LA  PAPETERIE. 


Les  progrès  réalisés  dans  les  procédés  de  Timprimerie,  dans  le  développement 
immense  donné  à  toutes  les  industries  qui  en  dérivent,  ne  pouvaient  s’opérer  qu’a  la 
condition  d’avoir,  en  abondance  et  à  bas  prix,  la  matière  première  indispensable  :  le 
papier,  le  carton. 

Le  chiffon ,  en  raison  des  nouveaux  procédés  permettant  d’en  tirer  de  nouveaux  tex¬ 
tiles,  de  nouvelles  étoffes,  et  en  raison  aussi  des  droits  d’entrée  qui  le  frappent,  est 
devenu  de  plus  en  plus  rare. 

Pour  subvenir  aux  besoins,  on  a  dû  recourir  aux  bois,  à  la  paille  et  à  l’alfa.  Au 
point  de  vue  des  pâtes  de  bois  et  divers  succédanés  pour  le  papier,  la  classe  58 
comptait  9  exposants  français  et  1 3  étrangers. 

Cette  proportion  n’a  rien  qui  puisse  surprendre.  Avec  les  besoins  sans  cesse  gran¬ 
dissants  de  l’industrie,  le  bois,  en  général,  est  devenu  cher  en  France,  vu  sa  rareté. 
Il  a  fallu  faire  venir  des  bois  de  l’étranger,  afin  d’arriver  a  produire  à  bon  compte  des 
pâtes  de  bois,  de  la  cellulose. 

Un  fabricant  français  a  même  établi  à  l’étranger  d’importantes  usines  :  la  maison 
Darblav  a  fondé  à  Wôrgl  (Tyrol-Autriche)  une  grande  usine  où  fonctionnent  quatre 
lessiveurs  horizontaux. 

MM.  Darblay  père  et  fils  fabriquent  de  la  pâte  de  paille  depuis  1869,  et,  pendant 
de  longues  années,  ils  en  ont  fourni  de  grandes  quantités  a  la  papeterie  française, 
avant  que  cette  fabrication  ait  été  vulgarisée,  comme  elle  l’est  aujourd’hui. 

Ils  ont  été  les  premiers  en  France  à  fabriquer  la  cellulose  de  bois  (avril  1 8 8 3 ). 

Ils  possèdent  actuellement  : 

i°  A  Essonnes,  8  lessiveurs  rotatifs  pour  la  paille,  produisant  ensemble  12,000  kilo¬ 


grammes  de  pâte  sèche  par  jour,  ci .  12,000  kilogr. 

20  Dans  la  même  usine  :  4  lessiveurs  verticaux,  7  lessiveurs  horizontaux  de 
dimensions  variées,  pour  la  fabrication  delà  cellulose  de  sapin,  produi¬ 
sant  ensemble  20,000  kilogrammes  de  pâte  sèche  par  jour,  ci .  20,000 

3°  A  Wôrgl  (Tyrol-Autriche)  :  4  lessiveurs  horizontaux  de  grande  dimen¬ 
sion ,  fabriquant  également  la  cellulose  de  sapin  et  produisant  ensemble 
18,000  kilogrammes  par  jour,  ci . .  18,000 

Total . .  5o,ooo 


Toute  la  pâte  de  paille  produite  est  blanchie  au  chlorure  de  chaux. 

3i 


Groupe  VI.  —  iv. 


IMPRIMERIE  NATIONALE. 


482 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


La  cellulose  de  sapin  est  livrée,  partie  écrue,  partie  blanchie  tant  au  chlorure  de 
chaux  que  par  le  nouveau  procédé  électrique  de  AL  Hermite,  procédé  dont  il  sera 
question  plus  loin. 

L’usine  de  Wôrgl  est  représentée  dans  un  plan  en  relief,  ce  qui  a  permis  au  jury 
de  se  rendre  un  compte  exact  de  l’importance  de  cette  usine.  Il  a  pu,  en  même  temps, 
apprécier  celle  des  papeteries  d’Essonnes,  par  d’autres  plans  très  remarquables,  égale¬ 
ment  en  relief. 

On  peut  donc  voir,  en  considérant  le  plan  topographique,  quelle  est  l’importance 
des  établissements  de  papeterie  connus  sous  le  nom  de  Papeteries  d’Essonnes. 

En  effet,  l’agglomération  principale  de  la  ville  d’Essonnes,  dont  la  population 
dépasse  pourtant  7,000  habitants,  ne  paraît  pas  plus  considérable,  sur  le  papier,  que 
l’ensemble  des  usines  d’Essonnes,  de  Villabé,  d’Ormoy  et  d’Echarçon,  dont  les  divers 
bâtiments  occupent  une  surface  de  plus  de  75,000  mètres  carrés. 

Ce  plan  topographique  permet  de  comprendre  comment  se  rattachent  toutes  ces 
annexes  a  l’usine  principale,  où  tout  vient  aboutir. 

La  rivière,  un  chemin  de  fer  à  grande  voie  et  le  téléphone  sont  les  liens  qui 
réunissent  les  membres  au  corps  principal. 

Toutes  les  machines  à  papier  ne  sont  point  cependant  à  l’usine  centrale. 

Deux  autres  papeteries,  Moulin-Galant  et  Echarçon,  renferment  chacune  deux  ma¬ 
chines  à  papier,  fabriquant  exclusivement  le  papier  journal,  et  ce,  à  cause  de  l’éco¬ 
nomie  c[u’ apporte  dans  cette  fabrication  l’emploi  de  la  force  hydraulique. 

Mais  les  pâtes,  dont  la  préparation  exige  l’emploi  d’agents  chimiques,  proviennent 
de  la  grande  usine,  que  l’on  peut  mieux  voir  sur  le  plan  en  relief  (exécuté  par 
MM.  Regnard  frères),  plan  à  une  échelle  cinq  fois  plus  grande  que  le  plan  topogra¬ 
phique.  Le  défibrage  des  bois  de  tremble  et  le  défilage  du  chiffon  se  font  seuls  au 
dehors,  dans  les  anciens  moulins  d’Ormoy,  d’Angoulême,  de  Robinson  et  des  Ray  ères. 

A  l’usine  principale,  en  effet,  on  trouve  le  lessivage  et  le  blanchiment  des  chiffons, 
la  cuisson  des  pailles  et  de  l’alfa  et  leur  blanchiment;  enfin,  la  cuisson  du  bois  de 
sapin,  au  moyen  du  bisulfite  de  chaux,  et  son  blanchiment  tant  par  le  chlorure  de 
chaux  que  par  l’électricité.  D’où  trois  groupes  distincts  reliés  au  dépôt  des  pâtes  par 
des  galeries  couvertes,  dans  lesquelles  circulent  les  wagonnets  de  service. 

A  l’extrémité  de  ce  dépôt  des  pâtes,  est  ce  qu’on  appelle  la  fabrication ;  cet  atelier 
comprend  quinze  machines  à  papier;  la  dernière  est  celle  qui  était  exposée  au  Palais  des 
machines. 

Enfin,  viennent  les  salles  de  façonnage  et  d’apprêt,  de  triage  et  d’emballage  des  pa¬ 
piers,  couvrant  à  elles  deux  1  hectare  et  demi,  y  compris  le  magasin. 

C’est  à  ce  magasin  que  viennent  aboutir  les  voies  ferrées,  dont  l’une  monte,  par  une 
forte  rampe,  à  la  gare  de  Moulin-Galant  (ligne  de  Paris  à  Lyon,  par  Corbeil),  tandis 
que  l’autre  descend  au  port  des  Bas-Vignons,  sur  la  Seine,  par  un  tunnel  long  de 
700  mètres.  Cette  dernière  sert  principalement  à  la  réception  des  matières  brutes  qui 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


483 


concourent  à  la  fabrication  du  papier,  et  dont  il  faut  quatre  à  cinq  fois  le  poids  du  pa¬ 
pier  fabriqué. 

Derrière  la  colline  qui  sépare  la  vallée  d’Essonnes  de  celle  de  la  Seine,  trois  petits 
plans  en  relief,  bien  distants  cependant  dans  la  réalité ,  ont  été  groupés. 

Ce  sont  d’abord  les  deux  papeteries  du  Moulin-Galant  et  d’Echarçon,  réunies  à  la 
papeterie  d’Essonnes,  Tune  depuis  bientôt  trente  ans,  et  l’autre  depuis  cinq  ans  seule¬ 
ment. 

Entre  ces  deux  annexes  est  représentée  la  fabrique  de  cellulose  au  bisulfite  de  Wôrgl, 
en  Autriche,  qui  livrait  d’abord  une  bonne  part  de  ses  produits  aux  papeteries  d’Es¬ 
sonnes,  mais  dont  la  clientèle  française,  autrichienne,  italienne,  espagnole  et  améri¬ 
caine  absorbe  maintenant  presque  toute  la  fabrication. 

MM.  Bichelberger,  Champon  et  Cie  exposaient  des  pâtes  de  bois  de  sapin  très 
blanches,  avec  une  faible  proportion  de  chlorure  de  chaux  (i3  p.  100).  Ces  pâtes, 
d’un  très  bel  aspect,  sont  spécialement  destinées  à  la  fabrication  de  papiers  pour  le  ti¬ 
rage  des  gravures. 

M.  Horteur,  de  Saint-Remy  (Savoie),  présentait  de  beaux  spécimens  en  feuilles,  de 
pâte  de  tremble,  sapin. 

Ces  pâtes  sont  plus  spécialement  destinées  aux  papiers  blancs  :  écolier  et  impres¬ 
sions. 

M.  Legrand.  —  Fabrique  de  papier  à  Montfourat,  où  il  possède  plusieurs  usines, 
dont  Tune  ne  traite  que  les  pâtes  de  bois. 

M.  Legrand  exposait  aussi  dans  la  classe  10.  Le  jury  a  pu  se  rendre  compte  de  la 
bonne  qualité  des  produits  exposés. 

MM.  Metenett  et  Cie,  à  Raon-TEtape  (Vosges).  —  Les  pâtes  de  bois  diverses  et  chif¬ 
fons  paraissent  bien  traitées. 

La  Société  des  papeteries  réunies  de  Dieppe  et  Ponts-et-Marais  présentait  des  pâtes 
de  bois  chimiques,  pâtes  traitées  au  bisulfite  de  magnésie  par  le  procédé  Edkmann. 

La  production  de  cette  usine,  non  encore  complètement  installée,  est  déjà  de 
4,ooo  kilogrammes  de  pâte  sèche  par  jour. 

MM.  Weibel  et  Cie,  à  Novillars  (Doubs),  avaient  une  très  intéressante  exposition  de 
cellulose  de  bois  écrue  et  blanchie.  Les  spécimens  exposés  étaient  fort  beaux. 

L’usine  de  Novillars  est  très  importante  et  produit  3 0,000  kilogrammes  de  pâte 
sèche  par  jour,  avec  un  excellent  rendement,  70  p.  100.  Elle  couvre  une  étendue  de 
6  hectares  et  possède  une  force  de  2,000  chevaux. 

MM.  Zieber,  Rieder  et  Cie,  à  Boursières,  usine  de  Torpes  (Doubs),  bien  que  ne  figu¬ 
rant  pas  au  catalogue,  ont  vu  leurs  produits  examinés  par  le  jury. 

Ces  produits  consistaient  en  de  remarquables  échantillons  de  pâtes  de  paille  et  de 
tremble.  Bien  que  les  papiers  ne  soient  pas  du  ressort  de  la  classe  58,  il  est  juste  de 
dire  que  cette  maison  livre  à  l’industrie  d’excellents  papiers  pour  les  rouleaux  des  ca¬ 
landres. 

3i . 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


484 


Voici  la  nomenclature  des  papiers  et  pâtes  de  paille  et  de  tremble  cpii  figuraient  à 
l’Exposition  universelle  de  1889  : 

1.  90  p.  100  paille . 

3.  5 o  p.  100  paille . 

5.  5o  p.  100  paille . 

6.  66  p.  100  paille . 

7.  66  p.  100  tremble . 

9.  îoo  p.  100  tremble . 

Echantillons  pâte  de  paille. 

Echantillons  pâte  de  tremble. 

L’usine  pour  la  fabrication  de  la  pâte  de  paille  de  Torpes  a  été  construite  en  même 
temps  que  la  papeterie  de  ce  nom,  en  1881  et  1882,  et  a  commencé  à  produire  dès 
le  mois  de  janvier  1 883. 

Dans  les  prévisions  de  ses  fondateurs,  elle  devait  servir  tout  à  la  fois  à  alimenter  la 
papeterie  dont  elle  forme  une  annexe,  et  à  approvisionner  les  consommateurs  français. 
Sur  les  1,000  tonnes  de  pâte  sèche  quelle  est  susceptible  de  produire,  600  tonnes 
environ  devaient  être  vendues  au  dehors. 

Ces  prévisions  se  sont  réalisées,  autant  que  le  permettaient  les  circonstances.  Mais 
l’introduction  dans  la  fabrication  des  pâtes  de  bois  au  bisulfite  a  eu  pour  effet  de  res¬ 
treindre  la  consommation  des  pâtes  de  paille  et  d’en  abaisser  rapidement  le  prix  de 
vente.  Cette  pâte  valait  encore  55  francs  les  100  kilogrammes  en  1882,  prise  à  l’u¬ 
sine;  son  prix  est  aujourd’hui  de  4i  à  42  francs,  dans  les  mêmes  conditions. 

Néanmoins,  grâce  à  des  améliorations  successives  introduites  dans  la  fabrication,  le 
prix  de  revient  a  pu  suivre  le  prix  de  vente,  pour  ainsi  dire,  pas  à  pas. 

La  fabrication  de  la  pâte  de  paille  chimique  avait  été  introduite  dans  les  établisse¬ 
ments  d’Alsace,  de  MM.  Zuber,  Rieder  et  Cie,  dès  l’année  1866.  Au  moment  où  éclata 
la  guerre  de  1870,  ils  avaient  en  construction  une  usine  pour  le  traitement  de 
6,000  kilogrammes  de  paille  par  jour,  qui  ne  fut  achevée  qu’en  1872.  On  y  avait  in¬ 
troduit  la  revivification  de  la  soude  au  moyen  du  laveur  Lespermont  et  du  four  Porion, 
et  le  raffinage  des  pâtes  par  la  méthode  de  Thode.  Le  bouillissage  se  faisait  à  la  soude 
caustique,  et  le  blanchiment  au  chlorure  de  chaux. 

En  1879,  la  production  fut  augmentée  d’un  tiers  et  portée  à  8,000  kilogrammes 
de  paille  traités  par  jour,  et  le  blanchiment  au  chlore  gazeux  fut  introduit  avec  succès 
dans  la  fabrication. 

Le  procédé,  ainsi  modifié,  a  été  appliqué,  au  début,  à  l’usine  de  Torpes,  pour  la 
préparation  de  la  pâte  de  paille. 

Son  matériel  comprenait  à  l’origine  : 

Un  vaste  atelier  pour  la  préparation  de  la  soude  caustique,  avec  appareils  Shanks, 
pour  l’extraction  de  la  soude  caustique  et  carbonatée  contenue  dans  la  soude  mère  revi¬ 
vifiée; 


Impression  ivoire  pour  carte. 
Impression  rosée. 

Ecriture  coquille  surfine. 
Ecriture  coquille  fine. 
Ecriture  coquille  8  kilogr. 
Impression  pour  bois  mats. 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


485 


Un  four  Porion  perfectionné  avec  quatre  fours  à  incinérer; 

Un  atelier  de  coupage  et  de  nettoyage  de  la  paille; 

Un  atelier  de  bouillissage  avec  trois  bouilleurs  cylindriques  d’une  contenance  de 
1,000  kilogrammes  de  paille; 

Un  atelier  de  lavage  méthodique  au  moyen  du  laveur  Lespermont; 

Un  atelier  de  blanchiment  au  chlore  gazeux  et  de  relavage; 

Un  atelier  de  raffinage  avec  trois  raffineuses  de  Thode,  suivi  d’un  second  blanchi¬ 
ment  au  chlorure  liquide  ; 

Et  enfin  un  atelier  de  pressage  pour  façonner  les  pâtes  en  vue  de  la  vente. 

Tout  récemment,  le  procédé  a  été  considérablement  modifié  par  la  suppression  des 
laveurs  Lespermont,  remplacés  par  un  mode  de  lavage  par  déplacement,  inventé  à  l’u¬ 
sine,  et  par  le  remplacement  du  blanchiment  au  chlore  gazeux  par  le  procédé  de  blan¬ 
chiment  par  déplacement  du  chlorure  de  chaux,  qui  font  l’objet  d’un  brevet. 

Les  résultats  de  ces  innovations  ont  été  de  tout  point  satisfaisants.  La  pâte  a  gagné 
en  pureté  et  en  solidité,  sans  perdre  de  son  éclat,  et  le  prix  de  revient  s’est  notable¬ 
ment  abaissé. 

Depuis  quelques  mois ,  la  fabrication  de  pâte  de  tremble  chimique  est  venue  se  sub¬ 
stituer  partiellement  à  celle  de  la  pâte  de  paille.  Le  produit  a  moins  de  finesse,  de 
fibre  et  de  blancheur,  mais  revient  à  un  prix  inférieur,  et  trouve ,  par  suite ,  un  écoule¬ 
ment  plus  facile.  Sauf  la  préparation  du  bois  avant  son  introduction  dans  les  bouil¬ 
leurs,  et  les  proportions  de  produits  chimiques  employés,  la  fabrication  de  la  pâte  de 
tremble  chimique  suit  la  même  marche  que  celle  de  la  pâte  de  paille. 

Les  pâtes  produites  par  l’usine  de  Torpes  sont  réputées  partout  de  première  marque 
et  obtiennent,  à  prix  égal,  la  préférence  delà  part  des  acheteurs. 

MM.  de  Naeyer  et  Clc,  à  Villebroek,  dont  il  sera  parlé  plus  loin,  aux  machines  pour 
la  fabrication  du  papier,  ont  exposé  un  assortiment  des  plus  complets  de  pâtes  de 
paille  et  bois  chimiques. 

MM.  Sivart ,  en  France,  et  de  Vriendt,  en  Belgique,  ont  présenté  au  jury  un  clas¬ 
sement  méthodique  des  matières  premières  pour  papeteries  et  laines  renaissance. 

Suède  et  Norvège. 

A  côté  des  fabricants  français  et  belges,  nous  devons  rendre  un  hommage  mérité 
aux  fabricants  de  pâtes  de  bois  de  la  Norvège  et  du  grand-duché  de  Finlande,  dont 
la  présence  a  rehaussé  encore  l’éclat  de  l’Exposition. 

La  Norvège  et  la  Finlande  possèdent  des  forêts  immenses  et  des  usines  considé¬ 
rables  pour  la  fabrication  des  pâtes  de  bois. 

Les  expositions  de  la  Norvège  et  du  grand-duché  de  Finlande  étaient  très  intéres¬ 
santes  à  ce  point  de  vue,  et  les  produits  exposés  ont  été  justement  remarqués. 

La  pâte  de  bois  se  fabrique  de  deux  manières  différentes  :  par  un  procédé  méca- 


486 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


nique  et  par  des  procédés  chimiques.  Les  bois  employés  sont  principalement  le 
sapin  ( abies  eæcelsa );  une  petite  partie  de  la  pâte  mécanique  exportée  est  faite  de  bois 
de  tremble. 

L’exportation  qui,  en  1870^,  ne  s’élevait  qu’à  275  tonnes  de  pâte,  supposée 
sèche,  d’une  valeur  de  107,500  francs,  s’est  rapidement  augmentée  dans  de  telles 
proportions,  qu’elle  a,  en  1888,  atteint  environ  100,000  tonnes  de  pâte  sèche,  d’une 
valeur  de  i3,4oo,ooo  francs. 

De  ces  100,000,  environ  88,000  étaient  pâte  mécanique  et  environ  12,000  pâte 
chimique  ( cellulose ),  dont  environ  8,000  tonnes  au  bisulfite  et  environ  4,ooo  tonnes 
à  la  soude. 

Il  y  avait  en  Norvège,  en  1888,  44  fabriques  pour  la  pâte  mécanique  et,  en  outre, 
4  nouvelles  en  construction  ;  des  fabriques  de  pâte  chimique  au  bisulfite ,  il  y  en  avait  9 
en  activité  et  1  en  construction;  des  fabriques  de  pâte  chimique  à  la  soude,  2  en  ac¬ 
tivité  et  2  en  construction. 

La  plus  grande  partie  de  la  pâte  de  bois  exportée  de  Norvège  est  à  l’état  humide , 
contenant  en  général  5o  p.  100  d’eau;  une  partie  moindre  est  livrée  à  l’état  sec. 

Les  prix,  sur  les  lieux  d’exportation,  ont  été,  en  1888 ,  pour  la  pâte  de  sapin  mé¬ 
canique,  en  moyenne,  environ  de  1 1  2  francs  par  1,000  kilogrammes;  pour  la  pâte  à 
la  soude,  en  moyenne,  environ  de  290  francs;  pour  la  pâte  au  bisulfite,  en  moyenne, 
environ  de  3 1 0  francs. 

En  supposant  qu’un  standard  de  Saint-Pétersbourg  de  bois  de  sapin  pèse  2,170  kilo¬ 
grammes,  l’exportation  de  pâte  de  bois  serait,  calculée  en  standards  de  Saint-Péters¬ 
bourg,  d’environ  46,ooo  standards.  L’exportation  réunie  de  bois  bruts  et  travaillés, 
qui,  pour  l’année  1888,  a  été  de  4o6,ioo  standards,  et  de  pâtes  de  bois,  évaluée  à 
46,ooo  standards,  s’élèverait  à  452, 1  00  standards,  et  la  valeur  totale  des  bois  et  pâtes 
de  bois  exportés  s’élèverait  à  55,4oo,ooo  francs. 

La  pâte  de  bois  forme  donc  environ  10.2  p.  100  de  la  quantité  totale  des  bois  et 
pâtes  de  bois  exportés  et  environ  24.2  p.  100  de  leur  valeur. 

La  valeur  de  la  pâte  de  bois  mécanique,  calculée  en  standards  de  Saint-Péters¬ 
bourg,  d’après  le  poids  du  bois,  serait  donc  environ  de  2  42  francs. 

Les  pays  étrangers  n’achètent  pas  seulement  les  pâtes  de  bois  de  la  Norvège,  mais 
ils  fabriquent  aussi  eux-mêmes,  pour  leur  besoin,  une  partie  de  pâte  chimique  de  bois 
importés  de  Norvège. 

La  Norvège  a  ainsi,  en  1888,  exporté  environ  6,3oo  standards  de  rondins  pour  la 
fabrication  de  pâte  de  bois  (pâte  chimique),  dont,  environ,  2,900  standards  pour  la 
France,  2,700  standards  pour  l’Angleterre,  65o  standards  pour  la  Hollande.  La 
France  a,  la  même  année,  employé  environ  1,700  standards  de  bouts  de  madriers, 
bastins  et  planches  pour  en  fabriquer  de  la  pâte  chimique. 

'V  Ces  renseignements  sont  dus  à  i’obligeance  de  M.  Thr.  Tostrup,  membre  du  jury. 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


/i  87 


Voici  la  liste  des  usines  de  Norvège  qui  ont  envoyé  leurs  produits  à  l’Exposition  : 

M.  Chr.  Christophersen  représentait  4  fabriques  de  pâte  de  bois  mécanique  et  4  fa¬ 
briques  de  pâte  de  bois  chimique. 

Les  quatre  fabriques  de  pâte  de  bois  mécanique  sont  : 

Eker,  construite  en  1881  ;  production,  2,000  tonnes  par  an; 

Mago,  construite  en  1880;  production,  1,760  tonnes  par  an; 

Boensdalen,  contruite  en  1876;  production  ,  1,760  tonnes  de  pâte  brune  et  blanche 
par  an; 

Vestofesen,  construite  en  1872;  production,  5oo  tonnes  par  an. 

Les  quatre  fabriques  de  pâte  de  bois  chimique  sont  : 

Boensdalen,  construite  en  1 8 8 5 ;  production,  2,25o  tonnes  de  pâte  au  bisulfite, 
dont  2,000  tonnes  blanchies  et  2  5o  tonnes  écrues; 

Gjoevig,  construite  en  1  8 8 5  ;  production,  1,760  tonnes  de  pâte  au  bisulfite,  dont 
i,4oo  tonnes  de  pâte  blanchie  et  36o  tonnes  de  pâte  écrue; 

Enebah,  construite  en  1887;  production,  760  tonnes  de  pâte  au  bisulfite ,  écrue; 

Stihlen,  construite  en  1887;  production,  3 00  tonnes  de  pâte  au  bisulfite,  écrue; 

FABRIQUES  DE  PATE  DE  BOIS  MECANIQUE. 

Fabrique  de  pâte  de  bois  d’Embretsfos,  pâte  mécanique,  construite  en  1872;  pro¬ 
duction,  6,000  tonnes. 

Fabrique  de  pâte  bois  d’Aadolen,  pâte  mécanique,  construite  en  1 882  production, 
3,i  00  tonnes. 

Fabrique  de  pâte  de  Cerjebruh,  pâte  mécanique  en  feuilles,  construite  en  1886; 
production,  2,3 00  tonnes. 

Fabrique  de  pâte  de  bois  de  Laugstolbruk,  pâte  mécanique,  construite  en  187A; 
production,  2,2 5 0  tonnes. 

Fabrique  de  pâte  de  bois  de  Meraherbrug,  pâte  mécanique,  construite  en  1886; 
production,  2,000  tonnes. 

Fabrique  de  pâte  de  bois  de  Land,  pâte  mécanique,  construite  en  1872,  fabrique 
des  cartons  de  bois;  production,  800  tonnes. 


FABRIQUES  DE  PATE  DE  BOIS  CHIMIQUE  (CELLULOSE). 

Fabrique  de  cellulose  de  Moss,  pâte  chimique  à  la  soude,  construite  en  1  8 8 3  ;  pro¬ 
duction  ,  4,ooo  tonnes. 

Fabrique  de  cellulose  de  Vestfos,  pâte  chimique  au  bisulfite,  construite  en  1886; 
production,  2,000  tonnes. 

Fabrique  de  cellulose  de  Bambe,  pâte  chimique  à  la  soucie,  a  commencé  la  fabri¬ 
cation  cette  année. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


488 


Grand-Duché  de  Finlande. 

Dans  le  pavillon  du  grand-duché  de  Finlande,  le  jury  a  examiné  les  produits  de  la 
Fabrique  des  pâtes  de  bois  d’Enos,  qui  exposait  des  pâtes  blanches  de  tremble  et 
pâte  de  sapin,  cartons  et  bois;  cette  fabrique  fait  annuellement  un  chiffre  de  k  mil¬ 
lions  d’affaires;  de  la  Société  anonyme  de  Kummené  et  de  la  Société  anonyme  de  Tam- 
merfois  ,  dont  les  pâtes  de  bois  paraissaient  réunir  toutes  les  conditions  d’une  bonne 
fabrication. 

La  Société  de  Kummené  arrive  au  chiffre  de  3  millions  d’affaires  par  an. 

Toutes  ces  expositions  de  Norvège  et  du  grand-duché  de  Finlande,  le  chiffre  des 
opérations  des  diverses  fabriques,  prouvent,  sans  qu’il  soit  besoin  d’insister,  la  très 
grande  vitalité  de  cette  industrie  de  la  pâte  de  bois  dans  ces  contrées. 

MACHINES  À  FABRIQUER  LE  PAPIER. 

Au  point  de  vue  des  machines  concourant  à  la  fabrication  du  papier,  l’Exposition 
de  1889  présente  plus  d’intérêt  et  d’importance  que  ses  devancières.  En  1867,  une 
seule  machine  à  papier  était  exposée  dans  la  section  belge;  elle  ne  fonctionnait  pas. 
En  1876,  à  Philadelphie,  une  seule  machine  à  papier  fonctionnait.  En  1878,  on  se 
rappelle  que,  dans  l’annexe  de  la  classe  60,  fonctionnait  une  machine  à  papiers. 

Cette  machine  construite  par  M.  Lhuillier,  de  Vienne,  était  exposée  par  MAI.  Dar- 
blay  et  Bérenger,  et  a  travaillé  pendant  toute  la  durée  de  l’Exposition.  Elle  en  était 
une  des  attractions. 

E  l  1889,  l’Exposition,  classe  58,  comptait  6  machines  a  papiers  et  carton. 

Deux  étaient  en  marche. 

Trois  ne  fonctionnaient  pas. 

La  sixième,  tout  a  fait  spéciale,  ne  servant  que  pour  la  fabrication  du  papier  des 
billets  de  banque,  était  représentée  par  une  très  remarquable  peinture  à  l’huile. 

Les  deux  machines  à  papier  qui  marchaient,  étaient  : 

i°  La  machine  exposée  par  MM.  Darblay  père  et  fils,  d’Essonnes; 

20  La  machine  exposée  dans  la  section  belge  par  MM.  de  Naeyer  et  C,e. 

Ces  machines  attiraient  beaucoup  de  monde  et  présentaient  un  très  vif  intérêt. 

La  machine  de  MM.  Darblay  père  et  fils  se  composait  d’un  ensemble  d’appareils 
très  remarquables,  très  bien  étudiés,  que  nous  allons  décrire. 

Pile  rcijjîneuse.  —  La  pile  raffineuse  est  à  deux  cylindres,  du  système  Vallée  amé¬ 
lioré  au  point  de  vue  des  proportions  relatives  des  diverses  parties  de  l’appareil,  de 
manière  à  faciliter  et  régulariser  la  circulation  de  la  pâte.  La  pâte  peut  ainsi  être  tenue 
beaucoup  plus  épaisse  que  dans  les  piles  ordinaires,  condition  importante  pour  le  raf- 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


489 


finage  des  succédanés.  Les  lames  des  cylindres  et  platines  sont  en  bronze,  afin  de  mieux 
ménager  la  fibre. 

Cuves  à  pâtes.  —  Il  y  en  a  deux,  mais  elles  ont  chacune  leur  rôle  spécial.  La  pre¬ 
mière,  de  petite  capacité,  reçoit  directement  la  pâte  de  chaque  pile,  additionnée  de 
la  quantité  d’eau  nécessaire  pour  parfaire  la  capacité  de  la  cuve ,  laquelle  sert  ainsi  de 
régulateur  de  densité.  La  seconde,  qui  est  la  cuve  proprement  dite,  est  le  réservoir 
d’alimentation  de  la  machine.  Cette  alimentation  se  fait  au  moyen  d’une  pompe  qui  re¬ 
monte  la  pâte  dans  un  petit  bassin  muni  d’un  trop  plein,  où  le  niveau  reste  constant 
et  assure  la  régularité  du  débit. 

Sablier.  —  Cet  appareil  est  muni  de  persiennes  mobiles  qui  en  facilitent  le  net- 
toyage. 

Epurateurs.  —  A  la  sortie  du  sablier,  la  pâte  pénètre  dans  l’épurateur  rotatif  à 
soufflet,  d’où  elle  sort  par  un  des  tourillons  pour  se  rendre  à  l’épurateur  en  dessus; 
dans  ce  dernier,  on  a  substitué  la  commande  par  excentrique  à  la  commande  par  ro- 
chet,  afin  d’éviter  le  bruit. 

Table  de  fabrication.  —  On  s’est  appliqué  à  ne  pas  exagérer  sa  longueur.  Le  chariot 
est  disposé  de  manière  à  rester  constamment  parallèle  à  l’axe  de  la  machine. 

L’emploi  exclusif  du  cuivre  dans  la  construction  de  l’appareil  a  pour  but  d’éviter  la 
rouille. 

Le  mouvement  de  va-et-vient  a  été  éloigné  de  la  toile  pour  le  mettre  à  l’abri  des  écla¬ 
boussures  et  assurer  son  bon  fonctionnement. 

La  disposition  des  supports  oscillants  a  été  spécialement  étudiée  en  vue  d’en  éviter 
l’usure. 

Les  eaux  d’égouttage  de  la  toile  et  celles  qui  proviennent  des  caisses  aspirantes  sont 
renvoyées  par  deux  jeux  de  pompes  sur  des  tamis  inclinés,  placés  en  tête  des  sabliers, 
et  qui,  par  suite  de  leur  position,  se  nettoient  automatiquement. 

La  manœuvre  de  changement  de  toiles  est  facilitée  par  la  disposition  spéciale  : 

i°  De  la  tuyauterie  d’eau; 

2°  Des  supports  destinés  a  recevoir  le  rouleau  de  tête  pendant  l’opération; 

3°  Des  cornières  portant  les  caisses  aspirantes,  dont  la  position,  une  fois  réglée,. est 
invariable.  Un  jet  d’eau  mobile  aide  l’ouvrier  dans  le  tour  de  main,  qui  consiste  à  sé¬ 
parer  la  pâte  de  la  toile  pour  la  jeter  sur  le  feutre  coucheur. 

Presse  humide.  —  La  presse  humide  est  en  cuivre  avec  embrayage  à  friction.  La 
forme  de  son  bâti  permet  d’avoir  une  caisse  assez  large  pour  recevoir  la  pâte  tombant 
de  cette  presse  aussi  bien  que  du  premier  rouleau. 


490 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Presses  coucheuses  et  montante.  —  La  machine  a  deux  presses  coucheuses  et  une 
presse  montante. 

Les  bâtis  des  presses  coucheuses  et  les  docteurs  sont  disposés  de  manière  à  rendre 
facile  l’enlèvement  des  casses  pendant  la  marche  et  à  ménager  le  plus  possible  d’es¬ 
pace  libre  pour  la  tension  des  feutres. 

Ces  presses,  de  même  que  la  montante,  pour  la  construction  desquelles  on  a  con¬ 
seillé  tantôt  le  bronze,  tantôt  la  fonte  trempée  en  coquille,  tantôt  le  caoutchouc,  sont 
en  fonte  fine  ordinaire ,  seul  métal  qui  se  prête  bien  au  rodage  voulu. 

Elles  sont  toutes  munies  de  débrayages  à  friction  et  d’appareils  tendeurs  de  feutres 
â  mouvement  parallèle  ou  indépendant,  avec  volants  à  la  portée  du  conducteur. 

Sécherie.  —  Elle  a  été  étudiée  en  vue  d’une  fabrication  de  5,ooo  à  7,000  kilo¬ 
grammes,  par  vingt-quatre  heures,  de  papier  variant  de  4o  à  65  grammes  le  mètre 
carré.  C’est  la  force  moyenne  des  papiers  de  consommation  courante  en  France. 

La  purge  de  la  tuyauterie  de  chauffage  ne  laisse  sortir  que  de  l’eau  sans  mélange 
de  vapeur;  la  sécherie  est  donc  suffisamment  développée. 

La  manœuvre  d’embarquement  du  papier,  pour  passer  d’un  cylindre  à  l’autre ,  no¬ 
tamment  entre  les  cylindres  du  bas  et  ceux  du  haut,  est  commode  et  exempte  de  danger 
pour  l’ouvrier  conducteur,  qui,  du  reste,  a  sous  la  main  tous  les  tendeurs  nécessaires 
pour  empêcher  le  plissement  du  papier. 

Le  diamètre  des  sécheurs  du  bas  ne  dépasse  pas  1  m.  20,  de  façon  que  le  papier 
est  toujours  à  portée  de  la  main  de  l’ouvrier,  sans  qu’on  soit  obligé  d’enterrer  la  ma¬ 
chine. 

On  a  porté  ai  m.  4o  le  diamètre  des  cylindres  du  haut,  afin  d’augmenter  la  puis¬ 
sance  de  la  sécherie  sans  la  compliquer. 

Le  changement  des  feutres  est  facilité  par  la  disposition  des  bâtis,  qui  laisse  complè¬ 
tement  libre,  au-dessus  du  palier,  toute  la  surface  occupée  par  les  sécheurs  de  feutre. 
Les  rouleaux  sont  en  fer  creux,  aussi  légers  que  possible. 

Une  série  de  comprimeurs  permet  de  donner  au  papier  tout  l’apprêt  qu’on  peut 
avoir  sur  la  machine  avant  la  calandre. 

Le  cylindre  refroidisseur  est  muni  d’un  feutre  qui  se  trempe  d’une  façon  continue 
au  contact  d’un  cylindre  de  cuivre  plongé  dans  l’eau.  Le  degré  de  mouillage  de  ce 
feutre,  et  par  conséquent  celui  du  papier,  est  réglé  au  moyen  d’un  cône  à  plusieurs 
vitesses. 

Le  papier,  ainsi  assoupli,  passe  dans  une  calandre  composée  de  trois  rouleaux  de 
fonte  dure ,  munis  de  docteurs  qui  sont  animés  d’un  léger  mouvement  de  va-et-vient. 

La  feuille  de  papier,  refendue  ou  non  par  les  couteaux  circulaires,  suivant  le  besoin 
du  format,  s’enroule  sur  les  envidoirs  commandés  par  des  freins,  dont  le  volant  de  ser¬ 
rage  est  fixe,  ce  qui  permet  de  régler,  avec  la  plus  grande  facilité,  la  tension  de  la 
feuille. 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


491 


Bobineuse.  —  La  commande  des  rouleaux  entraîneurs  est  faite  par  courroies  afin 
d’éviter  les  secousses.  Un  cône  double  permet  de  régler  exactement  le  tirage  de  chacun 
d’eux. 

L’embarquement  du  papier  se  fait  sans  danger;  il  tombe  naturellement  entre  la  bo¬ 
bine  et  le  premier  rouleau.  Un  frein  mobile  règle  la  tension  de  la  feuille  qui  se  déroule. 
Ce  frein  est  disposé  pour  marcher  régulièrement,  même  lorsque  l’arbre  qui  le  porte 
ne  tourne  plus  absolument  rond. 

Transmissions.  —  Les  transmissions,  d’un  système  mixte,  avec  poulies  coniques  et 
mouvement  de  réglage  des  courroies,  permettent  d’allonger  la  machine  autant  qu’on  le 
veut,  tout  en  n’ayant  qu’un  petit  nombre  d’engrenages  d’angle. 

En  résumé,  dans  cette  machine,  les  constructeurs  ont  réalisé  habilement  les  condi¬ 
tions  suivantes  : 

i°  Facilité  de  mise  en  route  et  de  passage  de  chacun  des  organes  a  l’organe  suivant; 

2°  Rapidité  des  manœuvres  de  chargement  des  toiles  et  feutres; 

3°  Minimum  possible  de  réparations; 

4°  Maximum  de  sécurité  pour  le  personnel. 

Enfin  nous  ne  dirons  qu’un  mot  du  format  :  il  a  été  choisi  en  vue  de  la  moyenne 
des  commandes  pour  l’exécution  desquelles  cette  machine  a  été  construite. 

Du  reste ,  les  bâtis  et  toutes  les  pièces  accessoires  peuvent  s’adapter  aussi  bien  à  une 
machine  de  grande  largeur. 

En  examinant  cette  machine,  on  est  frappé  des  bonnes  dispositions  quelle  ren¬ 
ferme,  et  si  l’on  examine  le  papier  quelle  produit,  on  ne  peut  nier  qu’il  y  a  vraiment 
un  progrès  réalisé.  Ce  papier,  en  effet,  est  léger,  composé  d’une  pâte  peu  consistante, 
vendu  à  bas  prix. 

Malgré  cela,  il  est  assez  résistant  pour  supporter  l’impression  sur  une  rotative  à 
grande  vitesse ,  du  type  Marinoni. 

La  deuxième  machine  qui  fonctionnait  était  dans  la  section  belge,  et  exposée  par 
l’importante  maison  de  Naeyer  et  Cie,  de  Villebroeck. 

Cette  machine  est  bien  présentée,  et  le  public  en  suit  le  travail  avec  intérêt.  Cepen¬ 
dant  il  ne  nous  semble  pas  quelle  réunisse  tous  les  avantages  pratiques  de  la  machine 
précédente,  notamment  au  point  de  vue  de  l’embarquement  du  papier  et  de  la  ma¬ 
nœuvre.  Elle  exige  une  fosse. 

Les  piles  raffineuses  sont  d’un  bon  système;  le  papier  fabriqué  est  d’une  qualité  et 
d’un  poids  supérieurs  à  celui  de  la  machine  Darblay.  Ce  papier  est  vendu  aussi  un  prix 
sensiblement  plus  élevé. 

Le  papier  de  la  machine  Darblay  est  employé,  comme  il  est  dit  plus  haut,  à  l’im¬ 
pression  du  .Petit  Journal;  le  papier  de  la  machine  de  Naeyer  est  calandré  d’abord,  et 
subit  ensuite  les  transformations  nombreuses  de  la  papeterie  commerciale  :  enveloppes , 
réglure,  pliage,  brochage,  etc. 


EXPOSITION*  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


492 


Ces  transformations  du  papier  sont  faites  mécaniquement,  et  l’exposition  de  M.  de 
Naeyer  renferme  un  grand  nombre  d’outils  divers,  très  habilement  conduits  par  un 
personnel  d’ouvrières  belges,  en  costume  national. 

MACHINES  NON  ANIMÉES  À  FABRIQUER  LE  PAPIER. 

Nous  devons  citer  en  première  ligne,  dans  la  section  belge,  la  machine  de  MM.  Dau- 
TREBANDE  (H.),  ThIRY  (F.). 

Cette  machine  occupe  un  emplacement  très  considérable.  Elle  est  bien  comprise, 
d’une  excellente  construction  ;  elle  est  vraiment  pratique ,  tant  au  point  de  vue  de  l’em¬ 
barquement  du  papier,  du  séchage  et  du  calandrage. 

Les  bâtis  sont  disposés  de  telle  sorte  que  les  ouvriers  peuvent  manœuvrer  sans  dan¬ 
ger  et  approcher  aisément  de  tous  les  organes  qu’ils  ont  sous  la  main.  Le  changement 
du  feutre  est  facile,  les  bâtis  sont  aisément  démontables,  la  machine  n’a  pas  besoin 
de  fosse,  les  supports  des  rouleaux  conducteurs  sont  d’un  montage  commode,  les 
rouleaux  de  la  calandre,  facilement  démontables  et  réglables,  sont  très  exactement 
rodés. 

On  est  autorisé  à  dire  que  cette  belle  machine  fait  grand  honneur  à  ses  construc¬ 
teurs.  Conçue  un  peu  dans  le  même  ordre  d’idées  que  la  machine  Darblay,  elle  en 
rappelle  les  avantages. 

La  machine  de  MM.  Eschger,  Wyss  et  Cie  ne  fonctionnait  pas  non  plus. 

L’exposition  de  cette  importante  maison  était  très  remarquable. 

La  machine  à  papier,  munie  d’épurateurs  à  plaques  verticales,  est  d’une  construc¬ 
tion  très  soignée,  presque  luxueuse.  L’épurateur-tablier  à  plaques  verticales  doit  pro¬ 
duire  beaucoup  et  être  d’un  bon  emploi  ;  cet  épurateur  permet  de  diminuer  Remplace¬ 
ment  occupé  par  la  machine. 

La  machine  à  papier  occupe  plus  de  hauteur  que  les  diverses  autres  machines,  et, 
sans  vouloir  en  critiquer  la  construction,  il  a  paru  au  jury  que  la  manœuvre,  pour  les 
ouvriers  conduisant  cette  machine,  était  moins  pratique  que  dans  les  autres  types  dont 
il  a  été  question  ci-dessus. 

La  maison  Eschger,  Wyss  et  Cie  a  communiqué  une  liste  des  installations  quelle  a 
faites.  Cette  liste  contient  un  très  grand  nombre  d’applications  qui  prouvent  surabon¬ 
damment  que  les  machines  sont  justement  appréciées. 

La  machine  à  papier  exposée  reproduit  naturellement  l’ensemble  que  l’on  rencontre 
un  peu  dans  toutes  les  machines  de  ce  genre;  nous  ne  nous  y  arrêterons  donc  pas 
davantage. 

On  peut  regretter  que  cette  machine  ne  fonctionnait  pas;  il  en  est  de  même  pour  la 
machine  de  MM.  Dautrebande  et  Thiry. 

M.  Debié,  l’ingénieur  bien  connu,  a  exposé  diverses  machines  employées  dans  les 
fabriques  de  papiers,  et  des  dessins  très  intéressants  représentant,  les  uns  des  machines 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


493 


à  fabriquer  le  papier  et  le  carton,  les  autres  des  installations  d’usines,  dont  M.  Debié 
a  été  l’ingénieur. 

Ses  machines  exposées,  qui  vont  être  sommairement  décrites,  de  même  que  les  des¬ 
sins,  sont  bien  étudiées  et  renferment  des  dispositions  pratiques;  les  formes  et  la  partie 
mécanique  pure  manquaient  d’homogénéité,  M.  Debié  n’étant  pas  lui-même  construc¬ 
teur. 

MACHINES  EXPOSÉES. 

Coupe-chiffons  et  cordes ,  coupant  les  chiffons  et  les  cordes  jusqu’à  o  m.  o4  de  gros¬ 
seur.  Toile  alimentaire  avec  disposition  particulière  des  rouleaux  d’appel,  pour  garantir 
l’ouvrier  contre  tout  accident.  Bâti  formé  d’un  bloc  solide  pour  résister  aux  chocs  ré¬ 
pétés  qu’il  a  à  supporter.  Volants  puissants  pour  assurer  la  bonne  coupe  des  matières  ; 
pourtant  une  autre  disposition  pour  les  deux  volants  eût  été  préférable. 

Pile  rajffineuse-affleureuse  à  force  centrifuge.  —  Son  mécanisme  est  disposé  pour  ob¬ 
tenir  la  circulation  de  la  pâte,  avec  le  moins  de  travail  dépensé,  et  l’alimentation  com¬ 
plète  des  surfaces  triturantes,  point  essentiel  pour  une  trituration  prompte,  régulière 
et  utilisant  le  mieux  possible  la  force  motrice.  Les  surfaces  travaillantes  de  l’organe 
mobile  sont  amovibles  et  peuvent  se  remplacer  facilement. 

Machine  à  faire  le  carton  par  superposition ,  dite  enrouleuse  v ,  et  accessoires.  — Cette  ma¬ 
chine  a  marché  à  blanc  pendant  le  dernier  mois  de  l’Exposition ,  après  le  passage  du  jury. 

Dans  cette  machine, la  partie  mobile  est  supportée  par  des  lames  de  ressort  en  acier 
fixées  sur  le  socle  de  fondation  et  aux  règles  ;  le  mouvement  d’oscillation ,  à  vitesse  et 
amplitude  variables,  est  communiqué  par  un  nouveau  mécanisme  excluant  toute  pièce 
lourde  animée  de  mouvement  alternatif;  des  dispositions  particulières  des  supports  de 
rouleau  permettent  le  rattrapage  du  moindre  jeu  entre  les  pièces  indépendantes  de  la 
table  et  celles  fixées,  de  façon  à  annihiler  tous  les  effets  d’inertie  des  pièces,  dont  les 
unes  sont  animées  d’un  mouvement  d’oscillation  seul  et  les  autres  simultanément  d’un 
mouvement  de  rotation  ou  de  translation.  La  tension  de  la  toile  se  fait  par  le  rouleau 
de  tête,  déplacé  horizontalement,  au  lieu  de  se  faire,  comme  à  l’ordinaire,  sur  la  partie 
inférieure  de  la  toile  par  des  rouleaux  se  déplaçant  verticalement ,  et  cela,  pour  éviter  la 
torsion  de  la  toile  et  la  déformation  qui  en  est  la  conséquence.  Le  régulateur  de  la 
toile,  au  lieu  d’être  actionné  directement  par  un  des  rouleaux  de  conduite,  Test  par  un 
axe  séparé,  doué  d’un  mouvement  retardé  au  moyen  d’engrenages. 

La  feuille  formée  sur  la  toile  est  enroulée  ici  pour  former  un  carton  de  plus  ou 
moins  d’épaisseur;  mais  le  cylindre  formeur  peut  être  remplacé  par  un  cylindre  ordi¬ 
naire  de  presse  humide,  pour  que  la  feuille  soit  conduite  directement  sur  la  presse 
coucheuse.  La  presse  coucheuse,  disposée  comme  celle  d’une  machine  type  de  187 q, 
a  des  cylindres  creux  inflexibles,  dont  l’inférieur  est  couvert  de  caoutchouc. 


494 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


L’épurateur  placé  en  tête  de  la  table  est  d’un  système  nouveau  :  la  partie  filtrante, 
affectant  la  forme  d’un  parallélépipède  creux  sans  fond,  est  simplement  posée  dans  une 
caisse  en  bois;  il  renferme  un  plongeur  animé  d’un  mouvement  oscillant  très  rapide 
et  à  très  petite  amplitude,  qui  lui  est  communiqué  par  un  arbre  au  moyen  d’excen¬ 
triques  et  bielles,  et  qui  facilite  le  passage  de  la  pâte  à  travers  les  fentes  des  plaques. 

Coupeuse  de  papier  en  long  et  en  travers ,  à  coupe  droite  ou  oblique.  —  Dans  cette  cou- 
peuse,  les  dispositions  générales  sont  empruntées  aux  divers  types  de  coupeuses  à  cou¬ 
teau  mobile  tournant,  à  coupe  droite  ou  biaise,  établies  par  les  mêmes  exposants 
depuis  187 4.  La  presse  mobile  ou  d’appel  est  directement  menée  par  les  bielles  et 
l’arbre  manivelle  placé  près  du  sol.  L’arbre  du  couteau  mobile  est  oscillant;  le  mouve¬ 
ment  lui  est  communiqué  de  l’arbre  à  manivelle,  suivant  le  mode  de  transformation  du 
mouvement  circulaire  continu  en  un  mouvement  circulaire  alternatif. 

Dans  cette  coupeuse,  la  barre  portant  les  couteaux  fixe  et  mobile  peut  être  déplacée, 
en  vue  de  la  coupe  oblique,  autour  de  la  tige  à  rotule  du  cadre  dans  lequel  se  meut 
l’excentrique  placé  sur  l’arbre  à  manivelle.  La  coupeuse  est  ainsi  de  la  plus  grande 
simplicité. 

Bobineuse  pour  papier  à  impression  continue ,  tel  que  papier  pour  journaux.  —  Elle 
est  à  cylindre  unique  enroulant  le  papier  par  entraînement  à  une  vitesse  constante  et 
sans  l’aide  d’un  cylindre  de  pression. 

Pour  maintenir  la  bobine  en  place  sur  le  cylindre,  surtout  au  commencement,  la 
pression  nécessaire  se  fait  directement  sur  l’axe  par  l’intermédiaire  de  ses  coussinets; 
elle  diminue  progressivement  à  mesure  que  le  diamètre  de  la  bobine,  portant  son 
poids,  augmente,  et  cela  au  moyen  cl’un  contrepoids  à  levier  variable. 

Sur  cette  bobineuse,  M.  Ch.  Granger,  exposant,  a  placé  une  mouilleuse-trempeuse 
de  son  invention;  elle  est  à  course  variable,  et  le  volume  engendré  est  constamment 
proportionnel  a  la  surface  du  papier  enroulé. 


MACHINES  ET  OBJETS  DIVERS. 

Pompe  rotative  du  système  Greindl,  modifiée  en  vue  de  son  emploi  en  papeterie, 
pour  l’élévation  des  eaux  chargées  de  pâte,  des  lessives,  etc.  Robinets  à  grand  débit; 
soupape  d’échapppement  des  lessiveuses,  etc. 

DESSINS. 

Machine  à  papier,  type  de  i8yg.  —  La  première  machine  à  papier  fut  établie  dans 
la  fabrique  à  papier  rcEl  Canar»,  à  Valence  (Espagne),  pour  fabriquer  des  papiers 
d’emballage,  depuis  le  papier  à  oranges  de  12  à  i3  grammes  le  mètre  carré  jusqu’au 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


495 


carton  mince  de  5oo  grammes,  papiers  (excepté  ceux  pour  oranges)  et  cartons  dont 
ils  emploient  eux-mêmes  de  i,5oo  à  2,000  kilogrammes  journellement  pour  l’em- 
paquetage  des  allumettes,  bougies  et  autres  produits  similaires  de  leur  fabrique  d’Ai- 
fara. 

Une  machine  semblable  a  été  établie  en  i884  à  «la  Guipuzcoana » ,  fabrique  de 
papier,  à  Tolosa  (Espagne),  pour  fabriquer  des  papiers  à  impression  ordinaires  et  mi- 
fins. 

Ce  type  de  machines,  produisant  le  papier  à  des  vitesses  variant  de  2  m.  5o  à 
35  mètres  par  minute,  diffère  de  celles  construites  jusqu’alors  par  la  forme  et  la  dis¬ 
position  de  ses  bâtis  très  solides,  rendant  le  papier  facilement  accessible,  en  tous  les 
points,  pour  sa  conduite  à  travers  la  machine. 

Machine  à  papier,  type  de  1886.  —  Créée  spécialement,  à  cette  époque,  pour  la 
marche  en  grande  vitesse,  en  vue  de  la  production  des  papiers  de  qualité  très  ordi¬ 
naire  pour  impressions  et  pliage. 

Ce  type  est  caractérisé  par  les  dispositions  nouvelles  de  la  table  de  fabrication,  dans 
le  but  de  diminuer,  autant  que  possible ,  l’usure  de  ses  organes  et  de  la  toile ,  les  dé¬ 
fauts  de  fabrication  provenant  de  la  grande  vitesse  de  la  table ,  des  effets  d’inertie  des 
organes  assujettis  a  des  mouvements  alternatifs  très  répétés,  combinés  ou  non,  avec 
d’autres  mouvements,  rotation  ou  translation;  une  table  de  fabrication  construite 
d’après  ces  données  est  exposée,  et  les  différentes  dispositions,  grâce  auxquelles  ces  ré¬ 
sultats  sont  obtenus,  seront  examinées  sur  l’objet  même. 

Les  bâtis  des  sécheurs  et  lisse-satineuse  ont  été  réduits,  autant  que  la  solidité  qui 
leur  est  nécessaire  l’a  permis ,  pour  ne  masquer  aucun  sécheur  ou  gêner  la  conduite  du 
papier. 

Dans  le  même  but,  tous  les  supports  des  docteurs  et  des  rouleaux  de  feutre  et  de 
papier  sont  placés  sur  deux  fortes  barres  d’appui,  sur  lesquelles  ils  peuvent  se  dé¬ 
placer. 

Machine  à  carton,  type  de  1880 ,  à  table  plate-forme  et  double  toile  pour  carton  continu  de 
0  kdogr.  200  à  2  kilogrammes  le  mètre  carré.  —  Les  particularités  à  signaler  sont  : 

i°  La  disposition  des  supports  des  cylindres  de  la  presse  de  toile,  pour  pouvoir  dé¬ 
placer  celui  de  dessus,  autour  de  l’axe  de  celui  de  dessous; 

20  Celle  des  deuxième  et  troisième  presses  avec  rouleaux  creux,  de  construction  par¬ 
ticulière,  inflexible,  quelle  que  soit  la  pression  (jusqu’à  2 5, 000  kilogrammes)  exercée 
au  moyen  de  leviers  et  contrepoids,  cages  des  presses  appuyées  directement  sur  le  sol, 
comme  dans  la  machine  à  papier  type  de  1879; 

3°  La  sécberie,  de  très  grand  développement,  à  cylindres  superposés,  sans  feutre, 
à  l’exception  d’un  seul  placé  sous  les  deux  premiers  sécheurs  de  dessous ,  pour  l’intro¬ 
duction  du  carton  encore  très  humide.  Le  poids  des  sécheurs  supérieurs  peut,  à  vo- 


49G 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


lonté,  être  reporté  en  tout  ou  en  partie  et  progressivement  sur  le  carton,  qui  reçoit 
alors  un  apprêt  sullisant  pour  beaucoup  d’usages. 

A  la  suite  de  la  sécberie  est  placé  un  laminoir  puissant  à  deux  ou  plusieurs  cylindres 
en  fonte  trempée  de  gros  diamètre,  à  pression  variable,  pour  donner  au  carton  tout 
apprêt  désiré. 

Après  le  laminoir  sont  placés  un  dévidoir  et  une  coupeuse  continue  pour  mettre  le 
carton  en  rouleaux  ou  le  couper  en  feuilles,  de  sorte  qu’il  puisse  être  livré  a  la  consom¬ 
mation  immédiatement  à  la  sortie  de  la  machine,  laminé  ou  non,  en  rouleaux  ou  en 
feuilles. 

Les  machines  à  papier  et  à  carton  sont  avec  transmissions  à  vitesse  variable  par 
poulies  droites  et  coniques. 

EXPOSITION  DE  LA  BANQUE  DE  FRANCE. 

Les  diverses  machines  à  papier  dont  il  vient  d’être  question  s’appliquent  à  la  fabri¬ 
cation  du  papier  en  général.  Il  nous  reste  à  parler  d’une  machine  spéciale,  celle  exposée 
par  la  Banque  de  France. 

La  machine  est  admirablement  rendue  par  une  peinture  à  l’huile  représentant  très 
fidèlement  la  machine. 

Cette  machine,  et  c’est  là  son  côté  original,  filigrane  à  la  forme,  fait  mécaniquement 
du  papier  à  la  main  et  exécute  ce  travail  avec  une  très  grande  perfection,  si  l’on  en 
juge  par  les  échantillons  soumis  au  jury. 

Tout  le  monde  connaît  la  finesse  et  la  pureté  du  papier  fdigrané  de  nos  billets  de 
banque.  M.  Dupont,  l’ingénieur  de  la  Banque  de  France,  a  bien  voulu  donner  au  jury 
les  explications  intéressantes  qui  sont  reproduites  ci-après.  M.  Magnin,  le  directeur 
de  cet  établissement  national,  avait  gracieusement  offert  à  MM.  les  membres  du  jury 
d’aller  voir  fonctionner  deux  de  ces  machines  aux  ateliers  de  Bierzy,  près  la  Ferté- 
sous-Jouarre.  Le  temps  manquait  d’abord  pour  faire  cette  excursion,  et  le  règlement 
du  jury  international  n’autorisait  pas  ce  déplacement. 

Cette  machine,  d’un  type  entièrement  nouveau,  a  été  inventée  par  M.  Dupont,  in¬ 
génieur,  directeur  adjoint  de  la  fabrication  des  billets. 

Jusqu’en  1878,  la  Banque  de  France  s’est  adressée  à  l’industrie  privée  pour  la 
totalité  de  la  fourniture  de  son  papier.  A  cette  époque,  elle  a  commencé  l’essai  d’une 
première  machine  du  système  Dupont;  les  résultats  obtenus  ayant  été  satisfaisants,  la 
Banque  a  adopté  définitivement  ce  mode  de  fabrication  mécanique. 

Elle  a  construit  une  usine  où  elle  a  installé  deux  de  ces  nouvelles  machines,  et,  de¬ 
puis  188/1,  elle  fabrique  elle-même  tout  son  papier  fdigrané. 

Ces  machines  reproduisent  exactement  toutes  les  opérations  du  travail  à  la  main; 
chacune  d’elles  possède  4o  formes  en  bronze  ,  montées  sur  une  chaîne  sans  fin  com¬ 
posée  d’autant  de  maillons  articulés  formant  crémaillères.  Cette  chaîne,  supportée  par 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS* 


497 


des  galets,  se  déplace  d’un  mouvement  uniforme,  dans  un  plan  vertical,  sur  des  che¬ 
mins  horizontaux  parallèles  et  superposés,  réunis  à  leurs  extrémités  par  des  segments 
demi-circulaires. 

Chacune  des  formes  porte  une  couverte  articulée  sur  un  des  côtés,  formant  charnière 
et  pouvant  se  rabattre  au-dessous  du  niveau  de  la  toile  sur  laquelle  se  fait  le  papier. 

Contrairement  à  ce  qui  a  lieu  dans  la  fabrication  à  la  main,  on  ne  fait  pas  des¬ 
cendre  les  formes  pour  les  plonger  dans  la  cuve  :  c’est  celle-ci  qui  monte  vers  les  formes 
et  les  noie. 

Dans  leur  mouvement  de  translation ,  les  formes  viennent  se  présenter  successive¬ 
ment  au-dessus  de  la  caisse  à  pâte  qui,  en  s’élevant,  les  recouvre  de  pâte  pour  s’abaisser 
ensuite.  L’alimentation  de  cette  caisse  est  disposée  de  manière  que  les  formes  ne  re¬ 
çoivent  que  de  la  pâte  épurée  provenant  d’un  épurateur  placé  près  de  la  machine. 

Au  sortir  de  la  caisse  â  pâte,  les  formes,  continuant  leur  mouvement,  reçoivent  sur 
une  partie  de  leur  parcours  un  tremblement  analogue  à  celui  de  la  toile  métallique 
d’une  machine  à  papier  ordinaire. 

Lorsque  la  pâte  est  suffisamment  envergée  et  égouttée,  une  fourchette  saisit  la  cou¬ 
verte  par  une  oreille  fixée  sur  un  de  ses  côtés  et  la  rabat,  laissant  la  feuille  complète¬ 
ment  à  découvert  sur  la  forme  et  prête  a  être  couchée. 

Le  couchage  se  fait  de  bas  en  haut  sur  une  toile  métallique  sans  fin  qui  passe  sur 
un  gros  cylindre  garni  de  flanelles  mouillées. 

Après  le  couchage,  les  formes,  continuant  leur  mouvement,  descendent  dans  le 
chemin  circulaire,  au-dessous  d’un  plancher  de  service  qui  règne  tout  autour  de  la 
machine,  et  viennent  se  laver  dans  un  bac  rempli  d’eau;  elles  remontent  par  le  chemin 
circulaire  opposé  et  reviennent  à  leur  point  de  départ.  Les  couvertes  se  remettent 
d’elles-mêmes  en  place  sous  l’action  de  la  pesanteur. 

La  feuille  couchée  sur  la  toile  sans  fin  passe  à  l’étage  supérieur  et  rentre  dans  la 
sécherie;  elle  est  d’abord  essorée  par  des  feutres,  pressée  entre  les  rouleaux  d’une 
presse  humide,  séchée  sur  des  cylindres  sécheurs  chauffés  à  la  vapeur,  et  finalement, 
â  la  sortie  du  dernier  sécheur,  enlevée  à  la  main  par  un  apprenti. 

La  toile  passe  ensuite  dans  des  caisses  remplies  d’eau,  où  elle  est  nettoyée  par  des 
brosses,  et  elle  revient  au  coucheur. 

La  machine  dont  le  dessin  est  exposé  fabrique  des  feuilles  de  o  m.  y 6  X  o  m.  3i. 
Elle  peut  produire  autant  de  travail  que  12  cuves  fabriquant  du  papier  analogue.  Elle 
exige  douze  à  quatorze  fois  moins  de  main-d’œuvre  que  la  fabrication  à  la  main.  Le 
papier  filigrané  fabriqué  sur  ces  machines  est  l’équivalent  des  meilleurs  papiers  fabri¬ 
qués  a  la  main.  C’est  la  première  machine  qui  ait  permis  d’atteindre  un  semblable 
résultat. 

En  1881,  le  Gouvernement  russe  s’est  rendu  acquéreur  d’une  machine  de  ce  type; 
elle  fonctionne  dans  les  ateliers  de  l’Expédition  impériale  pour  la  confection  des  papiers 
de  l’Etat  russe,  â  Saint-Pétersbourg. 


Groupe  VI.  —  iv. 


32 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


498 


M.  le  comte  de  Sparre,  à  la  galerie  du  premier  étage,  exposait  un  petit  modèle  de 
machine  a  fabriquer  mécaniquement  le  papier  à  la  main,  avec  une  combinaison  de 
formes  multiples.  Ce  petit  modèle  ne  fonctionnait  pas,  et  aucun  échantillon  ni  aucune 
explication  n’ont  pu  être  donnés  au  jury. 

A  côté  des  machines  à  fabriquer  le  papier,  qui  viennent  d’être  décrites,  figurent  un 
certain  nombre  de  machines  secondaires  :  les  coupeuses  en  long  et  en  travers,  les  bo¬ 
bineuses. 

On  trouve  ces  machinés  dans  les  expositions  de  MM.  L’Huillier  (Louis),  L’Huillier 
(Man in),  Debié,  de  Naeyer,  Chantrenne. 

Forcément,  par  leur  destination  même,  ces  machines  ont  entre  elles  une  très  grande 
analogie;  elles  sont  bien  construites  et  possèdent,  toutes,  de  très  intelligentes  disposi¬ 
tions  de  détails  dans  le  mouvement  du  couteau,  de  .la  table,  etc. 

M.  Simonet  exposait  un  triturateur  avec  coquilles  à  réglage  automatique.  Cet  appareil 
ne  marchait  pas,  et  il  n’a  pas  été  loisible  d’en  voir  les  détails  intérieurs. 

Ce  triturateur  s’applique  à  toutes  les  matières  premières  employées  dans  la  pape¬ 
terie. 

M.  Ch.  Faüvel,  dont  l’exposition  était  confondue  avec  celle  de  M.  Debié,  dont  nous 
avons  déjà  parlé  et  avec  qui  il  exposait  collectivement,  avait  aussi  : 

Une  barbotte  pour  triturer  les  rognures  de  papiers;  cette  machine  est  disposée  pour 
accélérer  le  travail  de  la  pile; 

Une  machine  à  carton,  dite  enrouleuse ,  composée  essentiellement  d’une  table  de  fa¬ 
brication,  caisses  aspirantes,  presse  fixe  et  presse  mobile,  cylindre  enrouleur  pour 
format  avec  avertisseur  indiquant  l’épaisseur  du  carton. 

M.  F  auvel  a  exposé  en  outre  : 

Un  laminoir  dans  lequel  la  pression  exercée  par  le  cylindre  peut,  à  volonté,  être 
fixe  par  le  moyen  de  vis  ou  élastique ,  de  levier  et  de  bascules  ; 

Une  coupeuse  circulaire,  avec  couteaux  mobiles,  pour  couper  et  ébarber  selon  les 
formats. 

Ces  machines,  absolument  classiques,  ne  présentaient  aucun  caractère  distinctif  de 
nouveauté. 

M.  Levasseur  exposait  une  nouvelle  machine  à  refondre  les  rognures,  pâtes  de  paille 
et  de  bois.  Cette  machine  était  inanimée. 

M.  Erard. —  L’humecteuse  universelle,  système  Erard,  fonctionnait.  Cette  machine 
ne  nous  a  pas  semblé  réaliser  des  progrès  sur  les  humecteuses  employées  depuis  de 
longues  années  dans  les  industries  textiles. 

M.  Fouché  —  L’aéro-condenseur  de  M.  Fouché  et  son  séparateur  de  graisse  sont 
intéressants  à  étudier. 

L’aéro- condenseur  est  employé  dans  un  très  grand  nombre  d’industries,  et  s’il 
figurait  dans  la  classe  58,  c’est  qu’il  est  en  usage  dans  l’industrie  du  papier  et  du 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


/i  99 


carton  pour  le  séchage  du  papier,  du  carton-pâte,  de  la  carte  en  feuille,  des  impres¬ 
sions  en  noir  et  en  couleurs.  Dans  ce  genre  d’application,  cet  appareil  doit  être  com¬ 
plété  par  un  séchoir  à  chariots. 

L’aéro-condenseur  peut  servir  aussi  pour  le  chauffage  et  la  ventilation;  il  a  reçu  un 
certain  nombre  d’applications. 

Le  séparateur  de  graisse,  que  le  jury  n’a  pu  voir  fonctionner,  a  pour  but  (comme 
son  nom  l’indique)  de  séparer  les  matières  grasses  des  eaux  de  condensation,  et  par 
suite  de  permettre  d’employer  à  nouveau  celles-ci  pour  l’alimentation  des  générateurs 
à  vapeur. 

M.  Hermitte.  —  L’appareil  de  blanchiment  de  M.  Hermitte,  construit  par  MM.  Pa- 
terson  et  Gooper,  est  un  appareil  absolument  nouveau  dans  lequel  l’électricité  joue  le 
principal  rôle. 

Cet  appareil,  comme  bien  d’autres,  hélas!  ne  travaillait  pas,  et  nous  devons  de 
connaître  les  services  qu’il  rend  pour  le  blanchiment  des  pâtes  â  papiers  à  l’obligeance 
de  MM.  Darblay  père  et  fds,  qui  emploient  l’appareil  Hermitte  dans  leurs  importantes 
papeteries  d’Essonnes. 

On  peut  reprocher  â  cet  appareil  d’exiger  une  grande  force  motrice,  mais  dans  bien 
des  cas,  dans  de  grandes  usines  possédant  souvent  des  forces  hydrauliques  considé¬ 
rables,  on  ne  regarde  pas  à  quelques  kilogrammètres  de  plus,  nécessités  par  une  ma¬ 
chine  dont  le  rendement  est  vraiment  supérieur. 

Apportant  aussi  un  bon  appoint  à  la  fabrication  des  papiers,  il  faut  mentionner  les 
progrès  réalisés  dans  la  préparation  des  feutres  sécheurs,  coucheurs,  montants  et 
manchons  en  laine,  et  sécheurs  en  coton;  des  toiles  métalliques,  rouleaux  égoulteurs. 

Les  expositions  de  MM.  Louis  Lang  et  fds,  à  Nancy;  Martel  Catala,  à  Schlestadt; 
Procop,  Deboüchaud,  Mattard  et  Clc,  a  Nersac;  Weill  et  Dreyfus,  à  Paris;  Binet  (Louis) 
et  G‘e,  à  Annonay:  Weiller  et  G'e,  à  Angoulême;  Pepin-Veillard  et  Perrin,  à  Orléans; 
Catala  fils,  à  Virginal  (Belgique),  offraient  d’intéressants  échantillons  de  leurs  divers 
produits,  des  fds  métalliques  d’une  ténuité  invraisemblable  et  cl’une  régularité  parfaite, 
des  feutres  parfaitement  foulés,  très  régulièrement,  et  d’une  grande  homogénéité. 

Avant  de  passer  aux  machines  servant  à  l’apprêt  des  papiers,  aux  machines  de  tous 
genres  employées  dans  l’imprimerie  et  la  papeterie,  il  est  juste  de  signaler  un  intéres¬ 
sant  appareil  exposé  par  MM.  Vigreux  et  Petit,  un  antheximètre  pour  essais  de  résis¬ 
tance  du  papier. 

Non  seulement  cet  antheximètre  permet  de  mesurer  exactement  la  force  de  résis¬ 
tance  d’un  papier,  mais,  au  moyen  d’un  dispositif  ingénieux,  il  laisse,  entre  les  mains 
de  l’opérateur,  une  série  de  courbes  établissant  des  moyennes  de  résistance  sur  des 
hases  indiscutables,  les  diagrammes  étant  tracés  par  la  machine  elle-même. 

Cet  appareil  a  été  acquis  par  la  Banque  de  France. 


3a. 


500 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


MACHINES  À  APPRÊTER  LE  PAPIER. 


MACHINES  EN  TOUS  GENEES  POUR  L’IMPRIMERIE,  LA  PAPETERIE. 

Avant  de  nous  occuper  des  machines  à  imprimer  et  des  machines  diverses  pour  lu 
papeterie,  nous  avons  à  passer  en  revue  les  machines  à  apprêter  le  papier. 

Nous  avons  vu  combien  étaient  nombreuses  les  différentes  sortes  de  pâtes  employées 
à  la  fabrication  des  papiers.  La  rareté  du  chiffon  et  sa  cherté  ont  développé  Temploi 
de  ces  papiers,  et  pour  leur  donner  les  qualités  voulues,  tout  en  nelévant  pas  le  prix 
de  revient,  il  a  fallu  leur  faire  subir  un  apprêt  qui  les  rende  propres  aux  divers  usages 
auxquels  on  les  destine. 

Depuis  1878,  pour  les  journaux,  les  livres  illustrés,  les  revues  de  tous  genres,  dont 
plusieurs  sont  tirés  en  un  grand  nombre  de  couleurs,  il  fallait  un  papier  bien  plein, 
bien  lisse,  prenant  bien  l’encre;  le  calandrage  du  papier  s’est  donc  imposé.  Le  traite¬ 
ment  par  la  calandre  donne  précisément  à  des  papiers  secondaires,  de  prix  moyen,  les 
qualités  requises. 

En  1878,  les  calandres  à  papier  étaient  peu  nombreuses,  trois  au  plus  étaient 
présentées  au  public.  Cette  année,  au  contraire,  en  raison  des  besoins  qui  se  sont 
développés  d’une  façon  prodigieuse,  le  nombre  des  calandres  exposées  était  beaucoup 
plus  important. 

Dans  la  section  belge,  se  trouvait  la  calandre  de  MM.  Dautrerande  et  Thiry,  à  bâtis 
fermés,  calandre  comprise  dans  leur  machine  â  papier. 

En  Suisse,  faisant  suite  à  leur  machine  à  papiers,  MM.  Escher,  Wyss  et  C1C,  de 
Zurich,  exposaient  une  belle  calandre  à  10  rouleaux,  à  bâtis  ouverts,  d’une  très  bonne 
construction;  les  coussinets  des  rouleaux  paraissent  d’une  disposition  pratique  et  d’un 
réglage  facile;  les  cylindres  métalliques  sont  d’un  beau  poli  et  semblent  bien  rodés. 

Ces  deux  calandres  ne  marchaient  pas. 

Par  contre,  la  calandre  exposée  par  MM.  de  Naeyer  et  C,e,  de  Villebroeck,  a  conti¬ 
nuellement  travaillé  et  calandrait  les  papiers  fabriqués  par  la  machine  â  papiers  de 
cette  maison. 

Cette  calandre  était  à  bâtis  fermés,  d’une  construction  courante,  fonctionnait  avec 
régularité  et  ne  présentait  aucune  particularité  remarquable. 

Les  calandres  françaises  étaient  les  suivantes  : 

Une  calandre  à  onze  rouleaux  de  L.  Lhuillier,  de  Vienne  (Isère),  qui  en  exposait 
déjà  une  en  1878. 

La  calandre  type  1889  présente  plusieurs  dispositions  nouvelles  et  avantageuses. 
L’une  d’elles  est  relative  à  la  forme  adoptée  pour  les  paliers  des  rouleaux  intermé¬ 
diaires.  Ces  paliers  sont  en  deux  parties  :  une  partie  fixe  et  une  partie  mobile.  La 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


501 


partie  fixe,  en  forme  de  □  ,  est  boulonnée  aux  bâtis  de  la  calandre,  et  les  deux  bou¬ 
lons,  la  fixant  à  ces  bâtis,  traversent  une  grande  coulisse  verticale,  qui  permet  de 
régler  la  hauteur  exacte  de  cette  pièce  d’après  le  diamètre  des  rouleaux.  Ladite  pièce 
possède  une  tête  à  chapeau  à  l’extrémité  de  chacune  des  branches  de  TU,  et  c’est  dans 
ces  deux  têtes  que  coulissent,  pendant  la  marche  de  la  calandre,  les  axes  de  la  partie 
mobile  du  palier. 

Cette  partie  mobile  se  meut  donc  dans  un  plan  vertical,  passant  par  Taxe  de 
tous  les  rouleaux  de  la  calandre;  il  n’y  a  plus  aucun  coincement  possible,  et  la  ca¬ 
landre,  tout  en  étant  à  bâtis  ouverts,  a  les  mêmes  avantages  que  les  calandres  â  bâtis 
fermés. 

Elle  a,  en  plus,  le  grand  avantage  de  permettre  de  sortir,  en  quelques  minutes,  un 
rouleau  en  papier,  de  pouvoir  tenir  ces  rouleaux  toujours  en  parfait  état,  en  les  tour¬ 
nant  aussi  souvent  qu’une  grave  détérioration  se  produit,  ou  que  l’usure  l’exige. 

Parmi  les  dispositions  nouvelles,  il  y  a  à  signaler  également  les  coquilles  en  bronze 
â  doubles  joues,  réglables  par  vis,  des  paliers  intermédiaires;  le  débrayage  instantané, 
permettant  d’arrêter  la  calandre  en  un  demi-tour  de  l’arbre  du  pignon  de  commande; 
la  forme  des  ressorts  détacheurs  guideurs,  et  celle  des  ressorts  guideurs  basculeurs. 

Cette  machine  de  M.  L.  Lhuillier,  comme  on  peut  le  voir  par  la  description  ci- 
dessus,  est  d’une  excellente  construction  et  à  bâtis  ouverts.  Elle  fonctionnait  avec  une 
régularité  parfaite. 

Pendant  qu’il  est  question  des  machines  servant  à  l’industrie  du  papier,  il  est  inté¬ 
ressant  de  signaler  les  autres  machines  exposées  par  ce  constructeur  distingué,  dont 
toutes  les  machines  sont  justement  réputées. 

Coureuse  en  biais  avec  ramasse-feuilles.  —  Cette  machine  réalise  un  progrès  véritable 
dans  les  coupeuses  â  papier  genre  Verny,  parce  qu’elle  permet  d’établir,  avec  la  coupe 
biaise,  un  empileur  de  feuilles  automatique. 

Jusqu’ici,  en  effet,  la  plupart  des  systèmes  de  ramasse-feuilles,  étudiés  pour  les 
coupeuses  Verny,  n’avaient  pu  être  appliqués  qu’à  la  coupe  d’équerre.  On  était  obligé 
de  les  démonter  chaque  fois  que  Ton  voulait  couper  en  biais.  Avec  cette  machine,  on 
évite  cet  inconvénient  et  on  peut  conserver  Je  ramasse-feuilles,  quel  que  soit  le  genre 
de  coupe  employé. 

Le  feutre  qui,  dans  les  machines  Verny  ordinaires,  accompagne  la  feuille  depuis 
la  coupeuse  en  long  jusqu’au  couteau  transversal,  est  supprimé.  Ce  feutre  est  remplacé 
avantageusement  par  des  lames  en  acier  poli,  lesquelles  évitent  toute  dépense  d’en  ¬ 
tretien  et  simplifient  la  machine. 

La  coupeuse  exposée  pouvait  couper  1  m.  €5  de  largeur  de  papier  rogné. 

Machine  à  filigraner.  —  Cette  machine  est  la  première  construite  d’après  un  brevet 
pris  par  un  ingénieur  russe,  M.  Timo  Korvitch.  Elle  devra  permettre  aux  fabricants 


50*2 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


de  papier  à  lettres  de  remplacer  le  filigranage  au  laminoir  (en  feuilles  et  à  la  main) 
par  le  fdigranage  en  continu. 

A  côté  de  M.  Lhuillier  (Louis),  se  trouvait  l’exposition  de  M.  Lhuillier  (Manin). 

Ce  constructeur  exposait  aussi  une  calandre  à  huit  rouleaux  pour  satiner  le  papier 
en  feuille.  Cette  calandre  est  à  bâtis  fermés,  mais  l’ouverture  de  la  cage  dans  les  bâtis 
est  assez  large  pour  permettre  de  sortir  les  cylindres  par  la  cage,  quand  besoin  est. 

Ce  constructeur  a  exposé  au  jury  que  les  bâtis  fermés  présentaient,  suivant  lui, 
plus  de  rigidité  que  les  bâtis  ouverts,  surtout  dans  les  calandres  de  grandes  dimen¬ 
sions. 

On  pouvait  voir  aussi  dans  cette  exposition  une  coupeuse  pour  papiers  filigranés, 
des  cylindres  pour  l’impression  des  tissus. 

MM.  Kientzy  frères  exposaient  aussi  une  grande  calandre  à  papier.  Cette  machine, 
d’un  ancien  modèle,  est  d’une  bonne  construction;  les  bâtis  sont  fermés,  et,  comme 
dans  la  calandre  de  M.  Lhuillier  (Manin),  quand  il  est  nécessaire  de  sortir  un  cylindre, 
l’ouverture  des  cages  latérales  est  d’une  largeur  suffisante  pour  permettre  le  passage 
des  cylindres. 

Ces  mêmes  constructeurs  exposaient  aussi  une  grande  calandre,  du  même  type  que 
la  précédente,  à  5  cylindres,  pour  les  étoffes.  Cette  machine  est  munie  de  dispositions 
bien  comprises,  notamment  d’un  mouvement  de  friction. 

Enfin  M.  Fernand  Dehaitre  exposait  une  grande  calandre  à  îo  rouleaux,  avec  bâtis 
fermés,  démontables,  pour  enlever  un  cylindre.  Une  partie  du  bâti  de  devant  se  dé¬ 
monte  aisément  ,  ce  qui  rend  cette  manœuvre  des  plus  faciles.  Le  constructeur  a  pensé 
réunir  ainsi  les  avantages  des  bâtis  ouverts  et  des  bâtis  fermés;  il  avait  aussi  une  autre 
raison  pour  établir  cette  disposition,  c’est  que,  par  suite  du  procédé  tout  spécial  d’ali¬ 
mentation  du  papier,  monté  sur  la  calandre  exposée,  on  n’a  que  très  rarement  besoin 
de  démonter  les  rouleaux. 

Cette  dernière  calandre,  avec  ce  nouveau  genre  d’alimentation,  a  été  remarquée  par 
tous  les  visiteurs  compétents. 

Toutes  les  calandres  exposées  conduisent  les  feuilles  au  moyen  de  cordons,  de 
lames,  de  ressorts,  de  contrepoids;  aussi  l’introduction  du  papier  n’est-elle  pas  sans 
dangers. 

En  outre,  étant  donnés  la  qualité  souvent  médiocre  du  papier  et  les  corps  étrangers 
qu’il  renferme,  avec  l’ancien  procédé,  les  rouleaux  sont  rapidement  détériorés  par  ces 
impuretés,  ce  cpii  n’a  pas  lieu  avec  l’alimentateur  pneumatique  Smith,  monté  sur  cette 
calandre. 

Cet  alimentateur  (breveté  s.  g.  d.  g.)  rend  très  facile  le  service  des  calandres  â 
papier,  supprime  les  brisures  et  les  pertes  de  papier,  donne  un  glaçage  parfait,  en  te¬ 
nant  toujours  frais  et  propres  les  rouleaux  qui  ne  se  gravent  pas,  et  par  conséquent 
n’ont  pas  besoin  d’être  retournés. 

I!  a,  pour  base,  l’emploi  d’une  soufflerie  d’air  lancé  dans  le  conduit  principal  par 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


503 


l’action  d’un  ventilateur  placé  en  dehors  de  la  calandre.  Sur  le  conduit  principal,  sont 
branchés  des  docteurs  à  air,  mobiles  autour  d’un  conduit,  autour  duquel  ils  peuvent 
tourner  pour  être  visités. 

Il  y  a  un  docteur  à  air  sur  chacun  des  rouleaux  de  la  calandre,  sauf  sur  le  rouleau 
en  fonte  du  bas  et  sur  celui  du  haut.  L’air,  lancé  dans  le  conduit  distributeur,  arrive 
dans  chaque  docteur  par  un  canal  tubulaire  central,  sur  lequel  sont  branchés  perpen¬ 
diculairement  une  série  de  petits  conduits,  très  voisins  les  uns  des  autres;  l’air  est 
alors  projeté  sur  le  cylindre  correspondant  de  la  calandre,  en  circulant  le  long  d’une 
sorte  d’enveloppe  cintrée  suivant  le  diamètre  du  cylindre,  et  fait  adhérer  dans  sa 
marche  le  papier  sur  le  cylindre,  rejette  les  impuretés  au  dehors,  empêche  la  surface 
des  cylindres  de  s’échauffer  et  produit  ainsi,  sans  danger  pour  l’ouvrier,  un  travail 
parfait  et  irréprochable. 

Cet  appareil,  dont  de  nombreuses  applications  ont  démontré  l’efficacité,  peut 
s’adapter  aux  calandres  existantes. 

De  ce  qui  précède,  du  nombre  de  calandres  exposées,  on  peut  conclure  que  ces 
machines  se  sont  beaucoup  développées  depuis  dix  ans.  Les  constructeurs  leur  ont  ap¬ 
porté  de  sérieux  perfectionnements  au  point  de  vue  des  bâtis,  des  cylindres,  des  coussi¬ 
nets,  du  guidage  des  feuilles  de  papier,  du  guidage  du  papier  quand  on  marche  avec 
du  papier  en  rouleaux. 

On  doit  déplorer  que  les  Américains,  qui  ont  une  réputation  méritée  pour  leurs  ca¬ 
landres;  que  les  Allemands,  qui  nous  ont  devancés  dans  leur  construction,  qui  ont 
fait  connaître  les  cylindres  anti-flexion  et  qui  possèdent,  il  faut  en  convenir,  des 
moyens  supérieurs  aux  nôtres  pour  la  fabrication  des  cylindres  en  fonte  trempée;  que 
les  Anglais,  enfin,  n’aient  pas  envoyé  quelques  beaux  spécimens  de  ces  machines:  la 
lutte  eût  été  plus  vive  et  le  succès  plus  éclatant  pour  le  vainqueur. 


50/i 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


SECTION  IL 

FONDERIES  DE  CARACTÈRES.  —  MACHINES  A  FONDRE  LES  CARACTERES 

MACHINES  A  COMPOSER. 


Les  progrès  réalisés  dans  la  fabrication  des  papiers,  l’emploi  des  pâtes  de  bois,  le 
calandrage  ,  tous  les  perfectionnements  obtenus  en  vue  d’obtenir  des  papiers  relative¬ 
ment  bons,  et  cependant  à  bas  prix,  tout  cela  në  servirait  pas  à  grand’chose,  si,  de 
leur  côté,  les  fondeurs  de  caractères,  les  graveurs,  les  clicheurs,  la  galvanoplastie, 
l’héliogravure,  n’étaient  point  venus  apporter  leur  pierre  à  l’œuvre  Commune. 

Dans  tous  ces  arts,  on  a  recherché  avant  tout  la  perfection  et  la  rapidité. 

La  machine  à  composer  a  fait,  de  son  côté,  quelques  efforts,  mais*  avec  les  pro¬ 
cédés  actuels  de  clichage  si  prompts,  ces  machines  ont  bien  perdu  de  leur  intérêt. 

Si  le  problème  de  la  machine  à’  composer  est  résolu  en  principe,  l’est-il  d’unè  façon 
assez  pratique  pour  s’imposer?  Evidemment  non. 

Les  différentes  machines  à  composer  seront  mentionnées  ci-après. 

FONDERIES  DE  CARACTÈRES. 

Les  fondeurs  de  caractères  avaient  exposé  des  types  extrêmement  variés  de  leur 
fabrication.  De  très  beaux  spécimens  permettaient  de  se  rendre  compte  de  la  finesse 
des  traits,  de  la  régularité  d’approche,  de  la  netteté  de  l’œil. 

En  Espagne,  Al.  Ceferino  Gorchs;  M.  Mac  Kellar,  MM.  SiviiTsand  Jordan  C°,  dans  la 
section  américaine;  MM.  Caslon  et  C'e,  et  M.  Badoureau,  dans  la  section  anglaise;  en 
Norwège,  M.  Jacobsen  (Martin  Julius);  en  Russie,  M.  Lehmann;  en  Suisse,  M.  Haller, 
MM.  Martin  Auguste  et  Cie,  exposaient  des  caractères  et  ornements  en  métal  et  en  bois 
d’une  excellente  fabrication. 

En  Hollande,  MM.  Enschedé  et  Zonen  avaient  une  exposition  remarquable  et  repro¬ 
duisaient,  avec  les  outils,  moules,  poinçons,  matrices  de  chaque  époque,  une  sorte 
de  genèse  de  la  fonderie.  La  Constitution  des  Pays-Bas ,  petite  plaquette  imprimée  avec 
des  caractères  corps  a ,  une  rareté  typographique ,  donnait  la  mesure  des  perfectionne¬ 
ments  obtenus  par  ces  exposants,  dans  la  fonte  des  caractères. 

En  France,  la  maison  Deberny  et  G,e  (Tuleu  successeur)  obtenait  un  légitime  succès 
avec  les  spécimens  d’anglaises  et  autres  caractères  d’une  grande  beauté  d’exécution. 

Depuis  1878,  cet  établissement  a  créé  une  série  nombreuse  de  types  nouveaux 
d’une  pureté  accomplie. 

M.  Turlot  appelait  l’attention  du  public  et  du  jury  non  seulement  par  de  nombreux 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


505 


types,  par  clés  épreuves  d’impressions  de  luxe  faites  avec  ses  caractères,  mais  encore 
par  des  essais  de  fontes  de  caractères  en  matière  plus  dure(1),  et  par  conséquent  d’une 
plus  longue  durée  que  les  caractères  en  métal  ordinaire;  par  des  types  étrangers  : 
grecs,  allemands,  polonais,  russes,  etc.;  par  des  molettes  fondues  pour  les  châssis, 
numéroteurs  typographiques  et  les  vignettes,  culs-de-lampe,  etc. 

MM.  Beaudoire  et  C'e  (ancienne  Fonderie  générale),  Laval  et  C,c,  Mayeur,  Doublet, 
Peignot,  Renault,  Warnery  frères,  Berthier  et  Durey,  Paul  Noisette,  avec  ses  carac¬ 
tères  polytypes(2),  formaient  un  ensemble  très  complet  de  tous  les  caractères,  filets, 
blancs,  espaces,  interlignes  et  autres  spécimens  de  réglures,  vignettes,  donnant  de 
cette  industrie  une  haute  opinion. 

L’examen  des  poinçons,  des  matrices  prouve  que  les  graveurs  sont  restés  à  la  hau¬ 
teur  de  leurs  devanciers,  et  qu’ils  auraient  trouvé  grâce  devant  les  Elzevir  et  les  Aide 
Manuce. 

MACHINES  À  FONDRE  LES  CARACTÈRES. 

Les  caractères  dont  nous  venons  de  célébrer  les  mérites  indiscutables  sont  obtenus 
â  l’aide  de  machines  spéciales. 

Ces  machines,  depuis  1878,  ont  fait  de  notables  progrès  :  maintenant,  elles  finis¬ 
sent  entièrement  le  caractère;  les  mouvements  en  sont  des  plus  ingénieux. 

La  maison  Foucher  exposait  une  machine  à  fondre  dite  L’Universelle. 

A  l’Exposition  universelle  de  1878,  cette  maison  exposait  une  machine  à  fondre  les 
caractères,  qui  fondait,  frottait,  au  moyen  de  deux  fraises,  et  rompait;  puis,  une  ma¬ 
chine  ordinaire  sans  frotterie  ni  romperie.  Les  lettres  étaient  rompues  d’abord  â  la 
main  et  frottées  ensuite  sur  des  machines  indépendantes  et  composées  d’une  meule 
d’émeri  et  d’un  levier  à  châssis ,  dans  lequel  se  logeait  la  lettre  â  frotter. 

Après  1878,  de  nombreux  perfectionnements  ont  amené  cette  maison  â  créer  une 
machine  qui  fondait,  rompait,  frottait,  sur  la  frotterie  seulement. 

U  Universelle ,  exposée  aujourd’hui,  est  construite  de  telle  façon,  quelle  fond,  rompt, 
frotte,  crène,  apprête,  fait  la  gouttière  au  pied  de  la  lettre  et  place  les  lettres  sur  un 
composteur  de  fonderie,  mais,  de  plus,  fait  des  crans  supplémentaires,  dessus  ou  des¬ 
sous  la  force  de  corps,  suivant  la  volonté  et  le  besoin  du  fondeur  en  caractères.  Cette 
machine  permet  également  de  faire  toutes  les  hauteurs  possibles.  Elle  fond  à  volonté  le 
cran  français  ou  le  cran  allemand ,  au  moyen  d’un  nouveau  système  de  porte-matrice 
articulé.  On  peut  se  servir  indistinctement  de  tous  les  genres  de  matrices,  soit  des  ma¬ 
trices  en  galvano  monté  sur  zinc  ou  sur  cuivre,  soit  des  matrices  faites  au  poinçon  ou 
en  galvano  plein. 

La  production  d’une  machine  universelle ,  du  corps  5  au  1  h  ,  pour  laquelle  la  vitesse 

Celte  matière  ne  contient  plus  de  plomb  :  elle  C’est  M.  de  Calonne,  en  1876,  quia  présenté 

se  compose  de  régule,  d’étain,  de  cuivre;  c’est  donc  aux  imprimeurs  ce  nouveau  système  de  lettres  assem- 
11  n  bronze  blanc.  Idées,  dites  polytypes. 


506 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


est  de  i  tour  de  manivelle  pour  la  production  d’une  lettre,  est  de  70  lettres  à  la  mi¬ 
nute,  soit  4,ooo  à  l’heure,  et  au  minimum  4o,ooo  pour  un  travail  de  10  heures,  le 
corps  8  ou  9  étant  pris  comme  moyenne.  On  peut,  naturellement,  tourner  plus  vite 
pour  le  corps  b;  la  production  en  sera  donc  augmentée,  tandis  quelle  sera  diminuée 
pour  les  corps  10,  11,  1  2  et  1  4  qui  demandent  moins  de  vitesse,  mais  qui  sont  aussi 
d’un  emploi  beaucoup  moins  fréquent  en  typographie. 

En  dehors  des  machines  à  fondre  les  caractères,  MM.  Foucher  frères  exposaient  une 
série  de  machines  pour  la  clicherie,  l’imprimerie,  la  papeterie  et  la  reliure,  d’une  bonne 
construction. 

MACHINES  À  COMPOSER  (1). 

Depuis  longtemps,  les  inventeurs  cherchent  à  remplacer  le  travail  manuel  du  com¬ 
positeur  par  des  moyens  mécaniques. 

Des  essais  nombreux  de  machines  à  composer  ont  été  produits  aux  Expositions  pré¬ 
cédentes;  elles  reposent  généralement  sur  le  principe  de  lever  la  lettre  au  moyen  de 
touches  de  piano.  La  lettre,  étant  levée,  glisse  dans  une  rainure  qui  la  dirige  à  côté  de 
la  lettre  précédente.  Il  faut  que  les  conduits  soient  bien  combinés,  pour  permettre  aux 
lettres  de  se  rendre  à  leur  place  dans  le  même  temps,  sans  quoi,  il  y  a  des  engorge¬ 
ments  qui  arrêtent  la  composition. 

A  côté  de  la  machine  à  composer  proprement  dite,  il  faut  une  machine  à  distribuer; 
or  cette  dernière  est  beaucoup  plus  difficile  à  disposer  cpie  la  première  :  c’est,  en 
grande  partie,  la  raison  qui  a  empêché  les  machines  à  composer  d’être  appliquées  cou¬ 
ramment  dans  les  imprimeries. 

A  l’Exposition  de  1878,  deux  machines  à  composer  ont  été  produites  :  Tune  d’elles 
était  ingénieusement  combinée  pour  la  correspondance  des  nouvelles  télégraphiques 
des  journaux.  A  cet  effet,  la  machine  à  composer  pouvait  être  mise  en  communication 
avec  le  télégraphe,  c’est-à-dire  qu’au  fur  et  à  mesure  que  le  télégraphe  parlait,  le  com¬ 
positeur  lisait  la  dépêche  et  la  composait,  par  l’intermédiaire  du  piano  compositeur.  On 
économise  ainsi  le  temps  de  la  transcription  de  la  dépêche,  ce  qui  est  important. 
L’agence  Havas  emploie  cette  machine  pour  ses  correspondances  télégraphiques. 

A  la  machine  à  composer,  dont  il  est  question  plus  haut,  se  trouvait  annexée  une 
machine  à  distribuer,  disposée  de  manière  à  donner  de  bons  résultats,  même  avec  des 
caractères  un  peu  usés.  (Rapport  de  M.  Ermel.) 

Comme  on  le  voit,  la  question  n’est  pas  beaucoup  plus  avancée.  En  1889,  la  ma¬ 
chine  qui  semblait  avoir  de  sérieux  avantages  sur  ses  devancières  était  la  machine  ex¬ 
posée  clans  la  Grande-Bretagne  par  The  Lagermann  typotheter  anh  justifier  Company. 
Cette  machine  compose  et  justifie  les  caractères;  elle  possède  de  nombreux  et  très  in¬ 
génieux  mouvements. 

15  Rapport  de  M.  Ermel.  Exposition  de  1878,  classe  60,  groupe  VI. 


.  PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


507 


Le  compositeur  fait  sa  distribution  comme  à  l’ordinaire,  sans  se  préoccuper  du  tri 
des  espaces  0). 

La  machine  a  trier  les  espaces  est  simple  :  un  apprenti  a  devant  lui  le  pâté  d’es¬ 
paces,  les  fait  glisser  une  à  une  sur  un  plan  incliné,  et,  suivant  leur  épaisseur,  elles 
se  placent  dans  de  longs  composteurs  qui  s’adaptent  à  la  machine  à  justifier.  Les  blancs 
sont  de  trois  sortes  :  un  point  et  demi,  deux  points  un  quart,  et  trois  points.  Les  es¬ 
paces  de  trois  points  trois  quarts,  crénées  haut  et  bas,  qui  servent  exclusivement  à  la 
composition,  tombent  sur  un  plateau  inférieur  pour  qu’on  les  mette  dans  le  eassetin 
aux  espaces  fortes  de  la  casse. 

La  distribution  terminée,  le  compositeur  dispose  à  l’avant  de  sa  casse  l’appareil  â 
composer,  qui  est  surmonté  d’un  entonnoir.  Il  engage  sa  copie  dans  un  visorium  cy¬ 
lindrique  placé  entre  le  haut  et  le  bas  de  casse,  de  façon  à  ne  rien  masquer,  et  puise 
des  deux  mains  dans  les  cassetins,  en  jetant  la  lettre  dans  l’entonnoir,  sans  se  préoc¬ 
cuper  comment  elle  s’y  engage.  Il  peut  lever  ainsi  de  quatre  mille  cinq  cents  â  cinq 
mille  à  l’heure.  La  lettre  lancée  dans  l’entonnoir  est  redressée  mécaniquement  et 
chassée  dans  une  rainure  semi-circulaire,  qui  la  conduit  au  composteur.  Chaque  fois 
que  la  longueur  de  la  justification  est  atteinte,  une  sonnerie  avertit  le  compositeur,  qui 
jette  dans  l’entonnoir  une  cheville  en  cuivre,  plus  haute  que  la  lettre,  marquant  la 
terminaison  de  chaque  ligne  dans  le  composteur.  Quand  celui-ci  est  garni,  on  l’enlève 
et  on  le  porte  à  la  justifieuse  La  galée-composteur  peut  contenir  une  cinquantaine 
de  lignes.  L’appareil  à  composer  n’occupe  guère,  sans  casse,  qu’un  espace  de  o  m.  3o 
sur  o  m.  20. 

L’appareil  à  justifier  saisit  la  ligne,  l’extrait  de  la  galée  et  la  présente  au  justifica¬ 
teur.  La  longueur  que  possède  chaque  ligne  est  alors  indiquée  par  un  régulateur,  qui 
change  les  espaces  entre  les  mots,  par  de  plus  fortes  ou  de  plus  minces,  selon  les  be¬ 
soins  de  la  justification.  La  ligne  va  prendre  ensuite  sa  place  dans  une  galée. 

Tous  ces  dispositifs  sont  ingçnieux  et  paraissent  pratiques. 

Cette  machine  tiendra-t-elle  ce  qu’elle  semble  promettre  ?  L’expérience  peut  seule  le 
dire. 

La  France  n’exposait  aucune  machine  de  ce  genre.  Dans  notre  pays,  d’ailleurs,  la 
machine  à  composer  n’a  pas,  pour  ainsi  dire,  reçu  d’applications  pratiques.  On  peut 
même  ajouter  que  ces  machines  sont  peu  employées  sur  le  continent.  Cependant  un 
cerlain  nombre  de  machines  Fraser  fonctionnent  aux  Etats-Unis  et  en  Angleterre, 
une  notamment  au  journal  le  Times;  mais  elle  ne  fait  que  la  composition  et  les  carac¬ 
tères  ne  servent  qu’une  fois,  étant  refondus  chaque  jour  et  non  remis  en  casses. 

En  Ecosse,  à  Edimbourg,  on  se  sert  de  ces  machines  dans  l’imprimerie  Neill  et  C'e. 
10,000  pages  de  Y  Encyclopédie  Britannique  (coquille  A,  à  corps  9),  et  au  moins 
A 0,0 00  pages  d’autres  ouvrages,  en  caractères  variant  du  folio  coquille  jusqu’à  l’in-8° 

W  Journal  V Imprimerie  n°  368,  du  i5  octobre  1889. —  ‘2)  Traduction  littérale  du  nom  donné  par  l’inven¬ 
teur. 


508 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


pot,  ont  été  composées  par  elles.  Ces  ouvrages  comprennent  le  travail  ordinaire  des 
tables  de  matières  et  diverses  grandeurs  de  caractères  de  corps  1  o  au  corps  7  et 
demi. 

Depuis  plusieurs  années,  en  Amérique,  les  machines  à  composer  Thorne  jouissent 
d’une  grande  faveur  et  fonctionnent  dans  un  certain  nombre  d’imprimeries,  parmi 
lesquelles  ont  peut  citer  «The  Hartford  Evening  Post»;  mais,  en  France,  aucun  mo¬ 
dèle  de  ces  machines  n’est  vraiment  pratiquement  en  usage. 

MATÉRIEL  DE  CLICHAGE.  —  CLICHÉS. 

La  classe  58  comprenait  aussi  tout  le  matériel  de  clichage,  de  très  nombreux  spéci¬ 
mens  de  clichés;  la  maison  Charaire  et  fils,  de  Sceaux,  avait  une  superbe  collection  de 
clichés  de  très  grands  formats  et  d’une  grande  beauté  pour  la  stéréotypie  et  la  galva¬ 
noplastie. 

MM.  Stoesser  père  et  fils  exposaient  aussi  des  types  réussis  de  galvanoplastie  typo¬ 
graphique,  texte  et  réglure. 

Les  clichés  en  nickel  pour  les  tirages  en  couleurs,  les  plaques  gravées  pour  le  fili- 
granage  des  papiers  attiraient  les  regards  des  connaisseurs.  Les  clichés,  en  nickel 
surtout,  semblent  appelés  a  jouer  un  rôle  important  dans  l’impression  des  ouvrages 
illustrés  en  couleurs. 

MACHINES  À  IMPRIMER. 

En  1867,  une  douzaine  de  machines,  au  plus,  avaient  été  envoyées  à  l’Exposition  : 
l’imprimerie  n’était  pas  libre;  à  l’Exposition  universelle  de  1878,  on  pouvait  compter 
plus  de  quarante  machines,  les  machines  rotatives  y  étaient  déjà  représentées;  en 
1889,  le  nombre  des  machines  à  imprimer  de  tous  genres  était  encore  plus  consi¬ 
dérable. 

Presque  toutes  les  machines  étaient  cl’origine  française;  les  grands  constructeurs  du 
continent,  de  la  Grande-Bretagne  et  des  Etats-Unis  s’étaient  abstenus. 

Nous  aurions  été  heureux  de  nous  mesurer  avec  nos  confrères  de  tous  les  mondes  : 
cette  lutte  courtoise  ne  pouvait  que  servir  les  intérêts  internationaux. 

Les  Etats-Unis  n’avaient  exposé  que  les  presses  cylindriques  de  Cambell  Printing 
press  manufacturing  C°,  les  presses  mécaniques  de  Golding  et  C°,  de  Boston,  les  petites 
machines  à  pédale  de  «Liberty  machine  Works». 

Les  petites  presses  mécaniques  de  Golcling  et  G°  étaient  très  soignées,  «The  Pearl» 
notamment.  Elle  contient  un  certain  nombre  de  mouvements  qui  méritent  une  étude 
sérieuse. 

Voici,  par  contre,  la  monographie  succincte  des  expositions  des  constructeurs  fran¬ 
çais. 

Par  les  descriptions,  qui  suivent,  des  machines  les  plus  intéressantes,  on  pourra,  si 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


509 


l’on  veut  se  reporter  au  compte  rendu  de  1878,  se  faire  une  idée  des  progrès  réalisés. 

M.  Dutartre  est  le  doyen  vénéré  des  constructeurs  français;  sa  modestie  égale  son 
mérite. 

Dès  1867,  M.  Dutartre  exposait  déjà  une  machine  en  deux  couleurs.  Il  avait  pour 
compétiteur  Konig  et  Rauer,  constructeurs  bavarois,  dont  le  genre  des  machines  est 
justement  renommé,  surtout  pour  l’impression  des  cartes  à  jouer. 

La  machine  de  1867  avait  deux  compositions  placées  sur  un  marbre.  Au-dessus  du 
marbre,  se  trouve  le  cylindre  qui  porte  la  feuille  à  imprimer.  La  distance  entre  les  deux 
compositions  est  égale  au  périmètre  développé  du  cylindre,  de  sorte  qu’au  premier 
tour  du  cylindre,  la  feuille  à  imprimer  passe  sur  la  première  forme,  et  qu’au  second 
tour,  la  feuille  se  trouve  en  rapport  avec  la  deuxième  forme. 

On  obtient  ainsi  une  impression  à  deux  couleurs  parfaitement  repérée,  puisque  la 
feuille  ne  quitte  pas  le  cylindre  et  que  le  repérage  dépend  simplement  de  la  position 
des  deux  formes  sur  le  marbre. 

En  1889,  M.  Dutartre  exposait  des  presses  typographiques  en  blanc  et  à  pointures, 
une  presse  typographique  à  deux  couleurs. 

M.  Marinoni  a  exposé  dans  la  galerie  des  Machines,  classe  58  : 

i°  Machine  en  blanc.  —  Nouveau  modèle,  format  quadruple  carré,  construite  pour 
les  impressions  de  grand  luxe  et  les  tirages  en  chromotypographie,  avec  distribution 
plate  et  cylindrique  ; 

20  Machine  en  blanc.  —  Même  système,  format  double  raisin,  avec  arrêt  facultatif 
du  cylindre,  cylindre  de  sortie  de  feuilles,  receveur  mécanique,  chargeurs  mobiles, 
rouleaux  toucheurs  commandés,  distribution  plate  et  cylindrique; 

3°  Presse  à  retiration.  —  Nouveau  modèle,  format  quadruple  raisin,  munie  de  deux 
receveurs  mécaniques,  avec  table  à  encrer  cylindrique  et  table  à  encrer  plate,  cylindre 
de  sortie  de  feuilles ,  chargeurs  mobiles,  toucheurs  commandés.  Elle  imprime  en  reti¬ 
ration  avec  un  seul  margeur,  et  en  blanc  sur  chaque  cylindre,  avec  un  ou  deux  mar¬ 
geurs  ; 

k°  U  Active.  —  Presse  typographique  à  pédale,  machine  à  cylindre,  avec  receveur 
de  feuille  mécanique;  elle  imprime  le  format  coquille.  La  presse  exposée  est  construite 
avec  encrage  cylindrique; 

5°  L’Utile.  —  Presse  typographique  à  pédale,  système  à  platine; 

6°  Presse  lithographique.  — Nouveau  modèle  perfectionné,  pour  impression  en  chro¬ 
mo  ,  format  double  carré  ; 

70  Presse  lithographique.  — Même  modèle,  format  grand  aigle,  avec  arrêt  facultatif 
du  cylindre,  double  table  à  encrer,  Tune  plate,  l’autre  cylindrique,  chargeurs  mobiles, 
rouleaux  toucheurs  commandés,  nouveau  mouilleur  breveté  Genet,  et  mouillage  auto¬ 
matique  ; 


510 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


8°  La  Diligente,  - —  Nouvelle  machine  lithographique  pour  impression  sur  zinc,  eh 
noir  ou  en  couleur,  dite  avec  temps  d’arrêt  et  arrêt  facultatif  du  cylindre;  cette  presse  est 
munie  d’un  cylindre  de  sortie  de  feuilles  et  d’un  receveur  mécanique;  elle  est  disposée 
également  pour  la  réception  à  la  main  ; 

q°  Machine  rotative  pour  dlustrations.  —  Cette  nouvelle  machine  fait  à  volonté  soit 
la  retiration  et  une  deuxième  couleur  sur  l’un  des  côtés ,  soit  l’impression  avec  trois  cou¬ 
leurs  d’un  seul  côté;  l’encrage  est  perfectionné  et  très  complet.  Elle  est  construite  avec 
décharge  continue,  receveur  mécanique  pour  feuilles  entières  non  pliées  et  plieuses 
mécaniques; 

io°  Une  machine  rotative  double,  c’est-à-dire  formée  de  deux  machines  accouplées, 
pouvant  fonctionner  ensemble  ou  séparément,  avec  une  ou  deux  bobines  de  papier. 

Cette  machine  produit  à  volonté  des  journaux  de  A  pages,  des  journaux  de  6  pages, 
formés  de  deux  parties  encartées,  et  des  journaux  de  8  pages,  formés  également  de 
deux  parties  séparées  de  li  pages,  ces  deux  parties  étant  réunies  et  encartées  mécani¬ 
quement.  Cette  machine  plie  mécaniquement,  avec  trois  plis,  les  journaux  à  A,  6  et 
8  pages; 

i  i°  Machine  rotative.  —  Nouveau  modèle  perfectionné,  construite  pour  imprimer 
sur  deux  clichés  de  chaque  page  un  journal  de  petit  format  ,  machine  ayant  une  très 
grande  production,  avec  dispositions  rendant  toutes  les  fonctions  très  rapides  et  très 
faciles  ; 

12°  Machine  rotative.  —  Même  modèle,  construite  pour  imprimer  sur  un  seul  cliché 
de  chaque  page  un  journal  de  petit  format. 

Cette  machine  était  montée  à  la  suite  de  la  machine  à  papier  de  MM.  Darhlay; 

i3°  Dans  l’exposition  de  M.  Guv  (galerie  des  Machines,  classe  58),  une  presse  mé¬ 
canique  pour  impressions  en  taille-douce  (système  Guv-Marinoni). 

Cette  machine,  dit e  presse  en  taille-douce ,  sert  à  l’impression  de  gravures  en  creux  de 
tous  genres,  telles  que  gravures  au  burin,  eaux-fortes,  héliogravures,  etc. 

L’encrage  de  la  planche  se  fait  comme  dans  les  machines  typographiques  à  encrage 
cylindrique,  mais  avec  une  disposition  spéciale  permettant  le  soulèvement  des  rouleaux 
toucheurs,  lorsque  la  plaque  essuyée  passe  sous  ces  rouleaux. 

Un  cylindre  possédant  un  mouvement  très  doux  de  va-et-vient  assure  une  très 
bonne  répartition  de  l’encre. 

L’essuvage  de  la  planche  se  fait  au  moyen  de  tampons  sur  lesquels  passent  des  chif¬ 
fons. 

La  nature  des  chiffons  varie  suivant  leur  fonction,  comme  cela  a  lieu  pour  l’essuyage 
à  la  main.  Chacun  des  chiffons,  enroulé  autour  d’un  cylindre,  vient  envelopper  le  tam¬ 
pon  essuyeur  qui  lui  correspond,  puis  s’enroule  autour  d’un  second  cylindre;  ce  dernier 
est  animé  d’un  mouvement  de  rotation  intermittent  qui  peut  se  régler  avec  la  plus 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


511 


grande  précision,  de  telle  sorte  que,  pendant  la  marche  même  de  la  machine,  le  con¬ 
ducteur  peut  soit  arrêter  tout  débit  d’un  des  chiffons,  soit  augmenter  ou  diminuer  ce 
débit  dans  la  plus  faible  proportion,  jusqu’à  ce  qu’il  ait  obtenu  un  essuyage  parfait. 

Lorsque  la  planche  entre  en  contact  avec  les  tampons  essuyeurs,  ceux-ci  ont  un 
mouvement  de  va-et-vient;  chaque  tampon  a  son  mouvement  propre,  et  chacun  de  ces 
mouvements  peut  être  varié  suivant  les  besoins. 

En  outre,  une  partie  des  tampons  peut  être  employée  pour  l’essuyage  de  la  planche, 
pendant  l’une  des  courses  du  marbre,  à  l’aller,  tandis  que  les  autres  tampons  essuieront 
au  retour.  Ou  bien  encore,  le  même  essuyeur  agira  à  l’aller  et  au  retour  de  la  planche, 
en  ayant,  dans  les  deux  cas,  des  mouvements  différents. 

Un  ou  deux  des  tampons  essuyeurs  peuvent  être  employés  comme  mouilleurs  ;  des 
appareils  de  mouillage  automatique  sont  disposés  à  cet  effet. 

Pour  les  impressions  à  exécuter  sur  cette  machine,  deux  cas  peuvent  se  présenter  : 
ou  bien  l’essuyage  automatique  est  suffisant,  comme  pour  les  travaux  dits  de  taille- 
douce ,  ou  l’essuyage  à  la  main,  pour  compléter  ou  achever  l’essuyage  automatique, 
est  indispensable,  comme  dans  l’eau-forte  et  dans  les  différents  genres  de  travaux  artis¬ 
tiques  qui  en  dérivent  et  qui  nécessitent  un  essuyage  intelligent. 

Dans  le  premier  de  ces  deux  cas,  on  a  vu,  par  ce  qui  précède,  le  réglage  du  dérou¬ 
lement  et  le  fonctionnement  des  essuis,  qu’on  obtiendra  sur  la  machine  un  essuyage 

Jusqu’à  ce  jour,  les  travaux  dans  lesquels  le  talent  et  le  goût  de  l’ouvrier  inter¬ 
viennent  n’ont  pu  être  exécutés  à  la  presse  mécanique;  ils  peuvent  l’être  sur  celle-ci. 

En  effet,  une  fois  l’encrage  effectué,  l’essuyage  automatique  fait  aussi  complet  que 
cela  est  nécessaire,  la  machine  peut  s’arrêter  automatiquement  à  lin  de  course,  laissant 
la  planche  en  face  de  l’ouvrier  qui  fera  dessus,  comme  à  la  presse  à  bras,  tout  le  tra¬ 
vail  convenable  pour  mettre  la  gravure  en  valeur;  cela  fait,  il  embrayera  la  machine, 
l’impression  aura  lieu;  l’épreuve  enlevée,  un  nouvel  encrage  et  un  nouvel  essuyage 
de  la  planche  s’effectueront,  et  celle-ci  viendra  s’arrêter  à  nouveau  devant  le  conduc¬ 
teur. 

On  voit  que,  grâce  à  cette  disposition,  le  temps  employé  par  l’ouvrier,  pour  effectuer 
le  travail  mécanique  de  l’encrage  de  la  planche  et  d’une  partie  de  son  essuyage,  se 
trouve  considérablement  diminué,  et  que  l’effort  à  faire  dans  ce  but,  ainsi  que  celui 
nécessaire  pour  l’impression ,  sont  entièrement  supprimés. 

La  machine  a  été  construite  de  façon  que  la  planche  soit  complètement  dégagée 
à  chaque  extrémité  de  la  course,  ce  qui  a  le  grand  avantage  de  permettre  au  conduc¬ 
teur  de  vérifier  l’encrage  et  l’essuyage  de  la  plaque.  En  soulevant  les  essuis,  la  plaque 
lui  arrive  encrée,  mais  non  essuyée,  il  peut  donc  régler  facilement  son  encrage;  après 
l’encrage,  il  peut  régler  le  travail  des  essuis,  en  se  rendant  compte  du  travail  de  cha¬ 
cun  d’eux. 

Enfin  cette  disposition  du  côté  de  la  sortie  de  la  feuille  permet  de  laisser  la  feuille 


512 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


sur  la  plaque,  sans  être  obligé  de  l’enlever  sur  le  cylindre,  ce  qui  est  de  beaucoup 
préférable  au  point  de  vue  de  l’impression. 

Cette  machine  fonctionnait  chaque  jour  à  l’Exposition; 

i  li°  Machine  rotative  double  pour  illustrations .  - —  Cette  machine,  format  double  jésus, 
fait  à  volonté  soit  la  retiration  et  une  deuxième  couleur  d’un  côté,  soit  trois  couleurs 
du  même  côté. 

Elle  fonctionne  avec  l’appareil  de  décharge  Nelson  ou  avec  une  bobine  de  décharge 
continue. 

Elle  reçoit  mécaniquement  les  feuilles  non  pliées,  ou  livre  les  feuilles  imprimées 
pliées. 

Des  perfectionnements  très  importants  ont  été  apportés  à  cette  machine,  dont  plu¬ 
sieurs  spécimens  fonctionnent  déjà  en  France,  en  Angleterre  et  en  Italie. 

Toutes  les  fonctions  se  font  sur  cette  presse  avec  la  plus  grande  facilité  et  très  rapi¬ 
dement. 

Deux  des  cylindres  portant  les  étoffes  sont  placés  l’un  au-dessus  de  l’autre,  laissant 
assez  de  vide  entre  eux  pour  permettre  très  facilement  le  changement  des  étoffes,  la 
mise  en  place  des  découpages,  enfin  tout  le  travail  de  la  mise  en  train. 

Le  troisième  cylindre  portant  les  étoffes,  celui  qui  sert  pour  la  deuxième  couleur, 
quand  la  machine  imprime  en  retiration,  ou  pour  la  troisième  couleur,  quand  la  ma¬ 
chine  doit  imprimer  en  trois  couleurs,  est  complètement  découvert;  on  peut  donc,  sur 
cette  machine,  faire  la  mise  en  train  facilement  et  commodément.  Ces  cylindres  portent 
chacun  une  double  gorge,  afin  de  permettre  l’emploi  d’étoffes  en  deux  parties;  ce  qui 
donne  une  très  grande  facilité  pour  le  travail. 

Les  trois  cylindres  des  clichés,  dont  un  est  dans  le  bas  de  la  machine  et  les  deux 
autres  à  la  partie  supérieure,  sont  également  disposés  de  façon  que  la  mise  sous 
presse  se  fasse  dans  d’excellentes  conditions. 

Ces  cylindres  sont  faits  de  manière  à  permettre  d’y  fixer  des  clichés  ou  galvanos 
d’une  page,  de  deux  pages,  de  quatre  ou  même  de  huit  pages  de  la  publication,  avan¬ 
tage  dont  on  comprend  la  conséquence  pour  le  tirage  des  grandes  gravures  occupant 
plusieurs  pages  de  cette  publication. 

Les  clichés  ou  galvanos  sont  fixés  facilement  et  très  solidement,  à  l’aide  de  cercles 
mobiles,  divisés  à  la  demande  des  pages  et  les  maintenant  aux  deux  extrémités,  et  sur 
tout  leur  développement,  afin  d’éviter,  ce  qui  a  lieu  fréquemment  avec  les  autres  modes 
de  serrage,  la  levée  des  bords,  levée  qui  produit  des  bordures  de  pages  noires,  lourdes 
et  souvent  doublées. 

En  raison  de  ce  mode  de  serrage  par  des  cercles,  et  aussi  en  raison  de  la  disposition 
de  l’encrage,  les  galvanos  sont  encore  en  parfait  état  après  un  tirage  de  plus  de 
3 5 0,0 o o  et  pourraient  même  faire  un  plus  long  service  si  cela  était  nécessaire,  la  ma¬ 
chine  ne  les  fatiguant  nullement. 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  EMPRESSIONS. 


513 


Le  mode  de  serrage  appliqué  a  cette  machine  a  le  très  grand  avantage  de  permettre 
de  commencer  la  mise  en  train,  dès  qu’une  page  est  prête. 

Les  cylindres  de  la  machine  sont  d’un  grand  diamètre,  afin  de  faciliter  le  cintrage 
des  galvanos. 

Ce  cintrage  est  fait  dans  un  appareil  cylindrique  spécial;  les  coquilles  doublées  sont 
échoppées  à  l’aide  d’un  outil,  dit  échoppcur  universel ,  inventé  par  la  maison  Marinoni, 
outil  sur  lequel  l’échoppage  et  le  biseautage  se  font  en  tous  sens,  avec  une  grande 
rapidité  et  sans  aucune  déformation,  ce  qui  n’existe  pas  avec  le  travail  à  la  main.  A 
chaque  cylindre  de  clichés  correspond  un  appareil  d’encrage. 

L’encrage  est  très  complet;  la  prise  d’encre  se  règle  exactement  par  le  preneur  et  le 
couteau  de  l’encrier,  comme  dans  les  machines  plates;  de  plus,  l’encrier  est  mobile,  ce 
qui  augnente  encore  les  facilités  de  réglage. 

La  prise  d’encre,  en  raison  du  grand  développement  des  cylindres,  se  fait  deux  fois 
par  tour  des  cylindres  d’impression,  de  façon  à  prendre  moins  d’encre  a  la  fois  et  à  la 
mieux  répartir  sur  les  tables  à  encrer  pour  obtenir  une  meilleure  distribution;  la  prise 
d’encre  se  règle  sans  arrêter  la  machine. 

La  distribution  est  faite,  pour  chaque  cylindre,  sur  des  tables  cylindriques  en 
métal,  ayant  à  la  fois  un  mouvement  de  rotation  et  un  mouvement  de  va-et-vient; 
ces  tables  alternent  avec  des  rouleaux  de  matière. 

La  touche  a  lieu  par  six  toucheurs  ayant  chacun  un  support  qui  permet  de  régler, 
à  volonté,  l’approche  du  rouleau  sur  la  table  a  encrer  et  sur  la  forme;  le  réglage  de 
chaque  rouleau  s’opère  séparément,  et  leur  mise  au  repos  se  fait  très  facilement  sans 
les  dérégler  et  sans  les  enlever  de  la  machine.  Les  rouleaux,  étant  bien  supportés  et 
toujours  bien  commandés  par  les  tables  à  encrer,  ne  peuvent  plonger  dans  les  blancs. 

Ces  dispositions  assurent,  en  même  temps  qu’une  très  bonne  disposition  et  une 
touche  parfaite,  une  très  longue  durée  des  rouleaux,  par  la  façon  dont  ils  sont  réglés 
et  soutenus. 

Les  rouleaux  de  métal  alternant  avec  ceux  de  matière,  réchauffement  et  l’usure 
des  rouleaux  de  matière  sont  évités. 

Avec  un  appareil  d’encrage  aussi  perfectionné  et  avec  le  mode  de  fixage  des  galvanos 
sur  les  cylindres,  on  obtient,  sur  cette  machine,  des  impressions  d’une  pureté  de 
lignes  et  de  couleur  qu’il  serait  difïîcile  d’atteindre  avec  les  meilleures  machines  plates. 

L’emploi  d’une  décharge  continue,  qui  peut  être  en  étoffe  ou  en  papier,  évite  d’une 
façon  absolue  tout  maculage. 

Cette  décharge,  qui  se  débobine  et  se  rebobine  pendant  la  marche  de  la  machine, 
est  toujours  parfaitement  tendue  sur  le  cylindre  d’impression,  sans  aucun  pli,  ce  qui 
donne  un  résultat  bien  supérieur  aux  feuilles  de  décharge  employées  sur  les  machines 
plates,  feuilles  qui  sont  souvent  froissées  ou  plissées  et  qui  occasionnent  des  défauts 
d’impression;  de  plus,  la  décharge  continue  est  beaucoup  plus  économique  que  les 
feuilles  de  décharge. 

Guoupz  VI.  —  iv.  33 


ÎMI'I 


514 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


La  machine,  outre  la  bobine  de  décharge,  possède  un  appareil  Nelson,  appareil 
analogue  à  celui  employé  sur  les  machines  plates  et  composé  de  rouleaux  pelucheux 
enduits  de  paraffine. 

Cet  appareil  s’emploie  pour  les  travaux  ne  nécessitant  pas  la  charge  continue. 

Quand  la  machine  doit  faire  trois  impressions  du  même  côté,  l’autre  côté  restant 
blanc,  il  suffit  de  changer  le  sens  de  rotation  des  cylindres  d’impression  du  bas  et  de 
changer  aussi  le  sens  d’entrée  du  papier. 

Le  simple  déplacement  d’un  pignon  suffit  pour  obtenir  ce  résultat. 

Le  sens  de  rotation  des  cylindres  du  bas  étant  seul  à  changer  pour  permettre  au 
papier  de  passer  entre  les  cylindres  sans  se  retourner,  ce  changement  n’entraîne 
aucun  dérangement  dans  la  coupe ,  la  réception  et  le  pliage ,  ce  qui  est  un  très  grand 
avantage. 

En  faisant  des  divisions  dans  les  encriers,  on  voit  qu’on  peut  arriver  à  faire  des 
combinaisons  d’un  grand  nombre  de  couleurs. 

Après  l’impression,  la  bande  de  papier,  passant  au-dessus  d’une  table  qui  empêche 
les  poussières  du  papier  de  tomber  sur  les  cylindres  et  les  rouleaux  du  bas,  se  rend 
entre  les  cylindres  coupeurs  qui  la  divisent  en  feuilles;  les  cylindres  coupeurs  et  les 
appareils  de  réception  des  feuilles  non  pliées,  ainsi  que  les  appareils  de  pliage,  sont 
éloignés  des  cylindres  d’impression,  afin  de  laisser  un  certain  temps  à  l’encre  pour 
sécher,  et  aussi  pour  éviter  que  toutes  les  poussières  du  papier,  provenant  de  la  coupe 
et  du  papier  lui-même,  ne  viennent  couvrir  les  rouleaux  et  les  galvanos,  ce  qui  oblige¬ 
rait  a  arrêter  fréquemment,  pour  laver  les  formes  et  les  rouleaux,  opération  qui  fait 
perdre  un  temps  considérable. 

Après  le  coupage,  les  feuilles,  si  elles  ne  doivent  pas  être  pliées,  sont  prises  par  les 
pinces  d’un  cylindre,  puis  déposées  mécaniquement  sur  les  tables  à  recevoir. 

Quand  les  feuilles  doivent  être  pliées,  elles  sont  coupées  et  pliées  par  des  cylindres 
spéciaux,  puis  rangées  mécaniquement  et  parfaitement  dans  les  boîtes  de  réception. 

Il  n’y  a  aucun  cordon  pour  conduire  les  feuilles  au  cylindre,  qui  les  prend  à  l’aide 
de  pinces,  pour  les  déposer  sur  les  tables  à  recevoir,  ni  aucun  cordon  pour  obtenir  le 
pliage  des  feuilles  quand  elles  doivent  être  pliées. 

Cette  suppression  complète  des  cordons  est  un  perfectionnement  de  la  plus  grande 
importance;  les  cordons,  maculant  toujours  les  feuilles,  leur  suppression  permet 
d’obtenir  des  feuilles  sans  aucun  maculage. 

Les  avantages  de  cette  machine  se  résument  ainsi  :  très  grande  facilité  de  toutes  les 
fonctions,  mise  sous  presse,  changement  des  étoffes,  mise  en  place  et  réglage  des  rou¬ 
leaux,  engagement  du  papier,  distribution  et  touche  parfaites,  réception  des  feuilles 
non  pliées  et  pliage  sans  aucun  cordon; 

i  5°  Machine  rotative  double  pour  journaux  format  du  «  Figaro»,  pliant  les  journaux  de 
quatre  pages,  encartant  et  pliant  les  journaux  de  six  et  de  huit  pages. 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


515 


Cette  machine  est  formée  de  deux  machines  semblables,  complètes,  pouvant  s’ac¬ 
coupler  pour  marcher  ensemble  ou  pouvant  marcher  isolément  comme  deux  machines 
absolument  séparées. 

Chaque  machine,  étant  complète,  a  sa  commande  spéciale,  sa  bobine  de  papier, 
ses  deux  jeux  de  cylindres  d’impression,  pour  imprimer  les  deux  côtés  du  papier,  avec 
l’encrage  complet  de  ces  deux  jeux  de  cylindres  d’impression,  ses  cylindres  coupeurs  et 
plieurs,  ses  plieuses  et  sa  sortie  de  feuilles. 

Les  cylindres  des  clichés  de  chacune  des  machines  sont  disposés  pour  recevoir  huit 
clichés,  soit  deux  de  chaque  page,  pour  le  journal  à  quatre  pages;  les  bobines  de 
papier,  dans  leur  largeur,  contiennent  deux  exemplaires  du  journal  à  quatre  pages. 

La  disposition  de  ces  deux  machines  complètes  permet  de  faire  marcher  l’une  des 
machines  sans  faire  marcher  l’autre,  et,  quand  les  deux  machines  marchent  en  même 
temps,  sans  être  accouplées,  cette  disposition  permet  d’arrêter  l’une  des  machines  sans 
arrêter  l’autre.  Les  deux  machines  peuvent  donc  marcher  d’une  façon  absolument 
indépendante,  quand  elles  ne  sont  pas  accouplées. 

Dans  chacune  de  ces  machines,  les  cylindres  d’impression  sont  sur  une  même  ligne 
verticale,  de  façon  à  les  bien  dégager,  pour  faciliter  le  chargement  des  étoffes,  la  mise 
en  place  des  clichés ,  la  mise  en  place  des  rouleaux  et  l’engagement  du  papier  ;  l’avant 
de  la  machine  est  complètement  dégagé,  afin  de  rendre  l’accès  des  cylindres  très  facile. 

La  prise  d’encre  se  règle  très  facilement  :  le  preneur  prend  une  fois,  par  chaque 
tour  des  cylindres  ;  l’encre  se  transmet  à  la  table  à  encrer  par  une  série  de  rouleaux 
ayant  à  la  fois  un  mouvement  de  rotation  et  un  mouvement  de  va-et-vient. 

Des  rouleaux  distributeurs,  qui  ont  aussi  un  double  mouvement  de  rotation  et  de 
va-et-vient,  distribuent  parfaitement  l’encre  sur  la  table  à  encrer.  La  distribution  et 
la  touche  sont  très  complètes  dans  ces  machines;  des  toucheurs  de  gros  diamètre, 
parfaitement  supportés  et  très  faciles  a  régler,  tournant  toujours  sur  la  table  à  encrer 
et  sur  les  clichés,  donnent  une  touche  parfaite. 

Après  l’impression,  le  papier  est  engagé  entre  des  cylindres  coupeurs-plieurs  qui, 
après  avoir  coupé  les  feuilles,  les  plient  à  l’aide  de  lames  flexibles,  sans  l’aide  d’aucun 
cordon,  et  par  suite  font  le  pliage  sans  donner  aucun  maculage. 

Après  avoir  été  pliées  deux  fois  sur  les  cylindres,  les  feuilles,  qui  ont  toute  la  lar¬ 
geur  de  la  bobine  et  qui  contiennent  deux  exemplaires,  sont  coupées  par  un  disque 
tournant  avec  une  grande  vitesse,  puis  chaque  exemplaire  passe  sur  une  plieuse  pour 
recevoir  le  troisième  pli  et  est  ensuite  dirigé  vers  la  boîte  de  réception  et  rangé  verti¬ 
calement  par  un  piston  dans  cette  boite. 

Chaque  machine,  marchant  isolément,  imprime  donc,  coupe,  plie  avec  trois  plis 
les  journaux  de  quatre  pages  et  les  range  mécaniquement  dans  la  boîte  de  réception. 

Quand  le  journal  doit  avoir  six  ou  huit  pages,  les  deux  machines  sont  accouplées 
par  l’addition  d’une  seule  roue  qui  les  rend  solidaires  :  l’une  ne  peut  plus  marcher 
sans  l’autre. 


33. 


516 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


L’accouplement  pour  les  journaux  de  six  ou  de  huit  pages  est  indispensable  pour 
assurer  la  vitesse  régulière  et  nécessaire  à  chacune  des  machines  :  l’entraînement  par 
courroie,  par  suite  des  glissements  irréguliers  qui  peuvent  se  produire,  ne  pourrait 
suffire  pour  assurer  l’encartement  régulier  des  demi-feuilles  ou  des  feuilles  entières. 

Quand  le  journal  doit  avoir  six  pages,  l’une  des  machines  imprime  quatre  pages, 
l’autre  en  imprime  seulement  deux  et  doit,  par  conséquent,  marcher  à  une  vitesse 
moitié  de  la  première. 

Quand  le  journal  doit  avoir  huit  pages,  les  deux  machines  doivent  alors  marcher 
à  la  même  vitesse,  chacune  doit  imprimer  en  même  temps  quatre  pages. 

Les  deux  machines  étant  accouplées,  les  deux  bandes  de  papier  sont,  après  l’im¬ 
pression,  réunies  d’un  même  côté  et  engagées,  ainsi  réunies,  entre  les  mêmes  cy¬ 
lindres  coupeurs-plieurs;  de  cette  façon,  les  deux  bandes  de  papiers  sont  coupées  et 
pliées  en  même  temps,  ces  cylindres  coupeurs-plieurs  agissant  sur  les  deux  bandes 
réunies  comme  sur  une  seule;  le  coupage  et  le  pliage  étant  faits  après  la  superposi¬ 
tion,  les  feuilles  sont  ainsi  parfaitement  encartées  et  exactement  coupées  a  la  même 
longueur,  pour  le  journal  de  huit  pages,  ou  à  une  longueur  exactement  moitié  de 
l’autre,  pour  le  journal  à  six  pages. 

Après  avoir  reçu  les  deux  premiers  plis  sur  les  cylindres,  les  feuilles,  qui  contiennent 
deux  exemplaires  de  six  ou  de  huit  pages  chacun,  sont  coupées,  comme  pour  les 
exemplaires  de  quatre  pages,  par  un  disque  tournant  à  une  grande  vitesse,  puis 
chaque  exemplaire  de  six  pages  ou  de  huit  pages  passe  sur  une  plieuse  pour  recevoir 
le  troisième  pli,  et  est  ensuite  dirigé  et  rangé  mécaniquement  dans  la  boîte  de  récep¬ 
tion. 

Cette  nouvelle  machine  peut  donner  par  heure  : 

Aô,ooo  exemplaires  pliés  de  quatre  pages; 

22,000  exemplaires  encartés  et  pliés  de  six  ou  de  huit  pages. 

Mrae  veuve  Alauzet  et  M.  Tjquet.  —  Cette  maison  exposait  : 

i°  Une  presse  à  retiration  à  grand  développement  et  à  décharge; 

2°  Une  presse  rotative  pour  journaux; 

3°  Une  presse  en  blanc,  à  encrage  cylindrique; 

/i°  Une  presse  à  deux  couleurs; 

5°  Une  presse  typographique  à  pédale; 

6°  Une  presse  lithographique; 

7°  Une  presse  phototypique; 

8°  Une  petite  presse  à  épreuves  phototypiques; 

q°  Une  presse  en  taille-douce  (système  Marcilly  aîné). 

Presse  rotative  à  grande  vitesse  pour  journaux.  —  Cette  nouvelle  presse  rotative  , 
construite  spécialement  pour  le  tirage  des  journaux  mesurant  de  papier  o  m.  5ô  sur 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


517 


o  m.  77,  produit,  avec  une  seule  composition,  de  12,000  à  1/1,000  exemplaires  par 
heure  (les  clichés  sont  cintrés  dans  le  sens  de  la  hauteur  des  pages);  elle  possède  les 
avantages  suivants  : 

Le  système  d’encrage  est  remarquable  par  sa  précision  et  sa  régularité  :  une  dispo¬ 
sition  spéciale  permet  d’écarter  les  toueheurs  de  la  forme,  de  sorte  qu’on  les  laisse  en 
place  sans  les  abîmer. 

La  pression  se  règle  avec  une  seule  vis,  même  pendant  la  marche,  et,  par  cette  dis¬ 
position,  il  est  impossible  au  conducteur  de  brider  les  collets  des  cylindres. 

Toutes  les  roues  de  commande  sont  en  acier  et  leur  denture  est  hélicoïdale,  ce  qui 
la  fait  fonctionner  sans  secousse  et  sans  bruit. 

Un  débrayage  électrique  arrête  instantanément  la  marche,  dans  le  cas  où,  pour  une 
cause  quelconque,  le  papier  ne  passerait  pas  dans  la  machine,  ce  qui  supprime  un 
homme  au  débrayage.  Un  cylindre  d’impression  et  un  encrier  d’une  disposition  toute 
particulière  permettent  de  tirer  simultanément  les  annonces  en  plusieurs  couleurs. 

Nouvelle  presse  pour  taille-douce ,  système  Marcilly  aîné,  exposée  par  M.  Marcilly  et 
construite  par  la  maison  Vve  Alauzet  et  Tiquet.  —  Cette  presse,  d’une  construction 
très  soignée  et  très  solide,  donne  une  pression  très  forte  et  bien  régulière,  pouvant  se 
modifier  suivant  les  besoins. 

Elle  est  destinée  aux  travaux  soignés,  en  noir  ou  en  couleurs,  tels  que  :  illustrations 
de  luxe,  héliogravures,  eaux-fortes,  imagerie,  papiers  de  valeurs,  géographie,  etc. 

Les  différents  organes  sont  combinés  de  façon  à  se  régler  très  aisément  et  à  per¬ 
mettre  une  mise  en  train  prompte  et  facile. 

Cette  presse  a  le  grand  avantage  de  pouvoir  être  conduite  sans  difficulté ,  et  le  con¬ 
ducteur  peut  surveiller  sans  peine  les  opérations  multiples  que  comporte  ce  genre  de 
travail,  car  il  peut  en  suivre  toutes  les  phases  et  se  rendre  compte  du  résultat  ob¬ 
tenu,  à  chaque  moment  de  la  marche. 

L’essui  de  la  planche,  le  renouvellement  et  le  mouillage  des  chiffons  se  font  auto¬ 
matiquement;  chaque  essuyeur  est  animé  d’un  mouvement  particulier,  qui  peut  être 
changé  instantanément  pour  chacun  d’eux;  un  système  de  chauffage,  établi  sous  la 
planche,  permet  d’employer  des  noirs  très  fermes. 

Pointure  mobile  pour  obtenir  la  précision  du  repérage.  Un  frein  automatique  au 
volant  permet  d’arrêter  instantanément  la  presse  et  d’éviter  les  accidents. 

M.  J.  Voirin  a  exposé  les  machines  suivantes  : 

i°  Pédales  simplifiées. 

20  Pédales  perfectionnées;  renversement  facultatif  du  marbre;  vis  micrométrique; 
entraînement  de  la  platine  sur  le  marbre,  par  le  haut  et  par  le  nas. 

3°  Machine  typographique  fonêtionnant  à  la  pédale,  format  coquille,  taquets  de 
marge  placés  en  pince,  receveur  mécanique,  râtelier  à  rouleaux  attenant  à  la  machine. 


518 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


4°  Machine  typographique  format  raisin,  encrage  cylindrique  simple. 

5°  Machine  typographique  en  blanc  format  double  raisin,  à  double  encrage  cylin¬ 
drique,  quatre  toucheurs,  type  très  ramassé,  pointures  perfectionnées. 

6°  Machine  lithographique  de  grand  format,  pointures  perfectionnées,  abat-feuille, 
mouillage  automatique. 

Cette  machine  est  complétée  par  une  petite  grue  et  un  palan,  destinés  à  soulever  les 
pierres  de  grand  format  et  les  blocs  pour  imprimer  sur  zinc,  dont  jusqu’ici  les  mises 
sur  marbre  ont  été  dangereuses. 

7°  Machine  lithographique  double  raisin,  avec  margeur  automatique,  pointures  et 
abat-feuille,  receveur  mécanique,  double  touche  et  arrêt  facultatif  du  cylindre,  per¬ 
mettant,  sans  arrêter  la  machine,  sans  nécessiter  Remploi  des  maculatures,  de  modi¬ 
fier  la  loi  du  mouvement  du  cylindre  et  du  marbre ,  soulèvement  des  rouleaux  solidaire 
ou  indépendant  du  débrayage,  mouillage  automatique  réglable.  Rouleau  pour  faciliter 
la  mise  sur  marbre  de  la  pierre,  mouvement  de  la  platine  permettant  d’élever  rapide¬ 
ment  la  pierre  à  hauteur  du  chemin  des  galets. 

8°  Machine  à  retiration,  double  raisin,  à  grande  vitesse,  chargeurs  mobiles  à  vis. 

La  vitesse  de  i,3ooà  i,4oo  peut  être  maintenue  sans  danger. 

Entraînement  du  marbre  fait  par  crémaillère  mobile  et  pignon  fixe ,  ce  qui  supprime 
les  tendances  au  papillotage;  soulèvement  des  cylindres  obtenu  par  leur  balancement, 
foulage  réglable  à  la  manière  de  celui  des  machines  en  blanc. 

Vis  micrométriques. 

9°  Machine  phototypique,  double  touche,  arrêt  facultatif  du  cylindre,  soulèvement 
automatique  de  la  table,  cash  automatique. 

Petit  bloc  à  quatre  vis,  sur  platine  à  une  vis. 

Entre  autres  progrès  notables  réalisés  depuis  l’Exposition  universelle  de  1878,  il  y 
a  lieu  de  signaler  la  création  d’une  machine  phototypique  française  perfectionnée ,  et 
pouvant  lutter,  comme  modération  de  prix,  avec  celles  des  constructeurs  étrangers. 

M.  Derriey.  —  Les  machines  composant  l’exposition  de  M.  Derriey  peuvent  se  di¬ 
viser  en  cinq  classes  : 

Machines  à  platine  ; 

Machines  en  blanc; 

Machines  à  retiration  ; 

Machines  à  réaction; 

Machines  rotatives. 

Machines  à  platine.  —  Deux  modèles  sont  exposés  : 

L’un,  La  Parfaite ,  format  in-4°  raisin;  l’autre,  La  machine  chrom 0 typograp h iq ue,  à 
pointures,  format  raisin. 

La  Parfaite.  —  Dans  cette  machine,  le  marbre  est  fixe,  et  l’avancement  de  la  pla- 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


519 


tine  est  rigoureusement  parallèle  au  marbre,  ce  qui  présente  assurément  certains  avan¬ 
tages. 

Sa  construction  est  très  robuste,  et  l’on  peut  imprimer  dessus  des  formes  compactes 
ou  des  gravures,  ce  qui  ne  peut  se  faire  sur  certaines  machines  de  ce  genre  de  pro¬ 
venance  étrangère. 

La  distribution  d’encre  est  constante,  et  la  touche  donnée  par  trois  toucheurs  est 
complète,  en  ce  sens  que  les  trois  toucheurs  développent  entièrement  la  forme. 

L’action  des  rouleaux  peut  être  instantanément  suspendue;  le  recul  de  la  pression, 
dans  le  cas  d’une  feuille  mal  margée,  est  plus  grand  que  dans  les  autres  presses,  ce 
qui  évite  de  maculer  la  feuille.  Enfin  ses  dimensions  correspondent  exactement  aux 
formats  français. 

Presse  chromo  typographique.  —  Cette  machine  est  un  perfectionnement  de  La  Par - 
faite. 

Elle  possède  une  distribution  d’encre  double,  et  la  touche  est  également  doublée, 
c’est-à-dire  que  les  rouleaux  toucheurs  encrent  quatre  fois  la  forme  pour  chaque 
impression. 

Naturellement,  la  vitesse  de  la  machine  s’en  trouve  réduite,  et  le  fonctionnement, 
beaucoup  plus  lent,  de  la  platine  permet  de  placer  des  pointures,  afin  d’obtenir  des 
repérages  exacts  pour  la  chromotypographie. 

Par  le  simple  changement  d’un  excentrique,  l’action  des  toucheurs  peut  être  dé¬ 
doublée  pour  des  travaux  courants;  ce  qui  permet  de  doubler  à  peu  près  la  vitesse  de 
la  machine,  lorsque,  n’ayant  pas  de  travaux  de  luxe,  l’imprimeur  veut  utiliser  sa 
presse  pour  les  travaux  ordinaires  du  commerce. 

Machines  rotatives.  —  Machine  rotative  à  grande  vitesse  pour  l’impression  des  journaux. 
—  Cette  machine  ne  peut  être  utilisée  que  par  des  journaux  à  très  grand  tirage  et 
ne  disposant  que  de  peu  de  temps  pour  l’impression  de  leur  journal. 

La  machine  à  grande  vitesse  fonctionne  à  la  vitesse  de  3 6,000  exemplaires  d’un 
grand  journal  à  l’heure,  soit  18,000  feuilles  d’un  grand  journal  anglais  de  huit  pages. 

Cette  machine  est  des  plus  rapides.  La  vitesse  des  feuilles  à  la  sortie  est  de  1 8  ki¬ 
lomètres  à  l’heure.  Le  papier  est  dévidé  par  un  appareil  spécial  fonctionnant  simulta¬ 
nément  avec  la  machine  à  imprimer,  et  n’opérant  aucune  traction  sur  la  bobine. 
Cette  disposition  n’est  utile  qu’avec  de  très  grosses  bobines  et  nécessite  des  bobines 
bien  rondes  et  bien  serrées. 

La  machine  étant  destinée  à  de  très  longs  tirages,  on  a  disposé  un  gros  cylindre  de 
foulage  pour  l’impression  du  second  côté  de  la  feuille.  On  conçoit,  en  effet,  que,  la 
pression  ne  s’opérant  sur  le  même  blanchet  qu’une  fois  sur  deux,  puisque  le  cylindre 
comporte  deux  blanchets,  le  maculage  se  trouve  réduit  de  moitié. 

La  machine  est  très  basse  et  très  solide,  à  bâtis  unis  et  creux,  et,  malgré  la  grande 
vitesse,  on  ne  sent  aucune  vibration.  Les  feuilles  imprimées  sont  superposées  par  dix, 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


520 


cl  comme  chaque  feuille  comporte  deux  exemplaires  d’un  grand  journal,  c’est  vingt 
exemplaires  que  le  receveur  dépose  à  chaque  évolution  sur  la  table  de  réception, 

M.  Derriey  avait  exposé  en  outre  deux  modèles  de  machines  en  blanc,  dont  l’un, 
La  Productive,  est  avec  encrage  cylindrique  (dont  on  attribue  la  paternité  à  Frédéric 
Ixonig). 

La  machine  en  blanc  à  double  encrage  cylindrique  pour  travaux  de  luxe  est  du 
format  grand  double  jésus  (120  X  80).  Cette  machine  a  des  bâtis  creux  mis  en  de¬ 
hors.  Cette  forme  est  très  résistante,  d’un  nettoyage  facile,  et  convient  surtout  pour 
les  machines  d’une  certaine  dimension. 

Une  machine  en  retiration,  montée  trop  tardivement. 

Une  machine  à  réaction.  Cette  machine  ne  nécessite  pas  de  fosse.  Elle  est  donnée 
comme  pouvant  tirer  ‘5  00  exemplaires  à  l’heure. 

M.  Ch.  Barre  exposait  : 

Une  machine  lithographique  format  double  raisin.  Cette  machine  possède  un  sys¬ 
tème  de  calage  perfectionné,  à  quatre  vis;  un  encrier  à  réglage  facile  en  marche;  un 
système  de  double  touche  permettant  de  faire  encrer  deux  fois  la  pierre  par  une  seule 
révolution  du  cylindre. 

Une  machine  typographique  en  blanc,  format  double  raisin. 

Une  machine  typo  jésus  en  blanc  avec  touche  circulaire.  Cette  machine  est  deslinée 
à  faire,  en  grande  vitesse,  des  travaux  soignés,  avec  une  touche  très  régulière. 

Une  machine  typo,  format  demi-raisin,  imprimant  en  deux  couleurs.  Cette  machine, 
appelée  Petite  rotative,  permet  d’imprimer  sur  des  formes  plates.  Elle  fonctionne  avec 
rapidité,  ne  tient  pas  de  place  et  n’occupe  qu’un  seul  homme. 

Une  petite  rotative  demi-coquille.  Même  principe  que  la  rotative  en  deux  couleurs. 
Elle  ne  fait  qu’une  couleur.  La  feuille  se  reçoit  d’elle-même. 

En  dehors  des  machines  pour  l’imprimerie,  M.  Ch.  Barre  construit,  pour  la  pape¬ 
terie  et  la  reliure,  un  certain  nombre  de  machines. 

Machine  à  dorer  et  gaufrer  les  couvertures  de  livres,  dite  presse  genouillère. 

Presses  au  noir  et  à  dorer,  pour  dorer  et  imprimer  les  couvertures  de  livres,  figu¬ 
rant  déjà  à  l’Exposition  de  1878  : 

Coupe-papier  de  1  mètre  de  coupe  avec  embrayage  automatique  et  frein.  Ce  coupe- 
papier  s’arrête  seul  lorsque  la  lame  est  en  haut  de  sa  course. 

Cisaille  circulaire  pour  carton  ou  carte. 

Petite  presse  hydraulique  pour  relieurs.  Cette  petite  presse  possède  sa  pompe;  elle 
peut  se  déplacer  dans  un  atelier.  Réglée  pour  une  pression,  elle  se  déclenche  d’elle— 
même  et  ne  fonctionne  plus. 

Rouleau  à  endosser  pour  arrondir  les  dos  des  volumes  et  faire  les  mords,  emplace¬ 
ments  dans  lesquels  se  placent  les  cartons  de  la  couverture. 

Il  faut  mentionner  encore  dans  les  machines  typographiques  et  lithographiques  pour 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


521 


l’imprimerie,  les  machines  de  MM.  Baumhauer  (F. -Émile),  Dubois,  Harrissart  et  Cot- 
tet,  Durand,  Parrain  et  Gaigneur. 

Les  petites  machines  à  pédale  des  constructeurs  suivants  : 

M.  Vj  euxmaire  (Machine  à  imprimer  en  plusieurs  couleurs  mariées  et  d’un  seul 
tirage,  Tomni-typo );  MM.  Lhermite  frères  (une  machine  du  même  genre);  MM.  Mo- 
rane,  Magand  (machines  à  imprimer  les  cartes  de  visite);  MM.  Kientzy  frères  (machines 
à  imprimer  en  taille-douce);  MM.  Hache'e  (Léon),  Jouandon. 

Toutes  ces  machines  ont  figuré  dans  les  Expositions  précédentes.  Les  perfectionne¬ 
ments  que  les  constructeurs  y  ont  apportés  sont  certainement  appréciables,  et  ces 
machines  sont  appelées,  comme  leurs  devancières,  à  rendre  de  bons  services. 


MACHINES  POUR  LA  PAPETERIE. 

Les  petites  machines  à  imprimer  dont  il  vient  d’être  question  rendent  de  grands 
services  non  seulement  dans  les  imprimeries  proprement  dites,  mais  encore  chez 
d’innombrables  papetiers  et  libraires  qui,  depuis  la  liberté  de  l’imprimerie,  se  sont  mis 
à  faire  de  l’impression.  Dans  la  préface  de  ce  rapport,  il  a  été  expliqué  combien  étaient 
grandes  les  entraves  mises  à  la  liberté  de  l’imprimerie  avant  1870. 

A  côté  des  machines  à  imprimer,  grandes  et  petites,  se  trouvaient  groupées  toutes 
les  machines  employées  dans  la  papeterie,  l’imprimerie,  la  reliure  et  le  cartonnage. 

Ces  machines  concourent  à  la  fabrication  des  livres,  brochures,  journaux,  façon¬ 
nage  des  papiers  à  lettres,  enveloppes,  timbrage  des  papiers,  numérotage  des  obliga¬ 
tions,  foliotage  des  registres,  impressions  commerciales  et  administratives  de  tous 
genres,  et  ont  les  emplois  les  plus  variés  et  les  plus  multiples  qui  s’accroissent  chaque 
jour  de  nouvelles  applications. 

Mme  veuve  Alauzet  et  M.  Tiquet  pour  l’impression,  M.  Barre  pour  les  machines  de 
façonnages,  M.  Lenègre  pour  le  travail  de  reliure  et  de  dorure,  avaient  installé  une 
très  intéressante  exposition  collective  du  livre.  On  suivait  toutes  les  opérations  de  la 
fabrication  du  livre,  depuis  l’impression,  qui  se  faisait  sur  les  machines  de  la  maison 
Vve  Alauzet  et  Tiquet,  jusqu’à  la  dorure  et  le  gaufrage  des  couvertures,  qui  s’obte¬ 
naient  avec  une  série  de  machines  pour  la  reliure,  exposées  par  la  maison  Ch.  Barre. 

MM.  Lhermite  frères,  Hachée,  Foucher  frères,  dont  il  a  été  question  plus  haut, 
MM.  Dubois,  Harrissart  et  Cottet  exposaient  de  nombreuses  machines  pour  ces 
mêmes  industries.  Toutes  ces  machines  sont  connues  et  ont  figuré  dans  toutes  les 
Expositions  précédentes.  Elles  ont  été  perfectionnées  dans  leurs  détails,  dans  leurs 
formes. 

Ce  qu’il  convient  de  signaler,  ce  sont  les  machines  à  rogner  à  serrage  automatique, 
à  retour  rapide,  à  rogner  des  trois  côtés,  et  même  des  quatre  côtés.  La  maison  Lher¬ 
mite  avait  de  bons  modèles  de  ce  genre  de  machines,  très  employées,  surtout  dans  le 
façonnage  des  papiers  à  lettres. 


522 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Le  serrage  automatique  supprime  ce  travail  assez  pénible,  qui  se  faisait  à  la  main, 
et  les  rogneuses  des  trois  et  quatre  côtés  permettent  de  rogner  un  paquet  de  papier 
des  trois  ou  quatre  côtés,  sans  avoir  à  le  serrer  et  à  le  desserrer  à  chaque  coupe;  d’où 
économie  de  main-d’œuvre  et  de  temps. 

Les  machines  à  perforer,  dont  l’usage  s’est  généralisé,  présentaient  de  bonnes  dis¬ 
positions;  quelques-unes  étaient  montées  pour  marcher  au  moteur. 

Les  cisailles  circulaires,  avec  ou  sans  pointures  et  traceurs,  pour  le  découpage  des 
cartes  de  visite,  à  jouer,  des  menus,  des  feuilles  imprimées  pour  les  boîtes  d’allu¬ 
mettes,  fonctionnaient  avec  une  très  grande  régularité. 

Indépendamment  des  nombreuses  machines  spéciales  pour  les  industries  textiles, 
M.  Fernand  Dehaitre  exposait  de  petites  machines  pour  l’imprimerie  et  des  machines 
spéciales  pour  le  façonnage  du  papier. 

Machine  à  imprimer  «Le  Progrès ».  —  Ce  genre  de  machines  se  construit  sur  cinq 
types  de  différentes  grandeurs. 

Les  trois  premiers  types  marchent  habituellement  à  la  pédale,  et  les  deux  derniers 
au  moteur.  Les  avantages  suivants  peuvent  être  facilement  constatés  :  solidité  et  sim- 

Ges  machines  sont  montées  sur  un  socle  en  fonte  qui  relie  entre  elles  les  parties 
principales  de  la  machine.  Encrage  perfectionné  et  facultatif;  mouvement  de  relevage 
des  rouleaux;  horizontalité  de  la  mise  en  train;  le  plateau  portant  les  caractères  reve¬ 
nant  a  chaque  tour  à  la  position  horizontale,  les  corrections  et  les  changements  s’exé¬ 
cutent  très  facilement. 

Tirage  à  sec  et  sans  foulage,  en  noir,  en  couleur  et  en  retiration,  de  tous  les  travaux 
de  ville;  production  très  élevée  suivant  la  composition  et  le  format. 

Machine  à  étiquettes.  —  Ces  machines  se  construisent  sur  deux  types  de  différentes 
grandeurs,  pouvant  marcher  au  bras  ou  au  moteur;  elles  sont  rotatives  et  peuvent  em¬ 
ployer  le  timbre  sec  ou  le  timbre  humide  sur  papier  continu,  en  découpant  et  impri¬ 
mant  simultanément  l’étiquette. 

La  distribution  de  l’encre  est  à  l’abri  de  la  poussière ,  et  la  touche  des  rouleaux ,  va¬ 
riable  à  volonté,  ne  laisse  rien  à  désirer. 

Machines  à  rogner  le  papier,  le  carton,  les  étoffes,  etc.  —  Ces  machines  se  construisent 
sur  huit  types  de  différentes  grandeurs  et  sur  différents  modèles,  selon  le  travail 
quelles  ont  à  réaliser;  la  machine  exposée  est  du  modèle  extra-fort,  marchant  à  la 
main,  avec  retour  rapide  de  la  lame  (ce  type  peut  aussi  marcher  au  moteur  avec  une 
disposition  spéciale  pour  le  serrage  automatique),  avec  chariot  diviseur  et  équerre  de 
côté  mobile,  et  débrayage  automatique  arrêtant  la  lame  après  chaque  coupe. 

Ces  rogneuses  sont  très  répandues  dans  l’industrie  de  la  papeterie  et  dans  les  ma¬ 
gasins  pour  couper  les  échantillons. 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


523 


Machines  à  perforer.  —  L’usage  des  carnets  et  des  livres  à  souche  tendant  à  se  ré¬ 
pandre  de  plus  en  plus  dans  les  maisons  de  commerce  et  les  administrations,  on  a  été 
conduit  à  construire  ces  machines  sur  six  types  de  différentes  grandeurs. 

La  machine  exposée  est  faite  pour  le  format  raisin  (o  m.  70).  Les  poinçons  sont 
maintenus  fixes,  pendant  le  perforage,  par  le  guide,  qui  les  accompagne  pendant  leur 
descente  :  ils  ne  peuvent  donc  se  fausser;  ils  sont  montés  par  parties  de  0  m.  10, 
facilement  démontables  ;  une  vis  permet  de  relever  Tune  quelconque  de  ces  parties,  à 
volonté,  de  manière  à  augmenter  la  marge  ou  à  interrompre  la  ligne  de  perforage  s’il 
en  est  besoin. 

MM.  Michela  et  Cie  exposaient  un  système  tout  nouveau  de  machines  à  sténographier 
(système  Antoine  Michela,  d’Ivrée  [Italie]  pouvant  rendre  de  bons  services  pour  la 
reproduction  rapide  de  la  parole. 

Devant  le  jury,  il  a  été  reproduit,  avec  facilité  et  une  grande  fidélité,  un  article  lu 
à  haute  voix  dans  un  journal  anglais. 

Cet  ingénieux  appareil  occupe  fort  peu  de  place.  L’opérateur  a  devant  lui  un  clavier 
dont  les  touches  reproduisent  sur  un  ruban  de  papier  sans  fin,  qui  se  déroule  automa¬ 
tiquement,  des  signes  conventionnels. 

La  machine  à  plier,  satiner  et  coudre  le  papier,  de  MM.  Pfister  et  Stam,  avait  un 
plus  grand  cachet  de  nouveauté  et  mérite  d’être  signalée. 

Jusqu’ici,  il  semble  que  les  machines  à  plier  étaient  fort  peu  usitées  dans  la  pape¬ 
terie,  puisque  les  systèmes  connus  ne  s’appliquaient  guère  qu’à  un  seul  format,  ou 
bien  le  réglage,  en  cas  de  variation  du  format,  exigeait  des  manipulations  très  com¬ 
pliquées  et  dispendieuses,  des  déplacements  d’organes  et  des  tâtonnements  tellement 
longs  et  coûteux,  qu’il  n’v  avait  plus  de  bénéfices  et  que  les  ouvriers  perdaient  souvent 
patience. 

Il  fallait,  en  effet,  plier  d’abord  une  feuille  à  la  main,  très  exactement,  pour  lui 
faire  parcourir  lentement  la  machine,  en  réglant  successivement  les  pinces,  les  cou¬ 
teaux,  les  courroies,  les  repères,  etc.,  et  rarement  on  arrivait  à  plier  juste  du  premier 
abord,  et,  à  la  moindre  variation  de  l’impression,  de  la  mise  en  pages,  etc.,  c’était  à 
recommencer. 

Par  contre,  le  nouveau  principe  de  cette  plieuse,  et  par  conséquent  l’énorme  avan¬ 
tage  sur  toutes  les  machines  existantes,  consiste  dans  le  système  de  réglage  instantané 
et  très  facile.  On  se  repère  sur  les  chiffres  de  la  pagination ,  et  il  suffit  de  faire  coïncider 
des  aiguilles  de  repérage  avec  ces  chiffres,  au  moyen  de  vis  et  volants,  et  la  position 
des  repères  elle-même  détermine  automatiquement  le  réglage  de  tous  les  organes  fai¬ 
sant  les  plis. 

En  outre,  un  système  de  pose  des  feuilles  particulier  permet  de  placer  presque  le 
double  des  feuilles,  comme  dans  les  autres  machines,  l’avance  des  feuilles  ne  nécessi¬ 
tant  qu’un  jeu  de  doigts,  sans  que  les  bras  prennent  part  au  mouvement. 


524 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Avec  la  plieuse,  il  est  combiné  en  outre  un  appareil  à  coudre  faisant  en  même 
temps,  avec  la  pliure,  une  série  de  points  au  fil.  Les  cahiers,  ainsi  pliés  et  cousus, 
réunis  en  collant  la  couverture  sur  le  dos ,  forment  une  brochure  et  même  une  reliure 
très  solide. 

La  machine  à  graver  de  M.  Landa,  bien  que  connue,  présente  un  certain  intérêt  et 
mériterait  d’être  plus  employée;  elle  rendrait  de  grands  services  aux  imprimeurs  dont 
la  célérité  dans  l’exécution  de  leurs  travaux  n’est  pas  la  vertu  dominante.  Dans  un  grand 
nombre  de  cas,  la  machine  de  M.  Landa  peut  remplacer  avantageusement  la  main  des 
écrivains  et  des  graveurs,  parfois  trop  capricieuse,  paraît-il. 

M.  Rochette  avait  réuni  ses  diverses  machines  à  découper,  à  gommer  et  plier  les 
enveloppes.  Ces  machines  peuvent  être  disposées  avec  prise  et  poussée  automatiques 
des  feuilles.  Il  exposait  en  outre  des  plieuses  à  pédale,  des  plieuses  universelles,  des 
machines  à  façonner  les  papiers,  des  machines  à  rainer  ou  tracer. 

Un  ingénieux  mouvement  de  débrayage,  appliqué  aux  machines  à  plier  les  enveloppes, 
arrête  celles-ci  quand  une  enveloppe  est  mal  engagée. 

Les  machines  à  régler  et  quadriller  les  papiers  avec  pousseurs  automatiques,  à 
simple  ou  à  double  cylindre,  de  AL  Brissard,  ont  reçu,  elles  aussi,  de  nombreux  per¬ 
fectionnements  et  fonctionnent  avec  précision;  du  reste,  elles  avaient  déjà  été  remar¬ 
quées  aux  Expositions  précédentes. 

La  maison  Colley  (W.-W.)  et  Cie,  de  Londres,  exposait  une  machine  à  couper  le 
papier  en  bobines,  et  une  machine  à  imprimer  et  découper  le  papier  en  bandes. 

MAL  Abadie  et  Cie  fabriquaient  devant  le  public,  dans  la  galerie  des  Alachines,  des 
cahiers  de  papiers  à  cigarettes,  à  l’aide  d’une  machine  extrêmement  ingénieuse,  dont 
les  mouvements  sont  combinés  de  telle  sorte  que  le  cahier  de  papier  à  cigarettes  sort 
de  la  machine  absolument  terminé.  Le  caoutchouc  servant  de  fermoir  est  placé  par  la 
machine  même.  Cette  machine  est  due  à  AI.  Gauchot,  en  collaboration  avec  AI.  Abadie. 

Enfin  la  classe  58  réunissait  toutes  les  industries  secondaires  apportant,  elles  aussi, 
leur  contingent  de  petits  appareils  à  l’imprimerie,  la  papeterie,  la  reliure  et  le  carton¬ 
nage  : 

Caractères  en  acier,  en  cuivre  pour  l’imprimerie,  la  reliure,  la  dorure;  composteurs 
en  tous  genres;  poinçons,  matrices;  marques  de  fabriques,  marques  à  chaud;  numé¬ 
roteurs  et  compteurs;  timbres-vitesse;  alphabets  et  chiffres  gravés;  pierres  lithogra¬ 
phiques;  crampons  et  rouleaux  lithographiques;  griffes  et  pointures  pour  l’impression; 
pâtes  à  rouleaux;  appareils  pour  agrandir,  réduire  ou  déformer  les  dessins;  papiers 
autographiques;  coupoirs  biseautiers;  coupoirs  circulaires. 

Dans  la  préface  de  ce  rapport,  il  a  été  fait  mention  de  l’apparition  d’une  nouvelle 
industrie  qui,  semble-t-il,  n’existait  pas  en  France  en  1878  :  le  timbre  en  caoutchouc. 

En  1889,  cette  jeune  industrie  était  très  largement  représentée.  Tous  les  graveurs 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


525 


exposaient  des  cachets,  des  ponces,  des  plaques  pour  marquer  les  caisses,  des  rouleaux 
s’encrant  seuls  pour  l’impression  des  papiers  à  envelopper,  de  tous  genres  et  de  toutes 
les  dimensions,  des  cachets  de  bureau  et  portatifs,  des  caractères  en  caoutchouc  avec 
corps  en  métal,  des  roues  de  numéroteurs,  des  lettres  et  festons  pour  tracer  la  bro¬ 
derie. 

Ces  produits  en  caoutchouc  coûtent  bon  marché,  sont  livrés  rapidement  et  don¬ 
nent  des  épreuves  suffisamment  nettes  pour  les  usages  divers  auxquels  ils  se  prê¬ 
tent.  Ces  avantages  sont  bien  réels  et  justifient  la  faveur  avec  laquelle  on  a  accueilli  ce 
nouveau  genre  de  timbres. 

Le  matériel  nécessaire  à  la  fabrication  des  timbres  en  caoutchouc  était  exposé  par 
quelques  maisons. 

Quelques  exposants  montraient  des  systèmes  d’autocopistes  plus  ou  moins  par¬ 
faits. 

Ce  système  de  reproduction  a  pour  base  les  encres  cl’aniline.  Ces  autocopistes 
fonctionnent  surtout  bien  quand  on  s’en  sert  constamment. 

Des  épreuves  très  réussies  ont  été  soumises  au  jury. 


526 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


SECTION  III. 

MATÉRIEL  ET  PROCÉDÉS  DE  LA  TEINTURE,  DU  BLANCHIMENT, 
DES  APPRETS  ET  DES  IMPRESSIONS  DES  ÉCHEVEAUX  ET  DES  TISSUS. 


Il  est  regrettable,  nous  l’avons  dit  dans  Tavant-propos,  que  des  machines  et  des 
appareils  aussi  importants,  aussi  intéressants,  aussi  nombreux  que  ceux  désignés  par 
ce  titre  générique  n’aient  pas  eu  leur  classe  particulière. 

L’analogie  avec  les  machines  de  l’imprimerie  n’est  pas  assez  réelle  pour  permettre 
cette  confusion. 

Les  industries  du  papier  avaient  absorbé  des  emplacements  si  considérables,  dont 
quelques-uns  n’ont  été  que  tardivement  occupés,  qu’il  était  impossible  d’accorder  aux 
industries  dont  il  va  être  question  la  place  nécessaire. 

Les  étrangers  se  sont  abstenus  presque  complètement. 

Les  Etats-Unis  étaient  représentés  par  MM.  Klauder  brothers  (de  Philadelphie), 
qui  exposaient  une  machine  à  teindre  les  écheveaux,  laquelle  semblait  très  convenable, 
bien  que  ne  fonctionnant  pas  dans  l’Exposition ,  pour  certains  genres  de  couleurs  foncées. 

La  construction  de  cette  machine  laissait  à  désirer. 

Ce  système,  d’ailleurs,  n’avait  pas  non  plus  le  mérite  de  la  nouveauté. 

Certaines  sortes,  spéciales  pour  la  bonneterie,  doivent  réussir  dans  cette  machine. 

M.  Knecht  (Jacques)  exposait  dans  la  section  suisse  des  spécimens  de  gravures 
pour  l’impression  des  tissus. 

Il  n’est  pas  possible  de  comprendre  parmi  les  pays  étrangers  notre  chère  Alsace, 
qui  était  partout  si  bien  représentée. 

MM.  Steinlen  et  C,c  (anciens  ateliers  Ducommun  et  C1C)  avaient,  dans  un  pavillon 
particulier,  dans  la  cour  des  chaudières,  une  exposition  des  plus  remarquables. 

Tout  le  monde  connaît  la  légitime  réputation  des  ateliers  Ducommun  et  C1C. 

Il  est  à  regretter  que  cette  belle  exposition  n’ait  pu  être  prête  en  temps  opportun. 

Elle  occupait,  dans  son  pavillon  spécial,  une  superficie  de  Aoo  mètres  carrés. 

Les  machines  faisant  partie  de  la  classe  58  se  composaient  de  machines  pour  la 
gravure  des  rouleaux  d*impression,  et  des  machines  et  appareils  pour  l’essai  des  cou¬ 
leurs  et  des  apprêts,  de  machines  à  imprimer  les  tissus  à  une  et  deux  couleurs. 

Les  premières  de  ces  machines  étaient  représentées  par  : 

i°  Un  tour  à  tourner  les  molettes; 

20  Une  machine  à  diviser  les  molettes; 

3°  Une  machine  à  tracer  et  diviser  les  molettes; 

A°  Une  machine  à  relever  les  molettes; 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  EMPRESSIONS. 


527 


4°  Une  machine  à  couper  les  hachures  dans  les  fonds  des  rouleaux; 

6°  Un  tour  à  graver  les  rouleaux. 

La  seconde  partie  comprenait  : 

i°  Une  machine  à  imprimer  à  une  couleur; 

2°  Une  machine  à  enrouler  le  tissu; 

3°  Une  machine  à  apprêter  le  tissu; 

li°  Une  calandre  ; 

5°  Une  cuve  à  teindre  ; 

6°  Un  appareil  à  vaporiser  ; 

7°  Une  cuisine  à  couleurs. 

Tous  ces  appareils  et  machines,  très  bien  étudiés,  étaient  d’une  construction  très 
soignée. 

Les  machines  à  imprimer  les  tissus  présentaient  les  plus  heureuses  dispositions  et  un 
fini  d’exécution  tout  à  fait  remarquable. 

La  Société  alsacienne  de  constructions  mécaniques  exposait  des  machines  à  impri¬ 
mer,  à  sécher,  à  calandrer,  à  essorer  les  tissus,  une  cuisine  pour  les  couleurs,  une 
machine  à  teindre  les  filaments  (système  Obermayer)  par  circulation  du  liquide  tinc¬ 
torial;  des  appareils  divers  pour  l’impression  et  la  teinture.  Tous  ces  machines  et  ap¬ 
pareils  présentaient  de  bonnes  dispositions  et  étaient  très  bien  construits. 

M.  Sciiultz  (Frédéric)  avait  réuni  dans  son  exposition  de  bons  spécimens  de  tours 
pour  la  gravure  des  rouleaux,  pour  la  division  des  molettes;  un  type  de  machine  à 
tamiser  les  couleurs  pour  l’impression. 

Ces  machines  étaient  d’une  bonne  facture. 

MM.  Buffaud  (B.)  et  Robatel  (T.),  ancienne  maison  Buffaud  frères. 

Déjà,  en  1878,  cette  maison  exposait  8  essoreuses  de  différents  systèmes;  des 
machines  à  cheviller,  à  étirer  les  soies. 

En  1889,  MM.  Buffaud  et  Robatel  exposaient  : 

Une  essoreuse  à  bras  et  à  panier  de  0  m.  5o  ; 

Une  essoreuse  à  moteur  direct,  mouvement  en  dessous,  panier  de  0  m.  76; 

Une  essoreuse  à  courroie,  mouvement  en  dessous,  panier  de  0  m.  90; 

Une  essoreuse  à  moteur  direct,  mouvement  en  dessous,  panier  de  1  mètre; 

Une  essoreuse  même  système,  de  1  m.  20,  avec  déchargement  en  dessous; 

Une  essoreuse  électrique  avec  panier  caoutchouté; 

Une  machine  à  laver  les  écheveaux; 

Une  chevilleuse  de  huit  chevilles  à  moteur  direct  ; 

Une  lustreuse  à  moteur  direct  et  chauffage  des  cylindres. 

L’essoreuse  dynamo-électrique  (système  G.  Lebors)  était  une  nouveauté  que  la  pra¬ 
tique  sanctionnera  plus  tard;  les  essoreuses,  les  chevilleuses  et  lustreuses,  bien 
qu’ayant  déjà  figuré  dans  d’autres  expositions,  n’en  étaient  pas  moins  d’une  très 
bonne  construction. 


528 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


M.  Chasles  (C. -Henri)  [ancienne  maison  Decoudun  et  Cie]  exposait  une  série  (f’es- 
soreuses  de  modèles  divers,  des  machines  à  laver  pour  le  blanchissage  du  linge,  un 
séchoir,  et  quelques  machines  pour  les  apprêteurs ,  les  teinturiers-dégraisseurs  et  le 
blanchissage  du  linge. 

M.  Depierre,  avait  des  spécimens  de  rouleaux  en  métal  blanc,  pour  l’impression  des 
tissus.  Ce  métal  devra  faire  ses  preuves. 

Il  coûte  moins  cher  que  les  rouleaux  en  cuivre  ordinairement  employés. 

M.  Descombes  exposait  une  série  de  chaudières  à  feu  nu  et  à  double  fond  pour 
les  teinturiers-dégraisseurs;  un  cylindre  de  collage,  et  une  bonne  disposition  de  ser¬ 
pentins  mobiles  pour  le  chauffage  des  chaudières. 

MM.  Lucien  Fay  et  Hauschel  et  Cie  avaient  des  machines  à  teindre  mécaniquement 
la  laine  peignée  et  autres  textiles. 

Ces  machines,  présentées  sous  forme  de  petits  modèles,  procèdent  du  même 
système  :  circulation  forcée  par  le  vide,  la  pression  ou  autre  agent,  du  liquide  tincto¬ 
rial  au  travers  des  substances  a  teindre. 

La  machine  Obermayer,  première  en  date,  opère  de  même. 

Aucune  de  ces  machines  n’était  en  marche. 

Il  est  indéniable  qu’elles  représentent  une  grande  somme  de  travail,  un  grand  pas 
fait  en  avant,  qu’elles  renferment  des  idées  qui  méritent  d’être  étudiées,  mais  le  jury 
n’a  pu  se  rendre  un  compte  exact  des  résultats,  aucune  de  ces  machines  ne  fonctionnant. 
En  outre,  il  existe  une  grande  variété  de  machines  du  même  genre,  et  on  a  pris  de  très 
nombreux  brevets  sur  ce  procédé  de  teinture. 

MM.  Kientzy  frères  avaient  exposé,  à  côté  de  leur  calandre  à  papier,  une  grande 
calandre  pour  les  étoffes,  avec  un  mouvement  de  friction. 

Cette  machine,  bien  que  d’un  modèle^  ancien,  était  robuste  et  d’une  bonne  con¬ 
struction. 

M.  C.  Corron  ( Teinturerie  stéphanoise ).  —  La  machine  a  teindre  au  large,  système 
C.  Corron,  réalise  d’une  manière  simple  et  pratique  une  opération  désirée  depuis  long¬ 
temps  par  les  bons  teinturiers. 

Elle  se  compose  d’un  bac  dans  lequel  est  disposé  un  double  fond  récepteur  à  claire- 
voie,  au-devant  duquel  existe  un  rouleau  d’appel.  A  l’arrière  de  ce  double  fond,  se 
trouve  placé  un  rouleau  conducteur. 

Le  bac  de  teinture  est  d’ailleurs  surmonté  d’un  rouleau  distributeur,  placé  à  l’extré¬ 
mité  de  deux  bras  de  levier  oscillant  autour  des  axes,  et  porteurs  chacun  cl’un  contre¬ 
poids  d’équilibre. 

Le  distributeur  est  animé  d’un  mouvement  de  va-et-vient,  au  moyen  de  bielles 
actionnées  par  des  plateaux  manivelles  calés  sur  l’arbre  intermédiaire  placé  à  l’avant  du 

Il  a  cto  déjà  parlé  de  cette  calandre  dans  les  machines  à  papier. 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


529 


bac,  et  actionné  par  l’arbre  de  commande  de  la  machine  portant  les  poulies  fixe  et 
folle,  munies  dun  débrayage  pour  arrêter  ou  mettre  en  marche  l’appareil. 

Les  avantages  de  cette  machine  consistent  : 

i°  Dans  une  grande  facilité  de  travail,  un  seul  ouvrier  pouvant  surveiller  plusieurs 
bacs  et  se  rendre  compte,  d’une  manière  absolue,  des  effets  qui  se  produisent  pendant 
l’opération,  puisque  toutes  les  parties  de  la  pièce  apparaissent  successivement  et  conti¬ 
nuellement  dans  toute  la  largeur; 

2°  Dans  une  grande  régularité  de  nuance  obtenue  par  le  seul  fait  du  travail  au  large 
et  en  continu  ; 

3°  Dans  la  possibilité  d’éviter  le  feutrage,  les  froissements,  les  cassures,  ou  autres 
malfaçons  qui  se  produisent  toujours  dans  la  teinture  des  pièces  en  boyau,  en  plus  ou 
moins  grande  quantité,  suivant  la  nature  des  étoffes. 

L’adoption  de  cet  appareil  s’impose  donc  dans  tous  les  ateliers  désireux  de  bien 
faire. 

Machine  à  teindre  les  écheveaux,  système  Corron.  —  Dans  cette  machine,  qui  a  reçu  de 
nombreux  perfectionnements,  M.  C.  Corron  a  cherché  à  reproduire,  aussi  exactement 
que  possible,  les  diverses  phases  du  travail  manuel  :  le  trempage  par  circulation,  le 
lisage  et  le  levage. 

Les  écheveaux  sont  placés  sur  des  guindres  en  bois  reposant  sur  des  cadres  mobiles. 
D’ingénieuses  dispositions  mécaniques  font  exécuter  à  chaque  guindre,  et  successive¬ 
ment,  tous  les  mouvements  du  travail  à  la  main. 

Un  système  de  levage,  placé  au-dessus  de  chaque  machine,  permet  d’enlever  rapi¬ 
dement  du  bain  les  écheveaux  teints. 

Ces  machines  sont  déplus  en  plus  employées;  elles  économisent  une  main-d’œuvre 
considérable. 

Cette  dernière  machine,  moins  perfectionnée,  figurait  déjà  à  l’Exposition  de  1878.  Il 
en  est  de  même  de  l’essoreuse  à  fil  droit  et  de  la  machine  à  secouer,  que  M.  Corron 
avait  de  nouveau  exposées. 

La  machine  à  teindre  en  pièces  avait  surtout  l’attrait  d’une  nouveauté,  et  tout  fait 
supposer  que  cette  machine  pourra  rendre  de  bons  services  dans  l’industrie  de  la  tein¬ 
ture. 

M.  Fernand  Dehaitre.  —  Les  machines  et  appareils  qui  se  rattachent  aux  industries 
du  blanchiment,  de  la  teinture,  de  l’impression  et  des  apprêts  pour  les  étoffes,  consti¬ 
tuent  aujourd’hui  un  nombreux  matériel  employé  par  de  grandes  usines,  qui  produisent 
journellement  des  quantités  considérables  d’étoffes  de  tous  genres,  auxquelles  elles 
donnent  la  couleur,  l’aspect,  le  toucher;  en  un  mot,  le  fini  composé  de  toutes  les  qua¬ 
lités  particulières  que  doit  posséder  chaque  étoffe  pour  la  vente  et  l’usage  auquel  elle 
est  destinée. 

34 


Groupe  VI.  —  iv. 


IMPRIMERIE  NATIONALE. 


530 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Les  industries  qui  viennent  d’être  énumérées  agissent  tantôt  sur  les  matières  brutes, 
tantôt  sur  les  fds  sortant  de  la  filature,  pour  les  préparer  convenablement  à  réaliser 
les  étoffes  que  ces  fils  doivent  produire,  tantôt  sur  les  étoffes,  au  sortir  du  tissage. 

Si  l’on  réfléchit  que  ces  nombreuses  opérations  se  font  soit  avec  des  variantes,  soit 
avec  des  changements  radicaux  nécessités  par  les  différentes  matières  textiles  :  laine, 
coton,  soie,  lin,  chanvre,  jute,  china,  etc.,  on  s’explique  alors  la  nécessité  d’un  outil¬ 
lage  puissant  et  approprié  aux  résultats  si  variés  qu’il  faut  obtenir  dans  la  production 
des  innombrables  sortes  d’étoffes  constituées  avec  les  principaux  textiles  ci-dessus 
énoncés. 

Malgré  l’importance  et  le  nombre  des  objets  exposés  par  cette  maison,  il  est  facile 
de  concevoir  que,  en  raison  de  la  grande  variété  de  ses  machines,  elle  n’a  pu  exposer 
que  quelques  types,  choisis  parmi  les  appareils  relatifs  à  chaque  nature  de  textile,  ou 
pouvant  servir  à  la  fois  à  des  textiles  différents. 

Pour  plus  de  clarté  dans  les  explications  qui  vont  suivre,  la  classification  suivante  a 
été  adoptée  pour  les  appareils  exposés. 

§  1.  Appareils  convenant  au  traitement  des  tissus  de  divers  textiles. 

Dans  cette  catégorie  se  trouve  tout  d’abord  une  série  d’essoreuses,  servant  à  extraire 
les  liquides  des  matières  qui  les  contiennent,  soit  en  blanchiment,  teinture  ou  apprêts. 

Cette  série  se  compose  de  : 

i°  Une  petite  essoreuse  de  laboratoire,  marchant  à  la  main,  panier  en  cuivre  étamé 
de  o  m.  20  de  diamètre,  commandé  par  friction,  avec  frein  et  débrayage; 

2°  Une  essoreuse  à  mouvement  en  dessous,  panier  en  cuivre  étamé  de  î  mètre  de 
diamètre,  commandé  par  friction  placée  en  dessous  du  panier,  ce  qui  permet  de  laisser 
celui-ci  complètement  à  découvert  pendant  les  opérations  du  chargement  et  du  déchar¬ 
gement  ; 

3°  Une  essoreuse  à  mouvement  en  dessus ,  à  arcade  double ,  panier  en  cuivre  étamé 
de  î  mètre  de  diamètre,  commandé  par  friction,  marchant  par  courroie; 

k°  Une  essoreuse  a  moteur  direct,  à  arcade  double,  panier  à  âme  recouvert  entière¬ 
ment  d’une  enveloppe  en  caoutchouc  dur,  adhérant  absolument  avec  Taine  métallique 
et  tournée  sur  le  panier. 

Cette  disposition  spéciale  a  pour  but  de  permettre  l’essorage  des  matières  traitées  par 
les  acides  liquides ,  sans  détériorer  le  panier;  elle  remplace*  aveu  grand  avantage  l’ancien 
panier  en  cuivre  doublé  de  plomb,  source  d’ennuis  de  toute  nature. 

Le  nouveau  panier,  avec  garniture  en  caoutchouc,  du  système  Lacollonge  (breveté 
s.  g.  d.  g.)  est  à  la  fois  solide  et  léger;  il  est  toujours  parfaitement  équilibré;  la  force 
motrice  absorbée  n’est  pas  plus  grande  que  celle  employée  par  les  autres  paniers,  ainsi 
que  le  montre,  d’une  manière  pratique,  le  petit  moteur  qui  actionne  cette  essoreuse. 

Le  liquide  acidulé,  en  s’échappant  par  les  trous  de  la  périphérie  du  panier,  ne 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


531 


peut  corroder  celui-ci,  car  les  trous  sont  percés  en  plein  dans  le  caoutchouc,  ce  qui 
empêche  tout  contact  avec  une  partie  métallique. 

Cette  machine  s’applique  surtout  aux  opérations  de  l’épaillage  chimique  des  laines, 
des  draps,  de  certaines  opérations  dans  la  teinture  des  soies;  en  un  mot,  toutes  les 
fois  qu’il  s’agit  d’extraire  des  liquides  acides  d’objets  ou  de  matières  à  essorer; 

5°  Une  essoreuse  au  large,  nouveau  modèle,  système  J.  Varinet,  de  Sedan  (bre¬ 
veté  s.  g.  d.  g.)  spéciale  pour  tous  les  tissus  qui  craignent  les  plis  ou  les  cassures  dans 
les  diverses  opérations  de  l’apprêt  ou  de  la  teinture,  comme  les  draps  de  laine,  les  ve¬ 
lours  de  coton,  les  soieries,  etc. 

La  machine  exposée,  et  qui  était  en  mouvement,  est  construite  pour  des  étoffes  de 
î  m.  20  de  large,  mais  il  s’en  construit  couramment  pour  draps  de  î  m.  8o  et  de 
2  mètres  de  large. 

L’étoffe  est  enroulée  dans  toute  sa  largeur  sur  un  rouleau  que  Ton  dispose  ensuite 
facilement  dans  une  sorte  de  berceau  diamétral,  faisant  corps  avec  l’arbre  de  l’esso¬ 
reuse.  L’axe  longitudinal  tourne  pendant  l’essorage  dans  un  plan  horizontal. 

Ce  système  permet  de  réaliser  au  large  l’essorage  et  d’éviter  ainsi  tous  les  plis  ou 
cassures  qui  se  produisent,  lorsque  cet  essorage  est  pratiqué  sur  l’étoffe  placée  en  bou¬ 
din  dans  les  paniers  ordinaires.  On  sait  que  ces  plis  et  cassures  sur  les  étoffes  ne  dis¬ 
paraissent  plus,  malgré  les  apprêts  nombreux  qui  suivent,  et  qu’ils  sont,  pour  les  in¬ 
dustriels  ,  la  source  de  sérieux  mécomptes  ; 

6°  Un  appareil  pour  la  cuisson  des  bois  de  teinture.  —  Cet  appareil  sert  à  la 
fabrication  d’extraits  de  campêcbe,  bois  jaune,  etc.,  permettant  de  faire,  a  coup  sûr, 
des  nuances  plus  vives  et  plus  fraîches,  ayant  plus  de  fleur. 

L’appareil  est  en  cuivre,  timbré,  et  s’établit  en  plusieurs  dimensions; 

7°  Une  machine  à  griller  les  tissus,  par  le  gaz,  système  Blanche,  avec  rampes 
Descat-Leleux  brevetées  s.  g.  d.  g.  —  L’opération  du  grillage  a  pour  but  d’enlever 
les  duvets,  poils  et  autres  fdaments  ténus  qui  se  trouvent  à  la  surface  des  étoffes;  la 
flamme  du  gaz  pénètre,  fouille  dans  les  pieds  des  fibres,  sans  attaquer  l’étoffe  en  au¬ 
cune  façon ,  ce  qui  assure  à  celle-ci  une  netteté  de  surface  et  de  contours  de  dessins 
obtenus  par  le  tissage,  netteté  qu’il  serait  impossible  d’atteindre  par  d’autres  moyens. 

L’étoffe,  ainsi  rendue  nette,  est  tout  à  fait  apte  à  recevoir  d’une  manière  régulière 
le  blanchiment,  la  teinture,  l’impression,  etc. 

La  machine  exposée  est  à  quatre  rampes  permettant  de  griller  en  un  seul  passage 
l’endroit  et  Tenvers  des  tissus. 

Le  gaz  employé  est  généralement  le  gaz  ordinaire  d’éclairage. 

Chaque  rampe,  par  suite  d’une  disposition  brevetée  s.  g.  d.  g.,  produit  une  flamme 
unique  dont  on  peut,  à  volonté,  varier  la  largeur,  suivant  celle  des  tissus  à  griller. 

On  obtient  une  haute  température  en  injectant  de  l’air  dans  les  rampes  et  en  le 
mélangeant,  sans  pression,  avec  le  gaz  au  moment  de  la  combustion; 

8°  Machine  à  apprêter  à  feutre  sans  fin ,  précédée  d’un  élargisseur,  système  Palmer, 


532 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


dune  chambre  chaude  et  d’un  foulard  d’apprêt,  disposition  d’ensemble  brevetée  s.  g.  d.  g. 
—  Cette  puissante  machine  se  compose  généralement  : 

D’un  foulard  à  deux  rouleaux  pour  mettre  au  besoin  la  matière  d’apprêt  (fécule, 
gomme,  dextrine,  etc.)  dans  l’étoffe; 

D’une  chambre  chaude  de  circulation  du  tissu,  avec  chauffage  par  la  vapeur  et  ven¬ 
tilation,  pour  enlever  une  grande  partie  de  l’humidité  contenue  dans  le  tissu.  La  place 
faisant  défaut,  cette  chambre  chaude  et  ce  foulard  ont  dû  être  supprimés; 

D’un  élargisseur  Palmer,  ayant  pour  but  de  rendre  au  tissu  sa  largeur  primitive, 
perdue  par  les  différentes  opérations  de  la  teinture,  de  redresser  en  même  temps  les 
fils  de  trame; 

D’un  grand  cylindre  en  acier  poli,  à  double  enveloppe,  diamètre  2  m.  5o,  largeur 
1  m.  80,  recevant  la  vapeur  dans  l’enveloppe  intérieure.  Ce  cylindre  est  accompagné 
dans  son  mouvement  de  rotation  par  un  feutre  sans  fin  qui  l’enveloppe  presque  entiè¬ 
rement;  après  le  passage  à  l’élargisseur  Palmer,  l’étoffe  est  immédiatement  prise  entre 
la  surface  du  grand  cylindre  chauffé  et  le  feutre  qui  circule  en  contact  avec  elle,  de 
sorte  qu’une  face  de  l’étoffe  est  sur  le  cylindre ,  et  l’autre  sur  le  feutre.  Sous  l’influence 
de  la  chaleur  et  de  la  pression  du  feutre,  des  effet  divers  se  produisent  sur  l’étoffe. 

Cette  machine,  qui  a  fonctionné  pendant  toute  la  durée  de  l’Exposition  sur  les  tis¬ 
sus  divers  de  laine,  de  coton,  de  soie,  etc.,  est  capable  d’une  grande  production;  elle 
exige  peu  de  main-d’œuvre  et  de  force  motrice,  et  est  également  très  employée  pour 
tous  les  tissas  légers  et  moyens. 

§  2.  Appareils  construits  pour  les  tissus  de  laine  et  mélangeas. 

90  Une  presse  à  chaud  continue  à  pression  hydraulique ,  brevetée  s.  g.  d.  g.  — 
Cette  machine  se  compose  principalement  d’une  cuvette  en  fonte ,  reposant  sur  un  fort 
sommier  et  facilement  réglable,  avec  un  cylindre  à  forts  tourillons  tournant  d’un 
mouvement  continu  dans  les  deux  coussinets  de  la  partie  supérieure  des  bâtis. 

Le  sommier  qui  porte  la  cuvette  est  attelé  à  chaque  extrémité  a  un  piston  de  presse 
hydraulique  située  sur  les  bâtis  de  la  machine,  et  dans  lesquels  on  injecte  de  l’eau  à 
l’aide  d’une  petite  pompe,  avec  accumulateur  pour  produire  la  pression  de  la  même 
manière  que  dans  les  presses  hydrauliques  ordinaires. 

Entre  la  cuvette  et  le  cylindre  tournant,  on  peut  à  volonté  interposer  un  feutre  sans 
fin  qui,  par  la  pression  que  Ton  donne  par  la  cuvette,  se  met  en  contact  plus  ou  moins 
énergique  avec  le  cylindre,  en  suivant  toujours  d’une  manière  continue  la  surface  de 
ce  cylindre,  dans  la  partie  qui  travaille  avec  la  cuvette.  Le  cylindre  et  la  cuvette  sont 
chauffés  par  la  vapeur. 

L’étoffe  à  apprêter,  après  avoir  été  convenablement  embarrée,  est  dirigée  entre  le 
feutre  et  le  cylindre  tournant,  où  elle  reçoit  à  la  fois  la  chaleur  et  la  pression  hydrau¬ 
lique,  qui  peut  être  énergique  selon  les  besoins. 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


533 


On  réalise  ainsi  un  apprêt  de  finissage  particulier,  solide  et  durable,  qui  ne  néces¬ 
site  qu’une  faible  main-d’œuvre.  On  évite  ainsi  pour  la  plupart  des  cas  la  manutention 
longue  et  coûteuse  de  la  mise  en  carte; 

io°  Machine  à  former  et  à  fixer  les  dos  des  tissus  doublés,  brevetée  s.  g.  d.  g.  — 
Cette  machine  est  combinée  avec  un  appareil  de  doublage ,  puis  la  pièce  doublée  passe 
sur  deux  cylindres  chauffés  par  la  vapeur  et  entourés  chacun  d’un  feutre  sans  fin  cir¬ 
culant  d’une  manière  continue  avec  son  cylindre. 

Comme  dans  la  machine  à  apprêter  précédemment  décrite,  l’étoffe  passe  entre  le 
feutre  et  la  surface  du  cylindre;  seulement,  dans  le  cas  qui  nous  préoccupe,  elle  est 
doublée;  c’est  pourquoi  son  passage  sur  les  deux  cylindres  s’impose,  afin  que  la  même 
face  du  tissu  soit  en  contact  avec  un  organe  d’apprêt,  c’est-à-dire  que,  si  sur  le  pre¬ 
mier  cylindre  c’est  l’endroit  de  la  première  partie  de  l’étoffe  doublée  qui  passe  en  con¬ 
tact  avec  la  surface  en  acier,  c’est  encore  l’endroit  de  la  seconde  partie  de  cette  même 
étoffe  qui  passera  en  contact  avec  la  surface  en  acier  du  second  cylindre,  de  telle 
sorte  que,  lorsque  l’étoffe  sera  dédoublée,  le  même  apprêt  existera  sur  les  deux  parties 
de  la  même  face. 

On  voit  donc  bien  que,  par  l’emploi  combiné  de  cette  partie  et  de  la  précédente,  on 
peut  supprimer  entièrement,  pour  l’apprêt  de  beaucoup  de  tissus,  les  manutentions 
longues  et  coûteuses  de  l’encartage  et  de  la  mise  en  presse,  et  marcher  ainsi  en  con¬ 
tinu;  c’est  le  but  que  M.  F.  Dehaitre  poursuivait  depuis  de  longues  années. 

S  3.  Appareils  pour  les  fils  et  tissus  de  coton  et  mélange's, 

LE  LIN,  LE  CHANVRE,  LE  JUTE,  ETC. 

ii°  Nouvelle  machine  à  oxyder  pour  le  développement  en  continu  du  noir  cV aniline  (sys¬ 
tème  Preibisch,  breveté  s.  g.  d.  g.).  —  Il  n’a  été  exposé  qu’un  plan.  La  machine  même 
n’a  pu  être  exposée  à  cause  de  l’emplacement  relativement  grand  qu’elle  occupe, 
12  mètres  de  long  sur  h  mètres  de  large  et  h  m.  5  o  de  hauteur. 

Le  principe  que  réalise  cette  machine  est  indiqué  par  la  dénomination  ci-dessus; 
elle  accuse  des  progrès  considérables  sur  ce  qui  était  pratiqué  jusqu’ici. 

«.  Elle  donne  un  noir  solide,  inverdissable  et  indégorgeable ,  inattaquable  aux 
acides  et  d’une  nuance  très  belle  et  très  régulière. 

b.  Elle  conserve  à  l’étoffe  toute  sa  solidité,  en  enlevant  les  vapeurs  d’acide  à  base 
de  chlore  au  fur  et  à  mesure  qu’elles  se  produisent  pendant  l’oxydation. 

c.  L’oxydation  se  fait  d’une  manière  régulière,  continue,  en  chambre  close,  sous  la 
surveillance  d’un  ouvrier,  qui  n’est  nullement  exposé,  dans  aucun  cas,  à  respirer  les 
vapeurs  nuisibles  du  chlore,  qui,  dans  l’ancien  procédé,  était  une  cause  de  ruine  de 
sa  santé. 

d.  La  production  est  relativement  élevée  :  un  seul  ouvrier,  sur  des  pièces  de  o  m.  8  o 
de  large,  peut  faire  l’oxydation  de  6,ooo  mètres  par  jour; 


534 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


12°  Machine  à  sécher  les  écheveaux  (système  Sulzer,  breveté  s.  g.  d.  g.).  —  Cette 
machine,  pour  la  même  raison  que  l’appareil  précédent,  n’a  pu  être  exposée  elle- 
même  à  cause  de  l’emplacement  occupé,  bien  que  cet  emplacement  soit  beaucoup 
moins  grand  que  celui  occupé  par  les  appareils  similaires  employés  ordinairement  pour 
le  même  usage. 

Le  séchage  dans  cet  appareil  se  fait  d’une  manière  méthodique  et  rationnelle,  et 
par  conséquent  très  économique;  il  marche  en  continu,  nécessite  peu  de  main-d’œuvre 
et  permet  d’avoir  des  écheveaüx  secs  dans  un  temps  relativement  très  court  ; 

1 3°  Calandre  hydraulique  à  trois  cylindres  remplaçant  avec  avantage  l’ancienne 
calandre  h  pierre,  qui  produisait  peu  et  nécessitait  un  emplacement  très  grand. 

La  calandre  ou  «  mangle  hydraulique  »  agit  à  froid  sur  des  tissus  enroulés  préalable¬ 
ment  sur  un  rouleau  de  gaïac  ou  de  charme.  La  nouvelle  machine  est  pourvue  d’un 
moteur  à  vapeur  à  deux  cylindres,  permettant  de  marcher  à  des  vitesses  différentes  et 
aussi  à  changement  de  marche  pour  calandrer  dans  les  deux  sens  de  rotation. 

Le  moteur  actionne  une  pompe  d’injection  hydraulique  en  communication  constante 
avec  un  accumulateur  de  pression ,  lequel  est  relié  à  son  tour  avec  deux  corps  de  presse 
hydraulique  placés  à  la  partie  supérieure  de  la  calandre  et  dont  les  pistons  sont  attelés 
aux  coussinets  qui  portent  le  cylindre  supérieur. 

Une  distribution  hydraulique,  placée  à  la  portée  de  l’ouvrier  qui  conduit  le  moteur, 
permet  de  mettre  instantanément  la  pression  de  l’accumulateur  dessus  ou  dessous  les 
pistons  des  corps  de  presse  dont  il  vient  d’être  question. 

La  même  machine  peut  servir  à  réaliser  le  moirage. 

Cette  machine  trouve  également  son  emploi  sur  les  tissus  de  soieries  et  les  tissus  de 
lin  et  de  chanvre  ; 

î  k°  Cylindre  à  friction  à  quatre  rouleaux.  —  Les  tissus  reçoivent  aussi  un  apprêt 
particulier,  connu  sous  le  nom  de  cylindrage,  par  leur  passage  sous  pression  entre  des 
cylindres  de  fonte  d’acier  chauffés  par  la  vapeur  ou  par  le  gaz  et  d’autres  cylindres  en 
papier  comprimé  ou  en  coton  comprimé. 

La  machine  exposée  de  ce  genre  était  composée  de  quatre  rouleaux  :  deux  en  fonte, 
deux  en  papier  comprimé. 

Le  premier  rouleau,  celui  du  bas,  est  en  fonte;  il  est  connu  sous  le  nom  de  massif 
ou  rouleau  de  soutien,  parce  qu’il  sert  à  maintenir  la  surface  en  papier  du  second  rou¬ 
leau  (qui  est  en  contact  avec  lui)  en  bon  état;  le  troisième  rouleau  est  en  fonte  d’acier 
chauffé  par  la  vapeur  ou  par  le  gaz;  le  quatrième  est  en  papier  comprimé. 

La  machine  est  munie  d’une  commande  pour  frictionner,  c’est-à-dire  donner  un 
brillant  particulier  à  l’étoffe  par  une  légère  avance  de  vitesse  développée  d’un  rouleau 
sur  l’autre. 

Cette  machine  est  actionnée  directement  par  un  petit  moteur  à  vapeur  à  deux 
cylindres.  La  construction  de  tout  l’ensemble  est  robuste  et  puissante,  de  manière  à 


PAPETERIE,  TEINTURES  ET  IMPRESSIONS. 


535 


pouvoir  réaliser  l’apprêt  du  cylindrage  et  de  la  friction  sur  les  plus  fortes  toiles  de 
coton,  de  lin,  de  chanvre,  de  jute,  etc.  Cette  calandre,  qui  est  munie  d’appareils  de 
protection  contre  les  accidents,  a  marché  tout  le  temps  de  l’Exposition. 

S  4.  Appareils  construits  plus  particulièrement  pour  la  soie. 

i  5°  Machine  à  lustrer  les  écheveaux  de  soie.  —  Le  lustre  ou  le  brillant  donné  aux  fils 
de  soie ,  de  tussah ,  etc. ,  s’obtient  par  l’action  simultanée  de  la  friction  en  tension  des 
écheveaux  et  d’un  vaporisage; 

La  machine  exposée  est  à  quatre  têtes;  elle  est  pourvue  d’un  mécanisme  permettant 
de  régler  la  tension  des  écheveaux  et  de  leur  communiquer  un  mouvement  de  rotation 
dans  la  vapeur  au  moment  du  vaporisage. 

i6°  Calandre  pour  les  soieries  nouveau  modèle.  —  Cette  machine  est  à  trois  rouleaux  : 
un  en  acier  très  poli,  chauffé  par  le  gaz,  et  deux  autres  en  papier  comprimé  spécial,  en 
contact  avec  le  rouleau  métallique.  Emharrage  à  l’avant.  Enroulage  à  la  sortie.  Dispo¬ 
sition  générale  pour  pouvoir  facilement  démonter  et  remonter  un  rouleau  quelconque. 
Pression  à  leviers  avec  réglage  perfectionné; 

170  Machine  à  dérompre  les  tissus  de  soie.  —  Cette  machine,  du  système  Garnier 
(breveté  s.  g.  d.  g.),  a  comblé  une  lacune  importante  dans  l’apprêt  des  soieries. 

Il  est  nécessaire,  surtout  dans  les  soieries  légères  et  communes,  de  maintenir  le 
tissu  en  y  incorporant  certaines  matières  d’apprêt,  mais  on  doit  éviter  que  cette  incor¬ 
poration  donne  au  tissu  un  mauvais  toucher  caractérisé  par  la  raideur  et  le  manque  de 
souplesse.  La  machine  à  dérompre  remplit  ce  but; 

180  Machine  à  garnir  les  soieries.  —  Cet  appareil,  du  système  Ridel  (breveté  s.  g. 
d.  g.),  favorise  le  gonflement  et  le  développement  des  fils  dans  les  tissus  de  soie  pure. 
Son  action  sur  ces  tissus  est  produite  par  une  série  de  peignes  à  dents  très  fines  et  très 
élastiques,  à  inclinaison  variable,  qui  agissent  sur  l’étoffe  lorsque  celle-ci  passe  à  leur 
contact,  entraînée  à  la  surface  d’un  tambour  garni  en  caoutchouc  dur,  sur  lequel  on 
met  un  bombage  de  quelques  tours  d’étoffe. 

Sur  cette  machine,  les  soies  teintes  en  pièces  retrouvent  la  souplesse  de  celles  qui  ont 
été  tissées  avec  des  fils  teints,  parce  que  l’action  des  peignes  détruit  la  trop  grande 
adhérence  et  la  raideur  que  la  pièce  a  contractée  dans  la  cuve  à  teindre.  Cette  action 
du  peigne  sur  les  fils  produit  en  même  temps  un  gonflement  et  un  moelleux  remar¬ 
quable  sur  toute  l’étoffe,  ce  qui  donne  à  celle-ci  une  plus  grande  valeur. 

§  5.  Appareils  pour  l’industrie  du  teinturier-de'graisseur. 

1  90  Chaudière  à  teindre.  — La  chaudière  à  teindre  exposée  (brevetée  s.  g.  d.  g.) 
constitue  un  perfectionnement  notable  dû  à  M.  Barbe,  teinturier  à  Toulouse. 


536 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Dans  cet  appareil,  le  serpentin  de  chauffage  est  supprimé;  le  double  fond  ordinaire 
est  remplacé  par  un  autre  facilement  démontable,  dans  lequel  est  disposé  un  conden¬ 
seur  destiné  à  emmagasiner  la  vapeur  et  à  la  condenser,  afin  quelle  ne  puisse  se  trou¬ 
ver  en  contact  immédiat  avec  la  partie  supérieure  du  double  fond; 

2  o°  Machine  à  laver,  double  enveloppe ,  spéciale  pour  le  nettoyage  à  sec  par  la  benzine.  — 

Cette  machine,  inventée  par  MM.  Pierron  et  F.  Dehaitre,  se  compose  d’une  enve¬ 
loppe  fixe  et  d’un  tambour  cylindrique  tournant  dans  cette  enveloppe. 

La  benzine  est  contenue  dans  l’enveloppe  fixe;  les  étoffes  à  nettoyer  sont  placées 
dans  le  tambour  mobile  constitué  par  une  série  de  tubes  et  surtout  par  une  planche 
tubulaire  qui  ramasse  les  étoffes  à  chaque  révolution  et  les  précipite  dans  le  liquide. 

Dans  cette  disposition,  il  résulte  que  toutes  les  impuretés  contenues  dans  l’étoffe  à 
nettoyer  tombent  au  fond  du  bain  contenu  dans  l’enveloppe  fixe,  et  que,  par  suite, 
cette  étoffe  est  toujours  en  contact  avec  la  benzine  propre,  puisque  le  cylindre  mobile 
tourne  toujours  dans  la  partie  supérieure  du  bain. 

Ces  conditions  sont  celles  d’un  lavage  méthodique  et  parfait; 

2i°  Machine  à  apprêter  les  tissus.  —  Cet  appareil  est  un  diminutif  de  celui  que  j’ai 
décrit  plus  haut  (8°).  Le  foulard,  la  chambre  chaude  et  i’élargisseur  Palmer  sont  sup¬ 
primés,  parce  que,  maintenant,  on  n’agit  plus  sur  des  pièces  entières  de  tissu,  mais  sur 
des  parties  constituant  des  vêtements.  Le  cylindre,  en  acier,  chauffé  par  la  vapeur,  est 
conservé,  ainsi  que  le  feutre  sans  fin  qui  l’accompagne,  mais  sous  des  dimensions 
plus  petites. 

La  machine  exposée  est  munie  d’un  mouvement  progressif  qui  permet  d’en  varier  la 
vitesse  et  marche  au  moteur. 

MM.  Legrand  et  frères  s’occupent,  avec  succès,  de  la  décoration  des  tissus  par  le 
gaufrage  à  l’aide  de  plaques  gravées  et  de  la  pression  hydraulique.  Les  plaques  gravées 
présentent  de  grands  reliefs  qui  donnent  aux  tissus  un  aspect  très  décoratif. 

MM.  Pingrié  et  C,e  avaient  une  machine  à  apprêter  les  tissus  pour  teinturiers- 
dégraisseurs  ,  dite  la  Sans-Rivale. 

Cette  machine  convient  surtout  à  ce  que  l’on  nomme,  en  termes  de  métier,  la  tein¬ 
ture  en  chiffons. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Pages. 

Composition  dü  jury .  477 

Section  I.  Procédés  et  matériel  de  la  papeterie .  48 1 

Machines  à  fabriquer  le  papier .  488 

Machines  non  animées  à  fabriquer  le  papier .  492 

Machines  exposées .  4y3 

Machines  et  objets  divers .  4 94 

Dessins .  494 

Exposition  de  la  Banque  de  France .  496 

Machines  à  apprêter  le  papier .  5oo 

Section  II.  Fonderies  de  caractères.  —  Machines  à  fondre  les  caractères.  —  Machines  à  com¬ 
poser .  5o4 

Fonderies  de  caractères .  5o4 

Machines  à  fondre  les  caractères .  5o5 

Machines  à  composer .  5o6 

Matériel  de  clichage.  —  Clichés .  5 08 

Machines  à  imprimer .  5o8 

Machines  pour  la  papeterie .  52 1 

Section  III.  —  Matériel  et  procédés  de  la  teinture ,  du  blanchiment ,  des  apprêts  et  des  impres¬ 
sions  des  écheveaux  et  des  tissus .  5s 6 

1.  Appareils  convenant  au  traitement  des  tissus  de  divers  textiles .  58 0 

2.  Appareils  construits  pour  les  tissus  de  laine  et  mélangés .  532 

3.  Appareils  pour  les  fils  et  tissus  de  coton  et  mélangés,  le  lin,  le  chanvre,  le  jute,  etc. .  533 

4.  Appareils  construits  plus  particulièrement  pour  la  soie .  535 

5.  Appareils  poui  l’industrie  du  teinturier-dégraisseur .  535 


. 


. 


. 


... 


■ 

* 

. 


' 

. 

' 

■ 

. 


: 


CLASSE  59 


Machines,  instruments  et  procédés  usités  dans  divers  travaux 


RAPPORT  DU  JURY  INTERNATIONAL 

PAR 

M.  PÉRISSÉ 


INGÉNIEUR  CIVIL 


COMPOSITION  DU  JURY. 


MM.  Ri  jaü,  Président,  directeur  général  des  Monnaies  et  médailles . 

VYard  (C.  S.),  Vice-Président ,  avocat  technique  à  Boston . 

Périsse,  Rapporteur,  ingénieur  civil,  membre  du  jury  des  récompenses  à 

l’Exposition  de  Paris  en  1878 . 

Middleton  (R.  E.),  Secrétaire ,  ingénieur  civil  à  Londres . 

Debize,  ingénieur  en  clief  du  service  central  des  constructions  des  Manufac¬ 
tures  de  l’État . 

Bougarel,  suppléant,  ingénieur  civil . 


France. 

Etats-Unis. 

France. 

Grande-Bretagne. 


France. 

France. 


MACHINES,  INSTRUMENTS  ET  PROCÉDÉS 

USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


Sous  la  même  dénomination  générale  :  Machines ,  instruments  et  procédés  usités  dans 
divers  travaux ,  la  classe  59 ,  comme  la  classe  6 1  correspondante  à  l’Exposition  de  1878, 
comprend  un  ensemble  de  machines  et  appareils  divers  que  nous  avons  classés  en  dix 
catégories  : 

A.  Presses,  balanciers,  découpoirs  et  autres  appareils  analogues; 

B.  Machines  à  fabriquer  les  épingles,  tire-bouchons  et  clous; 

G.  Machines  à  fabriquer  les  chaînes,  tissus  et  grillages  métalliques; 

D.  Outils  de  précision  et  de  graveurs,  outillage  pour  la  fabrication  des  objets  d’hor¬ 
logerie,  de  bijouterie,  etc.; 

E.  Machines  à  écrire; 

F.  Appareils  à  compter; 

G.  Machines  à  relier; 

H.  Machines  à  faire  les  sacs  en  papier; 

I.  Machines  pour  la  fabrication  des  cigarettes  et  cigares  ; 

K.  Machines  et  appareils  divers  :  appareils  pour  marquer  le  bois  à  chaud,  machines 
pour  la  fabrication  des  cartouches,  outils  spéciaux,  machines  pour  la  fabrication  des 
boutons  de  nacre,  machines  à  couper  les  brosses  et  les  dents  de  peignes,  machines  à 
fabriquer  les  charnières;  machines,  appareils  et  instruments  pour  divers  usages. 

La  comparaison  avec  les  machines  de  la  classe  similaire  de  la  grande  Exposition 
précédente  n’a  pas  trop  sa  raison  d’être  et  serait  d’ailleurs  sans  intérêt,  parce  que  non 
seulement  on  ne  peut  comparer  utilement  des  produits  appartenant  à  des  industries 
très  diverses ,  mais  encore  parce  que  la  catégorie  la  plus  nombreuse  des  machines  de  la 
classe  61  de  1878  a  été  attribuée  en  1889  à  la  classe  de  la  viticulture,  dans  un  autre 
groupe.  Nous  voulons  parler  des  machines  et  outils  pour  boucher,  déboucher  et  capsuler 
les  bouteilles. 

Le  nombre  des  exposants  examinés  par  le  jury  a  été  de  i3o,  ainsi  décomposés  en 
les  classant  par  pays  d’origine  : 


France  et  Algérie . >....< .  96 

Grande-Bretagne . . . .  .......  .  1 4 

Etats-Unis . . .  1  a 


A  reporter. 


1  9  9 


544 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Report . 122 

Suisse . . 3 

Allemagne .  i 

Belgique . i 

Espagne . î 

Re'publique  Argentine .  i 

Serbie . î 

Total .  i3o 


La  classification  par  nature  de  récompenses  accordées  est  la  suivante  : 

Grands  prix . 

I  médailles  d’or . 

médailles  d’argent . . . 

médaillés  de  bronze . 

mentions  honorables . 

Non  récompensés . . . 

Total . . 


2 

1  2 
32 
46 
23 
i5 

i3o 


Nous  venons  de  faire  connaître  le  nombre  de  chacune  des  catégories  de  récompenses 
qui  ont  été  accordées  par  le  jury  du  groupe  VI  et  qui  ont  été  publiées  au  catalogue 
par  ordre  alphabétique.  Le  nombre  qui  résultait  du  travail  du  jury  de  classe  était  plus 
grand,  mais  il  a  été  réduit  par  le  jury  de  groupe,  qui  a  voulu  le  mettre  plus  en  pro¬ 
portion  avec  celui  des  récompenses  attribuées  en  1878  aux  exposants  de  la  classe  61. 

Le  jury  de  classe  n’avait  pas  à  se  préoccuper  du  nombre  des  récompenses;  il  avait 
fait  son  classement  par  ordre  de  mérite  et  il  avait  attribué  telle  ou  telle  récompense  aux 
exposants  qui  lui  en  avaient  paru  dignes. 

Une  autre  remarque  doit  être  faite,  c’est  que  le  jury  de  groupe  a  accordé  deux 
grands  prix  au  Ministère  des  finances  de  France  pour  les  deux  Directions  générales 
des  monnaies  et  médailles,  et  des  manufactures  de  l’Etat,  tandis  que  le  jury  de  classe 
avait,  à  l’unanimité,  mis  hors  concours  ces  deux  grandes  administrations  publiques, 
représentées  au  sein  même  du  jury. 

Les  machines  et  appareils  principaux  qui  sont  exposés  vont  être  passés  en  revue ,  en 
examinant  successivement  chacune  des  dix  catégories,  de  telle  sorte  que  les  machines 
similaires  pourront  être  comparées  plus  facilement. 

Nous  avons  suivi  autant  que  possible  pour  les  neuf  premières  catégories  Tordre  qui 
résulte  du  classement  par  ordre  de  mérite,  et  nous  n’avons  fait  d’exceptions  que  pour 
pouvoir  mieux  grouper  des  machines  et  appareils  similaires  lorsque  la  catégorie  était 
susceptible  elle-même  de  subdivision. 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


545 


CATÉGORIE  A. 

PRESSES,  BALANCIERS,  DÉCOUPOIRS  ET  AUTRES  APPAREILS  ANALOGUES. 


L’exposition  de  I’Administration  des  monnaies  et  me'dailles  comprend  : 

i°  Une  presse  monétaire  pour  la  frappe  des  monnaies; 

2°  Un  balancier  à  vapeur  pour  la  frappe  des  médailles; 

3°  Une  balance  de  précision  pour  peser  les  lingots  d’argent; 

lx°  Une  balance  automatique  pour  vérifier  le  poids  des  pièces  de  monnaie. 

L’Administration  a  voulu,  pour  donner  plus  d’intérêt  à  son  exposition,  mettre  en 
action  tout  cet  outillage  monétaire,  mais,  ne  pouvant  sans  inconvénient  fabriquer  des 
monnaies  au  Champ  de  Mars,  elle  a  pensé  avec  raison  qu’il  serait  intéressant  de  frap¬ 
per  sous  les  yeux  du  public  des  pièces  et  médailles  perpétuant  le  souvenir  de  l’Exposition 
du  Centenaire. 

Voici,  d’après  la  notice  imprimée  qui  a  été  remise  au  jury,  quelques  renseignements 
au  sujet  des  appareils  exposés  : 

Presse  monétaire.  —  Pour  le  service  de  cette  presse,  il  a  été  établi  des  coins  d’un 
jeton  spécial  du  module  de  33  millimètres,  gravé  par  M.  Borel,  pouvant  se  frapper, 
comme  les  monnaies,  d’un  seul  coup  et  sans  interruption.  Le  sujet  est  une  figure  sym¬ 
bolique  représentant  la  monnaie. 

De  même,  pour  le  service  du  balancier  à  vapeur,  plusieurs  médailles  spéciales  ont 
été  gravées  et  sont  mises  à  la  disposition  des  visiteurs,  comme  le  jeton  fabriqué  à  la 
presse.  C’est  d’abord  celle  de  l’inauguration  de  l’Exposition  par  M.  le  Président  de  la 
République,  le  6  mai;  elle  présente  d’un  côté  l’effigie  de  M.  Carnot,  gravée  par  M.  Al- 
phée  Dubois,  et  de  l’autre  une  inscription  rappelant  la  solennité  à  propos  de  laquelle 
elle  a  été  frappée;  son  module  est  de  68  millimètres. 

Deux  autres  médailles  du  module  de  5o  millimètres,  gravées  par  MM.  Dupuis  et 
Bottée,  représentant,  l’une  une  vue  de  l’Exposition,  l’autre  un  sujet  symbolique  relatif 
aux  progrès  accomplis  depuis  le  commencement  du  siècle  dans  la  fabrication  des  mon¬ 
naies,  sont  également  fabriquées  au  balancier  à  vapeur. 

Indépendamment  de  ces  pièces  spéciales  à  l’Exposition  du  Centenaire,  l’Adminis¬ 
tration  fait  fabriquer,  à  l’aide  des  coins  conservés  dans  les  collections  de  son  musée 
monétaire,  une  série  de  médailles  historiques  frappées  depuis  le  mois  de  mai  1789 
jusqu’à  l’avènement  du  Consulat. 

La  balance  destinée  à  peser  les  lingots  d’argent  du  poids  de  3o  à  35  kilogrammes 
est  munie  d’un  mécanisme  qui  permet  d’isoler  le  fléau  et  d’éviter  ainsi  les  chocs  pendant 

35 


Groupe  VI.  —  iv. 


IMPRIMERIE,  NATIONALE. 


546 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


le  chargement  et  le  déchargement.  Elle  est  sensible  à  moins  de  5  décigrammes  sous 
une  charge  de  ko  kilogrammes  dans  chaque  plateau.  Elle  est  construite  sur  le  même 
principe  qu’une  autre  balance  de  la  force  de  3oo  kilogrammes  et  sensible  à  moins  de 
î  gramme,  que  l’on  peut  voir  dans  les  ateliers  de  la  Monnaie,  où  elle  remplace,  depuis 
la  régie,  les  anciennes  bascules  qui  présentaient  des  écarts  de  pesée  pouvant  s’élever 
à  des  hectogrammes.  Cette  dernière  balance  est  devenue  un  auxiliaire  précieux  du 
contrôle  intérieur  des  ateliers. 

La  balance  automatique  qui  fonctionne  sous  les  yeux  du  public,  et  qui  est  du  modèle 
Napier,  a  été  construite  dans  les  ateliers  de  la  Régie,  ainsi  que  les  balances  dont  il 
vient  d’être  question. 

La  Société  anonyme  des  anciens  établissements  Cail  a  exposé  une  presse  monétaire, 
système  Thonnelier,  qui  consiste  spécialement  dans  l’emploi  de  la  virole  brisée  pour 
frapper  du  même  coup  la  face,  le  revers  et  l’exergue  de  la  pièce. 

Les  soins  apportés  dans  l’étude  des  dispositions  mécaniques  et  dans  la  construction 
des  presses  s’ajoutent  à  la  combinaison  simple  et  ingénieuse  de  l’inventeur,  de  sorte 
que  le  nombre  des  presses  construites  par  la  maison  Cail  est  actuellement  de  îoo  en¬ 
viron,  dont  ko  pour  les  divers  hôtels  des  monnaies  de  France;  celui  de  Paris  possède 
36  de  ces  presses. 

Cette  presse  monétaire,  dont  les  premières  remontent  déjà  à  i845,  est  connue  de¬ 
puis  longtemps;  elle  a  figuré  déjà  à  plusieurs  expositions  universelles,  de  sorte  qu’il 
n’est  pas  nécessaire  d’en  faire  connaître  le  mécanisme  et  les  avantages.  La  livraison  à 
12  ou  1 5  Etats  étrangers  atteste  l’importance  des  services  rendus  pour  la  frappe  des 
pièces  de  monnaie. 

La  maison  Deny,  appartenant  aujourd’hui  à  M.  Pinchard-Deny,  a  exposé  une  série 
de  presses  et  de  machines  spéciales  qui  ont  été  très  hautement  appréciées  par  le  jury, 
puisque  cet  exposant  vient  en  tête  de  la  liste  établie  par  ordre  de  mérite. 

A  côté  des  machines  se  trouvent  des  spécimens  des  pièces  qu’elles  servent  à  fabriquer, 
et  c’est  ainsi  qu’on  peut  se  rendre  compte  à  la  fois  des  difficultés  vaincues  et  des  résul¬ 
tats  obtenus. 

Mais  la  maison  Deny,  malgré  l’importance  de  son  exposition,  n’a  pu  présenter  qu’une 
faible  partie  des  types  quelle  a  créés,  et,  pour  mieux  démontrer  l’importance  des  tra¬ 
vaux  accomplis,  elle  a  donné  un  album  de  dessins  des  principales  machines  qui  ont  été 
construites  ou  créées  par  la  maison. 

Les  produits  fabriqués  forment  trois  grandes  catégories  :  i°  la  construction  méca¬ 
nique;  2°  les  fabrications  spéciales;  3°  la  perforation  mécanique  des  tôles  en  fer, 
cuivre,  zinc,  etc.  C’est  à  la  première  catégorie  qu’appartiennent  les  machines  exposées; 
\ es  deux  autres  n’ont  figuré  qu’à  l’état  de  dessins,  parmi  lesquels  nous  citons  les  ma¬ 
chines  et  appareils  pour  la  fabrication  des  étuis  métalliques  pour  cartouches  du  canon- 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


547 


revolver  de  o  m.  087;  celle  pour  la  fabrication  des  pièces  d’armement  et  d’équipe¬ 
ment  :  sabres,  baïonnettes,  cuirasses;  et  aussi  celles  pour  la  fabrication  des  tubulures 
en  cuivre  sans  soudure  pour  conduites  de  vapeur. 

Les  machines  exposées  comprennent  : 

Un  balancier  à  friction ,  avec  vis  de  0  111.  160;  volant  à  4  bras,  de  1  m.  80,  et  pla¬ 
teaux  de  1  m.  20. 

Ce  volant,  au  lieu  d’être  garni,  comme  cela  a  lieu  habituellement,  d’une  simple  cour¬ 
roie  fixée  sur  la  jante  au  moyen  de  vis,  est  garni  de  morceaux  de  cuir  placés  sur 
champ  et  serrés  dans  une  gorge  ad  hoc  au  moyen  de  clefs  en  bois  dur.  Cette  garniture 
dure  bien  plus  longtemps;  on  peut  s’en  rendre  compte  en  considérant  combien  sont 
plus  durables  les  petits  pavés  en  bois  qui  présentent  leurs  fibres  de  bout.  Une  entre¬ 
toise  constituée  par  une  large  bande  de  tôle  relie  solidement  entre  elles  les  deux 
chaises  et  la  cage  du  balancier. 

Un  marteau  à  planer ,  appareil  très  simple  appelé  à  rendre  des  services  sérieux  pour 
le  planage  des  tôles,  le  battage  des  pièces  de  tuyaux  de  cuivre,  etc.  Sa  course  est  va¬ 
riable  à  volonté,  et  un  cylindre  à  air  placé  à  la  partie  supérieure  du  marteau  donne 
de  l’élasticité  à  la  liaison  de  cet  organe  avec  sa  tige;  l’air  comprimé  pendant  la  montée 
agit  pendant  la  descente  à  la  façon  d’un  ressort. 

Machine  à  frapper  à  plateau  revolver.  —  Tous  les  mouvements  sont  automatiques  et 
la  construction  est  robuste.  Elle  sert  au  frappage  de  pièces  diverses,  et  elle  est  très 
employée  dans  la  fabrication  des  boulons  métalliques. 

Machine  à  découper  à  arrêt  instantané ,  à  laquelle  s’adaptent  les  outils  à  découper  de 
toutes  formes.  Elle  est  caractérisée  par  le  dispositif  cl’arrêt  qui  permet  à  l’ouvrier, 
agissant  sur  la  pédale,  d’arrêter  instantanément  la  machine. 

Laminoir  de  260  X  5 00  avec  cylindres  en  fonte  dure  trempée  en  coquille.  Les 
arbres  sont  en  acier,  ainsi  que  les  pignons  des  cylindres;  les  engrenages  ont  une  den¬ 
ture  à  chevron  et  les  paliers  sont  à  graissage  automatique  avec  réservoir  d’huile. 

Un  petit  découpoir  à  main  avec  cage  en  fer. 

Mme  veuve  Clément  a  présénté  une  série  de  presses  diverses  qui  ont  aussi  été  haute¬ 
ment  appréciées  par  le  jury;  ce  sont  : 

Un  gros  balancier  à  friction;  son  volant  est  d’un  diamètre  relativement  petit  pour 
diminuer  la  tendance  au  voilement  provoquée  par  l’usure  de  la  vis  dans  sa  boîte;  mais 
sa  masse  est  plus  grande  ainsi  que  sa  vitesse ,  de  sorte  que  les  plateaux  de  friction  sont 
d’assez  grand  diamètre. 

La  maison  Clément  a  tenu  à  conserver  le  guide  carré  de  ses  balanciers  qui  est  plus 
coûteux  et  plus  difficile  que  les  guides  cylindriques  plus  généralement  employés.  Elle 
a  voulu  ainsi  pouvoir  rattraper  le  jeu  dans  les  deux  sens,  ce  a  quoi  elle  attache  une 
grande  importance. 

Mouton  à  estamper .  —  Il  est  aussi  muni  de  glissières  carrées  pour  les  mêmes  raisons. 


548 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


La  masse  du  mouton  est  reliée  à  une  courroie  passant  sur  la  poulie  de  friction  dont  la 
jante  est  percée  de  8  à  i  o  fenêtres,  au  travers  desquelles  passent  des  galets  écartés  du 
moyeu  par  des  ressorts.  Abandonnée  à  elle-même,  la  courroie  repoussée  par  les  galets 
ne  touche  pas  la  poulie  de  friction ,  mais  si  l’ouvrier  opère  une  légère  tension  sur  cette 
courroie,  les  galets  s’affaissent,  et  le  cuir,  s’appuyant  sur  le  pourtour  de  la  poulie,  est 
entraîné  par  elle  et  opère  une  traction  suffisante  pour  soulever  le  mouton,  et  dès  que 
l’ouvrier  abandonne  la  poignée  de  la  courroie,  celle-ci  quitte  la  poulie  et  le  marteau 
tombe.  Le  mouton  est  ainsi,  sans  fatigue,  bien  dans  la  main  de  l’ouvrier. 

Machine  à  découper  les  fleurs  et  le  feuillage.  —  Le  découpage  des  fleurs  se  fait  généra¬ 
lement  au  maillet,  au  moyen  d’outils  tranchants  que  l’ouvrier  frappe  sur  un  carré  de 
plomb;  plusieurs  coups  de  maillet  sont  nécessaires.  La  machine  exposée  est  à  excen¬ 
trique  ;  elle  permet  d’exercer  une  très  grande  pression ,  ce  qui  produit  une  espèce  de 
gaufrage,  ou  plutôt  un  fort  foulage  qui  présente  des  avantages. 

Enfin  Mme  Clément  a  exposé  aussi  une  machine  à  comprimer  les  talons  et  des  ma¬ 
chines  a  découper  métaux,  carton,  cuir  et  étoffes. 

M.  Paul  Barbier  a  exposé  trois  types  de  machines-outils  bien  étudiées  et  bien  cons¬ 
truites  :  le  balancier  à  friction ,  le  mouton  et  la  presse  à  excentrique. 

Le  balancier  à  friction  a  été  muni  par  lui,  depuis  longtemps,  d’entretoises  servant  à 
la  réunion  de  la  cage  et  des  bâtis  des  plateaux. 

Le  mouton  est  muni  de  colonnes  en  fonte,  robustes,  moins  flexibles  et  moins  défor¬ 
mables  que  les  colonnes  d’autres  systèmes.  Il  se  manœuvre,  soit  au  pied,  soit  à  la  ma¬ 
chine,  avec  des  poulies  en  deux  pièces  munies  de  galets  montés  sur  ressorts  â  boudin, 
de  sorte  que  le  frottement  à  friction  se  transforme  en  frottement  de  roulement. 

La  presse  à  excentrique  est  appliquée  particulièrement  à  la  compression  de  ma¬ 
tières  en  poudre,  telles  que  le  chocolat,  les  sels  et  les  rations;  mais  elle  peut  être 
adaptée,  en  changeant  quelques  organes,  au  découpage  du  métal,  du  cuir,  du  carton 
et  des  étoffes,  ainsi  qu’à  l’emboutissage.  Le  travail  de  cette  machine  est  rendu  automa¬ 
tique  par  un  plateau  revolver  qui  reçoit  son  mouvement,  non  par  un  excentrique,  mais 
par  un  galet  roulant  sur  un  bossage  de  la  roue  d’engrenage,  calée  sur  l’arbre.  Le  con¬ 
tact  de  ce  galet  fixé  à  l’extrémité  d’un  levier  est  assuré  par  un  contrepoids,  et  ainsi  est 
assurée  également  la  plénitude  de  la  course.  Le  levier  actionne  un  cliquet  qui  fait  évo¬ 
luer  un  rochet  calé  avec  le  plateau  dans  lequel  sont  ménagées  des  alvéoles  de  la  forme 
de  la  tablette  à  obtenir.  Dans  les  alvéoles  libres  est  versée  la  matière  en  poudre  à  com¬ 
primer. 

La  rotation  du  plateau  amène  à  tour  de  rôle  les  alvéoles  chargées  sous  le  poinçon, 
et  enfin,  une  tige  ou  bonhomme ,  commandée  par  le  mouvement  vertical  de  va-et-vient, 
agit  sous  la  cale  mobile  de  l’alvéole  qui  remonte  à  fleur  du  revolver  et  sort  ainsi  la  ta¬ 
blette  comprimée  qu’on  recueille  à  la  main. 

Un  débrayage  à  pédale  instantané  permet  d’arrêter  le  mouvement  du  poinçon  et  dû 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


549 


plateau  à  une  position  quelconque  de  la  course,  car  la  machine  ne  fonctionne  que 
lorsque  l’ouvrier  appuie  sur  la  pédale.  Il  lui  suffit  donc  de  lever  le  pied  pour  arrêter 
la  machine. 

M.  Mallet,  successeur  de  M.  Ridault,  a  présenté  des  machines  à  emboutir,  de  bonne 
construction ,  employées  dans  la  fabrication  des  boîtes  et  autres  récipients  d’une  seule 
pièce.  Elles  sont  caractérisées  par  ce  fait,  que  la  pression  exercée  sur  la  couronne  du 
disque  à  emboutir  se  fait  par  le  moyen  d’un  ressort,  et,  sans  rien  changer  au  réglage 
primitif,  on  peut  employer  des  feuilles  métalliques  de  différentes  épaisseurs. 

Des  machines  à  sertir  pour  la  fabrication  des  boîtes  à  conserves.  Elles  permettent 
de  les  fermer  hermétiquement  sans  emploi  de  soudure ,  et  la  fermeture  s’opère  par  un 
mouvement  impulsé  alternativement  de  droite  à  gauche  à  un  volant  de  manœuvre. 

Une  machine  à  découper  à  arrêt  automatique ,  pour  les  pièces  de  grandes  dimensions 
prises  directement  dans  la  feuille  de  métal.  Le  piston  porte-poinçon  s’arrête  automati¬ 
quement  à  sa  position  supérieure  pendant  le  laps  de  temps  nécessaire  au  déplacement 
de  la  feuille  de  métal  à  découper. 

M.  Kircheis,  constructeur  en  Saxe,  a  exposé  une  série  de  machines  remarquables  et 
bien  construites  pour  la  fabrication  des  boîtes  à  conserves. 

Presse  à  balancier  à  colonnes  en  fer  forgé  avec  un  nouvel  outil  à  emboutir  les 
boîtes;  presse  à  découper  et  à  emboutir,  marchant  à  bras  et  au  moteur,  avec  débrayage 
instantané  à  pédale;  le  bâti  de  la  presse  peut  être  incliné  ou  placé  verticalement. 
Petite  presse  spéciale  à  échancrer  les  corps  de  boîte ,  à  l’endroit  où  doit  se  faire  Tagra- 
fure. 

Machine  à  cintrer  les  corps  de  boîtes ,  qui,  une  fois  roulés,  sortent  automatiquement  de 
la  machine,  de  sorte  que  le  travail  de  l’ouvrier  se  réduit  à  l’introduction  de  la  feuille 
découpée  entre  les  deux  rouleaux  de  la  machine.  Un  guide  est  réglé  suivant  la  hau¬ 
teur  des  boîtes  à  rouler. 

Machine  à  retomber  les  deux  bords  pour  faire  Tagrafure. 

Machine  à  rogner  et  à  moulurer  simultanément  les  petites  boîtes  embouties  et  estam¬ 
pées,  avec  appareil  à  serrer  par  agrafure  simple  les  fonds  sur  les  corps  de  boîtes. 

M.  Robelet  a  présenté  des  machines  de  bonne  construction,  des  presses  diverses,  et 
notamment  un  balancier  à  friction,  monté  sur  un  banc  en  fonte,  au  lieu  d’une  pierre 
de  fondation,  avec  système  de  réglage  de  la  descente  du  balancier;  le  relevage  se 
trouvant  obtenu  au  moyen  d’un  arrêt  se  réglant  à  volonté  suivant  la  course  à  obtenir. 
Les  cages  sont  en  fer  forgé.  Avec  ces  presses,  se  trouve  un  spécimen  de  cylindre  en 
acier  forgé  et  trempé,  pour  le  laminage  des  métaux. 

Un  outillage  pour  la  fabrication  des  articles  de  Paris  a  été  exposé  par  M.  Dolizy,  et 


550 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


il  comprenait  une  machine  assez  récente,  dite  découpoir  excentrique ,  laquelle  fait  quatre 
opérations  :  percer  le  trou,  faire  l’entaille,  faire  le  crevé,  c’est-à-dire  rabattre  les 
deux  bords  et  détourer,  c’est-à-dire  faire  tomber  la  pièce.  Le  système  d’amenage  des 
métaux  à  découper  est  ingénieux,  et  la  machine  est  munie  d’une  came  à  arrêt  instan¬ 
tané. 


Le  découpoir  à  aménage  automatique  du  constructeur  Picard  présente  quelques  dis¬ 
positions  intéressantes  dues  à  l’invention  de  M.  Rouen.  Grâce  à  un  excentrique  à 
course  variable,  le  montage  d’outils  divers  est  rendu  facile,  et  chaque  outil  se  compose 
d’une  plaque  et  d’une  contre-plaque.  L’amenage  se  compose  de  deux  pinces  autonomes 
fixées  sur  un  chariot  les  entraînant  dans  sa  course  alternative,  et  le  chariot  pivote  sur 
lui-même  afin  de  se  mettre  en  parallèle  avec  la  bande  à  entraîner  ;  les  pinces  pivotent 
également  afin  de  conduire  lesdites  bandes  à  l’entrée,  et  de  les  saisir  à  la  sortie  le 
plus  près  possible  de  l’outil.  Grâce  à  une  croix  de  Malte,  le  chariot,  à  chaque  révolu¬ 
tion,  a  deux  temps  d’arrêt  pendant  lesquels  l’amenage  reste  fixe  et  rigide,  afin  de  per¬ 
mettre  aux  poinçons  de  découper  et  de  se  dégager.  Les  pinces  sont  montées  dans  une 
coulisse  qui  leur  permet  d’obéir  aux  sinuosités  de  la  bande  pendant  l’avancement  ;  elles 
reprennent  leurs  positions  primitives  par  l’effet  de  deux  ressorts  antagonistes  fixés  dans 
la  coulisse  et  agissant  pendant  le  recul. 

La  machine  exposée  était  la  première  construite;  elle  n’avait  pas  encore  reçu  la 
sanction  de  la  pratique;  mais  le  jury  a  voulu  reconnaître  par  une  médaille  de  bronze 
les  dispositions  ingénieuses  qu’elle  présentait. 

Le  mouton  d’estampage  de  M.  Mortelette  est  muni  d’un  frein  sur  un  diamètre 
supplémentaire  du  cône  de  commande.  Il  peut  s’arrêter  court  à  toute  hauteur  par 
une  légère  pression  du  pied,  de  telle  sorte  que  l’ouvrier  a  toujours  ses  deux  mains 
libres. 

Citons  enfin,  pour  clore  la  liste  des  balanciers  à  friction  et  des  moutons,  les  appa¬ 
reils  de  MM.  Lépine  et  Grimar  ,  et  un  modèle  de  mouton  pour  l’instruction  profession¬ 
nelle  construit  par  l’ouvrier  Morel  ,  à  qui  le  jury  a  accordé  une  récompense  pour  son 
minutieux  travail. 

Cette  première  catégorie  À  comprend  des  presses  spéciales  qui  nous  restent  à  exa¬ 
miner. 

M.  Radois,  successeur  de  la  maison  Vollot  et  Badois,  a  construit  et  exposé  des 
presses  stérhydrauliques  de  très  bonne  construction,  remplaçant  les  balanciers  dans 
certaines  opérations  mécaniques.  Ce  genre  de  presses  a  fait  la  base  des  machines 
d’essai  du  système  Thomasset  qui  ont  eu  un  succès  mérité,  mais  l’application  nouvelle 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


551 


de  la  presse  stérhydraulique  présentée  aujourd’hui  par  M.  Badois  n’est  pas  moins  inté¬ 
ressante.  Elle  réside  dans  cette  idée,  que  l’emploi  du  balancier  a  lieu  généralement 
pour  les  opérations  qui  exigent,  à  un  moment  déterminé,  un  effort  de  pression  consi¬ 
dérable  développé  pendant  un  parcours  extrêmement  faible. 

Le  caractère  principal  de  la  presse  stérhydraulique  est  précisément  l’obtention  de 
ces  résultats  par  un  seul  ouvrier,  qui,  en  exerçant  sur  un  piston  mû  par  une  vis  l’effort 
qu’il  peut  donner  normalement  et  sans  fatigue,  produit  sur  le  plateau  de  la  presse 
(avec  un  déplacement  inversement  proportionnel)  des  efforts  considérables  atteignant 
jusqu’à  5o,ooo  et  60,000  kilogrammes,  dans  deux  des  types  exposés  et  que  l’on  con¬ 
çoit  pouvoir  être  beaucoup  plus  grands. 

Mais  tandis  que  le  balancier  agit  d’une  manière  brusque  et  instantanée,  et  produit 
un  effort  d’une  durée  très  courte,  qu’on  ne  peut  que  répéter  et  non  prolonger,  qu’il 
est  d’ailleurs  difficile  d’apprécier,  et  même  impossible  de  mesurer  avec  précision,  la 
presse  stérhydraulique  agit  au  contraire  avec  douceur,  donne  un  effort  croissant  suc¬ 
cessivement  du  zéro  jusqu’aux  plus  hautes  limites,  qu’on  peut  maintenir  aussi  long-^ 
temps  qu’on  le  veut  et  qu’il  est  absolument  facile  d’apprécier  et  de  mesurer  avec  toute 
la  rigueur  désirable  par  l’indication  cl’un  manomètre  joint  à  l’appareil. 

Il  résulte  de  ces  dispositions  toutes  spéciales  que  l’ouvrier  sait  exactement  la  force 
qu’il  produit  pour  tout  travail  à  effectuer;  et  il  en  reste  absolument  le  maître.  Il  peut, 
pour  obtenir  un  effort  déterminé ,  s’y  reprendre  à  plusieurs  fois  et  par  des  efforts  suc¬ 
cessifs  et  constamment  croissants ,  tout  en  étant  sûr  de  ne  pas  dépasser  la  limite  extrême 
de  la  puissance  nécessaire. 

Ces  qualités  précieuses  de  l’appareil  de  M.  Badois  sont  démontrées  par  la  série  des 
presses  servant  au  redressement  des  arbres  en  acier  déformés  par  la  trempe  et  qui 
sont  destinées  aux  machines  de  précision  employées,  par  exemple,  dans  la  fabrication 
des  armes  de  guerre.  Les  manufactures  françaises  emploient  des  presses  développant 
des  efforts  de  20,000,  3o,ooo,  Ao,ooo  et  60,000  kilogrammes. 

Le  dernier  type  est  surtout  remarquable  :  i°  par  l’adoption  de  deux  pistons  de 
compression;  le  premier,  d’un  diamètre'  plus  grand,  est  destiné  à  produire  plus  rapi¬ 
dement  un  effort  relativement  faible,  soit  20,000  à  3o,ooo  kilogrammes;  le  second, 
de  plus  petit  diamètre,  doit  élever  plus  lentement,  mais  toujours  par  un  seul  ouvrier,  la 
puissance  de  compression  à  son  plus  haut  point;  20  par  l’adjonction  d’un  dispositif  per¬ 
mettant  de  déplacer  le  sommier  de  la  presse,  de  telle  sorte  qu’il  reste  toujours  paral¬ 
lèle  à  la  position  voulue  ;  3°  par  la  forme  même  de  ce  sommier  qui  permet  de  faire 
agir  la  presse  sur  des  arbres  de  toute  longueur,  et  même  sans  déplacement  sur  des 
arbres  montés  sur  un  tour  et  disposés  pour  la  vérification. 

Une  autre  des  presses  exposées  est  faite  en  vue  de  produire  des  empreintes  sur 
métal  de  toute  nature,  et  peut  servir  à  obtenir  des  médailles  ou  autres  objets  ana¬ 
logues. 

En  résumé,  il  paraît  y  avoir  dans  les  appareils  de  M.  Badois  des  éléments  précieux 


552 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


pour  certaines  applications  mécaniques  et  industrielles,  telles  que  la  mécanique  de 
haute  précision,  la  fabrication  des  médailles  à  haut  relief  en  une  seule  opération,  l’im¬ 
pression  des  clichés  lorsque  la  compression  s’impose. 

Des  presses  à  percussion  avec  montant  de  bois  faisaient  partie  de  l’exposition  de 
M.  Bertrand,  spéciale  à  des  appareils  de  reliure  et  de  papeterie  dont  nous  parlerons  à 
la  catégorie  G. 

Enfin  M.  Surowicz,  de  Varsovie,  a  exposé  à  la  section  russe  une  presse  de  son  in¬ 
vention,  à  aplatir  les  plaques  de  corne  façonnées,  notamment  les  plaques  de  peignes. 
Cette  machine  présente  des  avantages  au  point  de  vue  de  l’économie  de  la  fabrication , 
car  elle  permet  de  traiter  des  plaques  d’épaisseur  variable,  et  elle  comprend  une  série 
de  plateaux  à  la  surface  desquels  des  creux  sont  pratiqués  pour  recevoir  les  plaques  en 
corne  non  pressées.  Une  disposition  spéciale  de  tuyaux  articulés  sert  au  chauffage  des 
plateaux  par  la  vapeur. 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


553 


CATÉGORIE  B. 

MACHINES  À  FABRIQUER  LES  ÉPINGLES,  TIRE-BOUCHONS  ET  CLOUS. 


La  maison  Mays  a  présenté ,  dans  une  exposition  importante ,  une  série  de  machines 
des  plus  intéressantes,  inventées,  construites  et  employées  par  elle  pour  la  fabrication 
des  épingles  et  des  agrafes  de  toute  nature;  aussi  le  jury  de  classe  lui  avait-il  attribué 
une  médaille  d’or. 

Machine  à  fabriquer  les  épingles  à  cheveux.  —  Elle  a  l’avantage  de  faire  huit  opéra¬ 
tions  qui  avaient  exigé  jusqu’alors  plusieurs  machines.  Les  principales  sont  :  le  dres¬ 
sage  du  fil  en  bottes,  le  coupage,  l’appointage,  le  pliage  et  le  vernissage.  Le  fil  amené 
en  bottes  est  d’abord  dressé,  et  sa  longueur  est  réglée  à  volonté  par  un  amenage  spé¬ 
cial;  il  se  coupe  et  se  roule  sur  des  petites  courroies  qui  l’entraînent  vers  des  meules 
en  acier  taillées  en  lime  qui  font  la  pointe.  L’épingle  est  ensuite  pliée  par  un  poin¬ 
çon;  elle  est  emmenée  sur  un  fil  sans  fin  et  entraînée  par  une  chaîne  divisée  qui  em¬ 
pêche  les  épingles  de  se  toucher;  elle  passe  ainsi  dans  un  bain  de  vernis  et  continue 
son  chemin  en  entrant  dans  une  cornue  en  fonte  de  2  mètres  de  longueur,  chauffée  à 
qoo  degrés,  dans  laquelle  le  vernis  est  cuit  et  séché.  Arrivée  au  bout  de  cette  cornue, 
l’épingle  est  projetée  au  dehors  par  une  courroie  marchant  à  une  vitesse  déterminée 
et  qui  permet  aux  épingles  de  se  placer  sur  un  même  plan.  Cette  machine  donne  un 
beau  vernis  et  des  pointes  sans  bavures  aux  épingles  à  cheveux  de  différentes  gran¬ 
deurs  et  grosseurs,  soit  en  fer,  soit  en  laiton,  et,  dans  ce  dernier  cas,  le  vernissage  est 
supprimé. 

Machine  à  fabriquer  les  épingles  ordinaires,  dites  de  toilette.  —  Cette  machine,  déjà 
exposée  en  18 y 8,  a  subi,  depuis,  quelques  modifications,  dont  la  principale  consiste 
à  frapper  la  tête  quatre  fois  au  lieu  de  deux  fois.  On  peut  ainsi  employer  des  fils  de 
laiton  ou  de  fer  plus  courants  et  obtenir  un  refoulement  gradué  qui  empêche  les 
épingles  de  se  tordre  ou  de  se  casser.  La  pointe  se  façonne  au  moyen  d’une  petite 
meule  en  acier  produisant  un  petit  biseau  qui,  tout  en  conservant  la  finesse  de  la  pointe , 
lui  laisse  une  certaine  résistance. 

Machine  à  fabriquer  les  agrafes  crochets  et  les  agrafes  fortes.  —  Toutes  les  opérations 
nécessaires  sont  faites  par  les  machines.  Le  fil  en  laiton  ou  en  fer  est  amené  en 
bottes;  il  se  dresse,  se  coupe  à  la  longueur  voulue,  se  plie,  se  contourne,  s’aplatit  et 
s’arrondit. 

Machine  à  fabriquer  les  agrafes  dites  parisiennes.  —  Dans  cette  machine  d’invention 
toute  récente,  le  fil  est  pris  également  en  hotte  et,  par  des  dispositions  spéciales, 
l’agrafe  très  régulièrement  faite,  tombe  complètement  terminée. 


554 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Gomme  machines  accessoires,  M.  Mays  a  exposé  une  machine  à  piquer  les  épingles 
sur  le  papier,  une  machine  à  faire  les  boîtes  en  carton  et  les  étuis  carrés  pour  renfer¬ 
mer  et  expédier  les  divers  produits  de  la  maison,  laquelle  fabrique,  à  Paris,  journel¬ 
lement,  200  kilogrammes  d’épingles  à  cheveux,  45 o  kilogrammes  d’épingles  ordi¬ 
naires  et  200  kilogrammes  d’agrafes. 

Des  machines  à  épingles  se  trouvent  aussi  dans  l’exposition  de  M.  Baillet,  la  plus 
ancienne  maison  française  pour  la  production  de  l’épingle  métallique ,  et  à  laquelle  le 
jury  de  classe  avait  attribué  une  médaille  d’argent.  Les  opérations  sont  réparties  entre 
plusieurs  machines  :  l’une  dresse,  coupe  et  fait  la  pointe;  l’autre  fait  la  tête,  et  pour 
une  production  de  4oo  kilogrammes  d’épingles  par  jour,  io4  machines  sont  néces¬ 
saires. 

M.  Baillet  a  exposé  également  une  machine  à  tire-bouchons,  du  système  américain  de 
Glough,  qui  figurait  à  l’Exposition  de  1878. 

La  section  des  Etats-Unis,  dans  la  galerie  des  Machines,  comprenait  une  machine 
de  Glough  et  Maconnell  pour  la  fabrication  automatique  des  tire-bouchons  en  fil  de  fer. 

Déjà,  en  1875,  M.  Glough  a  imaginé  un  tire-bouchon  fait  à  la  machine  d’un  seul 
morceau  de  fer  rond;  la  machine  actuelle,  extrêmement  ingénieuse,  construite  depuis 
Tannée  dernière  seulement,  permet  d’obtenir  une  fabrication  bien  plus  rapide,  plus 
perfectionnée  et  plus  écononomique,  car  elle  peut  produire  4o  tire-bouchons  par  mi¬ 
nute,  tandis  que  la  machine  de  1878  n’en  produisait  que  16. 

Au  lieu  d’être  obligée  de  dresser,  couper  et  appointer  le  fil  avant  de  le  faire  passer 
à  la  machine,  la  machine  actuelle  reçoit  du  fil  de  fer  et  livre  des  tire-bouchons  en¬ 
tièrement  finis. 

Quatre  outils  principaux  opèrent  dans  Tordre  suivant  :  i°  le  transporteur  du  fil; 
20  la  cisaille  formant  la  pointe:  3°  la  griffe  formant  l’anneau;  4°  Toutil  dit  manchon 
faisant  l’épaulement  et  la  spirale.  Dans  le  centre  d’un  arbre  se  trouve  un  mandrin  à 
spirale,  et  tous  deux  ont  aussi  un  mouvement  longitudinal  avant  et  arrière  devant  le 
fil  croisé  ;  à  l’extrémité  de  l’arbre  se  trouve  une  encoche  qui  saisit  le  fil  et  l’enroule 
autour  d’une  spirale  qui  se  trouve  dans  l’intérieur  du  manchon  à  ce  moment-là  immo¬ 
bile;  c’est  ainsi  que  se  forme  la  spirale  du  tire-bouchon.  Au  même  moment,  l’autre 
bout  du  fil  est  saisi  par  un  organe  qui  forme  Tépaulement  entre  la  spirale  et  l’anneau. 
Dès  que  l’arbre  a  fini  son  mouvement  de  rotation ,  le  mandrin  à  spirale  se  trouve  libre 
et,  par  un  mouvement  de  recul,  fait  tomber  le  tire-bouchon  entièrement  fini. 

La  machine  faisant  d'un  seul  coup  le  clou  de  tapissier,  exposée  par  M.  Boin,  est  surtout 
remarquable  en  ce  qu’elle  paraît  être  la  première  qui  permet  de  faire  ce  clou  sans  lui 
faire  subir  plusieurs  opérations. 

La  machine  est  de  petit  volume,  1  m.  2  5  de  longeur  sur  0  m.  85  de  large,  avec 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


555 


mécanisme  à  l’intérieur.  On  met  la  bande  de  cuivre  dans  un  support  ou  conducteur 
placé  dans  le  sens  de  la  largeur,  bande  animée  d’un  mouvement  de  bas  en  haut  au 
moyen  de  rochets  et  cames,  et  qui  fournit  les  disques  nécessaires.  Un  poinçon  situé  à 
o  m.  o 5  environ  au-dessus  de  celui  servant  à  faire  le  clou,  après  avoir  découpé  et 
perforé  légèrement  le  disque,  le  laisse  tomber  dans  une  rainure  ou  tiroir  qui  a  une 
pente  de  45  degrés.  Celui-ci  arrive  alors  au  centre  d’une  pince  qui  amène  un  fddefer 
venant  d’une  bobine  qui  se  trouve  à  l’arrière  de  la  machine,  et  la  traverse  dans  sa 
longueur  ;  ce  fil  débouche  exactement  en  face  du  centre  du  disque  ;  un  mécanisme  in¬ 
térieur  comprime  alors  ce  fil  de  fer  dans  le  trou  préparé  au  centre  du  disque.  Ces 
deux  parties,  disque  et  fil  de  fer,  étant  réunies,  deux  couteaux  coupent  le  fil  à  la  longueur 
voulue  et  font  en  même  temps  sa  pointe;  une  pince  vient  ensuite  prendre  l’objet  pour 
le  transporter  au  centre  d’un  poinçon  servant  à  donner  la  forme  au  clou  et  à  sertir 
la  tête  de  la  pointe.  Cette  opération  terminée,  un  levier  emboutit  le  tout,  puis  un  autre 
fait  tomber  le  clou  complètement  achevé  dans  une  corbeille  préparée  sous  la  ma¬ 
chine. 

Cette  machine  peut  faire,  d’après  l’inventeur,  plus  de  6o  clous  par  minute.  L’ingé¬ 
niosité  dont  il  fait  preuve  lui  a  fait  attribuer  une  médaille  d’argent,  quoique  la  machine 
n’ait  pas  encore  reçu  la  consécration  de  la  grande  pratique. 

Pour  clore  la  série  des  machines  de  la  catégorie  B,  mentionnons  la  machine  de 
M.  Dubos  pour  fabriquer  la  pointe  de  Paris,  la  cheville  ronde  pour  chaussures,  etc., 
machine  créée  depuis  vingt-cinq  ans  par  M.  Dubos  père,  qui  en  a  vulgarisé  l’usage  en 
France  et  à  l’étranger. 

La  machine  exposée  permet  de  fabriquer  s5o  clous  par  minute,  de  o  m.  o35  de 
longueur  au  maximum  et  du  n°  12  de  la  jauge  de  Paris.  Elle  fait  partie  de  la  série 
de  huit  machines  à  fabriquer  la  pointe  de  Paris,  construites  spécialement  par  la  mai¬ 


son. 


556 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


CATÉGORIE  C. 

MACHINES  À  FABRIQUER  LES  CHAÎNES,  TISSUS 
ET  GRILLAGES  MÉTALLIQUES. 


Six  exposants  ont  présenté  une  série  de  machines  dont  le  fonctionnement  attirait 
la  curiosité  des  visiteurs  :  MAU  Bellair  et  Cie  et  M.  Harlé,  avec  leurs  machines  à  fabri¬ 
quer  la  chaîne  triangulaire;  MM.  Bunon  et  Dve,  avec  celles  qui  servent  au  tissage  du 
métal;  MM.  Voitellier  frères,  avec  leur  machine  à  fabriquer  mécaniquement  le  grillage, 
et  AU  Merle,  avec  celle  qui  fait  la  tresse  en  fds  métalliques. 

MM.  Bellair  et  Cie  ont  présenté  des  machines  en  fonctionnement  pour  la  manufac¬ 
ture  des  chaînes  et  tissus  métalliques ,  par  procédé  entièrement  mécanique.  C’est  en 
i854  que  M.  Benjamin  Bellair  inventa  et  construisit  des  machines  à  fabriquer  les 
chaînes  triangulaires  dites  épinglettes.  Ces  machines  ont  été  successivement  perfection¬ 
nées  jusqu’aux  modèles  présentés  au  jury,  et  dont  l’ingéniosité  et  la  bonne  construction 
ont  été  constatées. 

Ces  machines  se  composent  essentiellement  de  cinq  organes  principaux  qui  dres¬ 
sent,  coupent,  courbent  le  fil,  tordent  la  maille  et  la  serrent.  Ces  organes  sont  consti¬ 
tués  par  un  amenage  de  fil,  un  couteau  ou  cisaille,  deux  courbeurs  du  fil,  un  crochet 
servant  de  suspension  pour  la  chaîne  lorsque  les  broches  l’ont  abandonnée,  et  enfin  un 
serrage  pour  terminer  la  chaîne. 

Une  des  machines  présentait  une  disposition  spéciale  pour  le  crochet,  avec  suppres¬ 
sion  de  l’engrenage.  Chacune  des  machines  est  pourvue  d’un  débrayage  automatique 
et  peut  fabriquer  des  chaînes  n°  2  (3 00  maillons  au  mètre),  environ  i5o  mètres  de 
chaîne  par  journée  de  dix  heures. 

MM.  Bellair  et  Cle  ont  présenté  en  outre  une  petite  machine  à  fabriquer  le  tissu  mé¬ 
tallique  pour  chaînes  de  montres  et  diverses  applications.  Une  fois  fabriquée,  la  pièce 
est  aplatie  par  le  laminage ,  pour  former  une  espèce  de  cotte  de  mailles. 

Une  machine  à  fabriquer  la  chaîne  triangulaire  a  été  exposée  par  MM.  Harlé  et  Cie. 
Ua  chaîne  produite  est  à  maillons  très  serrés,  résistants  par  conséquent,  et  propre  à  la 
confection  des  objets  divers  de  la  bijouterie  et  du  doré.  La  machine  fonctionne  à 
grande  vitesse  à  plus  de  100  tours,  et  elle  peut  produire  huit  numéros  de  chaînes  de 
différentes  grosseurs  par  un  simple  changement  de  quelques  pièces.  Ces  chaînes  serrées 
sont  principalement  employées  par  les  fabricants  de  chapelets.  La  production  par  jour¬ 
née  de  dix  heures  varie,  suivant  les  numéros,  de  100  à  200  mètres,  soit  une  moyenne 
de  1  5  0  mètres  par  jour. 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


557 


Trois  machines  pour  le  tissage  du  métal  ont  été  exposées  par  M.  Bunon,  et  Ton 
peut,  avec  chacune  d’elles,  produire  i5  mètres  de  chaîne  par  heure.  Les  machines  de 
M.  Bunon  ont  été  remarquées  parleur  simplicité,  leur  constitution  robuste,  ce  qui  ex¬ 
plique  le  nombre  relativement  grand  de  machines  vendues. 

M.  Dye  a  présenté  une  machine  à  tissus  de  construction  entièrement  métallique  pour 
l’usage  de  la  bijouterie  et  de  la  passementerie. 

Une  machine  originale  et  très  simple  a  été  présentée  par  MM.  Voitellier  frères  pour 
la  fabrication  du  grillage  métallique  à  simple  torsion.  Elle  emploie  du  fil  n°  6  galvanisé, 
qui  doit  être  très  uniforme  et  sans  défauts;  avec  un  tel  fil  de  choix,  la  spirale  à 
quatre  hélices  se  forme  dans  un  mandrin  et  est  guidée  dans  son  avancement  par  les 
spirales  précédentes,  mais  toujours  à  cette  condition  que  le  fil  soit  sans  défauts.  On  peut 
faire,  d’après  l’inventeur,  avec  ce  système  de  machine,  jusqu’à  20  mètres  de  largeur. 
A  l’Exposition,  la  machine  permettait  de  faire  seulement  9  à  10  mètres,  la  dimension 
ayant  dû  être  limitée  par  suite  de  l’espace  disponible. 

Enfin  une  machine  à  faire  la  tresse  métallique  a  été  présentée  par  M.  Merle,  fabri¬ 
cant  de  vannerie  métallique.  Cette  machine,  qui  n’a  pas  encore  fourni  un  résultat  in¬ 
dustriel  assuré,  comporte  l’emploi  d’un  fuseau  particulier,  dont  l’avantage  est  de  pou¬ 
voir  employer  de  l’or,  de  l’argent,  du  cuivre  ou  autre  métal,  grâce  à  un  ressort  à 
boudin  qui  se  trouve  dans  l’intérieur  du  tube  du  fuseau. 


558 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


CATÉGORIE  D. 

OUTILS  DE  PRÉCISION  ET  DE  GRAVEURS; 

OUTILLAGE  POUR  LA  FABRICATION  DES  OBJETS  D’HORLOGERIE, 
DE  BIJOUTERIE,  ETC. 


Vingt-deux  exposants  peuvent  être  classés  dans  la  catégorie  des  outils  de  précision. 
L’un  d’entre  eux  a  obtenu  une  médaille  d’or.  C’est  M.  Roussel,  qui  a  présenté  des  limes 
fines  très  remarquables  ( marque  Raoul  aîné ),  des  outils  de  graveurs  et  d’orfèvres,  tels 
que  burins,  échoppes,  brunissoirs,  grattoirs ,  râpes ,  alésoirs,  etc. 

C’est  au  siècle  dernier  que  le  fondateur  de  la  maison  laissa  son  nom  comme  marque 
de  fabrique.  Il  substitua  alors  l’acier  fondu  à  l’acier  corroyé. 

M.  Roussel,  continuant  à  se  préoccuper  du  meilleur  choix  des  matières  premières, 
emploie  de  l’acier  chromé  d’Unieux  (Loire)  et  traite  ce  métal  avec  les  soins  les  plus 
minutieux. 

Doucement  chauffé  au  charbon  de  bois,  cet  acier  conserve  son  homogénéité;  la 
proportion  de  carbone  n’est  pas  diminuée,  et,  sous  l’étirage  du  marteau,  il  se  transforme 
en  limes  dont  le  grain  est  resserré  par  l’opération  du  planage  jusqu’à  complet  refroi¬ 
dissement. 

Les  limes  ainsi  produites  possèdent  un  grain  très  fin  et  ne  se  laissent  pas  entamer 
par  un  autre  outil,  lime  ou  ciseau,  à  moins  d’un  recuit  préalable. 

La  fabrication  des  limes  de  taille  fine  et  douce  exige  une  préparation  spéciale,  un 
dressage  absolument  parfait,  afin  de  recevoir  uniformément  sur  leur  surface  une  taille 
si  peu  profonde  qu’elle  ne  se  distingue  pas  à  l’œil  nu.  11  faut,  de  la  part  des  ouvriers, 
un  toucher  extrêmement  délicat  et  une  sûreté  de  main  peu  ordinaire.  Aussi,  la  taille 
extrêmement  fine  échappe-t-elle  à  l’habileté  de  l’ouvrier,  et  c’est  aux  procédés  méca¬ 
niques  qu’il  faut  s’adresser  pour  obtenir  la  précision  désirable.  Il  reste  ensuite  à  faire  la 
trempe  qui  exige  des  soins  tout  particuliers  pour  procurer  à  ces  limes  la  dureté  excep¬ 
tionnelle  qui  les  caractérise. 

Deux  autres  exposants  ont  été  classés  en  tête  des  médailles  d’argent  en  raison  de  la 
supériorité  des^outils  d’horlogers,  bijoutiers  et  graveurs  qu’ils  ont  exposés.  Ce  sont 
MM.  Besançon  et  les  Fils  de  Weite. 

Parmi  les  outils  de  M.  Besançon,  le  jury  a  remarqué  les  pinces  coupantes,  l’une  à 
charnière  fraisée,  permettant  de  développer  un  effort  considérable,  sans  compliquer 
en  rien  ni  la  fabrication  ni  l’outil.  L’autre  est  une  pince  coupante  pour  cordes  de  pia^ 
nos,  permettant  de  couper  de  l’acier  trempé  de  grande  dureté. 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


559 


Les  Fils  de  Charles  Weité  ont  présenté  des  produits  remarquables  par  la  régularité 
et  la  finesse  des  tailles.  L’ancienneté  et  l’importance  de  la  maison  sont  ainsi  expliquées. 

Trois  autres  fabricants  :  MM.  Dumonchel,  Garnache  frères  et  Hugoniot-Tissot,  ont 
également  exposé  des  produits  de  très  bonne  fabrication. 

M.  Dumonchel,  successeur  de  la  maison  Renard,  avait  dans  sa  vitrine  des  instru¬ 
ments  et  outils  pour  la  gravure  artistique  et  industrielle  qui  ont  été  très  remarqués. 
Ces  outils  varient  de  plus  en  plus  de  forme  et  de  qualité,  au  fur  et  à  mesure  des  exi¬ 
gences  des  artistes  ou  des  industriels.  Les  roulettes  pour  gravure  permettent  d’obtenir, 
en  très  peu  de  temps,  des  effets  et  des  imitations  très  bien  rendus,  ou  bien  encore  des 
ombres  et  des  fondus  qui  exigeaient  auparavant  beaucoup  de  temps,  et  par  consé¬ 
quent  beaucoup  de  dépense.  La  gravure  d’anatomie  comporte  un  outillage  spécial 
pour  les  chairs  et  pour  la  reproduction  des  insectes.  Enfin  il  y  avait  des  outils  spé¬ 
ciaux  en  grand  nombre  pour  la  gravure  sur  acier,  la  photogravure,  la  chromo  sur 
bois  et  sur  pierre,  la  petite  sculpture  sur  bois,  etc. 

La  vitrine  de  MM.  Garnache  frères  renfermait,  outre  des  outils  pour  l’horlogerie, 
un  tour  à  rouler  les  pivots  de  montres  et  de  pendules,  ainsi  qu’un  tour  à  burin  fixe  de 
disposition  nouvelle,  qui  est  appelé  à  rendre  de  grands  services;  enfin,  une  machine  à 
arrondir  les  roues  de  montres. 

M.  Hugoniot-Tissot  a  exposé  des  outils  divers  pour  horlogerie  et  bijouterie,  des 
pinces  coupantes  et  des  tours  spéciaux. 

Mentionnons  les  outils  pour  graveurs  et  les  limes  pour  dentistes  très  finement  tail¬ 
lées  de  M.  Naze,  successeur  de  M.  Nicoud,  et  les  outils  de  précision  de  M.  Arnoux, 
pour  calibrer  certaines  pièces  d’horlogerie. 

Plusieurs  fabricants  ont  exposé  des  filières  en  diamant  ou  en  rubis;  ce  sont,  par 
ordre  de  mérite  et  d’importance,  M.  Vianney,  M.  Favier  et  M.  Ferré. 

M.  Vianney  nous  a  montré  des  filières  en  diamant,  en  saphir  et  en  rubis,  toutes 
avec  de  belles  pierres  parfaitement  polies  à  l’intérieur  de  la  filière  comme  à  l’exté¬ 
rieur. 

Il  y  en  avait  trois  séries  pour  l’étirage  du  fil  de  cuivre  argenté  à  1  o  grammes  par 
i,ooo,  jusqu’à  un  diamètre  voisin  d’un  centième  de  millimètre.  Il  faut  une  filière 
absolument  parfaite  pour  obtenir  un  fil  argenté  aussi  ténu,  sans  mettre  le  cuivre  à  nu. 

La  maison  plus  récente  créée  par  M.  Favier  a  exposé  des  filières  aussi  parfaites,  à 
en  juger  par  les  produits  obtenus.  Il  faut  une  habileté  rare  et  une  bien  grande  patience 
pour  arriver  à  percer  un  diamant  pour  tréfiler  un  fil  d’or  ou  d’argent  aussi  fin,  plus 
fin  même  que  le  fil  de  soie.  On  est  arrivé  aujourd’hui  à  tisser  le  fil  de  fer  ou  d’acier 
presque  aussi  facilement  que  les  fils  proprement  dits,  et  à  enrichir  les  étoffes  de  toutes 
qualités  par  l’introduction  de  fils  dorés  ou  argentés. 


560 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


M.  Ferré  nous  a  montré  des  filières  en  rubis  et  en  saphir,  et  des  diamants  fins  pour 
tréfiler  tous  métaux,  qui,  sans  être  aussi  parfaites  que  les  précédentes,  étaient  cepen¬ 
dant  de  bonne  fabrication. 

M.  Jullien  a  exposé  de  beaux  modèles  d’engrenages  pour  horlogerie  et  mécanique 
de  précision.  Cet  industriel  fait  la  taille  de  ces  engrenages  spéciaux  et  obtient  un  fini 
parfait. 

La  machine  à  arrondir  et  à  égaliser  la  denture  des  roues  de  montres  de  M.  Gan- 
derth  s’est  fait  remarquer  par  sa  simplicité  et  son  bas  prix  (70  à  80  francs),  tout  en 
étant  facile  pour  le  travail  et  bien  exécutée. 

M.  Garnache  (Abel)  nous  a  présenté  des  tours  à  pivoter,  entièrement  construits  de 
ses  mains,  dits  tours  Jacot.  Leur  fabrication  en  est  minutieuse,  puisqu’ils  servent  à 
tourner  les  plus  petits  pivots  de  montres,  comme  les  plus  gros,  à  la  grosseur  exacte, 
bien  polis,  et  sans  aucun  trait.  Sur  les  quatre  tours  exposés,  deux  portaient  une  poulie 
sur  la  broche  porte-pivot,  pour  marcher  à  la  roue;  les  deux  autres  étaient  destinés  à 
marcher  à  l’archet. 

M.  Chaüdesaigües  a  exposé  un  outillage  pour  graveur  sur  bois,  et  l’ouvrier  Vilain  a 
fait,  en  dehors  de  son  travail  et  à  la  main,  un  petit  modèle  d’atelier  d’orfèvrerie  que 
le  jury  a  signalé  par  une  mention  honorable  pour  le  travail  persévérant  que  sa  confec¬ 
tion  a  exigé. 

Trois  exposants  nous  ont  montré  des  produits  qui  entrent  dans  l’outillage  des  fabri¬ 
cants  de  bijouterie  et  d’orfèvrerie. 

Les  pierres  à  brunir  en  sanguine  de  M.  Harleox  ne  peuvent  être  obtenues  qu’à  la 
suite  d’un  travail  de  sciage  à  la  main,  fort  long,  puisque  deux  semaines  doivent  être 
employées  au  sciage  de  2  0  kilogrammes  de  cailloux  produisant  seulement  un  tiers  en 
poids  de  pierres  à  brunir.  Par  l’emploi  d’une  machine  spéciale  à  scier,  dont  les  cou¬ 
lisses  montantes  sont  garanties  contre  l’usure  par  l’émeri  au  moyen  de  rigoles  en 
zinc,  M.  Harleux  peut  produire,  dans  les  meilleures  conditions,  des  pierres  à  brunir 
en  sanguine  qui  sont  fort  appréciées  pour  certains  travaux  d’orfèvrerie,  de  bijouterie, 
de  dorure  et  d’argenture  sur  tranche ,  sur  cuir,  sur  bois ,  etc. 

Les  feuilles  en  baudruche  que  M.  Leroy-Selle  fournit  aux  batteurs  d’or  de  Paris  ont 
été,  depuis  dix  ans,  reconnues  supérieures  à  celles  qui  avaient  été  fournies  jusque-là 
par  les  fabricants  anglais  et  allemands;  les  nombreux  certificats  présentés  au  jury  lui 
en  ont  apporté  la  preuve.  Mais  quelques  explications  sont  nécessaires  pour  bien  mon¬ 
trer  l’usage  de  ces  «moules  en  baudruche». 

Primitivement,  l’or  était  battu  dans  du  parchemin,  mais  les  feuilles  restaient  trop 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


561 


épaisses.  Plus  tard,  on  fabriqua,  à  Paris,  des  feuilles  en  papier  dit  papier  animal,  de 
plusieurs  forces,  dans  lesquelles  on  faisait  passer  successivement  les  feuilles  d’or  qui 
purent  être  obtenues  plus  minces.  Puis,  on  arriva  à  employer  deux  pellicules  de  boyaux 
de  bœuf  collées  ensemble,  et  c’est  ce  que  l’on  a  appelé  peaux  ou  baudruches  doubles. 
Mais  le  commerce  demandait  des  feuilles  d’or  de  plus  en  plus  minces,  et  les  pellicules 
doubles  en  donnaient  de  trop  épaisses  encore. 

C’est  alors  que  M.  Selle  prit  une  seule  pellicule  ;  il  la  recouvrit  d’un  enduit  pour  la 
rendre  plus  résistante  sous  le  marteau,  et  d’un  vernis  spécial  pour  permettre  à  l’or  de 
s’étendre  plus  facilement,  ce  à  quoi  il  n’arriva  qu’imparfaitement  avec  le  produit  qu’il 
appela  baudruche  simple  française. 

Mais  son  gendre  et  successeur  emploie,  depuis  dix  ans,  une  nouvelle  méthode  de 
fabrication,  par  laquelle  il  a  beaucoup  amélioré  les  moules  pour  le  battage  de  l’or  qui 
peut  être  tiré  plus  fin  sans  perdre  son  bel  aspect,  tout  en  permettant  de  diminuer  les 
frais  de  fabrication.  Voilà  pourquoi  une  médaille  de  bronze  avait  été  attribuée  à  M.  Le¬ 
roy-Selle  par  le  jury  de  classe. 

La  Serviette  prodigieuse,  exposée  par  M.  Renaut,  a  été  l’objet  d’une  mention  hono¬ 
rable.  Cette  serviette,  composée  de  bourre  de  soie,  reçoit  une  préparation  spéciale 
pour  lui  donner  les  qualités  requises  pour  polir  et  nettoyer  les  métaux  et  entretenir 
leur  brillant.  Elle  supporte  le  lavage  sans  perdre  sa  propriété. 

Il  nous  reste  à  parler  de  deux  expositions  bien  différentes  des  précédentes,  mais 
rentrant  dans  la  catégorie  D,  parce  qu’elles  contenaient  des  laminoirs  spécialement 
destinés  aux  affineurs  de  métaux  précieux  et  aux  fabricants  de  bijouterie  et  d’orfè¬ 
vrerie. 

L’exposition  de  M.  Pernet,  qui  a  succédé  tout  récemment  à  M.  Ferron,  a  été  beau¬ 
coup  remarquée  par  le  jury,  comme  par  le  public;  son  laminoir  pour  affineurs  a  surtout 
fait  l’admiration  des  connaisseurs,  et  cependant  le  jury,  qui  avait  très  peu  de  mé¬ 
dailles  d’or  à  sa  disposition,  n’a  pu  lui  décerner  qu’une  médaille  d’argent. 

Ce  laminoir,  pour  travaux  de  précision,  est  composé  de  cylindres  de  o  m.  220  de 
diamètre  et  0  m.  32  0  de  longueur  de  table,  en  acier  forgé  cémenté  à  la  surface,  et 
percés  de  part  en  part  d’un  trou  assez  grand  pour  permettre  un  meilleur  refroidisse¬ 
ment  dans  l’opération  de  la  trempe  à  l’eau.  Ce  trou  central  permet  en  outre  de  faire 
circuler  un  courant  continu  d’eau  froide  pendant  le  travail,  afin  d’empêcher  le  plus 
possible  Téchauffement  des  tables  et  des  tourillons,  et  se  mettre  ainsi  à  l’abri  du  grip¬ 
page.  Les  cylindres  sont  rodés  et  polis  après  la  trempe,  et  les  soins  les  plus  grands 
sont  exigés  pour  obtenir  des  cylindres  à  grains  aussi  fins,  sans  criques,  et  susceptibles 
d’un  aussi  beau  poli. 

Pour  diminuer  le  volume  de  la  machine,  c’est-à-dire  l’emplacement  occupé,  condi¬ 
tion  essentielle  à  Paris,  M.  Pernet  a  placé  ses  engrenages  à  chevrons  à  l’intérieur  du 
bâtis,  ce  qui  procure  l’avantage  de  diminuer  les  risques  d’accidents. 

Groupe  VI. —  iv.  36 


IMPRIMERIE  NATIONALE. 


562 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


M.  Pernet  a  exposé  en  outre  deux  autres  laminoirs  de  plus  petit  calibre,  destinés, 
l’un  aux  batteurs  d’or,  l’autre  aux  bijoutiers.  L’ancien  bâti  en  bois  a  été  remplacé  par 
un  bâti  en  fonte,  plus  rigide  et  moins  encombrant,  avec  engrenages  à  l’intérieur,  et 
donnant  plus  de  facilité  dans  le  travail  du  laminage.  Il  a  joint  à  ses  laminoirs  un 
découpoir  à  excentrique,  avec  mouvement  d’amenage  automatique  pour  le  découpage 
et  l’emboutissage  de  tous  métaux  en  bandes,  ainsi  qu’un  découpoir  mécanique  perfec¬ 
tionné,  avec  un  débrayage  rapide  et  à  volonté,  en  haut  de  la  course.  Enfin,  une 
machine  à  timbrer  les  capsules  d’étain,  avec  plateau  revolver,  et  une  petite  presse  â 
timbrer  les  chaussures. 

M.  Delahaye  a  présenté  un  laminoir  à  cylindres  gravés  ou  unis  pour  bijouterie ,  un  pe¬ 
tit  laminoir  de  laboratoire,  tous  deux  d’excellente  fabrication. 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


563 


CATÉGORIE  E. 

MACHINES  À  ÉCRIRE. 


Les  machines  à  écrire  exposées  dans  la  classe  69,  et  pour  le  plus  grand  nombre 
dans  la  section  des  Etats-Unis,  étaient  au  nombre  de  12,  de  types  différents.  Cette 
variété,  à  elle  seule,  prouve  les  efforts  faits  par  les  inventeurs  pour  simplifier  et  per¬ 
fectionner  la  machine  à  écrire  qui,  aujourd’hui,  est  entrée  dans  la  grande  pratique, 
principalement  aux  Etats-Unis  et  en  Angleterre. 

Déjà  en  1878,  on  a  pu  apprécier  les  avantages  du  type  Writer  qui  avait  été  exposé 
par  MM.  Remington  et  fils,  de  New-York.  Ces  avantages  ne  peuvent  plus  être  mis  en 
doute  aujourd’hui. 

Un  grand  nombre  d’administrations,  de  commerçants  et  de  grands  industriels  ont 
substitué  à  la  plume  des  machines  qui  permettent  d’atteindre,  sans  fatigue,  une  vitesse 
bien  supérieure  à  celle  que  l’on  obtient  à  la  main,  tout  en  donnant  une  écriture  des 
plus  lisibles,  puisqu’elle  est  identique  à  celle  de  l’impression  typographique,  sans  que 
pour  cela  on  perde  l’avantage  d’obtenir  une  reproduction  par  les  moyens  ordinaires 
du  copie  de  lettres. 

L’avantage  de  cette  netteté  de  l’écriture  est  surtout  appréciable  par  le  destinataire 
de  la  lettre  qui  dépouille  sa  correspondance  bien  plus  facilement  et  plus  rapidement, 
sans  être  exposé  à  des  hésitations  causées  par  l’imperfection  des  écritures  à  la  main. 

Les  machines  les  plus  perfectionnées  que  nous  avons  pu  voir  fonctionner,  telles  que 
la  Calligraphe,  la  Remington,  la  Hammond  et  la  Bar-Lock,  sont  susceptibles  d’écrire  ou, 
autrement  dit,  d’imprimer,  avec  une  vitesse  d’environ  55  à  60  mots  à  la  minute 
(5  lettres  en  moyenne  par  mot).  Mais  il  faut  bien  s’entendre  quand  on  parle  de  la 
vitesse  d’une  machine  à  écrire,  car  le  résultat  à  obtenir  dépend  non  seulement  des 
dispositions  de  la  machine,  mais  surtout  de  deux  autres  conditions  que  l’on  ne  fait 
pas  toujours  entrer  en  ligne  de  compte  :  l’habileté  de  l’opérateur  et  la  connaissance 
préalable  plus  ou  moins  complète  du  texte  qu’il  s’agit  de  reproduire.  Il  est  facile  de 
comprendre  qu’on  écrit  beaucoup  plus  vite  une  phrase  connue  à  l’avance  qu’une  autre 
dont  le  texte  est  inconnu.  Car  la  rapidité  de  l’action  des  doigts  sur  les  touches  augmente 
évidemment  quand  on  sait  d’avance  que  tel  mot  succède  à  tel  autre  mot,  et,  dans  ces 
conditions,  il  a  été  fait  sous  nos  yeux,  en  une  minute,  Aoo  caractères,  correspondant 
à  80  mots  de  5  lettres,  tandis  qu’à  la  main,  on  ne  peut  pas  dépasser  i5o  caractères, 
c’est-à-dire  3o  mots,  et  on  ne  fait  généralement  que  20  ou  2  5  mots. 

Le  jury  a  pensé  qu’il  ne  devait  pas  se  prêter  à  un  concours  des  machines,  au  point 
de  vue  de  la  vitesse,  parce  qu’il  ne  pouvait  pas  apprécier  la  condition  essentielle,  celle 


86. 


564 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


de  l’habileté  de  l’opérateur,  mais  il  a  pris  connaissance  avec  intérêt  des  résultats  qui 
lui  ont  été  communiqués. 

L’examen  raisonné  des  dispositions  mécaniques  que  présentent  les  diverses  machines 
conduit  tout  naturellement  à  une  saine  appréciation  des  facilités  que  chacune  d’elles 
offre  au  point  de  vue  de  la  rapidité  de  l’écriture,  qualité  qui  est  la  plus  recherchée, 
car  tous  les  efforts  des  inventeurs  se  sont  portés  vers  ce  but,  en  faisant  aussi  légères 
que  possible  toutes  les  pièces  en  mouvement  et  en  réduisant  les  frottements  à  leur 
minimum. 

D’autres  qualités  importantes  sont  :  la  beauté  de  l’impression,  la  marche  silencieuse 
et  enfin  le  prix  de  l’appareil. 

Les  machines  à  écrire  peuvent  se  classer  en  deux  catégories  :  les  machines  a  clavier 
et  les  machines  à  cadran.  C’est  parmi  les  premières  que  se  trouvent  les  machines  les 
plus  perfectionnées  et  les  plus  usitées. 

Comme  pour  les  autres  machines  de  la  classe  59,  nous  avons  adopté  l’ordre  de 
mérite  pour  leurs  descriptions  et  mentions. 

La  Calligraphe  ou  the  Caligraph,  exposée  par  I’American  Writing  machine  C°  et  pré¬ 
sentée  par  MM.  Fenwick  frères  and  C°,  agents  pour  la  France,  appartient  à  la  première 
catégorie  ;  c’est  une  machine  à  clavier. 

Les  caractères  quelle  imprime  sont  tous  détachés  et  fixés  à  l’extrémité  de  petits 
marteaux  dont  les  supports  sont  disposés  en  cercle,  de  telle  sorte  que,  par  le  mouve¬ 
ment  des  touches  du  clavier,  les  marteaux  viennent  frapper  et  imprimer  les  caractères 
au  centre. 

Description.  —  La  machine  désignée  sous  le  numéro  2  comporte  72  touches  cor¬ 
respondant  à  autant  de  caractères  comprenant  :  une  série  de  majuscules,  une  série  de 
minuscules,  les  chiffres,  les  accents  et  les  signes  de  ponctuation. 

Ces  touches  sont  rondes  et  disposées  sur  un  seul  plan  incliné  en  6  rangées  de  12. 

Elles  sont  en  celluloïd  et  affectent  la  forme  d’une  houle  de  loto.  Elles  actionnent 
des  lames  de  bois  très  étroites,  mesurant  0  m.  4o  de  longueur. 

Ces  lames  de  bois  sont  des  leviers  simples.  Leur  pivot  ou  point  fixe  se  trouve  sous 
la  partie  antérieure  de  la  machine;  les  touches  appuient  sur  leurs  parties  médianes,  et 
leurs  points  d’attache  avec  les  marteaux  se  trouvent  vers  la  partie  postérieure.  Cette 
disposition  permet,  avec  une  très  faible  dépression  des  touches  (om.  008  à  0  m.  010), 
d’obtenir  un  déplacement  presque  double  des  tiges  actionnant  les  marteaux.  Les  touches 
des  trois  rangs  antérieurs  actionnent  les  marteaux  placés  dans  la  demi-circonférence 
antérieure  de  la  machine;  celle  des  trois  rangs  postérieurs  actionnent  les  marteaux 
placés  postérieurement,  de  sorte  que  la  résistance  se  trouve  sensiblement  équilibrée 
sur  tout  le  clavier. 

Marteaux.  —  Les  marteaux  sont  formés  d’une  feuille  d’acier  nickelé  recourbé  en  U 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


565 


pour  leur  donner,  avec  un  faible  poids,  une  grande  résistance  à  la  flexion.  Ils  sont 
supportés  par  une  branche  en  cuivre  recourbée  également  en  U.  Les  pivots  des  mar¬ 
teaux  sont  coniques,  ce  qui  permet,  au  moyen  d’une  vis  joignant  les  deux  branches  de 
TU,  de  supprimer,  au  fur  et  à  mesure  de  l’usure,  le  jeu  qui  se  produirait  entre  les 
pivots  et  leurs  supports. 

Les  caractères,  en  acier,  sont  fondus  mécaniquement;  leurs  tiges  affectent  la  forme 
d’un  tronc  de  cône.  Ils  sont  fixés  aux  marteaux  par  un  simple  coup  de  maillet.  Il  est 
donc  facile  de  les  changer  quand  ils  sont  usés,  ou  d’en  modifier  la  place  suivant  la 
fantaisie  des  acheteurs. 

Les  marteaux  au  repos  pendent  verticalement  et  s’appuient  sur  un  cercle  doublé  de 
feutre  qui  amortit  le  choc  qui  se  produirait  quand  les  marteaux  retombent  à  leur  place, 
et  évite  par  conséquent  toute  espèce  de  bruit. 

Les  supports  des  marteaux  étant  disposés  en  cercle,  ceux-ci,  par  le  mouvement  des 
touches,  viennent  tous  frapper  au  même  point  le  centre  du  cercle.  Il  s’agit  donc,  pour 
produire  l’impression  d’une  série  de  caractères,  de  faire  mouvoir  le  papier  latéralement. 

Ce  mouvement  du  papier  est  obtenu  en  le  disposant  sur  un  cylindre  en  caoutchouc 
monté  postérieurement  sur  une  glissière  à  deux  points  de  contact,  et  antérieurement 
sur  une  roulette  voyageant  sur  un  rail  plat  et  horizontal. 

Mouvement  du  chariot.  —  L’impulsion  est  communiquée  automatiquement  au  chariot 
ainsi  formé  au  moyen  d’un  grand  ressort  en  spirale  placé  sous  la  machine  et  enroulé 
sur  un  noyau  qui  communique  au  chariot  par  une  longue  bielle  et  une  manivelle.  Le 
déroulement  du  ressort  nécessaire  pour  l’avancement  d’une  ligne  complète  correspond 
à  un  dixième  de  la  circonférence  décrite  par  l’extrémité  de  la  bielle,  et  la  força  d’im¬ 
pulsion  ainsi  obtenue  ne  varie  d’un  point  extrême  de  la  ligne  à  l’autre  que  d’une  valeur 
très  minime  et  qui,  dans  la  pratique,  est  inappréciable  pour  la  personne  qui  se  sert  de 
la  machine. 

Réglage  du  mouvement.  —  Deux  crémaillères  parallèles,  l’une  fixée  au  chariot,  l’autre 
susceptible,  par  rapport  à  la  première,  d’un  déplacement  longitudinal  correspondant 
exactement  à  une  dent  de  la  crémaillère,  avancent  tour  à  tour  d’un  cran  par  le  mouve¬ 
ment  de  va-et-vient  d’un  rochet  de  déclenchement.  Les  mouvements  de  ce  rochet  sont 
produits  par  la  dépression  de  l’une  quelconque  des  touches  du  clavier. 

Le  papier  est  maintenu  sur  le  cylindre  en  caoutchouc  au  moyen  d’un  second  cylindre 
en  caoutchouc  également,  d’un  diamètre  plus  petit,  et  faisant  pression  sur  le  premier 
par  deux  ressorts  métalliques  dont  la  tension  peut  être  réglée  au  moyen  de  vis. 

Encrage.  —  Un  ruban  de  coton  imbibé  d’encre,  placé  immédiatement  au-dessous  du 
papier,  fournit  l’encre  nécessaire  pour  l’impression.  Il  est  enroulé  des  deux  côtés  de  la 
machine  sur  des  bobines  a  axes  horizontaux.  A  chaque  dépression  des  touches,  l’un  de 
ces  axes  subit  un  mouvement  de  rotation  réglé  par  une  roue  dentée  montée  sur  l’axe 
et  actionnée  par  un  rochet  en  rapport  avec  le  levier  placé  sous  les  touches. 

Le  ruban  avance  donc  longitudinalement  d’un  côté  à  l’autre  de  la  machine;  il  pré- 


566 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


sente  ainsi  toujours  une  nouvelle  surface  au  marteau  qui  frappe  sur  le  papier.  Le  con¬ 
tact  du  marteau  sur  le  papier  est  si  rapide,  que  le  contour  seul  des  caractères  se  trouve 
imprimé  et  l’intérieur  de  la  boucle  reste  en  blanc. 

Le  rouleau  de  caoutchouc,  sur  lequel  le  papier  est  placé,  est  polyédrique,  présen¬ 
tant  à  chaque  ligne  une  surface  plane  pour  s’imprimer  et  permettant  ainsi  aux  carac¬ 
tères  grands  ou  petits  de  marquer  également  en  haut  et  en  bas. 

Un  timbre  avertit  l’opérateur  quand  la  ligne  est  terminée.  Pour  passer  à  une  autre 
ligne,  il  suffit  de  faire  tourner  le  rouleau  de  papier  sur  son  axe  d’un  dixième  ou  d’un 
vingtième  de  révolution,  au  moyen  d’un  levier  ad  lioc,  placé  sur  la  droite  du  chariot, 
qui  actionne  une  roue  dentée  formant  Tune  des  extrémités  du  rouleau,  puis  de  rame¬ 
ner  le  chariot  au  commencement  de  la  ligne. 

Le  chariot  n’étant  mû  que  dans  un  seul  sens  est  d’une  extrême  simplicité  ;  il  est 
aussi  très  léger  et  très  compact.  Ses  points  d’appui  sont  très  rapprochés;  leur  nombre 
étant  de  trois,  l’aplomb  est  toujours  parfait. 

La  machine  est  peu  encombrante,  peut  se  placer  sur  une  table  ou  un  bureau  ordi¬ 
naire.  On  a  cependant  remarqué  qu’il  était  préférable  de  placer  le  clavier  à  la  hauteur 
des  coudes  pour  travailler  facilement  et  sans  fatigue. 

Pour  nous  résumer,  voici  les  qualités  que  nous  avons  pu  constater  pour  cet  appa¬ 
reil  : 

i°  Simplicité  de  la  manipulation,  par  suite  de  la  séparation  des  caractères,  ayant 
chacun  leur  touche  propre,  mais  ayant  cependant  pour  conséquence  de  comporter 
deux  fois  plus  de  touches; 

a0  Beauté  de  l’impression  résultant  d’un  coup  de  marteau  frappant  d’aplomb  sur 
une  surface  plane; 

3°  Régularité  de  l’alignement,  résultat  de  la  proximité  de  la  glissière  et  du  point 
de  contact  du  marteau  avec  le  papier,  ainsi  que  du  montage  des  marteaux; 

4°  Vitesse  de  l’impression,  au  moins  deux  fois  plus  rapide  que  la  plume,  et  avec 
un  bon  opérateur  ordinaire; 

5°  Faculté  d’obtenir  facilement  vingt  copies  simultanées  et  bien  lisibles,  jusqu’à 
trente  copies  encore  lisibles; 

6°  Bruit  relativement  faible  produit  par  la  manipulation,  inférieur  au  bruit  de  la 
« Remington » ,  et  surtout  de  la  «Hammond»  et  de  la  «Bar-Lock». 

Nous  ne  pouvons  passer  sous  silence  un  perfectionnement  de  la  «  Calligraphe  »  apporté 
par  M.  Charles  Fenwick,  qui  consiste  à  donner  à  chaque  caractère  l’espace  nécessaire 
pour  lui  conserver  exactement  les  proportions  qu’on  a  adoptées  pour  la  typographie. 
Avec  ce  procédé,  les  lettres  à  simple  jambage,  telles  que  i,  l,  t,  correspondent  à  un  avan¬ 
cement  d’une  dent  de  la  crémaillère;  les  lettres  à  deux  jambages,  comme  n,  g,  etc., 
correspondent  à  deux  dents,  et  les  w,  m  et  majuscules  à  trois  dents.  Il  est  à  souhaiter 
que  ce  perfectionnement  trouve  son  application  dans  la  pratique  :  l’écriture  de  la 
«Calligraphe»  serait  alors  parfaite. 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


567 


Nous  avons  cru  devoir  donner  une  description  complète  de  la  «  Calligraphe  » ,  parce 
quelle  a  été  classée  la  première  parmi  toutes  les  machines  à  écrire  exposées. 

Une  autre  machine  a  été  aussi  hautement  appréciée  par  le  jury.  C’est  la  «Reming- 
ton»,  qui  est  la  machine  la  plus  répandue  en  deçà  et  au  delà  de  l’Atlantique. 

La  description  de  la  machine  Remington  de  1878  a  été  donnée  dans  le  rapport  de 
M.  Joseph  Lévy,  de  la  classe  61,  et  comme  la  machine  exposée  en  1889  ne  diffère  de 
la  précédente  que  par  des  perfectionnements,  il  suffira  d’en  donner  une  description 
sommaire. 

Le  clavier  de  la  Remington  n°  2  se  compose  aujourd’hui  de  38  touches,  c’est-à- 
dire  de  la  moitié  seulement  de  la  machine  la  a  Calligraphe  ».  Ce  clavier  a  donc  cela  de 
particulier,  que  chaque  touche  correspond  à  deux  lettres  :  une  majuscule  et  une  minus¬ 
cule  sur  une  même  tige ,  au  lieu  d’avoir  une  touche  pour  chaque  lettre. 

Cette  disposition  du  clavier  permet  de  supprimer  la  moitié  clés  pièces  du  mécanisme  : 
vis,  crochets,  pivots,  rivets,  etc.,  qu’exigent  les  machines  à  72  ou  à  78  touches; 
mais,  clans  celles-ci,  le  marteau  portant  un  seul  caractère  n’est  pas  exposé  à  frapper  à 
faux. 

Les  lettres  sont  fixées  aux  tiges  à  une  distance  entre  elles  de  0  m.  01  environ. 
Les  lettres  majuscules  se  trouvent  à  l’extrémité  des  tiges,  de  manière  que  les  minus¬ 
cules,  dans  l’état  normal  du  clavier,  restent  dans  l’axe  du  cercle.  Au  moyen  d’un  méca¬ 
nisme  très  simple,  le  chariot,  c’est-à-dire  la  partie  de  la  machine  qui  porte  le  papier, 
est  déplacé  horizontalement  d’avant  en  arrière,  d’une  distance  égale  à  celle  entre  les 
lettres  des  tiges.  Le  papier  se  présente  alors  au-dessus  des  lettres  majuscules.  Le  cha¬ 
riot  peut  être  tenu  par  un  simple  déclenchement  dans  cette  position  pour  écrire  entière¬ 
ment  en  majuscules.  La  simplification  du  clavier  constitue  un  des  points  de  supériorité 
de  la  machine  Remington,  car  on  écrit  sans  aucun  déplacement  des  mains  et  sans 
être  obligé  d’apprendre  et  d’avoir  constamment  à  l’esprit  deux  alphabets  distincts. 

L’utilité  d’un  jeu  de  touches  pour  faire  les  majuscules  n’est  pas  évident,  quand  on 
réfléchit  que  dans  toute  correspondance  la  proportion  des  majuscules  n’est  guère  plus 
que  de  2  p.  100. 

Les  touches  sont  disposées  en  gradins  et  placées  tout  à  fait  au  bord  de  la  machine, 
de  façon  que  les  doigts  tombent  naturellement  et  sans  effort  sur  le  clavier.  Dans  les 
machines  à  78  touches,  celles-ci  se  trouvent  plus  au  milieu  de  la  machine;  il  faut, 
par  conséquent,  tenir  les  bras  allongés  pour  écrire,  ce  qui  peut  fatiguer  l’opéra¬ 
teur. 

Le  mouvement  du  chariot  de  la  machine  Remington  est  uniforme  du  commence¬ 
ment  à  la  fin  de  la  ligne,  parce  qu’il  est  donné  au  moyen  d’une  roue-fusée  dont  le  dia¬ 
mètre,  toujours  grossissant,  vient  compenser  la  perte  de  force  du  ressort.  Dans  le 
«  Calligraphe  » ,  la  force  motrice  est  fournie  par  un  long  ressort  à  spirale,  ce  qui  rend  la 
tension  inégale. 


568 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Au  point  de  vue  de  la  perfection  de  la  construction,  les  machines  présentées  ont  été 
très  appréciées  par  le  jury.  Le  bâti  est  composé  de  pièces  de  fonte  solidement  assem¬ 
blées  et  pouvant  résister  à  tous  les  usages;  les  tiges  des  lettres,  la  crémaillère,  les 
leviers,  glissières,  barres,  vis,  etc.,  sont  en  acier  nickelé.  Les  marteaux  sont  en  tiges 
pleines  et  non  creuses,  ce  qui  permet  de  les  redresser  plus  facilement  en  cas  de  tor¬ 
sion,  mais  les  marteaux  sont  plus  lourds  que  ceux  de  la  «  Cal  li  graphe??  qui  ont  la  sec¬ 
tion  d’un  U.  Au  point  de  vue  de  la  légèreté  du  toucher,  la  «Remington»  présente  une 
infériorité,  mais,  par  contre,  le  ruban  est  mû  parle  ressort  principal  et  non  pas  par 
la  pression  des  touches,  ce  qui  exige  un  certain  effort  sous  le  doigt. 

En  résumé,  la  machine  Remington  est  une  machine  solide,  très  bien  construite, 
et  possède  un  clavier  qui  n’a  que  38  touches  pour  reproduire  les  majuscules,  les  minus¬ 
cules,  les  chiffres,  accents  et  signes  de  ponctuation.  Elle  est,  jusqu’ici,  la  plus  généra¬ 
lement  adoptée. 

Une  autre  machine  a  obtenu,  comme  les  deux  précédentes,  un  diplôme  de  médaille 
d’or.  C’est  la  machine  Hammond,  qui,  quoique  étant  une  machine  à  clavier,  présente 
une  disposition  mécanique  toute  différente  de  la  «  Calligraphe  »  et  de  la  «  Remington  ». 

Les  marteaux  multiples  de  celles-ci  sont  remplacés  par  un  marteau  unique  dans  les 
machines  «Hammond»;  les  caractères  sont  moulés  en  forme  de  cliché  sur  une  roue 
divisée  en  deux  parties,  gauche  et  droite;  chacune  de  ces  deux  parties  se  déplace  sui¬ 
vant  que  les  touches  sont  attaquées  par  la  main  gauche  ou  la  main  droite  et  vient 
présenter  la  lettre  désignée  au-devant  d’une  lunette  où  elle  se  trouve  frappée  par  un 
seul  et  unique  marteau  qui  détermine  l’impression,  et  dont  l’impulsion  étant  action¬ 
née  par  u'i  déclenchement  automatique  reste  toujours  la  même  et  ne  dépend  nulle¬ 
ment  de  la  force  avec  laquelle  les  touches  sont  déprimées. 

Si  deux  ou  plusieurs  touches  sont  frappées  à  la  fois,  il  n’y  a  qu’une  seule  lettre  qui 
se  présente  en  face  du  marteau,  celle  qui  se  trouve  la  plus  rapprochée  de  l’opérateur. 
De  là,  impossibilité  d’un  trouble  ou  d’une  détérioration  qui  peut  se  présenter  lorsque 
plusieurs  marteaux  viennent  frapper  à  la  fois. 

La  machine  est  disposée  avec  des  touches  s’attaquant  par  les  doigts  allongés  et  à 
plat  comme  pour  l’étude  du  piano,  et  l’arrangement  des  lettres  de  l’alphabet  est  com¬ 
biné  de  façon  à  mettre  le  plus  facilement  à  la  portée  des  doigts,  et  surtout  de  ceux  de 
la  main  droite,  les  lettres  les  plus  usitées. 

Le  nombre  des  touches  se  trouve  diminué  dans  une  proportion  considérable,  attendu 
que  9 a  caractères  ou  signes  différents  sont  exécutés  par  3o  touches  seulement;  les 
majuscules  d’une  part,  la  ponctuation,  les  accents,  les  chiffres  d’autre  part,  s’obtiennent 
naturellement  au  moyen  de  l’abaissement  de  deux  pédales  placées  dans  le  centre  du 
clavier  vers  la  partie  la  plus  à  portée  de  l’opérateur,  et  à  la  disposition  de  l’une  ou  de 
l’autre  des  deux  mains  à  volonté. 

De  cette  disposition  spéciale  du  clavier,  de  cet  arrangement  ingénieux  des  touches, 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


569 


il  résulte  que  les  personnes  ayant  une  mauvaise  vue  ou  un  manque  d’agilité  dans  les 
doigts  peuvent  arriver  à  se  servir  plus  aisément  de  la  machine  Hammond  que  des 
autres. 

Il  est  facile  de  comprendre  que,  tous  les  caractères  formant  un  cliché  unique,  le 
nettoyage  se  fait  plus  facilement  que  lorsqu’il  doit  être  effectué  sur  un  grand  nombre 
de  marteaux.  Il  suffit  de  changer  la  roue  portant  les  92  caractères  pour  écrire  avec 
des  caractères  de  forme  différente,  les  uns  droits,  et  les  autres  penchés,  ou  italiques. 

On  livre  avec  chaque  machine  deux  roues  garnies  de  caractères  variés. 

Le  chariot  du  cylindre  se  déplace  automatiquement,  à  chaque  touche  frappée,  avec 
une  vitesse  et  une  distance  toujours  égales;  c’est  pourquoi  les  lettres  à  plusieurs  jam¬ 
bages  sont  plus  petites  et  plus  serrées  que  les  autres;  inconvénient  qui  se  retrouve 
dans  les  autres  machines  de  la  même  espèce,  mais  la  régularité  de  la  vitesse  est  un 
grand  avantage  pour  la  beauté  de  l’écriture. 

Les  avantages  les  plus  appréciés  de  la  machine  Hammond  sont  :  la  facilité  de  l’ap¬ 
prentissage,  la  possibilité  de  changer  rapidement  de  genre  d’écriture,  et  il  y  a  encore 
cet  avantage  que  l’écriture  exécutée  n’est  pas  cachée;  elle  se  trouve  constamment  en 
vue,  de  sorte  que  l’opérateur  peut  toujours  la  relire  et  se  rendre  compte  de  ce  qu’il  a 
écrit,  et  les  corrections  peuvent  se  faire  avec  facilité.  Mais  il  faut  remarquer  que  le 
bruit  fait  par  la  «Hammond??  est  un  peu  plus  fort  que  pour  les  deux  précédentes  ma¬ 
chines,  parce  qu’il  se  produit  un  arrêt  brusque  du  cercle  des  caractères  à  chaque  dé¬ 
pression  des  touches. 

M.  Jacquier,  agent  de  la  compagnie  en  France,  a  fait  une  application  très  intéres¬ 
sante  de  la  machine  Hammond,  en  disposant  les  touches  avec  les  caractères  Braille, 
de  sorte  que  les  aveugles  font  une  étude  prompte  et  facile  de  l’écriture  à  la  machine. 
Le  jury  a  reçu  la  communication  d’une  attestation  du  vice-président  de  l’Association 
Valentin  Hauy,  fondée  pour  le  bien  des  aveugles.  Il  résulte  de  l’usage  de  la  machine, 
qui  a  été  fait  par  un  aveugle,  que  les  caractères  Braille,  marqués  en  relief  sur  le  cla¬ 
vier,  lui  ont  permis  de  reconnaître  chaque  touche ,  à  tel  point  qu’après  trois  ou  quatre 
jours  d’exercice,  il  a  pu  écrire  de  petites  lettres  ne  contenant  pas  trop  de  fautes. 

La  Compagnie  américaine  de  la  «machine  Columbia??  a  exposé  une  machine  assez  ré¬ 
cente  que  son  inventeur  a  nommée  Bar-Lock ,  et  qui  a  appelé  l’attention  du  jury  par 
sa  grande  ingéniosité.  Elle  se  rapproche  par  son  nombre  de  touches  de  la  Calligraphe, 
mais  le  clavier  est  double,  un  pour  les  majuscules  et  un  pour  les  minuscules,  de  sorte 
qu’il  n’y  a  qu’un  seul  alphabet  à  apprendre  et,  comme  dans  la  Calligraphe ,  il  n’y  a  pas  à 
faire  usage  de  clef  pour  la  transposition  des  lettres.  Les  tiges  des  marteaux  sont  placées 
sur  un  demi-cercle,  de  sorte  que  l’autre  moitié  de  la  machine  reste  ouverte;  de  plus, 
les  marteaux  sont  abaissés  par  les  touches,  au  lieu  d’être  soulevés.  Il  en  résulte  cet 
avantage ,  que  l’écriture  est  visible  pour  l’opérateur  qui  a  ainsi  la  facilité  de  se  con¬ 
trôler  et  de  corriger  les  erreurs  qu’il  aurait  pu  faire,  sans  avoir  à  ouvrir  la  machine; 


570 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


mais  il  y  a  cet  inconvénient,  que  les  marteaux  doivent  être  munis  chacun  d’un  ressort 
pour  les  relever  à  leur  place  après  qu’ils  ont  été  abaissés  par  la  touche. 

Les  tiges  des  marteaux  viennent  toutes  se  poser  entre  des  pointes  de  sûreté ,  de  telle 
façon  qu’ils  ne  peuvent  sortir  de  l’alignement,  et  c’est  pourquoi  l’inventeur  a  donné  à 
sa  machine  le  nom  de  Bar-Lock.  Il  convient  toutefois  de  faire  observer  que,  les  mar¬ 
teaux  étant  concentrés  dans  un  demi-cercle ,  au  lieu  d’un  cercle  entier,  il  en  résulte  un 
plus  grand  rapprochement  des  extrémités,  qui  peut  avoir  des  inconvénients  dans  cer¬ 
tains  cas. 

Le  jury  de  classe  avait  inscrit  cette  machine  parmi  les  médailles  d’or,  mais  le  jury 
de  groupe  ne  lui  a  attribué  qu’une  médaille  d’argent. 

Les  quatre  machines  que  nous  venons  de  décrire  et  qui  sont  appelées  à  rendre  le 
plus  de  services  dans  les  administrations  et  les  grandes  maisons  de  commerce,  se 
vendent  à  des  prix  qui  varient  de  5oo  à  600  francs.  C’est  là  un  prix  relativement 
élevé  qui  est  de  nature  à  limiter  leur  vulgarisation.  Parmi  les  machines  dont  nous 
avons  encore  à  nous  occuper,  plusieurs  se  livrent  à  bas  prix,  mais  elles  sont  loin  de 
présenter  les  avantages  (surtout  la  rapidité  d’écriture)  qui  sont  obtenus  par  les  quatre 
machines  précédentes. 

Le  jury  a  trouvé  dans  la  section  anglaise  une  machine  à  écrire,  la  Masquelyne,  appe¬ 
lée  aussi  à  rendre  des  services,  bien  étudiée,  et  à  laquelle  il  a  attribué  une  médaille 
d’argent. 

La  machine  possède  un  échappement  différentiel  qui  donne  à  chaque  lettre  l’espace 
qui  lui  est  propre,  et,  l’alignement  étant  bon,  on  obtient  une  excellente  impression  ty¬ 
pographique.  Déplus,  l’écrivain  voit  ses  phrases  se  former  sous  ses  yeux,  aussi  facile¬ 
ment  que  s’il  écrivait  avec  une  plume. 

La  machine  est  douce,  parce  que  l’impression  est  produite  directement  par  le  carac¬ 
tère  typographique  même,  sans  emploi  de  rouleau  encreur.  Elle  n’a  que  3 2  touches 
avec  lesquelles  on  forme  96  caractères  différents,  et  elle  coûte  4o  p.  0/0  meilleur 
marché  ;  elle  est  ainsi  plus  à  la  portée  de  bien  des  commerçants. 

La  World  Type  Writer  and  G0  a  exposé  une  machine  très  simple  et  très  bon  marché, 
dite  machine  à  écrire  «  Boston»,  à  laquelle  le  jury  a  donné  aussi  une  médaille  d’argent, 
en  raison  des  services  qu’elle  peut  rendre  dans  certains  cas  particuliers.  Ainsi  l’appa¬ 
reil  est  facile  à  emporter,  et  on  peut  faire  sa  correspondance  en  voyage,  en  écrivant 
aussi  vite  qu’avec  la  plume.  Il  y  a  le  modèle  à  un  alphabet  qui  se  vend  60  francs  et 
un  autre  modèle  à  deux  alphabets,  majuscules  et  minuscules,  qui  se  vend  100  francs. 

La  Boston  est  une  machine  à  cadran ,  et  Ton  s’en  sert  en  amenant  à  la  main  une  ai¬ 
guille  successivement  sur  chacune  des  lettres  composant  les  mots  que  Ton  veut  repro¬ 
duire,  et  en  même  temps,  et  pour  chaque  caractère,  il  faut  appuyer  l’index  sur  une 
tringle  qui  revient  d’elle-même  à  sa  place  primitive;  on  appuie  sur  une  palette  pour 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


571 


laisser  un  intervalle  entre  les  mots.  Lorsqu’une  ligne  est  terminée,  une  petite  sonnerie 
prévient  l’opérateur  qui  ramène  le  cadran  à  la  position  voulue. 

Un  autre  exposant  des  Etats-Unis,  M.  Myers,  a  montré  une  petite  machine  à  clavier, 
Mercury ,  avec  laquelle  on  écrit  au  moins  aussi  vite  qu’à  la  main,  et  qui  ne  coûte  que 
200  francs.  C’est  une  machine  à  3  o.  touches,  à  écriture  visible,  et  dont  la  pratique 
s’acquiert  rapidement.  On  conçoit  qu’elle  puisse  ainsi  rendre  des  services  pour  l’usage 
personnel  des  chefs  de  maison. 

La  machine  à  écrire  dite  Vélographe  suisse ,  exposée  dans  la  section  suisse  par 
M.  Rymtowtt-Prince ,  se  compose  de  deux  disques,  l’un  fixe,  divisé  en  quatre-vingts, 
dont  la  moitié,  c’est-à-dire,  quarante,  sont  occupés  par  les  lettres,  chiffres,  ponctua¬ 
tions  et  abréviations,  le  tout  servant  de  tableau  indicateur  pour  l’écriture.  L’autre 
disque  est  mobile;  il  tourne  autour  de  son  axe  et  fait  un  mouvement  perpendiculaire 
pour  imprimer  les  caractères  en  caoutchouc  qui  sont  placés  autour  de  son  bord  exté¬ 
rieur.  Outre  cela,  ce  disque  porte  deux  aiguilles-guides,  l’une  pour  les  lettres  majus¬ 
cules  et  chiffres,  l’autre  pour  les  minuscules,  la  ponctuation  et  les  abréviations;  chaque 
fois  qu’une  des  aiguilles  du  disque  mobile  est  ramenée  sur  la  lettre  voulue  du  disque 
fixe,  on  fait  une  légère  pression  sur  le  bouton  qui  s’y  trouve,  et  la  lettre  voulue  s’im¬ 
prime  sur  le  papier  enroulé  autour  d’un  rouleau,  lequel  s’avance  juste  l’espace  d’une 
lettre,  mécaniquement,  au  moyen  d’une  crémaillère. 

Entre  le  papier  et  les  lettres  à  imprimer  du  disque  mobile  se  trouve  un  ruban  chi¬ 
mique  remplaçant  l’encre.  Ce  ruban  est  enroulé  sur  une  bobine  et  se  déroule  mécani¬ 
quement  aussi  pour  s’enrouler  sur  une  autre  au  fur  et  à  mesure  de  l’impression.  Sur  le 
rouleau  porte-papier  se  trouve  un  arrêt  se  réglant  à  volonté  pour  toutes  les  grandeurs 
de  papier  et  pour  faire  varier  la  largeur  de  la  marge.  Il  y  a  un  disque  dentelé  pour 
l’espace  entre  les  lignes  et  une  sonnette  pour  annoncer  la  fin  de  la  ligne;  de  plus,  un 
petit  mécanisme  se  trouve  adapté  au  disque  fixe,  servant  à  marquer  les  accents. 

L’appareil  entier  ne  mesure  que  28  centimètres  de  longueur,  22  de  largeur,  1  h  de 
hauteur,  et  pèse  3  kil.  5 00. 

Cet  appareil  peut  faire  28  transpositions  pour  l’écriture  secrète  (cryptographie). 
Pour  cela,  on  place  un  second  disque  sur  celui  qui  est  fixe;  on  arrête  celui-là  au  moyen 
d’une  vis  d’arrêt,  mais  pouvant  se  déplacer  soit  à  droite,  soit  à  gauche,  de  sorte  que 
toutes  les  lettres  peuvent  être  transposées  suivant  le  nombre  de  divisions  qu’on  avance 
ou  qu’on  recule  vis-à-vis  de  l’aiguille  indicatrice  placée  en  arrière,  et  aussi  vis-à-vis  de 
la  lettre  normale  qui  se  trouve,  à  l’ordinaire,  au-dessus  du  rouleau  porte-papier. 

La  Columria  Type  writer  manufacturing  C°  a  présenté  une  petite  machine  dite  la  Co¬ 
lumbia,  à  laquelle  aurait  été  attribuée  une  médaille  de  bronze,  si  une  récompense 
supérieure  n’eût  pas  été  donnée  à  la  même  Compagnie  pour  la  machine  Bar-Lock.  Le 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


572 


numéro  2,  qui  contient  l’alphabet  français  en  majuscules  et  minuscules,  ne  coûte  que 
160  francs.  Après  une  semaine  de  pratique,  on  arrive  à  écrire  presque  aussi  vite  qu’à 
la  plume.  C’est  une  machine  à  cadran  qui  donne  un  joli  spécimen  d’écriture  avec  un 
espace  proportionné  pour  les  grandes  et  les  petites  lettres. 

La  machine  à  écrire  de  M.  Hall  nécessite  l’usage  dune  main  seulement;  elle  pèse 
3  kilogrammes  et  se  vend  210  francs.  On  a  écrit  devant  nous  1  o5  caractères  en  une 
minute,  comprenant  la  même  phrase  trois  fois  répétée.  Les  caractères  sont  au  nombre 
de  78  sur  l’alphabet  anglais  et  de  82  sur  l’alphabet  français,  avec  tous  les  signes  né¬ 
cessaires.  La  machine  a  une  longueur  de  3  5  centimètres ,  une  largeur  de  1  7  centimètres 
et  une  hauteur  de  6  à  7  centimètres.  Elle  se  compose  essentiellement  d’un  chariot  im¬ 
primeur,  avec  un  manipulateur  dont  la  pointe  est  amenée  en  tel  ou  tel  point.  Après 
quoi ,  on  fait  une  légère  pression,  et  la  lettre  indiquée  parle  manipulateur  s’imprime 
sur  le  papier. 

Il  est  facile  de  remplacer  l’alphabet  en  caoutchouc  pour  changer  l’écriture. 

Mentionnons  enfin  la  petite  imprimeuse  de  poche  de  M.  Seymour  Wade,  laquelle 
coûte  1  0  francs  avec  sa  boîte,  et  la  machine  à  écrire  de  M.  Wagner  Schneider,  qui  s’est 
attaché  surtout  à  l’approprier  pour  l’usage  des  aveugles,  avec  système  Braille. 

Il  nous  reste  à  parler  d’un  appareil  exposé  par  M.  de  Viaris,  qui  n’est  pas  une  ma¬ 
chine  à  écrire  et  qui,  cependant,  peut  être  classé  dans  la  même  catégorie.  Il  s’agit  d’un 
cryptographe  imprimeur.  Quelques  explications  préliminaires  sont  nécessaires. 

Qu’est-ce  que  la  cryptographie?  C’est  l’art  d’écrire  avec  des  signes  spéciaux  ou  con¬ 
ventionnels  un  texte  qui  doit  rester  caché  et  qui  ne  peut  être  compris  que  des  initiés. 
Ceux-ci  connaissent  la  clef  du  système  ou  bien  la  convention  suivant  laquelle  le  texte 
clair  a  été  transformé  en  texte  convenu  ou  chiffré,  autrement  dit  en  texte  secret,  que 
l’on  désigne  sous  le  nom  de  cryptogramme. 

Le  cryptographe  a  pour  but  de  composer  et  de  déchiffrer  des  cryptogrammes. 

M.  de  Viaris  s’est  proposé  de  trouver  un  appareil  qui  fût  à  l’abri  des  procédés  d’in¬ 
vestigation  indiqués  jusqu’à  ce  jour;  il  a  adopté  pour  cela  un  système  cryptographique 
ayant  pour  bases  le  dispositif  autoclave  et  une  équation  spéciale.  L’appareil  qu’il  a 
imaginé  réalise  ses  desiderata  :  il  est  imprimeur,  chiffrant  et  déchiffrant. 

Une  médaille  d’argent  a  été  attribuée  à  M.  de  Viaris  pour  ses  savantes  recherches  et 
pour  l’ingéniosité  de  son  appareil,  qui  trouvera  sans  doute  d’utiles  applications,  prin¬ 
cipalement  dans  la  cryptographie  militaire. 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


573 


CATÉGORIE  F. 

APPAREILS  À  COMPTER. 


L’Exposition  de  1889  a  accusé  un  progrès  important  en  ce  qui  concerne  les  appareils 
destinés  à  enregistrer  ou  à  contrôler  les  recettes  d’argent,  dont  le  besoin  s’est  surtout 
fait  sentir  en  Angleterre  et  aux  Etats-Unis.  Déjà,  en  1878,  une  telle  machine  avait  été 
présentée  et  hautement  récompensée. 

Ces  machines  sont  à  la  fois  des  machines  à  écrire  des  nombres  qu’elles  enregistrent, 
et  des  machines  à  contrôler  les  recettes.  Quelques  explications  sont  ici  nécessaires. 

Dans  la  pratique  ordinaire  des  magasins  de  vente,  des  erreurs  volontaires  ou  invo¬ 
lontaires  peuvent  être  commises  soit  au  détriment  du  patron,  soit  au  détriment  du 
caissier,  et  il  est  facile  de  concevoir  qu’il  en  soit  ainsi ,  en  raison  du  très  grand  nombre 
d’opérations  ou  d’inscriptions  qui  sont  faites  dans  la  journée,  surtout  quand  il  s’agit 
de  grands  magasins  où  affluent  les  acheteurs  d’articles  les  plus  variés. 

Avec  un  appareil  à  compter,  les  erreurs  sont  bien  plus  difficiles,  car  l’appareil  se 
charge  de  faire  une  partie  des  opérations  et  laisse  des  empreintes  qui  permettent  au 
contrôleur  de  faire  la  vérification  à  chaque  instant  entre  les  sommes  inscrites  et  les 
sommes  payées,  en  même  temps  que  l’acheteur  se  rend  compte  de  la  somme  qu’il  a  à 
payer. 

Quatre  machines  à  enregistrer  ont  été  présentées  àJ’Exposition  par  la  Lamson  Conso¬ 
lidated  Store  Service  C°,  de  Boston;  par  la  Cash  registering  machine  C°,  d’Angleterre; 
par  la  National  Cash  register  C°,  des  Etats-Unis,  et  enfin  par  M.  Maskelyne,  de  Man¬ 
chester.  Toutes  les  quatre  ont  reçu  la  sanction  de  la  pratique  et  ont  déjà  rendu  des 
services  qui  ne  pourront  que  s’accroître. 

La  plus  remarquable  d’entre  elles  et  la  plus  ingénieuse  est  celle  qui  a  été  inventée 
par  M.  Lamson  et  qu’il  a  appelée  l’Addistrole.  Cet  appareil  fournit  automatiquement  un 
bulletin  qu’il  découpe  après  y  avoir  imprimé  un  numéro  d’ordre  et  le  montant  de  l’achat. 
Ce  montant  apparaît  sur  la  façade  de  l’appareil;  l’acheteur  peut  donc  se  rendre  compte 
et,  de  plus,  ce  montant  est  à  la  fois  enregistré  et  additionné  au  total  des  ventes  pré¬ 
cédentes. 

Le  vendeur  a  à  faire  une  manœuvre  des  plus  simples  et  des  plus  rapides.  Le  méca¬ 
nisme  a  paru  au  jury  présenter  de  grandes  garanties  de  solidité  et  de  sûreté  de  fonc¬ 
tionnement. 

L’addistrole  empêche  toute  fraude  et  toutes  erreurs;  il  permet  au  chef  de  maison  de 
voir  d’un  coup  d’œil,  après  une  absence  de  durée  quelconque,  quel  est  le  montantTexact 


574 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


des  ventes  effectuées  pendant  son  absence;  ce  total  ne  peut  être  vu  par  personne,  car 
il  se  trouve  sous  une  plaque  retenue  par  un  cadenas.  L’appareil  additionne  les  ventes 
jusqu’à  100,000  francs;  il  numérote  les  bulletins  jusqu’à  10,000  et  revient  de  lui- 
même  automatiquement  à  o.  Il  est  doue  appelé  à  rendre  de  grands  services  dans  les 
maisons  qui  font  quotidiennement  de  nombreuses  ventes  au  détail,  soit  que  la  caisse 
soit  tenue  par  un  étranger,  soit  qu’elle  soit  tenue  par  un  associé ,  parce  que  l’appareil 
ne  se  trompe  pas,  n’oublie  pas  d’inscrire  les  ventes,  donne  le  nombre  de  clients  venus 
et  supprime  le  système  de  contrôle  par  fiches ,  long  et  parfois  inexact. 

Les  ventes  s’additionnent  sans  cesse;  il  est  donc  utile  de  prendre  note,  à  l’ouverture 
ou  à  la  fermeture  de  la  maison,  du  montant  indiqué  :  la  différence  entre  ce  montant 
et  le  suivant  représente  la  somme  des  ventes  effectuées  entre  les  deux  observations. 

Pour  manœuvrer  l’appareil,  il  faut  faire  mouvoir  les  poignées  jusqu’à  ce  que  le 
montant  désiré  apparaisse  sur  un  demi-cylindre;  il  faut  alors  saisir  une  manivelle,  la 
tirer  à  droite  pour  la  faire  sortir  d’un  cran  d’arrêt,  lui  faire  faire  un  tour  complet  en 
la  ramenant  derrière  le  cran  d’arrêt.  L’appareil  présenté  a  une  hauteur  de  o  m.  55  et 
une  largeur  maxima  de  o  m.  45. 

En  résumé,  le  caissier  automatique  de  Lamson  donne,  en  une  seconde,  le  montant 
de  la  vente,  imprimé  sur  un  ticket  avec  lequel  l’acheteur  se  présente  à  la  caisse,  avec 
un  numéro  d’ordre  consécutif.  L’appareil  additionne  automatiquement  chaque  vente 
avec  les  précédentes  et  il  enregistre  à  chaque  instant  le  total,  de  sorte  que  le  chef  de 
maison  peut  se  rendre  compte,  par  une  différence  de  chiffres,  des  ventes  effectuées 
depuis  son  dernier  contrôle. 

La  machine  anglaise  dite  Cash  registering  est  appelée,  elle  aussi,  à  rendre  de  grands 
services  pour  le  contrôle  des  recettes  d’argent;  du  reste,  les  attestations  produites  au 
jury  en  ont  apporté  la  preuve,  et  les  commerçants  importants  au  détail  feront  de  plus 
en  plus  usage  de  caissiers  automatiques,  s’ils  sont  vraiment  soucieux  de  leurs  intérêts, 
trop  souvent  sacrifiés  par  des  erreurs  volontaires  ou  involontaires. 

Deux  appareils  ayant  quelque  analogie  avec  les  précédents,  en  ce  qui  touche  le  but 
à  obtenir,  doivent  être  cités  :  ce  sont  les  pinces  à  contrôler  et  la  presse  à  dater  les  cou¬ 
pons,  appareils  très  bien  construits  de  M.  Antoine  Fish,  de  Bruxelles,  et  le  tourniquet 
avec  compteur  totalisateur  de  Stevens  and  son. 

Il  nous  reste  à  parler  des  appareils  à  calculer1  de  M.  Chambon  et  de  la  machine  à  voter 
de  M.  Debayeux. 

MM.  Chambon  et  Baye,  de  Paris,  ont  exposé  dans  la  classe  6,  groupe  des  arts  libé¬ 
raux,  des  appareils  à  calculer  et  d’instruction  qui  ont  été  renvoyés  au  jugement  du 
jury  de  la  classe  5q;  nous  avons  examiné  un  appareil  ingénieux  pour  le  calcul  des  in¬ 
térêts  ,  que  l’inventeur  appelle  le  Tachylemme. 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


575 


Le  grand  modèle  donne  les  intérêts  d’un  jour  à  des  taux  variant  depuis  1  jusqu’à 
6  p.  o/o,  et,  pour  trouver  l’intérêt  de  plusieurs  jours,  il  faut  additionner  plusieurs 
chiffres  fournis  par  l’appareil. 

Parmi  les  autres  appareils  à  calculer,  il  faut  signaler  le  multiplicateur-diviseur,  qui 
permet  d’effectuer,  avec  rapidité  et  sans  erreur,  les  deux  opérations  de  la  multiplication 
et  de  la  division  quand  l’un  des  facteurs  est  un  nombre  cl’un  chiffre. 

Pour  la  multiplication,  il  faut  relever  et  additionner  les  produits  partiels  donnés  par 
l’appareil,  et  pour  la  division,  il  est  nécessaire  de  faire  des  opérations  à  la  main  qui 
ne  sont  pas  à  l’abri  des  erreurs  de  calcul. 

Un  ouvrier  fort  méritant,  M.  Debayeux,  a  exposé  une  machine  à  voter  pour  les  grandes 
assemblées ,  ayant  exigé  un  labeur  et  d’ingénieuses  recherches  qui  ont  valu  à  l’inventeur 
une  médaille  de  bronze. 

La  machine  comprend,  pour  chaque  votant,  un  transmetteur  de  trois  boutons  à 
contacts  électriques  persistants,  représentant  les  trois  votes  :  oui,  non  et  abstention.  Ce 
transmetteur  est  fait  de  telle  façon  qu’un  seul  bouton  puisse  rester  en  contact.  Il  est 
possible  au  votant  de  changer  son  vote  jusqu’à  la  fermeture  du  scrutin,  mais  il  n’y  a 
toujours  que  le  dernier  vote  émis  qui  reste  en  contact  et  qui,  par  conséquent,  puisse 
être  imprimé. 

Le  président  de  l’assemblée  dispose  du  fonctionnement  du  transmetteur  pendant  le 
temps  accordé  pour  le  vote ,  et  cela  à  l’aide  d’une  manette  posée  sur  son  bureau.  Aus¬ 
sitôt  la  clôture  du  scrutin,  le  président  retire  la  manette  du  contact  et,  par  cela  même, 
fixe  tous  les  transmetteurs.  C’est  alors  seulement  que  les  votes  émis  sont  transmis  par 
le  mécanisme  commutateur  au  mécanisme  imprimeur.  Il  y  a  un  plateau  commutateur 
où  viennent  les  fils  des  appareils  des  votants. 

Le  président  de  l’assemblée  devra ,  avant  l’ouverture  de  chaque  scrutin ,  faire  remettre 
tous  les  appareils  au  point  initiai,  et  pour  cela  en  donner  l’ordre  (à  Laide  d’une  son¬ 
nerie)  au  préposé  à  la  machine. 


576 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


CATÉGORIE  G. 

MACHINES  À  RELIER. 


C’est  dans  la  section  anglaise  que  le  jury  a  trouvé  les  machines  les  plus  perfection¬ 
nées  et  les  plus  variées  pour  la  reliure  des  livres,  et  ces  machines,  d’inventions 
diverses,  ont  été  exposées  par  la  maison  W.  C.  Horne,  de  Londres. 

La  reliure  complète  d’un  livre  exige  une  série  d’opérations  qu’une  seule  machine  ne 
peut  pas  accomplir.  Les  diverses  machines  de  reliure  ne  font  qu’une  partie  du  travail 
total,  lequel  se  décompose  en  un  grand  nombre  d’opérations  dont  voici  les  principales  : 

i°  Pliure; 

2°  Laminage; 

3°  Couture; 

lx°  Mise  en  presse; 

5°  Endossure; 

6°  Préparation  du  carton  de  la  couverture; 

7°  Rognure  des  têtes,  queues  et  gouttières; 

8°  Décoration  de  la  couverture. 

I.  Les  machines  à  plier  n’ont  pas  réussi  en  France,  à  cause  du  bon  marché  de  la 
main-d’œuvre  des  femmes  qui  font  ce  travail ,  mais  nous  en  trouvons  une  dans  1  ex¬ 
position  anglaise  de  M.  Horne. 

C’est  la  plieuse  Martiny  qui  plie  en  cahiers  réguliers  2,5 oo  feuilles  à  l’heure.  Son 
mérite  consiste  surtout  en  ce  qu’elle  comprend  un  système  de  croisement  de  lames,  tel 
que  les  feuilles  ne  sont  jamais  en  mouvement  sans  qu’une  lame  arrive  au  centre  pour 
donner  la  direction  au  p]i.  La  plieuse  qui  était  a  l’Exposition  faisait  trois  plis,  mais  il 
en  existe  qui  en  font  un  plus  grand  nombre. 

III.  Coulure  mécanique.  —  L’exposition  de  la  maison  Horne  contenait  la  Relieuse 
Smytli,  machine  nouvelle,  extrêmement  remarquable,  tant  par  ses  dispositions  méca¬ 
niques  que  par  le  travail  vraiment  extraordinaire  qu’elle  accomplit. 

Elle  relie  les  feuilles  ou  cahiers  d’un  livre  en  obtenant  un  travail  plus  solide  que  le 
travail  a  la  main.  11  résulte  d’attestations  qui  ont  été  fournies  au  jury  que  le  travail 
manuel  produit,  en  large  moyenne,  2,5 oo  cahiers  cousus  en  un  jour,  et  qu’avec  la 
machine  Smyth,  on  peut  en  coudre  de  i5,ooo  à  20,000  par  jour,  et  plus  de  3oo  de 
ces  machines  fonctionnent  tant  en  Angleterre  et  en  Australie  qu’aux  Etats-Unis.  Le 
prix,  y  compris  tous  accessoires,  est  de  176  sf,  soit  4,275  francs. 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


577 


Voici,  en  le  résumant,  en  quoi  consiste  le  fonctionnement  de  la  machine  : 

Les  feuilles  sont  placées  Tune  après  l’autre  sur  des  bras  en  rayons  que  projette  une 
tige  verticale.  Ces  bras,  dans  leur  révolution  enlèvent  et  ajustent  la  feuille  de  façon  à 
la  placer  dans  la  position  requise  sous  des  aiguilles  courbes. 

A  mesure  que  chaque  bras  se  lève,  de  petits  trous  sont  percés  au  moyen  de  poin¬ 
çons  à  partir  de  l’intérieur  de  la  feuille,  pour  faciliter  l’entrée  et  la  sortie  des  ai¬ 
guilles. 

Quand  le  bras  est  au  plus  haut  de  son  parcours,  ces  poinçons  se  retirent  et  les  ai¬ 
guilles  courbes  entrent  à  travers  le  dos  de  la  feuille;  le  crochet  de  l’aiguille  saisit  le 
fil,  sort  dans  le  pli  et  amène  ce  fil  à  des  boudeurs. 

Les  boudeurs  reçoivent  alors  un  mouvement  latéral  pour  serrer  le  nœud,  et  ce 
mouvement  est  gradué  de  façon  que  le  livre  soit  cousu,  serré  ou  lâche,  selon  les  be¬ 
soins. 

Le  cahier  cousu  est  poussé  en  arrière  par  une  barre  de  pression  le  long  de  la 
plate-forme  d’ajustage  qui  est  assez  longue  pour  contenir  jusqu’à  5o  volumes  ordi¬ 
naires  que  l’on  coud  en  même  temps  et  qu’on  sépare  ensuite. 

Les  livres  sont  cousus  sur  des  rubans  distancés,  retenus  alternativement  par  chaque 
fil  de  la  couture,  formant  ainsi  une  complète  couture  sur  rubans. 

Les  rubans  et  les  fils  qui  les  recouvrent  sont  entièrement  indépendants  les  uns  des 
autres  et  des  points  de  couture;  de  sorte  que,  selon  les  besoins,  on  peut  mettre  un, 
deux,  trois  ou  quatre  rubans,  ou  même  les  supprimer  tous,  comme  pour  la  papeterie. 
Cette  dernière  faculté  ajoute  un  grand  avantage  à  la  machine. 

Les  volumes  sont  ensuite  séparés  en  coupant  le  fil  de  chaque  couture  indépen¬ 
dante,  et  les  rubans  à  la  longueur  voulue. 

Avec  les  machines  d’autres  systèmes,  le  haut  et  le  bas  des  feuilles  restent  détachés, 
tandis  qu’avec  la  machine  Smyth,  ces  extrémités  sont  maintenues  fermes  et  solides 
par  un  point  de  chaînette.  Tous  les  points  sont  indépendants  les  uns  des  autres,  et 
l’on  peut  aisément  relier  ko  cahiers  par  minute. 

La  maison  Horne  a  exposé  en  outre  : 

Une  Brocheuse  Elliot  qui  perce  les  trous,  y  introduit  le  fil,  le  noue,  le  coupe  et  en 
ressaisit  les  extrémités  pour  continuer  les  mêmes  opérations  en  faisant  environ  a  o  cou¬ 
tures  par  minute. 

La  Couseuse  métallique  Harper  qui  coud  les  cahiers  placés  ouverts  et  à  cheval  sur  la 
selle.  La  couture  est  très  serrée,  et,  avec  un  fil  métallique  très  ténu,  elle  doit  avoir 
plus  de  solidité. 

La  Presse  Hart  qui  fait  un  travail  plus  rapide  que  la  presse  hydraulique  et  permet 
de  lier  l’ouvrage  pendant  qu’il  est  sous  presse. 

Enfin  la  Rogneuse  Démon  qui  fonctionne  à  l’aide  d’un  plateau  tournant  avec  une 
grande  rapidité,  en  montant  sur  un  plan  incliné  et  s’ajustant  avec  précision  contre  un 
couteau  fixe. 


Groupe  VI.  —  iv. 


37 


578  EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


M.  Ledeuil,  constructeur  français,  a  exposé  des  machines  permettant  de  faire  les 
cinq  dernières  opérations  indiquées  plus  haut. 

La  construction  de  l’outillage  mécanique  pour  la  reliure  a  suivi,  en  France,  la 
marche  ascendante  de  la  production  du  livre,  mais  elle  est  restée  dans  des  limites  peu 
étendues,  par  la  raison  que  la  plupart  des  relieurs  sont  des  petits  industriels  ayant  a 
leur  disposition  de  la  main-d’œuvre  à  bas  prix  par  des  femmes  et  des  enfants. 

Il  y  a  dix  ans,  la  production  annuelle  française  en  outillage  mécanique  ne  réprésen¬ 
tait  que  200,000  à  260,000  francs.  Aujourd’hui,  il  s’en  fabrique  pour  600,000  francs 
exclusivement  à  Paris,  et  les  machines  sont  destinées,  pour  plus  de  la  moitié,  à  la  capi¬ 
tale. 

Voici,  suivant  l’ordre  dans  lequel  s’accomplissent  les  opérations  de  reliure,  les  cinq 
machines  exposées  par  M.  Ledeuil  : 

IV.  Mise  en  presse.  —  La  machine  employée  est  la  presse  à  vis.  Cette  machine  se 
compose  essentiellement  de  deux  sommiers  horizontaux,  fixes,  réunis  par  des  colonnes 
en  fer  dans  le  genre  de  la  presse  hydraulique,  et  cl’une  vis  dont  l’écrou  fixe  est  dans  le 
sommier  supérieur.  La  descente  de  la  vis  est  obtenue,  suivant  les  cas,  soit  par  la  force 
directe  de  l’homme  sur  un  volant,  soit  par  un  levier,  soit  par  une  percussion  qui  uti¬ 
lise  la  puissance  vive  d’un  volant,  soit  par  une  roue  cl’angle  avec  moulinet  manœuvré 
a  bras  d’homme,  soit  par  une  roue  à  vis  sans  fin  qui  augmente  considérablement  la 
force  de  la  machine. 

V.  Enclossure.  —  Les  machines  à  endosser  sont  de  deux  sortes  : 

i°  Les  étaux  qui  endossent  un  volume,  quel  qu’il  soit,  sans  réglage  préalable  de  la 
machine; 

20  Les  rouleaux  qui  nécessitent  un  réglage  pour  chaque  épaisseur  de  volume,  mais 
qui  permettent  d’endosser  très  rapidement  un  grand  nombre  de  volumes  semblables. 
Ces  machines  se  composent  de  deux  mâchoires  qui  serrent  le  livre  au  moyen  d’une  pé¬ 
dale,  dont  on  a  réglé  préalablement  l’écartement  au  moyen  de  vis  spéciales,  et  d’un 
cylindre  mobile  dont  le  centre  de  rotation  correspond  exactement  au  centre  de  cour¬ 
bure  du  dos  du  livre.  Ce  cylindre  est  rejeté  sur  l’arrière  de  la  machine,  mais  peut  être 
ramené  â  sa  position  de  travail  au  moyen  d’un  excentrique  manœuvré  par  une  seconde 
pédale.  Dans  ces  conditions,  l’endossure  d’un  livre  pour  lequel  la  machine  est  réglée 
se  fait  presque  instantanément  :  premier  coup  de  pédale,  serrage  du  volume  dans  les 
mâchoires;  deuxième  coup  de  pédale,  centrage  du  rouleau  faisant  les  mors. 

La  machine  exposée  présentait  un  perfectionnement  consistant  dans  l’addition  d’une 
tablette  équerre,  susceptible  de  réglage,  sur  laquelle  on  pose  le  volume. 

VI.  Préparation  de  la  couverture.  —  La  couverture  d’un  livre  se  fait  généralement  en 
carton;  ce  carton  doit  être  coupé  en  rectangles  exacts  correspondant  au  format  du 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


579 


livre.  La  machine  que  Ton  emploie  généralement  est  une  cisaille  à  couteau  mobile,  très 
connue  et  très  simple.  Dans  tous  les  établissements  de  grande  production,  dans  la 
grande  reliure,  on  emploie,  outre  les  cisailles  ci-dessus  qui  servent  pour  les  trains  déta¬ 
chés,  la  cisaille  circulaire  qui  permet  de  découper  simultanément  un  très  grand  nombre 
de  rectangles  de  carton  semblables. 

Cette  machine  se  compose  de  deux  arbres  d’acier  parfaitement  parallèles,  animés 
de  la  même  vitesse  de  rotation,  mais  en  sens  inverse.  Ces  arbres  portent  des  molettes 
en  acier,  bien  planes,  bien  égales,  et  dont  les  plans  de  rotation  sont  absolument  per¬ 
pendiculaires  à  l’axe  des  cylindres;  ces  molettes  peuvent  se  placer  à  un  endroit  quel¬ 
conque  des  arbres,  au  moyen  de  vis  de  pression.  On  comprend  que  si  l’on  rapproche  les 
molettes  de  l’arbre  inférieur  et  celles  de  l’arbre  supérieur  jusqu’au  contact,  ces  mo¬ 
lettes  tourneront  l’une  contre  l’autre  sans  s’user,  mais  aussi  sans  s’écarter,  de  telle 
sorte  qu’une  feuille  de  carton  engagée  entre  les  molettes  se  trouvera  cisaillée.  A  cette 
machine  sont  ajoutés  des  cylindres,  une  table  et  des  équerres  dans  tous  les  sens,  qui 
guident  la  feuille  de  carton  avant,  pendant  et  après  la  coupe. 

VII.  Rognure  des  têtes,  queues  et  gouttières.  - —  Cette  opération  se  fait  dans  beaucoup 
de  petites  maisons  avec  le  rabot  de  relieur  ou  presse  à  rogner,  mais  sa  production  est 
très  limitée;  aussi  a-t-on  depuis  longtemps  disposé  des  machines  à  couper  le  papier 
spécialement  en  vue  de  la  reliure  des  livres,  c’est-à-dire  pouvant  couper  très  étroit  et 
à  des  dimensions  rigoureusement  exactes.  La  machine  exposée  présente  ces  avantages, 
mais  elle  permet  en  outre,  au  moyen  d’un  excentrique,  d’obtenir  l’horizontalité  de  la 
coupe;  de  plus,  le  système  d’engrenage  est  combiné  de  telle  manière  que  la  lame  re¬ 
monte  trois  fois  plus  vite  quelle  ne  descend,  d’où  il  résulte  une  économie  de  temps 
considérable. 

VIII.  Décoration  de  la  couverture.  —  La  couverture  des  livres  de  grand  prix  est  dé¬ 
corée  à  la  main,  mais  les  éditions  populaires  sont  décorées  au  moyen  du  balancier  et 
de  la  genouillère.  Le  balancier  marche  généralement  à  bras,  la  genouillère  est  l’ins¬ 
trument  réellement  employé  dans  les  grandes  maisons  de  reliure;  elle  permet  non 
seulement  d’imprimer  en  creux  ou  en  relief  les  couvertures  de  livres,  mais  encore  de 
les  imprimer  en  couleur  ou  de  les  vernir. 

Cette  machine  se  compose  essentiellement  d’une  table  horizontale  sur  laquelle  on 
pose  la  couverture  en  se  guidant  par  des  équerres;  d’une  autre  pièce  mobile  portant 
la  gravure,  qui  peut  remonter  et  descendre  au  moyen  d’une  vis,  pour  diminuer  ou 
augmenter  la  pression. 

Le  mouvement  de  rotation  de  la  machine  permet,  à  volonté,  au  moyen  d’un  em¬ 
brayage,  de  venir  faire  presser  la  plaque  portant  la  gravure  contre  la  table  sur  laquelle 
se  trouve  la  couverture.  M.  Ledeuil  a  ajouté  à  cette  machine  un  système  de  rouleau 
encreur,  avec  un  encrier  et  un  plateau  tournant  analogue  à  celui  des  presses  à  im- 

37. 


580 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889, 


primer,  qui  permet,  lorsque  la  gravure  est  en  haut  de  sa  course,  de  venir  l’enduire 
d’encre.  Ces  rouleaux,  placés  derrière  la  machine,  viennent  se  remiser  à  l’arrière  avant 
la  descente  de  la  gravure. 

Un  autre  bon  constructeur  français,  VI.  Barre,  a  exposé  dans  la  classe  5 9  quatre 
machines  :  une  presse  anglaise  de  petite  dimension;  un  petit  balancier,  col-de-cygne, 
muni  d’un  système  pour  encrer  la  plaque;  une  presse  à  percussion  et  à  vis  sans  fin  , 
destinée  aux  brocheurs;  et  enfin  un  coupe-papier  perfectionné,  possédant  la  pression 
automatique  du  papier,  un  indicateur  de  coupe,  le  déclenchement  automatique  avec 
frein. 

Quelques  détails  sur  ce  coupe-papier  sont  intéressants  à  donner.  Le  porte-lame 
forme,  avec  deux  bielles  et  un  balancier,  un  parallélogramme  articulé.  Il  résulte  de 
cette  disposition  que  la  lame  est  tirée  dans  le  sens  de  la  coupe  et  à  ses  deux  extré¬ 
mités. 

Pression  automatique.  —  La  pression  automatique  du  papier  est  obtenue  de  la  ma¬ 
nière  suivante  :  le  presse-papier  est  conduit  par  une  vis,  laquelle  traverse  un  écrou  de 
bronze  placé  dans  une  traverse  réunie  avec  une  traverse  inférieure  par  deux  tirants  ver¬ 
ticaux. 

Cette  traverse  inférieure  porte  un  galet  sollicité  par  une  came  qui,  en  tournant, 
force  le  système  des  deux  traverses  et  tirants  a  descendre.  Le  presse-papier  vient  ainsi 
serrer  le  papier  avant  la  coupe  de  la  lame.  On  règle  la  hauteur  du  presse-papier  par 
une  vis,  et  les  tirants  sont  séparés  de  la  traverse  supérieure  par  des  rondelles-ressorts 
qui  corrigent  les  erreurs  de  réglage. 

Par  ce  système,  on  obtient  une  très  grande  pression  sur  le  papier  à  couper,  laquelle 
est  nécessaire  avec  des  papiers  durs  pour  obtenir  une  coupe  juste. 

Indicateur  de  coupe.  —  Lorsqu’on  11e  se  sert  pas  de  régulateur  et  que  l’on  veut 
couper  suivant  une  ligne  ou  des  repères  que  l’on  a  tracés  sur  le  papier  à  couper,  on  se 
sert  de  l’inclicateur  de  coupe.  Une  plaque  de  cuivre  fixée  sous  le  presse-papier  est  sou¬ 
tenue  par  l’intermédiaire  de  petites  bielles,  par  des  contrepoids.  A  l’aide  d’une  pédale 
et  d’un  jeu  de  leviers  et  bielles,  on  peut  lutter  contre  l’action  des  contrepoids  et  faire 
descendre  la  plaque  indicatrice  de  coupe  qui  indique  exactement  sur  le  papier  la  ligne 
suivant  laquelle  viendra  couper  la  lame. 

Déclenchement  et  frein.  —  L’entraînement  du  mécanisme  de  la  machine  est  obtenu 
par  un  système  de  friction  conique  entre  le  volant  et  la  poulie. 

Le  volant,  coulissant  sur  une  clef,  entraîne  l’arbre  de  la  machine.  Lorsque  la  lame 
est  au  sommet  de  sa  course,  un  doigt  qui  maintenait  en  contact  le  volant  et  la  poulie 
s’efface;  sous  faction  d’un  ressort,  le  volant  s’éloigne;  la  friction  n’existant  plus,  le 
coupe-papier  s’arrête  instantanément,  car  le  volant,  dans  sa  course,  est  venu  s’appuyer 
contre  un  frein.  A  un  moment  quelconque  de  la  course,  on  peut,  par  une  pédale,  ob¬ 
tenir  le  déclenchement  que  nous  venons  de  décrire. 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


581 


M.  Rertrand  nous  a  montré,  dans  son  exposition  de  presses  et  outils  divers  pour 
papetiers,  un  étau  a  endosser  qui  présente  bien  des  avantages  sur  les  premiers  étaux 
employés  par  les  relieurs.  Un  volume  non  endossé  est  dit  broché ,  tandis  qu’il  s’appelle 
relié  après  l’endossement. 

Le  livre  ayant  eu  préalablement  le  dos  arrondi  avec  un  marteau,  on  le  met  dans 
l’étau  qui  sert  a  produire  la  saillie  nommée  mors ,  que  les  longs  côtés  du  dos  forment 
sur  le  corps  du  volume,  et  qui  doit  recevoir  la  couverture  en  carton. 

L’étau  à  endosser  de  M.  Rertrand  consiste  en  une  membrure  de  fonte  montée  sur 
un  bâtis  en  bois  et  supportant  deux  traverses  tournées  qui  servent  de  glissière  à  une 
mâchoire  avançant  au  moyen  d’une  vis  sur  une  deuxième  mâchoire  fixe. 

Le  volume  serré  à  bout  de  force  peut  cependant  glisser  pendant  l’opération;  c’est 
pourquoi  l’appareil  porte  une  chape  en  bronze  filetée  à  trois  filets  à  l’extérieur,  adap¬ 
tée  dans  un  sommier  qui  a  les  mêmes  filets  que  la  chape.  Celle-ci  a,  en  outre,  un 
autre  filet  â  l’intérieur  dans  lequel  passe  la  vis  de  serrage  du  livre.  En  faisant  manœu¬ 
vrer  la  chape  au  moyen  d’une  pédale  à  levier,  on  triple  la  pression,  et  le  volume  ne 
peut  plus  glisser.  Le  livre  se  trouve  donc  comprimé,  et  les  longs  côtés  du  dos  rabattus 
par  quelques  coups  de  marteau  font  alors  saillie  sur  les  mâchoires.  Il  s’agit  de  des¬ 
serrer  le  livre;  pour  cela,  on  tire  à  soi  une  petite  tige  située  à  droite  de  l’outil; 
elle  fait  manœuvrer  un  contrepoids,  et,  le  tout  se  desserrant,  les  mors  du  livre  sont 
faits. 


582 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


CATÉGORIE  H. 

MACHINES  k  faire  les  sacs  en  papier. 


L’Exposition  de  1889  a  accusé  un  grand  progrès  dans  la  disposition  et  la  construc¬ 
tion  des  machines  à  faire  les  sacs  en  papier,  et  conséquemment  dans  l’emploi  des  sacs 
obtenus  mécaniquement. 

Les  trois  machines  qui  avaient  été  exposées  en  1 8 y  8  n’y  figuraient  pas,  sans  doute 
parce  qu’elles  n’avaient  pas  reçu  la  sanction  d’une  pratique  ayant  conduit  à  leur  succès 
commercial;  mais  elles  ont  servi  puissamment  à  résoudre  les  difficultés  de  fabrication 
et  à  vulgariser  l’adoption  et  l’emploi  de  formes  spéciales  de  sacs  que  la  fabrication  mé¬ 
canique  comporte. 

Plus  particulièrement  depuis  deux  ou  trois  ans,  de  rapides  progrès  ont  été  réalisés 
dans  l’industrie  et  la  fabrication  des  sacs  en  papier  et  l’ont  amenée  au  degré  de  per¬ 
fectionnement  que  cette  fabrication  a  atteint,  surtout  en  Angleterre  et  aux  Etats- 
Unis. 

La  fabrication  à  la  main  prévaut  encore  sur  tout  le  continent.  C’est  une  méthode 
primitive  qui  consiste  à  couper  le  papier  a  la  longueur  et  à  la  forme  voulues  et  à  le 
livrer  au  fabricant  qui  le  plie  à  l’aide  de  règles,  le  colle  et  le  fait  sécher.  Avec  ce  svs- 
tèmc,  un  ouvrier  très  habile  produit  5  sacs  par  minute,  c’est-à-dire  au  plus  3 00  sacs  à 
l’heure,  tandis  qu’on  peut  en  fabriquer  une  moyenne  de  7,000  avec  la  machine  an¬ 
glaise  de  M.  Duerden,  inventeur. 

Quatre  machines  ont  fonctionné  sous  les  yeux  du  jury  et  du  public  :  une  anglaise, 
une  américaine  et  deux  françaises.  Aux  deux  premières,  le  jury  de  classe  avait  décerné 
une  médaille  d’or,  tout  en  signalant  la  supériorité  de  la  machine  anglaise,  et  aux  deux 
machines  françaises,  il  avait  décerné  deux  médailles  d’argent;  mais  finalement  le  jury 
de  groupe  n’a  pu  décerner  qu’une  médaille  d’or,  deux  médailles  d’argent  et  une  mé¬ 
daille  de  bronze. 

La  machine  à  fabriquer  des  sacs  en  papier  du  système  Euerden,  construite  et  ex¬ 
posée  par  MM.  Bibby  et  Baron,  constructeurs  à  Burnley  (Angleterre),  est  la  seule  qui 
permette  de  fabriquer  couramment  et  en  grandes  quantités  des  sacs  à  fond  plat  écorné, 
de  dimensions  différentes,  sans  qu’on  soit  obligé  d’arrêter  le  rouleau  de  papier  au 
cours  du  pliage,  et  ce,  sans  employer  un  papier  spécial,  c’est-à-dire  en  produisant  des 
sacs  uniformes  avec  la  plus  grande  variété  de  qualité  et  d’épaisseur  du  papier. 

La  machine  est  rotative:  l’usure  des  pièces  en  mouvement  est  donc  réduite  au  mini¬ 
mum,  et  les  sacs  sont  formés  et  produits  d’une  façon  continu,  sans  arrêt  du  papier, 
ce  qui  augmente  beaucoup  la  production.  Deux  modèles  de  machines  suffisent  pour 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


583 


faire  toutes  les  dimensions  de  sacs,  depuis  la  contenance  de  i  oo  kilogrammes  jusqu’à 
6  kilogrammes. 

La  machine  américaine  de  Leinbach  est  aussi  rotative,  mais  elle  ne  se  prête  pas, 
comme  la  machine  Duerden,  à  la  fabrication  de  sacs  de  dimensions  très  différentes. 
Ce  qui  caractérise  celle-ci,  c’est  qu’elle  peut  produire  des  sacs  de  toutes  dimensions, 
avec  toutes  qualités  de  papier.  H  importe  peu  que  ce  dernier  soit  mince  ou  épais.  Les 
sacs  varient  en  longueur  et  en  largeur  depuis  o  m.  1  oo  X  o  m.  1  4o  jusqu’à  o  m.  1 65 
X  o  m.  2 35,  pour  la  machine  exposée,  avec  toutes  dimensions  intermédiaires  et  va¬ 
riations  de  o  m.  ooi  sur  la  largeur  et  o  m.  006  sur  la  longueur.  La  machine  plus 
grande  permet  de  produire  des  sacs  variant  en  dimension  depuis  o  m.  175x0m.  2/10 
jusqu’à  0  m.  265xo  m.  370. 

Description  de  la  machine  Duerden.  —  Un  rouleau  horizontal  de  papier,  de  longueur 
appropriée  à  la  dimension  du  sac  à  fabriquer,  repose  sur  des  coussinets.  Au  fur  et  à 
mesure  que  le  papier  se  déroule,  la  pâte  se  trouve  appliquée  sur  son  côté,  à  la  place 
voulue  et  avec  une  pression  convenable  au  moyen  d’une  roue.  Plus  loin,  le  papier  est 
plié  en  forme  d’auge,  au  moyen  de  guides  latéraux  et  d’une  forme  centrale;  pendant 
qu’il  est  dans  cette  position,  il  y  est  pratiqué  une  coupure  semi-circulaire  qui,  d’un 
côté,  forme  une  patte  formant  recouvrement  au  fond  du  sac  et,  de  l’autre,  ménage  une 
échancrure  à  la  partie  supérieure  du  sac  suivant,  ce  qui  sert  à  en  faciliter  l’ouverture 
lorqu’on  l’emploie. 

Quand  le  papier  arrive  sur  les  cylindres  principaux  de  la  machine,  il  a  reçu  la  forme 
tubulaire  nécessaire,  grâce  à  un  guide  formeur.  Le  côté  sec  est  alors  mis  en  contact 
avec  le  côté  encollé  et  pressé  entre  les  cylindres  formant  ainsi  la  couture  longitudinale 
du  sac.  A  son  arrivée  entre  des  cylindres  coupeurs,  il  passe  tout  d’abord  librement  entre 
eux  sans  y  être  immédiatement  coupé  à  la  longueur  requise. 

Grâce  à  une  lame  plieuse  et  à  un  plieur  spécial,  la  formation  du  premier  pli  est  dis¬ 
posée  de  telle  sorte  que  les  bords  du  papier  puissent  être  rapprochés  plus  étroitement 
au  centre  du  pli  pour  former  un  fond  carré. 

Le  tube  de  papier  est  supporté  depuis  le  premier  cylindre  jusqu’au  plieur  par  une 
tringle  animée  d’un  mouvement  de  va-et-vient  et  dont  l’extrémité  avant,  munie  cl’un 
couple  de  ressorts  plats  se  détendant  extérieurement,  ouvre  la  partie  antérieure  du 
tube  pour  y  recevoir  le  plieur.  Celui-ci  ayant  amené  le  premier  pli  en  contact  avec  les 
seconds  rouleaux,  le  tube  en  papier  est  maintenant  coupé  par  d’autres  rouleaux,  tandis 
que  la  pâte  est  appliquée  au  milieu  du  premier  pli  de  forme  carrée,  au  moyen  d’un 
segment  que  porte  l’arbre  d’un  rouleau  supérieur.  Ce  segment  est  placé  entre  les  deux 
sections  folles  sur  leurs  axes,  qui  composent  le  cylindre  supérieur  de  la  seconde  paire 
de  cylindres,  lesquels  sont  entraînés  à  la  même  vitesse  superficielle  que  la  première 
paire  de  rouleaux. 

Un  segment  reçoit  la  colle  d’un  auget  par  l’entremise  d’un  rouleau  alimenteur  com- 


584 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889 


muniquant  directement  avec  le  fond  de  l’auget  dans  lequel  il  plonge.  L’arrivée  de  la 
pâte  est  réglée  par  une  lame  à  coulisse  au  fond  de  l’auget. 

La  longueur  du  sac  est  déterminée  par  l’augmentation  ou  la  diminution  de  la  vitesse 
des  deux  paires  de  cylindres  par  rapport  à  celle  des  rouleaux  coupeurs.  La  vitesse  de 
ces  derniers  peut  être  augmentée  ou  diminuée  avant  ou  pendant  le  coupage  du  sac, 
suivant  la  vitesse  d’entraînement  du  tube  ;  dans  ce  but-,  deux  disques  sont  fixés  respec¬ 
tivement  sur  deux  arbres  distincts;  l’un  est  muni  d’une  rainure  dans  laquelle  peut  se 
mouvoir  une  goupille  fixée  à  l’autre,  de  telle  façon  que  quand  le  centre  d’un  arbre  est 
abaissé  et  par  une  substitution  d’engrenage,  un  mouvement  variable  est  transmis  au 
disque  qui  porte  la  rainure,  lequel  est  relié  aux  rouleaux  coupeurs  et  leur  transmet 
conséquemment  à  chaque  révolution  une  vitesse  différente,  plus  rapide  au  moment  de 
couper  le  sac. 

Le  segment  à  encoller  et  les  deux  rouleaux  coupeurs  achèvent  une  révolution  par 
sac,  quelle  que  soit  sa  longueur. 

Pour  finir  le  sac,  il  reste  à  former  les  deux  plis  croisés  du  fond,  ce  qui  s’exécute 
au  moyen  de  deux  plaques  plieuses  agissant  chacune  entre  deux  rouleaux.  Au  sortir 
du  dernier  rouleau,  le  dernier  pli  du  sac  s’ouvre  partiellement;  il  est  enfin  définitive¬ 
ment  aplati  pendant  son  transport  sur  la  courroie  d’entraînement  allant  de  la  machine 
au  cylindre  de  séchage.  Le  sac  affecte  alors  la  forme  voulue  avec  les  deux  angles  de 
recouvrement  collés  avec  de  la  pâte,  au  corps  ou  au  premier  pli  du  sac. 

Le  fonctionnement  de  la  machine  est  silencieux,  son  alimentation  est  continue;  elle 
ne  nécessite  ni  règles,  ni  plaques  pour  le  pliage. 

Elle  occupe  une  place  de  4  m.  5o  X  i  m.  4o,  y  compris  le  cylindre  de  séchage,  et 
la  force  motrice  de  j/3  de  cheval  suffit  pour  l’actionner.  Sa  production  est  consi¬ 
dérable.  On  fabrique  couramment,  par  minute,  120  sacs  à  sucre  du  modèle  de  1  kilo¬ 
gramme,  et  les  sacs  plus  petits,  en  quantités  plus  grandes.  Les  spécimens  de  sacs  ex¬ 
posés  prouvent  l’excellence  de  la  machine. 

La  machine  américaine  de  Leinbach  pour  fabriquer  des  sacs  en  papier,  à  fond 
carré,  s’ouvrant  d’eux-mêmes,  a  déjà  rendu  et  est  appelée  à  rendre  de  grands  services. 

Les  sacs  qui  s’ouvrent  d’eux-mêmes  prennent  aussitôt  la  forme  d’une  boîte  parfaite, 
se  tiennent  bien  debout  et  ouverts,  prêts  à  être  remplis.  Le  fond,  très  plat,  bien  collé 
et  exempt  de  poche  fait  qu’il  se  vide  parfaitement. 

Les  machines  sont  de  onze  grandeurs  différentes  pour  la  confection  de  1 9  dimen¬ 
sions  de  sac,  depuis  125  grammes  jusqu’à  17  kilogr.  5 00,  et  cela,  d’après  l’inventeur, 
avec  un  seul  conducteur  mécanicien  aidé  de  i5  enfants  :  4  pour  conduire,  nettoyer  et 
pourvoir  de  papier  et  de  colle,  et  1  par  machine  pour  recevoir  les  sacs  et  les  mettre 
en  paquets.  Les  machines  sont  donc,  pour  ainsi  dire,  automatiques,  car  elles  s’arrêtent 
lorsqu’un  sac  imparfait  passe  par  un  certain  point,  ou  lorsque  la  bobine  de  papier  se 
trouve  achevée. 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


585 


La  force  nécessaire  pour  mettre  les  onze  machines  en  mouvement  n’excède  pas  5  à 
6  chevaux-vapeur,  et  avec  le  personnel  ci-dessus ,  l’exposant  a  affirmé  qu’il  fabriquait , 
par  journée  de  10  heures  de  travail,  5oo,ooo  sacs,  à  raison  de  îoo  par  minute 
pour  les  sacs  de  î  kilogramme  et  jusqu’à  i3o  par  minute  pour  les  petits  sacs  de 
i  2  5  grammes. 

Voici  une  description  abrégée  : 

Le  papier  s’étant  déroulé  de  bobine  est  d’abord  collé;  puis  il  s’enroule  autour  d’un 
former  pneumatique  qui  lui  donne  la  forme  sans  aucune  action  mécanique  venue  du 
dehors.  Après,  il  se  trouve  coupé,  plié,  imprimé  et  séché  très  rapidement. 

L’air  est  aspiré  du  former,  au  moyen  d’un  ventilateur  qui  produit  un  vide  partiel , 
de  sorte  que  la  pression  de  Pair  extérieur  comprime  le  tube  en  papier,  de  façon  à  lui 
donner  la  forme  voulue. 

Un  bras  tournant  qui  passe  contre  deux  lames  dentées  divise  le  tube  en  fragments 
pour  la  longueur  qu’il  s’agit  d’obtenir.  Des  lames  plieuses  triangulaires  s’introduisent 
dans  les  plis  des  côtés  pour  donner  à  l’un  des  bouts  la  forme  carrée,  et  deux  doigts 
en  fer  poussent  le  sac  à  l’endroit  ou  il  reçoit  la  colle;  après  quoi,  le  fond  est  plié  et 
fermé. 

La  machine  Leinbach  exige  de  très  bon  papier;  à  l’Exposition,  on  n’a  pu  fabriquer 
qu’avec  du  papier  spécial  d’Amérique.  Voilà  le  point  critiquable.  Mais  la  machine  est 
très  bien  construite ,  capable  de  fournir  un  long  usage  et  de  donner  de  très  beaux  pro¬ 
duits. 

La  machine  exposée  par  MM.  Planche  frères  de  Salins  (Jura),  possesseurs  du 
brevet  Bilon,  a  été  mise  en  état  de  marche  industrielle  par  les  soins  de  M.  H.  Planche, 
qui  a  modifié  heureusement  le  premier  modèle  et  est  parvenu  à  fabriquer  couram¬ 
ment  3,ooo  sacs  à  l’heure,  en  papiers  très  ordinaires,  tels  que  papiers  paille,  gris, 
goudron,  etc.,  qualités  le  plus  employées  en  France. 

La  machine  tient  peu  de  place  et  ne  demande  qu’un  moteur  de  i/5  à  î  jk  de  cheval 
environ.  Elle  peut  être  munie  d’une  petite  imprimeuse  rotative  pour  imprimer  le  nom 
du  marchand.  Les  sacs  produits  sont  bien  confectionnés,  bien  collés  et  pliés,  avec  le 
moins  de  plis  possible,  ce  qui  diminue  les  chances  de  dislocation  par  l’entassement.  La 
machine  classe  les  sacs  très  régulièrement  par  tas  de  2  5  ou  autres  nombres.  Ils  peu¬ 
vent  être  employés  de  suite,  sans  avoir  besoin  d’être  séchés,  comme  ceux  qui  ont  été 
fabriqués  à  la  main. 

M.  Terrot,  constructeur  mécanicien  à  Dijon,  a  exposé  deux  machines  pour  la  fabri¬ 
cation  automatique  des  douilles  en  papier,  de  toutes  formes,  servant  à  empaqueter  les 
chicorées,  graines,  amidons,  pâtes  alimentaires,  etc. 

Une  machine  permet  de  fabriquer  par  heure  i,5oo  à  i,8oo  douilles  ou  sacs  ronds, 
d’une  uniformité  absolue,  très  propres,  bien  collés  et  ayant  meilleur  aspect  que  les 


586 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


sacs  ronds  exécutés  à  la  main.  La  machine  peut  produire  des  sacs  de  forme  ovale  ou 
carrée,  mais  chaque  modèle  nécessite  une  machine  spéciale,  de  même  qu’une  machine 
ne  peut  fabriquer  qu’une  seule  dimension,  comme  l’autre  machine  française.  Les 
douilles,  à  leur  sortie  de  la  machine,  sont  prêtes  à  être  remplies  sans  avoir  besoin 
d’être  séchées.  La  consommation  de  colle  (simple  colle  forte,  chauffée  par  un  petit 
courant  de  vapeur)  est  très  minime,  à  peu  près  o  fr.  o5  par  1,000  douilles  cou¬ 
rantes. 

Une  machine  occupe  un  emplacement  de  h  mètres  carrés,  et  la  force  motrice  ne 
dépasse  pas  i/A  de  cheval.  Une  ouvrière  suffit  au  placement  des  feuilles,  et  un  mé¬ 
canisme  simple  lui  permet  d’arrêter  instantanément  la  machine. 

Description  et  fonctionnement.  —  L’ouvrière  place  la  feuille  préparée  sur  le  transpor¬ 
teur  de  la  machine;  celui-ci  la  conduit  sous  l’appareil  colleur  qui  l’enduit,  par  pres¬ 
sion,  de  la  colle  nécessaire;  mais  cette  pression  n’a  lieu  que  si  l’ouvrière  appuie  le 
pied  sur  une  pédale.  Dans  le  cas  ou  l’ouvrière  voudrait  interrompre  ou  achever  le  pla¬ 
cement  des  feuilles,  il  lui  suffit  d’abandonner  la  pédale  à  elle-même,  et  les  tampons 
colleurs  cessent  cl’être  en  contact  avec  le  transporteur  qui,  par  ce  moyen,  n’est  jamais 
maculé  par  ceux-ci.  Afin  que  la  colle  imprègne  convenablement  le  papier,  la  feuille 
subit  cinq  temps  d’arrêt  avant  d’arriver  au  mandrin.  Six  feuilles  sont  donc  toujours  en 
route. 

Arrivée  au  mandrin,  la  feuille  est  saisie,  enroulée  et  collée  dans  le  sens  de  la  lon¬ 
gueur.  Alors  l’appareil  à  confectionner  le  fond  de  la  douille  applique,  les  unes  sur  les 
autres,  les  languettes  découpées  de  la  feuille  qui  sont  ensuite  pressées  et  maintenues 
par  un  tampon  en  caoutchouc  faisant  saillie  à  ce  moment.  Un  repousseur  placé  dans 
le  mandrin  fait  sortir  et  tomber  la  douille  terminée. 

Une  machine  spéciale  avec  couteau-matrice  découpe  les  feuilles  suivant  le  modèle 
voulu  et  11e  demande  qu’une  force  d’environ  i/5  de  cheval-vapeur;  elle  peut  fournir 
les  feuilles  pour  5  à  6  machines  à  douilles. 

Un  appareil  dont  le  but  touche  à  celui  des  précédentes  machines  a  été  exposé  par 
M.  E.  Sineau  pour  ensacher  et  peser  les  produits  pulvérulents. 

Cet  appareil  a  pour  but  d’opérer  la  mise  en  sac  d’un  poids  déterminé  d’une  poudre 
quelconque;  il  a  été  fait  pour  des  poids  de  1  kilogramme,  1  livre  et  1  demi-livre  de 
poudre. 

Il  présente  trois  tablettes  en  tôle  reliées  par  quatre  pieds  filetés,  et  une  quatrième 
tablette  mobile. 

La  tablette  inférieure  repose  par  son  rebord  sur  la  table  d’usine  échancrée  pour 
laisser  passer  le  jeu  de  balance  qui  est  fixé  sous  la  tôle. 

Cette  tablette  présente  à  l’avant  un  évidement  qu’occupe,  un  peu  en  contre-bas,  une 
plaque  ajourée  en  cuivre,  divisée  en  deux  parties  :  une  fixe  au  niveau  où  doit  retomber 
le  sac  rempli,  une  mobile,  recevant  le  sac  et  formant  plateau  d’une  balance  dont  l’autre 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


587 


plateau  est  remplacé  par  un  poids  fixe;  ce  poids  répond  au  poids  du  sac  à  livrer,  un 
kilogramme,  par  exemple,  de  produit,  plus  le  poids  du  prospectus  et  de  l’enveloppe. 

Une  tablette  intermédiaire  présente  une  partie  rabotée  et  deux  guides  latéraux,  de 
façon  à  servir  au  glissement  d’une  collerette  en  bronze  qui  sert  de  base  à  un  cône  en 
verre  destiné  à  recevoir  le  produit.  Cette  collerette  est  reliée  par  deux  montants  à  un 
cercle  supérieur  qui  maintient  le  cône  vers  sa  partie  haute,  et  l’un  des  montants  est 
garni  d’une  poignée  en  bois. 

Dans  le  cône  en  verre  pénètre  un  cylindre  en  cuivre  lié  à  une  tablette  mobile  supé¬ 
rieure,  supportée  sur  quatre  galets  en  bronze  et  se  mouvant  avec  le  cône  en  verre.  Les 
supports  de  ces  galets  sont  suspendus  à  une  tablette  parallèle  à  la  tablette  mobile  et 
placée  un  peu  au-dessus  de  celle-ci.  Cette  quatrième  tablette  repose  sur  les  pieds  file¬ 
tés  par  quatre  écrous,  liés  à  quatre  pignons  qu’on  fait  mouvoir  en  même  temps  par 
une  couronne  dentée  intérieure.  Chaque  tour  de  cette  couronne  produisant  trois  tours 
de  chaque  pignon,  les  écrous  montent  ou  descendent  tous  quatre  à  la  fois,  et  de  quan¬ 
tités  égales;  la  tablette  supérieure  monte  ainsi  ou  s’abaisse;  elle  s’éloigne  ou  se  rap¬ 
proche  de  la  tablette  intermédiaire,  en  maintenant  son  parallélisme  avec  elle. 

Par  suite,  la  tablette  mobile  subissant  le  même  mouvement,  le  tube  en  cuivre  qu’elle 
supporte  pénètre  plus  ou  moins  profondément  dans  le  cône  en  verre. 

La  tablette  de  dessus  porte  en  outre  à  sa  partie  supérieure  un  tube  à  coulisse  par 
lequel  arrive  le  produit  pulvérulent;  la  coulisse  permet  la  jonction  avec  le  tuyau  des¬ 
cendant  de  l’usine,  qui  reçoit  le  produit  entraîné  par  une  hélice. 

Le  produit  pulvérulent  tombant  par  le  tube  remplit  le  cône  et  le  cylindre.  L’espace 
compris  entre  la  tablette  intermédiaire  formant  fond  et  la  surface  supérieure  de  la  ta¬ 
blette  mobile  est  occupé  par  la  quantité  de  produit  qui  doit  répondre  au  poids  désiré  ; 
.ce  poids  s’obtient  exactement,  puisqu’on  peut  régler  à  volonté  le  volume. 

En  tirant  le  cône,  la  tablette  suit  le  mouvement,  et  en  formant  couteau  à  travers 
le  produit  en  poudre,  elle  vient  boucher  complètement  le  dessous  du  tube.  Elle  forme 
obturateur. 

Quand  le  cône  arrive  au-dessus  du  trou  sous  lequel  le  sac  est  placé ,  tout  le  volume 
de  produit  pulvérulent  tombe  dans  le  sac.  Le  sac  ainsi  rempli  s’abaisse,  s’il  est  au  poids 
voulu;  si  l’abaissement  n’a  pas  lieu,  c’est  que  le  poids  voulu  n’est  pas  atteint;  on  règle 
alors  le  volume  jusqu’à  ce  que  les  sacs  atteignent  le  poids  demandé. 

Cet  appareil  remplace  donc  le  remplissage,  à  la  main  ou  à  la  cuiller,  des  sacs  ou 
paquets,  et  il  évite  leur  pesée.  Il  réalise  ainsi  une  grande  économie  de  temps.  Il  est 
construit  de  façon  à  remédier  aux  variations  de  densité  des  produits  et  à  éviter  leur 
adhérence.  Le  coupement  du  produit  par  lui-même,  dans  un  glissement  horizontal, 
évite  tout  tassement  ou  agglomération  de  la  poudre,  en  même  temps  que  toute  résis¬ 
tance,  ce  qui  n’aurait  pas  lieu  si  une  valve  ou  un  registre  avaient  à  pénétrer  à  travers 
la  masse  en  poudre  pour  former  obturateur. 


588 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


CATÉGORIE  I. 

MACHINES  POUR  LA  FABRICATION  DES  CIGARETTES  ET  CIGARES. 


Nous  trouvons  dans  cette  catégorie  spéciale  douze  exposants  dont  nous  allons  exa¬ 
miner  successivement  les  machines  et  les  appareils. 

M.  Decoüflé.  —  Machine  à  cigarettes  sans  colle.  —  Celte  machine,  une  des  plus 
intéressantes  de  toutes  celles  qui  étaient  exposées  dans  la  classe  5 9,  a  été  adoptée  par 
les  manufactures  de  l’Etat  et  fonctionne  aujourd’hui  dans  tous  les  établissements  qui 
produisent  des  cigarettes. 

Un  des  points  les  plus  importants  dans  cette  nouvelle  machine,  et  qui  constitue  réel¬ 
lement  une  invention  des  plus  remarquables,  est  le  mode  de  formation  des  tubes  des¬ 
tinés  à  être  ultérieurement  remplis  de  tabac.  Dans  les  nombreuses  machines  employées 
antérieurement,  celle  de  AL  Durand  (décrite  dans  le  rapport  de  AL  Durand-Claye, 
Exposition  1878),  celle  de  AL  Leblond,  etc.,  le  papier  sans  fin  enroulé  en  bobines 
venait  passer,  en  se  déroulant  ,  sous  des  ciseaux  qui  le  coupaient  à  la  longueur  des  ci¬ 
garettes,  et  chacun  des  petits  rectangles  ainsi  déterminés  venait  prendre  sur  un  gom- 
meur  une  certaine  quantité  de  colle,  puis  s’enroulait  autour  d’une  broche  qui  lui  don¬ 
nait  la  forme  d’un  cylindre,  en  même  temps  qu’un  dispositif  spécial,  plus  ou  moins 
compliqué,  suivant  le  type  de  machine,  pressait  le  tube  à  l’extérieur  et  assurait  le  col¬ 
lage.  Un  mécanisme  d’entraînement  (roue  revolver,  plan  incliné  à  échelons  mobiles,  etc.) 
amenait  ce  tube  en  regard  du  fouleur  destiné  à  introduire  la  charge  de  tabac. 

Les  opérations  nécessaires  pour  former  le  tube  de  papier  étaient  donc  assez  nom¬ 
breuses,  les  divers  mécanismes  servant  à  les  produire,  délicats  et  compliqués,  de  telle 
sorte  que  la  vitesse  de  la  machine  se  trouvait  forcément  limitée.  En  réalité  même,  dans 
les  machines  les  plus  perfectionnées,  les  machines  Leblond,  on  n’arrivait  pas  à  dépasser 
la  vitesse  de  3o  tours  par  minute. 

Dans  la  nouvelle  machine  Decoüflé,  la  confection  du  tube  est  infiniment  plus  simple 
et  n’exige  pas  de  colle,  ce  cpii,  au  point  de  vue  de  la  cigarette  elle-même,  constitue  un 
sérieux  avantage.  Le  papier  sans  fin  est  encore  enroulé  en  bobine,  mais  le  disque  qui 
le  porte  est  muni  d’un  petit  frein  qui  lui  permet  de  se  dérouler  à  tension  constante. 
La  bande  déroulée  passe  d’abord  sur  un  appareil  de  timbrage,  subit  une  courbure 
préparatoire  dans  le  sens  transversal,  qui  est  produite  par  un  prisme  à  arête  arrondie, 
puis  vient  s’enrouler  autour  d’une  broche,  de  diamètre  variable  avec  le  modèle  à  fa¬ 
briquer.  Cette  broche  porte  a  son  extrémité  spéciale,  très  ingénieuse,  Y  escargot,  qui  est 
percée  dans  le  sens  de  sa  longueur  d’une  fente  extrêmement  fine,  dont  la  profondeur 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


589 


va  en  diminuant  progressivement  jusqu’à  l’extrémité  où  elle  se  réduit  à  zéro.  Dans 
cette  fente  s’engagent  les  deux  bords  de  la  bande  de  papier  qui,  grâce  à  la  broche, 
ont  été  préalablement  rabattus  à  l’intérieur  dans  une  direction  radiale.  Pour  leur  pas¬ 
sage  dans  l’escargot,  ils  sont  d’abord  serrés  l’un  contre  l’autre,  puis  repliés.  Le  joint 
ainsi  déterminé  passe  ensuite  entre  deux  molettes  qui,  par  la  pression  qu’elles  exercent 
et  les  empreintes  qu’elles  produisent,  lui  donnent  un  grand  degré  de  résistance.  Le 
tube,  coupé  â  la  longueur  convenable,  est  déversé  sur  un  plan  incliné  à  échelons  mo¬ 
biles  qui  l’amènent  par  cascades  en  regard  du  fouleur  de  tabac,  lequel  est  en  meme 
temps  la  tige  de  remplissage. 

La  confection  du  tube  est,  comme  on  le  voit,  extrêmement  simple  :  ellen’evige  qu’un 
petit  nombre  d’organes  très  ordinaires,  â  l’exception  de  l’escargot,  qui  est  une  pièce 
délicate.  Mais,  par  contre,  en  raison  même  de  la  finesse  de  la  fente,  elle  exige  forcé¬ 
ment  l’emploi  de  papier  d’une  très  grande  régularité  d’épaisseur,  ne  présentant  ni 
grains  ni  fils  d’aucune  sorte.  La  fabrication  d’un  papier  remplissant  ces  conditions  ne 
présente  aucune  difficulté. 

La  formation  du  boudin  de  tabac  destiné  à  remplir  le  tube  se  fait  également  dans 
des  conditions  plus  satisfaisantes  qu’avec  les  machines  employées  antérieurement.  Le 
tabac  étendu  sur  une  courroie  sans  fin  est  entraîné  sur  une  glace  fixe,  où,  par  suite  du 
frottement  éprouvé  contre  la  paroi,  les  divers  éléments  se  rassemblent,  se  pressent  les 
uns  contre  les  autres  et  finissent  par  former  une  espèce  de  galette  d’une  densité  uni¬ 
forme.  A  la  suite  de  la  glace,  dont  la  longueur  est  juste  suffisante  pour  produire  cet 
effet  de  rassemblement,  la  couche  de  tabac  est  prise  par  un  coin  mobile  sur  trois  cy¬ 
lindres,  dont  l’un  joue  le  rôle  de  tendeur. 

Grâce  à  ce  mode  d’alimentation,  la  couche  de  tabac  arrive  à  l’entrée  du  moule  très 
régulière,  et  le  détachement  de  la  quantité  nécessaire  pour  remplir  ce  moule  se  fait 
très  nettement.  Du  point  de  prise  jusqu’au  point  où  se  fait  la  compression,  la  plaque 
supérieure  du  moule,  au  lieu  d’agir  sur  le  tabac,  roule  simplement  sur  des  galets,  de 
telle  sorte  que  la  pression  n’a  lieu  qu’a  l’extrémité.  Les  plaques  du  moule  sont  donc 
moins  exposées  â  s’encrasser,  en  même  temps  que  le  boudin  est  moins  roulé,  de  telle 
sorte  qu’on  peut  employer  du  tabac  au  degré  ordinaire  d’humidité  sans  avoir  besoin  de 
lui  faire  subir  une  dessiccation,  comme  avec  les  anciennes  machines. 

Le  boudin,  formé  dans  le  moule,  est  chassé  par  le  fouloir  dans  le  tube  de  papier 
qui  est  venu  au  bas  de  l’échelle,  et  la  cigarette  faite  est  rejetée  dans  un  conduit  incliné 
qui  l’amène  â  un  chargeur  automatique. 

Par  suite  de  la  simplification  des  organes  et  de  la  suppression  de  la  colle,  la  nou¬ 
velle  machine  peut  fonctionner  â  une  vitesse  bien  supérieure  à  celle  des  anciennes.  En 
marche  normale,  il  n’y  a  aucun  inconvénient  à  aller  à  A 5  tours. 

A  côté  de  la  machine  â  cigarettes,  M.  Decouflé  en  exposait  une  autre,  d’aspect  plus 
simple,  destinée  simplement  à  la  confection  des  tubes  en  papier.  D’une  manière  géné¬ 
rale,  cet  appareil  semble  n’être  autre  chose  qu’une  machine  à  cigarettes,  dans  laquelle 


590 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


on  aurait  supprimé  tous  les  organes  qui  se  rapportent  à  la  préparation  du  boudin  de 
tabac  et  à  son  introduction  dans  le  tube  en  papier.  Mais,  bien  que  reposant  sur  le  même 
principe,  cet  appareil  est,  en  général,  disposé  d’une  manière  un  peu  différente,  de 
façon  à  permettre  la  confection  de  tubes  de  modules  différents  par  le  simple  rem¬ 
placement  de  pièces  de  faible  importance. 

Enfin  M.  Decouflé  exposait  encore  une  petite  machine  à  cigarettes  à  main.  Cet  appa¬ 
reil,  extrêmement  simple,  était  destiné  à  permettre  aux  fumeurs  de  préparer  eux-mêmes 
leurs  cigarettes  en  utilisant  les  tubes  sans  colle  préparés  avec  la  machine  précédente 
et  qui  se  trouvaient  dans  le  commerce.  Le  tube  était  fixé  sur  un  petit  ajutage  dont  le 
creux  débouchait  dans  une  petite  capacité  où  se  plaçait  le  tabac,  qu’on  étalait  simple¬ 
ment  en  long.  Par  le  rabattement  d’un  couvercle,  on  déterminait  la  formation  d’un 
boudin  qu’on  chassait  dans  le  tube  en  papier,  en  agissant  à  la  main  sur  un  fouloir. 

M.  Durand  a  exposé  une  série  de  machines  d’excellente  construction,  dont  quelques- 
unes,  comme  les  machines  à  hacher  le  tabac  fin  et  la  picadura,  figuraient  déjà  à  l’Ex¬ 
position  de  1878. 

Parmi  les  appareils  nouveaux,  on  peut  citer  en  premier  lieu  une  machine  destinée 
à  utiliser,  pour  la  confection  des  cigarettes,  un  tube  sans  fin,  collé  à  l’avance  et  aplati 
de  manière  à  pouvoir  s’enrouler  sous  forme  de  bobine.  La  machine  a  pour  objet  de 
ramener  tout  d’abord  le  tube  aplati  à  la  forme  du  tube  à  section  circulaire,  de  le  couper 
ensuite  à  la  longueur  convenable  et  enfin  de  le  remplir  de  tabac.  Les  deux  dernières 
opérations  n’offrent  rien  de  bien,  particulier.  Les  organes  qui  servent  à  les  effectuer  se 
retrouvent  d’une  manière  générale  dans  les  nombreux  types  de  machines  à  cigarettes 
produits  antérieurement.  Quant  au  rétablissement  de  la  forme  circulaire  du  tube,  il 
s’obtient  d’une  manière  assez  ingénieuse,  au  moyen  d’une  petite  tige  pesante,  de  forme 
cylindrique,  terminée  par  un  biseau  allongé.  Pendant  que  le  papier  reçoit  un  mouve¬ 
ment  ascensionnel,  la  tige,  agissant  par  son  biseau,  sépare  les  deux  parties  de  tube 
appliquées  l’une  sur  l’autre,  et  la  section  se  transforme  peu  à  peu  pour  devenir  finale¬ 
ment  circulaire  par  son  passage  sur  la  partie  cylindrique  de  la  tige. 

Un  second  appareil  sert  à  préparer  des  tubes  à  cigarettes  collés,  au  moyen  de  papier 
sans  fin  enroulé  sur  bobine.  Cette  machine,  avec  quelques  variantes  dans  les  détails, 
est  la  reproduction  de  la  disposition  qui,  dans  le  type  de  la  machine  à  cigarettes  de 
l’ancienne  Société  française  des  tabacs,  avait  pour  objet  la  formation  du  tube  avant  son 
remplissage.  En  principe,  le  papier  sans  fin  se  déroule  sur  une  surface  plane,  où  un 
couteau  à  mouvement  alternatif  le  coupe  à  longueur  convenable  pour  donner  un  petit 
rectangle,  lequel  est  amené  sur  un  distributeur  de  gomme  liquide  pour  se  garnir  sur 
une  de  ses  arêtes  d’un  léger  filet  de  cette  gomme.  La  feuille  est  saisie  ensuite  par  une 
broche  d’enroulage  qui  a  pour  objet  d’en  former  un  véritable  tube,  en  la  roulant  et  en 
rapprochant  les  bords  de  manière  à  produire  le  collage. 

Les  tubes  ainsi  préparés  peuvent  être  remplis  de  tabac  au  moyen  d’un  appareil  à 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


591 


main  qui  produit  un  boudin  de  tabac  d’un  poids  sensiblement  constant  et  l’introduit 
dans  le  tube  par  l’action  d’une  tige  de  refoulement. 

M.  Leblanc.  —  Ce  constructeur  a  exposé  simplement  dans  la  classe  une  série  de 
dessins  représentant  les  différentes  machines  spéciales  qu’il  a  construites,  et  très  bien 
construites,  pour  le  service  des  manufactures  de  l’Etat.  Ces  dessins  n’étant  que  la  re¬ 
production  de  ceux  qui  lui  ont  été  remis  par  les  ingénieurs  de  ce  service,  il  n’y  a  pas 
lieu  de  s’y  arrêter  plus  longuement. 

MM.  I.  F.  Berndes  and  C°.  —  Machine  à  fabriquer  les  cigares .  —  Dans  le  système  qui 
fait  l’objet  du  brevet  Haehnel,  exploité  par  MM.  I.  F.  Berndes  and  C°,  la  confection  des 
cigares  comprend  trois  opérations  distinctes  : 

i°  La  préparation  des  intérieurs  ou  tripes; 

2°  Le  découpage  des  robes  ou  capes; 

3°  L’enroulement  des  capes. 

La  préparation  des  intérieurs  se  fait  à  la  main.  L’ouvrière  prend  une  quantité  con¬ 
venable  de  tabac  en  morceaux  plus  ou  moins  menus,  qu’elle  dispose  a  l’intérieur  d’une 
sous-cape,  feuille  de  dimensions  suffisantes  pour  former  une  enveloppe.  Le  solide  ainsi 
constitué  est  placé  dans  un  moule  en  deux  parties  (mâle  et  femelle),  reproduisant 
exactement  en  creux  la  forme  du  cigare  qu’on  veut  obtenir.  Ces  moules  sont  disposés 
au  nombre  de  vingt  dans  des  blocs  qui  s’emboîtent  exactement  l’un  dans  l’autre  au 
moyen  de  goujons.  Lorsque  les  creux  d’un  des  blocs  sont  garnis  d’intérieurs,  on  place 
le  second  bloc  en  faisant  pénétrer  les  goujons  dans  les  trous  correspondants.  Les  fiches 
mâles  viennent  alors  s’appliquer  sur  les  intérieurs  en  tabac.  En  plaçant  une  série  de 
blocs  sous  une  presse  et  en  les  y  laissant  un  certain  temps,  on  arrive  à  donner  au  tabac 
une  pression  suffisante  pour  qu’il  prenne  exactement  la  forme  des  moules.  Les  intérieurs 
ainsi  pressés  sont  propres  à  recevoir  les  capes  ou  enveloppes  extérieures,  destinées  à 
finir  les  cigares.  Ces  capes  sont  elles-mêmes  préparées  au  moyen  d’un  outil  spécial  qui 
n’est  autre  chose  qu’un  emporte-pièce  à  déclic.  Une  lame  aiguisée  est  fixée  en  saillie 
sur  un  bloc,  de  manière  à  donner  exactement  la  forme  de  la  cape  qu’on  veut  obtenir. 
Sur  cette  espèce  de  couteau,  on  étale  la  feuille  de  tabac  en  la  maintenant  tendue  avec 
la  main,  et  on  agit  ensuite  sur  une  pédale  qui  détermine  la  cbute  d’un  second  bloc.  La 
pression  sépare  la  cape  qui  se  loge  dans  le  vide  du  couteau. 

La  machine  à  caper  sert  â  enrouler  sur  les  intérieurs  les  capes  ainsi  obtenues.  Elle 
se  compose  en  principe  de  deux  mâchoires  ou  mordaches,  dont  Tune  peut  tourner  par 
rapport  â  l’autre.  Une  toile  sans  fin  pénètre  à  l’intérieur  et,  en  passant  sur  une  série 
de  cylindres,  peut  recevoir  à  un  moment  donné  un  mouvement  d’entraînement.  Les 
intérieurs,  placés  dans  une  rigole  inclinée,  glissent  par  leur  propre  poids  et  viennent 
se  présenter  successivement  devant  l’ouverture  d’un  tube  où  ils  pénètrent,  pour  arriver 
automatiquement  dans  l’intérieur  des  mâchoires,  entre  les  brins  de  la  toile  sans  fin. 


592 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Los  mâchoires  étant  refermées  et  la  toile  mise  en  mouvement,  la  cape,  introduite  à  une 
extrémité,  vient  s’enrouler  en  hélice  autour  de  l’intérieur  qui  est  animé  d’un  mouve¬ 
ment  de  rotation,  et  Unit  par  gagner  la  tête  sur  laquelle  elle  se  fixe,  grâce  à  une  petite 
quantité  de  colle  qu’elle  reçoit.  La  tête  du  cigare  prend  une  forme  régulière  en  tour¬ 
nant  sur  des  coquilles  de  forme  convenable  qu’on  ajuste  à  l’extrémité  des  mâchoires, 
à  l’intérieur.  Le  cigare  terminé,  un  simple  mouvement  de  pédale  suffit  pour  produire 
l’ouverture  des  mâchoires  et  le  rejeter  au  dehors. 

Les  intérieurs  préparés  dans  les  moules  ont  une  forme  régulière,  mais  il  importe 
que  le  tabac  mis  dans  ces  moules  soit  en  quantité  rigoureusement  convenable  et  que 
les  morceaux  soient  bien  allongés,  de  manière  à  éviter  que  les  cigares  soient  trop  mous 
ou  trop  durs.  C’est  là,  en  somme,  la  préparation  de  beaucoup  la  plus  importante. 

MM.  Williams  axd  C°.  —  Machine  à  cigares.  —  Dans  ce  système  de  confection,  le 
tabac,  réduit  par  un  hachage  grossier  en  morceaux  suffisamment  réguliers,  est  placé 
dans  un  réservoir  d’où,  par  un  dispositif  spécial,  il  est  distribué  dans  une  série  de 
godets  dont  chacun  a  reçu  la  feuille  destinée  à  former  la  sous-cape.  On  roule  ensuite 
cette  feuille  autour  du  tabac,  et  on  obtient  un  intérieur  autour  duquel  il  n’v  a  plus 
qu’à  enrouler  la  cape. 

Les  capes  sont  découpées  au  moyen  d’un  appareil  assez  ingénieux  dans  lequel  la 
feuille  est  maintenue  appliquée  sur  le  couteau  par  aspiration,  au  moyen  d’un  ventila¬ 
teur;  à  cet  effet,  à  l’intérieur  du  couteau  est  disposée  une  plaque  percée  de  trous  à 
travers  lesquels  se  produit  l’aspiration.  Un  rouleau,  en  passant  sur  cette  plaque,  sépare 
la  cape  du  reste  de  la  feuille.  En  rapportant  un  intérieur  sur  la  cape  ainsi  maintenue 
en  place  et  en  le  plaçant  sous  un  angle  convenable,  on  arrive  à  enrouler  la  cape  en  la 
détachant  successivement. 

MM.  Auguste  Lewis  et  Lewis.  —  Machine  à  cigarettes.  —  MM.  A.  Lewis  et  Lewis 
ont  exposé  une  machine  à  cigarettes  assez  compliquée ,  dans  laquelle  le  papier,  découpé 
préalablement  sous  la  forme  de  feuilles,  reçoit  la  quantité  de  tabac  nécessaire  et 
vient  s’enrouler  autour  par  un  mouvement  de  friction  prolongé  que  détermine  une 
toile  sans  fin.  Cette  machine,  dans  laquelle  on  s’est  proposé  d’éviter  les  inconvénients 
que  peut  parfois  présenter  le  bourrage  dans  les  machines  ordinaires  à  comprimeurs  et 
à  tiges  de  refoulement,  et  de  se  rapprocher  ainsi  des  cigarettes  que  le  fumeur  prépare 
lui-même,  en  roulant  à  la  main  la  feuille  autour  du  tabac,  offre,  par  contre,  le  désa¬ 
vantage  d’une  production  assez  irrégulière  et  assez  faible. 

M.  Chameroy.  —  Machine  à  découper  le  papier  à  cigarettes.  —  M.  Chameroy  a  exposé 
simplement  les  dessins  d’une  machine  qu’il  a  construite  pour  découper  en  bandes  de 
faible  largeur  les  feuilles  de  papier  sans  fin  destinées  à  la  fabrication  des  cigarettes. 
Cette  machine,  très  bien  entendue  dans  les  détails,  repose  sur  l’emploi  d’une  série  de 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


593 


molettes  qui  agissent  simultanément  sur  les  feuilles  et  les  découpent  en  autant  de 
bandes  qui  viennent  s’enrouler  sur  des  tambours.  Le  point  essentiel  qui  se  trouve  par¬ 
faitement  réalisé  dans  cette  machine,  c’est  que  la  feuille  reste  toujours  bien  unifor¬ 
mément  tendue,  de  telle  sorte  que  les  coupes  soient  bien  nettes  et  que  les  bandes 
obtenues  s’enroulent  rigoureusement  les  unes  sur  les  autres.  Cette  machine  est  de  celles 
qui  exigent  une  grande  précision  d’exécution. 

M.  Kosmine  (Russie).  — A  exposé  les  dessins  d’une  machine  à  fabriquer  les  tubes  a 
cigarettes. 

Il  résulte  de  la  note  accompagnant  ces  dessins  que  la  machine  de  M.  Kosmine  est 
destinée  à  la  préparation  des  tubes  collés  pour  cigarettes,  avec  addition  à  un  des  bouts 
d’un  carton  roulé,  comme  on  en  rencontrait  pour  les  anciennes  cigarettes  françaises  à 
la  main.  Ce  carton  occupe  une  certaine  longueur  de  la  cigarette  et  correspond  à  la 
partie  à  mettre  à  la  bouche.  Il  est  très  usité  dans  les  cigarettes  russes. 

Les  diverses  opérations  se  succèdent  très  méthodiquement;  l’ensemble  révèle  un 
esprit  très  judicieux.  La  complication  du  mécanisme  tient  à  la  triple  opération  :  prépa¬ 
ration  du  tube  en  papier,  préparation  du  tube  en  carton  et  introduction  de  ce  dernier 
dans  le  premier. 

D’après  la  note  remise,  la  machine  a  été  inventée  et  construite  par  un  jeune  homme, 
élève  de  l’Ecole  impériale  technique  de  Moscou.  Si  la  machine  lui  avait  été  soumise, 
le  jury  eût  probablement  accordé  une  récompense  supérieure.  Car  le  problème  très 
complexe  de  la  confection  du  tube  a  cigarette  avec  bout  en  carton  n’avait  pas  été,  au 
moins  à  notre  connaissance,  résolu  mécaniquement,  jusqu’ici,  d’une  manière  aussi 
complète  que  l’indiquent  les  dessins  et  la  note  soumis  à  l’examen  du  jury. 

La  machine  Lemaire,  qui  fonctionne  à  la  main,  a  pour  objet  de  former  un  boudin 
de  tabac  en  le  roulant,  et  de  l’enfermer  dans  une  feuille  de  papier  qui  vient  former 
autour  de  lui  un  tube  collé.  Elle  comprend  essentiellement  deux  séries  de  cylindres 
cannelés,  dont  l’un  a  ses  axes  portés  par  un  couvercle  mobile  autour  d’une  charnière. 
Tous  ces  cylindres  peuvent  recevoir  un  mouvement  de  rotation  dans  le  même  sens,  par 
l’action  d’une  manivelle  et  de  pignons. 

Le  couvercle  étant  ouvert,  on  dispose,  dans  le  creux  formé  par  les  cylindres  de  la 
partie  fixe,  la  quantité  de  tabac  nécessaire  pour  une  cigarette,  en  ayant  soin  de  la  ré¬ 
partir  sur  toute  la  longueur,  puis  on  ferme  le  couvercle  et,  en  le  maintenant  à  la 
main,  on  donne  quelques  tours  de  manivelle  pour  rouler  le  tabac.  Gela  fait,  on  rabat 
le  couvercle.  Une  plaque  de  colle  solide,  disposée  sur  une  lame  mobile  autour  d’un 
axe  excentré,  est  alors  amenée  sur  une  pile  de  feuilles  et  enlève  la  feuille  supérieure, 
qui,  par  un  second  mouvementée  bascule,  est  reportée  sur  le  tabac.  On  ferme  alors  de 
nouveau  le  couvercle  avec  quelques  tours  de  manivelle,  on  produit  l’enroulage  de  la 
feuille  autour  du  tabac  en  même  temps  que  le  collage  du  tube.  Une  légère  inclinaison 
Groupe  VI.  —  iv.  38 


IMPQIMER1E  NATIONALE* 


59/i 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


des  cylindres  du  couvercle  sur  ceux  de  la  partie  fixe  facilite  la  sortie  de  la  cigarette 
faite. 

M.  Blot.  —  Appareil  pour  cigarettes,  —  Dispositif  n’offrant  aucun  intérêt:  simple 
tube  métallique  dont  une  extrémité  est  coupée  obliquement,  tandis  que  l’autre  reçoit 
un  tube  de  papier  qui  s’y  enfonce  d’une  certaine  quantité.  Le  tabac  introduit  par  l’autre 
extrémité  est  poussé  par  le  doigt  et  vient,  peu  à  peu,  remplir  le  tube. 

M.  S.  Martin.  —  Tube-moule  à  cigarettes .  —  Dispositif  sans  intérêt,  ayant  unique¬ 
ment  pour  but  de  préparer  des  tubes  destinés  à  être  ultérieurement  remplis  de  tabac. 

M.  Ciiosselen  (Barcelone).  —  Machine  à  main  pour  faire  les  cigarettes.  —  Reproduc¬ 
tion  à  peu  près  complète  de  la  petite  machine  à  main  Decoutlé. 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


595 


CATÉGORIE  K. 

MACHINES  ET  APPAREILS  DIVERS. 


Nous  avons  rangé  dans  cette  dernière  catégorie  les  appareils  qui  n’ont  pu  trouver 
place  dans  l’une  des  catégories  précédentes.  Ces  appareils  ne  sont  pas  susceptibles  de 
classement;  ils  seront  donc  examinés  au  fur  et  à  mesure  qu’ils  se  présenteront,  en  sui¬ 
vant,  autant  que  possible,  l’ordre  alphabétique,  sauf,  toutefois,  pour  les  appareils  à 
marquer  le  bois  à  chaud  et  pour  les  machines  à  cartouches  dont  plusieurs  spécimens 
figuraient  a  l’Exposition. 

Trois  presses  pour  imprimer  à  chaud  des  marques  sur  les  caisses  en  bois  ont  été 
exposées  par  MM.  Boucheret  et  Pees,  de  Cognac;  par  M.  Foucault  et  par  MM.  The- 
venin  et  C,c,  de  Paris.  L’impression  mécanique  se  fait  au  moyen  de  la  pression  de 
marques  gravées  en  bronze ,  que  l’on  chauffe  dans  l’appareil  même. 

Des  machines  pour  la  fabrication  des  cartouches  ou  pour  la  préparation  des  tubes  à 
cartouches  ont  été  présentées. 

Le  Parc  national  d’artillerie  de  la  République  Argentine  a  exposé  une  machine  à 
charger  les  cartouches  Remington,  qui  a  été  inventée  par  M.  Juan  Malaspina,  chef  de 
la  fabrication  des  cartouches,  et  qui  a  été  construite  à  l’arsenal  national.  Elle  charge 
k o  cartouches  par  minute,  en  faisant  toutes  les  opérations  et  en  séparant  les  bonnes 
cartouches  de  celles  qui  doivent  être  rejetées  pour  défaut  de  calibre. 

La  Manufacture  royale  d’armes  et  fonderie  de  canons  de  Kragouyevatz,  en  Serbie, 
avait  dans  sa  belle  exposition  des  machines  à  fabriquer  les  cartouches,  dont  la  bonne 
construction  doit  être  signalée. 

M.  Gauchot  avait  apporté  au  Champ  de  Mars  une  de  ses  machines  à  cartouches,  et 
enfin  M.  Bisson  a  exposé  une  machine  pour  rouler  les  tubes-papier,  soit  pour  car¬ 
touches  de  chasse,  soit  pour  faire  de  petites  boîtes;  il  avait  aussi  exposé  une  machine 
tout  récemment  construite  et  encore  a  l’essai,  pour  calibrer  automatiquement  les 
douilles  métalliques  des  cartouches. 

M.  Audoye.  —  Machine  pour  cirer  les  chaussures  et  les  harnais.  —  Elle  doit  rendre  des 
services  dans  les  hôtels,  car  elle  peut  effectuer  a  l’heure  le  décrottage  et  le  cirage  de 
ko  paires  de  chaussures.  Nous  avons  remarqué  un  système  de  brosses  sur  disques  de 
fonte  de  diamètres  différents. 


38. 


59G 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


M.  Alary.  —  Petits  appareils  pour  échantillonnage  d’étoffes  et  cartonnages,  etc. 
Presse  pour  la  pose  des  œillets. 

MM.  Avery  and  son.  —  Machine  à  empaqueter  les  épingles,  faisant  un  travail  régu¬ 
lier  et  donnant  une  grande  production  journalière. 

M.  Billet.  —  Brosses  à  polir  pour  le  tour  et  la  main,  gratte-bosses,  etc. 

M.  Claude  a  exposé  une  machine  pour  faire  un  support  spécial  en  fil  métallique; 
cette  machine  unique  a  été  construite  sur  les  plans  de  M.  Claude  et  a  été  remarquée 
pour  ses  dispositions  ingénieuses.  Quatorze  cames  permettaient  de  faire  mécanique¬ 
ment  toutes  les  opérations  successives.  Le  public  pouvait  les  suivre  et  recevait  un  des 
objets  fabriqués  sous  ses  yeux,  objet  que  la  machine  présentait  d’elle-même  à  la  per¬ 
sonne  placée  devant  elle. 

MM.  Coquelin  et  Kaleski.  —  Tour  pour  la  fabrication  des  lorgnettes. 

M.  Dartigues  (Millerot,  successeur).  —  Diverses  machines  pour  orfèvres  et  pour 
ferblantiers,  notamment  :  martinet  à  planer  pour  orfèvres,  marchant  à  la  main;  des 
machines  à  arrondir  de  différentes  grosseurs,  jusqu’à  1  mètre  et  1  m.  o5  de  table; 
divers  outils  de  ferblantiers,  et  enfin  une  machine  à  border  les  fonds,  qui  a  paru  la 
plus  intéressante,  parce  quelle  peut  se  prêter  à  un  grand  nombre  de  diamètres  et 
servir  de  machine  à  moulurer  et  de  cisaille  circulaire;  elle  est  bien  construite  et  de 
nature  à  rendre  de  grands  services  à  un  petit  fabricant  faisant  lui-même  divers  tra¬ 
vaux. 

M.  Delagarde  a  exposé  les  classe-feuilles  et  serre-tissus  dont  il  est  inventeur  et  fabri¬ 
cant.  Ce  sont  de  petits  appareils  classeurs  d’un  emploi  prompt  et  facile  pour  réunir 
les  papiers  et  tissus. 

Machine  Derlon.  —  Pour  fabriquer  un  objet  bien  vulgaire,  un  fil  de  fer  tourné  en 
spirale  à  un  bout  et  terminé  à  l’autre  par  un  crochet  formant  ressort,  le  tout  destiné 
à  constituer  un  intérieur  de  fourneau  de  pipe,  M.  Derlon  a  combiné  une  machine  qui 
présente  plusieurs  dispositifs  extrêmement  ingénieux,  grâce  auxquels  on  peut  faire 
varier  : 

i°  Le  nombre  des  spires  formant  la  couronne  ou  fond  du  fourneau; 

2°  La  longueur  du  crochet; 

3°  Le  diamètre  du  tambour  qui  reçoit  la  couronne  de  fil  de  fer. 

Ce  tambour  est  à  bras  extensibles  glissant  dans  des  rainures  rayonnantes  et  portant 
un  bouton  saillant  qui  s’engage  dans  une  rainure  hélicoïdale,  de  sorte  qu’en  faisant 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX 


597 


tourner  la  joue  où  est  pratiquée  cette  rainure,  on  écarte  ou  on  rapproche  du  centre 
tous  les  bras  à  la  fois. 

Les  diverses  combinaisons  de  cette  modeste  machine  sont  certainement  susceptibles 
d’être  appliquées  dans  nombre  de  fabrications  et  méritaient,  à  ce  titre,  une  mention 
spéciale. 

M.  Derlon  a  exposé  en  outre  un  vilebrequin  à  commande  par  joints  de  cardan, 
permettant  de  percer  des  trous  le  long  d’une  paroi  ou  dans  des  angles. 

M.  Cari  Gallauer  a  exposé  une  presse  à  plomber  à  main  dans  la  section  d’Autriche- 
Hongrie. 

MM.  Garrard  and  son.  —  Machine  à  nettoyer  les  couteaux. 

L’ouvrier  Hermann  a  exposé,  dans  le  pavillon  de  la  Ville  de  Paris,  aux  Champs- 
Elysées,  des  petites  râpes  qui  lui  ont  fait  donner  une  mention  honorable. 

M.  Hossard.  —  Petit  métier  à  la  main  pour  fabriquer  les  sacs  en  tissus. 

M.  Huard  fils  a  exposé  des  mandrins  et  plateaux  à  serrage  concentrique  sur  une 
disposition  américaine,  qui  sont  employés  pour  les  machines  à  percer  les  tours,  etc. 
La  fabrication  de  M.  Huard  est  remarquable,  et  le  jury  lui  a  attribué  une  médaille 
d’argent.  Il  a  exposé  en  outre  un  tour  d’horlogerie  bien  construit. 

MM.  Hinde  and  son.  —  Machine  pour  creuser  des  bois  ovales  de  brosses. 

M.  Isler  a  exposé,  dans  la  section  suisse,  des  pinces  à  plomber  et  à  couper  de 
bonne  fabrication. 

M.  Jacobs.  —  Une  boîte  à  lettre  de  sûreté,  dans  la  section  anglaise,  ayant  pour  but 
d’empêcher  la  soustraction  des  lettres  et  de  laisser  la  trace  d’une  tentative  de  sous¬ 
traction. 

La  grande  maison  anglaise  Kirby,  Beard  and  G°  avait  exposé  une  petite  machine  à  la 
main  pour  envelopper  les  aiguilles. 

M.  Labalme.  —  Un  tour  à  guillocher. 

M.  Lapipe,  fabricant  parisien  bien  connu  d’outils  à  découper  et  à  emboutir,  avait 
placé  dans  sa  vitrine  quelques  outils  spéciaux  pour  le  travail  des  métaux. 

M.  Léon  Lebellter.  —  Machine  pour  la  fabrication  des  fleurs  artificielles. 


598 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


M.  Leverson.  —  Dans  la  section  anglaise,  un  distributeur  d’objets  du  même  prix. 

La  maison  française  Leroy  et  fils  (successeurs  de  M.  Leroy-Payen)  a  présenté  une 
série  de  machines -outils  remarquables  pour  la  fabrication  des  boutons  de  nacre, 
machines  sur  lesquelles  quelques  renseignements  intéressants  peuvent  être  donnés. 

Machine  à  découper  le  bouton.  —  Elle  comporte  :  un  arbre  en  acier  perforé;  tension 
constante  de  la  griffe  de  rappel,  annulation  du  jeu  dans  les  brisures  par  l’emploi  des 
axes  extensibles  pour  éviter  la  perte  qui  se  faisait  dans  la  matière  par  suite  d’une  pres¬ 
sion  brusquement  interrompue;  un  écrou  à  pas  contraire  pour  variation  de  longueur 
de  tige  de  traction,  afin  d’augmenter  l’amplitude  du  mouvement  du  levier-poignée  et, 
par  suite,  la  course  de  l’arbre;  déplacement  du  centre  de  brisure  de  la  partie  supé¬ 
rieure  de  la  branche  de  poussée,  pour  amener  cette  dernière  constamment  normale  à 
l’arbre,  lors  du  mouvement  de  la  fraise. 

Au  lieu  de  laisser  subsister  une  baguette-débouchoir  dans  le  corps  de  l’arbre  pour 
repousser  les  boutons  découpés,  une  lanterne  à  trois  ouvertures  est  intercalée  entre 
l’extrémité  de  l’arbre  et  la  fraise  pour  permettre  aux  boutons  de  s’échapper  au  fur  et  à 
mesure. 

Machine  à  trier  le  bouton  en  épaisseur.  —  Les  boutons  sont  contenus  dans  une  trémie 
possédant  un  mouvement  d’oscillation  et  tombent  sur  la  génératrice  commune  à  deux 
cylindres,  dont  l’un  est  revêtu  d’une  hélice  conique  qui  sert  à  l’entraînement.  Les 
espaces,  devenant  de  plus  en  plus  grands,  permettent  aux  boutons  de  tomber  suivant 
leur  épaisseur. 

Machine  à  scier.  —  C’est  une  scie  circulaire  avec  guide  particulier  permettant  de 
pincer  tous  les  diamètres  de  boutons  et  évitant  les  dangers  que  ce  travail  présente. 

Machine  à  tourner.  —  Un  arbre  avec  pointe  et  tourillon  fdeté  à  l’extrémité  pour 
recevoir  la  boîte  à  vis  formant  mandrin  porte-bouton.  Trois  modèles  différents  :  le 
premier,  au  pied  ;  l’autre ,  au  moteur,  et  le  troisième  muni  d’un  plateau  diviseur  scru¬ 
puleusement  réglé. 

Machine  à  percer.  —  Machine  fonctionnant  au  pied,  se  composant  d’un  arbre  en 
acier,  recevant  un  nez  porte-aiguille.  Une  griffe  et  une  branche  de  poussée  donnent  à 
l’arbre  un  mouvement  de  va-et-vient  pendant  que  le  pied  lui  imprime  celui  de  rota¬ 
tion. 

La  machine  au  moteur,  avec  organes  plus  robustes,  peut  percer  soit  un,  deux  ou 
quatre  trous  à  la  fois,  suivant  la  dureté  de  la  matière  à  travailler. 

Machine  à  encocher ,  molleter ,  défoncer,  graver,  percer,  guillocher.  —  La  plus  complète 
et  la  plus  usitée,  par  suite  de  la  facilité  de  changer  les  outils  s’v  adaptant  pour  faire 
subir  aux  boutons  les  opérations  décrites  dans  l’énumération  ci-dessus. 

Machine  à  graver,  à  hauteur  de  centre  variable.  —  Elle  possède,  en  plus  que  la  précé¬ 
dente,  un  mouvement  de  chariotage  dans  les  deux  sens  et  une  brisure  pour  travailler 
sur  les  faces  bombées. 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX. 


599 


Machine  à  reproduire  les  gravures.  —  Kllc  se  compose  d’un  tour  oscillant  dans  les 
deux  sens,  ensemble  ou  simultanément,  d’un  porte-mandrin  excentrique  monté  sur 
l'arbre.  Ce  dispositif  permet  de  reproduire  fidèlement,  et  dans  toutes  les  proportions, 
une  gravure  quelconque. 

M,no  veuve  Letessier.  —  Un  petit  tour  pour  lorgnettes. 

M.  Luce  a  exposé  une  machine  a  couper  les  dents  de  peignes  qui  mérite  une  men¬ 
tion  spéciale. 

La  fabrication  des  peignes  nécessite  une  assez  grande  diversité  de  machines,  dont  la 
plus  importante  est  la  machine  à  couper  les  dents. 

Simplifiant  le  travail  de  l’ouvrier,  M.  Luce  a  employé  un  guide  nouveau  qui  permet 
a  un  ouvrier,  même  médiocre,  de  couper  convenablement  les  peignes. 

Dans  les  machines  ordinaires,  la  plus  grande  difficulté  pour  l’ouvrier  consiste  à 
régler  le  guide,  c’est-à-dire  à  le  fixer  de  manière  que  la  pièce  qui  soutient  la  fraise 
coupant  la  dent  soit  exactement  d’équerre  avec  cette  fraise,  sous  peine  de  casser  les 
dents  à  mesure  qu’elles  se  font;  un  ouvrier  habile  y  parvient  en  poussant  sur  un  côté 
ou  sur  l’autre  la  broche  sur  laquelle  pivote  le  guide,  au  moyen  de  quatre  vis.  De  plus, 
la  machine  ordinaire  possède  deux  courroies  de  commandes  dont  Tune  est  des  plus 
gênantes  pour  l’ouvrier  quand  il  passe  son  bras  pour  affûter  sa  fraise. 

M.  Luce  a  supprimé  cette  courroie  qu’il  a  remplacé  par  un  système  de  vis  sans  fin, 
marchant  par  friction,  et  qui  permet  de  varier  la  vitesse  du  volant  porte-peigne,  sui¬ 
vant  les  besoins  du  travail. 

La  machine  possède  deux  fraises,  dont  Tune,  dentée  sur  les  côtés,  fait  la  dent  poin 
tue,  et  l’autre  la  coupe  dans  toute  sa  profondeur.  Quand  l’ouvrier  met  sa  machine  en 
marche,  il  a  soin  d’éviter  que  la  première  dent  ait  une  pointe  du  côté  de  l’oreille  du 
peigne;  mais  ce  qui  se  fait  facilement  à  la  mise  en  marche,  demande  beaucoup  d’at¬ 
tention  à  la  fin,  et  c’est  pourquoi  la  machine  exposée  possède  un  système  de  débrayage 
automatique  qui  agit  à  la  dernière  dent  du  peigne. 

Avant  ce  débrayage,  il  arrivait  assez  fréquemment  que  l’ouvrier  occupé  à  préparer 
ses  peignes  pendant  que  la  machine  marchait,  arrivait  trop  tard  pour  l’arrêter;  ces 
peignes,  coupés  dans  toute  leur  longueur  et  n’ayant  par  conséquent  qu’une  oreille, 
étaient  complètement  perdus.  Il  y  a  un  second  débrayage  qui  arrête  instantanément  la 
machine  tout  entière,  pour  éviter  l’usure  des  arbres  de  fraises  et  des  pointes,  et  qui 
met  en  contact  une  sonnerie  électrique  avertissant  l’ouvrier  que  la  machine  est  arrêtée. 
Ainsi  un  ouvrier  peut  aisément  conduire  huit  à  dix  machines,  au  lieu  de  trois  ou  quatre. 

M.  Mittenhoff  a  exposé  dans  la  section  algérienne  une  machine  à  clouer  les  caisses, 
de  son  invention ,  qui  a  été  construite  dans  les  ateliers  Abel  Pifre  pour  la  Compagnie 
de  TOued-Rirh,  à  Biskra.  Cette  machine,  dite  extensible,  a  donné  à  cette  Compagnie  un 


600 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


clouage  mieux  fait,  un  chiffre  d’expéditions  journalières  augmenté.  Elle  présente  les 
avantages  suivants  : 

i°  Extensibilité  permettant  de  clouer  des  caisses  de  tout  format,  depuis  les  plus 
petites  dimensions  jusqu’à  o  m.  6 o  ; 

2°  Possibilité  de  clouer,  d’un  seul  et  même  coup,  les  quatre  côtés  du  couvercle  ou 
du  fond; 

3°  Réglage  facile  de  la  place  des  clous  dans  le  bois  suivant  les  épaisseurs; 

4°  Conduite  facile  n’exigeant  pour  ainsi  dire  pas  d’apprentissage. 

M.  Peltier.  —  Pinces  à  levier  et  cisailles  pour  percer  ou  découper  les  métaux. 

M.  Perille  a  exposé  un  outillage  de  son  invention  pour  la  fabrication  des  anneaux 
de  clefs  de  forme  spéciale.  Une  première  machine  fait  les  spirales  creuses  en  employant 
une  bande  de  métal;  une  deuxième  fait  les  spirales  du  centre  en  fil  aplati;  la  troisième 
fait  les  entailles.  Il  ne  reste  plus  à  opérer  que  le  montage.  Avec  ces  trois  machines 
simples,  on  arrive  pratiquement  à  la  fabrication  d’anneaux  de  clefs  solides. 

M.  Roger  a  exposé  un  procédé  pour  la  fabrication  d’objets  en  un  produit  qu’il  a 
appelé  ivorine.  C’est  un  composé  de  différents  minéraux  pulvérisés,  agglomérés  au 
moyen  de  corps  résineux.  Ce  composé  se  présente  sous  la  forme  d’une  pâte  que  l’on 
passe  dans  des  cylindres  et  que  l’on  mélange  ensuite  à  des  produits  de  nuances  diverses 
pour  lui  donner  l’aspect  de  variétés  de  marbres  et  de  bois.  Ainsi  préparée,  l’ivorine, 
devenue  malléable  sur  une  plaque  chauffée  à  la  vapeur  ou  au  gaz,  est  mise  dans  des 
moules  en  acier  également  chauffés  qui  lui  donnent  la  forme  voulue,  grâce  à  une  pres¬ 
sion  énergique  qui  s’exerce  en  même  temps  que  le  refroidissement.  L’objet  est  ensuite 
sorti  du  moule  et  présente  un  poli  très  brillant  avec  la  reproduction  exacte  du  modèle. 

M.  Rivolet.  — -  Outillage  pour  débiter  la  baleine  des  Indes. 

Une  machine  des  plus  intéressantes  a  été  exposée  par  MM.  Schlosser  et  Maillard 
pour  la  fabrication  mécanique  des  charnières  en  cuivre  ou  en  fer.  La  machine  exposée 
recevait  une  lame  et  un  fil  métallique  continus  et  donnait,  sur  la  face  opposée, 
6o  charnières  à  la  minute,  parfaitement  faites  et  bien  finies,  du  type  o  m.  025 
X  o  m.  018,  pesant  un  peu  plus  de  3  grammes  chacune  (3oo  pèsent  i  kilo¬ 
gramme).  La  même  machine  pouvait  faire  des  charnières  jusqu’à  o  m.  o5o  de  lon¬ 
gueur  et  était  munie  d’un  déclenchement  automatique  en  cas  de  résistance  anormale. 

D’autres  machines,  existant  dans  les  ateliers  des  susdits  fabricants,  permettent  de 
fabriquer  jusqu’à  la  longueur  de  o  m.  080  des  charnières  en  fer  ou  en  cuivre,  et  c’est 
avec  ces  machines,  véritablement  extraordinaires,  qui  existent  d’ailleurs  depuis  fort 
longtemps,  que  ces  habiles  fabricants  livrent  pour  4  fr.  5o  un  kilogramme  de  char- 


MACHINES  ET  PROCÉDÉS  USITÉS  DANS  DIVERS  TRAVAUX.  601 


nières  en  comprenant  3oo  de  26  X  18,  et  pour  6  francs  1  kilogramme  comprenant 
1,000  charnières  du  plus  petit  modèle,  soit  iAx  ta. 

M.  Simoulin  a  exposé  une  machine  à  découper  les  tissus  et  papiers,  avec  Temploi 
d’une  planche  qu’il  a  nommée  sommier  perpétuel,  ayant  une  composition  qu’il  tient 
secrète  et  qui  a  l’avantage  d’être  plus  homogène  que  le  bois  et  le  carton  et  de  pou¬ 
voir  être  reconstituée  en  y  rechargeant  de  la  composition.  M.  Simoulin  avait  exposé 
en  outre  deux  emporte-pièces. 

La  Société  pour  la  fabrication  des  coins  et  étampes  en  acier  a  exposé  des  produits 
remarquables,  obtenus  par  un  procédé  d’enfonçage  de  poinçons  à  chaud,  qui  peut 
rendre  d’importants  services  à  l’industrie  de  l’estampage,  procédé  qui  n’est  pas  nou¬ 
veau  du  reste,  puisqu’il  a  été  présenté  au  commencement  du  siècle  par  Droz  et  qu’il 
a  fait  l’objet  d’un  rapport  à  l’Académie  des  sciences  par  Prony. 

Les  procédés  habituellement  en  usage  pour  faire  des  matrices  en  acier  sont  au 
nombre  de  deux.  Le  premier  consiste  à  graver  directement  en  creux  le  bloc  d’acier  au 
moyen  d’outils,  burins,  échopes,  etc.;  on  fait  ainsi  des  matrices  de  toutes  dimensions. 
Le  second  consiste  à  faire  un  poinçon  en  acier,  à  tremper  celui-ci  et  à  l’enfoncer  à 
froid  dans  un  bloc  d’acier  froid  devant  faire  motrice.  Cette  opération  est  très  longue, 
car  elle  nécessite  un  grand  nombre  de  passes  à  la  presse  ou  au  balancier,  et  après 
chaque  passe ,  on  est  obligé  de  recuire  le  bloc  d’acier  qui  reçoit  les  empreintes  succes¬ 
sives  du  poinçon.  Le  procédé  du  poinçon  à  froid  ne  s’emploie  que  pour  de  petites 
matrices. 

Avec  la  méthode  suivie  par  la  Société  exposante,  toutes  les  matrices,  quelles  que 
soient  leurs  grandeurs  et  la  profondeur  de  la  gravure,  sont  obtenues  par  poinçons. 

Pour  obtenir  une  matrice,  il  faut  avoir  soit  une  sculpture,  soit  un  modèle  en 
plâtre  ou  toute  autre  matière.  Avec  ce  modèle,  on  fait  un  moulage  en  fonte  spéciale, 
qui  servira  de  poinçon  après  qu’il  aura  été  retouché  légèrement  par  le  graveur  ou  le 
ciseleur. 

Pour  obtenir  la  matrice,  on  fixe  le  poinçon  sous  un  mouton  élevé  à  une  hauteur 
convenable,  variant  avec  l’importance  de  la  gravure  à  obtenir,  puis  on  place  au  centre 
de  l’enclume  du  mouton  le  bloc  d’acier  porté  à  la  température  du  rouge  cerise  clair; 
à  ce  moment,  on  déclenche  le  mouton  qui,  tombant  avec  le  poinçon,  vient  enfoncer 
celui-ci  dans  le  bloc  d’acier  chaud. 

La  surface  du  bloc  d’acier  devant  recevoir  le  poinçon  est  protégée  de  l’oxydation 
par  un  procédé  spécial.  Un  seul  coup  de  mouton  produit  la  matrice.  Le  travail  de 
finissage  consiste  uniquement  à  raboter  avec  la  machine  les  parties  extérieures  du  bloc 
d’acier.  Après  cela,  on  procède  à  la  trempe. 


M.  Symon.  *  —  Machine  à  graver  et  à  sculpter. 


G02 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  INTERNATIONALE  DE  1889. 


Un  constructeur  de  TOise,  M.  Watteeüw,  a  exposé  une  machine  de  son  système 
pour  couper  ou  tailler  les  brosses.  Avec  cette  machine,  simple,  commode,  on  obtient 
à  bon  marché  de  plus  beaux  produits  que  par  le  travail  à  la  main.  On  peut  compter 
qu’il  faut  payer  en  moyenne  o  fr.  20  pour  couper  à  la  main  les  soies  de  douze  brosses. 
Or,  avec  la  machine  exposée,  on  peut  tailler  quinze  à  vingt  douzaines  par  heure,  ce 
qui  correspond  à  3  ou  h  francs,  alors  que  la  dépense  n’atteint  pas  1  franc,  y  compris 
entretien  et  amortissement  de  la  machine. 

Ce  qui  caractérise  cette  machine  et  ce  qui  permet  d’obtenir  une  grande  rapidité  de 
travail  c’est  l’emploi  d’une  pince  spéciale  à  ressort  qui  maintient  la  brosse  1res  solide¬ 
ment  et  qui  agit,  pour  ainsi  dire,  instantanément,  soit  pour  prendre  la  brosse,  soit 
pour  la  rendre  après  la  coupe,  laquelle  se  fait  à  la  forme  voulue,  droite  ou  bom¬ 
bée,  etc.,  grâce  à  l’emploi  d’un  gabarit. 

M.  Veissière  a  employé  devant  le  public  une  petite  machine  à  graver  sur  verre  par 
une  série  de  petites  molettes  tournantes.  L’habileté  de  main  dont  a  fait  preuve  cet 
exposant  en  gravant  des  objets  ayant  ainsi  un  véritable  caractère  artistique  lui  a  valu 
des  félicitations  de  bien  des  visiteurs  et  lui  a  fait  décerner  une  médaille  de  bronze. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Pages. 

Composition  du  jury .  54 1 

Considérations  générales. . .  543 

Catégorie  A.  —  Presses,  balanciers,  découpoirs  et  autres  appareils  analogues .  545 

Catégorie  B.  —  Machines  à  fabriquer  les  épingles,  tire-bouchons  et  clous .  553 

Catégorie  C.  —  Machines  à  fabriquer  les  chaînes,  tissus  et  grillages  métalliques .  556 

Catégorie  D.  —  Outils  de  précision  et  de  graveurs;  outillage  pour  la  fabrication  des  objets 

d’horlogerie,  de  bijouterie,  etc .  558 

Catégorie  K  —  Machines  à  écrire .  563 

Catégorie  F.  —  Appareils  à  compter .  5  7  3 

Catégorie  G.  —  Machines  à  relier . , .  576 

Catégorie  H.  —  Machines  h  faire  les  sacs  en  papier .  58a 

Catégorie  I.  —  Machines  pour  la  fabrication  des  cigarettes  et  cigares .  588 

Catégorie  K.  —  Machines  et  appareils  divers .  5p5 


TABLE  GÉNÉRALE  DU  VOLUME. 


Pages. 

Classe  53.  —  Machines-outils.  —  M.  le  commandant  Ply,  rapporteur .  1 

Classe  54.  —  Matériel  et  procédés  de  la  filature  et  de  la  corderie.  —  M.  Imbs,  rapporteur . .  a85 

Classe  55.  —  Matériel  et  procédés  du  tissage.  —  M.  Escher,  rapporteur .  355 

Classe  56.  —  Matériel  et  procédés  de  la  couture  et  de  la  confection  des  vêtements.  — 

M.  G.  Alexis-Godillot,  rapporteur .  4o5 

Classe  57.  —  Matériel  et  procédés  de  la  confection  des  objets  de  mobilier  et  d’habitation.  — 

M.  Coüsté,  rapporteur . 433 

Classe  58.  —  Matériel  et  procédés  de  la  papeterie,  des  teintures  et  des  impressions.  — 

M.  Dehaître,  rapporteur .  47  5 


Classe  59.  —  Machines,  instruments  et  procédés  usités  dans  divers  travaux.  —  M.  Périsse, 

rapporteur .  539 


-  dH  '■  JMB8KP  ’WfR  1  W 

.P  tl  "l 

«  »  '  jH^Br  «-  ^^jÉÜÉà  ’  JhH| 

jÿfÜaliWËsiE»  JB* 

lipj|ÉL  ’$ÊÊ0i  Wr^mÉr^' " fWPfr  ^BSp.  WvP^t*^ >:  JÇH 

RjÈpBSSIISBBiBiÉi 

»PP-*  PPr 

^ggPWE^iîhtaf  # v 

l£2Sfi 

*  *.  «mr  ."JB 

ffll§BS 

8hk  #•  jg| 54 % ;r  t  ^ 

PPMÜftlS  *  jjpi 
i.  *JK%9HBK8| 

p#aiwi 

IW-lF^  •  WEWm*9  .*